Mater du cul en streaming émet du CO2. Des solutions existent pour décarboner le X virtuel.
Pour que nous acceptions qu’il pénètre partout, l’Internet nous a fait une promesse. La dématérialisation du commerce, des loisirs, de la gestion du contenu du réfrigérateur allait réduire notre empreinte carbone. Sur le papier, l’argument est imparable. L’E-commerce nous évite de prendre la bagnole pour faire les courses.
Publié en 2008 par l’industrie des télécoms, le rapport Smart 2020 annonçait pour 2020 une baisse de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), à condition d’appliquer les recommandations des multinationales. Réseaux intelligents, bâtiments connectés, intelligence artificielle, efficacité énergétique, nous avons collés du Smart partout. Rien n’y a fait.
Comme en 2008, l’Internet consomme toujours 3 % de l’énergie mondiale et est donc responsable de 3 % des émissions anthropiques de GES. Problème : en une décennie, le bilan carbone du NET n’a pas bougé d’un iota. En 2018, le fonctionnement du web a généré plus d’un milliard de tonnes de CO2 : autant que la France et l’Allemagne réunies.
Peut-on décarboner l’Internet ? Difficile. Mais les solutions existent. L’une des moins explorées est la tarification de la contribution au réchauffement de l’industrie de la … pornographie. Se délecter d’éjac faciales, de 69 ou de torrides bukkake n’est pas gratuit pour le climat. Visionner 10 heures de films X en haute définition équivaut à télécharger l’intégralité des articles en anglais de Wikipédia. Certes, mais encore ?
Le porno représentant 27 % du trafic vidéo en ligne, son visionnage a contribué à l’émission de 80 millions de tonnes de gaz carbonique, en 2018, estiment les analystes du Shift Project : autant que l’Autriche. Comment internaliser le coût pour le climat de notre addiction au cul ?
Imaginatifs, les économistes du carbone proposent plusieurs options. À commencer par la taxe carbone. Cela se pratique déjà en Suède ou en France. Dans l’absolu, elle serait facile à appliquer tant l’industrie du X est concentrée. Via ses 160 plateformes (Youporn, Brazzers ou PornHub), la compagnie canadienne MindGeek a construit un quasi-monopole du hard en ligne. Son chiffre d’affaires frise le demi-milliard de dollars par an. À supposer que le groupe fondé par Fabien Thyllman verrouille 80 % du marché, il serait à l’origine de 65 Mt CO2 par an. En lui appliquant le niveau français, MindGeek devrait s’acquitter de 3 milliards de dollars de taxe carbone par an. Un peu rude.
Autre option : intégrer l’industrie du porno aux marchés de quotas d’émissions de GES, tel qu’ils existent en Europe ou au Québec. Reste à allouer aux éditeurs de RedTube ou MyDirtyHobby des plafonds d’émissions et les quotas payants qui vont avec. Cela ne semble être une priorité ni à Bruxelles ni à Montréal.
On peut aussi imaginer que les adorateurs de Julia Alexandratou ou de Xander Corvus « compensent » leurs émissions indirectes. Par exemple, en s’abonnant à Fuck For Forest. Le site norvégien écoporno reverse une partie de ses bénéfices à des projets de plantation de forêts et de préservation de la biodiversité. Retour à la nature nue.
Paul