En votant hier mardi 5 novembre, les citoyens américains ont choisi de remettre à Donald Trump les clefs de la Maison Blanche pour un second mandat après celui exercé entre 2016 et 2020. La désignation du 47ème président américain n’était pas le seul enjeu d’un scrutin historique à questions multiples : en Floride, au Dakota du nord et du sud, les électeurs étaient aussi invités à se prononcer sur la légalisation du cannabis à usage récréatif. Revue de détails.
En Floride, l’Amendement 3, mesure progressiste visant à légaliser l’usage récréatif du cannabis, a échoué de peu, infligeant un coup dur aux acteurs de l’industrie verte, qui ont investi plus de 100 millions de dollars dans une campagne pro-légalisation, faisant face à l’opposition virulente du gouverneur Ron DeSantis et au lobbying d’Elon Musk. Le CEO de Space X avait signé un chèque de 500.000 dollars afin que le cannabis reste aux mains du marché noir.
Si plus de la moitié des électeurs du Sunshine State ont voté en faveur de la mesure progressiste (55, 9% des suffrages en faveur de la légalisation), le chiffre n’aura pas atteint le seuil des 60 % nécessaire pour inscrire la réforme dans la Constitution de l’État. L’échec de l’Amendement 3 représente une victoire pour le gouverneur républicain et ses alliés, dont Elon Musk, qui , au delà de son inattendu lobbying prohibitionniste, faisait soudainement valoir que la légalisation de l’herbe constituait un risque majeur pour la santé publique. Etonnant quant on sait que le fondateur de Tesla s’est longtemps targué d’être un grand enthousiaste de l’herbe qui fait rire.
Les résultats des votes de l’Amendement 3 ont été divulguées hier soir par l’agence Associated Press, quelque 90 minutes après la fermeture des bureaux de vote. « Les Floridiens ont pris position contre les drogues dangereuses que les profiteurs du cannabis tentent de présenter comme inoffensives » s’est aussitôt félicité Kevin Sabet, président de Smart Approaches to Marijuana, un groupe opposé à la légalisation.
Un parti, deux mesures
Donald Trump, en désaccord avec une grande partie de son parti, avait pourtant soutenu l’Amendement 3 de même qu’il a promis de dépénaliser la consommation de weed au niveau fédéral. Un rare point de convergence avec la vice-présidente Kamala Harris qui avait appelé à une légalisation totale du cannabis dans tous le pays.
En Floride, le vote de mardi a marqué la fin d’une campagne intense, avec des millions de dollars dépensés par les partisans et les opposants pour influencer les électeurs. Si le cannabis thérapeutique était déjà légal en Floride, les partisans de l’Amendement 3 faisaient valoir que l’initiative était un moyen de réguler le cannabis en toute sécurité et d’éviter l’incarcération de consommateurs pour une substance déjà légale dans 26 États. Les ventes récréatives auraient également rapporté plusieurs milliards de dollars de recettes fiscales pour les écoles et les agences de sécurité publique.
Lobby contre lobby
Ron DeSantis et ses alliés ont mené une campagne active contre l’Amendement 3, arguant que la légalisation ne profiterait qu’à quelques entreprises. Les partisans d’une fin de prohibition affirmaient de leur coté que l’administration DeSantis utilisait abusivement des fonds de l’Etat, forts de plus de 50 millions de dollars de fonds publics investit pour faire campagne contre le cannabis récréatif. Ces fonds provenaient en partie d’accords juridiques à l’amiable négociés avec des entreprises pharmaceutiques comme Perdue, censées financer la lutte contre la crise des opioïdes en Floride.
Des entreprises de chanvre bien-être, proches des intérêts de l’État et qui pourraient perdre nombre de clients avec la légalisation du cannabis récréatif, ont également soutenu DeSantis dans cette campagne. Le chanvre bien-être (CBD) et ses dérivées chimiques (Delta 8, HHC, Delta 10, HHP, H4CBD), ont été légalisé par le Congrès en 2018. Un vide juridique qui permet la commercialisation sans encadrement de produits ayant des effets psychoactifs similaires ou supérieur au THC, souvent avec des effets secondaires bien plus néfastes que ceux du cannabis « classique »
Les Etats-pro-Trump contre la légalisation du cannabis récréatif
Dans le Dakota du Nord, les électeurs ont rejeté pour la troisième fois depuis 2018 une mesure visant à légaliser le cannabis récréatif. Dans le Dakota du Sud, un résultat similaire était acté mardi soir, avec environ 20 points de pourcentage de retard pour la mesure de légalisation.
Au Nebraska, en revanche, les électeurs ont approuvé deux mesures légalisant le cannabis médical, bien que les résultats soient susceptibles être invalidés en raison d’un procès en cours à la suite d’accusations de signatures frauduleuses sur les bulletins de vote. Un juge fédéral devait statuer sur ces dites accusations dans les deux semaines à venir.
Pour Donald Trump, le grand écart entre promesses de dépénalisation et velléités d’avoir encouragé une fin de prohibition en Floride, le 3ème état le plus peuplé des Etats-Unis, risque d’être dur à tenir pour le futur 47ème président américain.