Dimanche Philo : Ce que Nietzsche aurait pu dire de la weed.

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Quelles auraient été les opinions du célèbre penseur Prusse sur le cannabis ? Notre philo-journaliste Morgane réouvre ses livres pour tenter d’y répondre !

Le philosophe Nietzsche, dans son œuvre de jeunesse – la Naissance de la tragédie-, distingue deux principes complémentaires qu’il nomme en référence aux dieux grecs que sont Apollon et Dionysos. L’apollinien se définit par l’ordre, la mesure harmonieuse et la maîtrise de soi. Le dionysiaque par l’adhésion de l’individu à un tout qui le dépasse, l’abandon de soi dans une débauche et une orgie mystiques. Ce sont ces deux forces opposées qui, combinées, forment la grandeur inégalable de la tragédie grecque.

On peut aisément transposer ces principes dans notre vie quotidienne : chacun pris séparément ne constitue pas une éthique viable. Trop d’ordre, trop de mesure et de discipline conduit à un comportement rigide et sec, ferait de nous des robots dépourvus de sens de l’humour et de joie de vivre. Trop de laisser-aller, trop de débauche et de fête conduirait à une vie dissolue et décadente. En revanche, si l’on sait alterner avec justesse entre ces deux modes de vie, ces deux directions en sachant les pratiquer au bon moment, on parvient à un équilibre sain et satisfaisant sur le long terme.

La weed serait davantage associée à la détente du dionysiaque, dans la mesure où cette plante permet une forme d’ivresse, de relaxation et de relâchement des contraintes tout en assurant la connexion au tout de l’univers par une sensibilité accrue (et par ses effets psychotropes).

Ainsi, si l’on applique la logique nietzschéenne à la pratique du fumeur de spliff, il s’agit encore une fois de trouver le juste équilibre entre les temps de high et les temps de clarté d’esprit. En effet, si l’on passe l’intégralité de son temps défoncé, d’une part, on n’en retire plus de véritable plaisir puisque cela devient un état “normal” ; d’autre part, on risque de rencontrer des difficultés s’agissant de construire une carrière, une relation, d’entretenir une activité sportive régulière, etc. (étant tenu que ces éléments permettent une vie saine et épanouissante). A rebours, si l’on se prive complètement du plaisir de fumer un spliff de manière plus ou moins occasionnelle, on se condamne à une vie morne et contraignante.

En bref, nous avons tous besoin de nous amuser, de nous détendre après l’effort, sans pour autant ériger cet espace de liberté en mode de vie. Voilà ce que nous enseigne avec élégance le Nietzsche de 1872. Il faut cependant considérer que le reste de son œuvre a encore à nous apprendre sur la façon dont il aurait appréhendé notre très chère plante.

Morgane

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Animée par la diversité des regards sur le monde que l’on peut adopter, produire et décliner, Morgane fait sa thèse en philosophie. La littérature et les expériences d'altération du psychisme (par le cannabis!) sont pour elle des moyens de révéler le réel dans ses limites les plus fascinantes. Elle prône la liberté des individus comme valeur fondamentale dans un monde déraisonnable.
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