Les plantations de chanvre pourront capter plus de CO2 que les forêts les plus carbophiles. Sans compter les utilisations industrielles du matériau végétal. Revue de détails.
Vous ne le savez, peut-être, pas, mais nous avons un grand dessein. Signé en 2015, l’accord de Paris nous oblige à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. à la mitan du siècle, nous devrons, collectivement, équilibrer émissions et sources d’absorption de CO2.
Cela implique, bien sûr, de réduire drastiquement nos rejets de gaz à effet de serre (Ges), probablement d’un facteur six ou sept, en trente ans. Mais aussi de dégoter des moyens de capter et de stocker le carbone résiduel. Les forêts semblent les candidates idéales. Hélas, elles ont tendance à reculer devant les assauts des tronçonneuses. Et les changements de climat à venir font craindre pour la bonne santé des massifs que nous connaissons.
Eponge à carbone
Le cannabis fait figure d’éponge à carbone de compétition. Pourtant, avec sa fine tige et ses feuilles dentelées rien ne semblait désigner Cannabis sativa comme un champion de la neutralité carbone. Et pourtant. Dans les laboratoires du centre pour l’innovation des matériaux naturels (université de Cambridge, Royaume-Uni), on teste tous les biomatériaux (bambou, bois, fibres naturelles, chanvres) susceptibles d’alléger l’empreinte carbone de l’industrie ou du secteur de la construction. Cannabis compris.
En cours, les essais donnent déjà des résultats très prometteurs. Pour le spécialiste des matériaux Darshil Shah, le cannabis pourrait absorber 8 à 15 tonnes de gaz carbonique atmosphérique par hectare de culture. Impressionnant ! En moyenne, un hectare de forêt métropolitaine française stocke 5 tonnes de CO2 par an.
Plastiques et matériaux
Et le bilan décarbonique du cannabis pourrait être meilleur encore ! Car, notre plante favorite (ses fibres surtout) peut remplacer bien des matières dont la production est extrêmement carbonifère. On connaît tous (à défaut d’avoir les moyens d’en acheter !) les jeans en chanvre. Mais les fibres du cannabis peuvent se substituer à bien des plastiques d’origine gazière ou pétrolière, mais aussi à l’aluminium et à certains aciers. Autant de matériaux dont la production est extrêmement énergivore et donc génératrice de gaz à effet de serre.
Last but not least : le cannabis pousse très bien sans engrais. Or, la décomposition des engrais azotés est l’une des principales contributions au renforcement de l’effet de serre d’origine agricole. Qu’on se le dise !