Réchauffement climatique : la weed devra s’adapter

///

Paradoxe. A l’heure où produire du cannabis devient de plus en plus difficile dans l’ouest des Etats-Unis, son usage va sensiblement se développer.

En plus d’avoir désigné le prochain locataire de la Maison blanche, le scrutin américain du 3 novembre aura aussi été l’occasion pour quatre Etats de libéraliser l’usage de la marijuana. Sans grande surprise, une majorité d’électeurs ont voté en faveur d’une dérégulation de l’usage du cannabis en Arizona (récréatif), dans le Mississipi (médical), dans le Montana (récréatif), le New Jersey (récréatif) et le Dakota du sud (médical et récréatif).
Voilà donc plus de 20 millions d’Américains supplémentaires qui vont pouvoir déguster. Pour ce faire, les producteurs américains devront toutefois s’adapter aux effets du changement climatique.

Toujours plus de feux
L’un des plus évidents est l’allongement, en Californie notamment, de la saison des incendies. Avec l’irrépressible montée du mercure, le changement de régime des précipitations et la diminution des budgets à la gestion des forêts, la saison annuelle des incendies s’étend désormais sur 230 jours, en Californie, contre 140 jours dans les années 1970.
Pour les producteurs de weed du Golden State, cette année s’annonce contre un terrible millésime. D’ores et déjà, plus de 2 millions d’hectares sont partis en fumée. Et de très nombreux planteurs ont vu s’embraser leurs plantations. D’autres ont été touchés par les fumées et les retombées de cendres, nuisibles pour la floraison. Des conséquences d’autant plus terribles que la majorité de ces entrepreneurs ne sont pas assurés. Les compagnies d’assurance rechignent à contractualiser avec une industrie qui est toujours considéré comme illégale au niveau fédéral, rappelle le San Francisco Chronicle.

Des solutions existent
A l’évidence, ces paysans de l’herbe doivent anticiper un nouveau paradigme climatique. Fort heureusement, les solutions ne manquent pas. Chez Wo/Men’s Alliance for Medical Marijuana (WAMM), pionniers de la culture du cannabis à usage médical, on minore les risques en cultivant une partie des plants dans des mottes hors sol contenues dans de vastes big bags. Lorsque l’incendie menace, chaque plant peut être mis en sécurité.
Pour les champs en pleine terre, certains experts recommandent une protection par brumisation. Des sprinklers installés tout autour des propriétés peuvent briser la dynamique d’un incendie et réduire la température ambiante, qui peut être dévastatrice pour les plantes. A condition, bien sûr, de disposer de réserves d’eau suffisantes. Ce qui n’est pas toujours le cas en Californie.
On peut aussi diversifier les productions. Les fleurs ayant été délicatement cendrées peuvent être nettoyées à coup de souffleuses. Pour les cas (presque) perdus, on peut aussi les distiller. L’huile ainsi obtenue est débarrassée de toute odeur de fumée. C’est déjà ça.

Place à l’indoor
Pour les années qui viennent, mieux vaut prévenir. Par exemple, en privilégiant la culture sous serre dans des zones éloignées des forêts. Bon nombre de vignobles de la Napa Valley détruits par les flammes pourraient ainsi laisser la place. Dotées de l’air conditionné et de système de protection solaire informatisés, ces installations pourront être aussi équipées de filtres à charbon actif, capables d’abattre de fortes concentrations de suies et de cendres.
Les plus audacieux tenteront l’émigration vers le Colorado : un Etat où les plantations de weed ne se comptent plus. Le Centennial State a aussi vu le climat s’échauffer de 2°C en un siècle (un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale), où les vagues de sécheresse sont toujours plus longues et sévères. Et où 20% des cultures sont déjà irriguées. ça ne va décidément pas être facile.

Ne ratez rien de l’actualité du chanvre et du CBD, inscrivez-vous à la Zeweed Newsletter!

Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

Previous Story

Saké et cannabis au pays du Soleil Levant

Next Story

Hugo se fait un film: Soleil Vert

Latest from Écologie