Légalisation - Page 4

Le 4/20 dans la Pop Culture.

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Le 4/20, grande date des amoureux du cannabis, a aussi marqué la pop culture. De Family Guy à Tarantino en passant par SNL ou Disjointed, petit florilège du folk entourant la St Ganja.

Le 20 avril ou 4/20 comme l’appellent nos amis anglo-saxons n’est ni plus ni moins que la saint Valentin des amoureux de la weed. Un jour qui est tout autant exploité commercialement que son équivalent du 14 février. En l’honneur de cette célébration de la plus belle des plantes, nous avons sélectionné la crème de la déconne cannabique.

Le classique:  la comédie musicale de Family Guy 

On commence par un duo décapant, chanté par une seule personne qui double deux personnages : Seth Macfarlane, le créateur de Family Guy. Rien d’étonnant, quand on sait que ce bourreau de travail qui est aussi scénariste, acteur et réalisateur est un grand fumeur de Cannabis. Il a même témoigné sur son amour pour la plante, lors d’un discours à Stanford en 2006.
Dans cet hymne pro-cannabis interprété par un chien et un bébé (deux catégories qui sont impossibles à contredire selon les règles d’Internet) le message est clair : tout est meilleur avec un sac à weed.
Cet extraordinaire moment de comédie musicale est basé sur un classique oublié, datant de 1968 : Chitty Chitty Bang Bang, dont les paroles ont été changées, mais pas l’enthousiasme.
Un bon moyen d’allier Broadway et San Francisco, le temps d’une chanson.

Le MDR :  le détournement de SNL 

Du côté de New York, on s’amuse aussi avec le 420, dans ce sketch écrit et joué par Kyle Mooney (un jeune comédien qui s’est fait connaître pour son “non humour” très attachant) qui raconte une version très poétique des origines de la fête.
Il est évidemment à côté de la plaque (même si ses faux chants de saison sont tellement fun qu’ils devraient peut être devenir des traditions).
On est ici dans un humour d’initié, rempli de références qui s’adressent aux fumeurs sérieux et qui tacle les stoners d’apparat. Cela peut sembler surprenant, pour une émission qui passe en prime time tous les samedis soirs, mais il ne faut pas oublier que Saturday Night Live est une institution qui compte de nombreux amateurs de Cannabis parmi ses fidèles dont Bill Murray, Woody Harrelson, Pete Davidson, Chevy Chase, John Belushi et bien d’autres.

Le ciné-culte :  Pulp Fiction

C’est un mythe qui traîne sur internet depuis des années : toutes les horloges dans Pulp Fiction seraient réglées sur 4h20.
Ce n’est malheureusement pas vrai, même si c’est indéniablement l’heure la plus fréquente dans le film, en particulier lors de la scène dans laquelle Butch va sauver Wallace. Le clin d’œil est donc tout de même valable (et connaissant la minutie de Tarantino, forcément volontaire). C’est, quoi qu’il arrive, toujours une bonne idée de se refaire ce chef d’œuvre… même si c’est pour passer votre temps à vérifier les horloges.

Le WTF :  Disjointed

Rempli de blagues très osées, de visuels expérimentaux et d’une bonne humeur contagieuse, ce sketch tiré d’une série Netflix est le seul complètement pensé pour être apprécié avec un joint à la bouche.
Les chanteurs oublient les paroles avec le sourire, toussent après une trop grosse taffe et finissent par s’endormir. Et si le 420 c’était la meilleure fête de toute car la plus festive ? Comme une Saint-Patrick sans gueule de bois ? C’est la thèse de cette série et nous adhérons complètement.

Zeweed vous souhaite un merveilleux 420 !

Thaïlande : la ruée vers l’or vert

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Globe-trotteur invétéré, notre journaliste Yves n’a pas hésité longtemps lorsque nous lui avons proposé de faire un article sur la dépénalisation du cannabis en Thaïlande. Il en est revenu avec un superbe reportage et une folle envie de retourner au Royaume du sourire.

Fin novembre 2022, je redécouvre Bangkok après une dizaine d’années d’absence, même trafic chaotique, mêmes odeurs de street food et chaleur moite. Si la Thaïlande a réouvert ses portes aux touristes au mois d’octobre dernier, les Occidentaux sont peu nombreux dans les rues de la capitale du royaume. Pourtant, quelque chose a réellement changé depuis quelques mois et je m’en rends compte soudainement en arrivant dans le Soi 11 de Sukhumvit, rue bien connue des noctambules.
Partout dans la rue, ce ne sont que des néons à l’effigie de feuille de cannabis, weed pizza, weed menu dans les bars et surtout des weed trucks (food trucks dédiés à la weed) tous les 20 mètres, et je réalise comment Bangkok s’est soudain transformée en un Amsterdam version far ouest, sans aucun contrôle gouvernemental…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

L’Allemagne revoit à la baisse son projet de légalisation du cannabis récréatif.

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Contrairement aux promesses de campagnes de la coalition tricolore (Écologistes/FPD/ SPD), l’Allemagne n’autorisera pas la vente de cannabis récréatif dans des magasins spécialisés , mais légalisera la culture privé de la plante.

Le gouvernement de Olaf Sholz a remanié son plan de légalisation du cannabis à usage récréatif face aux réserves de l’Union européenne, renonçant à court terme à la vente de cannabis à usage adulte dans des coffee shops et dispensaires.
Berlin avait présenté en octobre une feuille de route visant à introduire une législation sur le cannabis, une première en Europe.

Mercredi 5 avril, une nouvelle version édulcorée de cette réforme autorisera les plus de 18 ans à posséder de petites quantités de cannabis. «Les objectifs initiaux n’ont pas changé (…): plus de sécurité dans la consommation, enrayer le marché noir, meilleure protection des jeunes» a précisé en conférence de presse  le ministre de la Santé social-démocrate Karl Lauterbach.

Le deuxième volet de cette légalisation light consistera à tester, dans certaines régions la production et le commerce de cannabis récréatif dans des magasins spécialisés, dans le cadre de licences accordées par l’Etat.
Une telle vente au détail dans l’ensemble de l’Allemagne, envisagée dans la première mouture du plan, étant incompatible avec le droit européen.

L’expérience, si elle est concluante, “aura valeur de modèle au niveau européen et pourrait mener à une modification de la loi“, s’est défendu le ministre de la Santé, ajoutant avoir eu des discussions encourageantes avec certains membres de l’Union européenne, mais sans vouloir les nommer. L’objectif de la réforme est de remplacer une politique répressive inefficace et couteuse, et de limiter la consommation de cannabis chez les plus jeunes.
La légalisation du cannabis était pourtant l’un des projets phares de la coalition du social-démocrate Olaf Scholz avec les Verts et les Libéraux.

Lausanne : du cannabis récréatif disponible en pharmacie au mois de septembre.

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Après les villes de Bâle et Zurich, c’est au tour de Lausanne de s’essayer à la légalisation du cannabis récréatif. Dès le mois de septembre d’heureux élus pourront acheter en pharmacie de l’herbe qui fait rire. L’essai pilote a reçu l’autorisation de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), rejoignant ainsi les projets déjà validés dans les deux municipalités Suisses-allemandes.

Pas moins de 2000 participants lausannois se sont déjà inscrits sur les listes consacrées afin de pouvoir acheter le plus légalement du monde du cannabis dans la ville de la Riviera helvétique.

La capitale vaudoise et l’association Addiction Suisse, qui conduit le volet scientifique du projet, misent sur un panel d’environ 1200 personnes consommatrices de cannabis et résidant à Lausanne. Il y aura donc quelque déçus, à en croire l’engouement qu’ont manifesté les enthousiastes de l’herbe à l’annonce du projet.

Les produits seront disponibles dans un point de vente unique et sans consultation médicale préalable.

L’équipe de vente, en cours de formation, devra dispenser aux clients des conseils en matière de consommation et réduction des risques, ainsi qu’un rappel sur la législation en vigueur. Le future staff vert se réserve également le droit “d’évaluer et orienter les personnes à consommations problématiques dans le réseau d’aide“, précise le communiqué de la Ville de Lausanne.

1ères ventes en septembre

Après la Commission cantonale d’éthique, l’autorisation de l’OFSP marque une étape majeure pour notre projet” a précisé auprès de nos confrères du quotidien Le Temps Emilie Moeschler, responsable de la cohésion sociale de la ville de Lausanne citée dans le communiqué.

Nécessaire à l’étude, la culture “locale et biologique” des plants a aussi débuté alors que la première récolte se fera début août, précédente la nécessaire période de préparation des produits (séchage, taille et packaging) avant leur mise en vente en septembre.

Ces produits seront destinés “à une consommation personnelle et dans la sphère privée” souligne le même communiqué,  rappelant que l’initiative cherche à étudier “les effets de la vente régulée de cannabis à but non lucratif sur le comportement des consommatrices et consommateurs ainsi que son impact sur le marché illégal.”

Au delà de faire plaisir aux inscrits qui se verront attribués le droit d’acheter du cannabis sans risques de poursuites, le projet servira de référence dans la lutte contre les nuisances engendrées par le marché noir de la verte.

Valeria Salech, mère courage et Ganja pasionaria

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Valeria Salech s’est battu pendant 6 ans pour que le cannabis soit légalisé en Argentine. Pas parce que c’est cool et hype, mais parce que la vie de son fils en dépendait. Portrait d’une mama-warrior.

C’est en 2014 que Valeria Salech et son mari ont donné pour la première fois du cannabis à Emiliano, leur fils de 8 ans.
Valeria se souvient de cet après-midi comme le jour où elle a vraiment rencontré son fils.
«Environ 30 minutes après avoir pris la résine, Emi a commencé à me regarder dans les yeux et à sourire. Il avait un regard que je n’avais jamais vu auparavant » m’explique Valeria, la voix serrée d’émotion.
Aujourd’hui, Valeria est en première ligne de la bataille pour la légalisation du cannabis, une bataille qu’elle mène en tant que fondatrice de Mamá Cultiva Argentina (Mother Grows), le groupe de militants le plus actif et reconnu d’Argentine.

Vivre avec le cannabis

«Avez-vous déjà vu le regard de quelqu’un dopé aux anxiolytiques?» enchaine Valéria.
«C’est un regard vide et déchirant d’absence pour une mère. Et cette expression, mon fils l’arborait depuis le jour de sa naissance. Quand j’ai vu se yeux s’allumer grâce à l’équivalent d’un grain de riz de résine de cannabis, je savais alors et là que je continuerais à lui en donner, pourvu que son regard, son sourire et ses gestes s’animent “.

Nous sommes en 2015, et Emi (qui est aussi atteins d’autisme sévère) a l’autonomie d’un enfant d’un an, alors qu’il en a 8.
Je demande à Valeria de se souvenir des changements dans l’état et le comportement d’Emiliano au fil des années depuis qu’il a commencé à consommer du cannabis.
«Dès que j’ai commencé à traiter Emilio au cannabis, il a arrêté d’utiliser son bavoir», se souvient Valeria. “Quelques mois plus tard, il a commencé à apprendre à manger avec une fourchette, et après environ 1 an, Emiliano a arrêté d’utiliser des couches”.
Voyant la façon dont le cannabis a changé la vie d’Emiliano, Valeria n’a pas hésité à se battre pour les droits de toutes les autres mamans argentines dont les enfants ou la famille pourraient bénéficier du cannabis.

2016: La naissance de Mamá Cultiva Argentina

Le 22 mars 2016, 2 ans après avoir essayé le cannabis pour la première fois avec Emiliano, Valeria a assisté à la présentation d’un projet de loi visant à dépénaliser l’usage médical de la marijuana en Argentine.
En parcourant la salle du regard, elle remarque le nombre de femmes présentes, en particulier des mères.
«J’ai dit à la femme assise à côté de moi: Nous avons besoin d’une organisation pour représenter les femmes ici », se souvient Valeria.
Un peu plus de 2 semaines plus tard, le 7 avril 2016, elle fonde Mamá Cultiva Argentina (MCA).
Valeria rit lorsqu’elle se souvient des débuts de l’organisation, quand elle prenait d’assaut le Congrès avec d’autres mamans pour alpaguer les députés dans les couloirs et distribuer leurs flyer et documentation sur leur revendications.
Je lui demande de me parler de sa vie en dehors de son activisme.
«Je ne peux pas vous parler d’une vie en dehors de l’activisme pour une raison simple», s’amuse-t-elle. «Je suis né militant. C’est ma vie. À la maternelle, c’est moi qui ai parlé au professeur pour m’assurer que tous les élèves reçoivent la même quantité de biscuits. Je suis une militante 24/24, 7 jours par semaine”.

Marche sur le Congrès

Depuis le premier jour, MCA avait une mission très claire:
«Exiger un cadre juridique à travers lequel l’État argentin reconnaît les propriétés thérapeutiques du cannabis et le droit des individus de le cultiver afin de garantir un traitement sûr pour ces enfants ou quiconque en a besoin».
En plus d’une position nette  sur le cannabis, Mamá Cultiva Argentina a aussi un programme féministe allié au mouvement argentin Ni Una Menos («Pas une femme de moins»).
«J’étais à l’intérieur du Congrès avec les autres mamans distribuant des brochures et interceptant les députés quand j’ai entendu les cris des femmes dehors», se souvient Valeria, alors qu’elle se faisait entendre au Congrès lors de l’une des plus grandes marches féministes d’Argentine.

«On nous disait comment vivre et on nous jugeait si nous étions de bonnes mères ou non. On nous a dit de faire attention aux médecins et à la police ».
«Une fois que nous avons réalisé que nous étions dans le même combat que les femmes à l’extérieur, nous n’avons pas hésité à les rejoindre dans la rue. Ce fut un réveil, et à partir de là, nous avons commencé à parler de  toute la violence que nous avons subie. Et toute la violence que nous avons subie vient de ce système capitaliste et patriarcal qui nous opprime ».
En octobre 2016, Valeria s’est rendue à Rosario pour la réunion annuelle de l’Encuentro Nacional de Mujeres (Réunion nationale des femmes). Dans l’une des salles de réunion, un groupe de femmes parlait de cannabis.
«Je suis entré dans ce meeting et là…  toute la salle s’arrête pour m’applaudir. J’ai pleuré d’une si belle émotion, parce que la reconnaissance de mes pairs, de ces femmes qui comme moi avaient été battues par ce système encore trop patriarcal, signifie encore plus pour moi que si j’avais reçu une standing ovation à la tribune des  Nations Unies“.

The Times, they are A’changing.

Aujourd’hui, le droit de cultiver du cannabis, la plante qui a changé la vie de Valeria et celle de nombre d Argentins, semble plus proche que jamais.
Le 15 juillet 2020, 6 ans après que Valeria eu donné du cannabis pour la première fois à Emi, le ministère argentin de la Santé a annoncé un projet de nouvelles modifications réglementaires au projet de loi 27.350, la loi qui limite l’utilisation du cannabis médical aux essais de santé publique sur des patients atteints d’épilepsie.Un  projet plein d’espoirs et de promesses comme le droit pour les patients enregistrés de cultiver leur propre médicament, la production et la vente publiques de produits à base de cannabis médical dans les pharmacies et le libre accès aux thérapies cannabiques pour les patients dépourvus d’assurance santé.

Et même s’il ne s’agit que d’un brouillon, d’une copie de travail en devenir, l’intuition féminine de Valeria lui chuchote que le changement est très proche.
Depuis janvier, Mamá Cultiva Argentina fait partie d’un conseil consultatif travaillant avec d’autres groupes d’activistes, médecins, universités et institutions comme le CONICET [le Conseil national argentin de la recherche scientifique et technique] pour préparer son amendement au  du projet de loi 27.350.
«Quand quelqu’un vous invite à travailler avec des institutions comme CONICET et le ministère de la Santé sur un projet de loi qui prévoit réellement de mettre en œuvre le changement pour lequel vous vous battez, vous avez tendance à croire en cela», analyse Valeria.
Et bien qu’il n’y ait toujours pas de nouvelles de la date d’entrée en vigueur de ces nouvelles réglementations, Valeria est convaincue que ce sera bientôt le cas.
«Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain ou après-demain. Cela dit,  je n’ai pas honte de vous dire que chaque matin, juste après avoir ouvert l’œil,  la première chose que je fais est de vérifier le journal officiel ».

NDLR: cette interview a été réalisée en 2020. Depuis, et sous la pression d’associations comme Mama Cultiva, l’Argentine a légalisé le cannabis thérapeutique. Valeria ne scrute plus le journal officiel, elle et son fils Emilio peuvent enfin vivre sereinement, accompagné par le plus naturel des médicaments.

Californie : les femmes prennent le lead sur la ganja.

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Largement consommé par la gent masculine, c’est au tour des femmes de s’intéresser à l’industrie du cannabis. Avec des besoins et des habitudes de consommation différents, le secteur est investi par des femmes qui souhaitent adapter ce produit à leur façon.

Who run the weed ? Girls !

On ne va pas se mentir, en général la ganja c’est plutôt un truc de mec. Bien que l’on connaisse tous des filles qui en fument, l’imaginaire collectif pense avant tout aux clips de rappeurs avec quantité d’herbe ou encore à des figures médiatiques comme Seth Rogen et Tommy Chong.

Pourtant, la donne commence à changer aux États-Unis. Une étude de 2018 montre que les femmes représentent désormais 38% des consommateurs de cannabis dans le pays. Et qui dit nouveaux consommateurs dit nouvelle industrie comme l’a parfaitement compris la Californie. Dans cet État, le cannabis thérapeutique est légal depuis 1996. Cependant, les vendeurs ont l’habitude d’axer leur marketing à destination des hommes. Mais depuis la légalisation à usage récréatif en 2018, les femmes se sont massivement emparées de l’industrie pour proposer des produits modelés pour répondre à leurs besoins.

On peut notamment parler de Humboldt Apothecary. Fondé par deux femmes herboristes depuis 25 ans, leur objectif est purement thérapeutique. Elles expliquent à nos confrères de Slate vouloir « créer une synergie des plantes, en prenant les bienfaits de différents végétaux pour leurs vertus communes ». Pour faire simple, elles proposent des petites gouttes de concentré de CBD ou de THC à mettre sous la langue. Exit la défonce à tout prix, ici c’est la précision du dosage qui prime et permet de consommer un produit tout en contrôlant les effets.

Dans le même esprit, deux femmes ont créé une marque de tisane de cannabis avec des microdoses. L’une des fondatrices, Amanda Jones, explique avoir lancé son affaire nommée Kikoko pour une amie atteinte du cancer qui devait s’occuper elle-même de ses dosages afin d’éviter de ne pas finir totalement défoncée.  Jones explique qu’à l’époque « il y avait un énorme espace vacant pour des produits peu dosés sur le marché, surtout parce que les dispensaires et les marques existants étaient très masculins ».

Le cannabis, de stupéfiant à produit trendy

Avec ce nouveau segment, c’est la ganja elle-même qui change de statut. Alors qu’avant on assimilait l’herbe aux hippies et au gangsta rap, désormais la « ménagère » est également visée, et il faut bien s’adapter.  Mise en avant du bio, produits emballés dans des écrins ou encore créations culinaires, les entrepreneuses redoublent d’inventivité.

C’est le cas de Stephanie Hua qui a fondé son affaire Mellows en 2015. Considérant qu’il y avait un manque de « produits attractifs, délicieux et peu dosés » sur le marché, elle décide de commercialiser des marshmallows maison au THC. Elle affirme même en vendre pour des événements comme la fête des Mères ! Enfin, le double effet de cette prise en main du marché par les femmes est une certaine émancipation. C’est ce qu’affirme à Slate l’une des fondatrices de Kikoko.  Jennifer Chapin explique qu’elle «  en avait marre de se faire mansplainer comment utiliser des produits qui vont dans notre vagin » en visant principalement ceux prévus pour soulager les douleurs menstruelles. D’ailleurs dans son commerce, des affiches « pas de connards ! » sont disposées, le message est clair.

En tout cas il est indéniable que ce nouveau marché permettra à la fois de diversifier une industrie en pleine expansion tout en montrant une image positive du cannabis.

Suisse : 9 pharmacies de la ville de Bâle ont commencé à vendre leurs 1ers lots de cannabis récréatif

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Dans le cadre d’une expérimentation portée par la ville de Bâle, en Suisse, 180 consommateurs de cannabis peuvent désormais s’approvisionner en weed et en hasch auprès de 9 pharmacies. En juillets, ils seront 302 à pouvoir acheter du cannabis récréatif en toute légalité.

A Bâle, 374 consommateurs réguliers vont pouvoir s’approvisionner en cannabis récréatif auprès de certaines officines. Dès lundi dernier 30 janvier, un premier groupe de 180 personnes a pu acheter de l’herbe et du haschich dans les 9 pharmacies sélectionnées, alors que deuxième groupe pourra bénéficier de ce régime spécial dès le mois de juillet.

Dans le détail, le panel est constitué de 302 hommes, 66 femmes et de six personnes “non-binaires”. Le plus jeune des participants a 18 ans alors que le plus âgé affiche 76 printemps. L’âge moyen des candidats est de 36 ans.
Tous recevront à huit semaines d’intervalle un questionnaire sur leurs habitudes de consommation et leur santé. Un rapport intermédiaire à l’attention de l’Office fédéral de la santé publique Suisse sera établi dans un an.

Outre une pièce d’identité, les participants devront présenter une carte spécialement émise pour l’expérimentation, sésame indispensable pour pouvoir se fournir auprès des neuf pharmacies-dispensaires Bâloises participant à l’initiative.
Deux produits à base de haschisch et quatre produits à base de fleurs de cannabis sont proposés aux heureux élus.
Les prix oscilleront entre 6 et 11 euros le gramme, selon le produit et sa teneur en THC.

L’étude est menée conjointement par le département de la santé de la ville de Bâle, plusieurs cliniques universitaires du Canton de Bâle-ville ainsi que les départements psychiatriques du canton d’Argovie et de l’Université de Bâle. Les données recueillies serviront de base pour l’ébauche d’une «politique responsable en matière de cannabis». Après avoir dépénalisé la possession d’herbe et de haschich à hauteur de 10 grammes, la Confédération Helvétiques a annoncé son désir d’en finir avec la prohibition.
Si l’expérimentation Bâloise (qui sera aussi menée avant la fin de l’année dans les villes de Zurich, Genêve, Lausanne et Berne) confirme cette volonté de changer,  la mise en place de la légalisation a de grandes chances d’observer la maxime Suisse ” lentement mais sûrement”.

Etats-Unis : La FDA annonce qu’elle ne réglementerait pas le commerce de CBD.

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La Food and Drug Administration (FDA) la haute autorité régulant le commerce des médicaments et aliments aux US, a annoncé jeudi 26 janvier sa décision de ne pas imposer de réglementation sur la production et la vente de compléments alimentaires à base de cannabidiol. Un revers pour la filière CBD américaine.

Estimant qu’il n’y à l’heure actuelle pas suffisamment de données sur les “divers problèmes de sécurité” liés au CBD, la FDA a refusé d’imposer une cadre précis réglementant les produits dérivés du cannbidiol (CBD) en tant qu’aliments ou suppléments.

La FDA a fait valoir que sa mission d’imposer un cadre réglementaire sur les aliments et les suppléments pour fournir « des indications limitées” ne pouvait pas être assurée faute d’études définitives, appelant le Congrès à créer de nouvelles règles pour le marché en attendant l’agence de régulation américaine puisse proposer un cadre claire au sujet de la production comme du commerce de CBD.

Potentiels problèmes de santé publique

Pour la FDA, la consommation de CBD dans cadre précis soulève de potentiels problèmes de santé publique, en particulier lors d’une utilisation à long terme. Plusieurs études ont fait état de problèmes hépatiques liés à une trop forte absorption de CBD, des interactions avec certains médicaments et un impact sur la fertilité chez les hommes. Le CBD pourrait aussi avoir des conséquences néfastes sur la santé des enfants et des femmes enceintes.

Un cadre réglementaire précis permettrait aux consommateurs d’être mieux informés sur les risques potentiels liés aux produits CBD. Certains outils de gestion de ces risques pourraient inclure des étiquettes claires, la prévention des contaminants (pesticides, conservateurs), des limites de teneur en CBD et des mesures, telles que l’âge minimum d’achat. Ce même cadre entourerait de façon plus fiable et sécurisée le commerce de produits CBD pour animaux.

Frustration chez les consommateurs

Cette décision intervient alors que de nombreux élus, législateurs, défenseurs de la filière CBD américaine et de groupes de consommateurs aient fait pression pour que le CBD soit vendu sous le statut de complément alimentaire.
Alors que les experts de la santé applaudissent l’appel de l’agence pour plus de preuves, la frustration grandit parmi les leaders du marché du CBD.

Le Conseil économique et social (Cese) recommande la légalisation du cannabis

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Le Conseil économique et social a appelé hier mardi 24 janvier à une légalisation encadrée du cannabis en France. Cet avis conclu un an de travail.

Le Conseil économique et social (Cese), organe consultatif de la société civile où siègent notamment associations et syndicats, fait le constat de “l’inefficacité” des politiques françaises sur le cannabis en termes de santé publique.  Pour Jean-François Naton, membre du Cese et président de cette commission temporaire.”Il est temps de changer de paradigme“.

Pour la vente du cannabis récréatif, le Cese préconise la mise en place d’établissements spécialisés soumis à une licence ainsi qu’une formation. Ces magasins  seront interdits aux mineurs avec des contrôles d’identité à l’entrée. Enfin, le Cese veut interdire la publicité ainsi que toute promotion de marques de cannabis récréatif, précisant que “la légalisation devra être appuyée par une politique d’éducation, de prévention et de lutte“.

“Il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec”
Pr. Amine Benyamina

Il est temps de s’interroger sur les limites du système actuel. Nous n’incitons pas du tout à la consommation de cannabis, cela reste une drogue à combattre. Mais à partir d’un moment, il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec” a estimé sur France Inter le professeur et addictologue Amine Benyamina, en écho à la recommandation du Cese.

Donnez nous la possibilité d’ouvrir ce débat, la prohibition ne marche pas testons autre chose. Tout le monde consomme du cannabis en France, mais ce qui pose problème c’est la consommation précoce et jeune. Elle est facteur de mauvais pronosctics sur le plan scolaire, psychologique, environnemental” a poursuivi le chef de service psychiatrie et alcoologie de l’hôpital Paul Brousse précisant qu'”Au lieu d’attaquer l’émetteur, on protège le récepteur, ce qui limite et amortit les effets de la consommation du cannabis dans la population. Le rapport du Cese fait le constat d’un échec cuisant des seules politiques répressives“.

“Je constate que la politique répressive a le vent en poupe”
Pr. Amine Benyamina

Rappelant que « le Cese n’a pas beaucoup de pouvoir », Amine Benyamina reste sceptique quant à une évolution du cadre législatif entourant la consommation et la vente de  cannabis. “Je suis comme tout le monde, quand je vois les images de saisies de cannabis par le ministère de l’Intérieur, je constate que la politique répressive a le vent en poupe ” a conclu l’addictologue.

En Uruguay, dans une vingtaine d’Etats américains et au Canada, le cannbis récréatif est désormais légal.
En Europe, Malte a été le premier pays européen à en finir avec la prohibition alors que ’Allemagne devrait ouvrir ses premiers dispensaires début 2024.
En France, seule une expérimentation du cannabis à usage médical a débuté en mars 2021. Supposée finir au mois de mars 2023 afin de rendre ses conclusions, elle a été reportée d’un an.

 

En Uruguay, la consommation de cannabis légal dépasse celle issue du marché noir.

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10 ans après la légalisation du cannabis en Uruguay, la weed provenant de commerces légaux et de cultures autorisées approvisionne désormais une majorité de consommateurs.

Les données menant à cette conclusion, publiées par l’Instituto de Regulacion y Control del Cannabis (IRCC), sont basées sur une enquête réalisée auprès des consommateurs entre août et septembre 2022.

Les résultats de l’enquête chiffrent à 250 000 le nombre de consommateurs de cannabis âgés de plus de 18 ans (âge légal d’accès), soit environ 7 % de la population totale et de 10% des quelque 2,6 millions d’Uruguayens qui ont l’âge légal d’accès.

L’Uruguay a légalisé le cannabis en 2013, mais n’a ouvert la vente au détail qu’en juillet 2017. Les consommateurs ont trois options : acheter du cannabis dans les quelques dizaines de pharmacies autorisées, cultiver leur propre cannabis ou faire partie d’une coopérative type social club où les membres partagent les fruits et fleurs de leurs cultures.

En 2021, 56% du cannabis consommé en Uruguay provenait d’un circuit légal.

Bien que peu de pharmacies aient initialement acceptées de vendre du cannabis aux Uruguayens aficionados de ganja , ce nombre n’a cessé de croître depuis quelques années, entrainant une augmentation des ventes.

Techniquement, le cannabis disponible en pharmacie est vendu en paquets de 5 grammes, avec une limite de 40 grammes par mois/consommateurs. Au 1er février, le prix d’un paquet de 5 grammes de fleurs de cannabis séchées en pharmacie était fixé à 390 pesos uruguayens, soit environ 8 euros. L’achat mensuel moyen en pharmacie en 2021 était d’environ 15 grammes.
Les consommateurs peuvent choisir parmi quatre variétés de cannabis différentes vendues dans des sacs de cinq grammes appelés Alfa I, Alfa II, Beta I et Beta II, avec environ 2 % de CBD et 9 % de THC, selon la variété.

Au 31 décembre 2021, 47 515 personnes étaient enregistrées pour acheter du cannabis dans les pharmacies, tandis que 13 441 étaient enregistrées pour cultiver le leur, et 7 032 autres pour faire pousser de l’herbe à usage personnel dans l’un des 220 collectifs de culture du pays.
De janvier à décembre 2021, il y a eu une augmentation de 11 % du nombre de personnes inscrites sur le marché réglementé et une augmentation de 31 % du nombre de personnes inscrites dans un club/une coopérative en pleine croissance.

L’auto-culture autorisée : une solution simple et efficace pour endiguer le marché noir

Bien que les données de l’enquête montrent que seulement 29 % des sondés ont déclaré avoir accès au cannabis par des voies légales, cela représenterait 39 % du marché total, juste pour les achats.
Parmi ceux qui ont répondu au sondage, 43 % ont déclaré l’avoir partagé avec leurs amis et leur famille.

Des chiffres qui sont à conjuguer avec ceux de l’auto-culture. En incluant le marché de la culture à usage personnel,  les ventes et production légales de cannabis représenterait 56 % du marché.
Dans ce pays d’Amérique du sud où l’économie parallèle est un sport national, un tel résultat démontre une fois de plus que la légalisation contrôlée de l’herbe n’est pas un enfumage idéologique.

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