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Assouplissez les règles, mettez-vous au CBD!

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Aujourd’hui,  j’ai choisi de vous parler d’un sujet délicat: les menstruations douloureuses ou SPM. Un calvaire chronique pour nombre de femmes que le cannabidiol ( CBD ) peut soulager, sans les effets secondaires des calmants et antalgiques classiques.  Relaxant, analgésique et anti-inflammatoire, le CBD pourrait bien être notre meilleur allié pour faire face à cette période du mois que nous sommes trop nombreuses à redouter.

Pour certaines femmes, le fameux « SPM » (syndrome prémenstruel et les dysménorrhées des douleurs liées aux règles) est synonyme de cauchemar. Irritabilité, rétention d’eau, tension dans les seins, migraines, modification de l’appétit: pas moins de 150 symptômes désobligeants liés aux règles ont été répertoriées  à ce jour!  Et ces symptômes touchent aujourd’hui 2 milliards de femmes dans le monde. Le Cannabidiol apparaît alors comme une alternative naturelle précieuse lorsque les antalgiques ne sont pas une option efficace ou souhaitée. En effet, cette molécule magique extraite du cannabis, agit sur les récepteurs cannabinoïdes présents dans notre organisme et aurait le pouvoir d’apaiser les douleurs et de  diminuer les inflammations, sans effet psycho-actif, ni “high “,  ni dépendance.

Et c’est une vraie bonne nouvelle ! Outre les fameux SPM et autres gênes durant les menstruations, il y a celles qui souffrent (comme moi hélas!) d’endométriose, ou encore celles qui subissent les désordres liés à l’arrivée de la ménopause. Entre sécheresse vaginale (donc douleurs pendant les rapports sexuels), stress accompagné de culpabilité et dérèglement hormonal, il y a de quoi se pencher sérieusement sur la question des palliatifs. Et s’il est nécessaire de revoir son hygiène de vie (comprenez sommeil et alimentation) , il est plus que tentant d’aller découvrir les vertus de cette molécule aux super-pouvoirs et d’envisager le CBD comme un allié de taille pendant notre cycle.

En 2019, le Dr John Thiel, chef du département de gynécologie obstétrique de l’Université de Saskatchewanau au Canada faisait la découverte de récepteurs dans les cellules de l’appareil génital féminin. Il a ensuite étudié les effets du Cannabis médicinal sur 134 patientes souffrant de douleurs menstruelles chroniques. 60% d’entre elles ont vu leurs douleurs diminuer. Autrement dit, l’action du CBD sur les cellules endocannabinoïdes des ovaires et de l’utérus serait incontestable. Ce n’est pas apparemment pas un scoop puisque déjà au XIXème siècle, la Reine Mère Victoria en consommait pour vaincre ses crampes menstruelles. Elle a même anobli le médecin qui lui prescrivait son remède royal!

Outre Atlantique, où le Cannabis médicinal est légal au Canada et dans 16 Etats US, la vente de produits à base de CBD à destination des femmes explose. En Californie, l’actrice Whoopi Goldberg a même lancé sa propre marque de produits pour en finir avec les inconforts périodiques. Si les huiles ont le vent en poupe, d’autres produits plus ciblés méritent toute notre attention. Le laboratoire américain Foria, a ainsi développé un ovule vaginal à base de CBD et de beurre de cacao: l’action est quasi immédiate puisque en 20 minutes, les principes actifs de la plante se libèrent et calment les contractions des muscles pelviens. La même société propose des lubrifiants destinés à la gent féminine. En France, des marques comme Merry’s ou Ho Karan proposent des tisanes, huiles de massage à l’usage des femmes en souffrance.
Ca donne envie d’essayer !

 

Sport & Weed : Just dank it.

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Quand on évoque les fumeurs de cannabis, quelques stéréotypes viennent rapidement en tête: de l’ado neurasthénique scotché à sa Playstation au stoner qui reprend Bob Marley dans le métro, les images d’Epinal de la lose ne manquent pas. Or, depuis que l’herbe a été légalisée au Canada et dans 17 états américains, l’offre considérablement a évolué. Et les comportements avec.
Les consommateurs ont pu trouver des weed aux effets positifs et stimulants alors qu’il y a 10 ans, le commun du stoner fumait ce qu’il trouvait, c’est à dire une herbe ou un haschich aussi soporifique que sédatif. Parmi les variétés qui sont désormais disponibles, il est des souches aux pouvoirs toniques qui, sans addiction à la clef, sont d’excellentes auxiliaires d’activité physique.
La preuve par deux avec les champions du ganja-sport Avery Collins et Jim McApline.

Avery Collins, la no dude attitude

Avery Collins, 26 ans, est ultra-marathonien. C’est-à-dire qu’il court en compétition, des distances allant de 80 à 320 kilomètres. Selon ce sportif hors-norme, le cannabis peut être complémentaire avec sa pratique sportive. “Si vous arrivez à trouver le juste équilibre, la marijuana élimine le stress de la course” explique l’athlète. “Et c’est aussi un remède après l’effort.” Véritable OVNI de la planète running, Collins a décidé de promouvoir sa façon « spirituelle » de faire du trekking. Son but étant d’en finir avec l’image du stoner loser au profit  de celle d’un sportif proche de la nature.

Bienvenue aux JO de la Ganja: les 420 Games de Jim McAlpine

En Californie, Jim McApline, 49 ans, est le fondateur des 420 Games . Les 420 Games sont en quelque sorte des Jeux olympiques pour les consommateurs de weed. C’est dans cet esprit que deux fois par an, des milliers de personnes se réunissent pour un cross de 8 kilomètres,  mais avec une règle d’or vert:  avoir consommé du cannabis.
Parce que oui, sport et ganja font bon ménage.

Ces deux  exemples illustrent une tendance croissante du healthy-weed. Et remettent au goût du jour le vieux proverbe de Juvénal : “Mens sana in corpore sano”: “un esprit sain dans un corps sain” .

 

La vente et la consommation de fleurs de CBD définitivement légalisées en France par le Conseil d’Etat.

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La vente et la consommation de fleurs de CBD est désormais définitivement légalisée sur le territoire Français. Une grande victoire pour la filière chanvre bien-être nationale et une fin de non recevoir aux ambitions prohibitionnistes de l’Etat et du lobby chanvre industriel.

Il y a un an presque jour pour jour, un arrêté surprise appuyé par la MILDECA et certains lobbys, interdisait le commerce  et la consommation de fleurs de CBD en France. Trois semaines plus tard, à la suite d’une intervention de Maître Pizzaro et de Yann Bisiou, la décision prohibitionniste était temporairement suspendue par le Conseil d’Etat.

Dans son arrêté contesté, le gouvernement justifiait notamment sa volonté d’interdire la vente des fleurs de CBD par l’argument de l’ordre public, assurant que l’autorisation de ces fleurs, dont l’aspect et l’odeur sont semblables à l’herbe de cannabis illégale, aurait compliqué les contrôles de police. Pourtant, toutes les forces de police des pays qui entourent la France disposent de tests permettant de faire le distingo. Les policiers français en sont d’ailleurs équipés depuis septembre dernier.

Une victoire pour la filière CBD et 2000 commerces spécialisés

Dans sa décision rendue aujourd’hui jeudi 29 décembre, le Conseil d’Etat a jugé qu’il « n’est pas établi que la consommation des fleurs et feuilles de ces variétés de cannabis avec un faible taux de THC comporterait des risques pour la santé publique ». La THC est la molécule neurotoxique présente dans le cannabis – celle qui fait « planer » les usagers. Elle n’est présente qu’à très faible taux dans le CBD. L’interdiction des produits dérivés du CBD ou contenant la molécule est donc… illégale.

La décision était particulièrement attendue par les professionnels du secteur. “La vente de fleurs représente en général les trois quarts du chiffre d’affaires” des quelques 2 000 boutiques spécialisées présentes sur le territoire, commentait mi-décembre auprès de FranceInfo Charles Morel, président de l’Union des professionnels du CBD (UPCBD).

Un combat qui remonte à 2014

En légalisant sans appel possible de la part du gouvernement,  le Conseil d’Etat dissipe également un flou juridique qui a débuté en 2014, lorsque des  poursuites avaient été engagées contre Kanavape et ses deux fondateurs qui avaient à l’époque proposé “la première cigarette électronique au chanvre 100% légale”.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), puis la Cour de cassation d’Aix en Provence, avaient par la suite confirmé que le CBD ne saurait  être considéré comme un stupéfiant puisqu’il n’entraîne “aucun effet psychotrope ni effet nocif sur la santé humaine”.
Un argument qui n’avait  pas empêché d’exécutif  de vouloir en interdire la commercialisation de fleurs de CBD . Un coup dur pour le gouvernement, à qui l’on ne saurait que recommander une grosse cigarette de CBD pour mieux digérer la défaite.

 

 

 

Le Sénat français se prononce largement en faveur du développement de la filière chanvre et CBD

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La proposition de résolution du groupe écologiste en faveur du développement de la filière chanvre et d’une meilleure réglementation du CBD a largement été adoptée par le Sénat ce jeudi 17 novembre.

Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat et porteur de la résolution, est parvenu sans difficulté à faire approuver sa “Proposition de résolution en faveur du développement économique de la filière du chanvre et pour l’amélioration de la réglementation entourant le CBD“, puisque le texte été adopté par 179 voix contre 7.
Un voeu pieux puisque qu’une résolution du Sénat n’a pas de valeur contraignante pour le gouvernement et ne saurait faire loi.
Une résolution exprime en revanche une préoccupation des élus du Palais du Luxembourg qui par ce biais interpelle le gouvernement. Avec un tel suffrage, le message est clair et net à l’endroit de l’exécutif.

179 voix contre 7

Un gouvernement qui continu à jouer au gaulois réfractaire sur le CBD et l’a fait savoir par le biais de la secrétaire d’Etat en charge de la ruralité, Dominique Faure, qui a réaffirmé au Sénat la position de l’Etat « Si le cannabidiol (le CBD NDLR) n’est pas classé comme un stupéfiant, il s’agit quand même d’une substance psychoactive dont les risques pour la santé sont encore en cours d’analyse  […] Il n’a pas été établi que le CBD est dangereux mais il n’a pas non plus été établi scientifiquement dans quelle limite de consommation, il ne l’est pas […] Seule la science doit éclairer nos décisions».

LR, Ecologiste, Socialiste et Communistes unis pour soutenir la filière chanvre et CBD

Parmi les soutiens du texte, le sénateur socialiste, Gilbert-Luc Devinaz qui a qualifié sur Public Sénat la filière de chanvre de « pilier de la réindustrialisation écologiquement responsable ». « Qu’il s’agisse de filière de construction locale, des industries textiles, du développement des bioplastiques plus légers et compostables, d’une filière papier réinventée, du développement des produits cosmétiques, pharmaceutiques et de bien-être ». A ce titre, il a déploré que la filière n’ait pas bénéficié du plan de relance mis en place durant la pandémie.

Au sein du groupe LR, les élus ont aussi largement encouragé le gouvernement à faire plus en faveur de la filière chanvre. La sénatrice LR Laure Darcos regrettant « l’impossibilité pour les maîtres d’ouvrage de valoriser financièrement le béton de chanvre par le biais des certificats d’économie d’énergie […] les maîtres d’œuvre ne peuvent donc pas prétendre aux aides de l’Etat au titre de la rénovation de l’habitat“.

Enfin, pour la sénatrice du groupe CRCE (Groupe communiste républicain citoyen et écologiste) Marie-Noëlle Lienemann, c’est cette association cannabis et chanvre qui freine le développement de la filière. « Il ne s’agit pas de contourner le débat sur la législation du cannabis. Il faut avoir une attitude rationnelle », a-t-elle appelé.

 Les principales propositions du texte soutenu par 179 sénateurs sur 186:

  • L’ouverture de l’obtention du label « Agriculture biologique » à tous les produits du chanvre destinés à la consommation humaine et animale.
  • L’élargissement du catalogue des cultivars de chanvre bien-être autorisés à des variétés contenant moins de 1 % de THC.
  • La mis en place de doses journalières recommandées (DJR) non contraignantes de consommation de CBD, à mentionner sur les emballages des produits, afin de prévenir toute forme de consommation problématique des produits à base de CBD.
  • La mise en place d’ un encadrement de l’utilisation du CBD dans les compléments alimentaires.
  • L’ouverture de l’obtention du label « Agriculture biologique » à tous les produits du chanvre destinés à la consommation humaine et animale
  • La catégorisation des produits issus du chanvre à principe actif  (CBD, CBN, THC, CBG…) afin d’identifier ceux relevant du bien-être et de la consommation courante et ceux relevant du soin médical et du régime de la pharmacopée.
  • La mise à la disposition des forces de l’ordre (douane, police, gendarmerie) des tests portatifs permettant de distinguer précisément les teneurs respectives en CBD et en THC des produits brut.

 

François Verdonnet, pionnier français du CBD en Suisse

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Il y a six ans, François Verdonnet était le premier à vendre du CBD à Genève et ses environs. En 2022, dans le cadre d’un projet pilote de légalisation, ce fils d’horticulteur fournira en cannabis récréatif les villes de Zurich, Lausanne et… Genève. Entretient avec le français dont l’herbe fait un tabac en Suisse.

Non seulement je suis le premier à avoir vendu du CBD à Genève, mais en plus je suis français!” s’amuse François Verdonnet, 39 ans et à la tête de Chanvre DC. C’est en 2015 et dans une station service Piccand (une chaîne indépendante de distribution de carburant) qu’il fera ses armes dans le business de la belle plante.
A coté des cigarettes et du tabac à rouler, François propose en primeur à ses clients des fleurs de CBD à fumer (En suisse, les stations-services sont aussi débitants de tabac), et ce en toute légalité.

« Quand j’ai appris que l’on pouvait produire et vendre du chanvre CBD,  je n’ai pas hésité. Je savais que nous avions un bon produit bien-être, sain et sans dangers sur la santé.”  explique ce savoyard qui a grandi au milieu des serre de son père, lui aussi horticulteur. “Avec une première infrastructure existante et l’aide de mes deux frères, ça a été assez rapide à monter. Ce qui a encore plus fulgurant, c’est la demande: en quelques semaines, il y avait  la queue sur des dizaines de mètres pour se fournir en CBD. »

De la station service au laboratoire R&D high-tech

« Au tout début, nous vendions notre chanvre CBD sous la marque Swiss Alps CBD, toujours quand je travaillais dans cette station service où je faisais aussi le pompiste. C’est d’ailleurs là-bas, que j’ai rencontré le gars qui allait devenir mon associé. Nous étions tous deux des grands passionnés de cannabis et savions le potentiel bien-être et commercial du CBD.”
Aujourd’hui, François peut se féliciter d’avoir misé sur la bonne plante, ou plutôt la bonne fleur: les ventes de sommités florales représentent en effet 80% des ventes de Chanvre DC. Les 20% restant se répartissent entre huiles sublinguales, huiles de massage et baumes.

 

Coté quantité, nous sommes loin des 5 tonnes du géant du CBD Phytocann, dont les installations sont à 60 km de celles de François, de l’autre coté du lac Léman. Chanvre DC mise plus sur la qualité et un réseau de proximité.
Cette année on a pas fini de récolter mais on devrait faire environ 500kg produits sous serre et pour la fin de l’année 100kg en indoor, parce que nous venons juste de commencer ce type de culture. On a pas fait pousser en  outdoor cette année à cause de la mauvaise météo. On a juste fait un partenariat de production d’où nous devrions tirer 300kg. Soit environ 900kg, à peu près la même chose que l’année dernière. “

Culture organique et production éthique.

Si les plantes de François rencontrent un franc-succès en Suisse, où se situe son exploitation, elles sont très peu commercialisées dans l’hexagone.
Une stratégie assumée: ” Si nous ne sommes pas très présent sur le marché français, c’est pour une raison simple : quand il faut réduire à 0,2% le taux de THC  (alors qu’en Suisse c’est 1% NDLR), il devient très difficile de proposer un bon produit. D’ailleurs, sur la plupart des fleurs vendues en France, les producteurs rajoutent des terpènes à base d’huile essentielles ou d’alcool. Sans ce petit tour de passe-passe,  les têtes ne sentiraient rien. Mais ce genre de pratique n’est pas dans notre approche. Je ne tiens pas à jouer avec la santé des gens. D’ailleurs, la totalité de notre production est garantie sans engrais chimique et labellisée en culture organique.” précise l’entrepreneur.

François Verdonnet dans son élément.

Le premier français à vendre (légalement) du cannabis récréatif

Parce qu’il a anticipé l’évolution du marché, François Verdonnet fera très probablement parti des premier fournisseurs en Suisse d’un autre type de chanvre : le cannabis récréatif.
Dès 2023, les villes de Zurich, Genève, Lausanne, Berne et Bâle mèneront un projet pilote de légalisation du cannabis récréatif.

Pour fournir en weed pharmacies et Social Clubs des villes en question, François et ses associés ont mis les petits pots dans les grands.
“Dès que l’expérimentation a été confirmée, j’ai fait ma demande d’autorisation pour produire du cannabis thérapeutique et récréatif auprès de l’OFSP, (l’équivalent du ministère de la santé suisse NDLR). Et si mon dossier a été accepté, ce n’est pas par hazard.  Nous avons  engagé deux docteurs en biologie végétale et en pharmacie, et un laborantin qui travaillent dans notre laboratoire estimé à 13 millions d’euros que nous avons obtenus dans de très bonne conditions. C’est l’opportunité du siècle pour une entreprise comme la nôtre.”
Rendez-vous à Genève en 2023!

Fan de free ride, François Verdonnet a fait un partenariat avec le grand Izaac Simon pour un sublime ride promotionnel.

Le site de chanvre DC est accessible via ce lien

French Touch CBD, une affaire de famille

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 Dans la région de Béziers, une famille travaille la vigne depuis le XVIème siècle… et le chanvre bien-être depuis l’année dernière. Reportage et entretien chez Viranel, où ces passionnés cultivent les produits du bonheur en toute simplicité.

D’où est venue l’idée de vous diversifier ?

Arnaud : On y pensait depuis quelque temps. J’ai eu un accident, ma belle-sœur Carine est atteinte d’une maladie auto-immune et la maman de Léa, ma femme, a eu un cancer, on a essayé de la soulager avec du CBD. On cherchait des solutions. En 2021, on a eu un gros gel tardif sur l’ensemble du vignoble, qui nous a flingué 80 % de la récolte à venir. On avait déjà en tête de lancer cette culture de chanvre bien-être et quand j’en ai parlé avec mon frère Nicolas, il a validé. Léa et Carine ont creusé le sujet plus sérieusement et on a lancé la production.
Léa : Ça s’est fait assez précipitamment.

Quand avez- vous débuté l’aventure CBD ?
Arnaud : On a commencé la production l’année dernière, en avril/mai. Pour les marques French Touch CBD et Les Artisanes de Marie-Jeanne, c’était en décembre dernier.

Quand vous parlez de CBD ici, vous avez dû avoir des réactions…
Léa : Au départ, on avait mis en vente une huile d’olive au chanvre, un produit fini consommable partout. La première réaction d’une personne très « terroir » de l’arrière-pays, c’était « ah non merci, ce genre de truc j’en veux pas » alors qu’on était juste là pour faire déguster une huile d’olive, pas de quoi s’inquiéter. Non naviguons à tâton entre le rejet d’une mode et la diabolisation du cannabis.

Carine. On passe beaucoup de temps avec les gens pour leur expliquer. Sur les marchés, on arrive à vendre plus de produits parce qu’on a le temps d’engager la discussion. Mais dans les magasins, où il n’y a pas de discours derrière la vente, c’est plus compliqué. On a toujours des questions comme : « je peux conduire après avoir consommé cette tisane ? ».

Jimmy, mordu du chanvre, est un expert en CBD qui prête main forte à l’équipe

Et les explications portent leurs fruits ou ça ne sert à rien ?
Lea : On a de très bons retours. Des gens sont en recherche de bien-être, mais on est obligé de faire cette petite éducation sur la plante.
Arnaud : Par exemple, on préfère parler de chanvre et des plantes qui l’accompagnent pour les tisanes, plutôt que de parler de CBD car ce terme peut encore bloquer certaines personnes.
Carine : Notre force aussi, c’est que les garçons sont viticulteurs tandis Léa et moi sommes issues du monde médical, elle est diététicienne et moi infirmière. On est sur du bien-être, c’est clair, mais on apporte notre expertise aux consommateurs. On a tous nos domaines de compétences, autant les garçons que nous. Pour les tisanes, Léa a composé des mélanges en fonction de la synergie des plantes entre elles.

Une saisonnière qui pose à coté d’une autre belle tête.

Avec le domaine viticole séculaire, une expertise médicale, vous êtes loin des clichés du « stoner “.
Arnaud : On est vite sorti de ça, oui.
Carine : C’est pour notre image de « produits bien-être » aussi.
Arnaud : On a encore quelques rares cas. La semaine dernière, un proche à qui j’ai conseillé des huiles m’a répondu « non merci, je suis pas dans la défonce ». Deux jours après, il est revenu et m’a demandé une huile. Entre temps il avait dû se renseigner… Mais on ne parle pas de fleurs là. C’est un marché qu’on a pas trop attaqué parce que c’est du commerce pur, il y a moins de sens.

Le bonheur est dans le champ.

Comment développez- vous votre activité ?
Arnaud : On est parti sur quelque chose de simple, sans promo, mais basé sur le bouche-à-oreille. On n’a pas fait de pub, on fait du petit réseautage et du viral court :  une personne qui a un avis positif va le partager avec son entourage.
Mais on est quand même sur les réseaux sociaux, c’est incontournable aujourd’hui. On pourrait aller beaucoup plus vite avec une grosse com’, mais le but n’est pas d’exploser pour se retrouver avec des dizaines d’employés…

Pourquoi pas ?
Arnaud : Parce que ce n’est pas gérable. On veut garder notre savoir-faire et rester dans cette bulle familiale.
Léa : On est sur tous les postes, packaging, production, création, commercial… C’est très polyvalent.

Concernant la répartition des tâches ?
Arnaud : Mon frère et moi gérons la partie production et les filles la distribution. On était bien entouré au départ, avec deux amis :  Jimmy et Loïc pour la partie agricole.

A vue de nez, la récolte est proche.

Pas trop dur de travailler en famille ?
Léa : Non au contraire, on a une bonne entente et on se complète sur les tâches, au boulot comme à la maison. Pour Nicolas et Arnaud, c’est une charge de travail considérable. Entre ça et le vignoble, ils sont en permanence sur le pont.
Carine : On a commencé une année noire pour la production de raisin, donc ils étaient plus disponibles au départ, mais ce n’est pas acquis.
Au début, Léa et moi étions très enthousiastes, on ne savait pas vraiment ce qui nous attendait. On s’est retrouvée dans le noir avec des lampes frontales à faire de la manucure pendant plusieurs semaines ! On a tout appris en même temps. La manucure, ce qu’est un terpène, les trichomes… Et sans parler des enfants, j’ai un ado à la maison, quand il a su ce qu’on faisait « alors maman, tu fais de la drogue ? ». Et là tu dois tout expliquer… L’autre de 6 ans, lui, voulait en ramener à l’école pour parler de l’activité de ses parents.
Arnaud : Même pour les anciens, au début ils avaient peur car ils assimilaient ça à la drogue mais au fur et à mesure ils ont compris et se sont ouverts.

Léa, fleur au chapeau pour la plus belle des plantes.

Sur la production, vous êtes bio ?
Arnaud : On travaille sur une parcelle qui a été en jachère depuis plus de 10 ans, la production se fait sans produit phytosanitaire mais on l’a lancé trop précipitamment. Pour le label bio, on va voir ça dans les mois à venir. Concernant le vignoble, on a choisi d’avoir autant de vigne que de garrigue. Donc on a un écosystème qui est naturellement très riche, avec beaucoup d’insectes, d’oiseaux, de serpents et toute la faune locale. Ça permet de limiter l’impact de certains ravageurs, qui vont rester cloisonnés à la parcelle en question. Il y a un équilibre qui se fait naturellement. Sur la production de chanvre, on a eu des chenilles mais sans plus. À part de la flotte et un amendement organique, il n’y a besoin de rien ajouter.

Avez-vous établi des stratégies de développement ?
Arnaud : Oui, bien sûr, mais c’était avant que le marché s’écroule. On pensait faire de la fleur au départ mais on s’est aperçu qu’il y a plus de possibilités avec les produits dérivés comme les tisanes, les huiles, etc…
Carine : Pour éviter la confusion chez nos consommateurs, on a choisi de scinder la marque en deux. Les fleurs, c’est French Touch CBD et tous les produits dérivés c’est Les Artisanes de Marie-Jeanne.

Chez Viranel, le chanvre est surtout une histoire d’amour et d’eau fraîche.

 

Le site de French Touch CBD est accessible vie ce lien

Ze recette: le Mojo Bango au CBD

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L’été 2022 sera (très) chaud. Pour rester zen sous le parasol,  Zeweed vous propose une recette spéciale bronzette (du cerveau) : le  Mojo Bango au CBD. A confectionner avec ou sans alcool et  à boire avec ou sans modération.

Si les jours ont commencé à raccourcir, la température, elle, commence enfin à monter. Afin de se détendre sainement sous les cocotiers et sur le sable, je vous propose ma recette du Mojo Bango, un classique de bien-être à siroter tout l’été (et avec modération si vous y ajoutez du rhum).

INGRÉDIENTS :

  • 2 cl jus de citron vert
  • 1 cuillère à café de miel
  • 2 cl jus de carotte
  • 4 cl jus de clémentine
  • 4 cl jus de mangue
  • 3 fraises
  • 3 kumquats (pour la déco)
  • 1 bouquet de menthe Huile
  • 1citron combava
  • Et une huile de coco concentré à  20% de CBD

PRÉPARATION :

  • Étape 1 : mélanger une cuillère de miel avec le jus du citron vert, bien remuer pour dissoudre le miel et obtenir un sirop.
  • Étape 2 : écraser les fraises au fond du verre avec un pilon ( le pilon de cuisine hein ) et mélanger la purée de fraise au sirop miel citron.
  • Étape 3 : ajouter un max de glaçons dans un grand verre  et verser le jus de mangue, puis le jus de carotte et enfin le jus de clémentine. Bien mélanger avec une cuillère pour refroidir la préparation.
  • Étape 4 : ajouter quelques gouttes d’huile coco au CBD (ou teinture THC ) remuer et c’est presque fini!
  • Étape 5 :  prenez  un  bouquet de menthe et taper le pour faire ressortir ses arômes, puis déposer le dans le verre (soyez généreux). Couper les kumquat en deux et faites une petite brochette, saupoudrer de combava rappée et déposer la déco sur le côté du verre.
  • Pour ceux qui veulent un cocktail plus corsé,  je conseille un bon rhum ambré.

A servir accompagné d’un joli joint de Mojo Mango CBD.

Bonne dégustation !

Le Comité canadien de la Santé demande à ce que le CBD soit en vente libre et fasse l’objet de recherches financées par l’Etat.

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Au Canada, alors que le CBD n’est disponible que sur ordonnance en pharmacie ou dans les dispensaires de cannabis, le Comité consultatif scientifique Canadien demande au gouvernement que la molécule fasse l’objet d’études officielles et soit en vente libre.

Le Comité consultatif scientifique Canadien (CCSC) vient de demander au gouvernement de financer des recherches sur le CBD, afin d’évaluer ses vertus thérapeutique et proposer aux consommateurs un cadre garantissant leurs sécurité.
Soulignant qu’un manque de données fiables empêche de préciser les indications et dosages recommandés du CBD, le CCSC a exhorté le gouvernement à soutenir “une recherche clinique de haute qualité sur la sécurité et l’efficacité du CBD et d’autres phytocannabinoïdes“.
La requête du CCSC, qui vise notamment à délimiter les applications thérapeutiques du CBD, figure dans le dernier rapport de Santé Canada, l’autorité sanitaire du pays.

Un marché estimé à 1,7 milliards d’euros par an si le CBD est en vente libre

Le CCSC propose aussi étudier l’opportunité d’autoriser l’achat de produits CBD en vente libre, sans ordonnance.
Le 28 juillet, Santé Canada (l’équivalent du ministère de la santé en France) avait aussi préconisé que le CBD soit accessible sans prescription médicale, précisant que la molécule issue du chanvre était « sûr et tolérable » chez les adultes en bonne santé.

Au Canada, le CBD demeure une substance contrôlée et réglementée au même titre que le cannabis thérapeutique ou récréatif .
La réglementation fédérale canadienne impose que le CBD ne soit vendu que sur ordonnance dans les pharmacies ou par les dispensaires agrées faisant commerce de cannabis. Les ventes illicites de CBD en dehors du cadre réglementaire sont aujourd’hui courantes, voir majoritaires dans certaines provinces.

Au mois de mars de cette année, une étude de l’Association Canadienne des aliments de santé (ACAS) projetait que les ventes de CBD atteindraient 2 milliards de dollars canadiens (1,7 milliard d’euros) par an avec une croissance de 7 % annuelle si le chanvre CBD était en vente libre et commercialisé en tant que produit de santé.

Les recommandations du CCSC :

  • La posologie quotidienne de CBD par voie orale doit être fixée à une dose allant de 20 à 200 milligrammes par jour pour les adultes en bonne santé. Les consommateurs sont invités à discuter des effets potentiels de la combinaison de CBD, de médicaments et d’autres substances avec leur pharmacien.
  •  Le CBD ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes ou envisageant une grossesse, par les mères qui allaitent ou par celles qui ont des allergies ou une hypersensibilité au cannabis, aux cannabinoïdes ou à toute substance pouvant être présente dans les produits à la suite du processus de fabrication.
  • Les produits CBD doivent avoir des instructions de dosage claires et des avertissements d’effets secondaires potentiels, doivent comporter des déclarations sur les interactions potentielles entre le cannabidiol et d’autres drogues ou alcool, et être emballés dans des boîtes contenant des notices d’information dans chaque unité de vente.
  • Le CBD peut être administré aux chiens par voie orale deux fois par jour, mais uniquement à de très faibles doses comprises entre 0,2 et 2 milligrammes par kilogramme de poids corporel. Aucune recommandation n’a été faite sur l’utilisation du CBD sur les chats, en raison du manque de recherches disponibles, a déclaré le comité.
  • Les propriétaires doivent consulter un vétérinaire avant d’administrer du CBD à leurs animaux de compagnie.
  • Les produits pour animaux de compagnie doivent également être emballés et inclure des encarts informatifs. Les étiquettes doivent indiquer que le produit ne doit être utilisé que si un vétérinaire a diagnostiqué l’état de l’animal et discuté des risques et des avantages avec le propriétaire.
  •  Des efforts d’éducation du public au sujet de la CDB devraient être menés.

Bill Clinton voit dans le CBD une possible sortie de la crise des opioïdes qui frappe les Etats-Unis

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Une récente étude sur l’efficacité du CBD en tant qu’analgésique vient d’être saluée par l’ancien président Bill Clinton qui voit en ces résultats “une piste très prometteuse” pour sortir les Etats-Unis de la crise sanitaire liée à l’abus d’opioïdes. En 20 ans, cette dernière a couté la vie a plus d’un million d’américains.

L’essai clinique, mené par des chercheurs du NYU Langone Health (Etat de New York) et du Baptist Health of Jacksonville  (Etat de Floride), a démontré qu’un comprimé de cannabidiol (CBD)  absorbé par voie orale “gérait en toute sécurité la douleur après une chirurgie mini-invasive et ne produisait aucun effets secondaires“.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi durant deux semaines  99 volontaires de plus de 18 et moins de 75 ans. Un premier groupe recevant un placebo et l’autre du CBD absorbé par voie orale. Les deux groupes recevaient une faible dose de Percocet  de façon décroissante afin de les sevrer des opiacés en faveur du CBD. Les 99 patients devaient  prendre le placebo ou le CBD 3 fois par jour pendant 14 jours après une intervention chirurgicale.

Le CBD aussi efficace que les opiacés à faible dose.

Le premier jour suivant la chirurgie, les patients recevant du CBD ont ressenti en moyenne 23% de douleur en moins par rapport aux patients recevant le placebo. Soulignant ainsi que chez les patients souffrant de douleur modérée, le CBD a un effet significatif.

Une seconde  analyse a également démontré que les patients recevant 50 mg de CBD faisaient état d’une douleur moindre par rapport aux patients recevant un placebo. Aucun effet secondaire majeur n’a été signalé chez les patients recevant du CBD.
Les résultats de l’étude ont été présentés en mars lors de la réunion annuelle 2022 de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (AAOS) à Chicago.

Lundi 11 juillet,  l’entreprise à l’origine de l’étude TR Processing déclarait dans un communiqué de presse que Bill Clinton “avait suivi  l’étude par le biais de la Fondation Clinton”.

100.000 américains morts de surdose d’opioïdes en 2021

L’ancien locataire de la Maison Blanche voit en ces résultats un prometteuse façon de réduire la dépendance aux opioïdes.
Alors que ces mêmes opiacés font de plus en plus de victimes TR Processing (citant des données des Centers for Disease Control and Prevention) soulignait dans le même esprit que “plus de 100 000 Américains sont morts de surdoses de drogue en 2021 et qu’un million de vies ont été perdues à cause de surdoses au cours des deux dernières décennies“.

Au-delà du tragic bilan humain, cette crise des opiacés (opioid crisis) coûte aux États-Unis plus de 1 000 milliards de dollars par an. La légalisation du CBD au niveau fédéral en 2018 pourrait bien permettre au pays de sortir de la plus grande crise sanitaire qu’il ait connu avec celle du Covid-19.

L’UPCBD lutte à armes légales pour sauver la filière chanvre bien-être française.

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Créée en juin 2020 , l’UPCBD est une association qui a pour mission d’assurer le développement du marché national du chanvre bien-être.  A sa tête, deux avocats :  Xavier Pizzaro (à qui l’on doit l’arrêté Kanavape) et Charles Morel, que Zeweed a rencontré pour discuter du système bancaire, de l’avenir de la filière et d’un certain arrêté du 30 décembre 2021…

Bonjour Maître, qui êtes vous et que faîtes-vous? 
Je suis Charles Morel, j’ai 51 ans, et suis avocat au barreau de Paris depuis 25 ans. Depuis le 21 juin 2021, je dirige l’Union des Professionnels du CBD (UPCBD).

Qu’est-ce que l’UPCBD ?
C’est un syndicat professionnel ayant pour objet la défense des intérêts de la filière du CBD.

A quel type de professionnels vous adressez-vous? Il y a déjà l’AFPC et le Syndicat du Chanvre, qui regroupent tous deux beaucoup de cannabiculteurs…
Nous nous adressons à tous les professionnels, nos adhérents sont très majoritairement des boutiques spécialisées, physiques ou digitales, indépendants ou franchisés. Nous comptons des franchiseurs , des grossistes, des laboratoires d’analyse, quelques producteurs, dont certains sont aussi d’ailleurs à l’AFPC, qui a vocation à représenter les cannabiculteurs. Nous développons par ailleurs un réseau de partenaires : professeurs de médecine, laboratoires, centre de formation, systèmes de paiement… Et j’espère bientôt une banque française.

Des banques ? Vous avez des pistes en France ? 
Je ne vais pas donner de nom par précaution mais la discussion avance bien. C’est un besoin très important pour nos adhérents. Ce CBD est un secteur encore mal vu par l’État, comme le démontre l’arrêté du 30 décembre 2021. On sait que dans le référentiel de conformité (compliance) des banques, le CBD figure dans la zone d’alerte et de produits interdits. Nous attendions avec confiance et optimisme la décision du Conseil d’État. Si, comme nous l’espérons, sa décision nous est favorable, nous interpellerons les organismes bancaires, la fédération des banques et le ministère de l’économie pour leur demander de sortir le CBD de ce classement des activités à risque.

 

C’est un vrai problème pour les entrepreneurs du cannabis légal…
Oui, c’est le problème du droit au compte. Vous avez droit d’ouvrir un compte mais après les banques font ce qu’elles veulent concernant les moyens de paiements, en indispensables pour travailler. Nous sommes sur le point de conclure un partenariat avec une société française proposant des moyens de paiement.

 

Charles Morrel, Avocat de la défiance

Pour le moment, certains ont trouvé la parade en ouvrant des comptes chez des banques non-françaises…
C’est un des effets secondaires du dogmatisme d’État sur la question du CBD. Le paradoxe, c’est qu’en réalité l’État français joue contre les consommateurs, les producteurs et les commerçants français du CBD, parce que les solutions alternatives en cas de blocage se trouvent à l’étranger. L’Etat provoque une perte de valeur considérable par une création de risque absurde, en méconnaissance totale du CBD. Cette difficulté systémique avec les banques est un des exemples de l’État qui joue contre ses citoyens et ses acteurs économiques.

L’UPCBD a été particulièrement active pour contrer cet arrêté du 30 décembre 2021…
Effectivement, avec Maître Xavier Pizzaro, l’avocat de l’UPCBD, et Yann Bisiou, maître de conférence spécialisé dans le domaine, l’UPCBD a fait le choix de saisir le Conseil d’État le 1er janvier sur la base d’un référé liberté, ce qui était un choix risqué mais à notre sens indispensable.
Devant le Conseil d’État, il y a deux types de référé : le référé liberté et le référé suspension, le premier est plus exigeant mais nettement plus rapide aussi. Je sentais une très grande urgence de la part des adhérents : du jour au lendemain, ils sont passés d’un statut de commerçant à celui de trafiquant, avec des marchandises qualifiées de stupéfiants, quel que soit le taux de THC présent, et des produits impossibles à vendre aux consommateurs ou à restituer aux fournisseurs.
Une vraie perte sèche, sans la moindre indemnisation ni délai de mise en œuvre. On a vu la brutalité avec laquelle le gouvernement a agi la veille du Réveillon.

“On a vu la brutalité avec laquelle le gouvernement a agi la veille du Réveillon”

Face à cette situation intenable, profondément anxiogène, Il y avait urgence, il fallait que le Conseil d’État se décide vite. Nous avons mobilisé nos troupes et récupéré des dizaines d’attestations comptables montrant la part de la fleur dans le chiffre d’affaires, environ 70 %, et donc la preuve de l’urgence. Ces commerces étaient menacés de faillite, de licenciements, du jour au lendemain. Nous avons plaidé le 14 janvier face aux représentants des gouvernement et obtenu dès le 24 janvier, une décision de suspension de l’interdiction de la fleur de chanvre CBD.
Dans l’intervalle de ces trois semaine nous avons sonné la mobilisation et soutenu les membres qui voulaient continuer à vendre de la fleur malgré l’interdiction en vigueur – interdiction manifestement illégale selon nous nous avons préparé et adressé à tous nos adhérents un argumentaire à destination des forces de l’ordre si jamais elles venaient dans les boutiques ou les entrepôts.

Vous vous êtes appuyés sur le droit européen ?
Absolument, nous nous sommes appuyés sur l’arrêt Kanavape, rendu par la CJUE le 19 novembre 2020. Le gouvernement en avait fait une lecture très incomplète, pour le dire gentiment. Quand la Cour de justice de l’Union européenne a statué, elle n’a pas écarté la convention unique de 1961 sur les stupéfiants, qui définit le droit international en la matière. Elle a au contraire considéré que la convention devait être interprétée, non pas de manière littérale, mais, dans une lecture téléologique, au regard de sa finalité, qui est la protection de la santé humaine. Le CBD n’ayant pas de nocivité avérée ni de caractère psychotrope, la CJUE a constaté que le CBD n’est pas un stupéfiant.

Vous avez débloqué cette situation de manière provisoire, c’est ça ? 
Oui et non, il s’agit d’une suspension mais avec bon espoir de l’emporter au fond, auquel cas ce qui n’était que provisoire deviendra définitif. Il est très rare que le Conseil d’État suspende un texte règlementaire. Normalement, le délai pour statuer de manière définitive est d’un ou deux ans, mais là ça sera plus court. Ça peut aller très vite, nous pouvons recevoir un avis d’audience huit jour avant l’audience. Il est possible que cette audience ait lieu dès le mois de juin.

“Il y a d’autres menaces qui pèsent sur la filière telle qu’elle est constituée aujourd’hui”

Comment vous vous y préparez avec Maître Pizzaro et Yann Bisiou ? 
Il n’y a pas de préparation de l’audience proprement dite, contrairement à la suspension du référé liberté où les débats ont duré plus de trois heures. Contrairement à la procédure de référé, où l’écrit et l’oralité se complète de manière équilibrée, la procédure au fond est écrite, seul un avocat au Conseil peut s’exprimer, par observation, quelques minutes maximum. Les efforts de notre équipe juridique se sont donc concentrés sur la rédaction des recours et du mémoire en réponse.

Vous avez bon espoir pour le futur de filière CBD française ?
Oui, et d’abord pour commencer sur cette décision de reconnaitre la légalité de la fleur. Il y a d’autres menaces qui pèsent sur la filière telle qu’elle est constituée aujourd’hui. Notamment la question de la qualification thérapeutique. Nous avons ainsi été contraints d’attaquer le décret du 7 février 2022 sur le cannabis à usage médical. Nous ne sommes pas contre le cannabis à usage médical, évidemment, nous sommes au contraire en faveur de l’utilisation optimale de tous les atouts du chanvre. Mais il y a dans ce décret une nouvelle procédure de classement en médicament, et qui nous parait totalement arbitraire, avec un risque sur la commercialité des produits que l’on trouve actuellement dans les CBD-shops. Nous avons vu avec l’arrêté du 30 décembre 2021 que l’État était prêt à liquider la filière du jour au lendemain, cela nous contraint à une grande vigilance. Nous sommes confiants sur le sens de la décision que rendra le Conseil d’État, mais toujours attentifs aux autres tentatives de déstabilisation.

“Nous avons vu avec l’arrêté du 30 décembre 2021 que l’État était prêt à liquider la filière du jour au lendemain”

Ce que nous disons au gouvernement, c’est que nous sommes prêts à travailler avec lui. En amont, nous avons réfléchi repose sur trois piliers : en premier lieu, après cette phase d’affrontement totalement contreproductive avec l’Etat, une réglementation qui permette plus de liberté, nécessaire aux acteurs de la filière. On préconise, par exemple, un taux de THC fixé à 1 % au lieu des 0,3%, dans la perspective d’une harmonisation des taux au niveau européen pour éviter la concurrence déloyale des autres pays producteurs.
Mais aussi et surtout pour la qualité de la fleur, afin d’obtenir le meilleur profil terpénique en évitant tous les procédés artificiels destinés à faire redescendre le taux de THC. Ce qui suppose un élargissement du catalogue européen à des variétés autres que celles qui y figurent actuellement, utiles pour la culture du chanvre industriel mais inadaptées à la culture du chanvre CBD. Nous voulons une fleur naturelle et française. C’est le deuxième volet de la règlementation que nous proposons : mettre en place des mécanismes sécurisant et consolidant la filière agricole française des cannabiculteurs, leur permettre d’investir et d’obtenir des revenus stables correspondant à la valeur de leur travail.

“On préconise, par exemple, un taux de THC fixé à 1 % au lieu des 0,3%”

L’UPCBD a pris l’engagement de s’inscrire dans une dynamique destinée à ce que les boutiques vendent a minima 50 % de produits français. Le troisième volet de la règlementation porte sur la protection des consommateurs. Les consommateurs doivent bénéficier d’une information transparente, exacte et complète, avec des produits de qualité.  Nous voulons garantir des bonnes pratiques tout au long de la chaine de valeur, de la production jusqu’à la vente au détail, en passant par l’extraction, l’entreposage, le transport et toutes les étapes qui sépare la plantation de la semence de la consommation finale.

Charles Morel,

C’est par rapport aux différents procédés légaux à l’étranger, qui permettent le lavage et de re-terpéniser les fleurs ?
Oui bien sûr. Nous sommes vraiment engagés en tant que filière bien-être. Cela implique une offre de produits les plus naturels possible, en évitant les processus artificiels, les solvants, les pesticides, etc… C’est essentiel. Les produits à base de CBD, on les ingurgite, on les met sur la peau, sous la langue, on vaporise, on inhale. C’est notre corps, il est sacré. C’est la même logique que pour les fruits et légumes, il faut qu’ils nous fassent du bien. Si nous nous engageons en faveur d’une filière agricole française, c’est pour favoriser les circuits courts, la traçabilité, des procédés agricoles vertueux, des produits de gamme supérieure.

Vous avez un levier d’action sur ces problématiques ?
Oui, de différentes manières. On veut participer à la réglementation et montrer que nous sommes responsables. Pour résumer, nous sommes sûrs de notre bon droit et conscients de nos devoirs. Nous sommes dans une situation paradoxale, l’interdiction est suspendue mais il n’y a pas de règlementation. Nous voulons que la filière soit fondée sur une réussite réelle, authentique et durable, et que la légitime recherche du profit se fasse dans le respect des valeurs fondatrices de la filière, dans le but d’améliorer le bien-être général de la population. Entre le cannabis médical, bien-être et même récréatif s’il devait être légalisé, nous considérons qu’il y a de la place pour tout le monde. Et pour la vente aussi, il y a de la place pour les CBD-shop, les buralistes et même la grande distribution, que je trouve tout de même opportuniste sur le sujet, avec une logique de profit. Pour nos adhérents, nous faisons le pari que la qualité peut permettre d’installer cette filière dans la durée. La qualité des produits, de l’information et de la relation avec les consommateurs.

“Entre le cannabis médical, bien-être et même récréatif s’il devait être légalisé, nous considérons qu’il y a de la place pour tout le monde”

Avec le second mandat du président Macron, vous pensez qu’on pourrait avoir une évolution positive de cette législation, un peu comme ce qu’il se passe en Allemagne actuellement ?
Emmanuel Macron avait l’air assez libéral sur le sujet en 2017 et finalement, les circonstances politiques ont fait dévier le centre de gravité de sa politique vers la droite, avec la nomination de gens plutôt réfractaires à une vision libérale. Nous faisons face pour l’instant de la part de l’Etat à un mélange de démagogie et de méconnaissance du sujet. La légalisation du cannabis récréatif en Allemagne n’a pas encore eu lieu, mais elle peut créer une énergie, une dynamique qui peut se diffuser en France. Quelle conclusion en tirera Emmanuel Macron ? Il est capable on l’a vu, comme sur le nucléaire, de revirement spectaculaire. Ce n’est pas mon rôle de militer pour la légalisation du cannabis récréatif, je ne peux simplement que constater l’échec total de la politique de prohibition. Mais, parce que le CBD n’a pas de caractère psychotrope, le sort de la filière CBD n’est pas indexé sur celui du cannabis récréatif, elle obéit à une logique distincte avec un agenda spécifique car. Quel que soit le gouvernement, Il n’y a aucune raison d’appliquer à un produit non-stupéfiant une prohibition qui a échoué sur les stupéfiants.

Votre actualité pour l’été avec l’UPCBD ?
Nous sortons de notre premier séminaire à Paris, c’était le 23 mai, qui a été une vraie réussite, avec des intervenants d’horizons divers, sur les sujets essentiels, des débats sans tabou et une volonté très forte de montée en gamme. Nous avons à cette occasion signé un partenariat avec un organisme de formation, Campuseo, pour mettre en place une formation certifiée en incluant les meilleurs experts du sujet.

“L’idée, c’est de monter une intersyndicale pour porter des propositions communes avec l’AFPC, le SPC et l’Union des professionnels du CBD”

Une filière existe à partir du moment où il existe des formations certifiées à disposition de ceux qui y travaillent. C’est très important. Elle couvrira l’ensemble de la chaîne de valeurs du processus pour le CBD, de la fabrication au détaillant, avec toutes les problématiques. Nous avons aussi longuement debattu de la stratégie à mettre en place. Le président et le porte-parole de l’AFPC, avec laquelle nous travaillons sur un plan filière, sont intervenus. L’idée, c’est de monter une intersyndicale pour porter des propositions communes avec l’AFPC, le SPC et l’Union des professionnels du CBD.
Avancer unis pour valoriser la filière française et lever les obstacles. Nous avons des contacts avec les institutions, notamment les douanes, qui attendent comme nous la décision du Conseil d’Etat pour y voir plus claire. Nous avons la volonté de dialoguer avec tous, et nous nous tenons prêts. Nous allons faire en sorte de bâtir une belle filière française, qui soit une fierté pour nous et un bienfait pour tous.

Interview réalisée en juin 2022
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