Zeweed Magazine

ZEWEED #6 est en kiosque !

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Le ZEWEED nouveau est arrivé! Votre trimestriel favori est disponible en kiosque, Maison de la presse, Relais H et en digital.

Au sommaire du ZEWEED # 6  spécial« Peace and Weed » :

Les révoltés de Chu Laï 
Le 4 avril 1971, près d’un millier de GI se réunissaient sur la plage vietnamienne de Chu Lai en scandant des slogans pacifistes, lors de ce qui reste comme l’une des tentatives de mutinerie les plus spectaculaires des soixante dernières années. Selon les participants, les observateurs et les historiens, c’est dans la consommation régulière de cannabis que les racines de cette historique rébellion se trouvent .

Hippie revival
Le cannabis et ses effets apaisants ont largement porté le mouvement hippie et son message peace and love. Aujourd’hui, ce mouvement renaît avec comme épicentre non plus San-Francisco mais des festivals comme Burning Man, Planète sauvage, Château perché, Opale, C’est notre grande enquête sur les néo-hippies, menée par Jais Elalouf.

La guerre n’est pas humaine !
Alors que le conflit s’enlise en Ukraine et que le Moyen-Orient est au bord de la guerre totale, ZEWEED s’est posé cette question : l’homme est-il fondamentalement belliqueux? La réponse est non ! La guerre n’est pas dans la nature humaine nous apprennent philosophes, historiens et sociologues dans un article signé Benjamin Cazeaux-Entremont.

Cames de destruction massive 
La guerre est une sale affaire. Encore plus quand les soldats sont envoyés au front gavés de drogues aussi fatales qu’un coup de baillonête : amanite Tue-Mouche durant les campagnes Napoléoniennes, Perverdine pendant la seconde guerre mondiale, Opium au Vietnam, Méthamphétamine pour le conflit US-Irak,  Amphétamines et morphine pour les soldats russes en Ukraine…Raphaël Turcat vous dit tout sur le dopage XXL pratiqué par la grande muette.

Les fails de la War on Drugs.
Lutter contre la drogue, s’est bien. Sauf quand les États nourrissent ces trafics à leur avantage. De Reagan qui inonde de crack les rues de Los Angeles de crack pendant que sa femme prêche « say no to drugs » à l’Iran qui sous la corruption fait décoller le traffic de Crystal Meth en passant par la Colombie dont le gouvernement a permis il y a 20 ans  aux narco trafiquants de tripler les exportation après l’interdiction d’utiliser des herbicides sur les plantations de coca, petit bréviaire des de la lose war on drugs.

A qui profite la ruée vers l’or vert en Afrique ?
Politique, corruption, multinationales… Comment les intérêts occidentaux sont en train de phagocyter les chances de succès des petits agriculteurs à l’heure où la ganja est en passe d’être légalisée dans nombre de pays d’Afrique australe. Notre reportage d’investigation choc par Jean-Christophe Servant, journaliste de terrain multirécompensé.

Toujours dans ce ZEWEED daté automne :

Jean-Claude Jitrois, Elie Semoun, Camille Bazbaz, Ultra-Orange nous parlent de leurs paradis favoris dans 4 interviews bien tassées et sans filtre.

David Cormand : entretien avec un euro-député partisan de la légalisation du cannabis.

Marc Rebillet :  Olivier Cachin s’est penché sur le génial youtubeur qui fait désormais salle comble à chaque concert et fureur dans les festivals de Coachella, Lollapalooza et Montreux.

Le cannabis dans l’art contemporain :  8 artistes s’exposent et s’explosent dans les plus grandes foires d’art, avec un focus sur Art Paris  2024 et leurs œuvres respectives.

Et vos rendez-vous trimestriels avec :

  • 5 pages de brèves sur l’actualité du chanvre,
  • Les bons plans expo,
  • Notre sélection littéraire « les bonnes feuilles »
  • Nos pages gastronomie
  • La bande dessinée de Vincent Ravalec
  • La chronique du Dude…
Pour trouver ZEWEED dans un kiosque, Maison de la presse ou Relais H près de chez vous, cliquez sur ce lien

ZEWEED magazine, c’est 100 pages 100% weed, société et green culture pour 5,90 euros seulement!

 

HIGH TIMES : Du fanzine gonzo à la multi-nationale de la ganja

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Créé il y a près de cinquante ans par le légendaire Tom Forcade, High Times s’est d’emblée imposé comme le magazine cannabique de référence, bible incontestable et incontestée des amateurs de Ganja. Retour sur une aventure éditorial aussi hors-normes que visionnaire.

C’est une aventure éditoriale hors-norme, et un des succès les plus retentissants de la presse américaine. Car qui, à l’origine, aurait parié un cent sur l’avenir de cette publication a priori confidentielle, et dont le contenu frisant l’illégalité s’exposait aux foudres des autorités ? Reste que les défenseurs de la liberté d’expression, tout comme les enthousiastes de la la ganja se devront de célébrer l’été prochain le cinquantième anniversaire de la naissance de High Times, le magazine le plus perché de la presse US.

Mais replaçons les choses dans leur contexte. Nous sommes en 1974, à New-York, et un certain Thomas King Forcade – de son vrai nom Gary Goodson, né à Phoenix, Arizona – a une idée que certains s’empressent de ranger aux rayons des canulars et autres facéties dont il est coutumier : créer un magazine qui soit à la marijuana ce que le Playboy de Hugh Hefner est au sexe. Il sera l’occasion de parler du chanvre dans tous ses états. Et, en double-page centrale, en lieu et place d’une playmate sensuellement dénudée, les lecteurs pourront se rincer l’oeil devant un énorme plant de cannabis sur papier glacé.

 

Man in black au chapeau de cow-boy

Bien qu’âgé de seulement vingt-neuf ans, Forcade n’en est pas à son coup d’essai. Il a fait ses classes au sein de l’Underground Press Syndicate (UPS), une association regroupant une flopée de journaux libertaires radicalement opposés à la société américaine de l’époque. Tout de noir vêtu, coiffé en permanence d’un chapeau marron à large bord, et le plus souvent armé d’un pistolet, ce moustachu aux yeux bleus perçants a le verbe haut et l’insolence d’un fanatique de la contestation. Ambitieux, déterminé, il se veut l’apôtre d’une liberté sans garde-fou, dénonce violemment la ségrégation raciale, la guerre du Vietnam, et exécre par-dessus tout les médias mainstream, coupables selon lui de “bourrer la tête des gens de merdes maléfiques”. Après avoir gravi tous les échelons de l’UPS juqu’à en prendre la direction, Forcade commence par créer un hebdomadaire alternatif, Orpheus, sorte de Reader’s Digest d’articles sélectionnés dans différentes publications underground. Pour le promouvoir, il sillone l’Arizona dans un autobus scolaire Chevrolet de 1946, lequel abrite une presse à imprimer et sert occasionnellement de salle de rédaction.

Tom Forcade, le cow-boy de la ganja presse indie

Editeur-dealer-preacher

Ainsi va-t-il accroître son lectorat, sans se priver de vendre par la même occasion cannabis et autres substances illicites, générant ainsi des profits utiles à sa cause. Si l’autobus est arrêté par la police, Forcade enfile le col blanc d’un prédicateur itinérant, présente un exemplaire factice d’Orpheus sur la couverture duquel un Jésus débonnaire fait un signe de paix, et entonne avec ses camarades de virée un hymne religieux. Une mascarade suffisemment convaincante pour s’en tirer le plus souvent avec un simple avertissement.

« La seule obsénité, c’est la censure »

Parmi ses autres faits de gloire, citons également sa comparution devant une Commission présidentielle sur l’obscénité et la pornographie créée en 1969 à l’initiative du président des États-Unis Lyndon B. Johnson. Non seulement Forcade arrive sur les lieux dans une limousine peinte aux couleurs du drapeau Vietcong – nous sommes en pleine guerre du Vietnam -, mais il devient aussi le premier “entarteur” de l’histoire en jetant une tarte à la crème sur la face hébétée du président au cri de  : “La seule obscénité, c’est la censure !”

Mais sa réputation grandissante et le succès local d’Orpheus ne le satisfont pas. Ce dont il rêve, c’est d’un magazine distribué et reconnu sur l’ensemble du territoire américain, histoire de changer une bonne fois pour toute les mentalités et de remporter la seule bataille qui lui tient vraiment à coeur, celle de la légalisation du cannabis. Pour ce faire, il décide dans un premier temps de quitter Phoenix pour emménager à New-York, et installe le siège de l’UPS près d’Union Square, dans un appartement orné d’affiches de rock psychédélique et encombré du sol au plafond de piles de journaux et de bottes de ganja. Non content d’être désormais devenu un acteur incontournable de la contre-culture, il commence à vendre de l’herbe en gros dans un smoke-easy illégal de Grennwich Street et consacre une partie de ses gains à la conception de ce qui consituera son grand oeuvre : High Times.

Naissance d’un géant vert

Le premier numéro du magazine paraît durant l’été 1974. Il se veut alternatif et politique, passionnément pro-cannabique et ne s’interdisant aucun sujets, aussi sulfureux soient-ils. Sa couverture délicieusement ironique présente une élégante jeune femme coiffée d’un chapeau digne du Prix de Diane s’apprêtant à engloutir un champignon qu’on imagine aisément hallucinogène – il s’agissait en réalité d’un champignon de consommation courante venu de l’épicerie la plus proche. Son contenu, lui, propose de nombreux articles écrits sur un ton souvent décalé et divertissant, des extraits d’un livre de Timothy Leary, adepte convaincu du LSD, un compte-rendu des découvertes scientifiques et des évolutions juridiques liés à la drogue, et même le cours des prix de substances illicites en tout genre. Quant aux fameux plant de cannabis imprimé en double-page centrale, il bénéficiera le plus souvent d’une seconde vie, placardé sur les murs des chambres de nombre d’adolescents.

High Times est un succès immédiat et son premier tirage de vingt-cinq mille exemplaires s’écoule en un claquement de doigt. Il devient très vite un mensuel incontournable, et la croissance rapide de son lectorat tout comme de ses revenus publicitaires en font une entreprise florissante, dotée d’une rédaction de plus de quarante journalistes. Dan Skye, le rédacteur en chef du magazine de 2014 à 2020 estimera que le nombre de lecteurs de High Times s’élèvait en 1978 à plus de quatre millions !

La chute du créateur

Mais en dépit de cette réussite phénoménale, Tom Forcade ne se porte pas bien. Son tempérament dépressif associé à son style de vie débridé commence à avoir des conséquences néfastes. Il tend à délaisser la direction du magazine, préfére partir sur les routes avec ses groupes de musique préférés, dont les Sex Pistols, ou en mission de contrebande de weed, au Mexique ou ailleurs. Ce qui ne l’empêche pas de téléphoner fréquemment à la rédaction sous l’emprise de drogues de plus en plus dures, menaçant de liencier tout le monde ou promettant des primes exceptionnelles. Ce faisant, les journalistes qu’il a lui-même mis en place apprennent à se débrouiller sans lui et publie le magazine en temps et en heure. Des personnalités de renom acceptent d’y signer des articles, parfois régulièrement, comme les écrivains William S. Burroughs, Charles Bukowski ou Tom Robbins. En outre, la présence en couverture de célébrités telles que Bob Marley, Debbie Harry du groupe Blondie, Andy Warhol, Johnny Rotten des Sex Pistols, ou le gonzo journaliste Hunter S.Thompson marque à jamais les esprits. Sans parler des interviews devenues cultes, commes celle de l’essayiste Susan Sontag, du linguiste Noam Chomsky et même du Dalaï Lama ! Ce qui ne réconciliera pas pour autant Forcade avec lui-même…

Le 16 novembre 1978, à seulement trente-trois ans, le fondateur de High Times se tire une balle dans la tête dans son appartement New-Yorkais. Passé le choc de la nouvelle, la question se pose de savoir si le magazine lui survivra. C’est compter sans la qualité de l’équipe en place, grâce à laquelle il continuera de paraître et d’asseoir définitivement son succès. Dans les années 80, High Times se signalera notamment par la publication d’articles précurseurs sur la culture du cannabis en intérieur et par l’organisation de la Cannabis cup, un festival annuel organisé à Amsterdam où un jury récompense les producteurs des meilleurs variétés mondiales de cannabis. Certes, le mouvement pro-légalisation traverse une période difficile dans les années 90. High Times attire notemment l’attention de la DEA (Drug enforcement Administration) qui perquisitionne les commerces ayant fait de la publicité dans le magazine et va même jusqu’à menacer leur clientèle.

2000-2024 : les années high

Au point qu’en 2004, un nouveau rédacteur en chef opère un brutal changement de ligne éditoriale, délaissant le cannabis pour l’actualité littéraire. Mais cette tentative s’avère un échec, et High Times s’empresse de revenir à ses premières amours, auxquelles il reste plus que jamais fidèle aujourd’hui. Malgré la mutliplication de sites Internet spécialisés dans le même domaine, la publication se porte plutôt bien, principalement du fait de la légalisation croissante du cannabis aux États-Unis. Quant au site Internet de High Times, inauguré en 2014, il reçoit chaque mois la visite de près de cinq millions d’utilisateurs. Un bel hommage à l’initiative visionnaire d’un Tom Forcade dont la personnalité sombre et lumineuse, à la fois activiste politique, journaliste et trafiquant de drogues, plane encore sur le magazine. On aime particulièrement s’y souvenir que peu de temps après son incinération, une commémoration avait été organisée dans le restaurant Windows on the World, au sommet du World Trade Center. Cette réunion d’amis et de rédacteurs de High Times fut l’occasion de fumer de nombreux joints tout en se remémorant, entre rire et pleurs, mille anecdotes concernant le défunt. Or chacun de ces joints contenait également une pincée de ses cendres. Sans aucun doute, Tom aurait apprécié.

 

Hugues Arbellot de Vacqueur

 

Verbatim : « La seule obsénité, c’est la censure » Tom Forcade

 

Jay-Jay Johanson “Les paradis terrestres, pour moi, c’est plutôt whiskey.”

Depuis vingt-sept ans Jay-Jay Johanson surprend à chaque album par la richesse de ses mélodies, la beauté poétique de ses textes et la dimension intemporelle de son univers. ZEWEED est venu le questionner sur le processus de création, sur son ivresse artistique et sa vision du paradis.

ZEWEED : On dit que ta musique a pour point de départ le jazz. Peux-tu nous raconter ton lien avec ce genre musical ?
Jay-Jay Johanson : Je suppose que c’est grâce à mon père. Il écoutait toujours ses disques de jazz dans le salon, à la maison – le plus souvent Modern Jazz Quartet et Erroll Garner. De la chambre de mes sœurs, j’entendais ABBA et, de la chambre de mes frères, j’entendais Sweet, Slade et autre son glam rock. Ma mère aimait Elvis et Tom Jones. Nous sommes au milieu des années 1970, j’étais un hard rocker fan de Ozzy et Kiss ; clairement le plus bruyant de la famille ! Papa et certains de ses amis avaient un club de jazz et organisaient souvent des concerts. J’ai vu Gerry Mulligan, Stan Getz, mais n’accrochais pas plus que ça. En 1984, Chet Baker est venu jouer au club. J’y suis allé parce que j’aimais bien son “Funny Valentine”. Cette soirée a changé ma vie et forgé ma façon de composer.

ZEWEED : Sur ton premier album Whiskey, on découvre un esprit trip-hop. Peux-tu revenir sur l’ambiance sonore de cet album que la presse avait très justement salué comme un mélange enivrant de Chet Baker et de Portishead ?
J.J.J. : J’avais essayé de faire des titres avec un quatuor de jazz traditionnel, mais ça sonnait trop traditionnel, justement. Quand j’ai entendu le premier album de Massive Attack, de Portishead et les compositions de Mo’Wax, je me suis mis à ralentir les rythmes hip-hop sur mon 7-pouces, et à sampler des pistes sorties de ma collection de vinyles. J’avais un piano électrique Hohner et une boîte à rythme Boss ; c’est à ce moment-là que j’ai trouvé le son que je cherchais.

“Presque toute la musique que j’écoute est en quelque sorte planante”

ZEWEED : Quelles sont les compositions qui se rapprocheraient plus d’une atmosphère planante, pour ne pas dire paradisiaque ?
J.J.J. : Il y a des chansons qui comptent beaucoup, et que je ressens le besoin de jouer quand je suis sur scène. Mon premier single “It Hurts Me So” en fait partie ; “Far Away” de Poison en est un autre. “Not Time Yet” de Kings Cross et “Believe in Us” sont également importants pour moi, et je suis fier de les avoir écrits.

Crédit photo : SONY DSC

ZEWEED : Est-ce que tu fumes de l’herbe pour composer ?
J.J.J : Je n’ai jamais essayé l’herbe ou le hasch ? Je suis entouré de gens qui en consomment, mais moi, je me contente de boire du whisky. La réponse est donc : non.

ZEWEED . Quelle est ta vision du paradis ? 
J.J.J : Le paradis… pas évident de répondre à cette question. Pour moi, les paradis terrestres, c’est plutôt le Whiskey… L’utopie sur cette planète est très difficile à atteindre dans une société fondamentalement basée sur l’argent.

ZEWEED : Ta playlist idéale à passer avec du CBD ?
J.J.J : Presque toute la musique que j’écoute est en quelque sorte planante. J’apprécie  les variations électroniques comme les collections d’Aphex Twin, Brian Eno et Burial. Parfois je vais plus sur les pièces pour piano de Ryuichi Sakamoto mais je peux parfois préférer de la musique classique. Chet a absolument le même effet calmant sur moi. L’un de mes morceaux préférés est sur un disque sorti en 1977 sur un label appelé Lovely Music, Robert Ashley Private Parts. Cet album est composé de deux longs morceaux, « The Park » et « The Backyard », probablement les meilleurs morceaux de musique jamais sortis… Ces deux morceaux m’ont sauvé d’années de thérapie.

“Bob Marley et moi”

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Alors que le biopic sur Bob Marley « One Love », sorti hier, fait salle comble,  ZEWEED a demandé à Cyrille Putman* de nous livrer quatre belles feuilles bien léchées sur le roi du Reggae, avec qui l’écrivain aura joué au football à Paris avant d’être invité à sa table en Jamaïque. Récit.

Rencontre de foot

Acte 1. Ce jour dont je ne me souviens s’il pleuvait, j’étais encore punk à fond, le cerveau plein de Fringanor, un illustre coupe faim disparu depuis. Au printemps 1977, j’habitais déjà chez Alain Pacadis rue de Charonne. Sa chambre de bonne incarnait un cube post moderne recouvert de vinyles assortis aux vieilles tentures grenat du lieu. Un miroir brisé et une couche de poussière réglaient la question des fantasmes et surtout de l’hygiène quotidienne.

Chaque fin de journée nous passions chez Rock Hair, rue de la Grande Truanderie, question de suivre les délires capillaires de Rocky,  le seul coiffeur au monde connu pour son cheveu sur la langue ! Il avait embrayé bille en tête sur le mouvement punk et sévissait dans le quartier des Halles, avant que ce dernier ne soit défiguré. Bye, bye Baltard.

La nuit bien tombée, on fonçait dans un vieil hôtel miteux des années 1950, à Répu’, qui était notre point de chute. Après de longues tractations avec le service d’ordre de l’hôtel, on rejoignait la chambre des Slits, un groupe punk londonien 100% féminin dont le son ‘déménageait’. Nous les suivîmes au Gibus où l’on prit une part active à leur concert.  En pleine action, dans un pogo endiablé vers une heure trente du mat’, Philippe Manœuvre me proposa de participer à un match de foot sans aucun détail sur le projet. Le côté provocateur de sa proposition hors contexte me fit flipper, mais j’acceptai. Une semaine plus tard, le jour J à l’heure H, on se retrouva au pied du Hilton, à coté des quais de la Seine

Bob Marley et les Wailers contre une équipe de journalistes parisiens

Une semaine plus tard, je retrouvais Pacadis à 200 mètres de la tour Eiffel, sur un terrain de football  (qui existe toujours NDLR) niché entre l’hotel Hilton (devenu hôtel Pulmann) et les quais de Seine. À ma stupeur, notre rocker national avait organisé une partie inouïe : une équipe de copains et de journalistes français, presque tous issus de Rock & Folk, notre bible de l’époque, contre…..Bob Marley, the Wailers and friends! Les rastas, en plus de leur goût prononcé pour la ganja, avaient toujours été passionnés par ce sport collectif, vieux reste d’A.D.N. colonial britannique.

Mon vis-à-vis sur le terrain était Carlton Barrett, le batteur des Wailers, l’ami  de toujours de Bob et l’élément incontournable du groupe depuis 1969. Il jouait au foot depuis vingt ans et en avait vingt-sept. Je n’ai jamais réussi à lui piquer le ballon. Pas une fois. Aston, son frère le bassiste, nous fît aussi souffrir par la dextérité de ses pieds magiques. Bob était le plus petit de la bande par la taille mais il était loin d’être le…

Le reste de l’article de Cyrille Putman est à découvrir dans le dernier Numéro de Zeweed, disponible en digital via ce lien.
Pour trouver le kiosque le plus proche de chez vous, c’est ici.

Joey Starr : l’entretien quatre étoiles bien toquées

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Plus de trois décennies après la sortie d’Authentik, le premier album de NTM, Joey Starr continue d’étonner et détonner. Que ce soit sur scène, devant ou derrière une caméra, dans sa distillerie ou en cuisine avec les plus grands chefs, le Jaguar saute avec une déconcertante aisance d’une passion à l’autre. Olivier Cachin a réussi à le rattraper pour lui poser quelques questions.

« C’est quoi le nom de ton magazine ? Zeweed ? Les drogues de beatnick j’ai arrêté depuis longtemps ! » Quand JoeyStarr débarque, c’est toujours l’heure de la punchline. Artiste depuis une quarantaine d’années, l’homme que sa maman appelle Didier a grandi sous les yeux du public, passant du rôle de barbare du rap français à celui de star du petit écran avec 11 millions de téléspectateurs pour le feuilleton Le Remplaçant, dont il est à l’origine. L’ancien rappeur de NTM est désormais réalisateur de documentaires, acteur sur les planches et sur grand écran, metteur en scène de théâtre et auteur d’un émouvant récit autobiographique, Le petit Didier, récit de ses jeunes années. En plus de tout ça, il mange et boit avec des chefs cuisiniers, il en a même fait un magazine. Pour Zeweed, il nous raconte tout ça, et plus…  

Zeweed : Bonjour Didier. L’autre jour j’ai vu Zoxea des Sages Poètes de la Rue, qui était touché par le fait que Kool Shen ait arrêté d’écrire. Et toi ?
Joey Starr :J’écris toujours, mais plus comme avant. Je n’écris plus de chansons, mais du docu à caractère social axé aussi sur le mémoriel. Netflix nous a acheté les développements, donc on n’est pas en train de bricoler, j’ai monté une prod’ avec trois gars, on fait de la coécriture, je suis en train de faire un roman graphique avec eux, cinq histoires autour de l’ivresse, l’éthylisme et la distillation. Quand j’ai des velléités de faire de la musique, c’est Tuco qui écrit pour moi (L’ex Nathy, avec qui Joey a monté le duo Caribbean Dandee, NDLR). Si on refait un Caribbean Dandee, je vais regratter, mais là j’ai mis ça de côté. Mon mode d’écriture est complètement différent quand c’est pour le théâtre ou la fiction. Et j’ai fait Le Petit Didier

Le rap en solo, c’est fini ?
Je fais des Sound Systems et des Food Systems, il y a toujours de la musique. Ça peut m’arriver de faire de l’impro, j’anime beaucoup, comme un ambianceur, et je reprends des vieux standards. 

Tu as l’impression d’être devenu une star grand public ?
Ça je m’en fous. Avec le temps, je comprends que j’ai une fibre artistique qui ne va pas que dans le sens d’écrire du rap. Je traine avec des gens très apaisés, avec qui on échange beaucoup pour écrire. Mais je me sens dans la continuité de ce que j’ai fait avec ces documentaires ou ces deux magazines que j’ai sorti (Five Starr et Le Guide Bistronomique, ndr) qui sont des alibis pour parler de legs, faire du mémoriel, du social. Five Starr c’est pas des recettes de cuisine, je passe beaucoup de temps à table avec des chefs, les mecs ont toujours des histoires de ouf concernant les produits, mais qui t’emmènent sur des histoires humaines. La plupart des plats français sont des plats métissés. Si on prend l’exemple de la choucroute, le chou vient de Chine, ce sont les marins qui ont rapporté ça pour combattre le scorbut… Moi et ceux avec qui je suis, on aime raconter ces histoires de France méconnues qui vivent dans les travées. Hier je suis allé voir l’expo Sarah Bernhardt, elle était sculptrice, productrice de théâtre, comédienne, peintre, je crois que c’est ça être artiste, pas simplement se cantonner à un seul truc. Quant à être artiste grand public, déjà quand j’ai eu l’idée originale du Remplaçant, je ne pensais même pas que TF1 reviendrait vers moi ! Du coup ça s’est inscrit comme ça, tac tac, moi je l’ai pris dans la gueule comme la mère de mes enfants qui m’appelle pour me dire « Didier, t’as fait onze millions ! » Woaw. D’ailleurs si elle ne m’avait pas appelé, je crois que j’aurais été au courant une semaine après. Je suis dans ma dynamique. Cette histoire de mise en scène de Cette petite musique que personne n’entend, c’est Clarisse Fontaine qui est venue me voir. J’ai aimé son texte, ça m’a fait le même déclic que la première fois que je suis allé faire des lectures. J’avais envie d’en être. 

« C’est quoi le nom de ton magazine ? Zeweed ? Les drogues de beatnick j’ai arrêté depuis longtemps ! »

Fini l’image de barbare des débuts ?
Je suis père de famille, j’ai aussi une strate qui s’inscrit dans la normalité. J’ai la sensation de m’inscrire dans une continuité, je n’ai pas besoin d’exister, et la promo me fait toujours autant chier. J’étais -et je suis encore- en construction, il m’arrivait des trucs ou je provoquais des choses dont je n’étais pas au contrôle. J’étais un bel électron libre, je le suis encore mais je suis un chef de tribu, ça change bien la donne. Je ne refuse pas d’être un artiste grand public, mais je n’en ai rien à foutre en fait. Je ne pense pas à mon image, je fais les choses pour moi. Je ne vis pas dans l’œil de l’autre. Je me suis retrouvé à faire une dégustation d’absinthe dimanche, j’ai encore les cheveux qui tirent, ça envoie bien, j’adore. La moustache, ça me plait. Je suis très Chartreuse absinthe en ce moment. Les herbes, hein !

 

C’est mieux que de chasser le dragon…
C’est un autre sport, encore. Mais je me suis inscrit dans un autre truc. On fait du rhum, je cherche des financiers pour les magazines…

Tu fais du rhum ?
On monte une marque, ça s’appelle Carnival Sun Juice, toujours un peu yélélé. On fait venir de la mélasse de Belize, la Barbade et la Jamaïque, on a des trucs qui vieillissent au Cap Vert, de la mélasse d’Afrique qu’on va recevoir, on fait des assemblages, on fait vieillir, c’est un carnet de voyage. Pour la musique, je suis toujours collé avec DJ Naughty J et Cut Killer pour les Sound Systems. Cut je l’ai foutu sur le scoring de Cette petite musique que personne n’entend, il a fait toutes les ambiances musicales, et il est aussi sur le score du Remplaçant. Je ne suis pas parti comme l’autre jouer au poker et salut tout le monde. J’ai toujours ce besoin de live, de performance, que je retrouve au théâtre. Mouiller le maillot, parce que c’est bien beau de gratter mais j’avoue que j’ai des moments où je tourne en rond et je suis content d’avoir des Food Systems. L’autre jour je suis parti jouer avec deux chefs et Naughty J, j’ai animé de 17h à minuit quoi, tout en cuisinant machin. Je suis encore dans cette hyperactivité-là, en fait. 

Crédits : Ralph Wenig/Zeweed

Tu as essayé le CBD?
J’avais un pote qui était en pension à Clamart, donc je devais avoir treize ou quatorze ans,
et ce type, je l’ai retrouvé il n’y a pas longtemps. Il a vu que j’étais branché dans la cuisine et il me raconte qu’il a rencontré un chef d’une tribu dont les membres consommaient un truc qu’il a ramené en France. C’était du CBD. Il m’explique que ça a plein de propriétés, que ci, que ça, tac tac. C’est comme ça que j’ai découvert le truc, en fait. J’en consomme parce que tu sais,j’ai le corps qui tire et qui m’envoie des signaux, vu que je ne fais pas de sport, donc effectivement ça a des vertus thérapeutiques assez intéressantes. Sinon j’ai arrêté les drogues de beatnik, je ne fume plus ; enfin, juste mes petites cigarettes – c’est mon petit plaisir. Je ne fume pas de CBD ; en revanche, j’en prends pour mon dos, pour mon épaule… Donc vive le CBD!

Un Food System, c’est la gastronomie plus le Sound System ?
Les chefs avec qui je traine, ce sont des bons vivants. On boit, on mange, ça me va très bien. Il y a des gens qui me demandent pourquoi je fais ça, mais je me fais plaisir ! Ils croient que c’est une contrainte par corps ? Les mecs sont mes potes, ils m’apprennent des trucs, ils sont de bonne compagnie. La donnée intéressante des Food Systems, c’est qu’on joue devant des gens après les avoir fait manger, et ils ne sont pas acquis à ce qu’on va faire. Parfois la tête des gens en face c’est camping, et on arrive à les jeter avec de l’électro, de la trap, c’est magnifique. Ça me rappelle le théâtre, où le public est tout autre que ce que j’ai vécu dans la musique. Il y a plein de gens que j’ai conquis par ça et qui reviennent, et surtout j’ai une partie de mon public qui quand il voit une affiche avec écrit JoeyStarr se dit : « Nous on pensait que t’allais chanter ! », des têtes de tortue comme ça. Le Food System, l’idée c’est de les faire manger, de les faire digérer et peut-être qu’après on ira calibrer leurs étrons après digestion ! C’est des journées passées à bouffer avec des chefs, il y a de la musique, Naughty J est là aussi, et d’un seul coup tu te dis « Ça, on peut le proposer au public ». J’ai fait des soirées dans le Sud-Ouest avec un petit bar alternatif, Éric Ospital en train de cuisiner sur une plancha, les mecs sont sous MDMA, on arrive à les faire bouffer sous MD ! L’autre il leur cuisine sous le nez de ces trucs ! Si on arrive à faire ça, on peut aller plus loin. J’ai cette fibre entertainer qui est très forte.

« Je passe beaucoup de temps à table avec des chefs, les mecs ont toujours des histoires de ouf » 

Ton premier rôle de fiction c’était en 1990 dans l’épisode « Taggers » de la série Le Lyonnais.
Ouais, un truc comme ça. Je ne comprenais pas ce que je foutais là ni même ce que je racontais mais j’étais avec mes potes donc ça m’allait. Ma vraie première sensation au cinéma, je ne te cache pas, c’est Le Bal des actrices avec Maïwenn. Où je suis en impro totale, elle m’a pris au dernier moment, elle est partie en écriture pour moi, elle a senti que j’avais le débit pour la connerie assez facile, elle s’est dit « Je vais le mettre là-dedans, dans son rôle ». C’était assez jubilatoire. Après je me suis retrouvé à apprendre des textes, enfin Polisse ça n’était pas complètement écrit non plus, je me suis encore surpris. Même pour Elephant Man, je me disais que j’allais galérer pour faire rentrer tout ça. Quand j’ai commencé à lire, wow… Mais j’ai appris en chemin que j’aimais l’acting, et je me suis rendu compte que le théâtre m’apportait beaucoup. C’est une sensation particulière de se retrouver là après avoir passé 25 ans avec les mêmes personnes dans notre microcosme. Quand David Bobée m’a proposé Elephant Man, j’ai dit « Trois heures, t’es un ouf, je n’y arriverai jamais ! » Et il me dit que si je lui fais confiance, on va y arriver. Tu vois ce que fait Bobée, quand il a envie de toi tu ne peux pas dire non. Et en fait je ne savais pas que ça existait mais il m’a mis un répétiteur avec qui on s’est très bien entendu, on a beaucoup ri. Il me faisait faire des conneries, des exercices mnémotechniques, et ça marche grave ! Surtout je pensais qu’avec ce que je m’étais mis dans le cornet, je devais être un peu altéré à ce niveau-là et en fait non. Quand l’envie y est, le corps suit. Bien sûr il y a des séquelles, on ne peut pas être à la fois protagoniste et spectateur, mais ça ce n’est pas à moi d’en parler. 

Tu es un peu hypocondriaque ?
J’ai 55 piges, frère ! J’ai fait des roulades avant, nanana, mais j’ai vraiment envie de voir grandir mes fils parce que je suis très fier d’eux, les trois à leur façon, ils me régalent donc j’ai envie d’être là. Si j’étais en phase descendante, je ne sais pas comment je serais mais ça n’est pas du tout le cas en fait. Et puis je ne fais pas tous les jours la même chose : Là je fais une interview avec toi, de la promo pour la pièce Cette petite musique que personne n’entend qui va se jouer un mois au Festival d’Avignon, où on m’attend au tournant parce qu’avec mon passif et vu ce que la pièce raconte, voilà…

Crédits : Ralph Wenig/Zeweed

Ton dernier trip ?
J’ai été à Majorque faire les cérémonies Ayahuasca. Avec des vrais Amazoniens hein, pas des pompes à vélo. J’ai dû partir dix jours avant pour faire un régime sans alcool, sans viande, sans drogue, sans sel, sans sucre, sans lactose. Il reste légumes et poisson mais sans sel mec, t’as la rage. C’est une copine comédienne qui m’a engrainé. Au départ je me suis intéressé à ça pour faire un doc, finalement je me suis dit que j’allais faire don de mon corps à la science, et j’y suis allé. Dix jours sans drogue et sans alcool, eh ben ça s’est très bien passé en fait. Ensuite on a fait les cérémonies pendant quatre cinq jours et ils m’ont gardé trois jours après pour la ré acclimatation. J’étais curieux, c’est un truc que j’avais envie de raconter. 

On te revoit quand à l’écran ?
Là on repart sur une saison complète du Remplaçant, on va tourner six épisodes dans la région de Bordeaux, ça va me faire du bien. J’ai rencontré un mec que je kiffe particulièrement, Michaël Abiteboul, avec qui j’ai tourné Machine, une série qui arrive sur Arte où je joue le rôle d’un vieux Marxiste. C’est une fiction sensée raconter la différence entre le syndicalisme, le marxisme et le capitalisme, tout ça sur fond de kung-fu avec une petite blonde très menue, Margot Bancilhon. Elle a taffé : Elle démonte sept gros Coréens alors qu’elle doit peser 50 kilos ! (Il se lève, NDLR) OK c’est bon pour toi ? Alors moi, je vais vaquer à de nouvelles aventures !

 

Propos recueillis par Olivier Cachin

Orlus@orlus.fr

 

Le ZEWEED mag # 5 est en kiosque!

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Le nouveau ZEWEED mag’ est disponible depuis le 16 mai en kiosque, Maison de la presse et Relay H! Au sommaire de cette cinquième édition : Snoop Dogg qui commente les JO de Paris pour NBC, 12 pages sur la weed au cinéma -avec notre sélection des meilleurs stoner-movies-, tout sur les hormones du plaisir (et comment les activer), deux interviews-reportage en Allemagne à l’heure de la légalisation, un grand dossier weed et sport, Jean-Charles de Castelbajac, Yarol Poupaud, Philippe Vandel, Flavien Berger et Philippe Cohen-Solal en interviews non-filtrées, un folio sur l’art psyché de James Cameron et le plein de bons plans pour l’été.

“Quel immense plaisir que celui de vous retrouver pour vous communiquer de notre passion pour la belle plante sous toutes ses formes! Un plaisir tel qu’il nous fallait tout vous dire sur les différentes formes d’euphories naturelles et comment les dompter (notre dossier sur les hormones du bonheur). Toujours en quête d’allégresse, la rédaction s’est penché sur deux sources de félicité pour le moins plébiscitées durant les beaux jours  : le  sport et le cannabis. Au travers de sept portraits d’athlètes, nous avons voulu démontrer que la consommation d’herbe n’est pas incompatible avec un accès aux plus hautes marches du podium.
Et comment pouvions-nous vous parler de sport sans aborder les JO 2024 de Paris?  Avec un focus sur son commentateur star de pour NBC : Snoop Dogg (notre couverture et les articles d’Olivier Cachin en pp. 6-7-8).  De la flamme Olympique à celle de son briquet bic à bong, en passant par sa flamme pour le cannabis business (notre article p. 9) vous saurez tout sur ce marathonien du plaisir qu’est le Dogg. Enfin, alors que ce journal est sorti le jour de l’ouverture du 77ème festival du film de Cannes, c’est huit pages sur le cinéma et la ganja qui vous attendent, avec en bonus une stupéfiante interview de Philippe Vandel dans laquelle il sera question de la Croisette, d’un président-marionnette et de latex…

Bonne lecture,

On se retrouve en septembre.

Alexis Lemoine,
Rédacteur en chef 

N’hésitez pas à partager vos idées et projets en lien avec l’univers du chanvre et du CBD sur le mail de la rédaction : redaction@zeweed.fr. Notre journal est là pour vous accompagner.
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Abonnement ZEWEED Magazine pour 4 numéros

La folle histoire des Fabuleux Freak Brothers

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Géniale création du texan Gilbert Shelton, les Freak Brothers sont à la contre-culture américaine ce que les Pieds Nickelés sont à la BD française : un monument graphique à la gloire de la glande.
Retour sur les stupéfiantes aventure des Fabulous Furry Freak Brothers ; Phineas Phreak, Freewheelin’ Franklin et Fat Freddy, légendaire trio comics de la période hippie.

Les Fabulous Furry Freak Brothers (titre original) désigne trois barjots (freaks en anglais) et chevelus (furry) qui passent leur temps à essayer de se procurer des drogues, tout en se moquant de l’establishment.
Nés à Austin sous le crayon de Gilbert Shelton, qui écrivait alors des bandes dessinées pour le magazine underground The Rag, les trois Freaks Brothers ( Phineas Phreak, Freewheelin’ Franklin et Fat Freddy ) avaient initialement été croqués par Shelton pour promouvoir un court-métrage ( La Marche des hippies du Texas sur le Capitol) lorsqu’il était directeur artistique d’une salle de concert à Austin. L’affiche s’avéra beaucoup plus populaire que le film et, très vite, les Freak Brothers eurent droit à leur propre BD dans The Rag.

Shelton goes west

En 1968, Shelton met les voiles pour San Francisco, pour rejoindre la scène bouillonnante de la Bay Area et fonde Rip Off Press avec trois autres hippies, eux aussi originaires du Texas.
Alors que les cartoons de leurs contemporains sont noirs et cyniques, ceux mettant en scène les Freak Brothers affichent un humour aussi drôle que pointu, jonché d’une bonne dose d’autodérision ; soit les tribulations de trois hommes célibataires (mais qui ne sont pas de vrais frères), partageant un appartement à Frisco avec une armée de cafards et Fat Freddy, un chat sarcastique et débonnaire. Totalement rebutés par l’idée d’avoir à travailler, les Freak Brothers débordent en revanche d’énergie et de créativité lorsqu’il s’agit de se procurer toutes sortes de drogues.

Le Freak, c’est comique!

Les substances psychotropes sont le thème prédominant de toutes les histoires des Freak Brothers, avec une nette préférence pour la weed, qui est omniprésente.
La seule drogue qu’ils refusent systématiquement est l’héroïne. En exemple, dans un épisode, Franklin refusera une offre de smack alors qu’il fait de l’autostop.
Dans Grass Roots, les Freaks trouvent un stock de cocaïne, de quoi “subsister” durant une année, et partent tout de go s’installer à la campagne.

Ils y seront rejoints par trois femmes hippies et profiteront de la beauté de la nature, de leur magnifique demeure et snifferont tout leur stock de coke en deux jours. La descente est brutale quand ils découvrent que leur palace scintillant au milieu d’une jolie clairière est en fait une ferme complètement délabrée, proche d’une décharge, et que les environs sont peuplés de hillbillies agressifs. Un épisode des Freak Brothers qui n’est pas sans rappeler la fin du film Easy Rider, sorti à la même époque : les deux principaux protagonistes, Wyatt et Billy (Peter Fonda et Dennis Hopper) se font abattre par des rednecks ; charge brutale sur les limites de l’utopie “peace and love” et le fossé culturel séparant hippies et hillbillies.
Le gouvernement n’est pas en reste, objet de mille moqueries ; les politiciens et fonctionnaires étant invariablement dépeints comme incompétents et…

Madness sans frontières

Si chaque histoire des Freaks Brothers débute de façon assez réaliste, de cases en bulles, elles finissent toujours par verser, si ce n’est dans l’absurde, dans le joyeux comique de pantomine.
Contre toute attente, les Freaks ne sont pas resté scotché au sofa de leur appartement et à Frisco, puisque la fine équipe franchira plusieurs fois les frontières (au sens propre) notamment dans The 7th Voyage of the Fabulous Furry Freak Brothers: A Mexican Odyssey où le trio passe des vacances au Mexique avant d’être jetés en prison (classique !) . Puis de s’en échapper grâce à l’aide du shaman Don Longjuan, dans une parodie on ne peut plus évidente des livres de Carlos Castaneda, qui faisaient fureur à l’époque.

Ou encore dans The Idiots Abroad: les Brothers partent vers la Colombie dans l’espoir de trouver de la coke pas chère… mais aucun d’entre eux n’arrivera jusqu’à Bogota.
Fat Freddy se retrouveront mêlés à un groupe de terroristes nucléaires en Ecosse, avant de perturber la parade du 1er mai à Moscou et être vendu comme esclave en Afrique. De son coté, Franklin manquera de peu d’être  tué par les membres d’une secte apocalyptique en Amérique du Sud, puis rejoindra un groupe de pirates, alors que Phinéas échoué à La Mecque deviendra l’homme le plus riche du monde après avoir créé une nouvelle religion.

Exile Parisien et come-back américain

Tout au long des années 70, les aventures des Freak Brothers paraîtront dans Playboy, High Times et Rip Off Comix.
A partir des années 80 le nombre de lecteurs des Freak Brothers a considérablement baissé. En 1985 Gilbert Shelton s’installe définitivement à Paris, où les aventures des Freak Brothers continuent à se vendre dans les librairies du Quartier Latin, à la grande satisfaction de leur auteur qui voyait que la BD est bien plus respectée en France qu’aux Etats-Unis.
Avec l’aide de ses deux complices Dave Sheridan et Paul Mavrides, il continuera d’écrire jusqu’en 1992.
Ses BD seront aussi publiées dans le légendaire magazine Actuel.

Il faudra attendre 2020 pour que les Freak Brothers fassent leur retour aux USA, sous la forme d’une série d’animation.
En 1987, un projet similaire avait été monté avant d’être abandonné avant une autre tentative qui connaîtra le même sort au début des années 2000.
Il faudra attendre 2018 pour qu’aboutisse la production d’un film d’animation Freaks Brothers. Forte d’un scénario original, la série sera ensuite diffusée sur la chaîne de streaming Tubi.

Hibernation et résurrection

L’histoire commence en 1969 à San Francisco lorsque les trois Freaks entrent en contact avec un gourou indien qui a inventé un additif spécial pour la weed. Ils le rencontrent finalement à Woodstock et lorsqu’ils fument un joint de sa préparation spéciale… ils s’endorment durant 50 ans.
En se réveillant en 2020 les Freaks découvrent que leur vieil appartement niché au sous-sol est désormais surplombé d’une maison habitée par un couple désespérément woke et rigide.

Tout leur quartier de « Basura Vista » (vue poubelle en espagnol) est maintenant totalement tombé dans la gentrification, peuplé de banquiers et de hipsters.
Mais tout n’est pas totalement noir pour nos Freaks car la weed est maintenant légale à Frisco, et c’est la fête pour les Bro’s !

Portrait de famille

  • Fat Freddy : il est le plus gentil (et le plus stupide) des trois, généralement celui à qui incombe la mission d’aller chercher la dope, même si sa tendance à se faire arnaquer frise le systématisme.
  • Phineas Phreak : cheveux hirsutes et barbe noire, affublé d’un nez en forme de joint, il est le plus politiquement engagé de la clique, jamais avare d’une citation qu’il souhaiterait philosophique.L’archétype du militant de gauche (left wing radical), à l’image d’un Abbie Hoffman ou d’un Jerry Rubin. C’est aussi un passionné de chimie qui passe une grande partie de son temps à essayer de créer de nouvelles drogues.
  • Freewheelin’ Franklin, avec son chapeau de cowboy, son gros nez qui surplombe un long menton, il est le freaks “country” de la fratrie. Orphelin, il est le plus âgé et le plus « street wise » des trois, généralement plus relax que ses acolytes parce qu’il a davantage d’expérience.
  • Fat Freddy’s Cat est le chat blasé qui partage l’appartement des trois frères petard. Fat Freddy’s Cat a par ailleurs droit à sa propre BD dans chaque album des Freak Brothers.
    Félin-malin, il est beaucoup plus intelligent que son propriétaire (qu’il surnomme “l’obèse”) et regarde les Freaks avec un mépris teinté d’amusement.
  • Norbert the Nark, est un agent de la DEA (la brigade des stups américaine) inefficace qui essaye toujours (et sans succès) d’arrêter les Freaks.
  • Hiram “Country” Cowfreak, est un hippie qui cultive de vastes quantités de weed dans une ferme isolée. Il est surnommé « le cousin ».
  • Dealer McDope, est l’un des dealers du trio. On parle souvent de lui bien qu’il n’apparaisse presque jamais en personne dans les albums.
  • Tricky Prickears : est un flic aveugle et sourd, souvent appelé le policier préféré des Freak Brothers (c’est aussi une parodie de Dick Tracy).
  • Le Gouverneur Rodney Richpigge, est l’archétype du politicien riche et corrompu que les Freak Brothers détestent. Cerise sur le gâteau : son fils est dealer de cocaïne.
Après le succès de la saison 1, la saison 2 a débarqué en juin dernier sur Tubi.

One Love Night : A Bob Marley tribute by Nicolas Ullmann & ZEWEED

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Vendredi 1er mars, ZEWEED vous invite à venir célébrer l’oeuvre de Bob Marley avec un tribute show au line-up exceptionnel. Winston Mc Anuff, Yarol Poupaud, Camille Bazbaz, Vanille, Xavier Polycarp, Vanupié, Medi & The Medicine Show, Yann DestalThe Tuff Lions (pour ne citer qu’eux) investiront demain soir la mythique scène du Sub pour y interpréter les meilleurs titres du King of Reggae. Aux manettes de cette soirée qui s’annonce mémorable, le formidable Nicolas Ullmann, jamais avare de belles surprises.

After Show by Luciano & The Clouds,
Reggae DJ set by Albert de Panam,

Un verre de rhum offert à l’entrée,
De nombreux cadeaux à gagner
Le Sub,
3, place de  Clichy
75017 Paris
Ouverture des portes à 21h00

Billetterie via ce lien

 

 

 

“One Love” l’ultime Marley-biopic ?

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Sorti en salle mercredi 14 février, le biopic sur Bob Marley One Love s’est immédiatement hissé en tête du Box-Office français, avec plus de 200 000 entrées en 48h. Pour ZEWEED, Olivier Cachin nous dit tout le bien qu’il pense du long-métrage consacré au King of reggae.

C’est la saison des biopics musique : Elvis, Priscilla, Marilyn et bientôt Amy, Maria (Callas), Charles (Aznavour), Bob (Dylan) et même Linda (Ronstadt). Mais celui qui déboule sur les écrans français en février est sûrement le plus attendu : One Love retrace la vie de Bob Marley, un des deux seuls artistes – avec Michael Jackson – à la réputation planétaire.

Prophète en son pays avant de devenir une icône mondiale, auteur de chansons inscrites au patrimoine mondial de la pop, Bob Marley revit 1 h 47 durant, sous les traits de Kingsley Ben-Adir ; un acteur anglais vu dans Peaky Blinders et dans Barbie – bon, il y était juste « basketball Ken ». Des extensions « dreadlockées », un accent très réaliste et une gestuelle fidèle à celle du héros qu’il incarne : Kingsley est un des points forts du film, qu’il porte sur ses épaules avec panache.

Crédits : Paramount

Le reste du casting ? On sera plus nuancé sur James Norton en Chris Blackwell, qui n’a aucune scène forte et se contente de traverser le film en White savior quasi muet, à l’image de Mark Sherman en Jimmy Iovine – le boss d’Interscope Records, dans le biopic de 2015 : N.W.A.: Straight Outta Compton.

Honorable biopic

La structure du film est linéaire, démarrant avec le concert Smile Jamaica de 1976, pour s’achever sur le One Love Peace Concert de 1978, entrecoupé de multiples flash-back sur la jeunesse de Bob, ses premiers enregistrements chez Studio One avec Sir Coxsone, sa découverte du rastafarisme…

Le reste de l’article d’Olivier Cachin est à découvrir dans le dernier Numéro de Zeweed, disponible en digital via ce lien.
Pour trouver le kiosque le plus proche de chez vous, c’est ici.

 

Le ZEWEED spécial Bob Marley est en kiosque!

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Au sommaire :  Bob Marley par ceux qui l’ont côtoyé, tout sur One Love, son biopic qui sort aujourd’hui en salle et un grand dossier consacré aux révolutions.

Pour ce 4ème numéro spécial Bob Marley, la rédaction s’est penchée sur les révolutions, les utopies et les hommes qui les ont incarné, pour vous proposer un dossier plein d’esprit et d’idées pratiques : comment devenir révolutionnaire (notre guide) ? Où est l’utopie la plus proche (notre map monde) ? Qu’écouter quand on fait la révolution ?  « Du reggae ! » s’est exclamé Olivier Cachin en conférence de rédaction avant d’en faire un passionnant article.
Le choix de mettre Bob Marley en couverture et lui rendre largement hommage au travers de témoignages de proches s’est ainsi imposé comme une évidence, alors que sort One Love, dont vous trouverez dans nos pages une critique objective.
Bob Marley et l’esprit révolutionnaire vous attendent dans le n°4 de ZEWEED, disponible en version digitale via ce lien.

Bonne lecture!

Pour trouver ZEWEED dans le kiosque le plus proche de chez vous, c’est par ici.