Ecologie

Vivre au frais dans une maison en chanvre.

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Coup de chaud? Ecologique, économique et local, le chanvre est un composant idéal dans l’élaboration d’une habitation régulée. Enquête sur ces nouveaux matériaux qui construiront les maisons de demain.

Qu’on se le dise : construire des habitations déconstruit l’éco-système de la planète. En effet, 8% des émissions de carbone proviennent directement de la production de ciment. Dans le cadre de la transition énergétique, la rénovation des logements français est donc devenue une priorité pour le gouvernement (isolation des combles, des murs intérieurs et planchers, nouvelles obligations d’isolation thermique en copropriété). L’aide de l’État « MaPrimeRénov », lancée en janvier 2020, a déjà été perçue par 125 000 ménages.
L’objectif fixé par la loi prévoit de son coté  100 % de bâtiments basse consommation en France d’ici 2050. La future réglementation RE2020 valorisera ainsi les bilans carbone positifs, et donc les solutions biosourcées issues de cultures locales, l’économie circulaire se conjuguant avec

Le chanvre, champion toutes catégories du stockage de CO2

Le béton de chanvre, mortier plus léger que le ciment, a cette particularité de capter le CO2 là où les autres matériaux de construction en émettent. Composé de chènevotte (partie centrale boisée de la tige du chanvre,) ce mortier vert peut servir à isoler des cloisons comme à ériger des murs. Il suffit simplement de verser ou de « floquer » ce mortier dans une ossature en bois ou en contre-plaqué (moulage).
Cet éco-matériau s’adapte à toutes les formes de projets architecturaux et est pourvu de qualités d’élasticité naturelles qui empêchent la formation de fissures, de condensation ou l’accumulation d’humidité, tout en régulant l’hygrométrie de l’air ambiant (en toutes saisons).

Une matière eco-responsable et ultra-compétitive

Pour répondre à ces enjeux écologiques, les ciments Vicat ont mis au point un matériaux aggloméré composé à 85% de chanvre.
Les parpaings végétaux élaborés par la société française sont élaborés avec des plantes cultivées dans la Haute-Seine.
Deux gammes sont proposées: une adaptée à la construction et l’autre à la rénovation. Toutes les deux offrent le même avantage alors que nous élaborons les habitations de demain: celui d’être composé d’une matière première on ne peut plus green.
Cette initiative 100% made in France a d’ailleurs conquis la ministre chargée de la transition écologique Barbara Pompili, qui a offert un chèque d’encouragement de 100 000€ à l’entreprise grenobloise dans le cadre du plan d’aide à la même transition écologique.

Non toxique, le chanvre remplace avantageusement la laine de verre ou l’amiante, résiste au feu (jusqu’à 300 degrés) et n’absorbe la température extérieure qu’au bout de 10 heures (contre 6 heures pour les autres matières). Les greniers peuvent ainsi rester frais l’été. Cerise sur le parpaing: l’utilisation d’une climatisation est inutile dans une maison isolée en chanvre. Une excellente nouvelles alors que les étés sont de plus en plus caniculaires.

 

 

 

Le futur de la viande est dans le ver

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L’insecte est-il l’avenir de notre alimentation ? C’est en tous cas la conviction de la start-up française Ynsect, qui a annoncé en début d’année son intention de produire de la farine de ver à destination de l’homme. Cette initiative fait suite à l’avis favorable de l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) sur la consommation de spécialités à base d’asticots ultra-protéinés. Bientôt la blanquette d’asticot et le Cheese Mac Lombric ?

Cet avis émis le 8 janvier ne porte que sur l’insecte entier, ce qui inclue la farine séchée qui est en issue. Pour autant, Ynsect aimerait concentrer ses développements sur la production de farines d’insectes, ou scarabée Molitor, déshuilés pour lequel d’autres avis sont attendus. La start-up a pris les devants et commencé à développer YnMeal : un ingrédient à base de protéines d’insectes déshuilés pour l’alimentation humaine. Un dossier auprès de l’EFSA concernant ce produit a déjà été déposé, et un autre sera bientôt déposé auprès de la FDA, l’agence américaine en charge de ces dossiers.
Ces aliments pourraient être proposés dans les domaines du sport et de la nutrition santé à des fins de régénération musculaire et de performance. Deux secteurs qui semblent prometteurs. La pépite ajoute avoir déjà signé un contrat pluriannuel sur ces marchés. Ynsect attend aussi des avis  sur l’autorisation de l’utilisation des protéines d’insectes dans l’alimentation des volailles et les porcs.

Bilan carbone zéro: quand le ver est vert

“Si nous voulons nourrir la planète à horizon 2050, nous devons produire 70% de plus et cela avec seulement 5% de terres disponibles. Il est temps de valoriser des alternatives permettant de produire plus et mieux”, explique Antoine Hubert, CEO d’Ynsect, dans un communiqué. La start-up a donc développé un concept de ferme verticale lui permettant d’élever les insectes en grande quantité, à commencer par le Tenebrio Molitor ou vers de farine, qui est une espèce de scarabée riche en protéines.
La production d’insectes nécessite, pour 1kg de protéines, 100 fois moins de surface agricole qu’1kg de protéines animales et nettement moins d’eau, constate la start-up. La majorité de l’élevage est transformée afin de produire les aliments souhaités et certains scarabées sont conservés à des fins de reproduction.

Vous l’aurez compris, l’assiette de demain sera très différente de celle d’aujourd’hui. Une transition qui s’avère indispensable si nous voulons avoir à quelque chose à mettre dans la marmite après-demain.

 

La Californie, premier marché du cannabis d’AOC

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La Californie a crée des appellations d’origine de cannabis. Un moyen pour dynamiser le business. Et le protéger aussi des chaleurs du réchauffement.

Depuis longtemps, on la désigne sous le nom de son pays d’origine : l’Afghane, la Marocaine ou la Libanaise. Ces sobriquets ne garantissent aux usagers ni la provenance réelle de leur weed favorite, ni sa qualité. Les Californiens devraient faire évoluer les choses. Le gouverneur du Golden State vient d’approuver une proposition de loi originale. Entrée en vigueur en octobre, la loi 67 introduit, en effet, la notion d’appellation d’origine pour la production de cannabis.

Exit indoor
Appellation d’origine, comme pour le vin ? C’est bien l’idée des législateurs. Pour donner un avantage concurrentiel aux productions made in California, la loi impose au ministère local de l’agriculture et de l’alimentation de présenter rapidement un cahier des charges pour l’inscription de ces nouvelles AOC. Etant entendu qu’elles ne s’appliqueront qu’aux plantations de pleine terre. Les cultivateurs indoor peuvent repasser.

La victoire du terroir
Si le nom de ces futurs « climats », « châteaux » ou autres domaines n’est pas encore reconnu, l’intérêt de cette classification saute aux yeux des professionnels. D’abord, protéger la réputation des meilleures zones de production, à l’image des vignobles de la Santa Maria Valley ou des Hautes-Côtes-de-Nuits.
Les planteurs veulent aussi populariser une idée bien française : le terroir. Imaginée par les commerçants français du XIIIe siècle, cette subtile alliance de la terre, du climat et du savoir-faire de l’agriculteur est gage de qualité et de spécificité. Jadis méprisé par les viticulteurs américains, le concept fait son chemin dans la Napa Valley et chez les producteurs d’herbe.

Donner envie
Classifier les plantations, c’est aussi susciter l’envie chez les consommateurs de découvrir les propriétés, ceux qui les exploitent et leurs productions. Les planteurs californiens rêvent d’ouvrir les routes de l’herbe, calquées sur celles du vin. Pas idiot, si l’on garde en tête que 3 millions d’amateurs sillonnent celles qui mènent à la Napa Valley, la région viticole la plus connue de Californie.

Mendocino first ?
Nul doute que les premières appellations devraient émerger du côté de Mendocino, ravissant bourg maritime situé à 250 km au nord de San Francisco. A la tête de l’Origins Council, Genine Coleman bataille pour créer l’AOC Mendocino. Avec son équipe de cultivateurs, de juristes et de commerciaux, la planteuse et spécialiste des arts martiaux fourbit ses argumentaires, dont certains s’appuient d’ailleurs sur des arrêts du Conseil d’Etat … français.

Carbone et biodiversité
Dans son esprit, la notion de d’appellation d’origine cannabique doit, bien sûr, encadrer les pratiques, garantir la qualité des produits, contribuer à la notoriété des produits. Plus étonnamment, l’Origins Council estime aussi que la notion de terroir, fut-il cannabique, est une réponse au changement climatique. A condition, par exemple, que le cahier des charges de l’appellation impose des pratiques culturales qui favorisent le stockage du carbone dans le sol, préservent la biodiversité des microorganismes de la terre (ce qui améliore la résilience des cultures !) et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Un postulat que les patrons de syndicats d’appellation vinicoles devraient reprendre à leur compte.

Alors que l’Allemagne a légalisé le cannabis le 1er avril, donnant aux petits producteurs toutes leurs chances de prospérer, il y a fort à parier que le vieux continent commence à proposer des appellation locales de grande qualité… En attendant que la France puisse se lancer sur ce fumant segment des AOC , qui font déjà la réputation des vins et fromages bleu-blanc-rouge dans le monde.

 

Ecologie et cannabis: à quand l’herbe verte?

En chambre, en serre ou en champs, la culture de cannabis est rarement compatible avec des objectifs de développement durable. Heureusement, des solutions existent pour réconcilier la belle herbe avec la nature.

Ce n’est pas parce que la culture du cannabis se légalise petit à petit qu’il faut faire n’importe quoi.
Or, force est de constater que de nombreuses plantations, indoor ou outdoor sont de véritables insultes à l’environnement et au climat réunis.
Sous serre, en terre ou au fond d’un placard, les cultures intérieures sont d’abord énergivores. L’usage démesuré de lampes à incandescence à forte puissance engloutit des volumes astronomiques d’électrons : de 4 000 à 6 000 kWh par kilo d’herbe produite. A cela, s’ajoutent les ventilateurs, systèmes d’extraction d’air, pompes, automates, etc.

Du CO2 par millions de tonnes

Selon certaines estimations, la demande des plantations US de cannabis flirte avec le 1% de la production américaine d’électricité : autant que le réseau informatique mondial du Bitcoin. Rapporté à l’intensité carbone du secteur électrique américain, cela représente une trentaine de millions de tonnes de CO2 par an expédié dans l’atmosphère. Pas négligeable. Amatrice de chaleur, Marie Jeanne est aussi une grande buveuse devant l’éternel. Dans certaines plantations californiennes, il faut compter 1 800 litres d’eau pour passer de la graine au plant prêt à être récolté.

Plastique partout, recyclage nulle part

Bien évidemment, tous les cultivateurs n’ont pas encore découvert les joies de l’agriculture biologique. Or, la culture industrielle de weed peut se révéler gourmandes en pesticides. Plus ou moins toxiques, ces petites molécules se retrouvent dans la fumée inhalée par les consommateurs et dans les eaux d’écoulement des cultures. De quoi se fâcher tout vert avec les protecteurs de la biodiversité. Et avec les usagers. Ce n’est pas tout.

11e plaie d’Egypte

Pour éviter tout relâchement d’odeurs et toute utilisation malencontreuse par les enfants, les autorités nord-Américaines obligent les producteurs de weed à empaqueter leurs produits dans des emballages à usage unique, opaques et résistants au déchirement. Réalisés avec plusieurs couches de matériaux, ces emballages sont impossibles à recycler et ne se dégradent qu’en plusieurs siècles.

Circuit fermé ou hydroponie

Telle quelle, la production d’herbe apparaît comme la 11e plaie d’Egypte. Ce n’est pas une fatalité. Certains industriels ont conçu des serres équipées de systèmes de filtration d’air et de circuit fermé d’eau. L’eau en surplus est collectée, filtrée et stockée, en attendant d’être à nouveau pulvérisée sur les plants. On peut aussi opter pour des techniques hydroponiques, sans terre, et dont la consommation en eau est de 90% inférieure à celles des techniques culturales traditionnelles.

Halte aux lampes à décharge

Difficile de se passer de lumière et de chaleur. Mais l’ont peut remplacer les très efficaces lampes à vapeur de sodium haute pression par des diodes électroniques (Led), dont les performances énergétiques (et agronomiques) ne cessent de croitre. Avec de sérieuses économies d’électricité à la clé. Reste à régler la gestion des déchets électroniques inhérents à l’utilisation des Led.

L’avenir est au large

Quid de l’emballage ? Sujet difficile, tant il est tributaire des législations nationales, voire locales. Certaines entreprises, telle la Californienne Ocean Cannabis fait réaliser ses emballages en plastiques récupérés dans l’océan et recyclé. Les emballages proposés par Sana Packaging sont réalisés en chanvre ou en plastique recyclé. En France, Terracycle produit, elle aussi, des plastiques avec des déchets collectés sur les plages.

Jack Herer, l’homme qui voulait chanvrer le monde.

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Si vous êtes un ganja aficionado, vous avez probablement déjà gouté à la fameuse Jack Herer.
Vainqueur de la High Times Cannabis Cup 95’, cette variété de cannabis à dominante sativa est une référence particulièrement appréciée des consommateurs pour son côté ultra-tonique et cérébrale. Mais au fait, c’est qui, ce Jack Herer ?
Portrait d’un activiste écologique qui voyait en la belle plante le salut de l’homme.

L’histoire de la légalisation du cannabis dans le monde a été marquée par quelques personnalités extrêmement fortes. Leur principal point commun ? Un humanisme certain, empreint d’empathie et de créativité.
Si le premier dispensaire a vu le jour grâce aux actions de  militants pro-LGBT, et que des breeders comme Arjan Roskam ont révolutionnés le marché de la weed, c’est à Jack Herer que l’on doit la première encyclopédie du cannabis.

Et pourtant, rien ne prédestinait Jack “L’Hemperor” à devenir l’empereur du chanvre. Né à Buffalo, New York, en 1939, issu d’une famille très conservatrice, il s’engage à 17 ans dans l’armée pour 3 ans avant de fonder une famille dans un esprit des plus conservateur et républicain.
Alors que la guerre du Vietnam éclate, il admet qu’à l’époque il était “persuadé que (les américains) étaient toujours les gentils”.
Un jour, sa nouvelle petite amie lui fait tester la belle plante, celle-là même  que la propagande d’état dénonçait avec acharnement… et c’est la révélation pour Jack!

Jack the “Hemperor”

Il découvre des choses qu’il n’avait jamais ressenties, une paix et une curiosité nouvelle. C’est à ce moment-là que le désir de partager son expérience avec le monde naît en lui. En 1973, il monte un magazine underground dédié au cannabis : “Grass”, qui devient culte dans les milieux branchés. Toujours en 73, il ouvre un des premiers Headshop américains (une boutique qui vend bongs, pipes, vaporizers et autre vecteurs de combustion cannabique).

Ce revirement assez extrême n’est en réalité que le début de son parcours de combattant; à travers ses recherches, il réalise le potentiel écologique et la réalité ethnologique du chanvre, une plante qui suit l’humanité depuis plusieurs millénaires :« Il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète ; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère… Et cette ressource est – la même qui était utilisée à cet effet auparavant – le cannabis, le chanvre, la marijuana ! » professait-il déjà.

Jack Herer (à droite) et Redman, la fine fleur de la weed

Pour Jack, le chanvre est la réponse à la crise des énergies fossiles, à la déforestation et à l’arrêt de la surproduction polluante. Dans cette optique, il crée le HEMP (Help End Marijuana Prohibition), multiplie les conférences et parcourt le pays pour propager la bonne parole, tout en accumulant les ressources documentaires.
En 1985, c’est la sortie de son chef d’oeuvre “The Emperor Wears No Clothes” ou “L’Empereur nu” en français, qui compile l’intégralité de ses connaissances sur le sujet du cannabis.
Le livre est un énorme succès littéraire, c’est une véritable bible d’informations vertes, qui sera même mise à jour une dizaine de fois, jusqu’à la mort de l’écrivain en 2010. Un must d’avant l’ère d’Internet, dont on vous recommande encore fortement la lecture aujourd’hui : https://www.amazon.com/Emperor-Wears-Clothes-Marijuana-Conspiracy/dp/1878125028

Deux fois candidat à la Présidentielle US

Ce personnage hors du commun aura marqué son époque par sa passion, oui, mais surtout par quelques coups d’éclats : en 1988 et en 1992 il se présente à l’élection présidentielle américaine pour, de son propre aveu, forcer les médias à écouter son message.
C’est d’ailleurs à Jack qu’on doit une bonne partie du changement des mentalités aux États-Unis, grâce à une offre de 100 000 dollars à quiconque pourrait prouver que le cannabis est mortel. Bien entendu, cet argent n’a jamais été réclamé, prouvant que la guerre faite à la plante était basée sur un mensonge.

Icône de la green culture

Aujourd’hui encore, le combat de Jack résonne. En 2018, le cannabis est enfin autorisé dans un cadre récréatif en  redevenant  légal au Canada, pays berceau d’une florissante industrie.
La variété éponyme qui lui a été dédiée, une hybride à majorité Sativa, élaborée par Sensi Seeds au début des années 90, est connue pour son high clair et pour ses effets sociabilisants.
La Jack Herer est si populaire qu’on la retrouve dans nombre de chansons de rap américain avec un hommage de Redman (qui était un ami de Jack Herer), de Joey Badass et même en France d’un ancien membre du groupe IAM,  Akhenaton.
Un bel hommage à cet homme du peuple à qui une compétition internationale (la Jack Herer Cup) a été dédiée.
L’événement se tient  tous les ans à Amsterdam, en Colombie, en Jamaïque, à Las Vegas ainsi qu’en en Thaïlande.
L’occasion de faire le tour du monde en 80 joints.

 

 

La weed fera-t-elle rouler la planète?

En plus de produire une belle fibre, nettoyer le sol ou alimenter animaux et humains, le chanvre peut être transformé en carburant, en l’occurence biodiesel ou éthanol. L’herbe fera-t-elle rouler les voitures de demain ?  Le cannabis est-il le fuel éco-responsable qui nous réconciliera avec l’environnement ? Éléments de réponse.

Le chanvre peut fournir 2 types de combustible; le biodiesel, fabriqué à partir de l’huile de graines de chanvre pressées, et l’éthanol, fabriqué à partir de tiges de chanvre fermentées. Et il s’avère que la belle plante pourrait bien  être la source de carburant le plus écologique de la planète. Le pétrole brut et le gaz naturel sont les deux matières qui fournissent près de 70% de la consommation énergétique mondiale.
Deux produits qui proviennent de réservoirs situés à des milliers de mètres sous terre. Les deux sont des combustibles fossiles formés au cours de millions d’années par la décomposition d’organismes morts. Leur production est chère et a un impact énorme sur l’environnement.

Alternative viable… mais moins profitable

Le chanvre, lui, est une plante qui peut être cultivée presque partout et qui produit des rendements de biomasse élevés pour une production de carburant en quelques mois seulement.
Et si les carburants au chanvre sont environ 50% moins efficaces que l’essence, les avantages environnementaux de la culture du chanvre pour le carburant dépassent de loin ceux de la recherche de pétrole brut ou de gaz naturel (qui sont eux des plus négatifs). Là encore, trouver une alternative écologique au pétrole brut ou au gaz naturel n’est pas vraiment difficile.

Fabriqué à partir de tiges de chanvre fermentées

Le biodiesel est fabriqué en mélangeant des graisses végétales ou animales et de l’éthanol. Aujourd’hui, selon l’EIA  (Energy Information Administration, L’Agence d’information sur l’énergie américaine),  plus de 50% du biodiesel est fabriqué à partir d’huile de soja. L’éthanol, d’autre part, est généralement produit à partir de maïs ou de canne à sucre.

En tant que culture, le cannabis offre de nombreux avantages par rapport au soja, maïs et à la canne à sucre. La densité de plants par hectare pour le maïs, la canne à sucre et le soja, par exemple, est respectivement de  44 000, 50 000 et 200 000 kilos. Le chanvre, quant à lui, peut être cultivé à une densité pouvant atteindre 2 400 000 Kg/hectare, selon Agriculture Manitoba.

Culture sous tous les tropiques

Le chanvre triomphe également du soja, du maïs et de la canne à sucre sur plusieurs problématiques cruciales : il peut être cultivé sous presque tous les climats, peut être prêt à la récolte en seulement 4 mois et est particulièrement résistant aux nuisibles et aux maladies. Il peut même aider à extraire les métaux lourds et autres contaminants des sols pollués, ce qui est beaucoup plus que ce que nous pouvons dire pour le soja (qui tue la biodiversité et contribue à l’érosion des sols).

Prêt à être récolté en seulement 4 mois et est particulièrement résistant aux nuisibles et aux maladies

Au moment de la récolte, le chanvre produit BEAUCOUP de biomasses. Selon Agriculture Manitoba, le chanvre industriel cultivé pour la fibre peut produire jusqu’à 6 tonnes par hectare, tandis que les plants de céréales (cultivés pour les graines) produisent environ 1000 kg par hectare.
Alors, pourquoi ne trouve-t-on pas d’essence de cannabis chez Shell ou BP?
Avec tant d’avantages à cultiver du chanvre pour le carburant (en plus de ses innombrables autres utilisations), il semble difficile de comprendre que nous ne récoltons toujours pas les fruits de cette plante miracle.

Or noir contre or vert

Qu’est-ce qui empêche le monde de se mettre au vert et au  chanvre?
Avant tout, remettre le monde au biodiesel de chanvre nécessiterait d’énormes quantités de terres agricoles. Selon Medium, la moitié des États-Unis devraient être recouverts de chanvre juste pour répondre à la demande du pays. Sans oublier que le biodiesel de chanvre coûterait environ 13 fois plus cher que le diesel ordinaire. En revanche,  l’éthanol de chanvre pourrait être produit pour moins de 0,50 € par litre . Et là, c’est intéressant.

L’éthanol de chanvre pourrait être produit pour moins de 0,50 € par litre

Malheureusement, le chanvre est toujours freiné par le fait qu’il s’agisse d’une culture encore en devenir, et qui atteint ses prix les plus élevés lorsqu’elle est cultivée pour les industries alimentaire, cosmétique et CBD. Et aussi le fait que Standard Oil, Gulf Oil et DuPont aient été liés à la prohibition du cannabis dans les années 1930 pourrait aussi avoir quelque chose à voir avec la raison pour laquelle nous ne remplissons pas nos voitures avec du chanvre.

Mais ça, c’est une autre histoire.

 

Habiter dans du chanvre, c’est aujourd’hui possible!

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Vous aimez le cannabis mais avez passé l’âge de fumer la moquette? Faites-vous construire une maison en chanvre, un matériau aux remarquables qui offre une remarquable isolation thermique. Une propriété qui tombe à pic alors que nos été se font de plus en plus chauds.

Dans l’histoire des trois petits cochons, c’est la maison faite de paille qui est la première à crouler face au souffle du grand méchant loup.
Si elle avait été en chanvre, il en aurait été autrement.
Car le chanvre produit une fibre des plus résistantes, en témoigne d’ailleurs son utilisation séculaire dans la marine où il servait à tisser cordes et voiles.
Aujourd’hui, ce sont des maisons que l’on construit avec le même cannabis grâce à la mise au point par l’entreprise Vicat d’un ciment composé à 85% de chanvre.

Découpables, légers, offrant une excellent isolation, les blocs (qui font la taille d’un parpaing classique) sont élaborés avec des plantes cultivées dans la Haute-Seine.
Deux gammes sont proposées: une adaptée à la construction et l’autre à la rénovation. Toutes les deux offrent un même avantage qui fait toute la différence alors que nous élaborons les habitations de demain: celui d’être composé d’une matière première on ne peut plus respectueuse de l’environnement, vertueuse même lorsque l’on sait que la culture du chanvre nécessite très peu d’eau,  se passe d’insecticides, et que la plante est un formidable piège à CO2.

Cette initiative 100% made in France a d’ailleurs conquis la ministre chargée de la transition écologique Barbara Pompili, qui offert en 2022 un chèque d’encouragement de 100 000€ à la société dans le cadre du plan d’aide à la même transition écologique.

 

Plus d’informations sur le chanvre ciment disponibles ici..

Qairos fera-t-il rouler la planète au carburant de chanvre?

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Fondateur de Qairos Energies, start-up sarthoise impliquée dans la transition énergétique et dans le stockage du carbone, Jean Foyer est le français qui pourrait bien enterrer notre dépendance aux énergies fossiles en faisant carburer les moyens de transport routiers au chanvre d’hydrogène. ZEWEED a voulu en savoir plus.

C’est en pyrogazéifiant de la biomasse de lin, de chanvre ou encore d’algues vertes bretonnes que Jean Foyer ambitionne de nous faire rouler vert. Cerise sur le gâteau, ces productions d’énergie seraient toutes issues de cultures locales, donc acheminées en circuit court. Par ce procédé, 6 kg de chanvre transformés en hydrogène permettraient à une voiture de parcourir 700 km, alors que 250 kg de chanvre autoriseraient le trajet d’un train sur 500 km. La France n’a pas de pétrole, mais elle a des chanvriers !

Zeweed : En quelque mots, pourriez-vous nous expliquer le process que vous avez développé pour changer le chanvre en hydrogène, dans le cadre vertueux de la transition énergétique et de la mobilité durable ?
Jean Foyer : Le process consiste à utiliser le formidable potentiel cellulosique du chanvre pour produire des gaz en utilisant un procédé très ancien utilisé pour les boues de pétrole et surtout le charbon depuis les années 1850 : la gazéification. en présence d’une forte quantité de chaleur, la tige de chanvre préparée de manière industrielle va se décomposer en gaz, principalement en hydrogène et en CO2. Pourquoi nous avons choisi le chanvre ? C’est premièrement pour la rapidité avec laquelle le chanvre se compose (moins de quatre mois) grâce à la capture du CO2 et la photosynthèse. Ce qui se compose rapidement se décompose également rapidement et la nature des gaz produits est proportionnelle à la qualité des matières organiques gazéifiée, avec le chanvre on maximise le taux d’hydrogène et de CO2 et donc la qualité des gaz en sortie est obtenue de manière naturelle et non artificielle avec des traitements nocifs parfois pour l’environnement. Le deuxième aspect qui nous a fait choisir le chanvre, c’est que c’est une plante très diversifiée en termes de débouchés, donc source de rémunération multiple pour les agriculteurs et les industriels, qui peuvent bénéficier de ses produits avant de nous livrer les co-produits issus des premières valorisations.

ZW : Avez-vous obtenu tout de suite, pour ce concept novateur, l’appui des autorités locales, vos démarches ont-elles été aisées ?
J.F. : Nous sommes localisés dans un département historique du chanvre et l’appui des autorités locales,chambre d’agriculture, groupement de producteurs de chanvre, DDT, DREAL, Préfecture, Métropole du Mans et Région Pays de la Loire, nous a réservé très rapidement un accueil très favorable et nous ont appuyé dans toutes nos démarches auprès de l’état. Tout ce qui peut être fait pour la transition écologique en lien avec la souveraineté alimentaire, industrielle et écologique…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

 

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NFT : l’Art cochon pour la planète.

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Enflammant les enchères, le développement du crypto-art, aussi connu sous l’acronyme NFT,  menace surtout de fumer l’environnement.

Au mois de mai dernier, pour l’équivalent d’une dizaine de SMIC  (14 820 € ), était adjugé  Io Sono, sculpture monumentale de Salvotore Garau. Le hic, c’est qu’elle est invisible et littéralement inexistante. Son concepteur est depuis menacé de poursuites judiciaires, l’un de ses brillants confrères, le Floridien Max Miller, accusant le plasticien toscan de plagiat. On se surprend à regretter Piero Manzoni qui vendait dans les années 60 de vrais étrons dans ses fameuses boîtes de Merda d’Artiste.

Réjouissons-nous tout de même ! Car ce délire post-Duchamp période urinoir est loin d’être la pire des menaces que font planer sur nos têtes les artistes du premier millénaire après Jack Lang.

2,5 millions le tweet

Car si les créatifs du moment réinvestissent l’invisible, un siècle après Klee, ils tendent aussi à dématérialiser l’art et son commerce. L’Internet devient un medium artistique. Il y a quelques semaines, Jack Orsay, patron de Twitter, a cédé son premier « gazouillis » pour 2,5 millions de dollars.

Plus impressionnant : Mike Winkelmann, alias Beeper, a vendu chez Christie’s un collage numérique de 5 000 images pour 69 M$ ! Dans les deux cas, les acquéreurs n’ont pas ramené les « œuvres » chez eux. Et pour cause : les œuvres de crypto-art n’ont rien de réel. Elles sont numérisées dans la blockchain, sorte de vaste registre de comptabilité numérique.

Everydays : the first 5000 days. Suprême NFT

Jetons non fongibles 

Les heureux acheteurs se voient attribuer des jetons électroniques aux caractéristiques uniques. Cette numérisation d’une œuvre (ou d’un actif) et de son contrat d’achat est ce que l’on appelle, en jargon, la « tokénisation ». Reversés à l’acheteur, les « jetons non fongibles » (Non Fungible Token ou NTF) les mène directement au premier tweet de l’histoire et à Everydays : the first 5000 days, leur garantit l’unicité, la traçabilité, l’inviolabilité des œuvres. Les NTF font aussi office de certificat de propriété. Détail : n’importe quel internaute peut voir ou copier ces œuvres numériques. Leurs « propriétaires » disposent juste du droit de vendre, si le cœur lui en dit, les NTF.

Dans l’absolu, cette nouvelle déclinaison de l’art numérique devrait réjouir les partisans de la sobriété, de la réduction de la consommation de ressources naturelles, de la baisse de la demande en voyage. Une fois créées, les œuvres ne bougent pas et leur transfert de propriété virtuelle se fait exclusivement en ligne. Bref, les écolos devraient se féliciter de voir enfler l’art de l’Internet. Qu’ils n’en fassent rien.

Stockés sur la blockchain, NTF et œuvres de crypto-art ont les mêmes biais écologiques que les Bitcoin, Ethereum et autre Dogecoin : ils sont terriblement énergivores. La « tokenisation » d’une œuvre numérique simple, comme Fish Store, de Stijn Orlans, a consommé 323 kWh d’électricité, a calculé Memo Akten, animateur du site spécialisé cryptoart.wtf (aujourd’hui hors ligne). Autant qu’une famille moyenne européenne en un mois !

L’original de cette œuvre de l’artiste belge Stijn Orlans s’est vendu 2.900 euros.

L’art au KWh

C’est Joanie Lemercier qui, le premier, a tiré le signal d’alarme. Dans un long message sur son site, l’artiste français indique que la création de 6 NTF pour 6 de ses œuvres a englouti 8 754 kWh d’électricité. En 10 minutes, le crypto-art avait consommé autant d’électricité que tout son atelier en deux ans. Pour le climat, cela équivaut à l’émission de 5 tonnes de gaz carbonique, soit l’équivalent de la consommation d’un ménage américain moyen pendant deux mois.
Conséquence : Joanie Lemercier cesse désormais de « tokéniser » ses œuvres en attendant que les plateformes d’échanges de crypto-monnaies réduisent leur empreinte carbone. De leur côté, les galeristes de branchés et les commissaires-priseurs continuent de jouer à fond la carte des NTF . La planète attendra. Pas le marché.

Pourquoi il faut boycotter le saumon à Noël.

La plupart des saumons que nous consommons sont élevés dans des installations industrielles. Polluantes, ces fermes marines nourrissent aussi la surpêche dans de nombreuses régions du monde. Zeweed vous explique pourquoi il vaut mieux investir dans les crustacés et fruits de mer pour le(s) réveillon(s). 

Ils sont de retour! Pas une armoire réfrigérée de supermarché, pas un étal de poissonniers n’y a échappé. A l’approche des agapes de fin d’année, les saumons ont entamé leur dernière migration… vers nos assiettes. Involontaires compagnons de nos fêtes, symboles de nourriture saine (adeptes des sashimi et de l’oméga-3 en filets bonjour), le plus grand des salmonidés se déguste fumé, semi fumé, en gravlax, à l’unilatérale ou poché. Car pour son malheur, on le met à toutes les sauces.

Fermes industrielles

Il y a belle lurette que le saumon que nous péchons en tête de gondole n’est plus sauvage. 70% des filets, paupiettes et steaks consommés en France proviennent des fermes d’élevage norvégiennes. Les écossais, Irlandais et Canadiens leur grignotent depuis quelques années leur parts de marché. Une bonne nouvelle? Pas exactement.
Dans les exploitations piscicoles, les saumons adultes sont parqués par milliers dans de volumineux bassins grillagés mouillés en mer. En surnombre par rapport à l’espace dont ils bénéficient, ils sont en état de stress permanent. Un épuisement qui les rend perméables à de nombreuses pathologies. Les poissons roses sont ainsi traités à coup d’antibiotiques, molécules toujours présentes dans les chairs après transformation.

Pollutions marines

Tout encagés qu’ils sont, nos héros potamotoques n’en demeurent pas moins des poissons. A l’instar de leurs congénères sauvages, ils pissent et chient sans entrave. Pareille concentration d’urée pollue joyeusement l’environnement des fjords où sont souvent nichées les fermes. Officiellement, le taux de la mortalité est inférieur à 2%. Ce qui fait tout de même des milliers de cadavres qui sont jetés à la mer chaque année, avec leur cortège de maladies et de médicaments.

Génie génétique

Certains des survivants parviennent à s’évader. En s’accouplant avec des congénères sauvages, ils risquent de les contaminer et de modifier le patrimoine génétique de ces derniers.  Cette préoccupation est particulièrement vive concernant certaines fermes canadiennes et panaméennes qui n’élèvent que des saumons génétiquement modifiés.
Créés par la société AquaBounty Technologies, les saumons AquAdvantage sont réputés pour leur vitesse de croissance très rapide et leur taille deux à trois fois plus importante que celle de leurs cousins naturels. Leur hybridation avec des poissons de pleine eau pourrait perturber l’équilibre des populations sauvages : les Frankenfish seraient stériles…. en principe. Et ce n’est pas tout.

Surpêche et réchauffement

Seigneur des mers et des rivières, le saumon ne grossit vite (gage de rentabilité) que bien nourri. De poissons, de préférence. En moyenne, il faut 2 kg. de nourriture diverse (farine et huile de poisson, insectes) pour produire un seul kilo de saumon. Qu’en déduire ?
Qu’une bonne part de la pêche industrielle sert à alimenter les fermes de saumons. Pour commercialiser les 436.000 tonnes de saumons qu’ils mettent sur le marché, chaque année, les éleveurs norvégiens achètent à vil prix près de 900 000 tonnes de poissons sauvages, généralement des sardines de Mauritanie et des anchois du Pérou. Autrement dit, les pêcheurs artisanaux mauritaniens et péruviens voient leur stock de poissons phagocytés par les chalutiers européens affrétés par les producteurs européens de saumons.
Cette surpêche menace la stabilité de populations piscicoles qui sont déjà affectées par les effets du réchauffement climatique.
Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au caviar… d’aubergine, aussi très riche en Oméga 3.

 

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