Chanvre

Ben Dronkers: le chanvre et l’oseille.

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Le premier millionnaire du chanvre fête cette année les 35 ans de sa multinationale Sensi Seeds, une marque aussi connue des amoureux de l’herbe que les feuilles OCB, les engrais Biobizz ou les briquets Bic.
Nous parlons du pionnier et leader des banques de graines aux Pays-Bas: Ben Dronkers.
Portrait d’un entrepreneur à la main verte et au sens des affaires bien mûr.

Mais d’où viennent les graines que les cultivateurs se font envoyer dans le monde entier pour faire pousser leur auto-production de ganja?
D’une plante forcément, mais surtout de banques de semences dédiées à notre fleur préférée. Vous avez forcément déjà fumé de la Jack Herer, voire peut-être de la Northern Lights ou de la White Widow. Et depuis 1985,  8 fois sur 10, ce sont  des entrepôts réfrigérés de Sensi Seeds à Amsterdam qu’elle sont envoyé aux growers.
Alors comment ce passionné de botanique a pu changer le monde du chanvre?
Une graine à la fois tout simplement.

Jardin d’enfance.

Parmi nos portraits de personnalités cultes du monde du Cannabis une constante se détache: Il s’agit  de personnes dont la vie a été changée par la plante, mais que rien ne destinait à une carrière toute entière à son service (à l’insar de Jack Herer: ancien militaire devenu militant,de  Nancy Whiteman: qui est passée de la communication aux fourneaux, ou de Mila Jansen: la femme qui a révolutionné le Hash en passant par la mode).
Dans le cas de Ben, c’est tout l’inverse. Il est presque né avec un sécateur dans la main (ndlr: c’est une expression, pas la peine d’appeler les services sociaux).
Dès son plus jeune âge, il observe sa mère prendre soin des très nombreuses plantes de la maison:  c’est elle qui lui apprendra les bases de sa future profession, lui transmettant avec amour sa verte passion.
C’est grâce à cet enseignement qu’il s’intéresse au développement des plantes, à leurs besoins mais surtout à leur croisements.
Une technique aujourd’hui bien connue parmi les cultivateurs, mais qui est à l’époque révolutionnaire, permettant de garder certaines caractéristiques d’une plante et de les optimiser en les associant avec une autre variété.
Si ce que nous fumons aujourd’hui est bien plus fort et surtout bien meilleur, c’est grâce à ses fameux croisements.

Weed et épinards

C’est une histoire de famille intergénérationnelle puisque c’est avec son fils ainé Alan Dronkers qu’il monte Sensi Seeds en 1985.
A l’époque cela fait déjà quelques années qu’il fait pousser le premier Cannabis Néerlandais de l’histoire contemporaine dans des serres bricolées avec des graines ramenées de ses voyages au Pakistan.A l’époque les gens fument du mauvais hasch issu de plants marocains et largement coupé, alors que  tous les Coffee Shop lui refusent sa ganja fraîche pourtant bien plus puissante.
Il finit, dépité,  par laisser “en dépôt” deux gros sacs papiers remplis d’herbe, précisant qu’il ne sera payé que si tout se vend.
Les propriétaires dubitatifs accepterons de prendre à l’essai ce qu’ils surnomment des “épinards”. C’est grâce aux touristes américains que l’engouement se créera autour de ses récoltes… et qu’il commence à se faire arrêter par la Police.
Heureusement il est aux Pays-Bas et à l’époque même en étant arrêté avec 10 kg d’herbe sur lui il n’écope en général que de quelques jours de prison.
En effet, si le cannabis est dépénalisé et sa vente contrôlée dans le cadre de l’Opium Act, il n’est en 1984 légalement interdit d’en faire pousser à des fins commerciales.

Graine de millionnaire

Après de nombreuses arrestations c’est en étudiant cette loi qu’il découvre une faille qui sera à la base de son empire: la loi anti-culture n’interdit pas, par omission, le commerce de graines.
Après avoir consulté son avocat, il monte donc sa boîte et multiplie les voyages pour récupérer un maximum de variétés.
C’est lors de cette période qu’il en apprend un maximum sur cette plante aux milles vertues et surtout sur son histoire méconnue.
Nous sommes avant l’avènement d’internet, tout est encore à découvrir. C’est grâce à des spécialistes devenus des amis comme Jack Herer et Ed Rosenthal qu’il perfectionne son savoir.
Afin de sensibiliser le public européen à la très longue histoire du Chanvre en Europe, il monte avec ce dernier le premier musée consacré au Cannabis en 1985.
Si vous y allez aujourd’hui vous aurez la chance de visiter par la même occasion la toute première boutique Sensi Seeds qui a été rénovée avec ses boiseries et ses dorures d’époques typiquement flamandes.
Un second musée à été ouvert en Espagne en 2012 en présence d’Ed Rosenthal bien entendu mais aussi de Sir Richard Branson, le fondateur de Virgin.

1993: le chanvrement.

Ce mélange d’activisme et de sens des affaires explique pourquoi en 1993 il lance Hempflax, une entreprise spécialisée dans la culture du chanvre qui devient légal aux Pays Bas en 1994 grâce à l’exemple de l’Angleterre et à son influence.
Le but est bien entendu de récupérer des graines mais aussi de faire commerce de fibres, d’ huiles et plus tard toute une armada de produits aux CBD.
Le chanvre de Ben est depuis peu utilisé dans le cadre en isolant naturel depuis le rachat de la marque allemande Thermo-Natur.
Une version bien plus consumériste du rêve du Jack Herer (qui voyait le chanvre sauver le monde) qui a en tout cas sauvé l’économie des Pays Bas et participé à une revitalisation agricole européenne en ramenant la plante dans le milieu industriel.
L’entreprise a récemment  investi 5 millions d’euros en Roumanie et possède plus de 500 hectares de cultures en Allemagne.
La prochaine étape?
Les biocarburants, afin de recycler les chutes de chanvre en éthanol et en Diesel.Le futur sera-t-il complètement vert?
Sans doutes: après que le Canada se soit ouvert, c’est au tour de l Europe de légaliser le CBD, les jours de la prohibition sont comptés…
Terminons sur une formule chère à un Ben Dronkers pro-legalisation:  “Soyez informés et autonomes!”

En bref, continuez à lire Zeweed!

Ces cordes de chanvre qui ont changé l’histoire

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Avant l’arrivée des matières synthétiques dans les années 1950-60, les fibres textiles issues de la tige du cannabis sativa étaient universellement reconnues comme étant les plus solides et les plus résistantes au sel et à l’humidité, faisant de la plante une denrée stratégique majeure.

Durant des siècles, le chanvre était une matière première indispensable pour les marines de guerre (la norme pour la confection des cordes et voiles), servant aussi également aux armées de terre pour actionner diverses machines ou engins offensifs (catapultes, balistes, frondes, arcs, arbalètes, échelles de cordes, etc.). Voici quelques exemples illustrant ces hauts faits imputables à notre matière première préférée.

 La guerre de cent ans (de 1337 à 1453)

Lors de cet interminable conflit, les archers gallois recrutés par l’armée anglaise massacrèrent régulièrement la noble cavalerie française à l’aide de leurs célèbres grands arcs en bois d’if, hauts de deux mètres, appelés « Longbow ». La corde permettant de les actionner était spécifiquement tissée en chanvre, quelquefois en soie, cirée pour être imperméabilisée contre la pluie, son coût de fabrication comptait pour la moitié du coût total de l’arc. Une certaine force était nécessaire pour subir la pression de 50kg exercée par la corde tendue, et pour être capable de tirer une dizaine de flèches par minute jusqu’à 300 m de distance.

Cette arme se révèlera particulièrement décisive lors de la bataille de Crécy (le 26 août 1346), opposant 40 000 français aux 15 000 anglais d’Edouard III, dont 6000 archers gallois. Ceux-ci décochèrent 50 000 flèches par minute sur l’armée de Philippe VI qui ne disposait, en réponse, que de mercenaires arbalétriers génois utilisant des cordes en cheveux et crin, sans force et sans précision quand elles étaient humides, alors que les cordes rustiques en chanvre des Longbbows gagnaient en dureté une fois mouillées. La fine fleur de la chevalerie française y fut ainsi allègrement décimée, dans un terrible fracas nimbé de pluies d’orage.

Archers anglais lançant leurs flèches en chargeant des chevaliers français à la bataille de Poitiers (Bibliothèque nationale d’Autriche/AKG-Images)

Le personnage de Robin des Bois, mythique archer anglais équipé de son Longbow, est un symbole romanesque de la révolte des paysans contre la noblesse anglaise en 1381. C’est par peur d’un tel soulèvement armé en France, que sous Charles VI, la noblesse obtint la suppression de la formation des archers ce qui valut aux Français d’être à nouveau surclassés à la bataille d’Azincourt en 1415.

La bataille de Fleurus (1794)

Le 26 juin 1794, le destin de la toute jeune république française ne tenait plus qu’a un fil : lors de la bataille décisive de Fleurus (Belgique), un cordage de chanvre actionné par 64 français, guidait, en effet, le tout premier ballon d’observation militaire du monde, pour épier et déjouer le dispositif des armées coalisées (Angleterre, Autriche, Pays-Bas, Hanovre) s’apprêtant à envahir la France, victime du chaos de la révolution.

Ce ballon captif à hydrogène nommé « L’Entreprenant », placé sous le commandement de son inventeur, le chimiste Coutelle, permettait d’observer jusqu’à 29 km, une avance de troupe d’au moins une journée de marche. Les observations étaient glissées jusqu’au sol le long d’un câble dans un petit sac en cuir. La vue de l’aéronef terrorisait l’ennemi nota Coutelle dans ses mémoires : « L’effet moral produit dans le camp autrichien par ce spectacle si nouveau fut immense ; il frappa surtout les chefs qui ne tardèrent pas à s’apercevoir que leurs soldats croyaient avoir affaire à des sorciers ». Finalement, les Autrichiens levèrent le camp, les Anglais retraversèrent la Manche le jour même, et le ballon fut tiré « comme un toutou au bout de sa laisse » sur 45 kilomètres, pour aider à reprendre les villes de Bruxelles et d’Anvers. C’était le tout début de la guerre aérienne et la France sera sauvée de l’invasion.

L’Entreprenant, ballon monté par Coutelle, lors de la bataille de Fleurus en 1794 (« Collection Tissandier », Library of Congress, Washington).

Bohémond et la prise d’Antioche

Voici comment, par une nuit de mai 1098, Bohémond de Tarente, prince normand du diocèse de Coutances et chef de l’armée des Francs de la première croisade, escalada le premier le mur d’Antioche (située de nos jours en Turquie), afin de prendre le contrôle de la ville fortifiée, après huit mois de siège : « Il tenoit en ses mains une eschiele de cordes de chanvre mout soutilment fete [faite avec art]. » (Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, chapitre 21, récit du 12ème siècle). L’extrémité inférieure de cette échelle de chanvre envoyée par Firouz, un garde arménien qui dirigeait la tour des Deux Sœurs, était garnie de crochets ferrés pour la fixer, tandis que la partie supérieure devait être fortement attachée sur le revêtement des remparts.

Photo : dessin original de Gustave Doré : Bohémond et ses troupes escaladant les défenses d’Antioche, paru dans Histoire des croisades, de J. Michaud, (Paris, 1877, vol. 1, planche p. 82).

Le débarquement des Alliés en Normandie (1944)

Lors du débarquement allié de Normandie, le 6 juin 1944, les rangers américains commandés par le lieutenant-colonel James E. Rudder, sont parvenus à escalader la falaise de la pointe du Hoc, grâce à leurs échelles de cordes de chanvre, fixées à l’aide de quelques grappins.

Cette action a été déterminante, pour finir de neutraliser l’artillerie lourde allemande, qui pilonnait l’arrivée des alliés sur les plages de Utah Beach et de Omaha Beach.
Lors de la seconde guerre mondiale, les fibres de chanvre furent utilisées massivement pour confectionner les toiles et suspentes de parachutes, les toiles de tente, les cordages, hamacs, sacs et uniformes militaires (jusqu’aux coutures de bottes des rangers).

Photo : L’escalade de la pointe du Hoc en juin 1944 (Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA).

 

Ganja in India: entre illégalité et sacré.

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Longtemps loué comme plante divine dans les textes anciens, le cannabis est depuis 1985 illégal en Inde. Une très relative prohibition puisque le haschich et la Ganja y sont toujours largement produits et consommés. A quand la (re)légalisation du sacré ?

C’est sur les contreforts de l’Himalaya que pousse un cannabis Indica qui produit un des haschich les plus prisé au monde : le Charas.
Longtemps vénéré avant d’être produit illégalement, ce cannabis made in India y est cultivé en abondance et trouve des consommateurs de tout âge et caste dans une société pourtant considérée comme peu souple.
Selon une étude menée par ABCD, pour Seedo, New Delhi, la capitale, se hisserait  -en nombre d’enthousiastes de la fumette-  au deuxième rang des villes les plus consommatrices de ganja du globe. Mumbai, la capitale financière, ne fait pas exception à la conso’ d’herbe puisqu’elle se place à la 6ème position des 120 villes les plus amateur de marijuana de la planète.

Plante bénite

Un penchant cannabique qui n’a rien de surprenant tant la large consommation de weed dans l’ancienne colonie britannique ne peut être isolée de la longue histoire du pays au 330 millions de divinités, avec une consommation de la belle plante qui remonte au moins  à 2000 avant JC.
Soit bien avant les élucubrations fumantes des communautés 60’s de Goa.
Le quatrième Veda de l’hindouisme appelé Atharva Veda parle ainsi du cannabis comme «l’une des cinq plantes les plus sacrées».
Quand au dieu porte-bonheur  Shiva, il aurait abonnement consommé l’herbe magique.

Shiva et Parvati préparant un Bhang

Le même  Shiva qui est souvent représenté avec un chillum (pipe indienne traditionnelle en argile).

Homme fumant le shilom

Le Bhang, boisson planante composée de feuilles de cannabis et de lait est aussi mentionné nombre de fois dans les textes religieux indiens. Inattendue intervention divine ou tolérance pragmatique? Toujours est-il qu’en vertu de la Convention unique sur les stupéfiants et de la loi sur les substances psychotropes 1985, le Bhang n’est pas classé comme stupéfiant dans le pays. Il est donc possible, légal et culturellement très correct de s’envoyer un space-cake liquide en Inde.

Outre le contexte religieux, le système de médecine indien, l’Ayurveda, est également connu pour largement avoir recours au cannabis comme ingrédient actif dans les préparations. Pas moins de 191 formulations et plus de 15 formes posologiques ont inclus la weed comme ingrédient premier pour traiter des problèmes allant de la constipation  à l’hypertension artérielle.
Médicalement, la consommation de cannabis est aussi recommandée par la médecine moderne pour traiter d’autre pathologies/conditions telles que les nausées et vomissements provoqués par les traitements chimiothérapiques, améliorer l’appétit des patients atteints du VIH / SIDA et réduire les  douleurs chroniques. La marijuana agit aussi en thymo-régulateur, son fonctionnement neurologique s’apparentant à celui d’un anxiolytique, sans addiction à la clef.

Herbe interdite

En vertu de la loi de 1985 sur les stupéfiants et les substances psychotropes (NDPS), le commerce et la consommation de résine de cannabis (charas) et de bourgeon (ganja) sont désormais illégaux et toute personne trouvée en possession de hasch ou d’herbe encoure  jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Cependant, l’illégalité du cannabis en Inde est des plus théoriques, comme le souligne le Rapport mondial sur les drogues 2019 publié par l’ONUDC, la section « stupéfiant » de L’ONU, qui nous apprend que plus de 3% de la population indienne âgée de 18 ans et plus et un peu moins de 1% de les adolescents âgés de 10 à 17 ans avaient consommé de la weed ou du hasch en 2018.
Bien qu’une certaine latitude en matière de tolérance  ait été accordée aux gouvernements régionaux pour fournir des licences permettant de cultiver du cannabis à des fins de recherche et à des fins médicales, seules quelques régions comme  l’Uttar Pradesh et l’Uttarakhand ont réellement reçus une licence de culture du chanvre.

Le marché indien du cannabis, entre ses débouchés et un terreau des plus favorables, attire les convoitises de multinationales autant qu’il anime la volonté de légalisation de plusieurs collectifs et ONG, organismes qui ont déposé des requêtes en justice demandant sa légalisation pure et simple. Les entrepreneurs et pétitionnaires en question affirmant non sans fondement que les bienfaits médicinaux du cannabis ont été reconnus dans le monde entier, et que l’Inde offre des conditions climatiques idéales pour que la plante y prolifère largement.
Selon un rapport de Grand View Research Inc., le marché mondial de la marijuana légale devrait atteindre 146,4 milliards de dollars d’ici la fin de 2025. Un marché sur lequel le second pays le plus peuplé au monde, qui fait face à un défi économique et sociale de taille, a tout intérêt à miser.

Quand les rois et empereurs de France encourageaient la culture du chanvre

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Pendant des siècles la France et le chanvre ont filé le parfait amour. En attendant que l’Etat et la plante se réconcilient, Zeweed vous invite à parcourir les plus belles déclarations d’allégeance faites au cannabis par les rois et empereurs du pays des lumières.

Charlemagne et le canava

La barbe de Charlemagne était fleurie, nous enseignent comptes et chansons. Mais fleurie de quoi? De cannabis pourquoi pas! Car l’empereur n’était pas insensible aux multiples propriétés et applications du chanvre. Dans son Capitulaire De Villis, Charlemagne invitait vivement ses sujets à la culture du chanvre (appelé alors canava), matière première essentielle à la confection de tissus, toiles, voiles et cordages. “Quid de lana, lino, vel canava ” Qu’en est-il  de la laine, du lin et du chanvre?” avait invectivé le roi des Francs.
(Capitularia de Villis vel curtis imperii, article LXII, Circa 800).

Louis XV libère le commerce du chanvre…

Près d’un millénaire plus tard, en 1720, le régent du jeune roi Louis XV, Philippe d’Orléans, publia un arrêt favorisant l’essor du cannabis agricole : « Arrêt du conseil d’état qui ordonne que le commerce du chanvre dans l’intérieur du royaume sera libre. Fait défense de le faire sortir et de l’envoyer à l’étranger et permet à la Compagnie des Indes d’établir des magasins et le prix des chanvres. » (Imprimerie royale, Paris : Arrêt du 29 décembre 1719, document F-21084-105 de la BNF).

… avant que Louis XVI et Necker n’en fassent une priorité

Peu avant la révolution française, en 1779, c’est Jacques Necker, ministre des finances de Louis XVI qui sera chargé de recenser les provinces cultivant le chanvre et d’encourager cette culture afin de ne pas dépendre d’importations pour cette matière première essentielle.  Comme aujourd’hui, les services de l’État désiraient la mise en œuvre d’une agriculture capable de rivaliser avec l’Empire de Chine ou l’Amérique.
C’est la raison de ce courrier adressé alors à tous les maires de France:
« La France est obligée, Messieurs, de tirer annuellement de l’étranger une grande quantité de chanvre, ce qui fait sortir beaucoup d’argent du Royaume. Le gouvernement, occupé plus que jamais des moyens de remèdes aux inconvénients de l’exportation du numéraire, a pensé qu’il était possible d’augmenter la culture de cette plante au point de ne plus recourir à l’étranger. Pour juger de l’augmentation dont cette production est susceptible, le Roi a déterminé de faire constater de la manière la plus précise la quantité de terrain qui est propre au chanvre dans chaque province. » (Lettre adressée au Maire Consul de Mandelieu, le 5 juin 1779 par Jacques Necker, conservée aux Archives Municipales de Mandelieu – HH1 : « Culture du chanvre », 1779).

1803 : Napoléon ordonne aux préfets de semer

Le 18 février 1803, Napoléon Ier encourageait la culture de cette plante, autrefois essentielle à la fabrication des cordages de la marine militaire : « Paris, 29 pluviôse an 9, Ordre 6585 : Faire semer en France du chanvre. Le ministre fera connaître la quantité de cette denrée qu’il peut acheter cette année. Le ministre la répartira entre les différents départements et arrondissements, en donnant ordre aux sous-préfets et préfets de la faire semer dans les communes. Ils donneront l‘assurance que ce chanvre sera acheté à un prix déterminé, rendu dans un point central désigné. Bonaparte. » (Archive de la marineCorrespondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, Tome 8, p. 207, 1861).

A la semaine prochaine pour un nouvel épisode de l’Histoire du chanvre!

Alexis Chanebau

 

Ecrivain, historien et encyclopédie vivante de l’histoire du cannabis , Alexis Chanebau a écrit plusieurs livres sur la belle plante dont le remarquable ouvrage “Le chanvre, du rêve aux mille utilités!“, disponible sur ici sur Amazon

 

CBD, THC et sommeil : le guide

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Avec ses vertus relaxantes, anxiolytiques et apaisantes, le chanvre est un formidable moyen de trouver le sommeil.  Mais qu’il s’agisse de CBD ou de cannabis, quelques règles sont essentielles à observer. Notre guide vert anti-nuit blanche.

Dès lors que l’on envisage le cannabis pour retrouver le sommeil, une première question se pose: CBD ou THC?
Les deux cannabinoïdes les plus connus de la belle plante ayant chacun des effets et mécanismes d’action très différents.
A ce premier distingo s’ajoutera un autre paramètre non négligeable: contrairement au CBD, le THC est encore une substance prohibée aux yeux d’une majorité de gouvernements.
Si l’Amérique du nord a en grande partie légalisé l’usage du cannabis récréatif (et donc du THC), la consommation de ce dernier reste proscrite dans la quasi-totalité de l’Europe.
Un paramètre a prendre en considération si vous ne souhaitez pas (mal) dormir au commissariat. Il est donc impératif de bien se renseigner sur les lois en vigueur dans le pays où réside votre lit.

CBD: le régulateur de sommeil soft et naturel

Le cannabidiol (CBD), c’est l’alcaloïde “sobre” du cannabis.
Si, contrairement à célèbre son cousin THC, le CBD n’a aucun effet psycho-actif (entendez par là qu’il ne fait pas planer), son action sur le système endocannabinoïde (SEC) n’est plus à prouver. Via ses vertus myorelaxantes, le CBD se pose comme un très bon agent relaxant et surtout un extraordinaire régulateur du SEC, et donc de votre horloge interne. Une action régulatrice qui a de nombreux points communs avec celle de la mélatonine. C’est d’ailleurs cette similitude et complémentarité qui explique qu’un nombre croissant de marques ajoutent aujourd’hui de la mélatonine à leurs huiles ou teintures au CBD, pour une efficacité maximum… et sans danger.

Le CBD étant certes un relaxant mais surtout un gentil gendarme du SEC, il est inutile de boire un demi litre d’huile au cannabidiol pour s’endormir: quelques gouttes toute les 24 heures suffiront à harmoniser SEC et sommeil.
Votre corps saura naturellement accueillir la molécule et la répartir afin de rééquilibrer un corps mis à mal par un stress passager comme une anxiété chronique.
Question posologie, les dosages thérapeutiques vont de 20 à 200mg pour une personne de 70 kilos et en bonne santé. Pour ce même poids, 50mg/jour est un dosage qui devrait rapidement vous réconcilier avec votre oreiller.
En ce qui concerne l’horaire de la prise, il est conseillé de le prendre en une seule fois à la meme heure; un peu avant le diner étant la fenêtre généralement recommandée.
En cas d’association CBD-mélatonine, il sera en revanche plus judicieux d’attendre 22h si vous comptez vous endormir vers 23h-23h30.

THC : Efficace mais non sans effets secondaires

Une idée aussi répandue que solidement ancrée en chaque cannabis enthousiaste consiste à penser que l’Indica est la variété la plus appropriée pour tomber rapidement dans les bras de Morphée. Inversement, les Sativa sont supposées avoir un effet tonique Un distingo qui peut aiguiller vos choix, mais qui n’est loin d’être systématique
Pour vous éviter des heures de recherche sur le Web, une fortune en essais plus ou moins fructueux et des nuits blanches ou vertes, nous avons sélectionné 5 variétés des plus efficaces en la matière, de la plus légère à la plus forte.
1- God’s Gift
2- Tahoe OG Kush
3- Granddaddy Purple
4- Ogre
5- 9 Pound Hammer

Cas sévères : Préférez avaler votre nightcap-weed plutôt que de le fumer

Si vous souffrez de réveils nocturnes post sommeil profond, c’est à dire à peu près trois heures après vous être assoupis, avaler votre somnifère naturel vous maintiendra dans la plus radicale horizontalité jusqu’au petit matin.
Au Canada les produits comestibles au THC (edibles) sont légaux depuis le 1er janvier et le sont dans 11 états américains.
Profitez-en si une simple aide à l’endormissement sous forme de fumée n’est pas suffisante.
Les comestibles au THC mettront plus de temps faire effet, mais ces derniers dureront beaucoup plus longtemps (entre 7 et 9 heures, c’est-à-dire une belle nuit).

« À bédot dodo, matin ramolo »

La consommation de cannabis avant de dormir, particulièrement de cannabis fort en THC à l’instar de la Granddaddy ou de la God’s Gift (et à plus forte raison pour les comestibles) peut provoquer une «gueule de bois de la weed», AKA “gueule de bois verte”.
Alors non, vous ne serez pas penché sur les toilettes avec une céphalée de 1er janvier russe,  mais vous pourriez vous sentir léthargique, mou, embrumé, déshydraté, avec une mémoire pas au top. Ce sont des signes de votre corps qui vous indiquent que vous avez dépassé la dose dont vous aviez besoin. Avantage de la déplaisante expérience : vous permettre d’ajuster quantité ou variété de weed selon vous besoins. Si vous vous réveillez dans un tel état, un peu comme un abus d’alcool, les gestes qui vous sauveront seront les mêmes : boire de l’eau (beaucoup) faire de l’exercice et ne pas rechigner à prendre 1000 mg de vitamine C… mais à distance de votre café, pour ne pas contrarier votre estomac qui aura pu être fragilisé par cet excès cannabique.

Cannabis et rêves : le paradoxe du sommeil paradoxal

En retrouvant le sommeil grâce au cannabis, vous pourriez y perdre vos rêves (ou une partie).  C’est tout du moins la conclusion de plusieurs études. Un comble pour une plante qui invite aux songes éveillés autant qu’elle fait voyager sans bouger.
Explication : les rêves se produisent au cours de la dernière étape de votre cycle de sommeil, appelé sommeil REM (Rapid Eye Mouvement). Il est démontré que la consommation de cannabis avant le coucher réduit le temps passé en sommeil REM, ce qui signifie que vous n’auriez pas autant de rêves ou de rêves vifs. Cependant, l’étude a aussi démontré que ce principe ne s’appliquait pas à tous. Une observation confirmée par le rédacteur qui n’a jamais cessé de rêver, même en dormant.

 

La weed fera-t-elle rouler la planète?

En plus de produire une belle fibre, nettoyer le sol ou alimenter animaux et humains, le chanvre peut être transformé en carburant, en l’occurence biodiesel ou éthanol. L’herbe fera-t-elle rouler les voitures de demain ?  Le cannabis est-il le fuel éco-responsable qui nous réconciliera avec l’environnement ? Éléments de réponse.

Le chanvre peut fournir 2 types de combustible; le biodiesel, fabriqué à partir de l’huile de graines de chanvre pressées, et l’éthanol, fabriqué à partir de tiges de chanvre fermentées. Et il s’avère que la belle plante pourrait bien  être la source de carburant le plus écologique de la planète. Le pétrole brut et le gaz naturel sont les deux matières qui fournissent près de 70% de la consommation énergétique mondiale.
Deux produits qui proviennent de réservoirs situés à des milliers de mètres sous terre. Les deux sont des combustibles fossiles formés au cours de millions d’années par la décomposition d’organismes morts. Leur production est chère et a un impact énorme sur l’environnement.

Alternative viable… mais moins profitable

Le chanvre, lui, est une plante qui peut être cultivée presque partout et qui produit des rendements de biomasse élevés pour une production de carburant en quelques mois seulement.
Et si les carburants au chanvre sont environ 50% moins efficaces que l’essence, les avantages environnementaux de la culture du chanvre pour le carburant dépassent de loin ceux de la recherche de pétrole brut ou de gaz naturel (qui sont eux des plus négatifs). Là encore, trouver une alternative écologique au pétrole brut ou au gaz naturel n’est pas vraiment difficile.

Fabriqué à partir de tiges de chanvre fermentées

Le biodiesel est fabriqué en mélangeant des graisses végétales ou animales et de l’éthanol. Aujourd’hui, selon l’EIA  (Energy Information Administration, L’Agence d’information sur l’énergie américaine),  plus de 50% du biodiesel est fabriqué à partir d’huile de soja. L’éthanol, d’autre part, est généralement produit à partir de maïs ou de canne à sucre.

En tant que culture, le cannabis offre de nombreux avantages par rapport au soja, maïs et à la canne à sucre. La densité de plants par hectare pour le maïs, la canne à sucre et le soja, par exemple, est respectivement de  44 000, 50 000 et 200 000 kilos. Le chanvre, quant à lui, peut être cultivé à une densité pouvant atteindre 2 400 000 Kg/hectare, selon Agriculture Manitoba.

Culture sous tous les tropiques

Le chanvre triomphe également du soja, du maïs et de la canne à sucre sur plusieurs problématiques cruciales : il peut être cultivé sous presque tous les climats, peut être prêt à la récolte en seulement 4 mois et est particulièrement résistant aux nuisibles et aux maladies. Il peut même aider à extraire les métaux lourds et autres contaminants des sols pollués, ce qui est beaucoup plus que ce que nous pouvons dire pour le soja (qui tue la biodiversité et contribue à l’érosion des sols).

Prêt à être récolté en seulement 4 mois et est particulièrement résistant aux nuisibles et aux maladies

Au moment de la récolte, le chanvre produit BEAUCOUP de biomasses. Selon Agriculture Manitoba, le chanvre industriel cultivé pour la fibre peut produire jusqu’à 6 tonnes par hectare, tandis que les plants de céréales (cultivés pour les graines) produisent environ 1000 kg par hectare.
Alors, pourquoi ne trouve-t-on pas d’essence de cannabis chez Shell ou BP?
Avec tant d’avantages à cultiver du chanvre pour le carburant (en plus de ses innombrables autres utilisations), il semble difficile de comprendre que nous ne récoltons toujours pas les fruits de cette plante miracle.

Or noir contre or vert

Qu’est-ce qui empêche le monde de se mettre au vert et au  chanvre?
Avant tout, remettre le monde au biodiesel de chanvre nécessiterait d’énormes quantités de terres agricoles. Selon Medium, la moitié des États-Unis devraient être recouverts de chanvre juste pour répondre à la demande du pays. Sans oublier que le biodiesel de chanvre coûterait environ 13 fois plus cher que le diesel ordinaire. En revanche,  l’éthanol de chanvre pourrait être produit pour moins de 0,50 € par litre . Et là, c’est intéressant.

L’éthanol de chanvre pourrait être produit pour moins de 0,50 € par litre

Malheureusement, le chanvre est toujours freiné par le fait qu’il s’agisse d’une culture encore en devenir, et qui atteint ses prix les plus élevés lorsqu’elle est cultivée pour les industries alimentaire, cosmétique et CBD. Et aussi le fait que Standard Oil, Gulf Oil et DuPont aient été liés à la prohibition du cannabis dans les années 1930 pourrait aussi avoir quelque chose à voir avec la raison pour laquelle nous ne remplissons pas nos voitures avec du chanvre.

Mais ça, c’est une autre histoire.

 

Habiter dans du chanvre, c’est aujourd’hui possible!

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Vous aimez le cannabis mais avez passé l’âge de fumer la moquette? Faites-vous construire une maison en chanvre, un matériau aux remarquables qui offre une remarquable isolation thermique. Une propriété qui tombe à pic alors que nos été se font de plus en plus chauds.

Dans l’histoire des trois petits cochons, c’est la maison faite de paille qui est la première à crouler face au souffle du grand méchant loup.
Si elle avait été en chanvre, il en aurait été autrement.
Car le chanvre produit une fibre des plus résistantes, en témoigne d’ailleurs son utilisation séculaire dans la marine où il servait à tisser cordes et voiles.
Aujourd’hui, ce sont des maisons que l’on construit avec le même cannabis grâce à la mise au point par l’entreprise Vicat d’un ciment composé à 85% de chanvre.

Découpables, légers, offrant une excellent isolation, les blocs (qui font la taille d’un parpaing classique) sont élaborés avec des plantes cultivées dans la Haute-Seine.
Deux gammes sont proposées: une adaptée à la construction et l’autre à la rénovation. Toutes les deux offrent un même avantage qui fait toute la différence alors que nous élaborons les habitations de demain: celui d’être composé d’une matière première on ne peut plus respectueuse de l’environnement, vertueuse même lorsque l’on sait que la culture du chanvre nécessite très peu d’eau,  se passe d’insecticides, et que la plante est un formidable piège à CO2.

Cette initiative 100% made in France a d’ailleurs conquis la ministre chargée de la transition écologique Barbara Pompili, qui offert en 2022 un chèque d’encouragement de 100 000€ à la société dans le cadre du plan d’aide à la même transition écologique.

 

Plus d’informations sur le chanvre ciment disponibles ici..

Envoyez-vous (vraiment) en l’air dans un avion en cannabis!

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Plus résistant que l’acier et moins polluant que la fibre de verre, le chanvre sert à tout. Même à construire des avions. Illustration.

Derek Kesek est un homme comblé. En vendant en ligne des produits dérivés du cannabis (distillat, chocolat, friandise, graines), il a fait fortune grâce à sa plante préféré. Une plante qui lui apporte aussi des joies nouvelles. Car, il n’y a pas que le THC dans la weed. Il y a aussi de l’herbe. Ou plus exactement des fibres aux performances inégalables.

Voler dans du chanvre pour planer bien haut, c’est la folle idée du Canadien Derek Kesek.

Une fibre multi-usages

Des siècles durant, on les a tissées pour fabriquer des textiles, de l’isolant ou les cordages de la marine. Elles pourraient aujourd’hui remplacer des matières synthétiques dont la production est, au choix, polluante ou énergivore.
Basée au Canada, la société de Derek Kesek, Hempearth propose déjà d’imposants objets réalisés en fibres de chanvre : planche de surf (comptez 800 $) ou de paddle (2200 $). On peut faire beaucoup mieux, a estimé l’entrepreneur. Et pourquoi pas un avion ?

Après tout, à diamètre égal, la fibre de chanvre est réputée bien plus résistante que l’acier. Top là ! Hempearth a conclu un partenariat avec Velocity, un constructeur d’avions de tourisme en kit.

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Derek et son avion en Herbe

Moteur à l’huile

En finançant leurs recherches grâce à deux cagnottes en ligne, Derek Kesek et Velocity ont réussi à produire un prototype de bimoteur dont la fibre de verre a été remplacée par de la fibre de chanvre. Long de 8 mètres pour une envergure de 11 mètres, l’aéroplane peut transporter 4 personnes à plus de 1 500 km. Autre originalité, le moteur monté sur l’engin est conçu pour carburer à l’huile de … cannabis. Produite par Hempearth, bien sûr. Histoire que l’expérience soit totalement planante.

Le vol inaugural doit en principe se dérouler dans les prochaines semaines. L’avion en herbe devrait décoller de Kitty Hawk (Caroline du nord). Précisément du terrain d’où les frères Wright firent décoller le premier engin plus lourd que l’air de l’histoire. C’était en 1903.

Laure Bouguen (Ho Karan), la dame de coeur du chanvre bien-être français.

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L’amour du chanvre est-il contagieux? Très probablement à la vue du succès rencontré par la marque Ho Karan (“je vous aime” en breton).  Zeweed a rencontré Laure Bouguen, petite fille de chanvrier et passionnée de la belle plante, pour en savoir plus sur l’entreprise qu’elle a fondé en 2015.

Zeweed : Comment en êtes-vous arrivée à cette idée de faire des cosmétiques au CBD ?
Laure Bouguen : J’ai grandi en Bretagne. Mes parents et mes grands-parents étaient agriculteurs. Ils cultivaient des céréales comme le blé ou le maïs et élevaient des bovins, des lapins et des poules. L’exploitation n’avait rien à voir avec l’agriculture intensive et mono-culturelle d’aujourd’hui ; elle était mixte. Le chanvre étant une super culture de rotation et une matière première qu’utilisait l’usine de papier voisine de Quimperlé, ma famille en a donc longtemps cultivé se cantonnant à n’utiliser que la tige.

ZW : Pourquoi ?
L.B. : Parce que pour survivre aux restrictions des années 1960-1970, la filière du chanvre en France a dû accepter un cadre réglementaire extrêmement serré, notamment sur le taux de cannabinoïdes et le taux de THC. Du coup, la filière a été contrainte de fournir un gros effort de communication autour de la plante, en orientant par exemple le discours sur les applications industrielles, la fibre, la construction, etc. Le problème, c’est qu’à force d’orienter le discours dans une seule et même direction, avec pour mot d’ordre de ne pas utiliser le terme cannabis de crainte de perdre des marchés ou des subventions, on en a oublié que le cannabis et le chanvre, c’était la même plante.

 

ZW : Sauf vous…
L.B. : Je suis née en 1991, et dans les années 2000, les États-Unis avaient déjà amorcé leur décomplexion à l’égard de la plante ; que ce soit avec le cannabis à usage médical ou, déjà à l’époque, avec le bien-être. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il était possible de valoriser toute la plante et pas seulement sa tige. C’est d’ailleurs aux États-Unis que je suis allée plus tard pour m’inspirer, faire la tournée des CBD shops, rencontrer Jeff de The 420 Chef, l’un des plus grands chefs de la cuisine infusée au cannabis, ou encore m’entretenir avec le fonds d’investissement de Snoop Dogg (rires)…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

 

 

 

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Qairos fera-t-il rouler la planète au carburant de chanvre?

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Fondateur de Qairos Energies, start-up sarthoise impliquée dans la transition énergétique et dans le stockage du carbone, Jean Foyer est le français qui pourrait bien enterrer notre dépendance aux énergies fossiles en faisant carburer les moyens de transport routiers au chanvre d’hydrogène. ZEWEED a voulu en savoir plus.

C’est en pyrogazéifiant de la biomasse de lin, de chanvre ou encore d’algues vertes bretonnes que Jean Foyer ambitionne de nous faire rouler vert. Cerise sur le gâteau, ces productions d’énergie seraient toutes issues de cultures locales, donc acheminées en circuit court. Par ce procédé, 6 kg de chanvre transformés en hydrogène permettraient à une voiture de parcourir 700 km, alors que 250 kg de chanvre autoriseraient le trajet d’un train sur 500 km. La France n’a pas de pétrole, mais elle a des chanvriers !

Zeweed : En quelque mots, pourriez-vous nous expliquer le process que vous avez développé pour changer le chanvre en hydrogène, dans le cadre vertueux de la transition énergétique et de la mobilité durable ?
Jean Foyer : Le process consiste à utiliser le formidable potentiel cellulosique du chanvre pour produire des gaz en utilisant un procédé très ancien utilisé pour les boues de pétrole et surtout le charbon depuis les années 1850 : la gazéification. en présence d’une forte quantité de chaleur, la tige de chanvre préparée de manière industrielle va se décomposer en gaz, principalement en hydrogène et en CO2. Pourquoi nous avons choisi le chanvre ? C’est premièrement pour la rapidité avec laquelle le chanvre se compose (moins de quatre mois) grâce à la capture du CO2 et la photosynthèse. Ce qui se compose rapidement se décompose également rapidement et la nature des gaz produits est proportionnelle à la qualité des matières organiques gazéifiée, avec le chanvre on maximise le taux d’hydrogène et de CO2 et donc la qualité des gaz en sortie est obtenue de manière naturelle et non artificielle avec des traitements nocifs parfois pour l’environnement. Le deuxième aspect qui nous a fait choisir le chanvre, c’est que c’est une plante très diversifiée en termes de débouchés, donc source de rémunération multiple pour les agriculteurs et les industriels, qui peuvent bénéficier de ses produits avant de nous livrer les co-produits issus des premières valorisations.

ZW : Avez-vous obtenu tout de suite, pour ce concept novateur, l’appui des autorités locales, vos démarches ont-elles été aisées ?
J.F. : Nous sommes localisés dans un département historique du chanvre et l’appui des autorités locales,chambre d’agriculture, groupement de producteurs de chanvre, DDT, DREAL, Préfecture, Métropole du Mans et Région Pays de la Loire, nous a réservé très rapidement un accueil très favorable et nous ont appuyé dans toutes nos démarches auprès de l’état. Tout ce qui peut être fait pour la transition écologique en lien avec la souveraineté alimentaire, industrielle et écologique…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

 

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