Le 14 juillet, la Commission européenne dévoile son programme climatique. Il vise à nous faire réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Trop gourmand?
Faut-il y voir l’annonce d’une révolution écologique en Europe? Toujours est-il que c’est le 14 juillet que le nouveau paquet climat 2030 de la Commission européenne, sobrement baptisé « fit for 55 », sera présenté.
Un peu absconse, cette appellation annonce pourtant un véritable bouleversement. Qu’il s’agisse de nos modes de production, de transport, de la structure de nos échanges commerciaux ou de notre relation à l’énergie . En réécrivant une douzaine de directives, règlements et normes, la Commission européenne vise à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) des 27 pays de l’Union européenne, entre 1990 et 2030.
Marché du carbone
Jusqu’à présent, l’Europe prévoyait de réduire de 40 % ses émissions durant cette période. Sachant que nous avons grosso modo baissé de 20 % notre contribution au renforcement de l’effet de serre depuis 1990, nous allons devoir cravacher d’ici la fin de la décennie. Dit autrement, nous allons devoir réduire d’un tiers nos émissions de GES en 8 ans !
Pour nous inciter à changer de mode de vie, Bruxelles va frapper fort. D’abord, en instaurant une taxe carbone sur les importations en provenance de pays qui n’appliquent pas l’accord de Paris sur le climat. Important, si l’on considère que la moitié de l’empreinte carbone européenne est imputable aux produits et services qu’elle importe. L’industrie ne sera pas oubliée. Les services de la présidente Ursula von der Leyen prévoient de durcir les règles du marché communautaire de quotas d’émissions de GES. Ce cadre légal (ETS) obligera par exemple les entreprises du transport aérien et maritime à réduire leurs contribution au réchauffement.
Les 11 000 sites industriels qui sont d’ores et déjà assujettis à cet ETS recevront de moins en moins de quotas d’émissions. De quoi les inciter à accélérer la décarbonation de leurs procédés de fabrication.
Plus de moteur thermique
Afin d’orienter les constructeurs d’automobiles vers l’électrique, la vente de voitures neuves à moteur thermique devrait être interdite dès 2035. Collectivement, nous devrons sensiblement accroître nos consommations d’énergies renouvelables, sous forme d’électricité, de combustible et de carburants.
A cet égard, la fiscalité de l’énergie sera revue. Ce favorisera la réduction du coût d’utilisation des véhicules électriques et le prix du kérosène décarboné pour l’aviation.
Le BTP devrait profiter pleinement du paquet « fit for 55 ». La nouvelle mouture de la directive sur l’efficacité énergétique devrait fixer des objectifs ambitieux et contraignants de rénovation de bâtiments publics et privés.
Cohérence des politiques
Hors les villes, la Commission prévoit d’engager une ambitieuse stratégie forestière. Il s’agira de planter des millions d’arbres, pour reconstituer des massifs dégradés, mais aussi pour verdir (et rafraîchir) les environs des villes. Ce programme d’afforestation accroîtra aussi les capacités de stockage de carbone de la forêt européenne et contribuera à instiller un peu de biodiversité dans le paysage urbain.
Avec la publication de ce paquet législatif, la Commission ouvre toute une série de négociations sectorielles (sur la forêt, l’automobile, la fiscalité de l’énergie, le commerce extérieur, l’ETS, etc.) qui devraient durer une paire d’années. Si tout va bien. Parmi les écueils qu’il faudra éviter : l’incohérence des politiques. L’Europe devra veiller à ce que sa future politique agricole commune (PAC) réduise enfin les émissions de méthane et de protoxyde d’azote de l’agriculture européenne. Ce qu’elle a bien été incapable de faire jusqu’à présent, malgré l’investissement de 100 milliards d’euros à cette fin, entre 2014 et 2020.