Vincent

Diplômé de l’ESJ, Vincent s’intéresse de près à nos cultures sous toutes leurs formes. Spécialisé dans les questions de droit internationale et les évolutions sociétales, il collabore régulièrement pour Zeweed sur ces sujets.

Le coronavirus frappe de plein fouet l’industrie américaine de la marijuana

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La plupart des composants pour les vaporisateurs et autres matériels d’extraction étant fabriqués en Chine, une nouvelle victime collatérale du coronavirus fait son apparition : l’industrie américaine gravitant autour de la weed.

Une dépendance critique aux matières premières chinoises

Alors que la pandémie de covid-19 ne cesse de s’étendre au monde depuis le mois dernier, on entend beaucoup dire que cette crise remet en cause le modèle mondialisé construit depuis des décennies. Pénuries de médicaments ou de matières premières pour l’industrie automobile, ces deux problèmes ont la même cause : la dépendance à la Chine.

Un autre secteur relégué au second plan est sévèrement touché, il s’agit de toute l’industrie qui fabrique des équipements pour consommer ou cultiver de l’herbe. 

En effet, 90 à 95% des composants utilisés pour fabriquer un vaporisateur viennent tout droit de Chine, plus précisément de Shenzhen. Le reste provient du marché intérieur américain, mais la pénurie est trop importante pour faire sans les matériaux chinois.

Même constat pour les matériels d’extraction et de culture qui doivent attendre l’arrivée des matières premières importées de Chine.

Car bien que l’activité reprenne dans certaines usines de l’Empire du Milieu, c’est encore timide. Beaucoup d’ouvriers chinois hésitent à reprendre le travail par crainte d’être contaminés et d’autres sont encore en quarantaine.

L’industrie américaine en crise ?

Le vrai sujet c’est que ce sont surtout les petites entreprises qui vont être impactées comme l’explique Arnaud Dumas de Rauly (fondateur et PDG de Blinc, fabricant d’équipements de culture à New York).

Selon lui, les sociétés les plus touchées par ce manque d’approvisionnement sont « celles qui possèdent une seule fabrique en Chine pour la production de matériel et celles qui ne sont associées qu’à une seule usine. »  Il déclare que « si elles ne licencient pas, elles ne pourront pas se retourner ». Et impossible de se réveiller maintenant pour chercher des fournisseurs aux États-Unis. 

Le chef d’entreprise affirme que « les fabricants américains de matériel informatique n’arrivent pas à évoluer et ont du mal à suivre le rythme de l’innovation et de l’automatisation chinois ». Une lacune qui se ressent particulièrement en cette période de crise.

Le pouvoir d’achat en cause

Un autre élément mis en lumière par cette affaire d’approvisionnement est l’absence de pouvoir d’achat de ces entreprises. C’est ce qu’explique Tobias Rich, vice-président de la chaîne d’approvisionnement de Natura Life + Science.  Il pointe un manque de capitalisation de ces sociétés ce qui les empêche d’acheter des « millions d’unités » afin d’éviter ces problèmes de stock.

« Tout le monde vit au jour le jour » se désole Rich, un marqueur, au mieux de l’insouciance, au pire de l’incompétence, de ces entreprises. Cependant, ça n’est pas encore la catastrophe absolue et ces compagnies peuvent toujours prendre des mesures pour éviter ce genre d’écueils à l’avenir.

Pour le consultant en cannabis Beau Whitney, les sociétés ont plusieurs choses à faire. Elles devraient «mettre en place des systèmes qui contrôlent les stocks et les avertissent de quand en commander, faire en sorte d’avoir plusieurs fournisseurs et enfin, faire des audits pour évaluer la viabilité financière de leurs partenaires». Des mesures qui, si elles ne peuvent éviter des complications, auront au moins le mérite de limiter la casse. D’ailleurs, Whitney insiste sur l’importance de connaître le délai d’approvisionnement des différents matériaux afin de mieux anticiper l’arrêt des usines.

Il est difficile pour le moment d’évaluer les dégâts réels que cette crise aura sur l’industrie du cannabis aux USA. Cependant, on ne prend pas trop de risques à annoncer un certain nombre de pertes d’emplois, voire de faillites. Car si l’épidémie se stabilise en Chine, c’est désormais les États-Unis qui doivent y faire face.

 

Baisse des ventes de Corona à cause … du coronavirus !

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Alors que la population mondiale s’inquiète de plus en plus de la propagation rapide du coronavirus (ou Covid-19), la marque de bière Corona voit ses ventes chuter aux États-Unis et en Chine à cause de l’amalgame avec le virus.

Quand la blague tourne à la catastrophe

Tout le monde a certainement fait le rapprochement entre le nom porté par la nouvelle maladie qui s’est déclaré en Chine et la marque Corona. D’ailleurs, pas besoin de le faire soi-même, les réseaux sociaux s’en sont chargés pour nous. Malheureusement, bien que l’un n’ait absolument aucun rapport avec l’autre, le lien qui est fait entre les deux impact directement les ventes …

Une annonce qui n’est pas issue de la presse parodique, mais bien d’un sondage YouGov, le célèbre cabinet international d’étude de marché. Pour une enquête, l’organisme a demandé à des Américains ce qu’ils pensaient de la marque de bière. Alors que 80% affirmaient en avoir une bonne image à l’été 2019, ils ne sont plus que 50% aujourd’hui ! Une perception qui se traduit également dans le volume de ventes puisque d’après le même sondage, 5% des interrogés en février comptaient acheter la fameuse marque alors qu’ils étaient plus de 9% l’été dernier !

Un pourcentage qui n’a pas été atteint depuis 2 ans et, bien que ce ne soit pas exactement la saison pour déguster une mousse bien fraîche, cela coïncide parfaitement avec le début de la médiatisation de l’épidémie. De son côté, Constellation Brands (le groupe qui produit entre autres la Corona) se veut rassurant. Interrogée par nos confrères de Business Insider, l’entreprise affirme que « les consommateurs comprennent qu’il n’y a pas de lien entre le virus et notre entreprise ».

Cependant, lorsqu’on se penche sur le détail, les actions de la société ont chuté de plus de 8%!
De plus, la Corona vient de connaître une forte croissance en Chine au cours de l’année 2019, mais depuis l’épidémie et les mesures de quarantaine, cette évolution s’est stoppée net. Le groupe évalue déjà à 2,5 milliards de dollars l’impact du Covid-19 sur son chiffre d’affaires.

Il est effarant de voir qu’une similitude entre le nom d’une marque et une épidémie a autant d’impact ! A  l’ère d’internet et du tout connecté, ces personnes auraient pu avoir le bon sens de vérifier s’il y a le moindre rapport entre les deux.

Reste à espérer  que l’Amérique de Trump ne prenne  soudainement pas conscience que la Corona est une bière mexicaine. On s’embarquerait dans un mariage complexe entre xénophobie et complotisme, le tout saupoudré par la peur de la maladie.

Colorado: interdite de publicité, la ganja fait sa promo sur les autoroutes qu’elle finance.

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66% des autoroutes du Colorado sont sponsorisées par des compagnies de cannabis. Alors que la publicité est interdite, l’industrie a trouvé une faille tout à fait légale, en indiquant non sans humour aux conducteurs qu’ils roulent grâce à l’argent de la weed.

Highway to weed !

« Sponsored by Northern Lights, Cannabis Co. ». « Sponsored by The Green Solution ».

Voici le type de message que les habitants du Colorado voient fleurir sur leurs routes sous couvert du programme Clean Colorado. Afin de faire des économies, l’État a recours à des prestataires privés qui s’occupent du nettoyage des axes et propose aux particuliers et aux entreprises de les financer eux-mêmes en échange de panneaux à leurs noms.

Il n’en fallait pas plus pour que l’industrie balbutiante de la ganja y voit une énorme opportunité.

Non seulement sponsoriser les autoroutes permet de contourner la législation, mais en plus, comme ces annonces ne ressemblent pas à des encarts classiques, ils sont davantage regardés par les automobilistes! Au total, ce sont 51 professionnels (dispensaires, producteurs …) qui sponsorisent près de 320 km d’autoroute, soit 66% du réseau ! Là où ces boîtes ont particulièrement bien joué leur coup, c’est que ces panneaux sont très souvent placés près de sorties qui mènent … à un de leurs commerces ! Une stratégie expliquée par Harsha Gangadharbatla, professeur de relations publiques et de conception médiatique à l’université de Colorado Boulder. Le message transmis « présente les magasins de marijuana sous un jour positif » explique-t-il. « L’argent gagné est utilisé pour quelque chose de bien, comme l’entretien des voies et des moyens de transport que tout le monde utilise. C’est assez incroyable ».

Une réglementation stricte qui commence à s’assouplir

Bien que la weed soit parfaitement légale dans cet État, sa pub est strictement encadrée par la loi. Pour ne pas atteindre des mineurs, elle est bannie des médias, ce qui inclut télévision, radio et presse écrite. Une dérogation est possible si l’entreprise peut prouver que le média qui accueille son annonce touche en majorité des personnes âgées de plus de 21 ans.
Les restrictions sont encore plus sévères en ligne. Les pop-ups publicitaires pour le chanvre étant interdits, Facebook et Instagram ferment instantanément le compte de l’entreprise qui déroge à la règle. En revanche, le programme de sponsoring n’est pas vu comme de la publicité au même titre que le reste. Comme l’explique Nico Pento, gérant de dispensaires « les règles régissant les panneaux routiers sont dans une section différente de celles qui régissent l’industrie du cannabis ». Néanmoins, les choses commencent à bouger. Le Colorado a passé une loi (en vigueur depuis janvier 2020) qui autorise la publicité pour la marijuana en extérieur à condition qu’elles se trouvent à plus de 150 m de lieux fréquentés par des enfants.

Canada : La weed autorisée dans les cafés et les festivals? L’Ontario y pense sérieusement

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La province canadienne de l’Ontario envisage d’accorder des licences de coffee shops, à l’instar des  Pays-Bas, ainsi qu’autoriser la consommation d’herbe lors d’événements outdoor comme festivals et concerts. Une consultation publique était lancée pour trancher sur le sujet.

Les Ontariens appelés à donner leur avis en ligne


Le Canada s’est fait champion de la verte cause. Second pays après l’Uruguay  à légaliser l’usage récréatif de ganja, l’initiative que l’on doit à Justin Trudeau est structurellement très loin du modèle néerlandais où la consommation est tolérée, mais illégale. Au Canada vous avez  le droit d’acheter votre ganja dans un dispensaire, mais pas de consommer sur place ou dans des lieux publics. Les coffee shops n’existent pas, seule votre maison peut abriter vos ébats avec la belle plante.

Aujourd’hui l’Ontario souhaite aller plus loin et réfléchit à libéraliser la consommation de weed en dehors du domicile. Dans cette optique, une consultation publique en ligne est ouverte depuis la semaine dernière afin de recueillir les avis sur une éventuelle ouverture de salons et cafés où l’on pourrait fumer de la ganja comme aux Pays-Bas. On parle également de l’octroi de permis concernant des événements spéciaux dédiés à l’herbe comme des conférences et même pour des festivals de musique outdoors.

Dans un communiqué de presse, les autorités de la province canadienne expliquent vouloir offrir aux consommateurs « plus de choix et de commodité sur le cannabis tout en donnant au secteur privé une capacité accrue à concurrencer et à combattre le marché criminel »« Nous demandons aux Ontariens de nous faire part de leurs commentaires alors que nous explorons certaines opportunités commerciales élargies liées au cannabis dans le cadre de notre approche responsable de la protection des familles et des communautés », déclare Doug Downey, procureur général de l’Ontario. « Ce que nous entendons de la part du public et des groupes d’experts nous aidera à éclairer les prochaines étapes éventuelles », estime-t-il. Le mot-clé qui devrait inspirer bon nombre de politiques en Occident est bien la notion «d’approche responsable ». En effet, cette consultation prendra en compte l’avis de tous les concernés, allant des entreprises privées aux professionnels de santé. D’ailleurs, des réunions sont d’ores et déjà prévues entre le gouvernement local et les acteurs majeurs du secteur.

Il est important de préciser que l’autorisation de la consommation d’herbe en festival ou en concert à ciel ouvert serait une première ! En effet, des pays tolérants comme la Belgique (où l’on peut posséder jusqu’à 3 grammes) appliquent une tolérance 0 dans ce genre de manifestations. Les routes menant aux plus gros événements comme Dour ou Tomorrowland sont presque toujours barrées par la police qui applique des contrôles drastiques et on ne parle même pas des descentes de flics dans les campings avec des chiens renifleurs.

Même constat aux Pays-Bas qui affiche sa politique de tolérance 0 à l’entrée de tous ses événements. On salue également la démarche de cette province canadienne pour qui la notion de démocratie n’est pas qu’un mot un peu vague.

Amsterdam : les coffee shops bientôt interdits aux touristes ?

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Si l’idée d’un Amsterdam avec des Coffee-Shop fermés aux touristes n’est pas nouvelle, cette année pourrait bien voir se concrétiser la triste initiative. Chef de file des rabat-joie de la Ganja; Femke Halsema, bourgmestre gauche écolo aux valeurs contrastées, puisque la xénophobe restriction ne s’appliquerait pas au tourisme du sexe.

Maire écolo vs tourisme cannabique

Amsterdam peut-elle perdre son statut de capitale mondiale de la weed ? Impossible pour les stoners et pourtant, les réflexions de la maire affiliée à la gauche écologiste vont dans le sens d’une interdiction des coffee shops pour les étrangers.

Amsterdam n’est pas une mégalopole. On y dénombre 1,1 million d’habitants qui doivent faire face chaque année à plus de 17 millions de touristes venus du monde entier principalement pour deux choses : l’herbe et le quartier rouge. Partant de ce constat, on ne peut que comprendre les préoccupations de la mairie. Femke Halsema, bourgmestre de la capitale néerlandaise, a commandé une étude visant à désengorger les quartiers de Wallen et Singel qui sont les plus frappés par le tourisme. Les solutions sont simples, mais radicales. Les gens viennent pour les coffee shops et si la ville souhaite se débarrasser de ce surplus de fumeurs, il va falloir réduire le nombre de points de vente, voir en interdire l’accès.

En effet, l’étude menée par le Bureau de la recherche, de l’information et des statistiques montre que 34% des touristes viendraient beaucoup moins souvent s’ils étaient bannis des coffee shops. 11% affirment même qu’ils ne viendraient plus du tout à Amsterdam. Pour faire simple, on parle de plus de cinq millions de touristes en moins par an !

Une telle interdiction serait tout de même risquée. En effet, ça serait le meilleur signal à adresser aux dealers qui combleraient le manque des voyageurs. Cela renforcerait également les gangs et pourrait impacter la qualité de la weed. Bref, poser les mêmes problèmes que dans les pays prohibitionnistes. D’ailleurs, l’étude montre que 40% des sondés comptent passer par des moyens détournés. Parmi eux, 22% demanderaient à un local de leur acheter de l’herbe et les autres pensent « chercher un autre moyen » de s’en procurer.

Il est d’ailleurs amusant de voir ce débat arriver dans la capitale néerlandaise.

Quelques années auparavant, le gouvernement avait donné son feu vert aux collectivités locales pour décider de leur propre législation. L’idée était d’empêcher les étrangers de venir dans les petites villes pour s’enfumer le temps d’un week-end grâce à un système de carte de résident demandée à l’entrée des cafés. Amsterdam, tout comme Rotterdam, avait refusé tout net cette idée en avançant des arguments protourismes et surtout économiques.

On peut toutefois se demander si cette concentration de touristes qui fait actuellement débat dans la capitale ne serait pas une conséquence directe de la fermeture des petites villes aux stoners.
En effet, de nombreux Belges vivant proches de la frontière sont désormais obligés de rallier une grande ville au lieu de s’arrêter aux premiers coffee trouvés aux Pays-Bas.

Au-delà de cette question du tourisme, la maire souhaite également revoir la politique de tolérance en vigueur aux Pays-Bas (on rappelle que le cannabis n’est absolument pas légal, mais toléré).
La loi autorise les magasins agréés à vendre du cannabis, mais la culture est toujours interdite. Un décalage absurde qui pousse les commerçants à traiter directement avec des gangs pour se fournir, un problème auquel la bourgmestre souhaite remédier.

Enfin, le cannabis n’est pas le seul responsable de la densité de touristes, le quartier rouge est également dans le collimateur de la mairie.

En revanche, pas question d’en interdire l’accès et de pénaliser les travailleuses du sexe. Les autorités songent à limiter la taille des groupes de visiteurs à 15 personnes maximum et à leur interdire de s’arrêter dans des endroits très fréquentés comme les ponts. Ce seront les guides qui devront veiller au grain, au risque de se voir infliger 190 euros d’amende.

Bien qu’actuellement ces pistes soient au stade embryonnaire, elles n’en demeurent pas moins sérieusement envisagées par Femke Halsema qui cherche maintenant des soutiens politiques pour mener son projet à bien. Si jamais l’idée de bannir les touristes des coffee shops est retenue, on peut s’attendre à une longue lutte entre commerçants inquiets, riverains excédés et des autorités inflexibles.

Singapour : Netflix supprime ses contenus sur la weed.

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Netflix vient de dévoiler la liste des programmes censurés dans certains pays suite aux exigences des gouvernements locaux. Sur le peu d’œuvres effacées, la majorité est liée à la consommation de cannabis.

Singapour, le plus grand censeur de Netflix devant l’Arabie Saoudite

La liberté d’expression est une valeur fondamentale en Occident. Encore plus sous couvert de création artistique. C’est grâce à cela que des films comme How High ou Faut Trouver le Joint ont pu être produits et diffusés sans rencontrer d’obstacles majeurs.

Cependant, cette approche est loin d’être partagée par tous, et c’est Netflix qui en fait les frais. En effet, le célèbre site de streaming vient de publier un rapport dans lequel il dévoile les contenus qui ont dû être retirés de la plateforme sous l’injonction de certains pays.

La première surprise est que seuls neuf programmes ont été supprimés depuis 2015. Là où le rapport est intéressant, c’est que parmi les demandes, cinq ont été émises par les autorités de Singapour et trois concernaient précisément des émissions dédiées à l’herbe !

Cooking on High, The Legend of 420 et Disjointed représentent le tiers des contenus que Netflix a effacés de toute son histoire. La raison invoquée est la mise en scène de consommation de ganja. Ces trois émissions, supprimées depuis 2018, ont été rejointes cette année par la comédie brésilienne The Last Hangover qui montre également des protagonistes consommés de la drogue.

On ne parle donc pas de films hyperviolents ou montrant une pornographie débridée, mais simplement d’émissions où des gens fument dans un pays où c’est parfaitement légal. Cependant, au vu des lois de Singapour, nous ne sommes qu’à moitié surpris par cette révélation. En effet, la cité-État est réputée pour avoir une des législations les plus sévères du monde en ce qui concerne les drogues.

La simple possession de quelques grammes d’herbe peut vous envoyer dix ans derrière les barreaux. Pour ce qui est du deal, les options se limitent à la peine de mort ou la prison à vie.

Il est choquant de voir Singapour continuer de s’enfermer dans sa logique ultra-répressive alors que ses voisins (et même le monde entier) évoluent sur le sujet.  La Malaisie a montré des signes encourageants pour une décriminalisation de la possession de petites quantités et de son côté, la Thaïlande a carrément légalisé le cannabis médical et prépare un arsenal législatif pour encourager cette industrie naissante.

Malgré cela, Singapour se montre inflexible. « Des exemples d’autres pays ont clairement montré qu’une attitude permissive envers l’utilisation du cannabis a un coût élevé pour la société » se défend le Bureau Central National des Stupéfiants. Des cas qui légitiment selon eux les mesures « strictes contre le trafic, la possession, la consommation et l’importation ou l’exportation de drogues illicites, y compris le cannabis et ses produits dérivés ».

Le bureau prétend d’ailleurs que c’est grâce à ces lois que « le nombre de toxicomanes arrêtés chaque année a diminuées de deux tiers, passant de plus de 6 000 au début des années 1990 à environ 2 000» en 2010. On peut cependant retourner l’argument et affirmer que si l’on met le premier fumeur de weed en prison pour 10 ans, on réduit effectivement le nombre d’arrestations vu que les consommateurs sont déjà derrière les barreaux.

En ce qui concerne les prétendus « dommages à la société » avancés par le gouvernement, on notera que les études sérieuses américaines sur la légalisation du cannabis médical ne montrent pas d’augmentation de la consommation.

Maintenant que le monde entier sait que Singapour censure plus Netflix que l’Arabie Saoudite, peut-être les autorités se rendront compte qu’il y a des solutions plus efficaces que d’effacer une plante et de condamner à perpétuité le premier dealer venu.

Vincent

USA : Les données personnelles de plus de 30 000 consommateurs de weed laissées sans protection

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Une faille informatique de THSuite, société liée aux dispensaires de cannabis, a laissé les données personnelles de plusieurs dizaines de milliers d’Américains sans protection pendant trois semaines.

Une base de données « ni sécurisée ni cryptée »

L’affaire a été découverte par les experts en cybersécurité du site vpnMentor. Dans un rapport publié le 24 janvier dernier, ils expliquent avoir découvert une base de données laissée sans protection appartenant à THSuite (société qui conçoit des plateformes de vente pour les dispensaires de cannabis).

Le rapport de vpnMentor explique que cette brèche pouvait permettre à n’importe qui d’avoir accès à toutes les datas stockées. «Nous avons pu accéder à cette base de données, car elle n’était ni sécurisée ni cryptée. Grâce à un navigateur, l’équipe a pu accéder à tous les fichiers hébergés», expliquent-ils.

On parle ici d’informations personnelles concernant plus de 30 000 acheteurs de cannabis : scans de carte d’identité,  type de cannabis acheté, des adresses et numéros d’identification médicale. Une faille informatique découverte le 24 décembre dernier par vpnMentor et qui a contacté THSuite deux jours après pour voir cette brèche colmatée le 14 janvier.

À préciser également que THSuite s’est montré très silencieux sur l’affaire. Ils ont réglé le problème de sécurité, mais n’ont pas souhaité répondre à vpnMentor sur le fond du dossier.

L’entreprise a simplement affirmé suivre « les normes industrielles généralement acceptées » pour protéger les informations personnelles des utilisateurs tout en reconnaissant quel « ne peut pas garantir la sécurité absolue ».

De leur côté, les dispensaires qui travaillent avec le site ont préféré jouer la transparence avec leurs clients. L’un d’entre eux, Bloom Medicinals, a affirmé être « conscient de la violation des données » en confirmant qu’elle aurait pu «avoir un impact sur certaines données des patients».

« Nous menons actuellement une enquête approfondie et travaillons en étroite collaboration avec THSuite pour identifier avec précision quels patients de Bloom Medicinals ont été touchés. Une fois que nous aurons identifié les patients affectés, nous informerons chaque personne» a déclaré le dispensaire. VpnMentor rappelle aussi que laisser des données médicales exposées est un crime fédéral aux yeux de la HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act).

La cybersécurité après le profit ?

Bien que pour le moment, il n’y ait aucune preuve que ces données ont été piratées par des personnes mal intentionnées, cette affaire démontre comment la vie privée des consommateurs est reléguée au second plan. «Cela soulève de graves problèmes de protection de la vie privée» expliquent les spécialistes de vpnMentor avant d’ajouter que «les patients ont le droit de garder leurs informations médicales privées».

Matthew Dunn, directeur général associé de la division « Cyber Risk Practice » du cabinet de conseil américain Kroll s’est penchée sur cette affaire pour nos confrères du Cannabis Dispensary. Pour lui «l’industrie du cannabis est encore relativement nouvelle, avec des startups qui se lancent sans cesse et les stratégies de cybersécurité ne sont pas toujours une priorité pour les nouvelles entreprises qui viennent de démarrer».

Il explique que c’est cette jeunesse de l’industrie est en fait une cible. En effet, sans protection des données, les dispensaires et autres professionnels du cannabis s’exposent aux risques de cryptage de leurs données contre rançon. Afin d’aider ces entreprises à prendre conscience du problème, Dunn donne plusieurs pistes. Dans un premier temps, il suggère «d’éduquer le personnel et de leur fournir une formation de sensibilisation à la sécurité pour leur faire savoir qu’ils sont ciblés chaque jour, afin qu’ils soient un peu plus méfiants». Enfin, il recommande des «mots de passe robustes, la mise en place de systèmes de vérification multipoints et le cryptage des données sensibles». Des mesures qui ne relèvent visiblement pas du bon sens pour THSuite.

Vincent

Mexique : Des militants pro-cannabis plantent 16 pieds de weed au milieu de la capitale.

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Le Mexique fête cette année les 100 ans de la prohibition. Une date importante aux yeux des militants procannabis qui ont décidé d’investir un monument célèbre de la capitale afin de se faire entendre par les politiques.

Entre hésitation législative et abus policiers, les militants sont à bout

Il existe un dicton mexicain qui dit « Aucun hay mal que dure cien años » ce qui signifie « rien de mauvais ne dure pendant cent ans ». Voilà le mot d’ordre des stoners mexicains qui considèrent que la prohibition du cannabis, instaurée le 15 mars 1920, a assez duré.

Afin de se faire entendre par les élus, des militants ont décidé de marquer les esprits. Le 23 janvier dernier, ils ont attendu le 4h20 (PM) pour se réunir devant l’Ángel de Independencia, l’un des monuments les plus visibles et connus de Mexico. Le symbole est d’autant plus fort, car ce monument a été construit pour célébrer les 100 ans de l’indépendance du Mexique.

Non seulement les fumeurs engagés s’y sont réunis, mais ont surtout planté pas moins de seize pieds de cannabis à la base de la statue ! Parmi les chefs de file, on retrouve une militante bien connue dans le pays, Jade Luna Villavicencio qui se dit persuadée que la fin de la prohibition approche. « J’ai l’espoir – comme beaucoup d’entre nous – qu’en raison de toute la force qu’on met dans ce combat, nous finirons par parvenir à un accord », a déclaré l’activiste.

Si elle se montre aussi confiante, c’est parce que bien qu’encore illégal, la Cour suprême du Mexique avait, en 2018, jugé inconstitutionnelle l’interdiction de la consommation et de la culture du cannabis. Cette décision s’apparentait à une légalisation de fait, bien que le gouvernement n’ait pas eu le temps de légiférer sur la question.

Depuis, une proposition de loi a été déposée le 1er octobre dernier afin d’organiser la nouvelle législation ainsi que le cadre de distribution. 

Une proposition qui fait débat, car dans le dernier texte publié par le Sénat la semaine dernière, les citoyens seraient obligés d’avoir une licence pour cultiver un maximum de six plants. De plus, au- delà de 28 grammes les fumeurs s’exposeront à des poursuites pénales. Les militants considèrent d’ailleurs que le projet de loi privilégierait les entreprises étrangères au lieu d’aider au développement de l’économie souterraine du cannabis mexicain. Enfin, ce texte ne mentionne pas les droits constitutionnels reconnus par la Cour Suprême en 2018.

Les militants reçus par la maire

Pari réussi pour les stoners car certains d’entre eux ont été reçus quelques dizaines de minutes après leur action par Claudia Sheinbaum, maire de Mexico et membre du Parti de la Révolution démocratique (centre gauche).

Parmi les sujets abordés, les techniques des policiers locaux qui ne se privent pas d’extorquer tout citoyen en possession de cannabis, peu importe la quantité. D’après les victimes, la police serait habituée à faire semblant de trouver plus d’herbe que les cinq grammes autorisés afin de forcer la personne contrôlée à payer un pot-de-vin en plus de lui saisir tout ce qu’elle possède en lien avec le cannabis . Pier Giuseppe Coppe Hernández, militant présent lors de la réunion avec la maire explique à nos confrères de High Times avoir été « extorqué plus que jamais au cours des six derniers mois ». Il accuse la police de lui avoir pris « mon argent, mon portefeuille, ma marijuana, mes pipes. Cette situation ne peut pas durer ».

De son côté, Sheinbaum a affirmé avoir déjà demandé à ses services de police d’arrêter de prioriser les contrôles des fumeurs. Pour ce qui est des abus, elle est restée plus évasive. Pepe Rivera, fondateur de l’Institut mexicain du cannabis et également présent à la réunion explique : « c’était troublant. Quand nous lui avons dit ce qui se passait avec les consommateurs de cannabis et la police, elle nous a dit que cela ne se passait tout simplement pas ».

À la fin de la réunion, les militants ont tenu à offrir à la maire un gros plant de cannabis afin de l’inciter à mettre un terme aux extorsions policières envers les fumeurs mexicains. En tout cas ils ne comptent pas s’arrêter là. D’autres actions sont d’ailleurs prévues, notamment devant le Sénat.

Vincent

Madrid accueillera la conférence Cannabis Europa 2020

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Après une édition 2019 à Paris, la Cannabis Europa se tiendra cette année à Madrid le lundi 10 février. La conférence, qui fait référence en matière de cannabis thérapeutique, accueillera politiques, professionnels de la santé, capitaines d’industrie, chercheurs et producteurs de weed à visée médicale. Demandez le programme.

Une journée de conférence pour soutenir le cannabis médical en Europe

Loin d’être un rendez-vous hippie, la Cannabis Europa est l’occasion pour plus de 250 professionnels de se retrouver autour d’une même thématique : le cannabis thérapeutique. Seront présents à la fois hommes politiques, patrons d’entreprise, associations, membres de la société civile, médecins et autres personnels soignants.

Bien que la journée soit courte (ouverture à 10h15 pour terminer vers 19h15) les participants ne vont pas chômer. Au programme, une succession de conférences et de débats entre spécialistes. Elles aborderont, entre autres, les politiques espagnoles et européennes sur le cannabis, la place de l’Espagne dans l’industrie européenne du cannabis ou encore les applications dans la recherche contre le VIH.

L’événement se veut éclectique, au croisement entre la politique, la recherche, la santé et les questions de société.

https://cannabis-europa.com/pl-categs/madrid-2020-speakers/ (sur panels d’experts juste en dessous)

L’organisation a prévu des panels d’experts réputés pour être des professionnels comme Luis de Palacio, président de la Fédération espagnole des sociétés pharmaceutiques, Carola Perez qui dirige l’Observatoire espagnol du Cannabis Médicinal ou encore le député européen Piernicola Pedicini, corapporteur de la résolution sur « l’usage du cannabis à des fins médicinales » votée en février 2019 au Parlement européen. Il y aura également le témoignage de Hannah Deacon, mère du premier enfant épileptique britannique qui a obtenu le droit d’utiliser de l’huile de cannabis pour soigner sa maladie dans son pays.

L’Espagne, meilleur espoir européen pour le développement du cannabis ?

Le choix de l’Espagne pour la tenue de la conférence n’a rien de surprenant. Alors qu’à l’échelle européenne les mentalités évoluent et les initiatives se multiplient, l’Espagne apparaît comme précurseure dans ce domaine.

On rappelle que c’est dans ce pays que se trouvent plus de 400 Cannabis Social Clubs (ces lieux réglementés où il est possible de cultiver, vendre et consommer du cannabis entre membres du club). L’Espagne est un pays extrêmement progressiste sur la question du cannabis, notamment médical. Les sondages font état de 84% d’opinion favorable à sa légalisation !

Il faut aussi mettre en avant l’industrie commerciale du pays extrêmement dynamique ainsi que la performance de son marché biomédical. L’association de ces différents atouts pourrait permettre au pays de s’élever comme celui qui donne le la en matière de recherche, d’exportation et de santé autour du cannabis médical.

Vous l’aurez bien compris, cette conférence s’adresse avant tout aux professionnels. C’est d’ailleurs très clair avec un prix d’entrée à 649 euros (pour les plus motivés, il y a encore des tickets).

On restera cependant attentif à ce qui peut ressortir de cette conférence. À rappeler que l’an dernier, le gouvernement français a décidé d’organiser une phase expérimentale du cannabis thérapeutique quelques mois après l’édition 2019 à Paris.

Vincent

Recherche : Le THCP, cet alcaloïde 30 fois plus puissant que le THC

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Des chercheurs italiens viennent d’annoncer avoir identifié deux nouveaux cannabinoïdes, le THCP et le CBDP, deux alcaloïdes surpuissants.

C’est avec son équipe que Cinzia Citti, de l’université de Salento (Italie) a dévoilé dans les colonnes du site de la très sérieuse revue Nature sa stupéfiante découverte. Il s’agit de deux molécules ; le THCP (tetrahydrocannabiphorol) et le CBDP (cannabidiphorol), deux alcaloïdes découverts à la suite d’expériences effectuées sur des plants de weed …cultivés par l’armée italienne.

Ces deux nouveaux cannabinoïdes viennent s’ajouter à une liste déjà longue. Pour autant, les scientifiques estiment que la découverte constituera une nette avancée dans la recherche médicale liée au cannabis.

Lorsque l’on consomme de la weed, les cannabinoïdes libérés sont captés par les récepteurs CB1 et CB2, responsable respectivement des effets euphorisants et anti-inflammatoires. Le THC ayant une plus grande affinité avec le CB1 alors que le CBD est plutôt affilié au CB2. Comme il s’agit des deux cannabinoïdes que l’on retrouve en plus grande quantité dans la ganja, les scientifiques ont focalisé leurs expériences dessus avec une préférence pour le THC en raison de ses effets psychotropes.

« Un certain nombre d’essais cliniques et un nombre croissant de publications fournissent des preuves tangibles du potentiel pharmacologique du cannabis et des cannabinoïdes sur un large éventail de troubles allant du sommeil à l’anxiété, à la sclérose en plaques, à l’autisme et à la douleur neuropathique» expliquent les chercheurs à l’origine de la découverte.

Alors que jusqu’à présent, ces essais se faisaient sur le THC, les scientifiques affirment que le « THCP est doté d’une affinité de liaison encore plus élevée pour le récepteur CB1 (…) que le THC lui- même. »

On parle ici d’une affinité trente fois supérieure à celle du simple THC ! En axant la recherche sur le THCP, les chercheurs pensent pouvoir accélérer les découvertes sur les effets thérapeutiques du cannabis.

Nous vous le disions : que ce soit en thérapeutique ou en récréatif, 2020 sera un très bon cru

Vincent