Le coronavirus frappe de plein fouet l’industrie américaine de la marijuana

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La plupart des composants pour les vaporisateurs et autres matériels d’extraction étant fabriqués en Chine, une nouvelle victime collatérale du coronavirus fait son apparition : l’industrie américaine gravitant autour de la weed.

Une dépendance critique aux matières premières chinoises

Alors que la pandémie de covid-19 ne cesse de s’étendre au monde depuis le mois dernier, on entend beaucoup dire que cette crise remet en cause le modèle mondialisé construit depuis des décennies. Pénuries de médicaments ou de matières premières pour l’industrie automobile, ces deux problèmes ont la même cause : la dépendance à la Chine.

Un autre secteur relégué au second plan est sévèrement touché, il s’agit de toute l’industrie qui fabrique des équipements pour consommer ou cultiver de l’herbe. 

En effet, 90 à 95% des composants utilisés pour fabriquer un vaporisateur viennent tout droit de Chine, plus précisément de Shenzhen. Le reste provient du marché intérieur américain, mais la pénurie est trop importante pour faire sans les matériaux chinois.

Même constat pour les matériels d’extraction et de culture qui doivent attendre l’arrivée des matières premières importées de Chine.

Car bien que l’activité reprenne dans certaines usines de l’Empire du Milieu, c’est encore timide. Beaucoup d’ouvriers chinois hésitent à reprendre le travail par crainte d’être contaminés et d’autres sont encore en quarantaine.

L’industrie américaine en crise ?

Le vrai sujet c’est que ce sont surtout les petites entreprises qui vont être impactées comme l’explique Arnaud Dumas de Rauly (fondateur et PDG de Blinc, fabricant d’équipements de culture à New York).

Selon lui, les sociétés les plus touchées par ce manque d’approvisionnement sont « celles qui possèdent une seule fabrique en Chine pour la production de matériel et celles qui ne sont associées qu’à une seule usine. »  Il déclare que « si elles ne licencient pas, elles ne pourront pas se retourner ». Et impossible de se réveiller maintenant pour chercher des fournisseurs aux États-Unis. 

Le chef d’entreprise affirme que « les fabricants américains de matériel informatique n’arrivent pas à évoluer et ont du mal à suivre le rythme de l’innovation et de l’automatisation chinois ». Une lacune qui se ressent particulièrement en cette période de crise.

Le pouvoir d’achat en cause

Un autre élément mis en lumière par cette affaire d’approvisionnement est l’absence de pouvoir d’achat de ces entreprises. C’est ce qu’explique Tobias Rich, vice-président de la chaîne d’approvisionnement de Natura Life + Science.  Il pointe un manque de capitalisation de ces sociétés ce qui les empêche d’acheter des « millions d’unités » afin d’éviter ces problèmes de stock.

« Tout le monde vit au jour le jour » se désole Rich, un marqueur, au mieux de l’insouciance, au pire de l’incompétence, de ces entreprises. Cependant, ça n’est pas encore la catastrophe absolue et ces compagnies peuvent toujours prendre des mesures pour éviter ce genre d’écueils à l’avenir.

Pour le consultant en cannabis Beau Whitney, les sociétés ont plusieurs choses à faire. Elles devraient «mettre en place des systèmes qui contrôlent les stocks et les avertissent de quand en commander, faire en sorte d’avoir plusieurs fournisseurs et enfin, faire des audits pour évaluer la viabilité financière de leurs partenaires». Des mesures qui, si elles ne peuvent éviter des complications, auront au moins le mérite de limiter la casse. D’ailleurs, Whitney insiste sur l’importance de connaître le délai d’approvisionnement des différents matériaux afin de mieux anticiper l’arrêt des usines.

Il est difficile pour le moment d’évaluer les dégâts réels que cette crise aura sur l’industrie du cannabis aux USA. Cependant, on ne prend pas trop de risques à annoncer un certain nombre de pertes d’emplois, voire de faillites. Car si l’épidémie se stabilise en Chine, c’est désormais les États-Unis qui doivent y faire face.

 

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Diplômé de l’ESJ, Vincent s’intéresse de près à nos cultures sous toutes leurs formes. Spécialisé dans les questions de droit internationale et les évolutions sociétales, il collabore régulièrement pour Zeweed sur ces sujets.

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