Légalisation du cannabis, Assemblée nationale

Un député macroniste et un insoumis proposent la légalisation du cannabis.

/

Ce lundi, Ludovic Mendes (Renaissance) et Antoine Léaument (LFI)  ont remis les conclusions de leur rapport parlementaire sur la lutte contre le trafic de stupéfiants. Une remise en question majeure des politiques répressives, qui ouvre enfin la porte à un débat sérieux sur la légalisation du cannabis en France.

Constat d’échec

Si le sujet divise toujours, une évidence s’impose : la prohibition ne fonctionne pas. Avec une consommation record en Europe (près de 5 millions d’usagers annuels) et un marché noir qui génère plusieurs milliards d’euros, le cannabis est devenu un pilier de l’économie parallèle. Pourtant, la réponse de l’État reste inlassablement la même : répression accrue, arsenal législatif renforcé, moyens policiers décuplés. Résultat ? Un échec patent.
Depuis l’instauration de l’amende forfaitaire délictuelle en 2020, censée sanctionner rapidement les consommateurs, la situation ne s’est pas améliorée. Pire, la politique du tout-répressif a engendré une saturation des tribunaux et un renforcement des réseaux criminels, qui n’ont jamais été aussi violents et prospères.
C’est dans ce contexte tendu que les députés Ludovic Mendes et Antoine Léaument ont mené une série d’auditions et de consultations pour explorer d’autres solutions.

Ouverture de débat?

Les conclusions de leur rapport, remises aujourd’hui à l’Assemblée nationale, esquissent une alternative crédible et documentée : la légalisation régulée du cannabis. S’appuyant sur les expériences du Canada, des États-Unis et plus récemment de l’Allemagne, les parlementaires démontrent que l’encadrement du marché permettrait de tarir les flux financiers des trafiquants, tout en générant des recettes fiscales substantielles.
Le modèle proposé ? Une production sous licence, une distribution contrôlée via un réseau de commerces agréés, et une taxation qui financerait la prévention et les soins liés aux addictions. Un cadre strict, loin du fantasme d’une libéralisation anarchique.

Antoine Léaument, fervent défenseur d’une approche pragmatique, insiste sur la nécessité d’un débat apaisé : « Il faut sortir du dogme prohibitionniste et regarder la réalité en face. La répression est un échec. Nous avons le devoir d’explorer d’autres voies. »Ludovic Mendes, déjà engagé sur la question lors du rapport d’information sur le cannabis en 2021, va plus loin : « L’objectif n’est pas d’encourager la consommation, mais de contrôler un marché aujourd’hui livré aux mafias. C’est une question de santé publique et de sécurité. »

Gouvernement vent debout contre la légalisation 

Reste à savoir si ce rapport pèsera dans l’agenda politique. Car si une partie de la gauche et des libéraux y sont favorables, la droite et le gouvernement restent frileux. Gérald Darmanin, fervent opposant à toute forme de légalisation, martèle que « la drogue, c’est de la merde », alors que Bruno Retailleau rejette en bloc l’idée d’un référendum sur la légalisation du cannabis, initiative portée depuis plusieurs années par le maire de Grenoble Eric Piolle
Mais les lignes bougent. Le rapport Mendes-Léaument pourrait bien être le premier pas vers une refonte profonde de la politique française en matière de cannabis. Une refonte attendue par une majorité de Français, qui, selon les derniers sondages, se déclarent désormais favorables à une légalisation encadrée.
L’Hexagone sera-t-il enfin prêt à rejoindre le club des pays ayant tourné la page de la prohibition ? La balle est désormais dans le camp du gouvernement.

Ne ratez rien de l’actualité du chanvre et du CBD, inscrivez-vous à la Zeweed Newsletter!

Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

Histoire précédente

En Californie, la Saint Valentin rapporte gros à l’industrie du cannabis récréatif

Histoire suivante

Chez les hippies Soviétiques

Dernier de France