Uruguay

Uruguay : Carnet de Voyage à l’ouest de Punta del este.

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Sauvage, flegmatique et distingué, l’Uruguay offre à ses visiteurs bien plus que les fleurs d’une légalisation qui s’apprête à fêter son 9ème anniversaire. Récit d’un coup de foudre sur fond de couchers de soleil.

Je quitte le Paris de janvier, celui qui se réveille sous un ciel gris clair, encore un peu aviné de la nouvelle année, pour rejoindre la femme que j’aime à l’autre bout du monde. 15 heures de vol en éco, entre les bébés qui pleurent et les gros qui ronflent, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Paris, Madrid, Montevideo, et enfin Punta del Este. Nous longeons la côte en voiture, musique à fond et cigarette légale de cannabis au bec, c’est déjà les vacances…

« TOUT LE MONDE SE CONNAÎT ; NOM, PRÉNOM, SURNOM, ALCOOL ET GANJA DE PRÉDILECTION »

Depuis déjà un mois, c’est tout le pays qui célèbre l’été austral. Et quel goût pour la fête ! Les familles et les amis se réunissent, il y a toujours quelque chose à faire, on n’est jamais seul. J’ai rarement senti une telle impression de communauté, voire de tribu, tout le monde se connaît ; nom, prénom, surnom, alcool et ganja de prédi- lection. Ici, tout est calme, luxe et envoûtantes volutes d’un cannabis subtilement légalisé.

L’Uruguay est le premier pays du monde à avoir légalisé la vente, la consommation et la culture du cannabis. À peine arrivé, je me vois gratifié d’échantillons du terroir local, et je ne veux déjà plus rentrer en France. Ici, les consommateurs peuvent acheter jusqu’à 40 grammes par mois et ont le choix entre quatre variétés de fleurs, toutes avec de faibles teneurs en THC. Les enthousiastes de la belle plante peuvent trouver leur bonheur dans les quelques dizaines de pharmacies auto- risées. En 2021, 56 % du cannabis consommé en Uruguay provenait d’un circuit légal.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

 

 

En Uruguay, la consommation de cannabis légal dépasse celle issue du marché noir.

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10 ans après la légalisation du cannabis en Uruguay, la weed provenant de commerces légaux et de cultures autorisées approvisionne désormais une majorité de consommateurs.

Les données menant à cette conclusion, publiées par l’Instituto de Regulacion y Control del Cannabis (IRCC), sont basées sur une enquête réalisée auprès des consommateurs entre août et septembre 2022.

Les résultats de l’enquête chiffrent à 250 000 le nombre de consommateurs de cannabis âgés de plus de 18 ans (âge légal d’accès), soit environ 7 % de la population totale et de 10% des quelque 2,6 millions d’Uruguayens qui ont l’âge légal d’accès.

L’Uruguay a légalisé le cannabis en 2013, mais n’a ouvert la vente au détail qu’en juillet 2017. Les consommateurs ont trois options : acheter du cannabis dans les quelques dizaines de pharmacies autorisées, cultiver leur propre cannabis ou faire partie d’une coopérative type social club où les membres partagent les fruits et fleurs de leurs cultures.

En 2021, 56% du cannabis consommé en Uruguay provenait d’un circuit légal.

Bien que peu de pharmacies aient initialement acceptées de vendre du cannabis aux Uruguayens aficionados de ganja , ce nombre n’a cessé de croître depuis quelques années, entrainant une augmentation des ventes.

Techniquement, le cannabis disponible en pharmacie est vendu en paquets de 5 grammes, avec une limite de 40 grammes par mois/consommateurs. Au 1er février, le prix d’un paquet de 5 grammes de fleurs de cannabis séchées en pharmacie était fixé à 390 pesos uruguayens, soit environ 8 euros. L’achat mensuel moyen en pharmacie en 2021 était d’environ 15 grammes.
Les consommateurs peuvent choisir parmi quatre variétés de cannabis différentes vendues dans des sacs de cinq grammes appelés Alfa I, Alfa II, Beta I et Beta II, avec environ 2 % de CBD et 9 % de THC, selon la variété.

Au 31 décembre 2021, 47 515 personnes étaient enregistrées pour acheter du cannabis dans les pharmacies, tandis que 13 441 étaient enregistrées pour cultiver le leur, et 7 032 autres pour faire pousser de l’herbe à usage personnel dans l’un des 220 collectifs de culture du pays.
De janvier à décembre 2021, il y a eu une augmentation de 11 % du nombre de personnes inscrites sur le marché réglementé et une augmentation de 31 % du nombre de personnes inscrites dans un club/une coopérative en pleine croissance.

L’auto-culture autorisée : une solution simple et efficace pour endiguer le marché noir

Bien que les données de l’enquête montrent que seulement 29 % des sondés ont déclaré avoir accès au cannabis par des voies légales, cela représenterait 39 % du marché total, juste pour les achats.
Parmi ceux qui ont répondu au sondage, 43 % ont déclaré l’avoir partagé avec leurs amis et leur famille.

Des chiffres qui sont à conjuguer avec ceux de l’auto-culture. En incluant le marché de la culture à usage personnel,  les ventes et production légales de cannabis représenterait 56 % du marché.
Dans ce pays d’Amérique du sud où l’économie parallèle est un sport national, un tel résultat démontre une fois de plus que la légalisation contrôlée de l’herbe n’est pas un enfumage idéologique.

Cannabis et addictions

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“Légaliser pour mieux encadrer”, c’est la réponse à la question de santé publique des pays ayant parié sur la légalisation.
En légalisant la vente et la consommation de cannabis, l’Uruguay, le Canada et une partie des USA auront permis d’offrir à tous une alternative bien-être au THC : le CBD.

Le 11 décembre 2013, l’Uruguay devenait le premier pays à légaliser le cannabis récréatif. Le 18 octobre 2018, sous l’impulsion de Justin Trudeau, c’est au tour du Canada de mettre fin à la prohibition du chanvre qui fait rire. Le 6 avril dernier, l’Etat de New York autorisait la vente et consommation de cannabis et devenait le 15ème Etat (le 16ème avec Washington D.C.) à lever l’embargo sur l’herbe aux US.
En légalisant et en encadrant la vente de cannabis, les trois pays ont permis au secteur de se développer et offrir aux consommateurs un large éventail de produits. A l’instar de la fin de la prohibition sur l’alcool sous Roosevelt en 1933, qui a vu  les américains redécouvrir les charmes de boissons plus raffinées que l’alcool de contrebande, la réhabilitation du cannabis a permis l’offre de plaisirs récréatifs plus subtiles. Parmi eux, une molécule cousine du THC: le cannabiniol (CBD), qui n’a pas d’effets psychotropes, n’entraîne aucune d’accoutumance mais procure en sensation de bien-être.

CBD, l’alternative THC

Normal donc que le  CBD ai le vent en poupe tant il a tout pour séduire. Tout comme son grand frère le THC, il détend l’esprit et relaxe physiquement. Mais à contrairement à  son sulfureux jumeau THC, il ne modifie pas la perception, n’altère pas le jugement ou la motivation.
Et ça, c’est une combinaison gagnante pour les grands aficionados de la ganja qui avec le temps cherchent des sensations, mais sans effets secondaires.
Cette petite révolution n’aurait jamais été possible sans la légalisation du cannabis, qui aura déjà permis à la recherche d’être financée et d’offrir une belle alternative au gros pétard qui tâche.
Aujourd’hui, le CBD est légal dans la plupart des pays (en Europe depuis le 18 novembre 2020) et semble ravir un nombre croissant de consommateurs qui voient en cette weed light un parfait compromis entre santé et hédonisme.

L’Allemagne achète à l’Uruguay sa weed à visée thérapeutique

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Le cannabis thérapeutique cultivé en Uruguay vient de faire son arrivée sur le marché Allemand de la weed sur ordonnance.

La nouvelle met en lumière la destination finale des grandes exportations expédiées de l’Uruguay vers le Portugal à la fin de 2019; comme le rapporte Marijuana Business Daily. Les destinations finales des envois étaient alors inconnues à l’époque.
Le mystère n’est plus: c’est vers l’Allemagne la ganja curative se rendait.

La filiale allemande du producteur de cannabis  Tilray, a commencé à proposer son produit – «Tilray Cheese Quake (Indica Strong)», une fleur contenant 22% de THC – aux pharmacies allemandes le 30 septembre.
Frank Farnel, directeur du gouvernement et des affaires publiques de Tilray en Europe, a confirmé à MJBizDaily que la fleur était: “cultivé par un tiers en Uruguay, importé par la filiale portugaise de Tilray, transformé dans l’usine certifiée par l’Union européenne selon les bonnes pratiques de fabrication (EU-GMP) de Cantanhede, au Portugal puis expédié du Portugal vers l’Allemagne.”
Cette nouvelle fournit également une réponse à la question de savoir ce qui s’est passé avec tout ou partie des énormes exportations uruguayennes vers le Portugal à la fin de 2019 et à la mi-2020.

Plus tôt cette année, MJBizDaily a signalé qu’un envoi de 1000 kilos (2200 livres) avait été envoyé au Portugal fin  2019.
Le cultivateur agréé Fotmer Life Sciences, basé en Uruguay, a reconnu être le producteur et l’exportateur, bienque  Tilray,  seul producteur autorisé au Portugal à avoir refusé de dire s’il était impliqué dans l’0importation1.
Parce qu’aucune entreprise portugaise n’a obtenu les approbations nécessaires pour vendre du cannabis médical à des patients nationaux, MJBizDaily a qualifié cette énorme importation au Portugal d ‘«inhabituelle … à moins qu’elle ne soit destinée à un autre pays»

 

Tiré de l’article publié par le formidable et indispensable Marijuana Business Daily.

Auteur: Alfredo Pascual