Europe

L’Allemagne légalisera le cannabis lundi 1er avril (et ce n’est pas une blague)

/

Avec cette loi historique,  l’Allemagne emboîte le pas à Malte et au Luxembourg, qui ont légalisé le cannabis à usage récréatif respectivement en 2021 et en 2023. La possession et la consommation de weed restera formellement interdites aux moins de 18 ans.

A partir du 1er avril, soit le lundi de Pâques, nos voisins Allemands pourront tranquillement fumer un joint à la terrasse des cafés et faire pousser de la ganja dans leurs jardins ou sur leurs balcons sans inquiétude aucune . Le Bundestag avait adopté fin février le projet de loi sur la légalisation du cannabis. Ce matin, c’est le Bundesrat, la chambre représentant les Länder, qui a avalisé l’une des législations les plus progressives d’Europe. La version finale du texte de loi avait été soutenu avec vigueur par les Verts et les Libéraux au sein de la coalition tricolore menée par Olaf Scholz.

Plusieurs associations de médecins, policiers,  juristes ou encore d’enseignants avaient fait part de leurs réserves au cours des derniers mois. Parmi les doléances de ces corpus : Comment la police sera-t-elle en mesure d’assurer le respect de la réglementation, en l’occurence contrôler le nombre de grammes de cannabis détenu par chacun, s’assurer que les consommateurs sont en état de conduire sans mettre en danger la sécurité des autres ou mesurer précisément  le périmètre d’interdiction de consommer du cannabis à proximité des écoles, des jardins d’enfants et salles de sports. Ce périmètre est-il tenable quand on sait que les salles de jeu doivent quant à  elles faire respecter une distance de 1 000 mètres aux consommateurs.

Dans un second temps, la législation devrait progresser et autoriser des magasins dédiés à faire commerce d’herbe dans certaines régions, dont les noms ne sont pas encore connus.

Le détail des mesures de la légalisation du cannabis en Allemagne:

  • Chaque citoyen âgé de plus de 18 ans sera autorisé à acheter 25 grammes de cannabis par jour.
  • Chacun sera libre de cultiver trois plantes de cannabis et à en détenir jusqu’à 50 grammes .
  • Il sera en revanche interdit de fumer du cannabis dans un rayon de 100 mètres autour des écoles, des jardins d’enfants et des salles de sport.
  • Des cannabis clubs, aussi connus sous la dénomination social clubs, soit des associations à but non lucratif, proposeront à leurs membres la possibilité de se fournir en herbe, à raison de 50 grammes par mois ainsi qu’un petit coup de main lors de la récolte.
  • Dans 18 mois, un premier bilan fera état des répercutions de la loi progressive loi, en particulier en ce qui concerne la protection des enfants et des jeunes. La protection des mineurs et l’assèchement du marché noir étant les deux objectifs clés et raison d’être de cette fin de prohibition outre-Rhin.

 

L’Allemagne revoit à la baisse son projet de légalisation du cannabis récréatif.

/

Contrairement aux promesses de campagnes de la coalition tricolore (Écologistes/FPD/ SPD), l’Allemagne n’autorisera pas la vente de cannabis récréatif dans des magasins spécialisés , mais légalisera la culture privé de la plante.

Le gouvernement de Olaf Sholz a remanié son plan de légalisation du cannabis à usage récréatif face aux réserves de l’Union européenne, renonçant à court terme à la vente de cannabis à usage adulte dans des coffee shops et dispensaires.
Berlin avait présenté en octobre une feuille de route visant à introduire une législation sur le cannabis, une première en Europe.

Mercredi 5 avril, une nouvelle version édulcorée de cette réforme autorisera les plus de 18 ans à posséder de petites quantités de cannabis. «Les objectifs initiaux n’ont pas changé (…): plus de sécurité dans la consommation, enrayer le marché noir, meilleure protection des jeunes» a précisé en conférence de presse  le ministre de la Santé social-démocrate Karl Lauterbach.

Le deuxième volet de cette légalisation light consistera à tester, dans certaines régions la production et le commerce de cannabis récréatif dans des magasins spécialisés, dans le cadre de licences accordées par l’Etat.
Une telle vente au détail dans l’ensemble de l’Allemagne, envisagée dans la première mouture du plan, étant incompatible avec le droit européen.

L’expérience, si elle est concluante, “aura valeur de modèle au niveau européen et pourrait mener à une modification de la loi“, s’est défendu le ministre de la Santé, ajoutant avoir eu des discussions encourageantes avec certains membres de l’Union européenne, mais sans vouloir les nommer. L’objectif de la réforme est de remplacer une politique répressive inefficace et couteuse, et de limiter la consommation de cannabis chez les plus jeunes.
La légalisation du cannabis était pourtant l’un des projets phares de la coalition du social-démocrate Olaf Scholz avec les Verts et les Libéraux.

Malte légalise l’usage du cannabis récréatif.

/

Le gouvernement de l’île de Malte a voté hier mardi 14 décembre la légalisation du cannabis et sa culture à domicile en quantité limité. Une première qui devrait être suivie puisque l’Allemagne et le Luxembourg s’apprêtent à lever l’interdit qui pèse sur la plante depuis plus de 60 ans.

Alors que le CBD s’invite dans les tisanes pour grand-mère,  les aliments pour chat,  la gastronomie ou les cosmétiques haut de gamme, Malte, le Luxembourg et l’Allemagne franchissent le rubicon vert en annonçant leurs volontés de légaliser la weed. Si l’Allemagne et le grand Duché n’ont pas encore matérialisé le projet progressiste, Malte l’a bel et bien concrétisé hier. Le premier domino d’une légalisation globale sur le vieux continent?

La réforme, adoptée par 36 voix contre 27 mardi 14 décembre, autorise les maltais à posséder 7 grammes de cannabis et cultiver 4 pieds par usager de plus de 18 ans. Au-delà de 7 grammes, et jusqu’à 28 grammes, le consommateur encoure une amende de 100 euros. Restent interdits la consommation en lieux publics, délit passible d’une amende de 235 euros.

Culture à domicile et Social Clubs

L’initiative prévoit aussi la formation d’associations à but non lucratif, des “Social Clubs” permettant la production et la vente de cannabis à ses membres ( 500 personnes maximum par Social Club). Le premier ministre Robert Abela avait préalablement demandé aux députés de son parti de voter en faveur d’une fin de prohibition.
«Nous légiférons pour répondre à un problème, selon une approche de réduction des risques en régulant le secteur pour que les gens n’aient pas à recourir au marché noir», avait-il plaidé. Robert Abela a aussi précisé  que “Le trafic de drogue (de cannabis NDLR) restera illégal” .

Pays traditionnellement conservateur sur les questions sociales, Malte avait pourtant déjà dépénalisé la possession de petites quantités de cannabis (en 2015 ) et adopté un cadre légal (en 2018) en vue de devenir un pôle de production de cannabis thérapeutique.

Avant l’Allemagne, c’est le Luxembourg qui avait a annoncé en octobre 2021 son intention d’autoriser la culture de cannabis à domicile et sa consommation dans la sphère privée. En Hollande, la possession, la consommation et la vente au détail jusqu’à cinq grammes de cannabis sont tolérées alors qu’en Espagne, la production pour la consommation personnelle est aussi tolérée.

L’Allemagne, premier domino de la légalisation du cannabis en Europe?

/

Le gouvernement Allemand a annoncé son intention de légaliser l’usage récréatif du cannabis. L’initiative progressiste de la coalition (SPD/FDP/écologistes) pourrait bien être le déclic tant attendu qui mettrait fin à 60 ans de prohibition en Europe. Analyse et perspectives.

Mercredi 24 novembre, l’Allemagne se dotait d’un nouveau gouvernement. Sous la houlette d’Olaf Scholz la coalition “feu tricolore” (composée du parti écologiste, des libéraux FDP et des sociaux-démocrates SPD) a annoncé vouloir légaliser le cannabis récréatif.
En 2017, l’Allemagne avait déjà donné son feu vert au cannabis thérapeutique. Dans certaines villes comme Berlin, la détention de quelques grammes de cannabis à usage personnel est autorisée depuis 2019.
Nous introduisons la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins de consommation dans des magasins agréés”, annonce le programme présenté par le futur gouvernement.
Cette petite révolution “permettra de contrôler la qualité, d’empêcher la transmission de substances contaminées et de garantir la protection de la jeunesse”, précise le document.

Le nouveau gouvernement et son chancelier Olaf Scholz ( centre)  les chefs du parti Vert Annalena Baerbock, à gauche, et Robert Habeck, deuxième à gauche, le président du Parti libre-démocrate Christian Lindner, deuxième à droite et Volker Wissing, à droite. Crédits AFP

Une récente étude estime à environ 4,7 milliards d’euros les gains générés par la légalisation. Une taxe sur le cannabis identique à celles sur le tabac ou l’alcool rapporterait à elle seule 1,8 milliard d’euros par an. Un milliard d’euros d’économies pourraient aussi être réalisé sur les poursuites pénales menées à l’encontre consommateurs et petits dealers.
Toujours selon cette étude environ 27.000 emplois devraient être créés par la légalisation.

Les USA et le Canada sur les starting blocks

Le 17 novembre le PDG de Curaleaf Antonio Costanzo projetait une fin de prohibition imminente en Europe.
“Nous sommes sur le point de voir le prochain grand point d’inflexion, à savoir que certains pays légalisent l’accès au cannabis récréatif. Nous pensons que cela va se produire au cours de 2022 jusqu’au début de 2023. Par conséquence, nous avons commencé à investir massivement pour ce qui devrait être le marché à plus forte croissance dans les prochaines années“, précise le CEO du géant américain valorisé à 8 milliards de dollars.
Avant que l’Allemagne ne déclare son intention de légaliser, M Costanza misait sur un effet domino au cours des 12 à 18 prochains mois. Si le calendrier s’est accéléré, la mécanique découlant de l’initiative germanique reste la même pour le dirigeant de Curaleaf.  Pour Antonio Costanza, une fois qu’un pays de l’Union Européenne aura légalisé, les autre pays membre lui emboîteraient le pas.
A cinq mois des élections présidentielles Françaises, il y a fort à parier que le cannabis, cette “merde” tant conspué par le gouvernement, se retrouve en odeur de sainteté auprès du candidat Macron.

Fit for 55: l’ambitieux programme écolo de l’Union Européenne

//

Le 14 juillet, la Commission européenne dévoile son programme climatique. Il vise à nous faire réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Trop gourmand?

Faut-il y voir l’annonce d’une révolution écologique en Europe? Toujours est-il que c’est le 14 juillet que le nouveau paquet climat 2030 de la Commission européenne, sobrement baptisé « fit for 55 », sera présenté.

Un peu absconse, cette appellation annonce pourtant un véritable bouleversement. Qu’il s’agisse de nos modes de production, de transport, de la structure de nos échanges commerciaux ou de notre relation à l’énergie . En réécrivant une douzaine de directives, règlements et normes, la Commission européenne vise à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) des 27 pays de l’Union européenne, entre 1990 et 2030.

Marché du carbone

Jusqu’à présent, l’Europe prévoyait de réduire de 40 % ses émissions durant cette période. Sachant que nous avons grosso modo baissé de 20 % notre contribution au renforcement de l’effet de serre depuis 1990, nous allons devoir cravacher d’ici la fin de la décennie. Dit autrement, nous allons devoir réduire d’un tiers nos émissions de GES en 8 ans !

Pour nous inciter à changer de mode de vie, Bruxelles va frapper fort. D’abord, en instaurant une taxe carbone sur les importations en provenance de pays qui n’appliquent pas l’accord de Paris sur le climat. Important, si l’on considère que la moitié de l’empreinte carbone européenne est imputable aux produits et services qu’elle importe. L’industrie ne sera pas oubliée. Les services de la présidente Ursula von der Leyen prévoient de durcir les règles du marché communautaire de quotas d’émissions de GES. Ce cadre légal (ETS) obligera par exemple les entreprises du transport aérien et maritime à réduire leurs contribution au réchauffement.

Les 11 000 sites industriels qui sont d’ores et déjà assujettis à cet ETS recevront de moins en moins de quotas d’émissions. De quoi les inciter à accélérer la décarbonation de leurs procédés de fabrication.

Plus de moteur thermique

Afin d’orienter les constructeurs d’automobiles vers l’électrique, la vente de voitures neuves à moteur thermique devrait être interdite dès 2035. Collectivement, nous devrons sensiblement accroître nos consommations d’énergies renouvelables, sous forme d’électricité, de combustible et de carburants.
A cet égard, la fiscalité de l’énergie sera revue. Ce favorisera la réduction du coût d’utilisation des véhicules électriques et le prix du kérosène décarboné pour l’aviation.
Le BTP devrait profiter pleinement du paquet « fit for 55 ». La nouvelle mouture de la directive sur l’efficacité énergétique devrait fixer des objectifs ambitieux et contraignants de rénovation de bâtiments publics et privés.

Cohérence des politiques

Hors les villes, la Commission prévoit d’engager une ambitieuse stratégie forestière. Il s’agira de planter des millions d’arbres, pour reconstituer des massifs dégradés, mais aussi pour verdir (et rafraîchir) les environs des villes. Ce programme d’afforestation accroîtra aussi les capacités de stockage de carbone de la forêt européenne et contribuera à instiller un peu de biodiversité dans le paysage urbain.

Avec la publication de ce paquet législatif, la Commission ouvre toute une série de négociations sectorielles (sur la forêt, l’automobile, la fiscalité de l’énergie, le commerce extérieur, l’ETS, etc.) qui devraient durer une paire d’années. Si tout va bien. Parmi  les écueils qu’il faudra éviter : l’incohérence des politiques. L’Europe devra veiller à ce que sa future politique agricole commune (PAC) réduise enfin les émissions de méthane et de protoxyde d’azote de l’agriculture européenne. Ce qu’elle a bien été incapable de faire jusqu’à présent, malgré l’investissement de 100 milliards d’euros à cette fin, entre 2014 et 2020.

Comment compter sur la décroissance.

/

Compter autrement est plus efficace pour protéger la planète que de réduire l’activité économique. Voici pourquoi.

Rien n’échappe aux satellites. Depuis l’espace, leurs caméras suivent le recul régulier de la forêt, culbutée par l’agriculture intensive, l’urbanisation, la production de charbon et j’en passe. Selon le dernier décompte publié cette semaine par le Centre commun de recherche, le Cirad, le Cifor et l’INPE, les massifs forestiers de la planète ont perdu 220 millions d’hectares, entre 1990 et 2020. Comme si on coupait, chaque année, une forêt occupant la surface de l’Irlande, résume Ghislain Vieilledent, écologue spécialiste des forêts tropicales au Cirad.

Pendant que le monde perdait 5% de sa surface forestière, sa production de richesses a pratiquement quadruplé. De là à en déduire qu’il faut engager la décroissance de l’économie pour protéger la planète, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi par certains économistes. Le problème est-il aussi simple que cela ? Sûrement pas.

L’argent n’est pas le bonheur

L’un des grands hiatus vient du fait que les politiques et la plupart des économistes présentent le produit intérieur brut (PIB) comme un indice d’évaluation du bonheur humain. Ce qu’il n’a jamais été, de l’aveu même de ses concepteurs. « Le PIB se focalise sur un champ assez restreint d’activités humaines et reste aveugle à de nombreux aspects de la vie qui influent pourtant notablement sur le bien-être. De plus, il ne prend pas en compte les externalités sur l’environnement qui résultent des processus productifs », résume l’économiste Marion Navarro.

Financer la transition

Réduire le PIB est-il la meilleure façon de réduire les atteintes à la planète ? Cela n’a rien d’évident. Stabiliser le réchauffement à 1,5 °C — l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris — oblige à remplacer les centrales électriques consommant des énergies fossiles (qui produisent les deux tiers de l’électricité mondiale) par des installations décarbonées. Cela suppose aussi de revoir la plupart des pratiques agricoles, à l’origine de 20% du renforcement anthropique de l’effet de serre. N’oublions pas non plus de remplacer 99% du parc automobile mondial qui, carburent à l’essence ou au gazole. Pas d’impasse non plus sur les cargos qui, en brûlant du fioul lourd, transportent plus de 80% des marchandises du monde. Même remarque pour l’aviation commerciale. Les rédacteurs du rapport du Giec sur la stabilisation rapide du réchauffement rappellent qu’il faudra probablement enrichir cette liste de systèmes d’extraction du CO2 de l’atmosphère. Ce qui ne sera pas gratuit non plus.

Devis élevé

Le montant du devis de la décarbonation de nos modes de vie est incroyablement élevé. Difficile de financer ces transformations, avec une économie en déclin. D’autant qu’il est inimaginable d’amorcer de telles transformations sans faire en sorte que leurs retombées bénéficient aux plus modestes et aux plus vulnérables (souvent les mêmes). N’oublions pas que 820 millions de terriens ne mangent pas à leur faim, qu’un bon milliard n’ont pas accès à l’électricité et que l’eau potable est rare pour 40% d’entre eux.

Intégrer le contexte

Des pistes pour sortir de l’ornière ? Affirmatif. La principale est sans doute de modifier l’indicateur en chef de notre mode de vie. Ce super PIB devrait non seulement agglomérer les chiffres d’affaires de nos activités, mais aussi intégrer les externalités, telles les effets des changements climatiques et de la perte de biodiversité, par exemple. Ces manquements expliquent pourquoi la majorité des économistes minorent, par exemple, les conséquences économiques du réchauffement. «En incluant tous les facteurs, la fonction de dommage du modèle suppose que les dommages représentent 2,1 % du revenu mondial en cas de réchauffement de 3 °C et 8,5 % du revenu en cas de réchauffement de 6 °C », écrit ainsi le prix Nobel d’économie William Nordhaus.

Intégrer les limites physiques

Comment affiner l’indicateur économique de référence ? D’abord, en intégrant (ou en mettant les deux jeux de données en parallèle) les limites physiques de la planète. On pourrait, pour ce faire, s’inspirer des travaux du physicien Dennis Meadows. Le co-auteur du rapport The Limits to Growth a conçu, un modèle physique et systémique intégrant données économiques et environnementales (pollutions, ressources épuisables). « Et, contrairement aux modèles économiques dont aucun ne peut se targuer d’être backtesté avec succès même sur cinq ans, il a fait ses preuves, puisqu’il « colle » aux données empiriques observées sur 35 ans, de 1980 à 2015 », souligne l’économiste Alain Grandjean.

Objectifs de développement durable

Suffisant ? Pas forcément. Pour faire converger les impératifs économiques, écologiques et sociaux, prospectivistes et investisseurs devront intégrer aussi les objectifs de développement durable, définis en 2015 par l’ONU. Au nombre de 17, ils visent à réduire les prélèvements de ressources naturelles, à améliorer l’éducation, à réduire le gaspillage, à favoriser les transports doux et collectifs, à défendre les droits de l’homme, à planter des arbres, etc.

En prenons-nous le chemin ? Très doucement. L’Union européenne est en passe d’adopter un règlement qui distinguera les projets « durables » des ceux qui ne le sont pas. Ce qui facilitera le travail des investisseurs souhaitant verdir leur portefeuille d’actifs. En cours d’évolution, les normes comptables internationales vont progressivement imposer aux entreprises (à commencer par les multinationales) de montrer comment elles intègrent le climat et la biodiversité dans leur stratégie. A charge pour les agences de notation de trier les vrais pionniers de l’écologie industrielle des greenwashers. Un vrai boulot !

La Norvège, future poubelle à carbone de l’Europe.

//

Dès 2024, le royaume Danois va proposer aux industriels européens de stocker leur CO2 au fond de la mer. Une autre façon de réduire son empreinte carbone.

Le royaume scandinave est un peu schizo. En 2016, son parlement a fait de la Norvège le premier pays du monde à viser la neutralité carbone. En principe, c’est pour 2030. Pour y parvenir, Oslo compte notamment sur son parc de production d’électricité : le plus décarboné du monde (à 98 % !).
D’un autre côté, la Norvège, il faut bien le dire est un gros réchauffeur de climat. En produisant l’équivalent de 4 millions de barils d’hydrocarbures par jour depuis vingt ans, le pays reste le premier producteur de pétrole d’Europe occidentale. Mais qu’importe, l’or noir et le gaz naturel sont consommés loin des fjords.

Arbres artificiels

Fort heureusement, des solutions existent. Il y a, bien sûr, les arbres artificiels qui absorbent (un peu laborieusement il faut bien le dire) le CO2 superflu de l’atmosphère. Ne riez pas, des expérimentations sont en cours en Suisse et en Islande. D’autres devraient suivre. La Norvège a une autre idée. Depuis deux décennies, son pétrolier national, Equinor, injecte le gaz carbonique de deux installations gazières dans le sous-sol de la mer du nord et de la Baltique. Pourquoi ne pas faire de ses premières industrielles, une nouvelle activité économique ? Pari relevé.

Aurores boréales

Le 15 décembre dernier, le Storting (parlement du royaume) a autorisé le lancement du programme « Aurores boréales ». En collaboration avec les pétroliers Total et Shell, Equinor va proposer aux industriels de l’Europe de stocker leur gaz carbonique dans une structure géologique sous-marine étanche.
Lancé en 2024, le dispositif sera inauguré par une cimenterie et une usine d’incinération de la région d’Oslo. Les deux unités industrielles vont séparer le dioxyde de carbone de leurs effluents gazeux. Le dioxyde de carbone sera chargé sur un bateau citerne spécial. Destination : le port d’Oygarden. De là, il sera siphonné par un gazoduc spécial qui le mènera vers le site d’injection, situé à une centaine de kilomètres de la côte, près du champ gazier Troll.

Aquifère salin

Dans un premier temps, Aurores boréales pourra stocker 1,5 million de tonnes de gaz par an. Mais les géologues espèrent pouvoir accroître sensiblement cette capacité. L’aquifère salin, dans lequel sera injecté les bulles carbonées pourrait, estiment-ils, accueillir une centaine de millions de tonnes de gaz. De quoi intéresser bien des clients.

Concurrence en vue

Ceux-ci auront d’ailleurs l’embarras du choix. Les ports de Rotterdam (Pays-Bas) d’Anvers (Belgique) et le North Sea Port (regroupement des autorités portuaires de Gand, Terneuzen et Vlessingue) vont proposer à leurs clients d’injecter leur CO2 à 3 000 mètres de profondeur au large des côtes néerlandaises.
Les Britanniques ne seront pas en reste. Des énergéticiens proposent le même type de prestations aux industriels de l’énergie et de la chimie du Yorkshire et du nord-est de l’Angleterre. En France, Dunkerque songerait aussi à se lancer dans l’envoi du carbone par le fond.

Alerte au cannabis frelaté en Europe

///

Depuis quelques mois, plusieurs pays européens font face à un nombre croissant d’intoxications aux cannabinoïdes de synthèse. Vaporisés sur de l’herbe classique à l’insu des consommateurs, ces alcaloïdes de laboratoire ont déjà emportés la vie de 105 consommateurs en 2020. L’OMS et Europole tirent la sonnette d’alarme.

Bordeaux, le 30 décembre. Quatre adolescents se font tourner un joint d’une herbe achetée dans la rue. Quelques minutes plus tard, l’un d’entre eux s’écroule à terre, alors que les trois autres sont saisis de tremblements, convulsions et nausées.
Ils viennent de fumer de la weed sur laquelle a été ajouté du MDMB-4en-PINACA, un cannabinoïde de synthèse surpuissant. Quelques tafes auront suffi à créer chez les quatre jeunes vomissement, tachycardie, hypotension et évanouissements.
Ils passeront entre deux et cinq jours en observation.

Le 3 janvier, à Anvers, c’est deux adolescents qui finiront aux urgences après avoir fumé ce qu’ils pensaient être du cannabis naturel.
Là aussi, les analyses révèleront la présence de MDMB-4en-PINACA.
Apparu en Europe en 2017, le MDMB-4en-Pinaca est un des cannabinoïde de synthèse responsable d’une centaine de décès en 2020 sur le vieux continent.
Ce THC chimique, souvent vendu en poudre via le Darknet, est dilué et vaporisé sur des fleurs de cannabis de mauvaise qualité afin de les rendre “vendables” par des dealer peu scrupuleux.

Car si ces cannabinoïdes artificiellement crées sont conçus pour imiter les effets du THC en se fixant sur le récepteurs CB1 et CB2, ils sont loin d’être aussi inoffensifs que leur naturel aïeul.
Parce qu’ils sont 30 à 50 fois plus puissants que le THC et sont dépourvus de la balance psychotrope qu’offre l’effet entourage, ces poudres boostante ont des effets dévastateurs sur le cerveau et l’organisme.

La faute au Covid?

Les difficultés d’approvisionnement dues aux confinements successifs ont crée des pénuries de cannabis dans tous les pays interdisant son usage. A cela il faut ajouter une situation économique des plus précaires. Il n’en fallait pas plus pour que des revendeurs peu scrupuleux refourguent à des clients en pleine dèche un produit aussi bon marché pour les dealers que fatal pour les fumeurs.

En décembre dernier à Berne, la police a saisi des centaines de pochons d’herbe vendus comme de la marijuana naturelle et y a trouvé d’importantes quantités de CUMYL-4CN-BINACA, un autre cannabinoïde de laboratoire.
Pour la seule année 2020, c’est une centaine de décès que la fondation suisse Drug Checking impute à la consommation de ganja frelatée.
Le CUMYL-4CN-BINACA, tout comme le MDMB-4en-PINACA fait parti des cannabinoïdes de synthèse les plus fréquemment saisis par la police, confirme une enquête conjointe d’Europol et de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies .
Mais de tous ces alcaloïdes chimiques, c’est surtout le  MDMB-4en-PINACA qui inquiète au plus haut point les autorités sanitaires.
50 à 100 fois plus puissant que le THC, le MDMB-4en-PINACA fait depuis février 2020 l’objet de mise en garde répétées sur des sites spécialisés comme know-drugs.chet Safezone.ch

Alertes de l’OMS et d’Europole

En octobre 2020, l’OMS recommandait la classification du MDMB-4en-Pinaca dans le tableau I de l’Annexe IV, considérant la substance comme une drogue au fort potentiel addictif ayant aucun ou peu d’intérêts thérapeutiques, au même titre que l’héroïne ou le crack. Pour mémoire, l’ONU a retiré le cannabis -naturel- du tableau I de l’Annexe IV en décembre 2020
Toujours en octobre, une note de l’ARS* de la région PACA faisait état de “la circulation en région PACA d’herbe vendue pour du cannabis ne contenant finalement que du cannabidiol (CBD) et un cannabinoïde de synthèse (MDMB-4en-PINACA), dont la puissance pharmacologique expose à des risques pour la santé“.
Et c’est bien là le problème: rien ne peut différentier au premier regard une herbe naturelle d’une herbe frelatée.
Un dangereux jeu de roulette russe qui se profile pour les acheteurs se fournissant dans la rue, auprès de revendeurs qu’ils ne reverront jamais.

De 1929 à 1933, aux Etats-Unis,  la prohibition sur l’alcool a poussé de nombreux enthousiastes de la bibine et du profit a vendre à des consommateurs désespérés du Moonshine, un alcool bricolé qui fera des milliers de victimes. Cette crise sanitaire ne prit fin que lorsque le président F.D.Roosevelt légalisa de nouveau l’alcool, assurant aux consommateurs un liquide sans autre danger que celui d’une bonne gueule de bois.
Un argument de plus, s’il en fallait, pour une légalisation responsable du cannabis sur le vieux continent.

 

*L’Agence Régionale de Santé (ARS) est un établissement public administratif de l’État français chargé de la mise en œuvre de la politique de santé dans sa région

Pour l’environnement, le Brexit ne change rien.

/

Londres et Bruxelles sont convenus de ne pas toucher aux règles encadrant l’environnement, l’énergie ou l’atome. Histoire de ne pas perturber le commerce.

Nous y sommes. Trois ans et demi après qu’une majorité de sujets de sa très gracieuse majesté s’est prononcée en faveur du Leave, le Royaume-Uni n’est plus membre de l’Union européenne (UE). En 63 ans d’existence, c’est la première fois qu’un pays membre quitte ainsi le bloc communautaire.

Un accord de 1450 pages

Malgré les nombreuses menaces, lancées par le premier ministre britannique Boris Johnson, le Brexit s’est finalement conclu par un accord. Après deux ans et demi de difficiles négociations, Londres et Bruxelles ont fini par sceller leur désunion dans un volumineux accord. Le 24 décembre 2020, les deux parties publient un acte de divorce de poids.
En 1450 pages, ils établissent de nouvelles règles bilatérales sur des sujets aussi divers que le commerce (mais pas celui de la weed), la pêche, la santé, la fiscalité (n’oublions pas les choses importantes), le commerce, la coopération scientifique. Sans oublier, l’énergie nucléaire, l’environnement ou la lutte contre le changement climatique.

Trois documents sinon rien

Dans le détail, l’acte de divorce est constitué de trois documents : un accord de libre-échange, le partenariat pour la sécurité des citoyens et l’accord de gouvernance. Dans leurs grandes lignes, ils établissent deux grands principes pour conforter les relations entre les deux parties : liberté de circulation pour les marchandises et maintien des règles communes pour, la protection des travailleurs, la transparence fiscale et les aides d’Etat à l’économie. Sans oublier la protection de l’environnement et du climat. A noter d’ailleurs, dans ce dernier cas, que 80 % des lois britanniques sont d’origine … européenne.

Pour autant, le Brexit oblige les entreprises britanniques à quitter le marché communautaire du carbone, l’ETS. Malheureusement pour elles, Londres a ouvert, dès le 1er janvier, un système national
Les frontières pourront être de nouveau baissées d’un côté ou de l’autre du Channel si l’une des parties prouve que le principe de non régression de toutes ces règles de droit a été bafoué. Auquel cas, un tribunal spécial pourra accorder des mesures de compensation à la partie lésée.

Circulation (presque) libre

Même si les douaniers recommenceront à examiner les passeports, la liberté de circulation sera presque rétablie pour les citoyens. L’accord de Noël garantit l’égalité de concurrence entre les transporteurs de l’Union et du Royaume-Uni, de sorte que les droits des passagers, des travailleurs et la sécurité du transport ne soient pas compromis. Coup dur, en revanche, pour les grandes compagnies de charter aérien britannique : interdiction leur est désormais faite de faire du cabotage dans les aéroports des pays du continent.
Jadis fluide et détaxé, le commerce de l’électricité sera désormais soumis à des réglementations (tatillonnes, forcement !) et des droits de douane. Ce qui va renchérir le coût du MWh au Royaume-Uni, pays structurellement importateur de courant européen. Anticipant cette décision, les marchés de gros britanniques ont déjà vu doubler les prix de l’électron entre les mois de mai et décembre derniers.

Nuke is good

« Leaving European Union », c’est aussi quitter Euratom, l’organisation communautaire de coopération en matière d’énergie nucléaire. Pour le Royaume-Uni, pareil départ pouvait entraver la relance de son programme électronucléaire. Qu’à cela ne tienne : Bruxelles et Londres sont convenus de ne rien changer entre eux dans le domaine de l’atome. EDF va pouvoir continuer à construire des réacteurs outre-Manche.
Et à propos de Manche, les pêcheurs européens pourront continuer de jeter leurs filets dans les eaux anglaises, galloises ou écossaises. Les pêcheurs britanniques qui avaient massivement soutenu le Brexit pour pouvoir reprendre le contrôle de leurs stocks de poisson digèreront-ils cette arrête ?

La commission Européenne ne classifiera pas le CBD en tant que stupéfiant.

///

Quelques heures après que l’ONU ai retiré hier le cannabis de l’annexe IV, la Commission Européenne a fait marche arrière, expliquant dans un discret courrier envoyé à l’Association Européenne du chanvre industriel que le CBD ne serait pas classé en tant que stupéfiant. Une décision qui confirme plus encore une légalisation du cannabidiol actée par  la cour de justice de l’Union Européenne il y a deux semaines.

C’est l’Association Européenne du chanvre industriel (EIHA)  qui a eu la primeur de la bonne nouvelle.
La troisième réjouissante annonce en faveur d’une libération du cannabis en deux semaines.
Dans la missive reçue par l’EIHA et publiée sur son site, la Commission européenne indique que le CBD ne saurait être considéré comme un  stupéfiant, mais comme un complément alimentaire (novel food).
Quelques heures  auparavant, l’ONU annonçait le retrait du cannabis de l’annexe IV du tableau I. Une reclassification qui facilitera l’accès au cannabis thérapeutique de malades dans de nombreux pays, et qui devrait ouvrir le champ à des recherches financés par les états en faveur de l’essor du cannabis à visée médicale.

C’est à la lumière de l’arrêt récent de la Cour C-663/18, que la Commission Européenne a réexaminé sa conclusion préliminaire sur le cannabidiol, indiquant qu’il ne devrait pas être considéré comme un stupéfiant au sens de la Convention unique des Nations Unies de 1961. Ce boost en faveur de l’industrie du chanvre bien-être fait ainsi écho au vote de la  Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) qui a eu pour effet de retirer le cannabis du tableau IV de la Convention de 1961 dans lesquels étaient cataloguées les produits aux  “propriétés particulièrement dangereuses avec peu ou aucune valeur thérapeutique”. «Un moment vraiment historique pour l’humanité: les Nations Unies, sur la base des recommandations de l’OMS, reconnaissent la valeur médicale du cannabis et le supprime du Tableau IV de la Convention de 1961. Enfin, l’utilité médicinale du cannabis est officiellement reconnue », s’est réjouit Daniel Kruse, président de l’EIHA . «Après ce vote historique, il convient de souligner que le chanvre industriel et le CBD non médical restent toujours hors du champ d’application de la Convention unique. C’est pourquoi, la deuxième décision de cette semaine est encore plus importante pour notre industrie: à la lumière des commentaires reçus entre autres de l’EIHA et du récent arrêt de la Cour européenne de justice, la Commission européenne conclut que le CBD ne doit pas être considéré comme une drogue et peut être qualifié de nourriture. En tant que président de l’EIHA et pionnier de l’industrie du chanvre depuis 26 ans, je remercie sincèrement l’ONU et notre commission européenne pour ces cadeaux de Noël absolument géniaux! » a conclu M.Kruse, qui a été parmi les premiers à recevoir ce beau cadeau de la hotte du père Bruxelles.