Le Conseil économique et social a appelé hier mardi 24 janvier à une légalisation encadrée du cannabis en France. Cet avis conclu un an de travail.
Le Conseil économique et social (Cese), organe consultatif de la société civile où siègent notamment associations et syndicats, fait le constat de “l’inefficacité” des politiques françaises sur le cannabis en termes de santé publique. Pour Jean-François Naton, membre du Cese et président de cette commission temporaire.”Il est temps de changer de paradigme“.
Pour la vente du cannabis récréatif, le Cese préconise la mise en place d’établissements spécialisés soumis à une licence ainsi qu’une formation. Ces magasins seront interdits aux mineurs avec des contrôles d’identité à l’entrée. Enfin, le Cese veut interdire la publicité ainsi que toute promotion de marques de cannabis récréatif, précisant que “la légalisation devra être appuyée par une politique d’éducation, de prévention et de lutte“.
“Il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec”
Pr. Amine Benyamina
“Il est temps de s’interroger sur les limites du système actuel. Nous n’incitons pas du tout à la consommation de cannabis, cela reste une drogue à combattre. Mais à partir d’un moment, il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec” a estimé sur France Inter le professeur et addictologue Amine Benyamina, en écho à la recommandation du Cese.
“Donnez nous la possibilité d’ouvrir ce débat, la prohibition ne marche pas testons autre chose. Tout le monde consomme du cannabis en France, mais ce qui pose problème c’est la consommation précoce et jeune. Elle est facteur de mauvais pronosctics sur le plan scolaire, psychologique, environnemental” a poursuivi le chef de service psychiatrie et alcoologie de l’hôpital Paul Brousse précisant qu'”Au lieu d’attaquer l’émetteur, on protège le récepteur, ce qui limite et amortit les effets de la consommation du cannabis dans la population. Le rapport du Cese fait le constat d’un échec cuisant des seules politiques répressives“.
“Je constate que la politique répressive a le vent en poupe”
Pr. Amine Benyamina
Rappelant que « le Cese n’a pas beaucoup de pouvoir », Amine Benyamina reste sceptique quant à une évolution du cadre législatif entourant la consommation et la vente de cannabis. “Je suis comme tout le monde, quand je vois les images de saisies de cannabis par le ministère de l’Intérieur, je constate que la politique répressive a le vent en poupe ” a conclu l’addictologue.
En Uruguay, dans une vingtaine d’Etats américains et au Canada, le cannbis récréatif est désormais légal.
En Europe, Malte a été le premier pays européen à en finir avec la prohibition alors que ’Allemagne devrait ouvrir ses premiers dispensaires début 2024.
En France, seule une expérimentation du cannabis à usage médical a débuté en mars 2021. Supposée finir au mois de mars 2023 afin de rendre ses conclusions, elle a été reportée d’un an.