Légalisation

Jack Herer, l’homme qui voulait chanvrer le monde.

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Si vous êtes un ganja aficionado, vous avez probablement déjà gouté à la fameuse Jack Herer.
Vainqueur de la High Times Cannabis Cup 95’, cette variété de cannabis à dominante sativa est une référence particulièrement appréciée des consommateurs pour son côté ultra-tonique et cérébrale. Mais au fait, c’est qui, ce Jack Herer ?
Portrait d’un activiste écologique qui voyait en la belle plante le salut de l’homme.

L’histoire de la légalisation du cannabis dans le monde a été marquée par quelques personnalités extrêmement fortes. Leur principal point commun ? Un humanisme certain, empreint d’empathie et de créativité.
Si le premier dispensaire a vu le jour grâce aux actions de  militants pro-LGBT, et que des breeders comme Arjan Roskam ont révolutionnés le marché de la weed, c’est à Jack Herer que l’on doit la première encyclopédie du cannabis.

Et pourtant, rien ne prédestinait Jack “L’Hemperor” à devenir l’empereur du chanvre. Né à Buffalo, New York, en 1939, issu d’une famille très conservatrice, il s’engage à 17 ans dans l’armée pour 3 ans avant de fonder une famille dans un esprit des plus conservateur et républicain.
Alors que la guerre du Vietnam éclate, il admet qu’à l’époque il était “persuadé que (les américains) étaient toujours les gentils”.
Un jour, sa nouvelle petite amie lui fait tester la belle plante, celle-là même  que la propagande d’état dénonçait avec acharnement… et c’est la révélation pour Jack!

Jack the “Hemperor”

Il découvre des choses qu’il n’avait jamais ressenties, une paix et une curiosité nouvelle. C’est à ce moment-là que le désir de partager son expérience avec le monde naît en lui. En 1973, il monte un magazine underground dédié au cannabis : “Grass”, qui devient culte dans les milieux branchés. Toujours en 73, il ouvre un des premiers Headshop américains (une boutique qui vend bongs, pipes, vaporizers et autre vecteurs de combustion cannabique).

Ce revirement assez extrême n’est en réalité que le début de son parcours de combattant; à travers ses recherches, il réalise le potentiel écologique et la réalité ethnologique du chanvre, une plante qui suit l’humanité depuis plusieurs millénaires :« Il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète ; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère… Et cette ressource est – la même qui était utilisée à cet effet auparavant – le cannabis, le chanvre, la marijuana ! » professait-il déjà.

Jack Herer (à droite) et Redman, la fine fleur de la weed

Pour Jack, le chanvre est la réponse à la crise des énergies fossiles, à la déforestation et à l’arrêt de la surproduction polluante. Dans cette optique, il crée le HEMP (Help End Marijuana Prohibition), multiplie les conférences et parcourt le pays pour propager la bonne parole, tout en accumulant les ressources documentaires.
En 1985, c’est la sortie de son chef d’oeuvre “The Emperor Wears No Clothes” ou “L’Empereur nu” en français, qui compile l’intégralité de ses connaissances sur le sujet du cannabis.
Le livre est un énorme succès littéraire, c’est une véritable bible d’informations vertes, qui sera même mise à jour une dizaine de fois, jusqu’à la mort de l’écrivain en 2010. Un must d’avant l’ère d’Internet, dont on vous recommande encore fortement la lecture aujourd’hui : https://www.amazon.com/Emperor-Wears-Clothes-Marijuana-Conspiracy/dp/1878125028

Deux fois candidat à la Présidentielle US

Ce personnage hors du commun aura marqué son époque par sa passion, oui, mais surtout par quelques coups d’éclats : en 1988 et en 1992 il se présente à l’élection présidentielle américaine pour, de son propre aveu, forcer les médias à écouter son message.
C’est d’ailleurs à Jack qu’on doit une bonne partie du changement des mentalités aux États-Unis, grâce à une offre de 100 000 dollars à quiconque pourrait prouver que le cannabis est mortel. Bien entendu, cet argent n’a jamais été réclamé, prouvant que la guerre faite à la plante était basée sur un mensonge.

Icône de la green culture

Aujourd’hui encore, le combat de Jack résonne. En 2018, le cannabis est enfin autorisé dans un cadre récréatif en  redevenant  légal au Canada, pays berceau d’une florissante industrie.
La variété éponyme qui lui a été dédiée, une hybride à majorité Sativa, élaborée par Sensi Seeds au début des années 90, est connue pour son high clair et pour ses effets sociabilisants.
La Jack Herer est si populaire qu’on la retrouve dans nombre de chansons de rap américain avec un hommage de Redman (qui était un ami de Jack Herer), de Joey Badass et même en France d’un ancien membre du groupe IAM,  Akhenaton.
Un bel hommage à cet homme du peuple à qui une compétition internationale (la Jack Herer Cup) a été dédiée.
L’événement se tient  tous les ans à Amsterdam, en Colombie, en Jamaïque, à Las Vegas ainsi qu’en en Thaïlande.
L’occasion de faire le tour du monde en 80 joints.

 

 

90 ans de prohibition en 11 affiches.

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Les concepteurs-rédacteurs n’auront jamais manqué de créativité pour trouver des accroches mémorables, y compris lors de campagnes contre le cannabis. Zeweed a retrouvé pour vous quelques perles de la propagande anti-ganja.

Ganja in Pyongyoung

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La Corée du Nord est une des dictatures les plus sévères de la planète, un régime qui effraie autant qu’il intrigue. Paradoxe: dans ce pays où la liberté ne se rêve plus, le cannabis y est consommée en toute impunité. A l’heure où Kim Jong-Un s’apprête à rencontrer Vladimir Putin pour un échange qui s’annonce des plus fumeux,  Zeweed a mené l’enquête sur la conso de Ganja en Corée du Nord.

Légal? Oui et Non

Dire que le Cannabis est légal en Corée du Nord serait grossièrement exagéré. Il s’agit plus d’un compromis tacite que d’une légalisation à proprement parler. Fumer est largement toléré par la population et socialement accepté. Le globe-trotteur et photographe Darmon Richter partage sur son blog un témoignage fascinant.  Il s’est fumé plusieurs joints qu’il a lui-même définis comme étant “comiquement gros” au milieu d’un marché bondé sans avoir la moindre réaction négative.
Un Cannabis assez peu chargé en THC (et donc peu psychotrope) dont il a acheté un sac en plastique rempli sur place pour la modique somme de 50 centimes.

Dans un pays extrêmement surveillé, cultivant la paranoïa et la dénonciation (à l’instar de leur grand frère soviétique) un tel acte aurait pu avoir des conséquences très graves.
On peut donc en conclure que les autorités ne s’intéressent pas à la plante, une supposition appuyée par une déclaration rapportée par la radio “Open Radio for north Korea” en 2010. La radio “Ouverte à destination de la Corée du Nord” est une structure à but non lucratif installée à Séoul et financée par des Américains. Son but est de diffuser les témoignages, des chansons et des informations venant d’en dehors de la dictature. L’association a cité un déflecteur souhaitant rester anonyme par peur de représailles: selon ses propos le régime du Grand Leader nord-coréen Kim Jong-Un ne considère même pas le Cannabis comme une drogue.

Substitut de tabac

Un reportage de nos confrères de Vice datant de 2013 dresse le portrait d’un pays ayant une attitude assez proche au sujet du Cannabis de celle-là Russie soviétique pendant la guerre froide.
En effet, comme chez nos voisins slaves jusqu’en 1974, la Corée du Nord tolère le Cannabis, mais uniquement tel un vice nécessaire.
Le Cannabis est consommé comme un substitut du tabac les cigarettes étant très coûteuses pour les classes prolétaires (qui représente une énorme majorité de la population).
Le pays ayant une énorme culture du secret et une communication presque inexistante en dehors de la propagande il est impossible de connaître la position officielle du “Grand Leader” Nord-Coréens.

En extrapolant à partir des données qui nous sont disponibles deux scénarios semblent vraisemblables:
-Soit à la manière de leurs grand-frères soviétiques ils vont progressivement durcir leurs lois pour rendre le Cannabis illégal.
Une démarche qui pourrait provoquer de nombreuses révoltes, le ‘ip dambae’ (ou substitut de tabac en français) étant un des seuls vices accessibles à tous.
-Soit, à la manière de leurs anciens compatriotes sud-coréens le pays va se diriger vers une légalisation partielle. La Corée du Sud étant le premier pays d’Asie du Sud-est à autoriser le Cannabis médical elle s’ouvre à un marché juteux qui pourrait attirer des convoitises.

S’il nous est impossible de rentrer plus en détail sur la direction qui sera prise par le pays, il est certain que le royaume ermite va en tirer parti pour sa propagande.
L’attention apportée à la dictature sur le sujet a bien été remarquée par les autorités du royaume ermite.

Capitalisme, famines et fonsdales

Si vous êtes déjà prêts à prendre le premier vol pour la frontière chinoise (aucun vol n’allant directement dans le pays), voici quelques faits pour relativiser “la chance” des stoners nord-coréens.
Le chanvre est cultivé dans le pays, mais uniquement pour usage de ses fibres, il n’existe pas de champs de Cannabis bichonnés par des paysans Nord-Coréens. Cela n’implique donc pas de variétés multiples ou de suivi de qualité.

Ce n’est rien de très étonnant quand on sait que les autorités doivent approuver des semences de chaque paysan, toute infraction pouvant résulter dans un internement en camp de travail ou de rééducation.
De nombreux plants de Ganja poussent de manière sauvage dans les montagnes et dans les champs comme vous pouvez le voir dans ses images prises par le Youtuber “Fun with Louis”.

 

On rappelle que même si ses images paraissent paradisiaques le pays a plus de camps de travails que de plages à surfer. Une image qui est à 1000 lieux du circuit proposé par les autorités aux journalistes de Vice lors de leur voyage y avec une délégation américaine menée par Dennis Rodman.

Ils ont découvert que de luxueux centres commerciaux existent remplis de produits étrangers et de provisions fraîches afin d’impressionner les étrangers.
Un étalage qui existe en dépit de famines récurrentes et souvent dramatiques dans le pays.
Pas de bol si vous avez une fringale après toute cette weed sauvage: les magasins ne prennent aucune carte de crédit. Si vous n’avez pas d’argent liquide, vous resterez donc sur votre fonsdale.

Enfin si vous souhaitez partir en vacances dans le pays, sachez qu’une bonne partie des guides font partie de la police secrète (et sont particulièrement sensible aux manques de respect des étrangers).
Le pays n’ayant pas à proprement parler de relation diplomatique avec l’extérieur vous pourriez terminer votre vie en prison pour avoir roulé avec la mauvaise page du Rodong Sinmun (l’organe de propagande du pays). Tous les Nord-Coréens utilisent ses pages pour rouler en faisant très attention qu’aucune mention ou photo du grand leader ne soit pliée ou endommagée. Au pays où le traducteur  imposé ne vous lâchera jamais, vous pourrez toujours vous rabattre sur le Guide du Routard: il ne vous servira à rien.

Tommy Chong: l’interview weed & wisdom

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A 84 ans, Tommy Chong est sans nul doute le plus célèbre des activistes de l’herbe. De ses débuts en tant que musicien dans un strip-club au statut de star du box-office en passant par la case prison avant un come-back salué, le parcours du plus fumé des canadiens force le respect. Après un demi siècle de militantisme, Tommy Chong peut enfin rouler un doobie en paix : en Californie, où il réside, son combat pour la légalisation du cannabis est gagné. Zeweed l’a rencontré pour discuter spiritualité, religion, santé et ganja.

Quand on décroche une interview avec Tommy Chong, on s’attend à parler de beaucoup de choses, mais pas forcément de Dieu et de l’existence éternelle.
Tout commencé avec une question simple portant sur sa bataille contre les deux cancers qui l’ont atteint et des effets bénéfiques du cannabis sur sa santé.

Cheech et Chong, ancêtres made in USA des frères pétard

« J’ai ma propre théorie sur l’herbe. Soit l’observation d’un profane, oui, mais aussi celle d’un connaisseur» me glisse Tommy de façon complice.
« Notre système immunitaire est la clé de toute guérison. Et notre système immunitaire ne peut pas fonctionner correctement quand il est en alerte constante. C’est pourquoi le repos est si important et pourquoi , quand nous sommes malade, l’approche de la médecine conventionnelle consiste à nous isoler sur un lit d’hôpital, loin de tous stress ou distractions négatives.

“L’herbe m’a permis de vaincre mon cancer”

Ce que Tommy appelle « l’observation d’un profane » est en fait un postulat médical avéré.
Lorsque nous sommes stressés, notre corps devient plus sensible aux infections et aux maladies. C’est parce que l’hormone du stress -le cortisol- déclenche en nous une réaction ancestrale de lutte ou de fuite, et diminue par incidence le nombre de lymphocytes (ou globules blancs NDLR) dans notre sang. En conséquence, notre corps devient moins efficace pour lutter contre les agressions extérieures.
Ce que fait le cannabis, c’est de vous placer dans un état de repos. Dès lors, votre système immunitaire, qui n’est pas solicité pour lutter contre des agressions exogènes, peut se concentrer sur le corps et assurer son fonctionnement harmonieux. » poursuit Tommy.
Mais la vraie guérison n’est pas physique : le remède ultime est le remède spirituel. Je suis persuadé que l’herbe m’a permis de vaincre mon cancer“.

“Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire”

Pour Tommy Chong, le remède spirituel réside dans une connexion profonde et personnelle avec Dieu.
Je sais que Dieu m’aime. Et quand les gens me demandent comment je le sais, je leur dis « avez-vous vu ma femme ?” s’amuse  l’humoriste (marié à la sublime Shelby Chong) en accompagnant sa blague d’un rire aussi profond que guttural.
“Quand vous avez ce lien étroit avec Dieu, vous pouvez tout conquérir», me dit-il alors qu’il a repris un ton sérieux. “Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire“.

Tommy s’arrête un instant, repensant à son enfance sans le sous et cette petite bicoque au fin de l’Alberta, au Canada, dans laquelle il a passé son enfance et adolescence.
« C’était la maison la moins chère, la seule que mon père pouvait nous offrir. Il l’a acheté sur un coup de chance pour quelque chose comme 500 dollars. »

Tommy Chong: toujours bien équipé pour arriver au 7ème ciel

Aujourd’hui, Tommy prend mon appel depuis son domicile niché sur les hauteurs de Pacific Palisades, un des plus beaux quartiers ne à Los Angeles, entre Malibu et Santa-Monica.
Il y a quelques jours, la maison d’un de ses voisins a été vendu pour 50 millions de dollars. « Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout. Ma femme et ma famille s’occupent de tout cela. Moi, je suis juste assis ici et je reste en contact avec Dieu » s’amuse Chong en souriant paisiblement.

“Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout”

Pour lui, se connecter avec Dieu, ou son « higher power » (sic) comme il l’appelle parfois, est une pratique simple : «Nous sommes tous de Dieu. Toi, moi, le monde entier. Tout le monde. Les bons, les mauvais, chaque créature vivant sur terre. Nous sommes tous des êtres éternels, que vous vouliez le croire ou non».
L’autre moitié du célèbre duo Cheech et Chong se souvient avoir lu récemment un journal que chaque goutte d’eau qui était sur terre au commencement est toujours là aujourd’hui, sous une forme ou une autre.

“Nous sommes constituées à 90% d’eau”. Chez Tommy Chong, les 10% restant sont d’origine végétale.

En tant qu’humains, nous sommes constitués à 90 % d’eau. Il est donc scientifiquement prouvé que 90% de nos particules ont toujours été ici, sous une forme ou une autre. Alors pourquoi pas les 10 % restants ?  Nous sommes des êtres éternels. Rien ne disparaît. Nous réapparaissons simplement sous une autre forme. C’est aussi un karma physique“.
En tant qu’êtres éternels, Tommy croit que nous existons dans deux mondes : un qui est physique et un qui est spirituel.
Dans le monde physique, il y a un conflit constant. Il y a des contraires. Dans le monde physique, vous ne pouvez pas avoir de haut sans bas, vous ne pouvez pas avoir de justes sans injustes, vous ne pouvez pas avoir Joe Biden sans Donald Trump“.

Et tout comme il y a la possibilité de faire le bien, ou de « rester sur la bonne voie » comme le dit Tommy, il y a aussi la possibilité de faire le mal.
Dans l’histoire de notre existence, nous avons vu à quel point la vie peut être brutale » se souvient-il en évoquant son incarcération.  “Mais seulement jusqu’à un certain point, puis vous partez, vous entrez dans le monde spirituel. Et dans le monde spirituel, il n’y a rien d’autre que l’amour“.

“Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Sinon, on est mal barrés.”

Notre passage dans ce monde physique est selon Tommy une opportunité de grandir, de s’élever. Il compare cela à l’école ; profitez-en pour faire le bien et vous vous élèverez. Choisissez le contraire, et vous régresserez.

En tant qu’êtres humains, nous avons un devoir : celui de s’entre-entraider. Parce que nous venons tous de quelque chose, d’une trame universelle. Non, nous n’apparaissons pas par magie, même si l’Église catholique voudrait nous faire croire qu’il existe une conception immaculée !“. Tommy laisse échapper un grand rire chaleureux.
« Lorsque vous entrez dans le monde physique, vous devez être physique, et c’est ce que nous faisons. Et il doit y avoir des contraires, donc il y aura toujours des opposants et des opposants. Et si vous regardez les pourcentages, ils sont quasiment égaux. Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Tout du moins est-ce ma façon de voir les choses. Sinon…on est mal barrés“.

Belgique : le vice Premier ministre et ministre de l’économie pour une légalisation du cannabis

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Le vice-Premier ministre belge Pierre-Yves Dermagne, qui est aussi en charge du ministère de l’économie et du travail, souhaite légaliser le cannabis. Un avis qui divise aussi bien sur l’échiquier politique qu’entre Wallons et Flamands.

Dans un entretient accordé à nos confrères du journal L’Avenir, le vice-Premier Pierre-Yves Dermagne (PS) estime qu’il faut en finir avec la prohibition du cannabis et imagine une légalisation encadrée par l’Etat. “Il ne s’agit pas de promouvoir le cannabis, Mais il faut être réaliste: le cannabis est omniprésent et socialement accepté” argumente le numéro 2 du gouvernement.

Pour Pierre-Yves Demargne “une légalisation nous permettrait de mieux encadrer les consommateurs, d’interdire la vente aux mineurs, de reprendre une source importante de revenus au milieu criminel – y compris aux terroristes – et de permettre à la police de se concentrer sur des problèmes plus importants.

660 millions de recette pour l’Etat

Avec 660 millions d’euros de recettes, la proposition est séduisante alors que la Belgique est un des pays où l’on consomme le plus de cannabis en Europe.
Un des principaux arguments avancé par la droite conservatrice, qui s’oppose à une légalisation de la plante, repose sur les effets délétères du cannabis sur la santé. L’herbe qui fait rire ayant des impacts certains (au même titre que l’alcool et nombre de médicaments psychotropes vendis en pharmacie) sur le système cognitif, avec des troubles de l’attention et de la mémoire. Des effets majorés si la drogue est consommée par des jeunes dont le cerveau est encore en devenir. Est aussi pointé par les détracteurs d’une légalisation le risque que le cannabis soit une porte d’entrée à la consommation de drogues dures.

Cette nocivité pour la santé est aussi avancée par le parti de centre-droite MR “Cela vient à contretemps“, estimait sur Bel.RTL le président des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez. “On ne comprend pas cette banalisation que fait le PS, c’est un signe de laxisme. On n’est pas absolument opposé, mais il faut rester prudent. Ce n’est pas une priorité “

Wallons et Bruxellois VS Flamands

Pour Pierre-Yves Dermagne “il faut pouvoir organiser et contrôler la production, mais aussi la vente de cannabis. ”
Sauf le MR qui affiche aujourd’hui ses réticences, les autres partis francophones sont favorables à une fin de prohibition, même si les modalités de cette légalisation divisent. Au déla du gouvernement et du Parlement, le sujet divise le pays :  les Flamands se montrant plus réservés quand à une fin de l’interdit pesant sur la plante depuis plus de 50 ans.

Le débat sur la légalisation s’invitera formellement au Sénat et au parlement dans quelques mois, lors de la publication d’un rapport d’information basé notamment sur l’audition de nombreux experts.

Arnold Schwarzenegger, champion de la weed

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Des fumeuses frasques de sa jeunesse aux lois pro-cannabis votées sous son gouvernorat, Arnold Schwarzenegger n’aura jamais caché ni renié son penchant pour la ganja, au plus grand bonheur des Californiens. Petit portrait d’un géant vert.

C’est avec un titre de M. Univers Europe pour seul bagage et un corps aussi robuste qu’un bong en acier qu’Arnold Schwarzenegger arrive aux États-Unis en 1968. S’il est bien taillé, le jeune homme débarque du vieux continent franchement fauché. À 21 ans, il n’a qu’un objectif:  devenir le culturiste numéro un des States. Une profession qui outre-Atlantique rapporte gros.
Il y parviendra, en 1970 précisément, grâce à une discipline tout autrichienne et un régime des plus naturels. Élu M.Olympe à 23 ans  (faisant de lui le plus jeune mortel récompensé par la plus haute distinction des mecs qui ne se dégonflent pas), il  devient en quelques semaines mondialement célèbre. Incarnant dans la foulée et à juste titre un des athlètes les plus en forme(s) de la planète.  Une excellente nouvelle pour les défenseurs d’une consommation de cannabis intelligente et saine. Parce que si l’homme fort du culturisme a mérité ses médailles à la force entre autres du poignet, il n’a jamais eu les doigts patauds lorsqu’il s’agit de s’en pomper un gros. De joint.

Totale rigole

En effet, les séances dans les salles de muscu’ sont intenses. Comme nombre de ses haltères-égo, Arnold trouve dans la weed une manière saine de se détendre, de faire passer les douleurs dues aux lourds entrainements comme de se donner un appétit suffisant pour remplir ce grand corps en devenir.
Tommy Chong, un de ses collègue et partenaire de sudation, se souvient d’ailleurs bien de son Autrichien d’ami:«  Arnold, c’était le Golden Boy du bodybuilding, un des types les plus sains de la planète. D’une incroyable force mentale quand il travaillait.  Après il fumait de l’herbe. Il en fumait pas mal parce qu’il savait que c’est inoffensif » (propos confirmés par le Governator lui-même qui ajoutera : « c’est vrai, avec Tommy on passait de très bons moments, on savait s’amuser »)

Pour autant, si Arnold a toujours assumé ses folles et vertes années cannabiques (véhiculant par la même occasion une image aux antipodes du stoner sofa-surfer)  c’est surtout son engagement politique en faveur de la weed qui lui vaut aujourd’hui, la reconnaissance à laquelle il a droit.

Total légal (genesis)

En 2003, l’acteur et ex-bodybuilder devient le 38e Gouverneur de Californie. Élu républicain, cette étiquette conservatrice ne l’empêchera pas pour autant d’agir de concert avec Obama contre le changement climatique ou d’imposer dans son état une politique toute keynésienne de grands travaux publics.
Mais surtout de faire passer deux lois qui poseront les bases juridiques nécessaires à la future légalisation du cannabis en Californie.

Depuis 1996, il était déjà possible d’y obtenir du cannabis à usage médical : mais sous d’assez strictes conditions.
La prescription magique devait émaner d’un des rares médecins agréés, uniquement pour de lourdes pathologies et avec à l’époque très peu de points de vente.Qui plus est, la possession d’herbe était encore un crime.
Même en possession de l’ordonnance de toutes les convoitises, les patients devaient faire attention lors du transport de leur cargaison depuis le point de vente des dispensaires jusqu’à chez eux.
Les consommateurs même en situation légale restaient malgré tout dans une zone grise peu confortable. Une première solution législative en faveur des consommateurs de cannabis médical a été votée en janvier 2003 avec l’adoption du projet de loi 420 (oui-oui… 420, comme le fameux 4/20, ça ne s’invente pas ) du Sénat connu sous le nom de « loi sur le programme de marijuana à des fins médicales ».
Le projet de loi 420 du Sénat a mis en place un système de carte d’identité pour les patients sous cannabis médical et a permis la création de collectifs à but non lucratif pour la fourniture de cannabis aux patients.
La loi 420 a  aussi rendu l’accès au cannabis médical nettement plus aisé pour les patients,  couvrant beaucoup plus de pathologies (anxiété, dépression, anorexie…).

Le Cannabisator.

En  janvier 2010, la Cour suprême de Californie déclare que l’application de la loi  SB 420 ne limite plus la quantité de cannabis qu’un patient pouvait posséder. Toutes les limites de quantité autorisées ont donc été levées.
Puis,  le 30 septembre 2010 , grande date s’il en est,  est promulguée la loi 1449 qui stipule que  « la possession de cannabis n’est plus un crime » (en Californie).
Cela n’a l’air de rien, mais c’est une immense avancée pour la cause Ganja du Gloden State : tout simplement parce que c’est la loi 1449 qui, déjà amandée, ouvrira de facto la possibilité d’un vote en faveur d’une légalisation totale (en novembre 2016).

L’état le plus à l’ouest qui soit, fera appliquer ces très cools dispositions le 1er janvier 2018. En pleine campagne pour faire passer la loi 420 et 1449, le Governator se chargera par ailleurs de préciser son opinion  sur le sujet : « Le cannabis n’est pas une drogue, c’est une feuille » ou encore  « franchement, aujourd’hui tout le monde s’en fout de savoir si vous fumez de l’herbe ou pas ».
En normalisant la consommation de cannabis, en défendant sa non-dangerosité puis en réduisant les sanctions criminelles pour sa possession, Arnold Schwarzenegger aura mérité haut la main le balèze portrait que la rédaction ZeWeed dresse chaque mois.

 

Zurich, seconde ville pilote et plus grande distributrice de cannabis récréatif en Suisse

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Après Bâle, c’est au tour de Zurich de se lancer dans la vente contrôlée de cannabis récréatif en pharmacie et dans les Social Clubs. Un premier pas expérimental vers une légalisation dans l’ensemble de la Confédération Helvétique, que d’aucun verrait arriver à l’horizon 2027.

Depuis mardi, les participants au projet-pilote de la ville de Zurich peuvent acheter 5 types de cannabis (bio et de qualité suisse!)  dans dix pharmacies, six clubs sociaux ainsi que  dans le centre municipal d’information sur les drogues, indique la mairie dans un communiqué. Quatre autres produits viendront s’ajouter à cette offre dès l’automne.

1200 personnes âgées de 18 à 80 ans se sont inscrites pour participer au projet-pilote “Züri Can – Cannabis avec responsabilité“, dont 80% d’hommes. L’étude zurichoise doit durer trois ans. C’est la plus large du genre en Suisse en nombre de participants. Elle se penche sur les effets d’une vente régulée de cannabis sur la consommation et la santé.

Pour y prendre part, il faut être majeur, habiter à Zurich et avoir consommé du cannabis depuis au moins un an. La plupart des participants zurichois fument des joints deux à plusieurs fois par semaine. Tous les six mois, chacun doit remplir un formulaire en ligne sur l’évolution de sa consommation et de sa santé.

Les Socials Clubs, alternative aux pharmacies

La ville a reçu de nombreuses candidatures de Social Clubs pour participer au projet. Sur 34 demandes, elle en a retenu dix. Seuls les membres de ces clubs pourront venir y acheter et y consommer des produits cannabiques et ce, avec une carte de participant à l’étude. Un sésame indispensable pour acheter du cannabis en pharmacie ou au centre d’information sur les drogues.

Contrairement aux autres partenaires du projet-pilote, la plupart des Social Clubs accrédités louent un fumoir, un endroit réservé à la consommation de la plante si longtemps maudite. Ces Social Clubs auront pour vocation de devenir de véritables lieux de rencontre pour leurs membres, détaillait la directrice Barbara Burri aux médias réunis en conférence de presse.

Prix alignés sur ceux du marché noir

Le risque de revente du cannabis fournit par le projet-pilote se veut quasi-nul: les prix correspondent à ceux pratiqués par les dealers du marché noir. Soit entre  7 et 10 CHF par gramme, selon le degré de THC.

Le canton de Bâle-Ville s’était lancé en fevrier dernier dans une étude semblable, mais avec nettement moins de participants autorisés.

Allemagne : le gouvernement valide le projet de loi de légalisation du cannabis récréatif

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L’Allemagne a franchi mercredi 16 août une étape supplémentaire vers la légalisation du cannabis à usage adulte, avec l’approbation par le Conseil des ministres du projet de loi encadrant une fin de prohibition.
Dernier obstacle avant une légalisation attendue pour le mois de décembre 2023 : la validation par le parlement de l’initiative progressiste. Une formalité à priori : la majorité des membres du Bundestag sont favorables à une levée de l’interdit qui pèse sur la plante depuis plus de 50 ans.

Comme évoqué dans notre article du 17 juillet, la légalisation du cannabis à usage adulte en Allemagne n’est plus qu’une formalité et devrait bientôt être une réalité outre-Rhin.
Selon le texte initial présenté et approuvé par le gouvernement “tricolore” d’Olaf Sholz , qui doit encore recevoir l’aval du Bundestag (chose à priori acquise), il sera possible pour les adultes de plus de 18 ans d’acheter et de posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis, mais aussi de cultiver jusqu’à trois plants de weed pour un usage personnel. L’Allemagne se dotera ainsi d’une des législations les plus libérales d’Europe, emboîtant le pas à Malte et au Luxembourg, qui ont légalisé le cannabis respectivement en 2021 et en 2023.

Critiques de la droite dure et des syndicats de la police

La coalition du social-démocrate d’Olaf Scholz avec les Verts et les libéraux avait fait de cette légalisation un projet phare de son mandat, même si le plan initial allait beaucoup plus loin. Face aux réserves de l’Union européenne, Berlin a dû revoir sa copie. La réforme suscite également des critiques de l’opposition de la droite dure et de syndicats de policiers qui estiment qu’elle ne mettra pas fin aux trafics, alors que c’est l’un des objectifs du projet.

Les Social Clubs, dispensaires kolkhoziens d’une légalisation light

La nouvelle législation prévoit la création d’associations “Cannabis Social Clubs”, des structures à but non lucratif dont les membres (500 maximum, qui doivent être majeurs) pourront cultiver l’herbe qui fait rire pour leur seule consommation, et ce sous la surveillance des pouvoirs publics. Ces “Cannabis Social Clubs” seront assujettis à une activité strictement réglementée : ils ne pourront par exemple approvisionner leurs membres qu’ à raison de 25 grammes par jour. quand aux jeunes âgés de 18 à 21 ans, ce sera limité à 30 grammes par mois. .

Protection de la jeunesse

La consommation de cannabis devra se faire à l’extérieur de ces clubs, sera interdite à moins de 200 mètres de ces lieux, ainsi que des écoles, aires de jeux, terrains de sport et associations pour les jeunes. Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, prévoit par ailleurs le lancement d’une grande campagne de sensibilisation à l’intention des mineurs sur les dangers du cannabis “particulièrement néfaste quand celui-ci est encore en période de croissance“.

Alors que de nombreux pays de l’Union Européenne (UE)  ont désormais dépénalisé le cannabis, dans certaines parties de l’UE, elle reste légalement passible d’incarcération, comme c’est la cas en France, en Irlande ou en Bulgarie.

Jerry Rubin, Yippie Manifeste.

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« Une société qui abolit toute aventure fait de l’abolition de cette société la seule aventure possible » professait Jerry Rubin dans son manifeste révolutionnaire. Un concept qui résume parfaitement la philosophie Yippie, ce mélange de culture Hippie, anar’ et communiste. Portrait d’un militant flower power (to the people).

Un personnage intéressant ce Jerry Rubin. D’origine américaine il s’engage très tôt dans le combat pour les droits des Afro-Américains et fonde peu après le VDC (Vietnam Day Committee). En 1966, il organise les premières manifestations contre la guerre au Vietnam.

La postérité, il la rencontrera un an après avoir fondé le mouvement Yippie (Youth International Party) avec son ami Abbie Hoffman. L’initiative étudiante et contestataire née sur le campus de Berkley  va se retrouver au centre de la grande affaire de ce Summer of Love.
Ce sera le procès des “Chicago 7” (immortalisé dernièrement par un film éponyme disponible sur Netflix), durant lequel Rubin, Hoffman et cinq autres activistes vont se retrouver sur le banc des accusés, inculpés de conspiration et d’ incitation à l’émeute. Après plusieurs jours d’un procès haut en couleurs, ils seront libérés.

Sacha Baron Cohen en Abbie Hoffman, Jeremy Strong en Jerry Rubin (The Trial of the Chicago 7)

Favorable à une dépénalisation du cannabis, son mouvement organise les premiers Smoke-In (l’équivalent du sit-in, mais en décollant) sur les marches du Pentagone, et en pleine révolution psychédélique, Rubin propose de verser un peu de LSD dans les canalisations d’eau des grandes villes… Son livre Do it !(sous-titré Scénarios de la Révolution) est précédé d’un introduction d’Eldridge Cleaver, un militant Black Panther qui s’était présenté aux présidentielles de 1968, on le cite : «Je me joins à Jerry autour du désir absolu de détruire l’ordre social existant aux Etats-Unis d’Amérique. »

Le drapeau officiel des Yippies. Fond noir, étoile rouge et feuille de Ganja: l’ambiance est donnée.

C’est pourtant ce même homme qui reniera son passé révolutionnaire pour se lancer dans de profitables opérations boursières, qui lui vaudront la haine fratricide de son ami Abbie Hoffman (qui se suicidera en 1989) avant de mourir écrasé  par une voiture alors qu’il traversait la rue pour rejoindre une femme, hors des clous…
Et si l’on est fantasque, on peut s’autoriser à penser qu’elle lui vaudront aussi la note poétique de sa mort.

Le révolutionnaire, look de Rock Star échappée de Woodstock

Entre les lignes de son œuvre, se glisse une poésie lumineuse, une agilité des mots qui fait danser ses propos même les plus venimeux, parmi ces phrases qui restent en l’air on compte : « l’herbe voyage à travers une chambre comme un baiser sans cesse en mouvement », ou « la marijuana est le théâtre des rues de l’esprit », ou encore « l’école fait de nous des cyniques. Le hash fait de nous des rêveurs ». Mais il s’en dégage aussi une conviction voire une promesse de violence qui semble une fleur de rage dans un champ de belles paroles : « Légalisez la marijuana, la société se déglinguera. Continuez à l’interdire, vous aurez bientôt une révolution. »
Chiche?

Au Luxembourg, les premières graines de la légalisation ont commencé à germer.

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Le Grand Duché a légalisé la culture à domicile de cannabis vendredi 21 juillet. Chaque Luxembourgeois majeur peut ainsi faire pousser chez lui jusqu’à 4 plants d’herbe.

Les 550 000 adultes du petit royaume peuvent désormais ajouter une nouvelle herbe à leur potager : la ganja. Une loi promulguée le 10 juillet autorise ainsi les luxembourgeois d’âge adulte (plus de 18 ans) à consommer du cannabis chez eux, à détenir 3 grammes de résine,  mais surtout à cultiver jusqu’à quatre plants de la belle plante qui fait rire.

Jardiniers en herbe

Le cultivateur a pour obligation de faire connaître ses stupéfiantes intentions horticoles aux autorités, les plantes doivent être étiquetées avec le taux de THC indiqué sur chaque pot ainsi que de renseigner la provenance des graines (dont la vente demeure interdite au Luxembourg :  les jardiniers en herbe doivent donc se fournir soit sur le net, soit dans les pays frontaliers). Un avertissement sur l’interdiction de produire en quantité industrielle est également obligatoire. Le but de cette légalisation est de mieux encadrer la drogue la plus consommée du pays, selon le gouvernement.

Timide légalisation

Le cannabis ne risque pas d’envahir les balcons pour autant. Ainsi, les quatre plants autorisés pour les particuliers ne doivent pas être visibles depuis l’espace public. De plus, il reste interdit de se déplacer en possession de cannabis ou de produits dérivés ; les Luxembourgeois contrôlés sur la voie publique, même avec moins des trois grammes de résine autorisés chez soi, risquent encore une amende de 145 €.
Une deuxième volet plus permissif est à l’étude.

 

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