USA

De San Francisco à la Factory de Warhol : petit bréviaire de l’art psychédélique

/

Critiques acidulés société de consommation mais sans jamais se prendre aux sérieux, les artistes du mouvement psychédélique ont, dès 1965  profondément influencé le Pop Art américain. ZEWEED revient sur délirantes et furieuses créations des « Big 5 », un groupe de dessinateurs hallucinés qui établira la charte graphique du mouvement hippie de Haight-Ashbury.

Pour certains, les années hippies évoquent les pattes d’éph’, les chemises à fleurs ou Woodstock. Pour d’autres, elles incarnent une des contestations sociales et politiques majeures du XXe siècle, la libération sexuelle en prime. Mais peu se souviennent que le San Francisco des années soixante, berceau de la culture hippie, a également été le terrain d’expériences graphiques d’une originalité inégalée et un des jalons les plus notables de l’art Pop Américain.

Wes Wilson

Le LSD n’y est pas pour rien. Car sans cette substance synthétique hallucinogène, le mouvement psychédélique (du grec psyché âme et dêlos visible) n’aurait sans doute pas vu le jour. Pas plus que ces groupes de rock qui essaiment à l’époque sur la côte ouest des Etats-Unis, véritables porte-parole et principal moyen de revendication de la communauté hippie.

Frisco, freaks & LSD

À San Francisco, ils se produisent dans deux salles incontournables : le Fillmore et l’Avalon Ballroom. De grands-messes psychédéliques y sont célébrées plusieurs fois par semaine, associant musique rock déjantée, consommation effrénée de substances, et lights shows décuplant les effets de celui-ci.

Victor Moscosso

C’est dans cette atmosphère délirante que se développe l’art psychédélique. Bill Graham et Chet Helms, les deux grands promoteurs de spectacles du moment, financent plusieurs centaines d’affiches pour annoncer les concerts de The Charlatans, Greateful Dead, Jefferson Airplane, Jimi Hendrix, The Doors, The Velvet Underground et autres Pink Floyd.

Du Velvet Underground  à Pink Floyd

Placardées dans les rues de San Francisco, elles apparaissent comme autant de manifestes de la contre-culture, leurs arabesques moelleuses et ondoyantes, leurs couleurs aussi intenses qu’exubérantes, et leurs lettrages aux formes liquides quasi illisibles fonctionnant comme une propagande cryptée contre le conformisme de la société américaine des 60’s.

Alton Kelley

Parmi la dizaine d’artistes majeurs qui les conçoivent et les dessinent, cinq d’entre eux sont entrés dans la légende sous l’appellation des « Big 5 ».

Art Nouveau & Optical Art

Il y a Wes Wilson (1937-2020), diplômé en horticulture, dont le premier poster intitulé Are We next figure un drapeau américain orné d’une svastika : condamnation sans appel de l’engagement croissant des Etats unis dans la guerre du Vietnam ; Victor Moscovo (né en 1936), le seul à avoir bénéficié d’une formation artistique, qui déclara que la création d’affiches psyché l’avait contraint d’oublier tout ce qu’il avait appris à l’école d’art sur le graphisme conventionnel – il est en outre le premier des « Big 5 » à voir ses œuvres exposées au Museum of Modern Art de New-York.

Victor Moscosso

Autre figure majeure: Rick Griffin (1944-1991), californien passionné de surf, auteur de bandes dessinées underground et de pochettes de disques mémorables, ainsi que le duo composé d’Alton Kelley (1940-2008) et de Stanley Mouse (né en 1940), l’un concepteur génial, l’autre dessinateur virtuose, dont le travail en commun fut comparé à l’œuvre du génial affichiste français Henri de Toulouse-Lautrec.

The Big 5

L’expérience psychédélique née de la prise de LSD et les jeux de lumières des lights show sont leurs principales sources d’inspiration. Mais ils puisent également dans les théories de la couleur et l’art optique de Josef Albers, peintre et enseignant au Bauhaus, ainsi que dans l’Art Nouveau ou les affichistes du mouvement sécessionniste viennois (Gustav Klimt, Alfred Roller et Koloman Moser).

The « big Five » San Francisco poster artists Lto R Alton Kelly, Victor moscosso, Rick Griffin, Wes Wilson, Stanley Mouse

Parfois, ils vont jusqu’à s’approprier certains motifs des affiches du Tchèque Alfons Mucha ou du Français Jules Chéret. Et certains historiens de l’art décèlent dans leurs dessins l’influence du mouvement surréaliste européen qui, dans les années 60, fait l’objet aux Etats-Unis de nombreuses publications et expositions remarquées.

Quoi qu’il en soit, la créativité débordante de ce génial quintet a apporté aux arts graphiques quelque chose de neuf, de jamais vu, une nouvelle vision du monde. Au point qu’après eux, l’art américain ne sera plus tout à fait le même.

Hip hop, jet-set & weed

Les années 90, c’est la décennie du gangsta rap et de la guerre East Coast/West Coast. Celle-là même qui coûtera la vie à Notorious Big et Tupac et faillit stopper net la carrière de Snoop Dogg, inculpé de complicité dans un “drive by shooting”. Flashback.

Pendant les années 90 les ventes d’albums de hip hop atteignent des ventes record et l’on voit apparaître une aristocratie du hip hop (Hip hop royalty). Les nouveaux moguls du hip hop (Jay Z, 50-cent, Russell Simmons, Sean Combs alias Puff Daddy puis Diddy, Snoop Dogg, Kanye West) ont soif de respectabilité et de reconnaissance.
Ils créent leurs marques de streetwear et  s’affichent avec de gros cigares et des bouteilles de cognac.
Mais ce n’est pas assez pour arriver au sommet de la société qui est encore majoritairement WASP ( blanche anglo-saxonne et protestante).
Lorsqu’en 1998 Diddy lance dans les Hampton’s (chasse gardée de la haute société blanche) sa White Party a l’occasion du Labor Day, peu s’imaginent que cet événement deviendrait un rendez-vous incontournable de la haute société américaine et internationale  avec des marques de luxe qui se bousculent pour être sponsors.

Diddy, Gastby des temps modernes

Le magazine Hollywood Reporter qualifie alors Diddy de « Gatsby des temps modernes ».Interrogé par un journaliste qui lui demandait si il avait lu le roman « Gatsby le Magnifique », Diddy lui répondit alors tout naturellement : « Pas la peine, je suis Gatsby ».
La White party de Diddy s’est depuis déplacée à Beverly Hills et à St Tropez et a donné tort à tous les habitués des Hampton’s qui annonçaient qu’une horde bruyante et vulgaire allait en finir avec leur lieu de villégiature privilégié.

Puff Gatsby en black in white

L’aristocratie du hip hop après avoir conquis les lieux préférés de la jet set et investi massivement dans le cannabis est maintenant passée à l’étape suivante : faire rentrer la weed dans les codes de la jetset.
Ainsi, au printemps dernier la campagne de Monogram, la société de distribution de cannabis de Jay Z recrée les images mythiques de Slim Aarons le grand photographe de la jetset avec des personnages qui fument de la weed au bord d’une piscine de villa paradisiaque.

Bro’s & ho’s in Palm Springs; la hype-hop attitude version West Coast.

Le film est magnifique et l’association avec Slim fonctionne à merveille, la weed se trouve ainsi élevée au même rang que le cognac et le cigare.

A$AP Rocky, fashion icon.

Cela marche d’autant mieux que la culture hip hop et son aristocratie jouissent à l’heure actuelle d’une influence considérable sur la mode.
Le légendaire tailleur de Harlem, Dapper Dan, qui était poursuivi par Fendi dans les années 80 pour usurpation de logo collabore aujourd’hui avec Gucci.
Virgil Abloh, le fondateur de Off White est le directeur artistique de Vuitton, Kanye West est au 1er rang de toutes les fashion weeks parisiennes, et continue à créer la surprise avec sa marque Yeezy, A$AP Rocky, rapper protégé de Snoop est adoubé par Kris van Asche et Raf Simmons et considéré comme une icône de la mode.
Forte de cette suprématie sur la musique et la mode, l’aristocratie du hip hop installe ainsi la weed dans un monde sophistiqué où les noirs étaient jusqu’alors peu représentés.
Nul doute que la campagne de Monogram est le début d’une nouvelle ère, comme la White party de Diddy l’a été à l’époque.
A suivre donc.

Étude: La consommation de cannabis ne ferait pas baisser le QI

Si de nombreuses études soulignaient l’influence néfaste de la consommation de cannabis sur le quotient intellectuel, le débat scientifique ne semblait pas pour autant clos. En effet, une étude publiée dans Brain and Behavior révèle l’absence de lien entre les deux.

En analysant un échantillon de 5 162 hommes au début de leur âge adulte jusqu’à la fin de leur cinquantaine, les chercheurs ont déterminé que les participants ayant des antécédents de consommation de cannabis ont connu « un déclin cognitif significativement moins important » au cours de leur vie que les non-consommateurs.

« ces résultats concordent avec la plupart des études existantes »

Parmi les consommateurs de cannabis, ni l’âge d’initiation ni la fréquence de consommation n’ont été associés à des effets négatifs sur la cognition.
Dans leur communiqué, les auteurs de cette étude longitudinale précisent que « ces résultats concordent avec la plupart des études existantes ».
En effet, d’autres études également longitudinales, telles que celle de l’université John-Hopkins de Baltimore publiée dès 1999 dans l’
American Journal of Epidemiology, ou bien celle publiée en début d’année dans la revue JAMA (Journal of the American Medical Association) par des chercheurs affiliés à la Harvard Medical School et au McGovern Institute for Brain Research du Massachusetts Institute of Technology (MIT), convergent toutes deux vers la même conclusion ; et ce, malgré des protocoles différents.

Dans cette dernière, les chercheurs ont recueilli des données d’imagerie cérébrale structurelle et fonctionnelle (IRMf) auprès d’une cohorte de patients nouvellement autorisés à consommer du cannabis médical au début de l’étude et un an plus tard. Des données similaires ont également été recueillies auprès de témoins sains (non-consommateurs de cannabis). Résultat : « [pas] d’association entre les changements dans la fréquence de consommation de cannabis et l’activation cérébrale ».

En Californie, la Saint Valentin rapporte gros à l’industrie du cannabis récréatif

/

Le 14 février, c’est aussi un grand moment de romantisme industriel : coiffeurs surbookés, menus spéciaux hors de prix, bouquets clonés, tarifs Uber triplés. En Californie, terre sacrée du cannabis récréatif, le business de la  Saint-Valentin se décline en vert double:  vert comme la weed, vert comme le billet. Tu m’aimes combien?

Love me higher

Depuis la légalisation du cannabis récréatif en 2016, la Californie s’est imposée comme l’épicentre mondial du weed-commerce. Et comme toute industrie bien rodée, elle a flairé le filon de la Saint-Valentin. Résultat : des campagnes marketing calibrées comme des séries Netflix, avec des packagings roses flashy, des slogans façon high love et des produits qui promettent de mixer détente et passion.
En 2023, les ventes ont grimpé de 22 % en moyenne autour du 14 février, atteignant près de 500 millions de dollars sur la semaine, selon Headset. Les produits infusés au THC, notamment les chocolats et huiles de massage, connaissent des pics de +35 %.

Parmi les stars du marché : les chocolats infusés au THC, parfaits pour un effet slow-burn romantique, les huiles de massage au CBD, qui font briller les peaux et détendent les esprits, ou encore les pré-rolls spécialement conçus pour booster la libido. « Les couples cherchent des expériences sensorielles nouvelles, et le cannabis leur offre exactement ça« , explique Amanda Jones, directrice marketing chez Kiva Confections. Des marques comme Lowell Herb Co ou Dosist rivalisent d’ingéniosité pour séduire un public en quête d’expériences inédites.

Le marché du désir sous influence

Si la weed était autrefois associée aux glandeurs couch-lockés devant la télé, elle est aujourd’hui un symbole de lifestyle cool et assumé. « Le cannabis ne sert plus seulement à planer, il est devenu un outil du bien-être quotidien, et ça inclut le romantisme » confirme Josh Del Rosso, cofondateur de Connected Cannabis.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une étude récente, les ventes de produits au cannabis augmentent de 20 à 30% en février, avec un pic évident autour du 14. « Nos ventes de produits infusés au CBD explosent avant la Saint-Valentin, surtout les huiles de massage », ajoute un porte-parole de Papa & Barkley. Autrement dit, les couples (et les célibataires) ne se contentent plus d’un dîner au champagne, ils veulent aussi une expérience sensorielle complète. « On vend du rêve et du bien-être, et les consommateurs adorent« , explique le CEO de Dosist.&nbsp.
Love, weed & cash : le trouple parfait.

ZEWEED avec Ganjapreneur, Cannarerporter et 420 Intel

Lil’Nas: Black and Pride

///

Alors que la saint Valentin se profile,  ZEWEED célèbre l’amour de tous les sexes et dans toutes les combinaisons possibles en rendant hommage à l’une des rares icônes gay du rap américain: Lil’Nas.
Portrait d’un artiste aussi cool que fier.

Certaines personnes deviennent célèbres par accident, d’autres par chance, dans le cas de Lil Nas X, c’est par pure ténacité. Un fait d’autant plus impressionnant, quand on connaît son jeune âge.
Il entame sa carrière en 2015. Enfant de la génération X, il se fait une réputation en enchaînant les vidéos sur les réseaux sociaux. Il joue avec les memes, devient une mini célébrité d’internet et monte une page hommage à Nicky Minaj, qu’il ne reconnaîtra que bien plus tard de peur d’être “outé”.
Dans sa petite ville de Georgia, dans le rap et dans la communauté afro-américaine, son identité sexuelle est encore “problématique” comme il le dit avec un tact certain, mais jamais d’amertume.


Le jeune homme se cherche, enchaîne les joints purs et les petits boulots au parc d’attractions du coin. Des joints toujours purs car comme il le dira plus tard sur twitter : “Je peux fumer de la weed toute la journée et tousser pour la moindre fumée de clope”.
Il prend le pseudo de Lil Nas X en hommage à son idole Nas (un autre amateur de cannabis, qui a monté sa propre marque et qui a même joué pour la Cannabis Cup) et achète pour 30 dollars sur internet le Beat de son premier tube Old Town Road en 2018.

Un mix entre rap et country, qui reprend les codes des westerns et qui évoque le mythe de Django. Le cowboy noir et fier de l’être.

Coming Out

En quelques mois, la chanson fait un tabac grâce à TikTok : des millions de jeunes se filment sur le morceau et il arrive même au Top 50 country. Un fait impensable jusque-là, surtout dans l’Amérique de Trump.
Évidemment, États-Unis oblige, elle est retirée par l’institution Billboard, car n’étant “pas assez country”. Traduction : pas assez blanche.
Peu importe : un “vrai” musicien country, devenu fan de son travail, Billy Ray Cyrus (le père de Miley) participe avec lui à un remix, qui en fait un hit planétaire et le fait connaître du grand public.

Ensemble, Billy ray et lui vont partager une belle amitié et pas mal de joints… “Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui possédait autant de Cannabis avant, il en a BEAUCOUP” raconte-t-il en interview.

Même s’il ne fume maintenant que de manière récréative, le Cannabis l’a beaucoup aidé, quand il a perdu sa grand-mère, alors qu’il connaissait enfin le succès, fin 2018. Il se décrit comme devenant presque “Hypocondriaque”, se réveillant la nuit avec des crises de panique, lors d’une interview pour Variety.

Cette expérience dramatique le pousse à repenser son équilibre et à améliorer sa vie, sans peur des jugements.
Il fait son coming out en 2019 sur Twitter. Pas pour la publicité, mais parce qu’il voulait “que les gamins gays puissent aussi se sentir représentés dans le milieu du rap, qu’ils se sentent vus” comme il l’explique dans cette interview dans un barbershop américain pour HBO.
Il n’est plus pour lui question de se cacher, il veut créer sa propre voie et elle est spectaculaire.

Porté par les vagues de soutien qu’il reçoit (notamment de son ami Billy ray et à la grande surprise de son père). Il se lâche sur les réseaux et commence à être de plus en plus explicite dans ses paroles, ce qui donnera son chef d’œuvre : Montero.

Twerk avec le diable

Montero, c’est le vrai prénom de Lil Nas X, une manière de s’assumer enfin. La chanson est en réalité beaucoup plus douce que le laisse présager l’énorme polémique autour du clip de la chanson, dans lequel il fait un lap dance pour le diable (qui est simplement une métaphore pour ses pulsions auto-destructrices).

C’est une histoire d’amour un peu désespérée, pour un homme pas encore sorti du placard. Une histoire vraie, dont la structure est inspirée par “Call me by your name”, un des premiers films d’amour gay qu’il ait jamais vu, alors qu’il écrivait la chanson en 2020.

Bien sûr, les paroles sont explicites (il parle entre autres “d’avaler ses enfants” et de plateaux remplis de “Ganja et de poudre blanche”), mais plutôt que choquer, son but est avant tout de changer les normes.

Après des centaines de chansons explicites hétérosexuelles, il fallait bien tourner le volume jusqu’à 11, pour qu’il puisse se faire entendre. Son but ? Normaliser l’homosexualité dans la musique rap.
Une démarche qu’il explique avec brio, dans cette courte vidéo décryptant les paroles de sa chanson pour Vice.
Alors qu’il s’apprête à célébrer son 23ème anniversaire, l’avenir du grand Lil’Nas s’annonce aussi coloré qu’un arc-en-ciel.

 

 

Quand Donald Trump se prononce en faveur de la légalisation du cannabis

/

Farouchement prohibitionniste durant son premier mandat, Donald Trump a soutenu la légalisation du cannabis en Floride durant la campagne présidentielle de 2024, se fendant même d’un spot TV. Make weed great again!

En campagne, Donald Trump avait promis qu’il dépénaliserait le cannabis s’il venait à être élu . Le magnat de l’immobilier s’était même prononcé pour sa légalisation en Floride, fort d’un spot TV à découvrir ci-dessous. Un surprenant élan progressiste pour un va-t-en-guerre de la weed qui avait voulu empêcher de nouveaux Etats de sortir de la prohibition durant son premier mandat.

De son coté, Elon Musk oeuvrait en coulisse pour s’assurer que la promesse de campagne du candidat républicain se cantonne à l’effet d’annonce, en donnant en coulisse 500.000 dollars pour que le cannabis ne soit pas légalisé dans le Sunshine State.
On appréciera le cynisme politique du CEO de Space X, qui se targue d’être un ganja-enthousiaste  à grands coups de comm’, se soigne à la kétamine et dont la consommation de drogues psychédéliques inquiète le Pentagon.
Le 5 Novembre, dans un état où la course à la Maison Blanche est traditionnellement très serrée, Donald Trump a largement devancé Kamala Harris (56,1% contre 43,9%) après avoir fait les yeux doux à une partie de l’électorat démocrate. Quant à l’amendement 3, qui visait à légaliser le cannabis récréatif en Floride, il n’a pas obtenu les 60% de suffrages nécessaires à son adoption

 

Quand la Motown chantait la ganja

//

Avant Dej Jam et le succès interplanétaire de la maison de disque de Bob Marley Tuff Gong, un label de Détroit se faisait déjà une sulfureuse réputation en produisant des titres louant sans équivoque des charmes de l’herbe. Zeweed vous emmène à la découverte de la Motown et de ses plus belles déclarations d’amour faites au cannabis.

Fondé par le compositeur et producteur Berry Gordy Jr en 1960, le label Motown tient son nom de la contraction entre motor (moteur) et town (ville). C’est un hommage à Détroit, qui a longtemps la grande ville de l’industrie automobile américaine.
Si le nombre de hits et d’artistes lancés par Motown est aussi gigantesque, c’est grâce au flair et à la volonté de son fondateur de rendre la soul accessible à la masse.

La plupart des artistes majeurs du label étaient amateurs de cannabis. C’était le cas de Diana Ross — qui a d’ailleurs initié Michael Jackson —, de Smokey Robinson ou encore de Marvin Gaye — qui a fumé toute sa vie en grande quantité pour calmer ses angoisses.

Le meilleur exemple reste tout de même la diva Esther Phillips. Sa reprise immortelle de “And I Love Him” des Beatles, que vous pouvez retrouver ci-dessous, fut immortalisée alors qu’elle était tellement enfumée qu’elle en avait des difficultés à marcher.

Pourtant, c’est seulement à la fin des années 60 que les premiers morceaux psychédéliques Motown sont sortis, grâce à l’impulsion des Temptations, avec “Cloud Nine”.
Un morceau enregistré en 1968, très clairement dédié à la plante, qui est sorti contre les recommandations de Gordy, suite à un vote des salariés.
Le pari est réussi: ce sera le premier Grammy du groupe et du label.

Après 10 ans de refus, Gordy, qui ne pensait pas le public américain capable d’accepter ce thème en pleine guerre contre les stupéfiants, lâche la bride.
La même année et seulement pour quelques mois, une division Weed est lancée, pour sortir l’album de Chris Clark. Un album orné d’un symbole peace, qui pastiche le rival Stax et du facétieux slogan “Tous vos artistes préférés sont dans la Weed”.

En 1971, Marvin Gaye sort un album qui parle de la guerre du Vietnam, du sexe et surtout de l’addiction.
Le chanvre sert dorénavant de paravent à la firme, ici pour parler des ravages de l’héroïne, sans braquer un auditoire bien pensant. C’est un prétexte pour s’adresser à un public large, tout en gardant sa suavitude légendaire, dans “Flyin’ high”.

Une stratégie qui sera aussi utilisée par Stevie Wonder deux ans plus tard. En dépit d’une variété qui lui a été dédiée, il n’a fumé qu’une seule fois dans la vie.
Son morceau “Too High” est un avertissement contre les stupéfiants sorti, seconde ironie, sur son album le plus psychédélique : “Innervisions”.

Bien entendu, ses avertissements ne visent pas notre plante préférée. L’album est d’ailleurs particulièrement calibré pour les sessions fumettes. Un fait loin d’être accidentel.

Le morceau le plus explicite jamais sorti par Motown est lâché par Rick James, le Superfreak, en 1978. Le transparent “Mary Jane” est un morceau fondateur de la Punk-Funk, qui a retourné les charts. Un must, quand on sait qu’il parle de la plante comme d’une délicieuse séductrice.

Rick James: « I’m stone I’m proud  » attitude.

Le chanteur s’est, de nombreuses fois, déclaré scandalisé qu’on puisse recevoir des peines de prison pour le cannabis et il fumait très régulièrement sur scène.

Ce hit, d’ailleurs, sera une influence majeure pour tout le mouvement Hip-Hop et en particulier pour le jeune Snoop Dogg, qui enregistrera même un morceau avec le maître.

Comment les cannabiculteurs californiens s’adaptent au feu du réchauffement

//

Alors que Los Angeles est encore en proie à des incendies sans précédents, la canna agriculture n’est pas épargnée par ces feux dévastateurs. Quels moyens et pistes pour lutter contre ce brûlant fléau? Eléments de réponse.

On dit souvent des forêts méditerranéennes qu’elles ont besoin du feu pour vivre. C’est, en partie vrai. Certaines variétés de résineux profitent des incendies. Les flammes éradiquent leurs concurrents et font éclater les pignes, répandant aux alentours les graines qui coloniseront l’espace brûlé.
Dans l’Ouest américain, les planteurs de cannabis ne profitent pas des incendies : ils les subissent. Et doivent désormais s’adapter à cette nouvelle donne climatique. En réchauffant le climat de la Californie, notamment, le changement climatique a réduit les précipitations et accru les températures.

Un risque qui s’accroît

Déjà minée par l’urbanisation, la forêt y est plus fragile et brûle plus facilement. Dans les années 1970, la saison annuelle des incendies californiens durait 140 jours. Depuis le début du siècle, on approche des 230 jours par an. Selon les statistiques des pompiers californiens, 17 des 20 plus gros incendies répertoriés depuis le début du XXe siècle se sont produits entre 2003 et 2020.
Souvent installés dans des massifs forestiers ou en lisière de bois, les cannabiculteurs de Californie, de l’Oregon et de l’Etat de Washington commencent à s’adapter. En empruntant une technique simple aux gestionnaires de réseaux électriques : on éloigne la forêt.

Cordon sanitaire

A coup de tronçonneuses, ils établissent un cordon sanitaire entre les arbres et les plantations. Ce défrichement préventif évite ou ralentit la propagation des flammes. Lorsque le risque d’incendie est élevé, certains n’hésitent pas à réaliser des pare-feux d’une quinzaine de mètres de large tout autour de leur propriété. La sécurité y gagne ce que perd l’aménagement paysager.
Comme le font les forestiers dans certains pays méditerranéens, on dispose aussi des réserves d’eau aux quatre coins des exploitations. En cas d’incendie, la lutte contre les flammes sera ainsi plus rapide et donc plus efficace. Certaines plantations sont aussi équipées de sprinklers. La diffusion d’eau par microgouttelettes entrave la diffusion du feu et abaisse la température ambiante. Attention, toutefois, à disposer dans ce cas d’un générateur d’électricité de secours pour alimenter les pompes en cas de coupure de courant.

Sprinklers et jets d’eau

Last but not least : les planteurs dotent aussi les cheminées de leur ferme d’un chapeau en zinc. L’esthétique n’a rien à voir là-dedans. En coiffant ainsi leur cheminée, ils empêchent d’éventuelles retombées de brandons à l’intérieur de la maison : un risque d’incendie en moins.
Après le passage du feu, un impératif : laver les plants avec un jet d’eau. L’accumulation des cendres sur les feuilles peut favoriser la contamination des plants par des métaux lourds que l’on retrouverait dans les produits finis.

 

USA : le cannabis efficace pour lutter contre la crise des opioïdes… dans certains cas

/

Une étude pilotée par l’École de santé publique de l’université Columbia s’est penchée sur l’impact du cannabis sur la consommation d’opioïdes dans les États ayant légalisé l’herbe, pour conclure que ce dernier peut être utile dans la lutte contre l’addiction aux opioïdes, mais uniquement chez les consommateurs réguliers de marijuana. Explications

Publiée dans l’International Journal of Drug Policy, l’étude révèle une diminution de l’usage problématique des opioïdes chez les consommateurs de cannabis après l’introduction des lois sur le cannabis médical. En revanche, ces baisses ne se vérifient pas lorsque des lois combinant usage médical et récréatif sont adoptées.

Fin 2019, 32 États avaient légalisé l’accès au cannabis médical. Tous ceux qui ont ensuite légiféré sur l’usage récréatif avaient d’abord réglementé l’usage médical. En s’appuyant sur les données de l’Enquête nationale sur l’usage des drogues et la santé (NSDUH) de 2015 à 2019, les chercheurs ont évalué les liens entre ces législations et la consommation problématique d’opioïdes (usage détourné d’ordonnances ou consommation d’héroïne).

Une nuance pour les utilisateurs réguliers

Sur près de 283 000 participants, 4 % rapportaient un usage détourné des opioïdes au cours de l’année écoulée, tandis que 1,3 % évoquaient une consommation dans le mois précédent. Trois pour cent répondaient aux critères d’un trouble lié à l’usage des opioïdes, selon le DSM-IV. Ces chiffres grimpaient toutefois chez les consommateurs de cannabis : 15 % d’entre eux signalaient un usage détourné d’opioïdes ou un trouble associé.

« Notre étude est la première à explorer l’impact des lois sur le cannabis sur les résultats liés aux opioïdes chez les consommateurs réguliers de cannabis, particulièrement ceux ayant commencé avant l’adoption des lois dans leur État », explique Silvia Martins, professeure d’épidémiologie à Columbia.

Dans les États ayant légalisé uniquement l’usage médical, l’étude observe une baisse modeste de certains indicateurs liés aux opioïdes parmi les consommateurs de cannabis. Cependant, cette tendance ne se confirme pas dans les États ayant également légalisé l’usage récréatif. « Les lois sur le cannabis médical semblent associées à une diminution de l’usage des opioïdes chez les consommateurs de cannabis, mais davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer ces résultats », ajoute Martins.

Une vigilance toujours requise

Globalement, l’adoption de lois médicales ou récréatives n’a pas entraîné de changements significatifs dans la population générale concernant l’usage ou l’abus d’opioïdes. Toutefois, chez les consommateurs réguliers de cannabis, des réductions dans certains indicateurs ont été constatées, mais uniquement dans les États ayant légalisé l’usage médical.

Pour Martins, ces résultats soulignent la nécessité d’un suivi constant. « Le faible nombre d’États ayant adopté des lois combinant usage médical et récréatif, ainsi que leur mise en place récente, limitent nos analyses. Avec davantage de données et de recul, l’impact pourrait devenir plus clair », conclut-elle. Elle appelle également à explorer de près la consommation d’opioïdes chez ceux qui obtiennent du cannabis via des dispensaires médicaux ou récréatifs.

Si les promesses de réduction de la crise des opioïdes semblent encore timides, l’étude appelle à poursuivre les recherches pour démêler les liens entre politiques publiques, cannabis et santé publique.

USA : Dans les Etats ayant légalisé, la consommation de cannabis chez les ados baisse

/

Alors que 25 Etats on légalisé le cannabis, les taux de consommation chez les adolescents sont en baisse. C’est ce que révèle une enquête nationale financée par le gouvernement fédéral, publiée ce mardi. Autre constat : la perception par les jeunes de l’accessibilité du cannabis a également chuté en 2024. Rien que de très normal alors que les ventes de ganja, désormais encadrées, sont interdites aux moins de 21 ans.

L’enquête Monitoring the Future (MTF), soutenue par le National Institute on Drug Abuse (NIDA), met en lumière une tendance « inédite » : la consommation de drogues chez les jeunes reste globalement stable après avoir atteint des niveaux historiquement bas pendant la pandémie de Covid-19, selon Nora Volkow, directrice du NIDA.

Légaliser, encadrer, protéger

Pour les partisans de la réforme, ces résultats confirment leur argument clé : un marché du cannabis réglementé, avec des contrôles stricts comme la vérification d’identité, dissuade l’accès des mineurs.
Illustration frappante : l’usage de cannabis chez les élèves de 8e, 10e et 12e années (équivalents au collège et au lycée) est aujourd’hui plus bas qu’avant 2012, date de la première légalisation pour usage récréatif. Actuellement, 24 États américains autorisent ce type de consommation.
Si les adultes sont de plus en plus nombreux à consommer du cannabis, le même constat ne s’applique pas aux adolescents. Selon l’enquête, 7,2 % des élèves de 8e et 15,9 % de ceux de 10e déclarent avoir consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois. Chez les terminales, ce chiffre est en baisse : 25,8 % en 2024, contre 29 % en 2023.

Vapotage de THC stable, fumette en baisse

Parmi les jeunes sondés, les taux de vapotage de cannabis sont restés stables, tandis que la consommation sous forme fumée a reculé. L’enquête a également élargi son questionnaire en 2024 pour inclure l’usage des produits à base de delta-8 THC chez les 8e et 10e années : respectivement 2,9 % et 7,9 % ont déclaré en avoir consommé dans l’année. Chez les terminales, la proportion reste stable à 12,3 %.
Les résultats, salués par des responsables du NIDA, déjouent les attentes. Nora Volkow rappelle que la baisse historique entre 2020 et 2021 avait été attribuée à la réduction des interactions sociales durant la pandémie. Une reprise de la consommation était donc anticipée avec le retour à la normale. Mais cette hausse ne s’est pas produite.
« Cette tendance de réduction de la consommation chez les adolescents est sans précédent », souligne Volkow. Elle appelle à approfondir les recherches pour comprendre ces dynamiques et soutenir leur maintien.

Les vertus de la prévention

L’enquête indique également une augmentation de la perception du « grand risque » lié à l’usage du cannabis. Marsha Lopez, responsable de la recherche épidémiologique au NIDA, note une « baisse significative » de l’usage chez les terminales, ainsi qu’une diminution dans les trois niveaux scolaires pour les produits à base de CBD.
Interrogée sur la pertinence des craintes relayées par les prohibitionnistes – selon lesquelles la légalisation entraînerait une flambée de consommation chez les jeunes –, Lopez reste prudente mais concède : « Les données montrent que les jeunes ne consomment pas plus. En fait, ils consomment moins. »
Paul Armentano, directeur adjoint de l’organisation NORML, va plus loin : « Les affirmations sensationnalistes selon lesquelles la légalisation adulte entraînerait une hausse de la consommation chez les adolescents ne reposent sur aucune donnée fiable. » Il estime que ces résultats devraient rassurer les législateurs sur la capacité à réguler légalement le cannabis sans affecter les habitudes des jeunes.

Tendance confirmée au Canada

Ces chiffres s’inscrivent dans une tendance observée ailleurs : un rapport canadien récent montre que les taux de consommation quotidienne, tant chez les adultes que chez les jeunes, sont stables depuis six ans, malgré la légalisation nationale. Une étude américaine rapporte également une « baisse significative » de l’usage chez les jeunes entre 2011 et 2021, période où plus d’une douzaine d’États ont légalisé le cannabis.
Les opposants à la légalisation, qui prédisaient une explosion de la consommation chez les adolescents, se retrouvent ainsi démentis par les faits. Même le CDC, dans son enquête 2023 sur les comportements à risque des jeunes, confirme une baisse continue de la consommation mensuelle de cannabis chez les lycéens au cours de la dernière décennie.

Zeweed avec MJ daily et Prohibition Partners
1 2 3 11