Alexis Lemoine

Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

Les feuilles Karma : des feuilles à rouler avec des vitamines !

Est-ce pour lutter contre les effets coach-lock de certaines weed ou en finir avec un certain syndrome amotivationnel ressenti par les trop grands enthousiastes de  ganja ? Toujours est-il que les associés et entrepreneurs indiens Ved et Chetna ont eu l’idée de mettre au point des feuilles à rouler… au pouvoir requinquant.

Sur une feuille de papier à rouler classique, la bande collante est composée au mieux de gomme arabique naturelle, et plus généralement d’une bande collante chimique. C’est sur cette gomme arabique 100%bio et naturelle que les deux fondateurs de Karma ont eu l’idée de mettre… des vitamines!! En un coup de langue, vous prendrez une dose de vitamines A/B1/B3/B6/ et C, de fer, de calcium et même de protéines végétales ! Côté apports quotidiens recommandés, il vous faudra tout de même en rouler une vingtaine avant de ressentir les bénéfiques effets de ces vitamines et autres oligo-éléments…

Verdict : Si le paquet de feuilles ne vous permet pas pour autant de courir un marathon en moins d’une heure, il aura au moins l’avantage de faire rire avec vos amis, et ça, c’est bon pour les abdos.

Karma Rolling Papers
100 feuilles longues, 1,20€
disponible sur www.karmafrance.com

L.O.

Les filtres Karma : les filtres qui protègent nos abeilles !

Imaginés et créés en Inde, les filtres Karma sont 100% biodégradables, fabriqués à base de chutes de coton et de pulpe végétale, sans aucun papier ni produit chimique, et contiennent des graines de plantes.

Karma Bee’s Tips
Fumez et faites pousser !
Oubliez les filtres chimiquement traités, laissez tranquilles vos tickets de transport à bande magnétique et faites la paix avec le carton de votre paquet d’OCB ou de Winston. Les filtres Karma Bee’s Tipes, s’ils ne changent pas votre vie (ni la prochaine),  sont là pour changer la planète.
Imaginés et créés en Inde par Ved et Chetna,  les filtres Karma sont 100% biodégradables, et fabriqués sans produits chimiques selon un procédé  où la pulpe de fruits et légumes invendus est utilisée pour créer du papier. Un argument déjà très séduisant au regard des filtres en acétate de cellulose traité au chlore proposés chez les buralistes depuis 20 ans.
Le vrai « plus » proposé par Karma est de distribuer des filtres renfermant  des graines dans le  carton qui le constitue. Des graines qui sont protégées contre la nicotine et la chaleur, tout en étant protégées par un papier qui absorbe le goudron naturellement.
En quelques semaines, ces semences donneront vie à de belles fleurs.
Au delà d’avoir le plaisir de voir pousser marguerites et autres plantes à pétales, c’est de préserver intelligemment notre environnement dont il s’agit. En l’occurrence en aidant à lutter contre la disparition des abeilles, ces ouvrières du miel essentielles à la majeure partie des écosystèmes.

Verdict : Un joli geste pour un bon karma à un prix raisonnable. On regrette en revanche que les filtres nous ouvrant les portes du Nirvana ne soient pour l’instant disponibles que sur le net.

Karma’s Bee’s Tips
50 filtres, 0,90€
www.karmafrance.com 

 

L.O.

Parfums au cannabis: explications, recettes et sélection

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Depuis quelques années l’industrie du parfum, en fleurant l’air du temps et les belles affaires, s’est penchée sur les  champs olfactifs liés au cannabis.  Pour nous proposer dans de beaux flacons, mais sans l’ivresse, de stupéfiantes fragrances. Zeweed a mis son nez dans ces « prodweed dérivés » pour en livrer petits secrets et bonnes essences.

Alors que la marijuana est de mieux en mieux acceptée par l’opinion publique et ce quelle que soit la législation, les fabricants de parfums se creusent depuis quelques années les narines pour trouver des arômes cannabiques plus sexy qu’une odeur de  fin de joint  ou qu’un relent d’eau de bang. Exit le stoner qui schlingue : la weed désormais est chic et choc. Exit aussi l’époque où l’on vaporisait du Febreze, de l’air Wick ou du Dyptique pour masquer l’odeur de la weed dont les effluves se faisaient sentir dans l’appartement parentale ou conjugal.
Désormais, fumer tue, mais ne pue pas.
Ou plus.
Sur le marché, deux types de parfums liés au cannabis se partagent donc les ventes de cette nouvelle niche.

Le premier type, plus ancien, ne contient pas de cannabis et a pour fonction de masquer l’odeur du blunt et autre cinq feuilles OCB que vous et vos amis vous êtes enfilées. Histoire de garder de bonnes relations avec voisins,   colocataires… ou parents, si vous avez choisi une vie d’appartement en mode Tanguy, il sera de bon ton d’habiller l’air enfumé d’un bouquet qui sent bon et qui est conçu pour la situation.
Le parfum cache-ganja est populaire dans les endroits où l’herbe est encore illégale, et est, révolution cannabique oblige, de moins en moins vendue.

Le second, celui qui nous intéresse est fabriqué à partir de cannabis véritable.
Parce qu’au-delà de  sentir bon (voir notre sélection) le  ganja parfum est un grand pas en avant vers la normalisation du cannabis, une pierre de plus apportée à l’édifice de la cannabis-culture,  devenue main Stream après avoir été conspuée pendant près de cinquante ans.
Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir adopter compléments nutritionnels (CBD), à réclamer une législation autorisant l’usage de cannabis récréatif nous sommes aussi légion. Légion de consommateurs souhaitant que l’industrie cosmétique explore plus encore les possibilités de produits qu’offre le cannabis
Si le parfum à la weed ajoute une note de gaieté et de beauté à cette industrie cosmétique, le porter tient dans certains pays du manifeste et de la revendication. Une certaine odeur de liberté qui commence à se faire franchement sentir.

LE DYI du ganja parfum.

Pour faire du parfum à la maison, quelques explications s’imposent :

Déjà, il faut comprendre comment est fait le parfum en général. Un parfum est composé de quatre ingrédients principaux : des huiles essentielles, une huile de base, de l’éthanol et de l’eau de source. Les huiles essentielles sont divisées en trois catégories : les notes de tête, les notes de cœur, et les notes de fond (à ne pas confondre avec l’huile de base). Les notes de tête s’évaporent le plus rapidement, tandis que les notes de fonds s’évaporent le plus lentement. Lorsque vous portez du parfum, les trois notes sont d’abord actives, les notes de tête occupant le devant de la scène. En s’évaporant, les notes de cœur deviennent dominantes, suivies des notes de fond. De nombreux parfumeurs utilisent également des notes de transition, qui facilitent la liaison entre les différentes notes.

Il faut quelques notes (fragrances) de tête, puis de cœur et de fond, ainsi que les notes de transition. Si vous essayez de reproduire l’odeur de cannabis sans vraiment utiliser de cannabis, vous devrez mélanger soigneusement les notes adéquates pour obtenir l’arôme convoité. Et l’odeur du  cannabis peut occuper une note différente selon le profil terpénique :  pinède, agrumes, juglandacées (noix, noisettes, amandes…) végétales, minéral ainsi que la façon dont ils sont  positionnés par rapport aux autres huiles.

Une fois que vous avez choisi vos huiles essentielles, ajoutez-les à l’huile de base – généralement de l’huile d’amande douce ou de l’huile de jojoba. Vous devez généralement utiliser environ 7 gouttes de chacune des notes de tête, de cœur, et de fond, dans environ 14 grammes d’huile. Ensuite, vous ajoutez environ 70 grammes d’éthanol (de la vodka fera l’affaire) et refermez le mélange dans un récipient hermétique. Laisser reposer entre 48 heures et 6 semaines. Plus vous le laissez reposer, plus l’odeur sera forte. Une fois prêt, ajoutez quelques cuillères à soupe d’eau de source, mélangez bien et passez le tout dans un filtre à café. Ajouter une cuillère à soupe de glycérine pour préserver le parfum. Ensuite, conservez votre parfum dans un flacon en verre de couleur ambre.

Pour obtenir le parfum au cannabis parfait, les ingrédients se doivent d’être de première qualité. La recette observée, il  ne vous restera plus qu’à mettre en flacon votre version du Vetivert ou du Chanel n°420.

La sélection Zeweed des parfums à la ganja.

https://www.refinery29.com/en-us/cannabis-fragrances#slide-2
Les notes de tête de bergamote et de poivre noir précèdent des notes de corps de magnolia et des notes de base de bois de cèdre,  de bois de santal. Ce qui en fait parfum plutôt léger, qui se fond parfaitement dans la peau et dans les autres fragrances lorsque vous vous retrouvez à 10 dans un ascenseur.

https://www.refinery29.com/en-us/cannabis-fragrances#slide-1
Un mélange sensuel de prune noire, de patchouli, de vétiver et de musc de vanille qui créent un parfum chaud et boisé ultime associé à un accord de cannabis.

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Pour le novice qui veut se plonger dans la culture du cannabis sans trop sentir la weed, ceci est votre parfum. L’huile infusée d’agrumes et de bergamote est faite pour être appliquée à votre rythme cardiaque et fond dans la peau comme un rêve. Le Canada Dry des parfums ganja, mais qui fleur bien bon.

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Ce parfum aux notes de feuilles vertes de la marque suédoise 19-69 affiche de belles notes de pamplemousse amer, un accord de cannabis et de lichen pour un résultat des plus enivrants.

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La fragrance de cette eau de Cologne est un délicieux mélange de fleurs d’oranger, de bois de santal et de jasmin. Avec en bonus un effet  relaxant obtenu grâce à l’huile de CBD présente en petite quantité. On attend la version corsée.

 

Alexis

Cannabis, cuisine et télévision.3

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3ème et dernière partie de notre sélection des meilleurs vidéos culinaire aux fines herbes.

High Cuisine le trois étoiles Michelin de la gastrono-weed sur écran.
Noah Tucker et Anthony Joseph, deux chefs américains aguerris, ont conçu l’année dernière aux Pays-Bas un   « diner psychédélique parfait » composé de huit plats. Le menu fou  a été servi dans  un restaurant d’Amsterdam, deux soirs de suite, à une vingtaine de  veinards. Pour 80€, les invités auront eu droit (entre autres) à une soupe de Belladone, une salade de  foie gras à l’huile de haschisch, un risotto aux truffes et  psilocybes , un filet de cabillaud sauce Lemon Haze, des feuilles de Coca caramélisées et pour faire glisser le tout  des infusions dont la composition est restée un mystère. Attachez vos serviettes. Les clients sont ravis, les autorités locales moins, les compères en resteront là en ce qui concerne la restauration stupéfiante. Fort du buzz et succès de l’opération, Noah et Anthony décideront de partager leur savoir sur le net en produisant High Cuisine. Soit douze épisodes légendaires d’une cuisine pour stratosphère. Hélas, à l’instar des bons restaurants, l’émission est difficile d ’accès puisqu’elle est uniquement disponible sur la plate-forme néerlandaise Videoland ou en téléchargement. Pour ceux qui ne trouveront pas de table à leur show TV,  les frères pétard de la vitrocéramique ont sorti un livre de recettes issu des plats présentés dans l’émission.

(https://www.highcuisine.com/buy-high-bites)

Verdict : probablement le must du must, mais clairement réservé aux Keith Richards de la fourchette.  À consommer avec la plus grande modération et prudence si vous vous lancez dans l’aventure chez vous.

-The cannabis cooking channel.
Plus confidentielle, disponible uniquement sur Youtube, la chaine n’en est pas moins pointue et pratique. La production est plus modeste dans cette émission qui nous est présentée par « Jeff the 420 Chef », un chef qui derrière son plan reçoit un invité-cuisinier pour des créations pas compliquées à faire à la maison. Les quinze épisodes disponibles sont filmés low-cost, façon « La cuisine des mousquetaires de Maïté ».  Gobe ta weed expliqué Old School, c’est l’angle pédagogique et finalement utile de la Cannabis Cooking Channel.
Verdict :Le Ryanair des show gastrono-weed : comment planer efficace et cheap.

Bonus fooding-légende :-un diner chez Hunter S. Tompson (Vice).
Pour fêter la légalisation du cannabis au Colorado, David Bienenstock, pilier du magazine High Times,  a organisé un diner dans le chalet que le très regretté Hunter S Thompson possédait à Aspen. Huit invités de marque, dont la veuve et gardienne du temple de Hunter S.Thompson, se mettent à table pour un mémorable ganja-bouffe. Ça vaut le détour, ne serait-ce que pour reluquer la demeure de l’auteur de Las Vegas Parano.

Vidéo disponible sur le site de Vice.

Alexis

Cannabis, cuisine et télévision.2

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Partie 2 de votre guide culinaire pour stoner.

-Bong appetit Cook Off
Diffusé après deux saison de Bong Appétit ,  « Bong appétit Cook Off »   se savoure toujours sur Viceland, mais sur un format plus classique et convenu  puisque l’émission est à 90% tournée  en plateau. Nous y croiserons B-Real (Cypress Hill)  en  maitre d’hôtel /présentateur. B-Real est flanqué de deux juges ( Vanessa Lavorato et  Miguel Trinidad),  qui  distribuent bons et mauvais points aux  trois candidats-chefs du jour. Trois marmitons en herbe qui viennent de tous horizons, du chef de restaurant à la mère au foyer qui fait traiteur à ses heures perdues en passant par le lauréat d’une saison de Top Chef US.  Chaque épisode met à l’honneur une variété de weed que les participants devront bien entendu intégrer au plat qu’ils auront choisi de confectionner. Pineapple OG, Lemon Tree, Purple Lights et Durban Poison seront ainsi dispensés sans compter aux cuistots qui s’affrontent dans une festive et fumante ambiance. Quelques autres règles sont à observer, comme se servir des ingrédients de la « Hot Box »,  une cloche sous laquelle se cachent trois éléments surprise que les marmitons devront incorporer à leur recette.
On trouvera dans la « Hot Box » aussi bien du caviar et des truffes que du beurre de cacahuète ou de la confiture de fraises.  Pendant que les popotiers s’agitent dans la chaleur des fourneaux, B.Real et les deux juges se la collent tranquilles sur un sofa du plateau. Ry Prichard, docteur ès cannabis aux mille ganjas surprenantes en profite pour faire découvrir d’étonnantes herbes au  trio de coach surfer. Trio qui s’enfile par ailleurs de masto-joints avec  une très professionnelle résistance. Inhérent au conducteur de ce genre de show : le portrait minute de chaque participant  filmé in situ dans son habitacle naturel.  Nous rencontrerons ainsi Unika dans son food truck à Washington, Niki dans son intérieur cossu de San Francisco ou  Maya dans sa ferme du Colorado… Cook off rattrape cette petite lourdeur avec une jolie surprise du chef en guise de trou normand. Au milieu de chaque épisode déboule l’invité de jour, et là, c’est pas du petit lait. Nous croiserons dans des moments plein de saveurs George Clinton, Wiz Khalifa, Doug Benson ou Cheech et Chong.

Verdict : On salive et on sourit béatement devant l’écran. Cook Off est de ces sources de joie simple, qui, à défaut de vous rendre plus smart, vous aura suffisamment mis l’eau à la bouche pour lécher votre collage.

 

-Cooking on High,
La dernière offre de Netflix sur ce turf est sans doute la moins digeste de la sélection.  Tourné en plateau, le format impose au spectateur la portion congrue avec 14 petites minutes par épisode contre 22 pour « Bong Appétit » ou 44 pour « Bong Appétit Cook Off ». Maigre assiette. Qu’y trouve-t-on ?
-Un chef de rang/présentateur en la personne de  Josh Leyva, Youtuber que personne n’a oublié.
-Deux juges people différents à chaque émission : Ryan Reyes, Vince Royale, Heather Pasternak ou Brian Vaccarella, dont tout le monde se souvient.
-Une variété de cannabis imposés pour la préparation d’un plat, et là, rien à dire. Les fondamentaux sont révisés avec des incontournables comme l’ Amnesia,  la White Widow,  la Lemon Haze ou l’ OG Kush.
-Un thème imposé « Mex-Cannabis », « Baked Potatoe » ou encore « French Fried ».
-Deux  chefs -les pauvres-  qui talentueux ou pas, sont réduits au silence, tenu d’écouter les élucubrations de Josh Levya et ses deux invités.
Autre ingrédient qui relève un tant soit peu le tout  : la performance offerte par  Ngaio Bealum, un humoriste qui présente avec tout le savoir nécessaire la variété dont devront se servir les deux gladiateurs de la spatule.

En digestif,  une mention spéciale pour  Mod Sun, un rappeur connu pour être le mari de l’actrice  B listé Bella Thorne. Mod Sun nous explique, alors que le chef candidat lui tend son plat,  qu’il est « heureux de ne  jamais avoir eu mangé de poisson » . Mod Sun gratifiera ensuite d’un très assuré 10/10 le gâteau de morue du concurrent Andrea Drummer.

Verdict : Gros Fail pour Netflix coté cuisine. La chaine prend mal la vague du fooding vert et nous balance trop presto un show aux saveurs de beuher de fast-food.

Alexis

Canabis, cuisine et télévision. 1

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À la télévision comme sur le web, les émissions mixant ganja et cuisine poussent comme des champignons.  Une très bonne raison pour se pencher sur la question et prendre dix kilos. Petite sélection des adresses incontournables.

Bong Appetit.
Diffusé sur  Viceland,  « Bong Appétit »   se déguste en deux saisons de 38 épisodes en tout. Présenté par Abdullah Saeed,   acteur au look de gendre idéal qui aurait pécho la myxomatose, chaque segment est un petit régal. Pendant 45 minutes, le téléspectateur est invité à suivre Abdullah à travers les États-Unis et dans tous les états pour y rencontrer la crème de la crème de la cuisine cannabique. L’hôte, qui ne saurait pas se faire cuire un œuf, assume sa crasse ignorance pour en faire un moteur à explications lors de chaque rencontre avec le fleuron de gastrono-weed.  Cette bonne recette du novice face à l’expert fonctionne à merveille, avec à la clef un ressort comique, l’animateur se montrant généralement assez téméraire envers le produit vert.  Bref, à chaque épisode  Abdullah prend cher. Ce qui n’a rien de surprenant non plus quand on fait la tambouille avec les inventeurs de la Girl Scout Coookies, qu’on cuisine de  la Soul Food à  Compton ou  qu’on se laisse aller à un concours de gravity-bong avec un dealer de Seattle.  Côté menu, chaque épisode célèbre un plat que le commun des stoner connaît généralement bien. Exit la nouvelle cuisine moléculaire et autre excentricités culinaires, ce soir c’est pizza (S02E05) . Nous y apprendrons aussi comment faire du pop-corn à la weed, des tacos à la weed, des cookies à la weed et des salades à l’herbe.

Verdict :Si les plats mis en avant à chaque émission peuvent paraître un peu fades, le show, qu’il soit fait par Abdullah ou ses hôtes, ne manque pas de piquant.

 

 

 

Alexis

 

Le stoner de Juin : Bernard Kouchner.

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Si Bernard Kouchner n’a jamais déclaré avoir fumé de cannabis, ça ne l’aura pas empêché d’avoir plus œuvré pour sa légalisation que Yannick Noah, Joey Starr et Doc. Gynéco réunis. De « l’Appel du 18 joint 1976 » à la très récente tribune « Légalisez-la » parue dans l’Obs, le médecin qui a servi sous sept gouvernements de droite comme de gauche n’aura jamais changé de discours. Portrait d’un activiste sans frontières politiques

Le 18 juin 1976, Libération publiait dans ses colonnes le premier et plus célèbre des manifestes procannabis de l’hexagone. Intitulé non sans humour « Appel du 18 joint » (en clin d’œil à l’appel à la résistance du général de Gaulle diffusé sur les ondes de la BBC le 18 juin 1940), le texte débutait ainsi : “Cigarette, pastis, aspirine, café, gros rouge et calmants font partie de notre vie quotidienne. En revanche, un simple joint de cannabis peut vous conduire en prison ou chez un psychiatre ».  

Le propos du pamphlet collectif était d’interpeller le gouvernement Chirac et le président Valéry Giscard d’Estain à « une dépénalisation totale du cannabis, de son usage, de sa possession, sa culture (autoproduction) ou son introduction sur le territoire français en quantité de consommation courante ». Si la tribune ne se voulait pas incitation à la consommation, elle appelait en revanche à une autre politique que celle menée depuis la promulgation de la loi du 25 septembre 1970 sur les stupéfiants. Une loi qui met consommateurs d’héroïne, cocaïne et ganja dans le même panier. Les 176 signataires demandaient alors à l’exécutif d’adopter une législation semblable à celle des Pays-Bas.


Parmi les frondeurs signataires, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Edgar Morin, Bertrand Tavernier, Isabelle Hupert… et un certain Bernard Kouchner. Lors de la parution de l’appel, Kouchner est connu pour ses régulières collaborations dans les pages de l’irremplaçable magazine Actuel, dirigé par le tout aussi irremplaçable J.F. Bizot (qui lui aussi sera cosignataire de  l’appel  du 18 joint), et  est surtout connu pour son « tapage médiatique » pour reprendre l’expression du médecin. Un tapage médiatique entamé en septembre 1968, et qui restera son cheval de bataille comme son péché mignon.

Le médecin et les médias
En 1968 éclate la guerre du Biafra (une guerre civile au Nigeria). Le gastro étheirologue, dont l’expérience dans le domaine humanitaire est quasi nulle, signera, quelques jours après un diner avec Marek Halter, un contrat de médecin bénévole avec la croix rouge. Deux semaines plus tard, il part pour l’Éthiopie.
En novembre de la même année, deux mois après être arrivé, face à la brutalité des forces nigériennes (deux de ses confrères décéderont sous ses yeux ), Kouchner constate un conflit qui tourne en crise humanitaire. Il sortira alors de sa réserve et appellera les journalistes à venir témoigner du génocide qui se déroule dans une totale indifférence. « Nous voulûmes le faire savoir afin que l’opinion publique protégeât nos blessés mieux que notre faible présence ne pouvait y parvenir. Nous inventâmes ainsi la loi du tapage médiatique à laquelle la Croix-Rouge était hostile », se rappelle le médecin-bénévole le plus célèbre de cette crise.

Kouchner comprend que la presse peut être plus efficace que trois avions-cargos remplis d’antibiotiques et de denrées. Passé par cette épreuve du feu, le co-fondateur de médecin du monde retiendra la leçon. S’en suivront la Jordanie, le Kurdistan, le Liban, autant de fronts où l’on verra Kouchner défendre les victimes de ces conflits,  sac de riz sur l’épaule, souvent face aux caméras. Quitte à être raillé par des donneurs de leçons qui n’en ont jamais reçu de la part de cette vie pour laquelle Kouchner se bat. De 1968 à Sarajevo en 1992, le médecin se moque des moqueries, son but est autant de sauver les hommes que d’éveiller les consciences. Et si le message a plus de portée dans un tube cathodique que dans l’hémicycle, ainsi soit-il.  La faim justifie les moyens.

Kouchner superstar, Kouchner avocat du vert.
Si la médiatisation des interventions du mari de Christine Ockrent a agacé plus d’un politique, l’effet a été l’inverse sur l’opinion publique. Entre 1998 et 2018, le ministre de la Santé est régulièrement cité comme la personnalité favorite des Français. Aux côtés de Yannick Noah. Une position idéale pour continuer à mener un autre combat qui lui tient à cœur, celui de la légalisation du cannabis.Déjà connu pour ses tribunes dans Actuel durant les années 70 et le fameux appel du 18 joint 1976 le médecin ne reniera pas un instant les convictions de sa verte jeunesse. En 1998, alors qu’il est secrétaire d’État à la santé sous Jospin/Chirac, il commande un rapport sur l’usage de stupéfiants en France. Ce sera le rapport Roques.

Les conclusions de Kouchner sont claires :  il est impératif de dissocier les différentes drogues et d’apporter une réponse adaptée à chaque produit. Un sacré pied de nez à la rigide législation sur les stupéfiants de 1970. Concernant le cannabis, Kouchner recommande sa dépénalisation comme la nécessité d’une approche thérapeutique. En 2001, il  enfonce un peu plus le clou, arguant que l’alcool et le tabac font entre 50 et 60 000 morts « directs », contre zéro pour le cannabis.« Il y a un racisme des drogues » lâche-t-il « nous tolérons celles que nous fabriquons ».C’est dit.

Un an plus tard, alors qu’il est désormais ministre délégué à la santé sous Jospin/Chirac, Kouchner appuie son propos :En France, je le répète, les dégâts causés par le tabac et l’alcool sont bien plus importants que ceux causés par d’autres substances. Je pense en l’occurrence au cannabis“.Ce qui a été considéré comme le plus accoutumant, c’est l’alcool, le tabac et l’héroïne », « et, dans une toute petite mesure, le cannabis, mais  bien bien loin après“.Il semble que la consommation de cannabis parmi les jeunes de 17 à 19 ans ait augmenté et que plus de la moitié des jeunes ait déjà fumé du cannabis“, expliquera  le ministre. “Il faut reconsidérer la chose. Il faut responsabiliser les gens, leur fournir toute l’information et ne pas interdire seulement“.
Bernard Kouchner, à ce moment-là, ne se prononcera toutefois pas pour la dépénalisation du cannabis. « Certainement pas », déclare-t-il. « L’opinion n’est pas prête pour cela ». Selon lui, “c’était déjà une merveille de faire accepter, dans un pays qui boit et fume beaucoup, que l’alcool et le vin soient considérés comme des toxiques qui créent une accoutumance ». À bon entendeur…

Chez Bourdin (BFM TV), en Avril 2015 , le ministre des Affaires Etrangères et Européennes des gouvernements Fillon I et II va plus loin : «On imagine que la répression marche. Ca ne marche pas ! (…) Il faut légaliser !»

Même son de cloche trois ans plus tard sur Public Sénat en juillet 2018, où le député européen estimera que « nous nous trompons (…) il faut modifier cette loi de 1970 !  Regardez ce qui se passe ailleurs »,

Une cohérence de propos qui le mèneront tout naturellement à cosigner la tribune de l’Obs daté du 20 juin 2019 « Légalisez-la ». Cette fois, au coté de 70 personnalités dont des députés LREM, EELV, d’anciens ministres,  un  syndicat  de police et tout ce que le corps médical compte comme ponte en la matière verte, il exige une légalisation totale du cannabis. Celui qui fit depuis quarante-quatre ans, tout sermons hypocrites sur la question cannabique, n’a peut-être pas encore gagné cette bataille. Il a en tous cas gagné sa place dans notre très respectable ordre des stoners du mois.

 

Alexis

France: Légalisation du cannabis, en marche ou au point mort?

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Alors que partout en Europe la législation sur le cannabis s’assouplit et qu’observateurs comme acteurs  sont en faveur d’une légalisation, le gouvernement continue à jouer au gaulois réfractaire. Une position de moins en moins tenable pour un exécutif de plus en plus seul. Retour sur les deux jours les plus ensoleillés de ce printemps du cannabis.

Le 18 juin , des députés de tous bords proposent une “légalisation contrôlée”. Emmenés par le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert (Ex LREM et désormais sous l’étiquette Libertés et Territoires), vingt-deux parlementaires issus de  quatre groupes politiques (dont sept “marcheurs”), font part à la presse d’une proposition de loi «relative à une légalisation régulée du cannabis à des fins récréatives ». La proposition de loi transmise mardi à la presse est déposée aujourd’hui jeudi 20 juin à l’Assemblée nationale.

Le 19 juin, une tribune en faveur d’une légalisation encadrée est signée par 70 personnalités (magistrats, élus, médecins).Parmi lesquelles les députés Yannick Jadot (EELV) Pierre Person (LREM) et Aurélien Taché (LREM), ou  Bernard Kouchner (ancien ministre de la Santé sous Macron) et Daniel Vaillant (ancien ministre de l’intérieur PS). On y trouvera même la signature du syndicat de policiers SUD intérieur Publiée dans l’Obs, la tribune souligne l’inefficacité des politiques répressives ainsi la nécessité d’encadrer le marché pour des raisons de santé et de sécurité. Arguant à juste titre que sortir de la prohibition est la meilleure solution pour prendre le contrôle de la distribution et par là même protéger plus efficacement mineurs et personnes sensibles.

Le 19 juin encore, le conseil d’analyse économique (rattaché au Premier ministre) remet un rapport qui recommande la légalisation pure et simple du cannabis. Dans son rapport, le conseil estime que la légalisation du cannabis permettrait de rapporter jusqu’à 2,8 milliards d’euros de recettes fiscales par an. Un pognon de dingue.

Mercredi 19 juin toujours, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM),  en collaboration les collectifs de patients et les sociétés savantes de médecine,  a remis un projet d’expérimentation détaillé d’une nouvelle gamme de médicaments dérivés du cannabis. Ce projet, transmis aux associations de patients, sera débattu le 26 juin lors d’une dernière audition prévue à l’Agence du médicament,  avant d’être soumis pour validation finale au ministère de la Santé. À ce jour, le gouvernement réfute toujours toute idée d’assouplissement de la loi de 1970 et fait la sourde oreille aux recommandations comme aux frondes de ses lieutenants qui n’adhèrent plus à cette politique prohibitionniste. Un obscurantisme d’un autre siècle qui, au Pays des Lumières, fait franchement tache.

Alexis L.

Le cannabis au cinéma : Woodshock à The Beach Bump.

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Si le cannabis tient une place importante chez de nombreux artistes, la plante vertes est également passée de nombreuses fois de l’autre côté de la caméra, proposant au cinéphile une myriade de films dans lesquels la marijuana tient une place importante. Ici, nous vous proposons quelques stoner-movies à regarder avec la musique et la weed qu’il faut consommer.

Woodshock (Laura Mulleavy et Kate Mulleavy ) 2017
Ze Pitch : Woodshock ouvre sur  Theresa (Kirsten Dunst) qui ère en robe et en extase au milieu des arbres. Nous sommes à Humboldt, comté de la Californie du Nord connu pour sa majestueuse forêt et sa production de bonne ganja. Nous retrouvons ensuite Theresa  au chevet de sa mère qui habite une maison plantée au milieu des sequoias. Theresa lui confectionne un joint, lui tend et la rassure « cela ne fera pas mal »Quelques instants plus tard, la mère meurt. Nous comprenons ensuite que la fille a aidé sa maman a abréger ses souffrances en ajoutant à l’herbe, quelques gouttes d’une substance létale. Indépendamment d’être matricide au grand cœur, Theresa travaille pour un dispensaire de Marijuana médicale. Le dispensaire de marijuana est tenu par Keith (joué par Pilou Asbaek, le Euron Greyjoy de Game of Thrones). Bouleversée par la disparition de sa mère et fumant des joints auquel elle rajoute des petites doses du poison, Theresa sombre peu à peu dans la folie. Après avoir tué un ami en lui donnant une weed imbibée du même produit qui a emporté sa maman, elle quittera son job et son petit ami Nick (Jo Cole, star montante du ciné branché anglais). Finalement, elle tuera son ex-boss Keith à coups de fer à repasser. Une lente, mais radicale spirale psychotique largement due aux mortels pétards que Theresa s’enfile.  Elle allumera un dernier joint fatal, Theresa ira s’éteindre entre les arbres.

Ze Verdict : Avec ses effets de filtre, ses néons superposés et ses réfractions cristallines, Woodshock pourrait se poser comme OVNI ultra-trippant à la Gaspar Noë (Enter the void, Climax) version drogues douces. On ne peut pas s’empêcher de penser aux teintes de  Melancholia ou à la photo de Virgin Suicides alors que le film s’installe et offre une très séduisante première partie.  Avec une belle photo et bonne B.O.,  le long métrage des sœurs Mulleavy a tout pour plaire. Mais l’extatique contemplation de ces longs plans-séquences finit par lasser. Faute d’évolution formelle et de direction le film ne se se raccroche plus qu’aux mêmes figures de style dont la redondance devient limite abrutissante. Un film inégal dont on appréciera, à l’instar d’une 100% indica, que les quarante premières minutes.

Ze music « A forest, The Cure »

Ze ganja : Marionberry Kush

 

The Beach Bump (Harmony Korine) 2019.
Ze pitch : Moondog  (Matthew McConaughey) est un écrivain qui a rencontré un certain succès  avec « Keys Zest », un recueil de poèmes, mais le problème, c’était il y a quinze ans. Aujourd’hui, Moondog traine sur les plages des Keys de Floride, accroché à sa cannette de bière et son joint. Il dort sur les pontons, sous les pontons, sur son bateau et le plus souvent chez une de ses nombreuses maitresses.Il faut dire que l’écrivain au cerveau et cheveux peroxydés a toujours son petit succès. Y compris auprès de sa femme Minnie, qui indépendamment de sa très grande tolérance envers son mari, a le bon goût d’être pleine aux as. Malheureusement,  la poule aux œufs d’or meurt au volant, laissant Moondog sans le sou. Sur son testament, il est indiqué que son stoner de mari  ne touchera la moitié de la fortune (l’autre moitié allant à leur fille) que quand il aura fini le bouquin sur lequel il travaille depuis 14 ans.S’en suivront nombre de scènes fumeuses et/ou fameuses avant que Moondog ne finisse son bouquin et rencontre succès et héritage. Moondog cramera (littéralement) tout son argent avec son bateau dans un feu d’artifice final… une fin aussi cohérente que le reste du film..

Ze verdict :Si le scénario est anecdotique, le  stoner movie est en revanche bien filmé (de beaux plans que l’on doit au très NY hype Harmony Korine) La bande originale, elle aussi sort du lot, avec par exemple deux titres de The Cure (Just Like Heaven/In Between Days) qui accompagnent impeccablement les tribulations du Beach Bum. On pourra aussi s’amuser de la performance de Jonah Hill en agent littéraire cynique et arriviste ou encore celle de Zac Effron dans son rôle de fugueur/drogué sérieusement atteint. Quant à SnoopDog, il fait du Snoopdog dans son rôle de botaniste génial et dealer de haut vol. Dans une époque sans promesse ni perspective de jours radieux, les élucubrations de Moondog  ont en tous cas un effet archi cool ;  celui de nous convaincre pendant deux heures que sous le Soleil, tout va bien.

Ze Music :  Jimmy Buffett-A Pirate Looks At Forty

Ze ganja : Acapulco Gold

Alexis

CBD: la Suisse en avance sur le chanvre bien-être.

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Dans la Confédération helvétique, il est possible d’acheter du cannabis  depuis 2016. Le mois dernier, la Belgique et l’Italie ont suivi son exemple, en autorisant la vente de CBD . Notre journaliste s’est rendu en Suisse pour mieux comprendre ce nouveau marché.

En arrivant à Genève en TGV, juste après la douane, il faut emprunter la sortie menant à la galerie marchande. L’escalier roulant vous conduira au petit centre commercial de gare.  Un shopping center à l’image d’un terminal duty-free d’aéroport, sans les avions ni le duty free. On y trouvera ainsi, des bureaux de change, des parfums, de l’alcool, du chocolat et beaucoup de montres. En ce mois d’avril, je m’engouffre bon gré mal gré dans ce nano- centre commercial dans l’idée d’acheter une bouteille pour mon frère qui m’invite quelques jours. Il est venu me chercher en voiture, j’ai à peine cinq minutes pour trouver un cadeau liquide.
À peine ai-je parcouru cinquante mètres et quatre boutiques que devant moi, entre un Western Union et un Sephora, apparaît une enseigne lumineuse frappée d’une impudique feuille de marijuana.  La boutique au nom sans équivoque et au slogan des plus invitants (Mary Jane «finest swiss cannabis ») est ouverte. Tous les voyants au vert, je pénètre dans le magasin de rêves. Sous les néons et mes yeux ébahis, défilent des jarres remplies de Lemon Haze, Master Kush, Northern Light, White Widow.
Des grinders « I Love Geneva », des Bongs décorés d’Edelweiss, des joints préroulés bio, des plaquettes de chocolat à l’emballage affichant une grande feuille de Ganja… Ce pays est définitivement plein de ressources comme de secrets bien gardés. Tel un gamin qui achète des cigarettes pour la première fois, je me dirige timidement vers la seule employée.


« -Bonjour… c’est vraiment du cannabis ? »
« -Oui c’est du cannabis, du cannabis légal évidemment »
« -Oui, c’est du cannabis légal évidemment » répète votre serviteur comme un redoublant de la crèche. 
La belle rousse m’ouvre un pot de Lemon Haze que je lui désigne. Pas d’erreurs c’est de la weed. Les fleurs sont compactes et sans graines, bien taillées. En ce qui concerne odeur et arômes, nous ne sommes pas exactement dans les standards de qualité d’Amsterdam, mais ça reste tout à fait acceptable.
Aussi fébrile que pressé, je prends 25 grammes en tout (White Widow 10g, Siver Haze 10g, Kush 5g) . L’addition est salée : 240CHF soit 230euros environ. Je remercie la vendeuse comme un miraculé remercie la vierge et me rue, déjà sur un nuage, vers la sortie.

T’as pécho de la Tourtel !
Cinq minutes après être arrivé dans l’appartement genevois de mon frère, je passai des portes du paradis artificiel au purgatoire des imbéciles heureux. Alors que je sortais fièrement ma précieuse acquisition, j’entends mon frère se tordre de rire. « Bro’, t’as choppé  de la Tourtel, y’a pas de THC dans ta  weed.  C’est du foin, quoi.Tu veux un jus de carotte ? » Explications.
Dans la Confédération helvétique, tout cannabis contenant plus de 1 % de THC est considéré comme un stupéfiant. Ainsi, d’après la Loi fédérale suisse sur les stupéfiants (RS 812.121), la possession la culture, la fabrication et le commerce de cannabis sont interdits et jugés comme des infractions pénales, passibles de trois ans de prison et/ou d’une amende. En revanche la culture et distribution de cannabis contenant moins de 1% de THC est autorisée depuis 2011.  Sautant sur cette inexploitée opportunité  juridique, la start-up Bio Can AG obtient en 2016 l’autorisation de commercialiser « un substitut de tabac au chanvre », à condition que le cannabis vendu ne contienne pas plus de 1% de THC. Le succès est immédiat et fera des d’émules, au point que l’on compte aujourd’hui 420 sociétés produisant et distribuant du cannabis légal dans le pays. Une aubaine juridique qui diffère de la législation en vigueur en France où la vente de produits contenant plus de 0,2 % de THC est interdite.  Une nuance de 0,8% qui change tout : faire une herbe à moins de 0.2% de THC est trop coûteux pour être rentable.Je parcours avec un peu plus d’attention l’étiquette d’un des sachets achetés et tombe sur un encadré « CBD 18%, THC 0.5% ». C’est connu, en Suisse, il ne faut pas se presser.

Le petit effet Kiss Cool
Mais comment les Suisses ont-ils réussi à vendre autant de foin au prix des meilleurs ganja ? Je n’ai d’autre choix à ce stade que d’objectiver le débat en testant la matière verte. Mon frère confectionna un vecteur de combustion à deux feuilles OCB que nous fumâmes consciencieusement. Effectivement, aucune incidence psychoactive n’a été notée. Rien qui n’altère de près ou de loin la perception ni la pensée. Mais une agréable sensation de relaxation, un doux relâchement musculaire. Un peu comme après une bonne marche ou un petit sauna. La raison de ce  très sympathique effet  myorelaxant est  simple; elle tient au fait que si la weed suisse ne contient quasiment pas de THC, elle affiche en revanche un très fort taux de cannabiniol (CBD), un alcaloïde aux multiples propriétés qui ne « défonce » pas. Un ratio nettement supérieur à celui des weed classiques, qu’elles soient naturelles ou cultivées professionnellement en serre. Un pourcentage qui oscille entre 8 et 35 en Suisse contre 0,5 à 12 % pour les ganja hollandaises. Le CBD, second alcaloïde notoire du cannabis après le THC, qui  a des vertus antiinflammatoires, antidouleurs, relaxantes et anti oxydante prouvées. Des propriétés qui conviennent à une population sur laquelle on peut compter en Suisse : les personnes âgées.

La ganja des seniors
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas aux ados ni aux quadras fêtards que l’on peut imputer le succès et le boom du cannabis légal, mais à la génération née dans les années 1950 et 1960. Des enfants de baby-boomers qui ont aujourd’hui entre 60 et 90 ans et qui  constituent plus de la moitié des consommateurs de cannabis légal. Ces enthousiastes âgés de la soft-weed, trouvent ainsi dans le CBD des effets soulageant les pathologies développées avec le nombre d’années au compteur.  Ce leur permet de baisser ou d’éviter la prise de médicaments comme les opiacées, les benzodiazépines (tranquillisants), les somnifères, les antiinflammatoires (stéroïdiens ou non stéroïdiens) ou encore les antidépresseurs. Chez Kahna Queen par exemple, 60% des clients sont âgés de plus de 60 ans. Et ce grâce au contact et aux conseils prodigué en boutique (beaucoup de points de vente de tabac vendent aussi du cannabis légal). Un dialogue qui permet de casser l’image du stoner loser scotché à son sofa et ses allocations. Des vendeurs qui orientent aussi souvent ces consommateurs vers des produits comme des huiles, des chocolats, des cookies, des crèmes hydratantes ou des infusions au CBD. Infusions qui rencontrent un franc succès, au point de représenter 15% des ventes de produits au cannabis légal. Une tendance confirmée par  Swiss Weed, qui  ne fait que 34% de son chiffre d’affaires avec le CBD fumable. La camomille de Papy vient de prendre un sérieux coup de vieux.

Le CBD, cheval de Troie du THC ?
Au sein de la branche verte, beaucoup estiment que ce franc succès augure l’assouplissement  de la législation sur la weed « psychotrope », dite récréative d’autant que le THC est de plus en plus reconnu lui aussi pour ses vertus médicales. Solidement occuper la filière du CBD, c’est aussi se positionner sur un marché potentiel qui est estimé à près d’un milliard d’euros dans la confédération. À ce jour, la Suisse est d’ailleurs excédentaire en production de cannabis légal, et commence à exporter sa ganja neutre en Belgique, Grèce et Italie. Cette riche initiative, au delà d’avoir été une aubaine pour nombre d’entrepreneurs a en tous cas à un avantage : celui de promouvoir les effets du CBD et de dédiaboliser la consommation d’une fleur de cannabis dans un joint. Les observateurs estiment que cet assouplissement de la loi en faveur du cannabis est la première étape d’une légalisation à la Hollandaise qui devrait voir le jour en 2022 au plus tard.
Au regard des politiques sur le cannabis menées par la majeure partie des pays du vieux continent, la Suisse ne donne pas dans la neutralité molle, mais fait plutôt figure d’exemple ;  la Belgique  et l’Italie ont  autorisé le mois dernier la vente de cannabis naturel. Quant à moi, je repartais à Paname fauché (La Suisse on y laisse toujours ses sous), mais heureux. J’avais appris un tas de choses, et, week-end sans THC oblige, je les avais retenues.