Hugues

Journaliste adepte des Beaux-arts et des Belles-lettres, cinéphile invétéré et lecteur obstiné, Hugues est né au Vietnam, a grandi en France et espère peut-être un jour mourir en Italie. D’ici là, rien ne l’empêchera d’attirer l’attention du lecteur bienveillant sur ce que le monde et les hommes peuvent receler de beauté, tout en poursuivant sa quête inlassable du daïquiri Hemingway idéal.

Sous les pavés de la Canebière… la fibre (de chanvre)

Avant de devenir le catwalk improvisé des trottinettes pétaradantes et des vendeurs de contrefaçons parfumées, la Canebière était le QG européen du chanvre. Pas pour rouler des joints, mais pour hisser les voiles de l’Empire. Petite virée historique sur le boulevard de tous les voyages.

Elle en a vu passer, la Canebière : des CRS, des boulistes, des rappeurs en promo et des supporters du Vél’. Mais, avant d’être l’artère vibrante de la carte postale marseillaise, ce bon vieux boulevard était un champ de chanvre géant – du vrai, du bon, celui qui faisait voguer les navires à voile. « Il provient du mot Canabiera en occitan provençal, nous indique Alexis Chanebeau, historien de la culture du chanvre, ce qui signifie “chènevière” ; autrement dit, le lieu où se cultive le chanvre. »

Marseille, avant IAM et l’OM, c’était la capitale européenne du chanvre. Au Moyen Âge, puis jusqu’au xixe siècle, la ville faisait voguer les navires de sa majesté sur sept océans grâce à ses ateliers de filage et de tressage. Voiles, cordages, filets, haubans : tout venait de là. Et tout ça avec une matière première robuste, souple, locale : « Au début du XVIIIe siècle, on comptait dans la ville près de quatre cents cordiers et fileurs de chanvre, raconte Alexis Chanebeau. Avec son grand port actif et ses liaisons commerciales dans tout le bassin méditerranéen, Marseille s’imposait alors comme un carrefour majeur de cette filière. »

Avec son grand port actif et ses liaisons commerciales dans tout le bassin méditerranéen, Marseille s’imposait alors comme un carrefour majeur de cette filière. »

Le chanvre débarquait en ballots depuis la vallée du Rhône, le Vaucluse, la Drôme, l’Ardèche, et alimentait un écosystème complet, quasi hippie avant l’heure : artisans, tisserands, emballeurs, charretiers, mais aussi négociants et amateurs de la fibre magique.
Mais, comme souvent dans les belles histoires du Sud, la modernité est venue jouer les trouble-fêtes. Dès le XIXe, c’est la débandade : l’arrivée du sisal et du jute, moins chers et exotiques, la vapeur qui relègue la voile au musée, les machines qui broient le savoir-faire des tisserands. Résultat : les corderies ferment, les champs de chanvre partent en fumée. Game over pour la belle plante et son lieu d’attache.

Enfin, presque. Car, dans le paysage marseillais, quelques noms subsistent en mode clin d’œil. « Citons le quartier de la Corderie, à proximité du Vieux-Port, conclut l’historien. Le boulevard de la Corderie, dans le 7e arrondissement… Je pense aussi aux appellations de vallée, chemin ou plage dits des Canebiers – canebe est le nom du chanvre en provençal. Et bien entendu, notre fameuse Canebière ! » Comme une dernière tafe de mémoire.

Aujourd’hui, la Canebière ne sent plus la fibre brute, mais plutôt le kebab réchauffé et l’iode du Vieux-Port. Elle a perdu ses bateaux mais gardé sa gouaille. Si, entre deux terrasses, un Marseillais vous lance : « Oh fan de chichoune, viens donc prendre un pastaga ! », ne soyez pas surpris. C’est l’esprit du chanvre – version pastis, version Provence, version enfumée, certes, mais encore et toujours avec bonne humeur.

 

 

Alexis Chanebeau,
Le chanvre, du rêve aux milles utilités
Ed.Goldensong
292 pp
22€

Art contemporain: le bon karma Indien

Presque inexistants il y a encore vingt ans, les artistes indiens contemporains ont depuis fait une entrée fracassante sur la scène artistique internationale. Entre traditions séculaires et modernité, ils élaborent un langage original, foisonnant, à la fois ancré dans leur quotidien et résolument universel. Gros plan sur deux stars de l’art indien d’aujourd’hui.

Subodh Gupta : du spirituel dans la lunch box

S’il n’était pas devenu un artiste indien de renommée mondiale, Subodh Gupta aurait sans doute été cuisinier. Il aime manger, se mettre aux fourneaux, et raconte qu’enfant, il considérait la cuisine familiale comme une sorte de temple propice à la prière. Qui s’étonnera donc que ce bon vivant, né dans le nord de l’Inde il y a cinquante sept ans, ait mis autant de cœur à élever des ustensiles de cuisine au rang d’œuvre d’art ? Car même si ses modes d’expression sont multiples - peinture, photographie, vidéo ou performance – ce sont ses sculptures faites de seaux, pots à lait, poêles, casseroles et autres récipients en inox rutilant qui l’ont hissé au firmament de l’art contemporain.

« Very Hungry God » de Gupta

Son œuvre la plus connue, Very Hungry God, consiste en un crâne monumental composé de centaines d’ustensiles en acier inoxydable. Il semble figurer un dieu vorace et insatiable, en même temps qu’il évoque la famine qui règne encore dans certaines régions de son pays. Face à cette sculpture située entre modernité et archaïsme, on songe à la tradition occidentale des vanités autant qu’à certains rituels hindouistes : la déesse Kali porte un collier de crâne autour du cou cependant que le saint mendiant de la doctrine tantrique tient dans la main un crâne en guise de sébile. Par le choix de ses matériaux, Subodh Gupta emprunte donc au quotidien le plus terre à terre de son pays pour nous confronter à des sujets universels tels que la mort, le religieux, la précarité…

« Faith Matt » de Gupta

Autre objet dont il fait largement usage : la fameuse lunch box, boîte à repas incontournable en Inde où quatre-vingt dix pour cent de la population l’utilisent. Dans son installation mobile Faith Matters, il les accumule en hauteur en les faisant se déplacer sur des rails invisibles, tels la « skyline » en mouvement d’une mégalopole moderne. Les aliments voyagent, sont transporté d’une capitale à l’autre en un marché global dont certains, et peut-être en Inde plus qu’ailleurs, sont privés. En ce sens, l’art de Subodh Gupta, aussi spirituel soit-il, est aussi un art politique.

Bharti Kher : quand l’art nous regarde

À l’âge de vingt-quatre ans, Bharti Kher quitte l’Angleterre où elle est née de parents Indiens pour s’installer à New-Dehli. Confrontée à une culture aussi singulière que foisonnante, à l’effervescence d’une nation en pleine mutation, la jeune artiste peintre formée à Londres diversifie sa pratique. Elle aborde la sculpture, l’installation, et incorpore dans son travail nombre de matériaux nouveaux, dont celui qu’elle ne cessera pus de décliner : le bindi. Ce point de couleur que les Indiens arborent sur le front, entre les sourcils, est au centre de leur identité sociale et culturelle. Il peut être le signe de la femme mariée, mais figure aussi traditionnellement un troisième œil mystique, le point originel d’un principe universel de création. Ces derniers temps, il a peu à peu à peu pris des allures d’accessoires de mode, disponibles en différentes formes et couleurs.

Bindy by Bharti Kher

Pour Bharti Kher, la technique du bindi est devenu une sorte de langage codé. Il confère à ses compositions picturales sur panneaux ou sur verre des airs d’abstraction expressionniste, de même qu’il évoque des courants de l’histoire de l’art plus anciens, tels que l’impressionnisme et le pointillisme. Un « troisième œil » donc, qui multiplie les significations, s’impose comme un dispositif d’une grande variété visuelle et stylistique, et compose des « œuvres que l’on observe autant qu’elles nous regardent », confie Bharti Kher.

Bhart Kher: « Untiltled »

Par l’utilisation de ce motif central, l’artiste signale par ailleurs un besoin de changement social et questionne le rôle traditionnel des femmes dans la société indienne, tout en commentant avec ironie la marchandisation du bindi comme accessoire de mode.

Un autre Bindi de Bharti Kher

Dans une de ses œuvres les plus célèbres, I’ve seen an elephant fly, Bharti Kher reprend son motif emblématique sous la forme de spermatozoïdes appliqués en masse sur le corps d’un bébé éléphant en fibre de verre. « En Inde, explique-t-elle, on associe l’éléphant au rituel d’un temple hindouiste tout autant qu’au travail de force le plus trivial. Il est à la fois le symbole romantique d’une tradition spirituelle séculaire et celui des réalités économiques et mondialistes de l’Inde d’aujourd’hui. »

Bharti Kher, « Untitled »

De San Francisco à la Factory de Warhol : petit bréviaire de l’art psychédélique

Critiques acidulés société de consommation mais sans jamais se prendre aux sérieux, les artistes du mouvement psychédélique ont, dès 1965  profondément influencé le Pop Art américain. ZEWEED revient sur délirantes et furieuses créations des « Big 5 », un groupe de dessinateurs hallucinés qui établira la charte graphique du mouvement hippie de Haight-Ashbury.

Pour certains, les années hippies évoquent les pattes d’éph’, les chemises à fleurs ou Woodstock. Pour d’autres, elles incarnent une des contestations sociales et politiques majeures du XXe siècle, la libération sexuelle en prime. Mais peu se souviennent que le San Francisco des années soixante, berceau de la culture hippie, a également été le terrain d’expériences graphiques d’une originalité inégalée et un des jalons les plus notables de l’art Pop Américain.

Wes Wilson

Le LSD n’y est pas pour rien. Car sans cette substance synthétique hallucinogène, le mouvement psychédélique (du grec psyché âme et dêlos visible) n’aurait sans doute pas vu le jour. Pas plus que ces groupes de rock qui essaiment à l’époque sur la côte ouest des Etats-Unis, véritables porte-parole et principal moyen de revendication de la communauté hippie.

Frisco, freaks & LSD

À San Francisco, ils se produisent dans deux salles incontournables : le Fillmore et l’Avalon Ballroom. De grands-messes psychédéliques y sont célébrées plusieurs fois par semaine, associant musique rock déjantée, consommation effrénée de substances, et lights shows décuplant les effets de celui-ci.

Victor Moscosso

C’est dans cette atmosphère délirante que se développe l’art psychédélique. Bill Graham et Chet Helms, les deux grands promoteurs de spectacles du moment, financent plusieurs centaines d’affiches pour annoncer les concerts de The Charlatans, Greateful Dead, Jefferson Airplane, Jimi Hendrix, The Doors, The Velvet Underground et autres Pink Floyd.

Du Velvet Underground  à Pink Floyd

Placardées dans les rues de San Francisco, elles apparaissent comme autant de manifestes de la contre-culture, leurs arabesques moelleuses et ondoyantes, leurs couleurs aussi intenses qu’exubérantes, et leurs lettrages aux formes liquides quasi illisibles fonctionnant comme une propagande cryptée contre le conformisme de la société américaine des 60’s.

Alton Kelley

Parmi la dizaine d’artistes majeurs qui les conçoivent et les dessinent, cinq d’entre eux sont entrés dans la légende sous l’appellation des « Big 5 ».

Art Nouveau & Optical Art

Il y a Wes Wilson (1937-2020), diplômé en horticulture, dont le premier poster intitulé Are We next figure un drapeau américain orné d’une svastika : condamnation sans appel de l’engagement croissant des Etats unis dans la guerre du Vietnam ; Victor Moscovo (né en 1936), le seul à avoir bénéficié d’une formation artistique, qui déclara que la création d’affiches psyché l’avait contraint d’oublier tout ce qu’il avait appris à l’école d’art sur le graphisme conventionnel – il est en outre le premier des « Big 5 » à voir ses œuvres exposées au Museum of Modern Art de New-York.

Victor Moscosso

Autre figure majeure: Rick Griffin (1944-1991), californien passionné de surf, auteur de bandes dessinées underground et de pochettes de disques mémorables, ainsi que le duo composé d’Alton Kelley (1940-2008) et de Stanley Mouse (né en 1940), l’un concepteur génial, l’autre dessinateur virtuose, dont le travail en commun fut comparé à l’œuvre du génial affichiste français Henri de Toulouse-Lautrec.

The Big 5

L’expérience psychédélique née de la prise de LSD et les jeux de lumières des lights show sont leurs principales sources d’inspiration. Mais ils puisent également dans les théories de la couleur et l’art optique de Josef Albers, peintre et enseignant au Bauhaus, ainsi que dans l’Art Nouveau ou les affichistes du mouvement sécessionniste viennois (Gustav Klimt, Alfred Roller et Koloman Moser).

The « big Five » San Francisco poster artists Lto R Alton Kelly, Victor moscosso, Rick Griffin, Wes Wilson, Stanley Mouse

Parfois, ils vont jusqu’à s’approprier certains motifs des affiches du Tchèque Alfons Mucha ou du Français Jules Chéret. Et certains historiens de l’art décèlent dans leurs dessins l’influence du mouvement surréaliste européen qui, dans les années 60, fait l’objet aux Etats-Unis de nombreuses publications et expositions remarquées.

Quoi qu’il en soit, la créativité débordante de ce génial quintet a apporté aux arts graphiques quelque chose de neuf, de jamais vu, une nouvelle vision du monde. Au point qu’après eux, l’art américain ne sera plus tout à fait le même.

Le Flower Power selon trois artistes contemporain

Si le mouvement Flower Power a influencé toute une génération d’artistes à la fin des années 60, son esprit a depuis continué d’inspirer de nombreux créateurs et plasticiens. Parmi eux, le grand Takashi Murakami, Rebecca Louise Law et Kapwani Kiwanga. Portraits fleuris.

Rebecca Louise Law :  l’émotion d’une touche de peinture sur chaque pétale. 

Née en 1980, Rebecca Louise Law aurait sans aucun doute enthousiasmé la génération des flower children. Après avoir étudié la peinture à l’université de Newcastle, elle a délaissé ses pinceaux en 2003, « sans pour autant, dit-elle, avoir cessé de peindre. » Car ses pigments ont désormais été remplacés par des fleurs, et la toile par l’espace vide, parfois immense, dans lequel elle inscrit ses impressionnantes installations.

L’une de ses œuvres les plus marquantes, Community, a vu le jour au Toledo Museum of art, dans l’état américain de l’Ohio. Elle consistait en la suspension de plus d’une centaine de milliers de fleurs, certaines fraiches, d’autres séchées, cousues une à une à de longs fils de cuivre ruisselant des plafonds. Liberté est donnée au visiteur d’évoluer parmi cette luxuriance végétale, débauche sensuelle et délicate de couleurs, de textures et de parfums. La force de ses installations opère également en ce qu’elles s’inscrivent dans le temps qui passe. Ses tableaux vivants fanent, se décolorent, se dessèchent, et de cette fragilité naît l’émotion.

Cette relation très forte avec l’élément naturel, Rebecca dit l’entretenir depuis toujours. « Je me sens en paix et en sécurité dans la nature. Ses cycles en constante évolution me fascinent. Elle est une permanente célébration de la vie, et c’est ce que j’essaye de faire moi aussi : célébrer la vie. » Mais le bonheur que son travail lui procure n’en est pas moins soucieux. « Il est urgent que les gouvernements travaillent ensemble pour mettre fin à la cupidité industrielle et à la consommation forcenée, ou nous allons perdre notre magnifique monde naturel, confie-t-elle.

Nous devons ouvrir les yeux sur les problèmes sociaux, car si quelqu’un a du mal à vivre, il se peut qu’il ne se soucie pas de la terre. Il est vital de connaître son voisin et de l’aider si besoin est. Nous n’irons jamais de l’avant si nous n’avons aucune communication entre nous. »

Kapwani Kiwanga : l’Histoire humaine fane comme les fleurs

L’histoire mouvante, vulnérable, qui se fane vite et renaît, voilà ce qui intéresse Kapwani Kiwanga, une des jeunes artistes les plus célébrées du moment. Anthropologue de formation, cette franco-canadienne de 42 ans, née d’un père tanzanien, a raflé ces deux dernières années les plus prestigieux prix internationaux en art contemporain. Dans son œuvre la plus emblématique, Flowers of Africa, récompensée par le prix Marcel Duchamp 2020, son art hybride et novateur déploie un regard critique inattendu sur l’histoire des hommes.

La genèse de cette puissante installation trouve son inspiration dans le processus d’indépendance politique des pays africains. En universitaire rigoureuse, Kapwani mène avant tout un long travail de recherche documentaire. Elle s’intéresse en particulier aux très nombreuses reproductions photographiques des évènements liés au processus de décolonisation : sommets, congrès, discours et repas officiels… Mais au lieu de porter son attention sur l’histoire telle que nous sommes censés l’appréhender, elle préfère jeter son dévolu sur ce que l’on ne regarde pas : les décorations florales qui ornent discrètement ces évènements.

Sa démarche, particulièrement originale, fait coïncider l’histoire et la botanique : la recherche historique est doublée par celle, ethnobotanique, nécessaire à l’analyse de la composition florale de l’époque, et aux moyens dont disposera un fleuriste d’aujourd’hui pour la reconstituer le plus fidèlement possible. Flowers of Africa est une très poétique et fascinante réflexion sur l’Histoire. Non seulement elle élargit notre manière de voir celle-ci en y incluant d’autres éléments, végétaux en l’occurrence, mais elle nous suggère insensiblement que le passé n’a jamais la permanence qu’on veut bien lui donner, qu’il est vain de tenter d’écrire l’histoire dans le marbre. Les souvenirs et les monuments fanent tout autant que les fleurs.

Takashi Murakami ou l’insoutenable légèreté des fleurs

Crédits Getty Images

On ne présente plus l’artiste japonais Takashi Murakami, omniprésente figure de l’art contemporain. Sa prolixité est telle - quand bien même il dispose d’un atelier où des centaines d’assistants travaillent à la réalisation de ses œuvres - qu’il est difficile de ne pas passer à côté de son univers cartoonesque saturé de couleurs survitaminées.

Très vite, il adopte le motif foral qui, par sa planéité et la profusion de ses tons, mêle l’absence de perspective de la tradition picturale japonaise au divertissement frivole des mangas contemporains.

Mais derrière cette apparente superficialité se cache une aspiration plus profonde, à l’instar d’un autre artiste dont il revendique volontiers l’influence : Andy Warhol. En 1964, celui-ci exécute ses célèbres Flowers, sérigraphies kitsch travaillées par une dialectique de la nature et de l’artifice à l’ère de la reproduction mécanique. Les deux pièces de Murakami, Wahrol/Silver et Wahrol/Gold, leur font écho, rejoignant en cela les plus sombres préoccupations du célèbre Pop artiste.
On y perçoit la même critique ironique de la société de consommation. Mais aussi, à travers l’évocation de la fragilité de l’élément naturel, une conscience de l’impermanence des choses et de l’éphémère de nos existences. Comme si la gaieté assumée de ce thème végétal et de ces couleurs à foison devait nous renvoyer à l’inéluctabilité de notre fin prochaine.

Mama : des canna-éditeurs qui vous veulent du bien

Auteurs précurseurs et fondateurs de Mama Éditions, Tigrane Hadengue et Michka Seeliger-Chatelain ont été parmi les premiers en France à donner leurs lettres de noblesse au chanvre et au cannabis. Aujourd’hui, ils poursuivent leur œuvre novatrice, sans jamais perdre de vue la mission qui leur tient à cœur : éveiller les consciences et faire du bien.

 

ZEWEED : Mama Éditions fêtera bientôt son vingt-quatrième anniversaire. Qu’est-ce qui vous a conduits à vous lancer dans une aventure aussi audacieuse ?Tigrane : Cela a avant tout été une rencontre avec Michka, que j’ai connue très jeune parce qu’elle était une amie de ma mère et de mon beau-père. J’avais une vingtaine d’années quand elle m’a proposé de travailler pour elle comme attaché de presse dans une maison d’éditions suisse, où elle a publié plusieurs ouvrages de référence, notamment Le Cannabis est-il une drogue, sous-titré : Petite histoire du chanvre, et Le Chanvre, renaissance du cannabis qui, manière de joindre le fond à la forme, a été imprimé sur du papier de chanvre. Ce livre-là a fait date en ce qu’il traitait en particulier du chanvre textile agricole dont on parle tant aujourd’hui, presque trente ans après. Puis, chez ce même éditeur, nous avons conçu ensemble une anthologie du cannabis : une somme de mille pages qui rassemble des textes de plus d’une centaine d’auteurs, allant d’Hérodote à des scientifiques et prix Nobel contemporains. C’est désormais un ouvrage de référence ; certains le qualifient même de Lagarde et Michard du cannabis !
C’est à la suite de ce travail en commun que nous avons eu envie de mener à bien nos propres projets éditoriaux, selon une démarche artisanale à contre-courant de l’industrialisation du monde l’édition.

 

ZW : A-t-il été difficile de publier des livres sur le chanvre et le cannabis dans une société française encore très réticente vis-à-vis de ces sujets ?
Tigrane : C’est vrai que, pendant longtemps, notre démarche a été perçue de manière abusivement polémique. Pourtant, nous avons toujours fait un travail extrêmement soigné, respectueux des cadres légaux. Tous nos livres sont précédés d’avertissements de médecins, de psychiatres, et visés par des avocats. À la différence d’autres éditeurs, nous n’avons jamais donné dans la provocation. Par ailleurs, nous tenons à mettre en avant des avis opposés mais complémentaires, à dépasser les jugements réducteurs, à refuser tout manichéisme. Ces sujets sont bien plus complexes que ça, à l’image du cannabis, qui peut aller d’un chanvre non psychoactif à un cannabis qui l’est beaucoup.

« À la différence d’autres éditeurs, nous n’avons jamais donné dans la provocation » Tigrane

Michka : Je me souviens qu’en 2001, nous avons tenu un stand au Salon de l’agriculture, à Paris, afin de promouvoir la première édition d’un de nos ouvrages intitulé Pourquoi et comment cultiver du chanvre. Ce livre, déposé au ministère de l’Intérieur et parfaitement respectueux de la loi, était présenté entouré de plants de chanvre certifié « agriculture biologique » par le ministère de l’Agriculture. Or, il se trouve que des policiers en service sont passés par là. Ils ont considéré que nous incitions à la consommation de stupéfiants et que nos plants de chanvre étaient comparables à ceux que l’on trouverait dans une arrière-boutique d’Amsterdam. Du coup, j’ai été emmenée manu militari au quai des Orfèvres, tandis que nos stocks de livres et plants de chanvre étaient confisqués… Le bon côté de cette histoire, c’est que les policiers sont arrivés au même moment qu’un groupe de journalistes qui visitaient le salon. Cette coïncidence nous a fait une publicité inespérée. Le lendemain, on s’est retrouvé dans différents journaux télévisés dénonçant l’erreur de ces policiers. Je me souviens d’une journaliste télé relatant avec ironie cet incident en disant : « Chez Mama Éditions, la maréchaussée a eu des hallucinations ! »

« Ça bouge beaucoup aux États-Unis, alors que cette nation a peut-être été celle qui est allée le plus loin dans la répression. Cela leur a sans doute donné le loisir de se rendre compte, avant les autres, que c’était une fausse piste » Michka

ZW : Avez-vous le sentiment que les mentalités changent en France ?
Michka : La France demeure très méfiante vis-à-vis du cannabis en général. Toutefois, les mentalités évoluent, même si cela se fait un peu trop lentement. De nombreux pays autour de nous sont en train de légaliser le chanvre thérapeutique, mais la suspicion par rapport au THC demeure. Le chanvre, c’est le cousin honnête du cannabis qui continue à être perçu comme malhonnête. Cela dit, ça bouge beaucoup aux États-Unis, alors que cette nation a peut-être été celle qui est allée le plus loin dans la répression. Cela leur a sans doute donné le loisir de se rendre compte, avant les autres, que c’était une fausse piste. En tout cas, ceux qui là-bas ont été jetés en prison il n’y a pas si longtemps, doivent tomber des nues en voyant que leurs concitoyens d’aujourd’hui vendent du cannabis légalement et par dizaines de kilos en payant leurs impôts

ZW : Si vous deviez défendre les vertus du cannabis, quel serait votre argument principal ?
Tigrane : Le cannabis est un remède scientifiquement incontesté. Dans le domaine ophtalmologique, par exemple, on sait qu’il soigne le glaucome en faisant baisser la pression oculaire, qu’il soulage les personnes atteintes de sclérose en plaques. Il peut également s’appliquer dans le traitement des cancers en ce qu’il est un antiémétique de premier ordre. De fait, il a été cliniquement démontré que le THC prévient les nausées, les vomissements et la perte d’appétit causés par la chimiothérapie. L’ennui, c’est qu’en France, comme le cannabis est classé dans les tableaux recensant tout ce que l’on appelle les drogues dures, on se prive trop souvent d’informer sur ses possibles vertus thérapeutiques, par peur d’inciter à la consommation de stupéfiants. Ça pince le cœur qu’au pays des Lumières, on en soit arrivé à un stade où des personnes qui ont simplement besoin d’un médicament naturel, sans effets secondaires, ne puissent pas avoir accès à leur remède.

« Plusieurs de nos ouvrages, certains coûteux à produire en termes d’iconographie et de traduction, sont devenus des références et que les aides et les subventions que nous avons sollicitées ne nous ont jamais été accordées » Tigrane

ZW : Tout au long de votre travail dans le cadre de Mama Éditions, avez-vous été soutenus ?
Tigrane : Non, nous n’avons pas vraiment été soutenus. On a plutôt eu le sentiment d’être blacklistés. Et le fait que nos publications sur le chanvre et le cannabis ne représentent aujourd’hui qu’une minorité, n’a pas changé la donne. La vérité, c’est que plusieurs de nos ouvrages, certains coûteux à produire en termes d’iconographie et de traduction, sont devenus des références et que les aides et les subventions que nous avons sollicitées ne nous ont jamais été accordées. C’est là un point de vue économique mais qui semble répondre à votre question, s’agissant du soutien dont nous aurions pu bénéficier. On peut dire que, d’un point de vue institutionnel, ce n’est pas nous qui étions marginaux ; c’est plutôt les autres qui nous ont marginalisés. Ce qui ne nous a pas empêchés de rencontrer notre public, nos libraires, nos bibliothécaires, et de voir que, petit à petit, un certain nombre de médias ou de cercles institutionnels qui, il y a vingt ans, nous disaient : « Vous êtes gentils, mais ce n’est pas la Californie ici ; on est en France, alors arrêtez de nous envoyer vos dossiers de presse. On ne parlera jamais de Mama Éditions ! », nous demandent aujourd’hui des exclusivités, des interviews. Ils semblent avoir réalisé que nous avons été des pionniers, des précurseurs, sur des sujets devenus des phénomènes de société, comme le chanvre, le cannabis médical, le CBD, mais aussi les nouvelles spiritualités, le chamanisme, le jardinage biodynamique en milieu urbain…

ZW : À ce sujet, comment expliquez-vous ce retour en grâce, cet engouement pour des sujets longtemps dédaignés ?
Michka : Il y a beaucoup de choses qui se passent en même temps, dans la société. Nous vivons une époque où les pires horreurs peuvent se produire mais, d’un autre côté, il y a un segment de cette société qui vit une sorte d’élévation du niveau de conscience, une recherche spirituelle. L’important, c’est de choisir sur quoi tu te focalises ; c’est ça qui fait que tu feras partie de ce monde-ci ou de ce monde-là. Pour moi, c’est d’abord un choix et une démarche individuelle.

Tigrane : Il y a aussi le fait qu’après avoir été à ce point déconnecté de la nature au sens large, c’est-à-dire du règne animal, végétal, minéral, on commence à se rendre compte du prix à payer ; on prend conscience des effets secondaires de cette déconnexion, en termes de dépression, de déséquilibre énergétique, de sentiment de ne plus savoir quel est le sens de sa vie, le pourquoi de son travail. Ces conséquences sont beaucoup plus néfastes qu’on ne l’imaginait. C’est un signal d’alarme qui nous enseigne que nous avons besoin de choses simples qui nous font du bien. Cette reconnexion avec la nature, c’est quelque chose de fondamental, d’existentiel, parfois même de vital. On peut se faire tellement de bien très facilement, tout simplement en retournant vers les éléments.

ZW : Parallèlement à vos métiers d’auteurs et d’éditeurs, vous avez également créé, en 2001, le musée du Fumeur, à Paris. Pouvez-vous nous parler de cette initiative ?
Tigrane : Michka et moi avons tous les deux un esprit curieux et ouvert. Au-delà de notre intérêt pour le chanvre et le cannabis, nous avons éprouvé un immense plaisir à explorer l’univers du tabac. Pas le tabac de la cigarette, qui est artificiellement desséché et bourré de centaines d’additifs particulièrement nocifs ; mais plutôt le vrai tabac, dirais-je : celui des peuples premiers, le tabac cérémoniel, chamanique, ou le tabac brun de nos campagnes françaises. Nous avons découvert qu’à l’opposé de la cigarette, il y avait eu jadis, en Occident, un usage du tabac qui n’était pas synonyme de fléau, en termes de santé publique, mais, au contraire, synonyme de dégustation, d’art de vivre. Le monde du cigare ou de la pipe de tabac brun faisait écho à des traditions qui remontaient au calumet de la paix, aux cigares des Lacandons (une ethnie vivant en Amérique centrale), qui sont gigantesques par rapport à nos cigares et qui n’empêchent pas ce peuple de compter un nombre important de centenaires. C’est donc là un tout autre usage, aux antipodes de l’aspect compulsif de la cigarette. Avec elle, on n’arrive jamais à satiété parce qu’elle est calibrée pour nous rendre dépendant. Chez ces peuples premiers, le tabac offre au contraire une expérience de satiété, de contentement qui fait qu’une fois qu’on l’a consommé, on ne se demande pas quand est le prochain. Il procure une plénitude, une complétude, une satisfaction qui n’en demande pas plus. Et puis, nous avons découvert les trésors de richesses culturelles et littéraires associées à l’acte de fumer, dans son acception la plus noble. C’est cela que nous avons voulu partager avec public…

ZW : Vous qui avez été des précurseurs dans beaucoup de domaines, comment voyez-vous l’avenir ? Êtes-vous plutôt optimistes ou pessimistes ?
Tigrane : Fondamentalement optimiste. Par nature, et je dirais même par devoir.
Michka : Oui, c’est vraiment un devoir d’être optimiste. Nous n’avons plus le temps, aujourd’hui, de perdre de l’énergie en alimentant ce qu’on ne veut pas. Il faut au contraire placer son regard, toute son intention, sa direction, vers ce qu’on veut voir se manifester dans la réalité.

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Amsterdam victime de son succès?

Amsterdam a été le point de départ d’une nouvelle manière, à la fois révolutionnaire et pragmatique, d’envisager la lutte contre la drogue. Un modèle unique qui, bien qu’ayant porté ses fruits et influencé le débat mondial sur la dépénalisation et la légalisation du cannabis, semble aujourd’hui remis en question.

Contexte d’une avant-garde

À l’aube des années 1970, Amsterdam a des allures de point de rendez-vous par excellence de la contre-culture européenne. Le Vondelpark, l’un des plus grands parcs de la ville, est devenu le lieu de rassemblement des hippies et autres tribus urbaines en mal de révolution. Les artistes, musiciens et free spirits squattent dans le quartier Jordaan ; les punks se retrouvent dans l’emblématique salle de concert Le Melkweg, et les « Provos », mouvement politico-libertaire hollandais, organisent des happenings pour défier l’autorité et promouvoir des changements sociaux. Mais, derrière cette effervescence plutôt bon enfant se profile un tableau beaucoup plus noir : la longue tradition commerciale des Pays-Bas a fait de ce petit pays une des plaques tournantes de la fourniture de stupéfiants en tous genres.

L’esprit de « Koss » ou la voie d’une politique de la tolérance

Dans le fameux « quartier rouge », personne ne se cache pour vendre, acheter et consommer de l’héroïne, de la cocaïne ou bien du LSD. Les autorités de police sont débordées et, outre les problèmes de santé publique, la concurrence entre dealers fait rage et dégénère le plus souvent en pugilat. Dans le même temps, chaque samedi matin, sur les ondes de la radio publique, un jeune homme aux cheveux longs et chapeau noir à larges bords ne cesse de gagner en popularité. Il s’appelle Koos Zwart et n’est autre que le fils d’Irène Vorrink, la ministre de la Santé et de la Protection de l’environnement. Non content d’informer ses auditeurs sur le cours tarifaire des drogues disponibles à Amsterdam, il prône la tolérance et déborde d’idées. C’est lui, notamment, qui suggère à la direction du Paradiso, la boîte la plus en vue du moment, de se débarrasser des dizaines de dealers qui officient dans l’établissement pour embaucher un « dealer maison » afin de mieux contrôler les prix et la qualité des stupéfiants proposés.
En outre, il n’est pas étranger à la manière dont s’est déroulé l’immense festival Holland Pop organisé en juin 1970 sur les bords du lac de Kralingse, près de Rotterdam. Avec près de 100 000 personnes réunies trois jours durant pour écouter les Pink Floyd, Jefferson Airplane ou Carlos Santana, la police se retrouve face à un casse-tête : comment gérer ce qui se présente comme la plus importante réunion de fumeurs de cannabis jamais vue aux Pays-Bas ?
C’est alors que, inspiré par l’esprit de Koos Zwart, la police et les organisateurs du festival s’entendent pour expérimenter une nouvelle politique : chacun pourra fumer, et même vendre ce qu’il veut ; en contrepartie de quoi, des dizaines de médecins et de médiateurs bénévoles, secondés par une escouade d’agents de police déguisés en hippies, s’assureront que tout se passe au mieux. Au final, le festival est un succès, sans bagarres ni overdoses, et l’expérience, une réussite qui va donner des idées au gouvernement néerlandais. De fait, le tout-répressif ne fonctionne plus à Amsterdam. Il faut changer de stratégie, imaginer quelque chose d’autre.

« Opiumwet » : la loi révolutionnaire en faveur des drogues douces

Un premier comité d’étude propose, à la fin de l’année 1971, une évolution graduelle vers la « décriminalisation » des stupéfiants. Puis une autre commission, l’année suivante, publie un rapport qui finira par convaincre la coalition au pouvoir. En 1976 est votée une loi connue sous le nom d’ « Opiumwet », laquelle s’impose comme un des plus beaux exemples du pragmatisme batave. L’objectif est de concentrer les efforts de la police et du système judiciaire sur les drogues dures (héroïne, cocaïne, amphétamines…), tout en réduisant la stigmatisation et les poursuites contre les consommateurs de cannabis. Cette innovation véritablement révolutionnaire ouvre également la voie à la création de coffee shops agréés par l’État ; établissements spécialisés où la vente de petites quantités de cannabis est tolérée sous certaines conditions : pas de clients mineurs, pas de publicité, un stockage sur place limité et une vente par personne et par jour fixée à cinq grammes maximum. Cette politique a par ailleurs un avantage non négligeable puisqu’elle permet de contrôler la qualité du cannabis vendu et de diminuer du même coup les risques sanitaires associés à la consommation de produits de mauvaise qualité.

Dans les décennies suivantes, les coffee shops se multiplient, devenant partie intégrante du paysage urbain néerlandais. Et, bien que cette tolérance ait suscité des controverses, les données montrent que la consommation de drogues dures aux Pays-Bas demeure relativement faible par rapport à d’autres pays européens. Ce qui n’empêche les autorités d’ajuster leur politique. Dans les années 1990, par exemple, des mesures sont prises pour réduire le nombre de coffee shops dans certaines zones urbaines et limiter leur concentration près des écoles.

Vers la fin des coffee shops ?

Malgré ces ajustements à la marge, Amsterdam apparaît vite comme un phare de tolérance dans un océan de répression. Peu à peu, la ville s’impose comme une destination de choix pour les étrangers en quête d’expérimentations sans risques. À tel point que l’on estime qu’environ 30 % des touristes qui visitent Amsterdam le font principalement pour l’expérience des coffee shops. Or, avec plus de 20 millions de touristes qui longent ses canaux chaque année, certaines conséquences délétères de ce surtourisme ont directement participé à l’élection de Femke Halsema à la mairie de la ville en 2018. Ayant à cœur de réduire les nuisances que ce commerce inflige aux résidents locaux, cette ancienne dirigeante du Parti écologiste interdit dès 2023 de fumer du cannabis dans les rues du Quartier rouge ; une mesure couplée à un renforcement des restrictions sur l’alcool et à une fermeture plus tôt le week-end des cafés, bars, restaurants et maisons closes. Radicale, l’édile de la ville s’était d’ailleurs dit prête à interdire les coffee shops aux étrangers.
Cette menace est suspendue aux effets d’autres mesures drastiques sensées enrayé le surtourisme : augmentation de la taxe de séjour, mise en place d’une réglementation stricte sur la location saisonnière, bannissement des bateaux de croisière du centre-ville, ou encore interdiction de construire de nouveaux hôtels dans la ville. La crise du tourisme apparait pour la commune comme l’occasion de renouveler l’image d’Amsterdam. D’après la municipalité, la campagne « Renouvelez votre regard » lancée en 2023, constitue l’espoir d’attirer un autre type de visiteurs, davantage tournés vers les richesses culturelles de la Venise Hollandaise. Loin de tourner complètement le dos à un héritage d’avant-garde en matière de tolérance vis-à-vis de la consommation de drogue, Femke Halsema s’est dit favorable à une régulation des drogues dures comme la cocaïne et la MDMA. « On pourrait imaginer que la cocaïne puisse être obtenue auprès de pharmaciens ou via un modèle médical », déclarait-elle récemment dans un entretien donné à l’AFP. Affaire à suivre.