Volodia Opritchnik

Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

La Californie, premier marché du cannabis d’AOC

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La Californie a crée des appellations d’origine de cannabis. Un moyen pour dynamiser le business. Et le protéger aussi des chaleurs du réchauffement.

Depuis longtemps, on la désigne sous le nom de son pays d’origine : l’Afghane, la Marocaine ou la Libanaise. Ces sobriquets ne garantissent aux usagers ni la provenance réelle de leur weed favorite, ni sa qualité. Les Californiens devraient faire évoluer les choses. Le gouverneur du Golden State vient d’approuver une proposition de loi originale. Entrée en vigueur en octobre, la loi 67 introduit, en effet, la notion d’appellation d’origine pour la production de cannabis.

Exit indoor
Appellation d’origine, comme pour le vin ? C’est bien l’idée des législateurs. Pour donner un avantage concurrentiel aux productions made in California, la loi impose au ministère local de l’agriculture et de l’alimentation de présenter rapidement un cahier des charges pour l’inscription de ces nouvelles AOC. Etant entendu qu’elles ne s’appliqueront qu’aux plantations de pleine terre. Les cultivateurs indoor peuvent repasser.

La victoire du terroir
Si le nom de ces futurs « climats », « châteaux » ou autres domaines n’est pas encore reconnu, l’intérêt de cette classification saute aux yeux des professionnels. D’abord, protéger la réputation des meilleures zones de production, à l’image des vignobles de la Santa Maria Valley ou des Hautes-Côtes-de-Nuits.
Les planteurs veulent aussi populariser une idée bien française : le terroir. Imaginée par les commerçants français du XIIIe siècle, cette subtile alliance de la terre, du climat et du savoir-faire de l’agriculteur est gage de qualité et de spécificité. Jadis méprisé par les viticulteurs américains, le concept fait son chemin dans la Napa Valley et chez les producteurs d’herbe.

Donner envie
Classifier les plantations, c’est aussi susciter l’envie chez les consommateurs de découvrir les propriétés, ceux qui les exploitent et leurs productions. Les planteurs californiens rêvent d’ouvrir les routes de l’herbe, calquées sur celles du vin. Pas idiot, si l’on garde en tête que 3 millions d’amateurs sillonnent celles qui mènent à la Napa Valley, la région viticole la plus connue de Californie.

Mendocino first ?
Nul doute que les premières appellations devraient émerger du côté de Mendocino, ravissant bourg maritime situé à 250 km au nord de San Francisco. A la tête de l’Origins Council, Genine Coleman bataille pour créer l’AOC Mendocino. Avec son équipe de cultivateurs, de juristes et de commerciaux, la planteuse et spécialiste des arts martiaux fourbit ses argumentaires, dont certains s’appuient d’ailleurs sur des arrêts du Conseil d’Etat … français.

Carbone et biodiversité
Dans son esprit, la notion de d’appellation d’origine cannabique doit, bien sûr, encadrer les pratiques, garantir la qualité des produits, contribuer à la notoriété des produits. Plus étonnamment, l’Origins Council estime aussi que la notion de terroir, fut-il cannabique, est une réponse au changement climatique. A condition, par exemple, que le cahier des charges de l’appellation impose des pratiques culturales qui favorisent le stockage du carbone dans le sol, préservent la biodiversité des microorganismes de la terre (ce qui améliore la résilience des cultures !) et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Un postulat que les patrons de syndicats d’appellation vinicoles devraient reprendre à leur compte.

Alors que l’Allemagne a légalisé le cannabis le 1er avril, donnant aux petits producteurs toutes leurs chances de prospérer, il y a fort à parier que le vieux continent commence à proposer des appellation locales de grande qualité… En attendant que la France puisse se lancer sur ce fumant segment des AOC , qui font déjà la réputation des vins et fromages bleu-blanc-rouge dans le monde.

 

Le chanvre, ce formidable puits de carbone

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Les plantations de chanvre pourront capter plus de CO2 que les forêts les plus carbophiles. Sans compter les utilisations industrielles du matériau végétal. Revue de détails.

Vous ne le savez, peut-être, pas, mais nous avons un grand dessein. Signé en 2015, l’accord de Paris nous oblige à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. à la mitan du siècle, nous devrons, collectivement, équilibrer émissions et sources d’absorption de CO2.

Cela implique, bien sûr, de réduire drastiquement nos rejets de gaz à effet de serre (Ges), probablement d’un facteur six ou sept, en trente ans. Mais aussi de dégoter des moyens de capter et de stocker le carbone résiduel. Les forêts semblent les candidates idéales. Hélas, elles ont tendance à reculer devant les assauts des tronçonneuses. Et les changements de climat à venir font craindre pour la bonne santé des massifs que nous connaissons.

Eponge à carbone

Le cannabis fait figure d’éponge à carbone de compétition. Pourtant, avec sa fine tige et ses feuilles dentelées rien ne semblait désigner Cannabis sativa comme un champion de la neutralité carbone. Et pourtant. Dans les laboratoires du centre pour l’innovation des matériaux naturels (université de Cambridge, Royaume-Uni), on teste tous les biomatériaux (bambou, bois, fibres naturelles, chanvres) susceptibles d’alléger l’empreinte carbone de l’industrie ou du secteur de la construction. Cannabis compris.

En cours, les essais donnent déjà des résultats très prometteurs. Pour le spécialiste des matériaux Darshil Shah, le cannabis pourrait absorber 8 à 15 tonnes de gaz carbonique atmosphérique par hectare de culture. Impressionnant ! En moyenne, un hectare de forêt métropolitaine française stocke 5 tonnes de CO2 par an.

Plastiques et matériaux

Et le bilan décarbonique du cannabis pourrait être meilleur encore ! Car, notre plante favorite (ses fibres surtout) peut remplacer bien des matières dont la production est extrêmement carbonifère. On connaît tous (à défaut d’avoir les moyens d’en acheter !) les jeans en chanvre. Mais les fibres du cannabis peuvent se substituer à bien des plastiques d’origine gazière ou pétrolière, mais aussi à l’aluminium et à certains aciers. Autant de matériaux dont la production est extrêmement énergivore et donc génératrice de gaz à effet de serre.

Last but not least : le cannabis pousse très bien sans engrais. Or, la décomposition des engrais azotés est l’une des principales contributions au renforcement de l’effet de serre d’origine agricole. Qu’on se le dise !

 

Ecologie et cannabis: à quand l’herbe verte?

En chambre, en serre ou en champs, la culture de cannabis est rarement compatible avec des objectifs de développement durable. Heureusement, des solutions existent pour réconcilier la belle herbe avec la nature.

Ce n’est pas parce que la culture du cannabis se légalise petit à petit qu’il faut faire n’importe quoi.
Or, force est de constater que de nombreuses plantations, indoor ou outdoor sont de véritables insultes à l’environnement et au climat réunis.
Sous serre, en terre ou au fond d’un placard, les cultures intérieures sont d’abord énergivores. L’usage démesuré de lampes à incandescence à forte puissance engloutit des volumes astronomiques d’électrons : de 4 000 à 6 000 kWh par kilo d’herbe produite. A cela, s’ajoutent les ventilateurs, systèmes d’extraction d’air, pompes, automates, etc.

Du CO2 par millions de tonnes

Selon certaines estimations, la demande des plantations US de cannabis flirte avec le 1% de la production américaine d’électricité : autant que le réseau informatique mondial du Bitcoin. Rapporté à l’intensité carbone du secteur électrique américain, cela représente une trentaine de millions de tonnes de CO2 par an expédié dans l’atmosphère. Pas négligeable. Amatrice de chaleur, Marie Jeanne est aussi une grande buveuse devant l’éternel. Dans certaines plantations californiennes, il faut compter 1 800 litres d’eau pour passer de la graine au plant prêt à être récolté.

Plastique partout, recyclage nulle part

Bien évidemment, tous les cultivateurs n’ont pas encore découvert les joies de l’agriculture biologique. Or, la culture industrielle de weed peut se révéler gourmandes en pesticides. Plus ou moins toxiques, ces petites molécules se retrouvent dans la fumée inhalée par les consommateurs et dans les eaux d’écoulement des cultures. De quoi se fâcher tout vert avec les protecteurs de la biodiversité. Et avec les usagers. Ce n’est pas tout.

11e plaie d’Egypte

Pour éviter tout relâchement d’odeurs et toute utilisation malencontreuse par les enfants, les autorités nord-Américaines obligent les producteurs de weed à empaqueter leurs produits dans des emballages à usage unique, opaques et résistants au déchirement. Réalisés avec plusieurs couches de matériaux, ces emballages sont impossibles à recycler et ne se dégradent qu’en plusieurs siècles.

Circuit fermé ou hydroponie

Telle quelle, la production d’herbe apparaît comme la 11e plaie d’Egypte. Ce n’est pas une fatalité. Certains industriels ont conçu des serres équipées de systèmes de filtration d’air et de circuit fermé d’eau. L’eau en surplus est collectée, filtrée et stockée, en attendant d’être à nouveau pulvérisée sur les plants. On peut aussi opter pour des techniques hydroponiques, sans terre, et dont la consommation en eau est de 90% inférieure à celles des techniques culturales traditionnelles.

Halte aux lampes à décharge

Difficile de se passer de lumière et de chaleur. Mais l’ont peut remplacer les très efficaces lampes à vapeur de sodium haute pression par des diodes électroniques (Led), dont les performances énergétiques (et agronomiques) ne cessent de croitre. Avec de sérieuses économies d’électricité à la clé. Reste à régler la gestion des déchets électroniques inhérents à l’utilisation des Led.

L’avenir est au large

Quid de l’emballage ? Sujet difficile, tant il est tributaire des législations nationales, voire locales. Certaines entreprises, telle la Californienne Ocean Cannabis fait réaliser ses emballages en plastiques récupérés dans l’océan et recyclé. Les emballages proposés par Sana Packaging sont réalisés en chanvre ou en plastique recyclé. En France, Terracycle produit, elle aussi, des plastiques avec des déchets collectés sur les plages.

Envoyez-vous (vraiment) en l’air dans un avion en cannabis!

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Plus résistant que l’acier et moins polluant que la fibre de verre, le chanvre sert à tout. Même à construire des avions. Illustration.

Derek Kesek est un homme comblé. En vendant en ligne des produits dérivés du cannabis (distillat, chocolat, friandise, graines), il a fait fortune grâce à sa plante préféré. Une plante qui lui apporte aussi des joies nouvelles. Car, il n’y a pas que le THC dans la weed. Il y a aussi de l’herbe. Ou plus exactement des fibres aux performances inégalables.

Voler dans du chanvre pour planer bien haut, c’est la folle idée du Canadien Derek Kesek.

Une fibre multi-usages

Des siècles durant, on les a tissées pour fabriquer des textiles, de l’isolant ou les cordages de la marine. Elles pourraient aujourd’hui remplacer des matières synthétiques dont la production est, au choix, polluante ou énergivore.
Basée au Canada, la société de Derek Kesek, Hempearth propose déjà d’imposants objets réalisés en fibres de chanvre : planche de surf (comptez 800 $) ou de paddle (2200 $). On peut faire beaucoup mieux, a estimé l’entrepreneur. Et pourquoi pas un avion ?

Après tout, à diamètre égal, la fibre de chanvre est réputée bien plus résistante que l’acier. Top là ! Hempearth a conclu un partenariat avec Velocity, un constructeur d’avions de tourisme en kit.

Aviation, chanvre, avion, cannabis,
Derek et son avion en Herbe

Moteur à l’huile

En finançant leurs recherches grâce à deux cagnottes en ligne, Derek Kesek et Velocity ont réussi à produire un prototype de bimoteur dont la fibre de verre a été remplacée par de la fibre de chanvre. Long de 8 mètres pour une envergure de 11 mètres, l’aéroplane peut transporter 4 personnes à plus de 1 500 km. Autre originalité, le moteur monté sur l’engin est conçu pour carburer à l’huile de … cannabis. Produite par Hempearth, bien sûr. Histoire que l’expérience soit totalement planante.

Le vol inaugural doit en principe se dérouler dans les prochaines semaines. L’avion en herbe devrait décoller de Kitty Hawk (Caroline du nord). Précisément du terrain d’où les frères Wright firent décoller le premier engin plus lourd que l’air de l’histoire. C’était en 1903.

Du plomb et du mercure dans mon joint ?!

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Les papiers à cigarettes, vecteurs de combustion essentiels, sont la plupart du temps chargés en métaux lourds. Parmi les plus présents : le plomb, le mercure et le cadmium. Une information des plus flippantes que l’industrie de papier à rouler s’était bien gardé de communiquer. Mais ça, c’était avant la légalisation et la protection du consommateur. Une petite pipe ?

Au Colorado en Californie comme en Illinois, où fumer est désormais un plaisir non coupable, la légalisation a d’inattendus avantages régulatoires  que le commun des stoner n’aurait su envisager: les autorités sanitaires se préoccupent aussi de la qualité de la matière verte comme de son dernier emballage.
Après avoir pourchassé, des décennies durant, fumeurs et farmers, les gendarmes des marchés de la weed contrôlent désormais les caractéristiques de la fumée aspirée. O tempora, o mor

Contrairement au cannabis, les feuilles à rouler ne sont soumis à aucun test

En Californie, le professionnalisme des régulateurs est à l’image de la pondération west coastienne :  les autorités n’autorisent la commercialisation que de produits ayant été testés en laboratoire, dans leur forme prête à l’emploi. Les laborantins californiens analysent donc la ganja, le papier, et les fumées dégagées par le pétard fumant. Ce faisant, des chercheurs ont résolu l’énigme du moment : certaines volutes étaient chargées en chlorpyrifos, un insecticide (cancérigène, mutagène et reprotoxique) qui n’avait pas été détecté dans la weed. Logiquement, les microscopes se sont pointés sur le papier à cigarette.

Insecticides

Cet été, les scientifiques de SC Labs en ont eu le cœur net. A la demande du California Bureau of Cannabis Control (BBC, les hommes en blanc de Santa Cruz ont établi le profil chimique des fumées de 118 modèles de feuilles à rouler, de cône et autres blunts, fabriqués à partir de cellulose, de riz ou de cannabis. Avec quelques surprises à la clé. Les chromatographes étaient paramétrés pour détecter les molécules de 66 pesticides. Le spectromètre de masse était calé sur quatre métaux lourds toxiques (plomb, cadmium, arsenic, mercure). Sans surprise, ces détecteurs ultrasensibles ne sont pas sortis bredouille de leur échantillonnage. Sur les 118 références étudiées, 90% ont été testées positives aux métaux lourds (rarement les quatre à la fois) et 16% aux pesticides.

Arsenic et mercure

Faut-il s’en inquiéter ? Oui et non, répondent en substance les scientifiques de SCLabs. « La plupart des teneurs détectées étaient inférieures aux limites californiennes », souligne le rapport toxicologique. Pour autant, quelques produits semblent désormais peu recommandables.
Le Blueberry Zig-Zag Cigar Cones contient un peu plus de cadmium mais surtout 3 fois plus d’arsenic qu’autorise la norme californienne. Les papiers en cellulose de Smokeclear et d’aLeda sont, en revanche, 100 fois trop chargés en plomb. Inacceptable ! Les wraps HubbaBubba et les paquets de King Palm Berry Terps contiennent, respectivement, du chlorpyrifos et de la cyperméthrine, un autre insecticide.

Comment expliquer ces contaminations ? « La plupart des produits utilisés dans la fabrication de ces produits sont connus pour accumuler des particules de métal, et beaucoup de produits à base de fibres naturelles présentent des contaminations aux métaux », explique Josh Wurzer, le patron de SCLabs. Les pollutions aux pesticides sont, elles, imputables aux techniques de culture du cannabis.
Que conclure ? Que, dans les Etats où la consommation du cannabis est autorisée, les accessoires sont, pour le moment, moins bien contrôlés (exception faite de la Californie) que l’herbe. Probablement de passer au vaporisateur dont nous vous recommandions les charmes, ou a le petite pipe “one hit”, en attendant que pouvoir rouler bio et sain.

Pourquoi il ne faut pas boire le vin de Cameron Diaz

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Bourrée des meilleurs intentions, l’actrice à la carrière qui trinque veut nous faire boire un vin green et bon pour la santé. Décryptons un peu le produit.

Les peoples ne savent pas toujours quoi faire de leur argent. Certains meublent leur salon avec des fossiles de dinosaures. D’autres s’offrent des îles dans le Pacifique. Les plus raisonnables jettent leur dévolu sur des domaines viticoles. Gérard Depardieu, David Beckham, Sting, Cliff Richards ou Antonio Banderas sont parmi les plus célèbres de ces vignerons star.
Souvent, leurs productions sont indignes de leur talent. Mais certains, comme l’acteur Pierre Richard, embouteillent des breuvages dignes d’intérêt. Et cela peut créer des vocations. La dernière en date n’est pas la moins médiatique. A coup d’articles dans la presse branchée et de relais par les réseaux sociaux, Cameron Diaz nous fait savoir qu’elle est désormais la mère d’une gamme de vins « propres ». Vous avez bien lu : propre. On connaissait les vins cashers, bio, biodynamiques, vegan, natures. Place, désormais, aux vins propres. De quoi s’agit-il ?

5 cépages européens

L’inoubliable interprète de Mary à tout prix (on peine à trouver dans sa filmographie d’autres films méritant d’être visionnés) s’est associée à la serial entrepreneuse Katherine Power pour nous faire es vins Avaline, disponibles en blanc et en rosé. Le premier est fabriqué avec du xarello, du macabeu et de la malvoisie, trois cépages massivement utilisés par les producteurs de cava, un vin pétillant espagnol. Le rosé est issu des variétés françaises grenache et cinsault. Dans les deux cas, les raisins sont issus de la viticulture biologique, nous dit-on. Voilà à peu près tout ce que l’on racontera aux consommateurs.
Pour le reste, il faut lire entre les lignes. Les producteurs de raisins ? On ne sait pas. Les vins sont réputés vegan. C’est grave docteur ? Non. Cela signifie simplement que leur collage a été réalisé avec de l’argile et non avec des protéines d’origine animale : caséine, albumine, collagène, colle de poisson. Cela n’a aucune incidence sur le goût. Et ce n’est pas nouveau non plus.

Bourré de sulfites

Les deux apprenties vigneronnes jurent qu’elles n’ont rien ajouté aux moûts pour faire leur nectar. C’est embêtant. Parce que dans le meilleur des cas, cela ne pourra pas donner autre chose que du … vinaigre. Pour transformer le jus de raisin en vin, il faut, a minima, des levures (introduites par le vigneron) et des bactéries. Et il est évident qu’Avaline en est bourré.
Comme gage de qualité, Power et Diaz promettent que le taux de sulfite de leurs vins restera inférieur à 100 mg/l. Rien de prodigieux : cette teneur est très largement supérieure aux doses moyennes observées dans les vins rouges français, par exemple.
En résumé, le pinard « propre »  Avaline est un nouveau prototype de jaja industriel californien que la côte ouest s’apprête à avaler à tout prix puisque le jus de Cameron est quand même vendu une vingtaine d’euros la bouteille. A ce tarif, mieux vaut investir dans des coteaux du Vendômois en biodynamie : trois fois moins chers et quinze fois meilleur.

 

Le désastre écologique des plantations de cannabis illégales

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Contrairement aux plantations contrôlées, la culture mafieuse de cannabis s’avère désastreuse pour la biodiversité, l’eau et le climat. Exemples choisis en Californie et au Maroc.

La culture industrielle hors-la-loi de weed est une véritable saloperie. Rien de moral, là dedans: c’est juste le résultat de l’écobilan des plantations illégales de cannabis. Qu’on en juge plutôt.
Le sujet est bien documenté en Californie, état qui abrite plus d’un fumeur américain sur deux. Avant que la culture n’y soit autorisée, le Golden State a été la terre promise des illégaux. Avec des dégâts à la clé. Souvent nichées dans des espaces naturels, les plantations ont fortement dégradé les biotopes. Les outlaws n’hésitant pas à drainer les zones humides (à la riche biodiversité) pour annexer de nouvelles terres, à épandre des pesticides jamais bienvenus dans la nature.

Plus gloutonnes que les vignobles

L’été, les cultivateurs n’hésitent pas non plus à pomper massivement l’eau des rivières pour irriguer leurs rangs de weed. Selon les calculs de Scott Bauer (département de la faune sauvage de Californie), l’irrigation d’un km2 de cannabis consomme près de 3 milliards de litres d’eau par saison. Au total, la weed illégale engloutit deux fois plus d’eau que les vignobles californiens.

Un désastre pour une région désertique, soumise à des vagues de chaleur régulière depuis une dizaine d’années. Dans le triangle d’émeraude, la martre de Humboldt (Martes caurina humboldtensis) et nombre de chouettes ont fuit devant les milliers de plantations sauvages que cette zone du nord-ouest de la Californie abrite désormais.

Contre-exemple marocain

Moins d’espaces naturels, moins d’eau, des pesticides jusqu’à plus soif : c’est la porte ouverte à la déforestation, émettrice de gaz à effet de serre. Un sujet que connaissent bien les autorités marocaines. Depuis des décennies, le royaume chérifien produit et exporte cannabis et résine vers l’Europe. Plus de 130 000 hectares étaient affectés à cette culture, avant la légalisation, il y a quelques semaines, de la culture du cannabis « thérapeutique ». Cela ne devrait pas arranger l’état de la forêt marocaine, ni celui du climat.

Un dernier exemple pour la route ? Pour être rentable, la culture indoor de weed est grande consommatrice d’eau, de nutriments, de pesticides et … d’électricité. Cette dernière alimente les systèmes de filtration d’air, les pompes et les lampes qui ne s’éteignent pratiquement jamais.
Environ 3% de l’électricité californienne alimentent des serres à cannabiques, dont plus des deux tiers sont encore illégales. La production d’un kWh d’électricité californienne émettant, en moyenne, 430 grammes de CO2, on peut donc estimer que la mafia du cannabis californienne émet, directement, près d’un demi million de tonnes de gaz carbonique par an.
Et sans payer le moindre quota d’émissions !

Circuit court : quand le CO2 rejeté par les brasseries alimente les plantations de cannabis

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L’un des principaux producteurs de weed du Colorado nourrit ses plants avec du gaz carbonique produit par une brasserie voisine. Un partenariat bon pour les deux entreprises comme pour le climat.

Avouons-le : le CO2 n’a pas bonne presse. Même dans les colonnes virtuelles de ZeWeed. Il faut dire que ce composant essentiel de notre atmosphère a une fâcheuse tendance à l’embonpoint. Il fait l’important. Et cela produit quelques étincelles climatiques.
Pourtant, ce gaz carbonique est vital. Les plantes chlorophylliennes, comme le … cannabis, le consomment pour se nourrir. Celles et ceux qui agrémentent leur intérieur de jolies plantations clandestines connaissent bien le sujet : comment injecter suffisamment de CO2 dans le placard avant la floraison ? Le même problème se pose aux cultivateurs professionnels, mais en plus gros. Faute de solution, nombre d’entre eux engraissent des producteurs de gaz industriels pour sécuriser l’approvisionnement de leurs plants sous serre en dioxyde de carbone.

 Un deal bière-chanvre

Dit autrement, les serristes paient cher un gaz dont certaines entreprises cherchent à se débarrasser. Il y a là un terreau fertile pour la conclusion d’un deal ! C’est précisément ce qu’ont fait, cet été, les dirigeants du producteur de weed The Clinic et de Denver Beer Co, un brasseur de Denver (Colorado).
Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de cet accord, plongeons-nous dans les affres de la fabrication de la bière. L’une des principales étapes de sa production est la fermentation, opération durant laquelle des levures vont transformer le moût en liquide plus ou moins buvable. A cette occasion, les micro-organismes produisent de l’alcool, des arômes et du … CO2 (4 kg/hectolitre). Les brasseurs industriels captent et réutilisent dans leur procédé les trois quarts du dioxyde de carbone ainsi généré. Le surplus finit généralement dans l’atmosphère.

Allègement du bilan carbone

Après plusieurs mois d’expérimentation, les deux compagnies ont finalement trouvé un terrain d’entente. Denver Beer capte et stocke son gaz carbonique superflu dans un réservoir en inox. Il est ensuite transporté à 10 km de là pour être vaporisé dans les serres de The Clinic, qui réduit ainsi de 15 % ses coûts de production. Ce faisant, le brasseur allège d’une cinquantaine de tonnes par de CO2 son bilan carbone annuel. Il en profite pour faire un petit bénéfice en revendant, à petit prix, son coproduit carboné à son nouveau partenaire..
Soutenue par l’Etat du Colorado (qui entend réduire de moitié ses émissions carbonées entre 2005 et 2030), l’opération pourrait susciter bien des vocations. Amy George, la PDG d’Earthly Labs, la start-up texane qui a conçu le système de captage du carbone, estime que l’on pourrait ainsi valoriser un milliard de tonnes de CO2 par an : l’équivalent de 20 % des émissions US annuelles. Pas si mal, comme recyclage.

 

NFT : l’Art cochon pour la planète.

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Enflammant les enchères, le développement du crypto-art, aussi connu sous l’acronyme NFT,  menace surtout de fumer l’environnement.

Au mois de mai dernier, pour l’équivalent d’une dizaine de SMIC  (14 820 € ), était adjugé  Io Sono, sculpture monumentale de Salvotore Garau. Le hic, c’est qu’elle est invisible et littéralement inexistante. Son concepteur est depuis menacé de poursuites judiciaires, l’un de ses brillants confrères, le Floridien Max Miller, accusant le plasticien toscan de plagiat. On se surprend à regretter Piero Manzoni qui vendait dans les années 60 de vrais étrons dans ses fameuses boîtes de Merda d’Artiste.

Réjouissons-nous tout de même ! Car ce délire post-Duchamp période urinoir est loin d’être la pire des menaces que font planer sur nos têtes les artistes du premier millénaire après Jack Lang.

2,5 millions le tweet

Car si les créatifs du moment réinvestissent l’invisible, un siècle après Klee, ils tendent aussi à dématérialiser l’art et son commerce. L’Internet devient un medium artistique. Il y a quelques semaines, Jack Orsay, patron de Twitter, a cédé son premier « gazouillis » pour 2,5 millions de dollars.

Plus impressionnant : Mike Winkelmann, alias Beeper, a vendu chez Christie’s un collage numérique de 5 000 images pour 69 M$ ! Dans les deux cas, les acquéreurs n’ont pas ramené les « œuvres » chez eux. Et pour cause : les œuvres de crypto-art n’ont rien de réel. Elles sont numérisées dans la blockchain, sorte de vaste registre de comptabilité numérique.

Everydays : the first 5000 days. Suprême NFT

Jetons non fongibles 

Les heureux acheteurs se voient attribuer des jetons électroniques aux caractéristiques uniques. Cette numérisation d’une œuvre (ou d’un actif) et de son contrat d’achat est ce que l’on appelle, en jargon, la « tokénisation ». Reversés à l’acheteur, les « jetons non fongibles » (Non Fungible Token ou NTF) les mène directement au premier tweet de l’histoire et à Everydays : the first 5000 days, leur garantit l’unicité, la traçabilité, l’inviolabilité des œuvres. Les NTF font aussi office de certificat de propriété. Détail : n’importe quel internaute peut voir ou copier ces œuvres numériques. Leurs « propriétaires » disposent juste du droit de vendre, si le cœur lui en dit, les NTF.

Dans l’absolu, cette nouvelle déclinaison de l’art numérique devrait réjouir les partisans de la sobriété, de la réduction de la consommation de ressources naturelles, de la baisse de la demande en voyage. Une fois créées, les œuvres ne bougent pas et leur transfert de propriété virtuelle se fait exclusivement en ligne. Bref, les écolos devraient se féliciter de voir enfler l’art de l’Internet. Qu’ils n’en fassent rien.

Stockés sur la blockchain, NTF et œuvres de crypto-art ont les mêmes biais écologiques que les Bitcoin, Ethereum et autre Dogecoin : ils sont terriblement énergivores. La « tokenisation » d’une œuvre numérique simple, comme Fish Store, de Stijn Orlans, a consommé 323 kWh d’électricité, a calculé Memo Akten, animateur du site spécialisé cryptoart.wtf (aujourd’hui hors ligne). Autant qu’une famille moyenne européenne en un mois !

L’original de cette œuvre de l’artiste belge Stijn Orlans s’est vendu 2.900 euros.

L’art au KWh

C’est Joanie Lemercier qui, le premier, a tiré le signal d’alarme. Dans un long message sur son site, l’artiste français indique que la création de 6 NTF pour 6 de ses œuvres a englouti 8 754 kWh d’électricité. En 10 minutes, le crypto-art avait consommé autant d’électricité que tout son atelier en deux ans. Pour le climat, cela équivaut à l’émission de 5 tonnes de gaz carbonique, soit l’équivalent de la consommation d’un ménage américain moyen pendant deux mois.
Conséquence : Joanie Lemercier cesse désormais de « tokéniser » ses œuvres en attendant que les plateformes d’échanges de crypto-monnaies réduisent leur empreinte carbone. De leur côté, les galeristes de branchés et les commissaires-priseurs continuent de jouer à fond la carte des NTF . La planète attendra. Pas le marché.

Pourquoi il faut boycotter le saumon à Noël.

La plupart des saumons que nous consommons sont élevés dans des installations industrielles. Polluantes, ces fermes marines nourrissent aussi la surpêche dans de nombreuses régions du monde. Zeweed vous explique pourquoi il vaut mieux investir dans les crustacés et fruits de mer pour le(s) réveillon(s). 

Ils sont de retour! Pas une armoire réfrigérée de supermarché, pas un étal de poissonniers n’y a échappé. A l’approche des agapes de fin d’année, les saumons ont entamé leur dernière migration… vers nos assiettes. Involontaires compagnons de nos fêtes, symboles de nourriture saine (adeptes des sashimi et de l’oméga-3 en filets bonjour), le plus grand des salmonidés se déguste fumé, semi fumé, en gravlax, à l’unilatérale ou poché. Car pour son malheur, on le met à toutes les sauces.

Fermes industrielles

Il y a belle lurette que le saumon que nous péchons en tête de gondole n’est plus sauvage. 70% des filets, paupiettes et steaks consommés en France proviennent des fermes d’élevage norvégiennes. Les écossais, Irlandais et Canadiens leur grignotent depuis quelques années leur parts de marché. Une bonne nouvelle? Pas exactement.
Dans les exploitations piscicoles, les saumons adultes sont parqués par milliers dans de volumineux bassins grillagés mouillés en mer. En surnombre par rapport à l’espace dont ils bénéficient, ils sont en état de stress permanent. Un épuisement qui les rend perméables à de nombreuses pathologies. Les poissons roses sont ainsi traités à coup d’antibiotiques, molécules toujours présentes dans les chairs après transformation.

Pollutions marines

Tout encagés qu’ils sont, nos héros potamotoques n’en demeurent pas moins des poissons. A l’instar de leurs congénères sauvages, ils pissent et chient sans entrave. Pareille concentration d’urée pollue joyeusement l’environnement des fjords où sont souvent nichées les fermes. Officiellement, le taux de la mortalité est inférieur à 2%. Ce qui fait tout de même des milliers de cadavres qui sont jetés à la mer chaque année, avec leur cortège de maladies et de médicaments.

Génie génétique

Certains des survivants parviennent à s’évader. En s’accouplant avec des congénères sauvages, ils risquent de les contaminer et de modifier le patrimoine génétique de ces derniers.  Cette préoccupation est particulièrement vive concernant certaines fermes canadiennes et panaméennes qui n’élèvent que des saumons génétiquement modifiés.
Créés par la société AquaBounty Technologies, les saumons AquAdvantage sont réputés pour leur vitesse de croissance très rapide et leur taille deux à trois fois plus importante que celle de leurs cousins naturels. Leur hybridation avec des poissons de pleine eau pourrait perturber l’équilibre des populations sauvages : les Frankenfish seraient stériles…. en principe. Et ce n’est pas tout.

Surpêche et réchauffement

Seigneur des mers et des rivières, le saumon ne grossit vite (gage de rentabilité) que bien nourri. De poissons, de préférence. En moyenne, il faut 2 kg. de nourriture diverse (farine et huile de poisson, insectes) pour produire un seul kilo de saumon. Qu’en déduire ?
Qu’une bonne part de la pêche industrielle sert à alimenter les fermes de saumons. Pour commercialiser les 436.000 tonnes de saumons qu’ils mettent sur le marché, chaque année, les éleveurs norvégiens achètent à vil prix près de 900 000 tonnes de poissons sauvages, généralement des sardines de Mauritanie et des anchois du Pérou. Autrement dit, les pêcheurs artisanaux mauritaniens et péruviens voient leur stock de poissons phagocytés par les chalutiers européens affrétés par les producteurs européens de saumons.
Cette surpêche menace la stabilité de populations piscicoles qui sont déjà affectées par les effets du réchauffement climatique.
Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au caviar… d’aubergine, aussi très riche en Oméga 3.

 

Bonus: Plongez dans la pisciculture intensive des salmonidés avec l’excellent “Artifishal”. 

 

 

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