Volodia Opritchnik

Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

Il était une fois la fin d’un monde

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Alors que la COP 15 biodiversité s’apprête à adopter un accord visant à protéger 30 % de la surface du globe d’ici à 2030 et que la 26ème COP devrait entériner une aide de 100 milliards de dollars pour les pays les plus pauvres, le GIEC* et l’IPBES** viennent de signer pour la première fois un rapport commun. Cette feuille de route, dont Zeweed publie les grandes lignes en exclusivité, pourrait bien sauver la planète et nous avec.

2021 est une année capitale pour la préservation de la nature et du thermomètre. Par les hasards de la pandémie de Covid-19, c’est au second semestre que les gouvernants de la planète devront prendre d’importantes décisions sur ces deux sujets vitaux.

COP biodiversité et climat

Du 11 au 24 octobre 2021, à Kunming (Chine), les parties à la convention de l’ONU sur la diversité biologique devront acter de nouveaux objectifs de protection des environnements terrestres et marins. L’un des buts de cette « COP 15 biodiversité » est l’adoption d’un accord portant sur la protection de 30 % des terres et des mers d’ici à 2030. Aujourd’hui, seules 15 % des terres et 7 % des mers bénéficient d’un certain niveau de protection.

Quelques semaines plus tard, à Glasgow (Écosse), la 26e COP climat devra accoucher des dernières règles d’application de l’accord de Paris, confirmer l’aide annuelle de 100 Md$/an que les pays riches doivent octroyer aux nations les plus vulnérables. Après avoir rehaussé l’ambition de leur politique climatique à 2030, bon nombre de gouvernements devraient aussi viser la neutralité carbone de leur pays pour le milieu du siècle.

Plume commune

Cette conjugaison des thématiques a inspiré les scientifiques. Pour la première fois, les contributeurs aux rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont pris la plume ensemble.

Dans le rapport qu’ils publient, ce 10 juin, « bio » et « climateux » rappellent toutes les raisons qui imposent que les deux thématiques soient également prises en compte dans les politiques. Cela peut paraître évident, mais les effets du réchauffement exacerbent les risques pesant sur les milieux naturels. Or, ce sont ces mêmes milieux qui absorbent, pour le moment, plus de la moitié du CO2 que nous émettons inconsidérément. Plus grave, la disparition de nombreux écosystèmes perturbera gravement les grands cycles biogéochimiques, du carbone, de l’azote et de l’eau. Dit autrement, moins d’espaces naturels renforceront les émissions de gaz carbonique et de protoxyde d’azote (deux gaz à effet de serre) dans l’air. Et réduiront la disponibilité en eau potable. Pas réjouissant.

Stabiliser le réchauffement

S’adapter aux conséquences du changement climatique suppose donc de conserver les plus grandes surfaces possibles de « biodiversité » terrestre, lacustre et marine. Mais cela ne sera possible, ajoutent les rapporteurs, qu’à la condition de stabiliser rapidement ledit réchauffement. L’état de la nature dans un monde réchauffé à 4 °C sera infiniment moins chatoyant que celui que nous connaissons.

Les ministres des finances ne sont pas épargnés. Les chercheurs les implorent de mettre fin aux subventions à la production et à la consommation des énergies fossiles, à celles qui contribuent à la destruction de la biodiversité (les primes à l’arrachage des haies, par exemple), à la surconsommation d’engrais et à la surpêche. Les premières étant parfois liées aux dernières.

Le retour de l’holistique

Voilà pour les gouvernements. Ils ne sont pas les seuls destinataires du cri d’alarme poussé par les chercheurs. Sans nier leur intérêt, ces derniers mettent en garde contre certains messages relayés par certaines ONG environnementales. Du WWF à Conservation International, en passant par l’UICN, on ne jure plus que par les « solutions basées sur la nature ».  La plus évidente étant la plantation de forêt stockeuse de carbone. Le concept n’est pas mauvais en soi, concèdent les chercheurs, à condition de ne pas cibler un seul but. « Ce type d’intervention devra viser plusieurs objectifs : conservation de la terre, de l’eau douce et de l’environnement marin, plutôt que la préservation de quelques espèces iconiques ou d’espaces particulièrement menacés. »

Les auteurs appellent aussi à ne pas céder à la facilité. Planter des forêts, c’est bien, cela peut stocker du carbone. Mais un massif industriel d’eucalyptus n’est pas la nature. Et il est bien plus rentable de restaurer une mangrove, qui protège contre la montée du niveau de la mer, qui assure le gite et le couvert à bon nombre d’espèces marines. Et, accessoirement, qui stocke jusqu’à 4 fois plus de carbone qu’une forêt pluviale. Évidemment, il est plus difficile de planter une mangrove qu’une forêt de peupliers.

Agroécologie et agroforesterie

Autre message, délivré cette fois aux agriculteurs et aux penseurs des politiques agricoles: les membres de l’IPBES et du GIEC appellent nos producteurs de denrées alimentaires à bouleverser leurs pratiques. Notamment en mettant en pratique les pratiques de l’agroécologie et de l’agroforesterie, seules à même de freiner l’érosion de la biodiversité (les pollinisateurs, par exemple), tout en maintenant la productivité agricole. Sans pour autant accroître la contribution de l’agriculture au renforcement de l’effet de serre.

Pour le moment, la production de denrées alimentaires est à l’origine de 21 à 37 % des rejets anthropiques de GES. Réduire la consommation d’engrais azotés (ce que prévoit la stratégie française bas carbone) permettrait, au niveau mondial, de réduire l’émission de 3 à 6 milliards de tonnes de GES par an. L’équivalent de 10 à 20 années d’émissions françaises !

GIEC et IPBES ne sont pas hostiles aux solutions techniques contemporaines. A certaines conditions. L’énergie solaire a bonne presse. On peut ainsi faire cohabiter panneaux photovoltaïques, cultures (on appelle cela l’agrivoltaïsme) et insectes pollinisateurs. Déployées sur des pièces d’eau, les centrales solaires réduisent l’évaporation ; utile dans les climats les plus arides. Mais l’apport de l’énergie solaire sera sans tâche si les constructeurs de panneaux ne puisent pas leurs matières premières dans les fonds marins ou dans des biotopes menacés.

Ce reproche s’adresse également aux producteurs de batteries des véhicules électriques. Mot d’ordre : développer des systèmes ne consommant pas de ressources prélevées dans des milieux fragiles et recycler. La préservation du climat et de la biodiversité passe aussi par la généralisation de l’économie circulaire

*Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat  (GIEC)est un organisme intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l’Organisation des Nations unies.
**La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (en anglais : Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est un groupe international d’experts sur la biodiversité.

Réchauffement climatique : la weed devra s’adapter

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Paradoxe. A l’heure où produire du cannabis devient de plus en plus difficile dans l’ouest des Etats-Unis, son usage va sensiblement se développer.

En plus d’avoir désigné le prochain locataire de la Maison blanche, le scrutin américain du 3 novembre aura aussi été l’occasion pour quatre Etats de libéraliser l’usage de la marijuana. Sans grande surprise, une majorité d’électeurs ont voté en faveur d’une dérégulation de l’usage du cannabis en Arizona (récréatif), dans le Mississipi (médical), dans le Montana (récréatif), le New Jersey (récréatif) et le Dakota du sud (médical et récréatif).
Voilà donc plus de 20 millions d’Américains supplémentaires qui vont pouvoir déguster. Pour ce faire, les producteurs américains devront toutefois s’adapter aux effets du changement climatique.

Toujours plus de feux
L’un des plus évidents est l’allongement, en Californie notamment, de la saison des incendies. Avec l’irrépressible montée du mercure, le changement de régime des précipitations et la diminution des budgets à la gestion des forêts, la saison annuelle des incendies s’étend désormais sur 230 jours, en Californie, contre 140 jours dans les années 1970.
Pour les producteurs de weed du Golden State, cette année s’annonce contre un terrible millésime. D’ores et déjà, plus de 2 millions d’hectares sont partis en fumée. Et de très nombreux planteurs ont vu s’embraser leurs plantations. D’autres ont été touchés par les fumées et les retombées de cendres, nuisibles pour la floraison. Des conséquences d’autant plus terribles que la majorité de ces entrepreneurs ne sont pas assurés. Les compagnies d’assurance rechignent à contractualiser avec une industrie qui est toujours considéré comme illégale au niveau fédéral, rappelle le San Francisco Chronicle.

Des solutions existent
A l’évidence, ces paysans de l’herbe doivent anticiper un nouveau paradigme climatique. Fort heureusement, les solutions ne manquent pas. Chez Wo/Men’s Alliance for Medical Marijuana (WAMM), pionniers de la culture du cannabis à usage médical, on minore les risques en cultivant une partie des plants dans des mottes hors sol contenues dans de vastes big bags. Lorsque l’incendie menace, chaque plant peut être mis en sécurité.
Pour les champs en pleine terre, certains experts recommandent une protection par brumisation. Des sprinklers installés tout autour des propriétés peuvent briser la dynamique d’un incendie et réduire la température ambiante, qui peut être dévastatrice pour les plantes. A condition, bien sûr, de disposer de réserves d’eau suffisantes. Ce qui n’est pas toujours le cas en Californie.
On peut aussi diversifier les productions. Les fleurs ayant été délicatement cendrées peuvent être nettoyées à coup de souffleuses. Pour les cas (presque) perdus, on peut aussi les distiller. L’huile ainsi obtenue est débarrassée de toute odeur de fumée. C’est déjà ça.

Place à l’indoor
Pour les années qui viennent, mieux vaut prévenir. Par exemple, en privilégiant la culture sous serre dans des zones éloignées des forêts. Bon nombre de vignobles de la Napa Valley détruits par les flammes pourraient ainsi laisser la place. Dotées de l’air conditionné et de système de protection solaire informatisés, ces installations pourront être aussi équipées de filtres à charbon actif, capables d’abattre de fortes concentrations de suies et de cendres.
Les plus audacieux tenteront l’émigration vers le Colorado : un Etat où les plantations de weed ne se comptent plus. Le Centennial State a aussi vu le climat s’échauffer de 2°C en un siècle (un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale), où les vagues de sécheresse sont toujours plus longues et sévères. Et où 20% des cultures sont déjà irriguées. ça ne va décidément pas être facile.

Les usines à gaz carbonique de Boris Johnson

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En amont de la conférence sur le climat de Glasgow (Cop 26), le gouvernement britannique investit massivement dans des technologies anti-réchauffement. Certaines sont inquiétantes.

Depuis quelques mois, les engagements en faveur du climat font la une. Pas un jour sans qu’une multinationale, un pays ou une ville n’affiche ses ambitions décarbonisatrices. La neutralité carbone est tendance. Ce que l’on sait moins, c’est que les forces finançant la lutte contre le réchauffement n’ont aucune idée de la façon dont il faut s’y prendre pour atteindre le zéro carbone. À la grande joie des scientifiques de sa Majesté qui ne manquent ni de moyens, ni d’imagination, ni d’audace.

Absorber le carbone

Dans les universités, les chercheurs esquissent des technologies plus ou moins dingues pour assurer notre avenir à faible réchauffement. Six mois avant l’ouverture du sommet mondial sur le climat de Glasgow, le gouvernement de Boris Johnson vient de débloquer 166 millions de livres (193 M€) de crédits en faveur des technos absorbeuses de CO2.

Vous aimez la mer ? Les scientifiques de l’université d’Exeter aussi. Ces derniers veulent aiguiser l’appétit de l’océan pour le gaz carbonique. Une fois les bulles de CO2 formées dans l’eau de mer, les promoteurs du projet Sea Cure assurent pouvoir les capter, comme « les bulles dans une coupe de Champagne ».
Inconvénient : trop de carbone acidifie l’eau marine. De quoi dégouter les organismes accro au calcaire pour construire leur squelette (oursins, coraux) ou leurs carapaces (coquillages, homards, crabes). On ne peut gagner à tous les coups.

L’appétit de l’océan

Parce qu’ils absorbent le quart de notre gaz carbonique, les océans font l’objet de toutes les attentions des labos. Planetary Hydrogen imagine balancer à la baille des millions de tonnes d’olivine (aussi appelé sable vert ) pour faciliter l’absorption du carbone par l’océan et sa transformation accélérée en carbonates. Ces minéraux devront ensuite finir leur vie au fond des mers. Les habitants des abysses pourraient ne pas apprécier de voir leur environnement transformer en carrière de craie.

Sous les pavés, la plage. Sous l’océan, le sable vert?

Revenons sur la terre ferme. Les cuistots nettoient souvent leur four électrique en appuyant sur la touche… pyrolyse. La société PyroCore propose de construire un très très gros four dans lequel des déchets de bois, portés à 500 °C, produiraient (en plus de l’énergie thermique) du charbon.
Epandus en forêts ou sur des pâturages, ces pyrolysats riches en carbone devraient être absorbés par le sol.

Valorisation polluante

En Suisse, des étudiants de l’école polytechnique de Zurich ont conçu un aspirateur de CO2 atmosphérique. Problème : le chauffage du solvant de ce système d’aspiration direct (DAC) requiert beaucoup d’énergie. Qu’à cela ne tienne, jugent les scientifiques de l’université de Nottingham, il suffit de disposer de beaucoup d’énergie décarbonée.
Ils envisagent très sérieusement d’équiper la centrale nucléaire de Sizewell C d’un DAC pour décarboner l’air ambiant. L’utilisation de 10% de l’énergie produite par un réacteur EPR permettrait de capter 1,5 Mt de dioxyde de carbone par an, estiment-ils. Petit détail : EDF n’a pas encore posé la première pierre de la centrale de Sizewell C. Rolls Royce s’intéresse aussi à cette technologie.
Tout comme Carbon Neutral Petrol. La start-up envisage même de transformer le carbone ainsi récupéré en … plastique. Des fois qu’on en manquerait.

Quand les architectes navals s’inspirent des baleines

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Le bio-mimétisme est tendance. S’inspirer des formes ou des matériaux produits par la nature nourrit l’imaginaire des ingénieurs aussi sûrement qu’une taffe de ganja.

Voilà des décennies que les constructeurs équipent les avions de lignes de winglets, dont la forme reprend trait pour trait celle des rémiges des grands rapaces. Les aigles n’ont rien gagné dans l’affaire. Mais les jets aux bouts d’ailes recourbés consomment moins de carburant que leurs aînés.

Les ingénieurs du Centre aérospatial allemand (DLR) et de l’institut Fraunhofer de Brême ont développé un vernis à microsillons calqué sur la structure de la peau à écailles des requins. Appliqué sur la carlingue des avions, le revêtement améliore leur pénétration dans l’air, réduisant du même coup, là encore, la consommation de kérosène.

Submersible balénoptère

Avec quelques décennies de retard, les architectes navals commencent à imiter la nature pour concevoir les navires de demain. Naval Group vient de dévoiler un concept de sous-marin, dont la forme s’inspire très fortement de celles d’un rorqual. Selon le constructeur français de navires de guerre, le SMX31E disposera ainsi d’une capacité inédite à se déplacer dans l’eau sans faire le moindre bruit. Et la discrétion reste le meilleur atout des submersibles, à en croire les scénaristes de Das Boot.

Le SMX 31 E: sous-marin cétacé

En partenariat avec l’Ifremer, Blue Fins développe une application plus pacifique. La start-up brestoise achève la mise au point d’un foil en forme de nageoire caudale de baleine. Immergée sous la poupe de cargos, de porte-conteneurs, de pétroliers, voire de paquebots, cette nageoire mécanique de 250 m2 est actionnée par la force de la houle.

La taille du foil (en vert) est adaptée à celle du navire et peut atteindre 10 mètres de large montée sur un navire de 300 mètres.

Nageoire mécanique

Montée sur des bras articulés, elle propulse le navire tout en réduisant le frottement de la coque sur l’eau. Ces deux actions permettent à l’équipage de réduire le régime des machines, tout en conservant la même vitesse.
Selon son concepteur, Olivier Giusti, ce système pourrait réduire d’un quart l’appétit en fioul lourd d’un navire de commerce. Il peut aussi se conjuguer avec des voiles de kite qui, par bon vent, peuvent tracter des bateaux de fort tonnage.
Le prototype de la nageoire de baleine mécanique devrait être testé en 2023 sur un navire de commerce. Tonnerre de Brest !

Pourquoi Elon Musk ne veut plus du bitcoin

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Alors que Elon Musk vient d’annoncer qu’il n’accepterait plus les bitcoins en paiement, faisant plonger le titre Tesla de 12%, il convenait de faire un point propreté sur la plus célèbre des crypto-monnaie.

En 2010, le bitcoin n’a que quelques mois d’existence. Créée par Satoshi Nakamoto, un pseudonyme d’une ou de plusieurs personnes jamais identifiée, cette monnaie virtuelle n’est connue que de quelques geeks. L’un d’eux parvient à convaincre Pizza Hut de lui vendre deux pizzas moyennant le versement de 10 000 bitcoins. A l’époque, la cryptomonnaie vaut quelques cents de dollars. Devenue une valeur refuge, elle cote, aujourd’hui, près de 40 000 dollars. En 2020, chaque pizza millésimée 2010 vaudrait 200 millions de dollars. Ca fait cher l’anchois !

Nombre d’observateurs se réjouissent du développement de cet argent électronique, notamment parce qu’il ne consomme ni métaux pour les pièces ni papier monnaie. Exact, mais cela ne signifie pas que son bilan environnemental est blanc comme neige. C’est même tout le contraire !

Mieux vaut l’Amex

Vieux de quelques jours, le dernier bilan environnemental du bitcoin n’est pas flatteur. Selon Digiconomist, le système bitcoin consomme près de 80 TWh d’électricité par an : huit fois plus qu’en … 2017. Compte tenu du bouquet énergétique des compagnies d’électricité, cela alourdit notre bilan carbone global d’une quarantaine de millions de tonnes de CO2 par an : autant que la Nouvelle-Zélande. Vu du côté de l’usager, une seule transaction en bitcoin est 700 000 fois (vous avez bien lu) plus néfaste pour le climat que le même achat effectué avec une carte bancaire classique.

Comment est-ce possible ? Pour résumer, chaque transaction est découpée en fichiers informatiques éparpillés aux mille coins du web. Des centaines de milliers d’ordinateurs (des millions, peut-être ?) se consacrent au suivi et à la validation des échanges dans de grands livres comptables virtuels, réputés inviolables.

Un minage de fond

C’est cette myriade de PC, tournant H24, 7 jours sur 7, qui consomment des quantités faramineuses d’électrons. La Chine a développé de nombreux centres de données dédiés à ce « minage » de bitcoin. Le tiers de ce business mondial pourrait être réalisé dans l’empire du miieu, où l’essentiel de l’électricité est produite par des centrales au charbon. D’où le piètre bilan carbone de la monnaie virtuelle. Le billet vert a encore de beaux restes.

Le sommet de Joe Biden ne sauvera pas la planète.

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Durant  deux journées de sommet virtuel, quelques gouvernements seulement auront renforcé leur ambition climatique. Les USA en font parti, mais ça change rien.

Il se passe toujours quelque jour pendant le Jour de la Terre. Manifestations, happening, campagnes de pub : l’imagination de ceux qui commémorent la planète sur laquelle on marche est sans limite. Le nouveau président des états-Unis n’a pas failli à cette tradition plus que cinquantenaire. Le 22 avril, Joe Biden avait invité une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Thème central de cet inédit sommet des leaders pour le climat : l’accélération de la décarbonation. Disons que le bilan est mitigé.

Biden place la barre très haut

Le locataire de la Maison blanche avait placé la barre assez haut. Dès le début du raout, le gouvernement fédéral annonçait qu’il entend désormais réduire de 50 à 52 % les émissions US de gaz à effet de serre (Ges) entre 2005 et 2030. Jusqu’à présent, l’Hyperpuissance prévoyait d’abattre ses rejets carbonés de 26 à 28 %, pour la même période.
Taquin, le premier ministre britannique avait grillé la politesse à son hôte. La veille, Boris Johnson laissait son administration dire que le Royaume-Uni allait diminuer de 78 % ses émissions carbonées entre 1990 et 2035. Mieux que l’Union européenne qui n’envisage pas d’alléger de plus de 55 % son bilan carbone pour les 4 décennies considérées.

N’oublions pas les HFC

La Chine ? Le premier émetteur mondial n’a pas dit grand-chose. C’est tout juste si le président Xi Jinping a indiqué vouloir ratifier le protocole de Kigali. Passé relativement inaperçu, ce texte vise à l’interdiction de la production et de la consommation d’hydroflurorocarbures (HFC) : les plus puissants Ges que nous avons en rayon. Pékin indique aussi vouloir diminuer sa demande de charbon à partir de 2025.
Elle aussi grosse consommatrice de charbon, la Corée du Sud limite ses ambitions à … l’export. Séoul ne subventionnera plus ses industriels pour qu’ils exportent des centrales au charbon.
Longtemps inscrit aux abonnés absents dans les négociations climatiques, le Japon a bougé une oreille en promettant de renforcer ses objectifs.

Quelques absents 

Celui a qui le climat ne dira pas merci c’est Jair Bolsonaro. Le président du Brésil a la neutralité carbone dans le collimateur. Mais en 2050. Soit dix ans plus tard que dans l’ancienne politique climatique du pays jaune et vert. Plus étonnant : le président mexicain propose aux Etats-Unis de financer un plan de plantation de forêts dans les pays d’Amérique centrale et de délivrer, en plus, des green cards aux valeureux bucherons. En introduction, Andrés Manuel López Obrador avait indiqué vouloir interdire les exportations de pétrole mexicain. Histoire de consommer tout cet or noir sur place.
Personne n’attendait beaucoup de la Russie. Elle n’a pas déçu. Vladimir Poutine n’a rien proposé de nouveau. Si ce n’est, peut-être, le lancement d’une initiative sur le méthane, autre puissant gaz à effet de serre. Certains observateurs ont estimé qu’il pouvait s’agir d’un appel à colmater les très poreux gazoducs russes.

Rendez-vous aux sommets G

Sept mois avant l’ouverture — en principe — du prochain sommet climatique onusien (la Cop 26 qui aura lieu à Glasgow), le résultat du sommet de Joe Biden n’est pas à la hauteur de ses espérances. Les climatologues de Climate Action Tracker estiment que les nouvelles promesses permettent d’espérer une baisse des émissions de 12 à 14 % par rapport aux trajectoires des dernières politiques nationales. Si elles étaient tenues et amplifiées jusqu’à 2050, elles ne permettraient pas toutefois de stabiliser le réchauffement à 1,5 °C d’ici la fin du siècle.
De nombreux grands pays émetteurs, comme l’Australie, le Brésil, le Mexique, la Russie, l’Indonésie, l’Inde, l’Arabie Saoudite ou la Turquie n’ont toujours pas de stratégie climatique sérieuse. De plus, le sommet a clairement fait l’impasse sur un sujet majeur. « Ce qui a manqué ce sont les engagements financiers, notamment sur l’adaptation et la compensation des pertes et dommages subis par les pays les plus vulnérables », rappelle Christiana Figueres, ancienne secrétaire exécutive de la convention de l’ONU sur le changement climatique.
Le sujet devrait être à l’agenda des ministres des finances lors des prochains sommets des pays du G7 et du G20, respectivement, en juin et en octobre prochains.

Biodiversité : on a oublié la bouffe !

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Notre modèle alimentaire, souvent très carné, pèse bien trop lourdement sur la planète.

Incroyable mais vrai : les politiques  se préoccupent de la biodiversité. A travers l’écran, j’en vois qui sourient. Et pourtant. Du 17 au 30 mai prochains, si la pandémie nous laisse un répit, les représentants d’une grosse centaine de gouvernements se réuniront à Kunming (Chine). But de ce sommet mondial : fixer les objectifs de préservation de l’environnement pour la décennie qui s’ouvre. Cette 15e réunion des parties à la convention pour la diversité biologique de l’ONU (la COP 15) devrait inciter les Etats à protéger, collectivement, 30% des terres d’ici à 2030. Seule façon, estiment les scientifiques, de freiner l’érosion de la vie sauvage. Et le plus tôt sera le mieux.

Biodiversité en recul

Publié par le WWF, le 10 septembre dernier, le rapport « Planète vivante » dresse un terrible bilan de nos activités. Entre 1970 et 2020, 68% des populations de vertébrés ont décliné. Les animaux des espaces lacustres paient le plus lourd des tributs : 84% des vertébrés des zones humides, lacs et rivières sont en recul. La situation la plus critique se situant dans les régions tropicales des Amérique.
Parlons un langage compris de tous : ces disparitions ne sont pas gratuites. Selon le WWF, la destruction des écosystèmes, des plantes et des animaux coûte chaque année 479 milliards de dollars. Paradoxe : ce montant correspond à celui des subventions octroyées par les Etats aux producteurs d’énergies fossiles.

Place au bœuf

Les causes de ce désastre sont connues : l’urbanisation galopante, le développement des infrastructures, l’appétit des industries extractives. On oublie trop souvent le rôle joué par l’agriculture. Et donc par notre alimentation. Un seul exemple : l’élevage. Environ un quart des terres émergées servent, directement ou indirectement, à nourrir les bêtes que nous élevons pour la viande. Plus nous mangeons de bidoche (ce qui est bien parti), plus nous avons besoin de terres nouvelles. Nous les trouvons souvent dans les massifs forestiers.

Climat et déforestation

La FAO a fait le calcul : ces centaines de millions de bestiaux rejettent plus de 2,5 milliards de tonnes par an de gaz à effet de serre, soit 5% des émissions d’origine humaine. En consommant toujours plus d’espace naturel et en contribuant au renforcement de l’effet de serre, l’élevage participe bien à l’érosion de la biodiversité. Ne rien changer à notre modèle alimentaire, voire l’exporter dans des pays en développement, c’est participer à la déforestation de l’Amazonie (le Brésil est l’un des principaux producteurs mondiaux de viande).
Le 21 septembre, un collectif d’ONG a menacé le groupe Casino d’une action judiciaire. Les 6 associations reprochent au distributeur français d’acheter de grandes quantités de viande bovine à des fermes industrielles brésiliennes ayant déforesté illégalement 4 500 hectares de forêts amazoniennes.

Touche pas à mon bol

S’ils sont prêts à accepter la protection (plus ou moins stricte) de 30% des terres émergées, les diplomates de la biodiversité ne sont pas prêts à négocier le contenu de notre bol alimentaire. Dans les ministères de l’agriculture des pays de l’Union européenne, on réfléchit plutôt à la prochaine politique agricole commune. En Inde, en Australie, au Brésil, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis, on s’acharne à produire toujours plus de viande bovine pour l’export.
Allons-nous sacrifier au burger nos derniers espaces naturels ? Peut-être pas. En Amérique du nord, en Europe et en Chine, des producteurs de viandes artificielles pointent le bout de la fourchette. Nombre d’entre eux financent des associations favorables au bien-être animal et à la culture vegan. Bon appétit.

 

Comment laver son linge sans salir.

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Alors que nous essayons de sauver la planète en consommant propre, la salir en lavant son linge serait regrettable. Pour ne pas faire de crasses à l’environnement, quelques gestes simples suffisent.

Qu’on se le dise, rester propre… salit. Un seul lavage consomme des décalitres d’eau potable. Éjectée de la machine, l’eau est souillée de votre saleté, de détergents. Sans oublier les matières en suspension. À commencer par le plastique. Vous vous souvenez de ces continents de micro déchets de plastiques qui flottent entre deux eaux au milieu de tous les océans ? Le tiers d’entre eux est directement issus de vos jeans et autres sous-vêtements.

Machines à laver: à tambour battant contre la planète

Le mouvement perpétuel ne fait pas (encore) tourner le tambour de la machine, et encore moins le sèche-linge qui va derrière. Laver, essorer, sécher consomme de l’électricité. Des électrons dont la production rejette, selon les pays, plus ou moins de polluants atmosphériques et de CO2.

Peut-on redonner figure humaine à ses frusques sans saloper fleuves et mers ? Oui. À condition de prendre quelques précautions. La première d’entre elles est la plus évidente : remplissez le plus possible (mais pas trop non plus) votre tambour. L’important est de trouver le juste compromis entre le volume d’eau qui sera utilisé et la qualité du lavage. Une grosse boule de linge trop dense sera mal lavée et mal rincée. Lancer un cycle de lavage pour trois slips, c’est souiller des dizaines de litres d’eau et consommer autant d’électricité qu’il ne le faut pour alimenter un téléviseur non-stop pendant un mois.

Vers un nettoyage vert

Pour laver vert et bien, il conviendra de choisir la plus basse température possible. Environ 90% de l’électricité consommée à l’occasion d’un cycle de lavage servent à chauffer l’eau. Plus cette eau de lavage sera fraiche, moins vous gaspillerez de courant. Je vous parlais des micros plastiques. Pour éviter de contribuer à la plastification des mers, n’hésitez pas à laver le linge contenant des matières synthétiques dans des sacs de lavage spéciaux. Ces derniers laissent entrer eau et agents lavants, mais retiennent les particules. On peut aussi amener son filtre de machine. Mais là, faut être pote avec le gérant de la laverie.

Plus facile, en revanche, est le changement de lessive. Nos laveries préférées mettent des lessives industrielles à notre disposition. Elles sont efficaces, mais riches en phosphates et détergents chimiques : incompatibles avec le bonheur de la faune et de la flore aquatiques. L’ONG américaine EWG a évalué les performances environnementales des lessives : 80% d’entre elles sont à éviter. Priorité sera donc donnée aux produits au savon végétal dotés d’un label écologique, comme l’Ecolabel européen et Ecodétergent. On peut aussi préparer sa lessive, à base de savon végétal (40 g/l), de cristaux de soude (45 g/l) et d’eau chaude (1 l). Utilisez 15 cl de ce mélange par cycle.
Ne vous en lavez pas les mains, ça marche !

 

 

Comment compter sur la décroissance.

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Compter autrement est plus efficace pour protéger la planète que de réduire l’activité économique. Voici pourquoi.

Rien n’échappe aux satellites. Depuis l’espace, leurs caméras suivent le recul régulier de la forêt, culbutée par l’agriculture intensive, l’urbanisation, la production de charbon et j’en passe. Selon le dernier décompte publié cette semaine par le Centre commun de recherche, le Cirad, le Cifor et l’INPE, les massifs forestiers de la planète ont perdu 220 millions d’hectares, entre 1990 et 2020. Comme si on coupait, chaque année, une forêt occupant la surface de l’Irlande, résume Ghislain Vieilledent, écologue spécialiste des forêts tropicales au Cirad.

Pendant que le monde perdait 5% de sa surface forestière, sa production de richesses a pratiquement quadruplé. De là à en déduire qu’il faut engager la décroissance de l’économie pour protéger la planète, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi par certains économistes. Le problème est-il aussi simple que cela ? Sûrement pas.

L’argent n’est pas le bonheur

L’un des grands hiatus vient du fait que les politiques et la plupart des économistes présentent le produit intérieur brut (PIB) comme un indice d’évaluation du bonheur humain. Ce qu’il n’a jamais été, de l’aveu même de ses concepteurs. « Le PIB se focalise sur un champ assez restreint d’activités humaines et reste aveugle à de nombreux aspects de la vie qui influent pourtant notablement sur le bien-être. De plus, il ne prend pas en compte les externalités sur l’environnement qui résultent des processus productifs », résume l’économiste Marion Navarro.

Financer la transition

Réduire le PIB est-il la meilleure façon de réduire les atteintes à la planète ? Cela n’a rien d’évident. Stabiliser le réchauffement à 1,5 °C — l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris — oblige à remplacer les centrales électriques consommant des énergies fossiles (qui produisent les deux tiers de l’électricité mondiale) par des installations décarbonées. Cela suppose aussi de revoir la plupart des pratiques agricoles, à l’origine de 20% du renforcement anthropique de l’effet de serre. N’oublions pas non plus de remplacer 99% du parc automobile mondial qui, carburent à l’essence ou au gazole. Pas d’impasse non plus sur les cargos qui, en brûlant du fioul lourd, transportent plus de 80% des marchandises du monde. Même remarque pour l’aviation commerciale. Les rédacteurs du rapport du Giec sur la stabilisation rapide du réchauffement rappellent qu’il faudra probablement enrichir cette liste de systèmes d’extraction du CO2 de l’atmosphère. Ce qui ne sera pas gratuit non plus.

Devis élevé

Le montant du devis de la décarbonation de nos modes de vie est incroyablement élevé. Difficile de financer ces transformations, avec une économie en déclin. D’autant qu’il est inimaginable d’amorcer de telles transformations sans faire en sorte que leurs retombées bénéficient aux plus modestes et aux plus vulnérables (souvent les mêmes). N’oublions pas que 820 millions de terriens ne mangent pas à leur faim, qu’un bon milliard n’ont pas accès à l’électricité et que l’eau potable est rare pour 40% d’entre eux.

Intégrer le contexte

Des pistes pour sortir de l’ornière ? Affirmatif. La principale est sans doute de modifier l’indicateur en chef de notre mode de vie. Ce super PIB devrait non seulement agglomérer les chiffres d’affaires de nos activités, mais aussi intégrer les externalités, telles les effets des changements climatiques et de la perte de biodiversité, par exemple. Ces manquements expliquent pourquoi la majorité des économistes minorent, par exemple, les conséquences économiques du réchauffement. «En incluant tous les facteurs, la fonction de dommage du modèle suppose que les dommages représentent 2,1 % du revenu mondial en cas de réchauffement de 3 °C et 8,5 % du revenu en cas de réchauffement de 6 °C », écrit ainsi le prix Nobel d’économie William Nordhaus.

Intégrer les limites physiques

Comment affiner l’indicateur économique de référence ? D’abord, en intégrant (ou en mettant les deux jeux de données en parallèle) les limites physiques de la planète. On pourrait, pour ce faire, s’inspirer des travaux du physicien Dennis Meadows. Le co-auteur du rapport The Limits to Growth a conçu, un modèle physique et systémique intégrant données économiques et environnementales (pollutions, ressources épuisables). « Et, contrairement aux modèles économiques dont aucun ne peut se targuer d’être backtesté avec succès même sur cinq ans, il a fait ses preuves, puisqu’il « colle » aux données empiriques observées sur 35 ans, de 1980 à 2015 », souligne l’économiste Alain Grandjean.

Objectifs de développement durable

Suffisant ? Pas forcément. Pour faire converger les impératifs économiques, écologiques et sociaux, prospectivistes et investisseurs devront intégrer aussi les objectifs de développement durable, définis en 2015 par l’ONU. Au nombre de 17, ils visent à réduire les prélèvements de ressources naturelles, à améliorer l’éducation, à réduire le gaspillage, à favoriser les transports doux et collectifs, à défendre les droits de l’homme, à planter des arbres, etc.

En prenons-nous le chemin ? Très doucement. L’Union européenne est en passe d’adopter un règlement qui distinguera les projets « durables » des ceux qui ne le sont pas. Ce qui facilitera le travail des investisseurs souhaitant verdir leur portefeuille d’actifs. En cours d’évolution, les normes comptables internationales vont progressivement imposer aux entreprises (à commencer par les multinationales) de montrer comment elles intègrent le climat et la biodiversité dans leur stratégie. A charge pour les agences de notation de trier les vrais pionniers de l’écologie industrielle des greenwashers. Un vrai boulot !

Les multinationales intègrent-elles le climat à leur stratégie ?

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Malgré les annonces, les grandes entreprises ne sont pas encore entrées dans le monde du bas carbone. Ce n’est pas une fatalité.

Pas une semaine sans qu’une multinationale n’annonce son engagement en faveur du climat. Apple sera neutre en carbone d’ici à 2030, jure la firme à la pomme. Le pétrolier BP ou le fabricant de yaourt Danone font la même promesse, mais pour 2050.  Est-ce à dire que les géants de l’industrie et des services entrent de plain-pied dans le monde bas carbone ? Ce n’est, peut-être, pas aussi simple.

Paradoxe climatique

Le consultant KPMG a passé au crible la communication institutionnelle des 100 plus  grandes entreprises des 52 pays les plus développés. Verdict : une sur trois intègre le risque climatique dans ses rapports annuels. Environ une sur six l’envisage comme un risque financier. Ce qui n’empêche pas 65% d’entre elles de se fixer des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES).

Comment expliquer ce paradoxe ? Première explication : de nombreux entrepreneurs, notamment dans les services, n’imaginent pas que leurs activités contribuent au renforcement de l’effet de serre. Les administrateurs de société sont d’autant moins enclins à agir qu’ils sont rares (environ 1%) à avoir un bagage scientifique leur permettant d’appréhender la réalité du changement climatique.

Évaluation et grille de lecture

Les actionnaires font peu de choses aussi pour faire évoluer la stratégie des entreprises. Certes, on ne compte plus les appels d’investisseurs en faveur du climat. Mais dans les faits, très rares sont les résolutions bas carbone votées par les assemblées générales des actionnaires.

Cette situation est elle désespérément figée ? Pas forcément. En 2017, la TCFD, groupe de travail émanant du Conseil de stabilité financière des pays du G20, a proposé une méthode permettant à chaque entreprise d’évaluer son risque climatique et d’adapter sa stratégie en conséquence. Adoptées par un faible nombre de compagnies, les recommandations de la TCFD pourraient néanmoins devenir la norme.

De son côté, l’Union européenne s’apprête à publier une grille de lecture. Ce cadre carbone distinguera les investissements « verts » de ceux qui contribuent à la dégradation du climat ou de l’environnement. Cette « taxonomie » aidera les investisseurs à placer, à coup sûr, leur argent (qui est souvent le nôtre !) là où ça ne fait pas mal.

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