Légalisation - Page 2

Le gouvernement dépose un amendement qui légaliserait le cannabis thérapeutique début 2025

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Alors que les députés se penchent aujourd’hui sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) et que de nombreux observateurs pensaient le cannabis thérapeutique en passe d’être enterré puisque ne figurant pas au PLFSS, le gouvernement crée la surprise en déposant un amendement qui légaliserait le cannabis à visée médicale en France en 2025.

Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) doit être examiné ce jour à l’Assemblée nationale. Un texte particulièrement scruté alors que les dépenses de santé accusent 9 milliards de déficit en 2023, avec une projection chiffrant ce déficit à 18 milliards en 2027.

Dans le cadre de l’examen et du vote du PLFSS, le gouvernement a crée la surprise en déposant au dernier moment un amendement qui confèrerait un “statut temporaire” aux médicaments à base de cannabis début 2025. Ce “statut temporaire” se veut une transition progressiste à l’expérimentation du cannabis à visée médicale (lancée en mars 2021 et qui doit prendre fin le 26 mars prochain) qui permettrait à de nombreux patients en souffrance d’avoir accès à des traitements à base de cannabis.

Autorisation de 5 ans renouvelable à partir de 2025

Les différentes spécialité à base de cannabis (huiles, gélules et préparations pour vaporisateurs, les fleurs à l’état brut n’étant pas incluses à ce jour) seront soumis à une autorisation temporaire délivrée par l’ANSM pour une durée de 5 ans renouvelable.

De façon pratique, si cet amendement venait à être adopté par les députés, les médicaments verts  seraient soumis à une première ordonnance délivré en hôpital par un spécialiste, puis renouvelable tous les 28 jours dans les pharmacies habilitées.

300.000 patients pourraient être concernés par un traitement à base de cannabis

Le prix des spécialités sera déterminé en fonction de leurs composition et alignés sur les tarifs pratiqués par les pays de la Communauté Européenne ayant légalisé l’usage du cannabis à visée médicale. Quant aux modalités de remboursement par l’assurance maladie, elles seront fixées par arrêté avant 2025;

Actuellement, 2.800 personnes font partie de l’expérimentation mais selon les associations spécialisés et acteurs de la filière française, près de 300.000 patients pourraient avoir accès au cannabis thérapeutique.

Ed Rosenthal, l’homme qui murmurait à l’oreille du chanvre.

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Bien avant l’arrivée des growboxs et autres kits pour faire pousser chez soi, Ed Rosenthal était déjà en train de développer des techniques désormais utilisées par tous les cultivateurs en herbe.  Aux cotés de Jack Herer, le “doc'” Rosenthal est sans doute un des plus grand activiste et défenseur du cannabis aux États-Unis.
Portrait d’un gourou de la ganja.

S’ il y existait un mont Rushmore du chanvre, Ed Rosenthal y serait probablement représenté entre la reine de hasch Milan Jansen et  Jack “l’hemperor” Herer.
Comme Mila, il a fait avancer la qualité du cannabis consommé en améliorant les techniques qui l’entourent et comme Jack, il a fait avancer les mentalités mais aussi les lois des Etats-Unis.
A l’âge de 74 ans, le cultivateur né dans le Bronx profite enfin du fruit (ou dans le cas présent de la fleur) du combat de sa vie pour avoir le droit de faire pousser du cannabis en paix.
Ce maître zen de l’horticulture partage son savoir sur la plante depuis plus de 35 ans.

Rédacteur spécialisé growing chez High Times

Rien de très surprenant quand on apprend qu’il a commencé sa carrière en tant que rédacteur pour le mythique magazine High Times dans les années 80/90. C’est là qu’il développe ses talents sur le sujet aux côtés de l’intelligentsia alternative américaine et qu’il se lie d’amitié pour Jack Herer dont il s’inspirera pour de nombreuses publications.
Comme lui il a accumulé une masse presque encyclopédique de connaissances publiant des guides de jardinage bien sûr mais aussi des ouvrages sur l’apport social, économique et humain du chanvre sur la société.
Une cause qu’il embrasse jusqu’au tribunal puisqu’en 2002 (alors qu’il l’accord et le soutien absolu de la municipalité de la ville d’Oakland), il est arrêté par les agents fédéraux de la FDA.

Arrêté par la Food & Drug Administration

L’affaire fait grand bruit puisqu’elle démontre l’absurdité du système américain dans lequel les lois locales et nationales s’affrontent.
De son côté il a la proposition 215 (qu’il a participé à écrire et à faire voter) qui autorise le Cannabis médical dans la ville mais il fait face au gouvernement américain qui cherche à faire un exemple.
De l’aveu d’une jurée (dont vous pouvez trouver le témoignage ici) le procès est loin d’être impartial. Même si il n’est condamné qu’à un jour de prison il lance une procédure d’appel concluante pour révoquer la peine qu’il a déjà servi. En 2007 rebelote il est à nouveau inculpé par le Bureau du Procureur des États-Unis en personne… Mais il ne se voit pas ajouter un seul jour de prison à sa peine en dépit de sa condamnation. N’ayant jamais perdu son calme (et donc sa crédibilité) dans cette affaire très médiatique il attire une grande majorité de l’opinion publique de son côté.

Ed Rosenthal à la sortie de son procès (lunettes rondes, chemise blanche, veste gris-vert)

Deux fois condamné à un jour de prison

L’homme qui d’après Tommy Chong lui-même “a converti plus de monde au cannabis que Cheech et Chong” est loin d’être un rigolo (en dépit d’un grand sens de l’humour).
Il donne régulièrement des cours à l’université d’Oaksterdam – la seule au monde dédiée exclusivement au chanvre – afin de répondre aux questions des jeunes pousses sur leur manuel. Un manuel qui se trouve être son best seller: “Ed Rosenthal’s Marijuana Grower’s Handbook” (le guide d’Ed Rosenthal pour les cultivateurs de Marie-Jeanne).
Même si il a vendu pour plus de 2 millions d’exemplaires de ses livres, Ed a gardé la tête froide et la main verte.

Il a lancé sa propre chaîne Youtube AskEd420 dans laquelle il vante les mérites de son université située à Oakland “que les gens doivent absolument rejoindre sinon [il] se fera viré”, il donne des conseils botaniques et il explique aux internautes comment utiliser les produits qu’il a inventé.
Que rajouter si ce n’est silence:  Le prof le plus cool de la planète va parler.

 

Ganja in India: entre illégalité et sacré.

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Longtemps loué comme plante divine dans les textes anciens, le cannabis est depuis 1985 illégal en Inde. Une très relative prohibition puisque le haschich et la Ganja y sont toujours largement produits et consommés. A quand la (re)légalisation du sacré ?

C’est sur les contreforts de l’Himalaya que pousse un cannabis Indica qui produit un des haschich les plus prisé au monde : le Charas.
Longtemps vénéré avant d’être produit illégalement, ce cannabis made in India y est cultivé en abondance et trouve des consommateurs de tout âge et caste dans une société pourtant considérée comme peu souple.
Selon une étude menée par ABCD, pour Seedo, New Delhi, la capitale, se hisserait  -en nombre d’enthousiastes de la fumette-  au deuxième rang des villes les plus consommatrices de ganja du globe. Mumbai, la capitale financière, ne fait pas exception à la conso’ d’herbe puisqu’elle se place à la 6ème position des 120 villes les plus amateur de marijuana de la planète.

Plante bénite

Un penchant cannabique qui n’a rien de surprenant tant la large consommation de weed dans l’ancienne colonie britannique ne peut être isolée de la longue histoire du pays au 330 millions de divinités, avec une consommation de la belle plante qui remonte au moins  à 2000 avant JC.
Soit bien avant les élucubrations fumantes des communautés 60’s de Goa.
Le quatrième Veda de l’hindouisme appelé Atharva Veda parle ainsi du cannabis comme «l’une des cinq plantes les plus sacrées».
Quand au dieu porte-bonheur  Shiva, il aurait abonnement consommé l’herbe magique.

Shiva et Parvati préparant un Bhang

Le même  Shiva qui est souvent représenté avec un chillum (pipe indienne traditionnelle en argile).

Homme fumant le shilom

Le Bhang, boisson planante composée de feuilles de cannabis et de lait est aussi mentionné nombre de fois dans les textes religieux indiens. Inattendue intervention divine ou tolérance pragmatique? Toujours est-il qu’en vertu de la Convention unique sur les stupéfiants et de la loi sur les substances psychotropes 1985, le Bhang n’est pas classé comme stupéfiant dans le pays. Il est donc possible, légal et culturellement très correct de s’envoyer un space-cake liquide en Inde.

Outre le contexte religieux, le système de médecine indien, l’Ayurveda, est également connu pour largement avoir recours au cannabis comme ingrédient actif dans les préparations. Pas moins de 191 formulations et plus de 15 formes posologiques ont inclus la weed comme ingrédient premier pour traiter des problèmes allant de la constipation  à l’hypertension artérielle.
Médicalement, la consommation de cannabis est aussi recommandée par la médecine moderne pour traiter d’autre pathologies/conditions telles que les nausées et vomissements provoqués par les traitements chimiothérapiques, améliorer l’appétit des patients atteints du VIH / SIDA et réduire les  douleurs chroniques. La marijuana agit aussi en thymo-régulateur, son fonctionnement neurologique s’apparentant à celui d’un anxiolytique, sans addiction à la clef.

Herbe interdite

En vertu de la loi de 1985 sur les stupéfiants et les substances psychotropes (NDPS), le commerce et la consommation de résine de cannabis (charas) et de bourgeon (ganja) sont désormais illégaux et toute personne trouvée en possession de hasch ou d’herbe encoure  jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Cependant, l’illégalité du cannabis en Inde est des plus théoriques, comme le souligne le Rapport mondial sur les drogues 2019 publié par l’ONUDC, la section « stupéfiant » de L’ONU, qui nous apprend que plus de 3% de la population indienne âgée de 18 ans et plus et un peu moins de 1% de les adolescents âgés de 10 à 17 ans avaient consommé de la weed ou du hasch en 2018.
Bien qu’une certaine latitude en matière de tolérance  ait été accordée aux gouvernements régionaux pour fournir des licences permettant de cultiver du cannabis à des fins de recherche et à des fins médicales, seules quelques régions comme  l’Uttar Pradesh et l’Uttarakhand ont réellement reçus une licence de culture du chanvre.

Le marché indien du cannabis, entre ses débouchés et un terreau des plus favorables, attire les convoitises de multinationales autant qu’il anime la volonté de légalisation de plusieurs collectifs et ONG, organismes qui ont déposé des requêtes en justice demandant sa légalisation pure et simple. Les entrepreneurs et pétitionnaires en question affirmant non sans fondement que les bienfaits médicinaux du cannabis ont été reconnus dans le monde entier, et que l’Inde offre des conditions climatiques idéales pour que la plante y prolifère largement.
Selon un rapport de Grand View Research Inc., le marché mondial de la marijuana légale devrait atteindre 146,4 milliards de dollars d’ici la fin de 2025. Un marché sur lequel le second pays le plus peuplé au monde, qui fait face à un défi économique et sociale de taille, a tout intérêt à miser.

Bègles confirme sa volonté d’être la 1ère ville française à expérimenter la légalisation du cannabis

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Convaincu de la nécessité de faire évoluer le cadre législatif actuel, le maire écologiste de Bègles Clément Rossignol Puech poursuit sa volonté d’expérimenter une légalisation encadrée du cannabis dans la municipalité Girondine.

Après en avoir précisé les raisons et les contours lors d’un colloque rassemblant 200 personnes en juin dernier, le maire Clément Rossignol Puech a réuni vendredi 13 octobre un comité consultatif et un conseil scientifique afin de concevoir un cahier d’expérimentation.

Pour l’édile, c’est son expérience à la tête de la ville qui l’a «convaincu de la pertinence de cette démarche». Le maire écologiste explique ainsi faire face «à des parents un peu désemparés par la consommation incontrôlée de leurs enfants» alors que certains quartiers de Bègles sont gangrenés par le marché noir :   «Même lorsque les réseaux tombent, ils sont reformés très rapidement, car il y a un marché, avec pratiquement un million de consommateurs en France, le premier pays d’Europe.» Encadrer la consommation permettrait, selon l’élu, de lutter contre le traffic et protéger les plus jeunes.

En juillet, le conseil municipal avait formé un comité consultatif de co-construction et de suivi du projet de légalisation, composé de 15 Béglais et de 15 professionnels du territoire concernés par cette thématique. Sa mission : constituer un cahier d’expérimentation qui posera les contours d’une expérimentation locale qui fonctionne et qui intègrera différentes contributions d’acteurs.
Pour ce faire, le comité sera suivi dans ses missions et réflexions par un conseil scientifique composé de juristes, spécialistes du cannabis, professionnels de l’addiction et du médico-social, chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales et représentants d’institutions locales.

Rapport remis au Président de la République fin 2023 pour une réponse attendue début 2024

Le comité consultatif se réunira pour étudier ces propositions le samedi 21 octobre à 9h30 à l’occasion d’une demi-journée de travail.
Le vendredi 10 novembre, une réunion de consensus entre les deux instances sera organisée de 15h à 18h30 afin de valider le cahier d’expérimentation.

Une fois finalisé, le cahier d’expérimentation sera remis au Président de la République. Sans l’aval (peu probable) du gouvernement, l’expérimentation ne saurait être mise en place puisque s’inscrivant dans un cadre illégal.
Une réunion publique de restitution des résultats la démarche sera organisée début 2024.

Cannabis MasterClass

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Biologiste de renommée internationale, normalien, agrégé de Sciences naturelles, professeur de physiologie cellulaire à Paris VI, président de la Société des Neurosciences, chevalier de la Légion d’Honneur, directeur de recherche au CNRS, Joël Bockaert force le respect comme l’admiration. À l’occasion de la sortie de son ouvrage Le cannabis, quelle histoire ! , nous avons pu lui poser quelques questions sur cette masterclass cannabique de 160 pages.

Que sait-on déjà des utilités médicales du cannabis ?
Nous pouvons compter quatre effets positifs confirmés du cannabis à usage médical quand il est administré à juste dose.
Déjà, ses propriétés anti-nauséeuses et anti-vomitives, salvatrices pour les patients sous chimiothérapie ou atteints du sida. Mais aussi ses propriétés antispasmodiques, efficaces pour calmer et prévenir les crises de spasmes de patients atteints par la sclérose en plaque. On peut aussi parler des propriétés antiépileptiques du CBD (pour des épilepsies résistantes aux traitements conventionnels ) et des vertus antalgiques du THC qui permettent aussi de réduire des douleurs chroniques. Il faut cependant souligner que ce sont des traitement de soulagement qui ne sont pas curatifs. Parmi les effets positifs mais à confirmer; une amélioration du sommeil, une stimulation de l’appétit et des propriétés anxiolytiques.

Et de ses effets néfastes ?
Rappelons d’abord que la quantité absorbée et la concentration en THC sont deux facteurs clefs des effets délétères du cannabis. En trente ans, la concentration en THC du cannabis issu du marché illégal est passée de 3-4 % pour l’herbe des années 90 à 25-32% pour la Skunk ou la Chem Berry. Sans parler des produits de synthèse analogues du THC (K2, Spice Black Mamma…) qui sont bien plus puissants et dangereux. Les effets délétères aigus d’une consommation excessive momentanée de THC sont les crises d’angoisse, les états oniroïdes (rêves éveillés) et les psychoses cannabiques. A cela il faut ajouter les dangers d’accidents, notamment automobiles. Les effets délétères sur le long terme peuvent être un manque de motivation, un affaiblissement de la mémoire, des déficits cognitifs, parfois le déclenchement d’une psychose endormie ou des complications cardio-vasculaires. Ces effets sont particulièrement graves chez les adolescents.

Quand on parle de CBD peut-on parler d’une ruée vers « l’or vert » ?
Il y a un marché incontestable et bientôt colossal du CBD (un des composant du cannabis non psychotrope) maintenant qu’il est légal d’en vendre et d’en consommer en Europe, avec un nombre de boutiques et de produits à base de chanvre qui ne cesse d’augmenter. Il y a visiblement une offre et une demande croissantes et des profits à faire. Mais les profits les plus faramineux, au niveau mondial, restent ceux du cannabis récréatif.

Combien de temps faudrait-il à la France pour devenir leader du marché du chanvre ?
La France a déjà régné sur le marché du chanvre à usage agro-industriel jusqu’au début du XXème siècle et en est aujourd’hui le quatrième producteur mondial. Le chanvre agro-industriel  produit en France contient moins de 0,2 % de THC. Il est utilisé légalement pour faire des vêtements, du plastique, du bio-carburant, des isolants etc… Rien ne s’oppose à ce que la France redevienne le leader mondial de ce marché en moins de 10 ans avec un produit du terroir !
Reste à développer une filière du cannabis thérapeutique (qui sera vraisemblablement légalisé en France ) et récréative… si la légalisation progressive du cannabis est décidée en France.

Pouvez-vous nous faire un état des lieux du succès ou de l’échec des politiques répressives actuelles ?
La politique répressive actuelle est un indéniable échec. Avec seulement 10% du cannabis récréatif saisi, plus de 4000 points de ventes partout en France, même si on en fermait un par jour,  il faudrait dix ans pour les supprimer tous. Nous sommes un des pays qui consomme le plus de cannabis au monde. L’alcool et le tabac -beaucoup plus dangereux pour la santé- sont en vente libre alors que la consommation ou la vente de cannabis est illégale. Cette incohérence fondamentale est une des raisons de l’échec cuisant de notre politique de répression.

Doit-on penser une légalisation du cannabis qui s’accompagne de campagnes d’information ?
Ce qu’il faut, c’est proposer un débat sans idéologie qui mettra face à face le pour et le contre d’une légalisation ainsi que des moyens d’y parvenir. Pour que ce débat existe, une campagne d’information est absolument nécessaire. Il s’agit d’analyser les effets positifs et négatifs de la légalisation.
Positifs : une vente de produits bien contrôlés notamment pour le taux de THC, la possibilité de faire des campagnes massives d’information sur les dangers d’une consommation excessive, la réduction de trafics illégaux et le dégagement de recettes fiscales.
Négatifs : légaliser une drogue est un acte problématique pour n’importe quel politique face à un cannabis illégal qui risque d’être moins cher et toujours plus fort en THC. Il faudra aussi trouver une autre ressource de revenus et d’emploi pour tous ceux qui vivent indirectement du trafic. Ce qui est le point le plus problématique. Seul un vote populaire pourrait trancher. Notons que la meilleure politique, quand il s’agit de drogues, est toujours celle qui éduque, accompagne et sollicite ses citoyens plutôt que celle qui les puni et les infantilise.

Quels seraient les effets d’une légalisation totale ou partielle sur le marché noir ?
On peut espérer qu’une partie du trafic soit supprimée. Les usagers « raisonnables » préférant acheter des produits « sûrs » et légaux. Mais il faut nuancer les choses: l’éradication totale du trafic sera très difficile et l’on ne défait pas en un jour un système qui s’est construit sur des décennies et qui rapporte beaucoup.

Qu’attendez-vous de ce livre?  Est-ce l’aboutissement d’un propos ou le début d’un débat ?
Ce livre a pour but de dresser le tableau le plus réaliste possible de l’histoire, du potentiel économique énorme du chanvre agro-industriel, du rôle socio-culturel du cannabis, de ses effets positifs et négatifs avérés afin d’organiser  un débat sérieux fondé sur des références scientifiques et des rapports publiés.

Joël BOCKAERT
Cannabis, quelle histoire!
UGA éditions
12€

L’ouvrage est disponible sur Amazon via ce lien

 

Allemagne : Le texte de loi sur la légalisation du cannabis récréatif arrive en 1ère lecture au Bundestag

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Le 29 septembre, le Conseil fédéral allemand (Bundesrat) validait les grandes lignes du projet du gouvernement fédéral allemand (Bundesregierung) de légalisation du cannabis. Le projet de légalisation du cannabis outre-Rhin sera à l’ordre du jour du Bundestag ce vendredi 13 octobre 2023.

Le projet de loi sur la légalisation du cannabis à usage adulte et récréatif (Cannabisgesetz, « CanG ») prévoit la suppression du cannabis du tableau des stupéfiants prohibés. Pour les adultes, la possession de 25 grammes de produit séché et la culture privée d’un maximum de trois plantes seraient ainsi autorisées. L’auto-culture collective et non commerciale sera aussi autorisée dans les Social Clubs, ces cercles où les membres peuvent librement consommer et échanger de l’herbe qui fait rire. Ces associations seront également autorisées à procéder à une distribution contrôlée du cannabis qu’elles cultivent.

Bien que le Conseil fédéral ait appelé à des améliorations dans certains domaines, il n’a pas rejeté les grandes lignes du projet de loi, malgré les efforts des partis conservateurs CDU/CSU et de certaines provinces qui souhaitaient que le CanG soit désapprouvé par le Conseil fédéral. Lequel Conseil fédéral n’ayant pas trouvé de majorité invalidant le texte de loi progressif lors du vote , le projet de loi arrivera bel et bien en première lecture au Bundestag.

Les critiques émanant de certaines provinces allemandes portaient initialement sur leurs responsabilités en matière de surveillance et d’exécution du CanG. Selon le compte-rendu du Conseil fédéral, ces responsabilités devraient ainsi être réglementées de manière à ce qu’il n’y ait pas d’obligation de financement supplémentaires en matière de personnel de la part des dites régions.

Le compte-rendu du Conseil fédéral souligne aussi plusieurs domaines nécessitant des pistes d’améliorations, comme la prévention des accidents de la route, l’établissement de normes minimales pour sécuriser les installations de culture et la nécessité de normes visant à l’élaboration d’un plan de santé publique et de protection des jeunes. Sur ce dernier point, les contours légaux liés  à la protection de la jeunesse devraient être définis à mesure que le CanG progresse dans le processus législatif.

L’acceptation du texte de loi par le Bundestag vendredi 13 octobre sera une étape décisive vers une légalisation à priori actée et attendue pour début 2024.

Jack Herer, l’homme qui voulait chanvrer le monde.

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Si vous êtes un ganja aficionado, vous avez probablement déjà gouté à la fameuse Jack Herer.
Vainqueur de la High Times Cannabis Cup 95’, cette variété de cannabis à dominante sativa est une référence particulièrement appréciée des consommateurs pour son côté ultra-tonique et cérébrale. Mais au fait, c’est qui, ce Jack Herer ?
Portrait d’un activiste écologique qui voyait en la belle plante le salut de l’homme.

L’histoire de la légalisation du cannabis dans le monde a été marquée par quelques personnalités extrêmement fortes. Leur principal point commun ? Un humanisme certain, empreint d’empathie et de créativité.
Si le premier dispensaire a vu le jour grâce aux actions de  militants pro-LGBT, et que des breeders comme Arjan Roskam ont révolutionnés le marché de la weed, c’est à Jack Herer que l’on doit la première encyclopédie du cannabis.

Et pourtant, rien ne prédestinait Jack “L’Hemperor” à devenir l’empereur du chanvre. Né à Buffalo, New York, en 1939, issu d’une famille très conservatrice, il s’engage à 17 ans dans l’armée pour 3 ans avant de fonder une famille dans un esprit des plus conservateur et républicain.
Alors que la guerre du Vietnam éclate, il admet qu’à l’époque il était “persuadé que (les américains) étaient toujours les gentils”.
Un jour, sa nouvelle petite amie lui fait tester la belle plante, celle-là même  que la propagande d’état dénonçait avec acharnement… et c’est la révélation pour Jack!

Jack the “Hemperor”

Il découvre des choses qu’il n’avait jamais ressenties, une paix et une curiosité nouvelle. C’est à ce moment-là que le désir de partager son expérience avec le monde naît en lui. En 1973, il monte un magazine underground dédié au cannabis : “Grass”, qui devient culte dans les milieux branchés. Toujours en 73, il ouvre un des premiers Headshop américains (une boutique qui vend bongs, pipes, vaporizers et autre vecteurs de combustion cannabique).

Ce revirement assez extrême n’est en réalité que le début de son parcours de combattant; à travers ses recherches, il réalise le potentiel écologique et la réalité ethnologique du chanvre, une plante qui suit l’humanité depuis plusieurs millénaires :« Il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète ; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère… Et cette ressource est – la même qui était utilisée à cet effet auparavant – le cannabis, le chanvre, la marijuana ! » professait-il déjà.

Jack Herer (à droite) et Redman, la fine fleur de la weed

Pour Jack, le chanvre est la réponse à la crise des énergies fossiles, à la déforestation et à l’arrêt de la surproduction polluante. Dans cette optique, il crée le HEMP (Help End Marijuana Prohibition), multiplie les conférences et parcourt le pays pour propager la bonne parole, tout en accumulant les ressources documentaires.
En 1985, c’est la sortie de son chef d’oeuvre “The Emperor Wears No Clothes” ou “L’Empereur nu” en français, qui compile l’intégralité de ses connaissances sur le sujet du cannabis.
Le livre est un énorme succès littéraire, c’est une véritable bible d’informations vertes, qui sera même mise à jour une dizaine de fois, jusqu’à la mort de l’écrivain en 2010. Un must d’avant l’ère d’Internet, dont on vous recommande encore fortement la lecture aujourd’hui : https://www.amazon.com/Emperor-Wears-Clothes-Marijuana-Conspiracy/dp/1878125028

Deux fois candidat à la Présidentielle US

Ce personnage hors du commun aura marqué son époque par sa passion, oui, mais surtout par quelques coups d’éclats : en 1988 et en 1992 il se présente à l’élection présidentielle américaine pour, de son propre aveu, forcer les médias à écouter son message.
C’est d’ailleurs à Jack qu’on doit une bonne partie du changement des mentalités aux États-Unis, grâce à une offre de 100 000 dollars à quiconque pourrait prouver que le cannabis est mortel. Bien entendu, cet argent n’a jamais été réclamé, prouvant que la guerre faite à la plante était basée sur un mensonge.

Icône de la green culture

Aujourd’hui encore, le combat de Jack résonne. En 2018, le cannabis est enfin autorisé dans un cadre récréatif en  redevenant  légal au Canada, pays berceau d’une florissante industrie.
La variété éponyme qui lui a été dédiée, une hybride à majorité Sativa, élaborée par Sensi Seeds au début des années 90, est connue pour son high clair et pour ses effets sociabilisants.
La Jack Herer est si populaire qu’on la retrouve dans nombre de chansons de rap américain avec un hommage de Redman (qui était un ami de Jack Herer), de Joey Badass et même en France d’un ancien membre du groupe IAM,  Akhenaton.
Un bel hommage à cet homme du peuple à qui une compétition internationale (la Jack Herer Cup) a été dédiée.
L’événement se tient  tous les ans à Amsterdam, en Colombie, en Jamaïque, à Las Vegas ainsi qu’en en Thaïlande.
L’occasion de faire le tour du monde en 80 joints.

 

 

90 ans de prohibition en 11 affiches.

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Les concepteurs-rédacteurs n’auront jamais manqué de créativité pour trouver des accroches mémorables, y compris lors de campagnes contre le cannabis. Zeweed a retrouvé pour vous quelques perles de la propagande anti-ganja.

Belgique : le vice Premier ministre et ministre de l’économie pour une légalisation du cannabis

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Le vice-Premier ministre belge Pierre-Yves Dermagne, qui est aussi en charge du ministère de l’économie et du travail, souhaite légaliser le cannabis. Un avis qui divise aussi bien sur l’échiquier politique qu’entre Wallons et Flamands.

Dans un entretient accordé à nos confrères du journal L’Avenir, le vice-Premier Pierre-Yves Dermagne (PS) estime qu’il faut en finir avec la prohibition du cannabis et imagine une légalisation encadrée par l’Etat. “Il ne s’agit pas de promouvoir le cannabis, Mais il faut être réaliste: le cannabis est omniprésent et socialement accepté” argumente le numéro 2 du gouvernement.

Pour Pierre-Yves Demargne “une légalisation nous permettrait de mieux encadrer les consommateurs, d’interdire la vente aux mineurs, de reprendre une source importante de revenus au milieu criminel – y compris aux terroristes – et de permettre à la police de se concentrer sur des problèmes plus importants.

660 millions de recette pour l’Etat

Avec 660 millions d’euros de recettes, la proposition est séduisante alors que la Belgique est un des pays où l’on consomme le plus de cannabis en Europe.
Un des principaux arguments avancé par la droite conservatrice, qui s’oppose à une légalisation de la plante, repose sur les effets délétères du cannabis sur la santé. L’herbe qui fait rire ayant des impacts certains (au même titre que l’alcool et nombre de médicaments psychotropes vendis en pharmacie) sur le système cognitif, avec des troubles de l’attention et de la mémoire. Des effets majorés si la drogue est consommée par des jeunes dont le cerveau est encore en devenir. Est aussi pointé par les détracteurs d’une légalisation le risque que le cannabis soit une porte d’entrée à la consommation de drogues dures.

Cette nocivité pour la santé est aussi avancée par le parti de centre-droite MR “Cela vient à contretemps“, estimait sur Bel.RTL le président des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez. “On ne comprend pas cette banalisation que fait le PS, c’est un signe de laxisme. On n’est pas absolument opposé, mais il faut rester prudent. Ce n’est pas une priorité “

Wallons et Bruxellois VS Flamands

Pour Pierre-Yves Dermagne “il faut pouvoir organiser et contrôler la production, mais aussi la vente de cannabis. ”
Sauf le MR qui affiche aujourd’hui ses réticences, les autres partis francophones sont favorables à une fin de prohibition, même si les modalités de cette légalisation divisent. Au déla du gouvernement et du Parlement, le sujet divise le pays :  les Flamands se montrant plus réservés quand à une fin de l’interdit pesant sur la plante depuis plus de 50 ans.

Le débat sur la légalisation s’invitera formellement au Sénat et au parlement dans quelques mois, lors de la publication d’un rapport d’information basé notamment sur l’audition de nombreux experts.

Zurich, seconde ville pilote et plus grande distributrice de cannabis récréatif en Suisse

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Après Bâle, c’est au tour de Zurich de se lancer dans la vente contrôlée de cannabis récréatif en pharmacie et dans les Social Clubs. Un premier pas expérimental vers une légalisation dans l’ensemble de la Confédération Helvétique, que d’aucun verrait arriver à l’horizon 2027.

Depuis mardi, les participants au projet-pilote de la ville de Zurich peuvent acheter 5 types de cannabis (bio et de qualité suisse!)  dans dix pharmacies, six clubs sociaux ainsi que  dans le centre municipal d’information sur les drogues, indique la mairie dans un communiqué. Quatre autres produits viendront s’ajouter à cette offre dès l’automne.

1200 personnes âgées de 18 à 80 ans se sont inscrites pour participer au projet-pilote “Züri Can – Cannabis avec responsabilité“, dont 80% d’hommes. L’étude zurichoise doit durer trois ans. C’est la plus large du genre en Suisse en nombre de participants. Elle se penche sur les effets d’une vente régulée de cannabis sur la consommation et la santé.

Pour y prendre part, il faut être majeur, habiter à Zurich et avoir consommé du cannabis depuis au moins un an. La plupart des participants zurichois fument des joints deux à plusieurs fois par semaine. Tous les six mois, chacun doit remplir un formulaire en ligne sur l’évolution de sa consommation et de sa santé.

Les Socials Clubs, alternative aux pharmacies

La ville a reçu de nombreuses candidatures de Social Clubs pour participer au projet. Sur 34 demandes, elle en a retenu dix. Seuls les membres de ces clubs pourront venir y acheter et y consommer des produits cannabiques et ce, avec une carte de participant à l’étude. Un sésame indispensable pour acheter du cannabis en pharmacie ou au centre d’information sur les drogues.

Contrairement aux autres partenaires du projet-pilote, la plupart des Social Clubs accrédités louent un fumoir, un endroit réservé à la consommation de la plante si longtemps maudite. Ces Social Clubs auront pour vocation de devenir de véritables lieux de rencontre pour leurs membres, détaillait la directrice Barbara Burri aux médias réunis en conférence de presse.

Prix alignés sur ceux du marché noir

Le risque de revente du cannabis fournit par le projet-pilote se veut quasi-nul: les prix correspondent à ceux pratiqués par les dealers du marché noir. Soit entre  7 et 10 CHF par gramme, selon le degré de THC.

Le canton de Bâle-Ville s’était lancé en fevrier dernier dans une étude semblable, mais avec nettement moins de participants autorisés.