Californie : les femmes prennent le lead sur la ganja.

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Largement consommé par la gent masculine, c’est au tour des femmes de s’intéresser à l’industrie du cannabis. Avec des besoins et des habitudes de consommation différents, le secteur est investi par des femmes qui souhaitent adapter ce produit à leur façon.

Who run the weed ? Girls !

On ne va pas se mentir, en général la ganja c’est plutôt un truc de mec. Bien que l’on connaisse tous des filles qui en fument, l’imaginaire collectif pense avant tout aux clips de rappeurs avec quantité d’herbe ou encore à des figures médiatiques comme Seth Rogen et Tommy Chong.

Pourtant, la donne commence à changer aux États-Unis. Une étude de 2018 montre que les femmes représentent désormais 38% des consommateurs de cannabis dans le pays. Et qui dit nouveaux consommateurs dit nouvelle industrie comme l’a parfaitement compris la Californie. Dans cet État, le cannabis thérapeutique est légal depuis 1996. Cependant, les vendeurs ont l’habitude d’axer leur marketing à destination des hommes. Mais depuis la légalisation à usage récréatif en 2018, les femmes se sont massivement emparées de l’industrie pour proposer des produits modelés pour répondre à leurs besoins.

On peut notamment parler de Humboldt Apothecary. Fondé par deux femmes herboristes depuis 25 ans, leur objectif est purement thérapeutique. Elles expliquent à nos confrères de Slate vouloir « créer une synergie des plantes, en prenant les bienfaits de différents végétaux pour leurs vertus communes ». Pour faire simple, elles proposent des petites gouttes de concentré de CBD ou de THC à mettre sous la langue. Exit la défonce à tout prix, ici c’est la précision du dosage qui prime et permet de consommer un produit tout en contrôlant les effets.

Dans le même esprit, deux femmes ont créé une marque de tisane de cannabis avec des microdoses. L’une des fondatrices, Amanda Jones, explique avoir lancé son affaire nommée Kikoko pour une amie atteinte du cancer qui devait s’occuper elle-même de ses dosages afin d’éviter de ne pas finir totalement défoncée.  Jones explique qu’à l’époque « il y avait un énorme espace vacant pour des produits peu dosés sur le marché, surtout parce que les dispensaires et les marques existants étaient très masculins ».

Le cannabis, de stupéfiant à produit trendy

Avec ce nouveau segment, c’est la ganja elle-même qui change de statut. Alors qu’avant on assimilait l’herbe aux hippies et au gangsta rap, désormais la « ménagère » est également visée, et il faut bien s’adapter.  Mise en avant du bio, produits emballés dans des écrins ou encore créations culinaires, les entrepreneuses redoublent d’inventivité.

C’est le cas de Stephanie Hua qui a fondé son affaire Mellows en 2015. Considérant qu’il y avait un manque de « produits attractifs, délicieux et peu dosés » sur le marché, elle décide de commercialiser des marshmallows maison au THC. Elle affirme même en vendre pour des événements comme la fête des Mères ! Enfin, le double effet de cette prise en main du marché par les femmes est une certaine émancipation. C’est ce qu’affirme à Slate l’une des fondatrices de Kikoko.  Jennifer Chapin explique qu’elle «  en avait marre de se faire mansplainer comment utiliser des produits qui vont dans notre vagin » en visant principalement ceux prévus pour soulager les douleurs menstruelles. D’ailleurs dans son commerce, des affiches « pas de connards ! » sont disposées, le message est clair.

En tout cas il est indéniable que ce nouveau marché permettra à la fois de diversifier une industrie en pleine expansion tout en montrant une image positive du cannabis.

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Diplômé de l’ESJ, Vincent s’intéresse de près à nos cultures sous toutes leurs formes. Spécialisé dans les questions de droit internationale et les évolutions sociétales, il collabore régulièrement pour Zeweed sur ces sujets.

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