Cannabis

POTUS Cannabis club

Onze présidents américains ont flirté avec la weed. Des champs de cannabis de George Washington aux space cakes de Bill Clinton, petite histoire enfumée de la Maison Blanche.

Georges Washington

Le plus cultivateur.
Au XVIIIème siècle, le chanvre était largement cultivé afin de produire cordes et textiles (le chanvre utilisé pour sa fibre ne contient en revanche qu’une faible quantité de THC, l’agent psychoactif). Si le premier président des États-Unis a largement incité ses concitoyens à faire pousser la plante pour sa fibre, les cultures personnelles de Georges W. étaient destinées à un tout autre usage. Le 5 mai 1765, le premier président des États-Unis notera « qu’il est nécessaire de séparer plants mâles et femelles dès que possible, afin de tirer du chanvre le meilleur profit ».  À la fin de la même année l’homme  dont ont retrouve le visage sur tous les billets de 1 dollar écrira que « le chanvre est une remarquable plante, tant pour ses applications textiles et maritimes que pour ses vertus médicinales hautement appréciables».  Un Nouveau Monde est né !

Thomas Jefferson

Le plus esthète.
Avant de devenir Président, Jefferson occupait le poste d’ambassadeur des États-Unis en France.
En cette fin du XVIIIème siècle, alors que le futur chef d’Etat est encore diplomate, le tout Paris s’entiche du cannabis. Salons et clubs dédiés au haschisch fleurissent et s’installent dans les beaux quartiers de la capitale. Jefferson est immédiatement conquis par l’effet de la plante, tant et si bien qu’une fois revenu au pays, il fit venir de Chine des graines d’indica réputées pour leur puissance psychotrope. Le co-rédacteur de la Déclaration d’Indépendance écrira au sujet de ses stupéfiantes habitudes que  “Certaines de mes meilleures heures ont été passées assis sur ma véranda arrière, fumant du chanvre et observant à perte de vue.” Dude présidentiel.

James Madison

Le plus inspiré
Le père et co-rédacteur de la Constitution des US a régulièrement soutenu que c’est un beau soir de juillet qu’il avait soudainement eu  “l’inspiration et la perspicacité” de concevoir et rédiger les bases du texte fondateur de la démocratie américaine. Wikileaf précise à cet effet que “il est probable que le président Madison se réfère à une variété de cannabis récréatif très prisée par les premiers colons.” Et tout porte à croire que la partie «perspicacité»” dont il fait mention, lorsqu’il rédigeât une grande partie de la constitution, fait référence aux propriétés psychotropes de la belle plante.

James Monroe

Le plus régulier.
France encore. Dans le pays de toutes les tentations, le futur président James Monroe qui fut (comme Jefferson) ambassadeur des États-Unis en France, s’est adonné à Paris (encore comme Jefferson) aux plaisirs du haschisch.  De retour aux États-Unis,  le  premier chef d’Etat du Nouveau Monde à avoir pris parti contre l’esclavagisme continuera de consommer du haschisch régulièrement, et ce jusqu’à sa mort à 74 ans.

Andrew Jackson

Le plus vétéran.
Le célèbre général de l’armée américaine et président Andrew Jackson consignait régulièrement dans son journal fumer du cannabis avec ses troupes. « Pour apaiser ma conscience comme celle de mes hommes après l’horreur du combat ». (durant les peu glorieuses guerres amérindiennes du Mississippi). Une intuitive initiative tant il est désormais prouvé que le cannabis est un très bon traitement contre la douleur les angoisses post-traumatique.

Zachary Taylor

Le plus bref.
À l’instar de Jackson, le 12e président américain fumait de la marijuana avec ses officiers et soldats. Toujours à l’instar de Jackson, le chef de l’exécutif avait souligné les avantages thérapeutiques de mère ganja, remarques scrupuleusement notées dans son journal. Il fut emporté par le choléra après seulement un an et quatre mois de présidence.

Franklin Pierce

Le plus franc-tireur.
L’un des trois militaires de cette liste à devenir président. L’un des trois présidents issus de l’école la plus stricte qui soit; l’armée. Et pourtant, tout comme ses illustres prédécesseurs Jackson et Taylor, le président Pierce aimait tâter du pétard autour du feu avec ses troupes, durant la guerre américano-mexicaine.  Dans une lettre à sa famille, Franklin Pierce écrira que fumer de la weed était «à peu près la seule bonne chose à faire dans cette guerre ».  Les G.I envoyés au front pendant la guerre du Viet Nam suivront le conseil.

 

John F. Kennedy

Le plus méfiant
JFK a utilisé la marijuana pour traiter de sévères douleurs au dos. Selon nombre de témoignages écrits, dont celui de Michael Meagher qui dans «John F. Kennedy: A Biography», décrit une scène à la Maison Blanche: «Le 16 juillet au soir, Jim Truitt, Kennedy et Mary Meyer ont fumé de la marijuana ensemble. … Le président a fumé trois des six joints que Mary lui a apportés. Au début, il ne ressentait aucun effet. Puis il ferma les yeux et refusa un quatrième joint. ” « Peut-être pas une bonne idée… supposons que les Russes fassent quelque chose maintenant”.

Bill Clinton

Le plus sémantique.
Sacré Bill, jamais avare de quelque étonnante pirouette sémantique ( voir son témoignage devant le congrès à la suite de l’affaire Lewinski). En 1992, au sujet de sa consommation de marijuana  le 42e président américain declarera: «Quand j’étais en Angleterre, j’ai expérimenté la marijuana une ou deux fois. Mais je n’ai jamais inhalé la fumée parce que je n’aimais pas. ». Une rhétorique d’avocat dans toute sa superbe: effectivement, Clinton dit vrai comme le confirmera Christopher Hitchens, un de ses amis étudiants à Oxford de l’époque : « Bill ne fumait pas. Il n’aimait pas la fumée. Mais les space cakes en revanche, oh oui ! ».
Son compagnon d’études précisera :  « Bill, il était très brownies chocolat-pécan au beurre de cannabis. Ça, oui, il aimait beaucoup. Mais effectivement, il ne les inhalait pas. »

 

George W. Bush

Le plus évasif.
Le successeur de Bill, nettement plus candide, est connu pour avoir dans sa jeunesse abusé de l’alcool et des excitants colombien, travers  qu’il a à plusieurs reprises admis. Maias curieusement, Georges W. esquivait toute question concernant sa consommation de weed. Un soucis de discrétion vite balayé par le naturel de Junior qui en 2010 confessera à son biographe Douglas Wead (oui, à prononcer comme «weed») «Je ne répondrais pas aux questions sur la marijuana. Tu sais pourquoi? Parce que je ne veux pas qu’un petit enfant fasse ce que j’ai essayé”. Douglas Wead fera évidemment mention de cette phrase dans le livre…

Barack Obama

Le plus honnête.
Le président qui aura sans aucun doute le plus œuvré pour la dépénalisation et légalisation du cannabis a évoqué sans tabou sa consommation de weed dans ses vertes années, taclant gentiment  à Bill Clinton au passage «Quand j’étais plus jeune, je fumais. Et oui… j’inhalais. C’est comme ça que ça marche, non ? » (en 2008, lors de sa course à la présidence). Pendant son mandat  et de façon précise : «  Oui, j’ai fumé de l’herbe quand j’étais jeune, et oui, je considère ça comme une mauvaise habitude. Un léger vice ? Peut-être. Mais pas différent de celui des cigarettes que j’ai fumé gamin. Et je ne crois pas que cela soit plus dangereux que l’alcool » Enfin, en saluant  la  décision du Colorado et de l’État de Washington de légaliser la ganja il ajoutera : « Il est important pour une société de ne pas avoir une situation dans laquelle une grande partie des gens ont à un moment ou un autre enfreint la loi et dont seulement une petite partie soit punie pour cela. ».

 

Halloween special : cannabis et sorcellerie

Et si le pouvoir mystérieux et occulte des sorcières du moyen-Age venait du cannabis? C’est en tous cas ce que soutient Chris Benette dans son livre  “Liber 420: Cannabis, Magickal Herbs and the Occult”. Sortez vos chaudrons, philtres et feuilles en tous genre, je vous emènne sur les chemins de la ganja-magie.

Les sorcières fumeuses de weed: réalité ou fiction?

Un peu des deux, comme le résume assez bien la thèse très controversée du célèbre Jack Herrer . Ce grand prêtre de la weed pensait que la plante démoniaque évoquée lors du procès de Jeanne d’Arc (accusée de sorcellerie) était tout simplement du cannabis.
Le peu de certitudes établies, comme l’explique Chris Bennett , sont les témoignages apposés sur grimoires qui étaient à l’époque interdits (et donc pas toujours en très bon état) ou via les retranscriptions des fameuses minutes des procès de l’Inquisition. C’est-à-dire des aveux tirées sous la torture et à la relative fiabilité.

In weed we trust

Difficile donc de ne pas généraliser les pratiques des sorcières car dès l’arrivée des inquisiteurs la limite entre les pratiquantes de magie blanche (du type divinatoire et guérisseur) ou noire (qui est destinée à contrôler ou à blesser autrui) est devenue ténue.

Cannabis et mandragore

Ce qui est certain c’est que le cannabis était parmi leurs plantes de prédilection . Elle était principalement utilisée pour ses vertues médicinales équilibrant d’autres plantes aux principes actifs puissants comme par exemple la mandragore. Utilisée souvent sous forme de teinture, le cannabis faisait parti des ingrédients premiers de ces magiciennes des bois.
Ses décoctions sont d’ailleurs à l’origine de la légende des balais volants : le bout du manche était recouvert de potions aphrodisiaques et psychédéliques pour faire de l’instrument ménager un infernal sex toy pour vraiment s’envoyer en l’air.

Crowley et l’avènement des Wicca

Pour que la cannabis devienne un élément central  de la magie, il faut attendre l’arrivée d’Aleister Crowley au 19ème siècle. Le père décrié de la magie dite “cérémoniale” dont les travaux reposent sur les fondamentaux païens et intellectuels de la sorcellerie.
Ce grand fêtard connu pour ses orgies “démoniaques” incite tous ses disciples à fumer avec panache pour mieux communier avec les esprits et surtout pour s’approcher un des buts ultimes des pratiquants de la magie: atteindre le plan astral.

Aleister Crowley, AKA “L’homme le plus malsain du monde”.

“L’homme le plus malsain au monde” comme il était surnommé par ses détracteurs sera une influence majeure (une fois quelque peu assainie) pour le mouvement Wicca qui se concentrera plus sur la communion avec l’univers qu’avec la chair. Le cannabis en revanche est resté intact parmi les fondamentaux incontournables pour ses nouvelles pratiquantes de la magie qui sont près d’un million de nos jours.

Sorcières verte et herbe rouge

Même à l’ère digitale Weed et sorcières semblent toujours aller de paire.
Le cannabis menstruel est une des dernières modes parmi les néo sorcières Wicca. Une tendance qui vient d’Équateur ou elles appellent cette herbe sacrée utilisée lors de cérémonies mystiques “Santa Maria“. Le principe est simple, la plante est nourrie par le sang très chargé en azote des règles et, si possible, elle est toujours arrosée les soirs de pleine lune.
Cela donne d’après les témoignages des plantes très riches qui apportent des visions puissantes.
Apparemment le goût serait étonnement doux et la ganja luxuriante. Un vrai tour de magie verte.

 

Le retour de la ganja nature

En réaction aux weeds génétiquement modifiées qui affichent des taux de THC vertigineux et des effets hasardeux, un nombre croissant de cannabis aficionados se tournent vers des ganja dites “Landrace“, ces variétés qui poussent depuis des millénaires à l’état naturel. Et si l’avenir de la fumette était la ganja d’hier?

Ils ont entre 30 et 50 ans sont musiciens, photographes, designers ou journalistes.
Si tous sont de gros fumeurs d’herbe, aucun d’entre eux ne tient à se retrouver scotché devant la télé.
Pour ces consommateurs aguerris, il s’agit de retrouver le plaisir de consommer une ganja de qualité, qui a poussé au soleil, et dont les alcaloïdes ont été harmonieusement répartis au fil des siècles par dame nature.
« Je me rappelle bien des weeds que je fumais en 1995-2000 », se souvient Arnaud C. 43 ans et photographe de presse à Paris. «La Zaïroise (aujourd’hui congolaise) te donnait une bonne patate sans trop donner faim. Ça tombait bien, j’étais étudiant. Pour l’équivalent de 75 euros, j’avais 25 grammes. Pour d’évidentes raisons de gain de place pour ces marijuanas par définition importées, ces weeds arrivaient par blocs d’un kilo, compressés à la César.

Taux de THC plus bas

Si ces weeds affichent un taux de THC plus bas, elles offrent un effet plus nuancé et contrôlable, sans pour autant perdre de leur magie.
Pour ces gourmets de la fumette pour qui les années coach-lock n’ont que trop vécu, les effets du cannabis sont un moyen et non une fin.
« Imagine que tu es en train de déjeuner, et veux te boire un verre tranquille en terrasse. Simplement, sur le menu, t’as que de la vodka, de la Tequila ou du Gin » continue Arnaud.
« Soit tu passes, soit tu prends, et si tu prends, tu prends cher. Ça s’applique à la weed.
Avec Ganja commerciales, ton après-midi est foutue en terme de boulot, de créativité productive et même de relations sociales. L’après-midi, je fume de l’Acapulco gold. Un peu l’équivalent d’une bonne bière mexicaine bien fraîche : ça me détend sans me rendre con. » s’amuse le photographe.
 
Cyrille, commissaire d’expo et peintre à ses heures partage la même conception du plaisir cannabique « j’ai trouvé un excellent landrace, une Thaï sativa qui me met dans un bon esprit, me retourne pas et me permet de faire ce que j’ai à faire… peut-être en mieux » s’amuse ce père de famille de 38 ans.
« L’été, je suis plus ACEH, l’équivalent d’un rosé léger ou d’une bière. Elle n’assomme pas, rend jovial, actif et créatif en ce qui me concerne » explique de son côté Arnaud.
Et à l’instar de bons vins ou d’une bière, pas de syndrome « gueule de bois du pétard », cet état léthargique qui vous ramolli plusieurs heures après que les effets se soient estompés.

Plaisir raisonnable des vieux loup de l’herbe

« En Europe, la majeure partie de ces weeds ont été créés pour répondre à une attente de la part des consommateurs dans les coffee shops d’Amsterdam, or, quand le touriste lambda se pointe, il veut se pulvériser la tête » explique Ben, un franco-hollandais qui a été budtender au Pink King Coffee shop pendant 5 ans.
Et les breeders indoor *de répondre, business oblige, à une demande qui veut du lourd, du gros vert qui tâche.
À ce jour 12 700 variétés de weed ont été génétiquement créées depuis 2010. Une offre démesurée en nombre comme en chiffre (taux de THC/CBN/CBD), bien souvent au détriment des vraies qualités de la ganja.
 
Si les variétés affichant des taux de THC de 25 à 35% trouvent aujourd’hui preneurs, il y a fort à parier que dans quelques années, ce sont aussi ces mêmes consommateurs qui se laisseront séduire par quelques grammes de finesse des bongs de brutes.
« Les ventes de weeds Landrace importées explosent » remarque Ben le Budtender/dealer.
« Ce sont les petits Mickeys qui fumaient jusqu’à la cataracte il y a 7-8 ans qui, une fois posés dans la vie, se mettent aux naturelles » continu-t-il sourire aux lèvres.
« À l’approche de la trentaine, en matière de cannabis, ces ex stoners ont tout essayé dans tous les sens. Alors pour ne pas se retrouver avec une mémoire de bulot, ils y vont mollo » poétise-t-il.

Beuh Bio et Ganja AOC

Ce retour des « Beuh bio » ou des « Ganja AOC » s’inscrit aussi dans une approche responsable de notre corps, une tendance actée depuis quelques années déjà côté bouffe.
Mais pas seulement.
« Quand le cannabis est interdit, ça crée un phénomène comparable à celui de la prohibition de l’alcool aux États-Unis au début des années 30. Pour des raisons de rentabilité et de sécurité, seuls des alcools forts étaient produits, car ils prenaient moins de place. Comme les consommateurs n’avaient pas ou peu de choix, ils prenaient ce qu’il y avait : c’est-à-dire un alcool puissant, franchement mauvais pour le corps comme pour le cerveau. C’est exactement la même chose pour le cannabis. Interdire la distribution et consommation de  weed, c’est encourager la production de ganja de plus en plus forte et de plus en plus nocive » conclue Ben.
Le retour des weeds old school et leur succès comme signe d’évolution ?
À n’en pas douter.
 
 
 
*Breeder Indoor : cultivateur de cannabis poussant sous lampes, sans source de lumière naturelle, à partir de graines génétiquement modifiées.

Cannabis et mémoire

Si personne n’a oublié que le cannabis avait des effets notoires sur l’activité cérébrale, peu d’études ont quantifié l’impact réel de l’herbe sur la mémoire. Une donnée est en revanche incontestable:  tous les cannabinoïdes (CBD, CBG, THC…)  n’ont pas les mêmes effets – à court et long terme- sur le cerveau. Leur rôle dans le traitement et la perception des souvenirs diffère lui aussi en fonction de la quantité et de la fréquence de consommation.

Le CBD antagoniste du THC?

Rappelons le, toute substance ingérée qu’elle soit nocive ou non, a une incidence sur le cerveau. Le cannabis n’échappe pas à la règle : plusieurs études en neurosciences ont démontré que sa consommation impactait directement la circulation du sang dans diverses parties du cerveau : l’hippocampe, les lobes frontaux et le cervelet, entraînant ainsi des modifications notables de l’activité cognitive.

Les différences de variétés de cannabis jouent également un rôle non négligeable. Tandis que le cannabis Sativa est connu pour ses effets stimulants et énergisants, le cannabis Indica lui, ralentit l’activité cérébrale et peut provoquer une sensation de somnolence,  la mémoire en prend donc un coup au passage…
De nombreuses études ont démontré que la présence de THC dans l’organisme altère les capacités de mémorisation, notamment l’encodage des informations, la vitesse de traitement et le temps de réaction.  Mais les facteurs comme l’âge, la quantité et la fréquence de consommation sont déterminants pour évaluer les dommages sur la fonction mnésique.

Après trois mois d’abstention de consommation, les capacités redeviennent normales. Les dommages peuvent donc être réversibles à condition d’arrêter sa consommation suffisamment longtemps.
Le cannabidiol (CBD) quant à lui, n’a pas les mêmes effets sur le cerveau. Il agit sur les mêmes récepteurs endocannabinoïdes (CB1 et CB2) mais n’a pas de fonction psychoactive, autrement dit il épargne l’activité psychique tout en optimisant l’activité cérébrale. Plusieurs chercheurs ont découvert que le CBD augmentait le flux sanguin vers l’hippocampe, la zone du cerveau qui gère les souvenirs et l’apprentissage. Le CBD serait donc un allié intéressant pour la mémoire de travail et la mémoire sémantique.

L’équipe de l’Université du College London affirme même que « les résultats pourraient offrir de meilleures thérapies cibles pour ceux qui souffrent de maladies affectant la mémoire. » Telles que la maladie d’Alzheimer et le trouble de stress post-traumatique.

Zoom sur les différents types de mémoire

  • La mémoire de travail ou mémoire à court terme est la mémoire du présent. Sollicitée en permanence, c’est elle qui nous permet de retenir les informations pendant la réalisation d’une tâche ou d’une activité.
  • La mémoire sémantique est celle du langage et des connaissances sur le monde et sur soi. Elle se construit avec l’apprentissage et l’expérience tout au long de la vie.
  • La mémoire épisodique ou mémoire à long terme nous permet de nous situer dans le temps et l’espace. Raconter un souvenir d’enfance ou se projeter dans l’avenir fait appel aux mêmes circuits cérébraux.
  • La mémoire procédurale est celle des automatismes inconscients (faire du vélo, conduire, jouer de la musique etc).
  • La mémoire perceptive est liée à nos 5 sens. Elle permet de retenir des odeurs, des images ou des sons.

Ed Rosenthal, l’homme qui murmurait à l’oreille du chanvre.

Bien avant l’arrivée des growboxs et autres kits pour faire pousser chez soi, Ed Rosenthal était déjà en train de développer des techniques désormais utilisées par tous les cultivateurs en herbe.  Aux cotés de Jack Herer, le “doc'” Rosenthal est sans doute un des plus grand activiste et défenseur du cannabis aux États-Unis.
Portrait d’un gourou de la ganja.

S’ il y existait un mont Rushmore du chanvre, Ed Rosenthal y serait probablement représenté entre la reine de hasch Milan Jansen et  Jack “l’hemperor” Herer.
Comme Mila, il a fait avancer la qualité du cannabis consommé en améliorant les techniques qui l’entourent et comme Jack, il a fait avancer les mentalités mais aussi les lois des Etats-Unis.
A l’âge de 74 ans, le cultivateur né dans le Bronx profite enfin du fruit (ou dans le cas présent de la fleur) du combat de sa vie pour avoir le droit de faire pousser du cannabis en paix.
Ce maître zen de l’horticulture partage son savoir sur la plante depuis plus de 35 ans.

Rédacteur spécialisé growing chez High Times

Rien de très surprenant quand on apprend qu’il a commencé sa carrière en tant que rédacteur pour le mythique magazine High Times dans les années 80/90. C’est là qu’il développe ses talents sur le sujet aux côtés de l’intelligentsia alternative américaine et qu’il se lie d’amitié pour Jack Herer dont il s’inspirera pour de nombreuses publications.
Comme lui il a accumulé une masse presque encyclopédique de connaissances publiant des guides de jardinage bien sûr mais aussi des ouvrages sur l’apport social, économique et humain du chanvre sur la société.
Une cause qu’il embrasse jusqu’au tribunal puisqu’en 2002 (alors qu’il l’accord et le soutien absolu de la municipalité de la ville d’Oakland), il est arrêté par les agents fédéraux de la FDA.

Arrêté par la Food & Drug Administration

L’affaire fait grand bruit puisqu’elle démontre l’absurdité du système américain dans lequel les lois locales et nationales s’affrontent.
De son côté il a la proposition 215 (qu’il a participé à écrire et à faire voter) qui autorise le Cannabis médical dans la ville mais il fait face au gouvernement américain qui cherche à faire un exemple.
De l’aveu d’une jurée (dont vous pouvez trouver le témoignage ici) le procès est loin d’être impartial. Même si il n’est condamné qu’à un jour de prison il lance une procédure d’appel concluante pour révoquer la peine qu’il a déjà servi. En 2007 rebelote il est à nouveau inculpé par le Bureau du Procureur des États-Unis en personne… Mais il ne se voit pas ajouter un seul jour de prison à sa peine en dépit de sa condamnation. N’ayant jamais perdu son calme (et donc sa crédibilité) dans cette affaire très médiatique il attire une grande majorité de l’opinion publique de son côté.

Ed Rosenthal à la sortie de son procès (lunettes rondes, chemise blanche, veste gris-vert)

Deux fois condamné à un jour de prison

L’homme qui d’après Tommy Chong lui-même “a converti plus de monde au cannabis que Cheech et Chong” est loin d’être un rigolo (en dépit d’un grand sens de l’humour).
Il donne régulièrement des cours à l’université d’Oaksterdam – la seule au monde dédiée exclusivement au chanvre – afin de répondre aux questions des jeunes pousses sur leur manuel. Un manuel qui se trouve être son best seller: “Ed Rosenthal’s Marijuana Grower’s Handbook” (le guide d’Ed Rosenthal pour les cultivateurs de Marie-Jeanne).
Même si il a vendu pour plus de 2 millions d’exemplaires de ses livres, Ed a gardé la tête froide et la main verte.

Il a lancé sa propre chaîne Youtube AskEd420 dans laquelle il vante les mérites de son université située à Oakland “que les gens doivent absolument rejoindre sinon [il] se fera viré”, il donne des conseils botaniques et il explique aux internautes comment utiliser les produits qu’il a inventé.
Que rajouter si ce n’est silence:  Le prof le plus cool de la planète va parler.

 

La prohibition du cannabis en chiffres

Nombre d’usagers, montant des amendes, coûts de la répression, âge moyen de la première expérimentation… ZEWEED vous résume la prohibition en 10 chiffres clé. 

1970

L’année où, le 31 décembre, la loi « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite des substances vénéneuses » fait passer la détention et la consommation de cannabis dans le domaine du droit pénal. Elle est abrogée en l’an 2000, à la suite de la refonte du Code de la santé publique. La détention et l’usage du cannabis restent malgré tout interdits.

15,3

L’âge moyen d’expérimentation du cannabis en France, stable depuis la fin des années 1990.
Sources : « Enquête sur la santé et les consommations lors de la journée Défense et citoyenneté » (Escapad), 2017 ; « Cannabis et cannabinoïdes de synthèse », Drogues et addicitons : Données essentielles, OFDT, 2019.

900

Le nombre de Français entre onze et soixante-quinze ans fumant du cannabis quotidiennement. Ce chiffre place la France en tête du classement européen.
Source : Rapport OFDT 

36

Le nombre de pays, en 2024, où le cannabis est dépénalisé ; auquel il faut en ajouter huit où il est partiellement dépénalisé.
Source : Sénat.fr

1,823

En milliard d’euros, les rentrées d’argent si l’État contrôlait la production et la vente de marijuana (523 M€ de dépenses publiques en matière de répression + 1,3 milliard d’euros de recettes fiscales).
Source : Terra Nova/Le Monde, 2019.

96

Le nombre d’heures de garde à vue que peut occasionner la détention d’un gramme de cannabis.
Source : Service Public 

3 750

En euros, le montant de l’amende pour usage de cannabis, qui peut également occasionner une peine maximale d’un an de prison. Depuis mars 2019, « l’action publique peut être éteinte par le versement d’une amende forfaitaire d’un montant de 200 € ».
Source : ordonnance n° 2021-409 du 8 avril 2021, du Code de la santé publique.

78%

En 2022, 78% des Français étaient favorables à la légalisation du cannabis thérapeutique
Source : IFOP

3,24

En milliards d’euros, le montant du marché illégal de cannabis en France, soit entre 360 et 500 tonnes de cannabis consommées par an en France.
Source : rapport de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et de l’OFDT, 2020.

568,1

En millions d’euros, le montant des dépenses publiques pour lutter contre le cannabis (398,4 M€ pour la répression, 125,1 M€ pour la justice, 8,1 M€ pour la santé, 36,5 M€ pour la prévention). On estime les coûts de la légalisation dix fois moindres.
Source : Christian Ben Lakhdar et Pierre-Alexandre Kopp, « Faut-il légaliser le cannabis en France ? Un bilan socio-économique », Économie et prévision, n° 213, 2018.

Quand Alexis Chanebau chante la légalisation du cannabis

Puits de science cannabique, auteur d’ouvrages de référence*, Alexis Chanebau est un musicien aux multiples collaborations (Bernard Lavilliers, les Rita Mitsouko, Niagara…). Deux talents qu’il conjugue pour chanter la légalisation du cannabis, dans un clip aussi stupéfiant qu’instructif. Bonne écoute!

 

ZEWEED :Pourquoi une chanson pour la légalisation du cannabis?
Alexis Chanebau : Parce que sa prohibition est un non-sens culturel et écologique
En Europe, jusqu’en 1850, le chanvre représentait 90% des voiles et cordages de tous les navires. Il était responsable de 80% de la production de papier et de vêtements non créés à partir de fibres animales. La loi « Marijuana Tax » fut principalement organisée en 1937 par les lobbys U.S. de la pétrochimie (dont Dupont De Nemours). Le but de cette loi était pour Dupont de Nemours d’imposer des fibres issues du pétrole (nylon, polymères, etc.). Cette loi marque le début d’une ère de profit au mépris de la nature.

C’est sans compter que la culture du chanvre ne nécessite pas de pesticides ou insecticides et consomme deux fois moins d’eau que celle du coton. Qui plus est, le chanvre absorbe le CO2 mieux que n’importe quelle plante cultivée en cycle court. Cerise sur le gâteau : le chanvre assainit les sols de la plupart de produits chimiques nocifs en à peine une décennie. Quant à son entretient quotidien… il est proche de zéro contrairement au lin.
Le cannabis sativa, cultivé sans contrôle de THC, il y a encore 80 ans suscite l’espoir d’un avenir plus serein pour notre planète. Alors que le réchauffement climatique impacte toutes les zones, c’est un immense espoir!

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Mémoires du chanvre français: Département par département, du Néolithique à la Prohibition est disponible via ce lien

Les afterworks américains carburent au THC

Aux US, les afterworks passent au vert . Les millennials et la Gen Z, conscients des ravages causés par le binge drinking, se tournent de plus en plus vers des boissons au cannabis. Le THC comme nouveau carburant social : une bascule culturelle qui inquiète sérieusement les lobbys de l’alcool.

Gen Z et THC

Aux États-Unis, boire un verre après le boulot ressemble de moins en moins à un happy hour et de plus en plus à un “high hour”. Selon un sondage de Drug Rehab USA, un tiers des millennials et des travailleurs de la Gen Z préfèrent désormais une boisson infusée au THC à un verre d’alcool.L’étude, menée auprès de 1 000 adultes actifs, ne fait que confirmer un glissement déjà amorcé : à mesure que la légalisation du cannabis gagne du terrain et que les ravages de l’alcool sont mieux connus, une bonne partie des jeunes générations choisit la weed plutôt que la vodka.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 66 % des adultes américains affirment avoir testé des alternatives à l’alcool au cours des six derniers mois. Parmi eux, près d’un quart déclare avoir remplacé tout ou partie de sa consommation par des boissons sans alcool ou à base de cannabis.Dans ce rituel du “débranchage” après une journée de taf, l’alcool reste majoritaire (45 %), mais la nicotine (24 %), le cannabis (20 %) et les boissons alternatives (16 %) sont désormais bien installés. “Les habitudes évoluent, les générations aussi”, constate Drug Rehab USA. Et les soirées ne se résument plus à un whisky sec au comptoir : le relâchement passe aussi par une canette de THC, une bière sans alcool ou un sachet de nicotine. Une habitude que les sondés préfèrent car elle évite les dérapages liés à une trop gourmande consommation d’alcool.

Les scientifiques suivent la tendance. Une étude sur les rongeurs a montré que le CBD réduisait l’alcoolémie et le binge drinking. Une autre, publiée dans Molecular Psychiatry, a démontré qu’une dose unique de 800 mg de CBD aidait les personnes souffrant de troubles liés à l’alcool à mieux gérer leurs envies de boire.En mai, une recherche financée par le gouvernement fédéral a confirmé que fumer de l’herbe juste avant de boire faisait chuter le nombre de verres consommés. Au Canada, où la marijuana est légale, les ventes de bière reculent déjà. Autant d’indices qui inquiètent les géants de l’alcool, confrontés au concurrent vert.

Menace verte

Les cabinets d’analyses s’affolent : selon Bloomberg Intelligence, la substitution du cannabis à l’alcool est en “forte croissance” et constitue une « menace sérieuse » pour le marché des boissons alcoolisées. D’autant que le phénomène ne s’arrête pas aux pintes et aux verres de vin. Des sondages successifs montrent que les Américains utilisent aussi le cannabis pour réduire leur consommation de cigarettes, d’antidouleurs ou même d’opioïdes.Une enquête de YouGov a d’ailleurs révélé que la majorité des Américains juge la consommation régulière d’alcool plus nocive que celle du cannabis. Mais, paradoxe : beaucoup continuent de préférer le verre de vin, même en connaissant les risques.

One joint a day keeps the doctor away

Les chiffres, encore eux, dessinent une révolution silencieuse : les jeunes adultes sont aujourd’hui presque trois fois plus nombreux à consommer du cannabis quotidiennement que de l’alcool. Une étude publiée dans Addiction confirme qu’il y a désormais plus d’Américains qui fument de l’herbe tous les jours que d’Américains qui boivent quotidiennement.Et ça ne s’arrête pas là : un sondage du National Institute on Drug Abuse montre que beaucoup estiment que limiter l’alcool serait bénéfique pour eux, alors qu’ils ne ressentent pas la même nécessité avec le cannabis.>

Dernier clou dans le cercueil du glou-glou : de plus en plus d’études indiquent que le cannabis n’est pas seulement une alternative festive, mais aussi un substitut moins dangereux pour des substances autrement plus lourdes, comme la morphine ou la méthamphétamine. Au Canada, la légalisation a été directement associée à un déclin des ventes de bière.Autrement dit, la soirée américaine ressemble de moins en moins à “Mad Men” et de plus en plus à une pub pour seltzers au THC. Avec, en toile de fond, un basculement culturel majeur : la weed, hier criminalisée, est devenue en quelques années l’option jugée la plus “safe”. Trinquez au THC avant que ce soit votre santé qui trinque!

Avec Marijuana Moments

Histoire d’un tube : La Cucaracha

C’est le moment de retrouver votre cours d’histoire cannabique préféré : Zeweed vous raconte aujourd’hui l’origine de la plus célèbre mélodie mexicaine, un hymne insolent et entêtant. Oubliez la Macarena, cet été, on se met tous à la Cucaracha!

Vous avez dû la supporter en klaxons, dans le métro et en BO de milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha:

Vous avez dû la supporter dans les transports en commun, dans des supermarchés ou face aux milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha.

Un fait peu connu, puisque le consensus concernant la première chanson sur notre plante préférée est en général en faveur de “Reefer Man”, un classique provoquant sorti en 1932. Cette composition Jazz très fun, jouée par le détonnant Cab Calloway, arrive en réalité trois ans après “Muggles” (du patriarche de la trompette Louis Armstrong) mais surtout près de 20 ans après la Cucaracha.
Fun fact: “Reefer Man” a tout de même le privilège d’avoir, en introduction, le tout premier sketch sur la Ganja  gravé sur vynile, bien avant les comédiens Cheech et Chong, dans les années 70.
La particularité de la Cucaracha, c’est qu’il existe autant de versions que de types de tequilas au Mexique.

Hymne au cul du joint

La mélodie reste toujours la même, mais les paroles varient selon les régions et le contexte politique du pays.
Si on ne connaît pas exactement la date de sa composition, trois interprétations sont particulièrement iconiques et elles reflètent les trois sens du mot Cucaracha. Le mot en espagnol, signifie « cafard » et s’applique différemment selon la période :

– Au sens propre, comme dans la première partition du morceau (qui remonte à 1818 et la guerre d’indépendance du Mexique avec l’Espagne, qui dura de 1810 à 1821). Dans cette version, c’est l’histoire d’un Cafard qui a perdu une patte et qui a des difficultés à se déplacer.
– Au sens figuré, comme en 1870, pour s’opposer à la nomination de l’empereur Maximilien d’Autriche
– Et dans le cas de la version la plus connue de la chanson, celle qui l’a établie comme un monument national digne de Frida Kahlo : en argot.
Car Cucaracha signifie avant tout “joint” en espagnol ! C’est d’ailleurs de ce mot que viendrait l’expression “roach” en anglais qui signifie “Cul de joint” et “Cockroach” qui est le nom du Cafard en anglais.
Dans cette version dédiée au révolutionnaire Victoriano Huerta (président du Mexique entre 1913 et 1914), pas d’ambiguïté dans les paroles:

Le cafard Le cafard/ 
Ne peut plus marcher/ 
Parce qu’il n’a pas/ 
Parce qu’il lui manque/ 
De la marijuana à fumer.

L’origine de cet étrange hommage ?
Le révolutionnaire était très fortement soupçonné d’être un fumeur en raison des énormes lunettes noires qu’il portait à cause de sa cataracte (une maladie des yeux), d’un amour de la fête certain qui lui donnait une démarche qu’on va qualifier “d’incertaine” et de rumeurs appuyées sur des parfums aromatiques qui l’entouraient à chacun de ses déplacements.

L’Uruguay, nouvel eldorado des chasseurs graines de cannabis rares

Que vous fassiez pousser trois plants dans votre placard ou possédiez une ferme légale de plusieurs hectares, il y a fort à parier que la weed que vous cultivez soit le fruit d’une graine venue d’Espagne ou des Pays-Bas.
Ce monopole, une poignée de breeders uruguayens vient le taquiner à coup de variétés aussi détonantes qu’exotiques.
Notre correspondant Steve a mené l’enquête.

Il est 16h30 par une journée lourde et grise à Buenos Aires.
J’émiette consciencieusement une belle tête de Ganja vert foncé aux jolis reflets violets.
Alors que j’allume mon spliff et avale ma première taf, une douce et épaisse fumée remplit la pièce pendant qu’une délicieuse sensation monte en moi.
Je suis en train de savourer une Blueberry Automatique qu’un ami a fait pousser l’été dernier, sur sa terrasse et sous le Soleil argentin exactement.
Les graines, à ma grande surprise, provenaient de Del Plata Genetics, une seed bank uruguayenne.

Graine de star

En 2013, la petite nation latino-américaine devient le premier pays à légaliser entièrement le cannabis. Si vous êtes résident uruguayen, vous pouvez acheter de l’herbe dans une pharmacie, un cannabis-club ou alors la cultiver.
Il est aussi possible de s’en griller un partout où il est légal de fumer une cigarette, et on peut même pousser le plaisir lié à cette émancipation en demandant du feu à un policier.
Mais depuis la légalisation,  la croissance de l’industrie du cannabis en Uruguay a été lente. Très lente.
Une image : si le business américain du cannabis était un mall sur cinq étages, l’industrie de la weed en Uruguay (pour autant qu’on puisse appeler ça une industrie ) serait une épicerie de proximité.
Face à cette lacune en la matière verte, le pays a décidé (à son rythme) de prendre les choses en main en créant les premières banques de graines uruguayennes.

 

Les 25 récompenses et trophées  d’Alberto Huergo. Image Silver River Seeds

Silver River Seeds, basé à Montevideo, propose un catalogue assez impressionnant de plus de 20 variétés féminisées et automatiques différentes, avec des noms  aussi funky et tropicaux que Despink, Sourflash, River Haze, ou Apple Cookies.
Des variétés qui sont l’œuvre d’Alberto Huergo, un mystérieux cultivateur et auteur d’une bible du growing : Sativa: Cultivo Interior disponible ici en V.O.
Avec 30 ans d’expérience cannabique et deux décennies passées à faire pousser de la weed, Alberto n’est rien d’autre qu’une sommité dans le milieu des breeder sud-américains.
Il est l’homme derrière la Desfran de Dutch Passion, vainqueur de la Copa Del Mar 2011 en Argentine et de la Copa De Rio 2012 au Brésil… entre autre. (voir photo ci-dessus)
Son livre, publié en 2008, est une encyclopédie de 600 pages qui couvre tout ce qu’il y a à savoir sur la culture de la weed indoor, sur les cycles photopériodiques, sur la façon d’identifier et de traiter carences et parasites, sur l’art du triming, du curing… liste non-exhaustive.
Alberto est également à la tête de Haze, un magazine sur la culture de la marijuana, publié en Argentine, en Uruguay et au Brésil.

Graines bancables

Hélas, après avoir attendu avec impatience une réponse de Silver River Seeds en vue d’un entretient avec Alberto dans le cadre de cet article,  je reçois ce message:
«Merci Steve pour votre intérêt et votre proposition. Nous préférons continuer à voler bas pour éviter d’être détecté par les radars. Il est légal de cultiver en Uruguay, de posséder un Cannabis Club,  de produire vos propres graines mais  il n’est pas  clair s’il est légal de faire de la publicité et de les vendre. Si je savais que c’était légal, j’irais à la télévision et je vous donnerais plusieurs interviews. Mais malheureusement, nous sommes dans une zone grise, et même l’IRCA [Institut uruguayen de réglementation et de contrôle du cannabis) ne saurait quoi vous dire [sur la légalité de la commercialisation et de la vente des semences NDLR]. »
Cette absence de réglementation précise est un problème récurrent de l’Uruguay et de son approche de la culture du cannabis.

Les lois de l’Uruguay sont ainsi faites qu’elles continuent d’alimenter un marché noir; celui  de la weed destinée aux touristes,  qui ne peuvent acheter légalement de cannabis dans le pays. Un marché noir à l’approvisionnement favorisé par des frontières très mal contrôlées, ce qui facilite la contrebande venant des pays limitrophes.
La ville de Rivera, au nord, partage par exemple une rue avec la ville brésilienne de Santana do Livramento.
Passer de l’Uruguay au Brésil est ici littéralement une question de traverser la rue qui, au cours des 3 jours que j’ai passés à Rivera en 2019, n’a jamais été surveillée, aussi bien par les autorités uruguayennes que brésiliennes.

Zones grise-verte.

Malheureusement, ce manque de réglementation ne fait pas seulement la part belle à l’économie parallèle. Il affecte aussi les cannabis-entrepreneurs locaux.
Des gens comme Alberto qui s’efforcent de transformer leur expérience et leur passion pour la weed pour en faire un gagne-pain.
Pour autant, et malgré ses nombreuses lacunes, l’Uruguay garde, socialement, une bonne longueur d’avance.
Après tout, c’est le premier pays à avoir légalisé l’usage et la culture du cannabis.
Et pour toute personne vivant dans un pays qui criminalise toujours la consommation d’herbe, ça vaut tout l’or du monde…
Avec un peu de chance, et pendant que le marché et l’industrie de la weed se développent en Uruguay, la visibilité et les contours de ces zones grises-vertes  ( à l’instar du commerce de graines) se préciseront.
Donnant enfin à des innovateurs comme Alberto la possibilité d’étendre les racines et branches de leurs vertes entreprises.

 

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