On est beaucoup à être fascinés par le Japon. Les mangas, la bouffe, la technologie… Il n’y a que de bonnes raisons pour apprécier ce pays. Malgré tout, le Japon reste un pays extrêmement conservateur. Alors qu’une ville comme Tokyo semble totalement futuriste, leurs lois sur la weed le sont beaucoup moins …
Trois mois de prison pour six grammes …
Alors que la préparation des JO 2020 de Tokyo bat son plein, les autorités mettent en garde les futurs touristes et ne laissent rien au hasard. Le président de Tokyo-2020 a tenu à rappeler cet été qu’il y a « des pays et des régions du monde qui ont récemment assoupli leurs règles sur l’usage du cannabis, mais au Japon, l’usage de cette substance constitue une violation de la loi et cela doit être bien compris ».
C’est une mise en garde capitale pour tous les stoners qui comptent s’y rendre et imaginent bien pouvoir trouver un peu de matos pour s’amuser comme dans n’importe quelle ville d’Europe.
Une erreur qui a déjà été fatale à de nombreux consommateurs qui n’étaient pas au courant de la dureté de la législation japonaise sur l’herbe.
Cette dernière prévoit trois mois de prison suivis d’une expulsion du pays pour un étranger en possession d’à peine 6 grammes.
Une sanction très lourde à laquelle on peut rajouter d’office trois semaines de garde à vue en amont. D’ailleurs, il est important de savoir que contrairement à chez nous, la justice nipponne vous considère coupable tant que vous n’avez pas prouvé votre innocence.
Cette répression des fumeurs de weed semble lunaire, surtout si on la compare à un régime autoritaire comme la Russie qui ne requiert qu’une simple amende pour plus de six grammes.
Et puis il ne faut même pas imaginer négocier avec les flics japonais. Paul McCartney lui-même a été arrêté pour possession de cannabis en 1980. C’est grâce à sa notoriété et aux risques d’émeute de la part des fans qu’il a évités une peine de sept ans de travaux forcés.
Cette législation est l’une des plus violentes au monde. Pourtant, l’archipel nippon a une longue histoire de culture du chanvre et n’a pas toujours rejeté son utilisation.
La guerre de l’opium, mère de toutes les batailles
Pour comprendre la législation actuelle sur le cannabis, il faut revenir 200 ans en arrière. Alors que tout se passait bien pour la Chine, les Britanniques n’ont rien trouvé de mieux que de lui déclarer la guerre. Pourquoi ? Vendre leur opium bien sûr !
La Chine avait interdit la consommation de ce produit alors c’est par la force que le Royaume-Uni a imposé aux autorités chinoises de l’accepter.
Désormais inondé d’opium, le littoral chinois sombre rapidement dans le déclin et avec lui, le reste du pays.
En sécurité sur son archipel, l’élite japonaise stupéfaite assiste à l’effondrement de son voisin. Un choc considérable dans la région.
Pour l’instant, le chanvre reste cultivé et le cannabis à usage médical ou académique est toléré. Cependant, encore choqué par ce qui s’est passé en Chine, l’empereur du Japon signe la Convention internationale de l’Opium en 1912 afin de contrôler le marché. L’interdiction de la beuh vient quelques années après, en 1930 avec un nouveau traité alors que les agriculteurs peuvent continuer à produire du chanvre.
C’est après la défaite de 1945 que le Japon s’aligne sur la politique américaine de prohibition totale.
Au même titre que la weed et l’opium, le chanvre est formellement interdit dans l’archipel et rien n’a bougé depuis.
Un combat perdu d’avance ?
Bien que baignés dans une société très conservatrice, des Japonais se battent pour faire changer la loi.
Pour eux, l’herbe fait partie de la culture japonaise. Elle était cultivée pendant la préhistoire, utilisée à des fins médicales sous l’antiquité et consommée par des moines bouddhistes pour méditer au Moyen Âge. Les shintoïstes considèrent même la weed comme symbole de fécondité et de pureté.
On rappellera aussi que les Japonais sont éduqués à vivre pour la communauté. Bien que beaucoup ne voient plus l’herbe sous un mauvais œil, la pression sociale fait que le sujet reste globalement tabou. Même dans des mangas sur les délinquants japonais, le cannabis n’est jamais mentionné car cela pourrait porter préjudice à l’éditeur.
Pourtant, selon le Japan Times, légaliser le cannabis au Japon avec un investissement de 30 milliards de yens par an (environ 256 millions d’euros) pourrait sérieusement remédier aux problèmes économiques auxquels le pays fait face.
Malheureusement, la répression à laquelle les militants font face compromet tout espoir d’une avancée sérieuse dans un futur proche.
Vincent