Weed VIP

Flower Power Forever

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Alors que les arbres ont retrouvés leurs verts habits et que les bourgeons éclosent à chaque branche,  Zeweed fait honneur au plus naturel des mouvements : le Flower Power.

Tout comme “faire l’amour pas la guerre”, “Flower Power” est un des slogan utilisé par les hippies à la fin des années 60. La fleur devient alors le symbole de l’idéologie Peace and Love. L’expression est née durant le Summer of Love de 1967, grand rassemblement estival qui se tint à San Francisco durant lequel les participants avaient pour consigne de porter des fleurs dans les cheveux et d’en distribuer autour d’eux. Les baby-boomés aux pieds nus devinrent alors les « Flower Child », s’illustrant dans des coups d’éclat verdoyants comme offrir une rose blanche aux policiers pendant une manifestation ou glisser des chrysanthèmes dans les fusils des forces anti-émeutes.

La célèbre photo de Bernie Boston, prise à Washington lors de la marche pacifique sur le congrès (1968).

Sur la route du Flower Power

C’est paradoxalement sur le macadam et sous la plume de Jack Kerouac -un énervé pas peace du tout-  que le mouvement est né. Si l’auteur de “On the road”  est considéré comme le parrain du Flower Power, il est loin d’être un doux rêveur qui fume des joints en courant nu dans les champs. Kerouac boit trop, il est bagarreur, ses cheveux sont courts et gomminés.
Il n’en sera pas moins  le premier écrivain US à revendiquer la non-violence, la liberté de vivre librement une sexualité libérée et le droit de se péter joyeusement la tête. Avec Ginsberg, Burroughs et Corso, il sera parmi les premiers militants radicaux, pacifiques et politiquement très engagés. Le message anti-guerre, Kerouac et sa bande le fera passer en brulant en public leurs ordres de mobilisation pour le Vietnam, en appelant à la désobéissance civile, au rejet de la société de consommation et ces valeurs traditionalistes.

Les hippies prônent un nouvel art de vivre, entre autres basé sur les philosophies orientales et la liberté sous toutes ses formes : cheveux longs, vêtements indiens, nudité des corps, liberté de l’amour, usage massif de cannabis et d’hallucinogènes et surtout refus de toute forme d’aliénation aux codes de la société américaine bien pensante.
Bien qu’elle n’ait pas radicalement changé la société, la philosophie hippie et ses codes auront significativement marqué  la culture occidentale. Parmi les héritages légués par la génération Peace and Love: l’égalité des rapports hommes-femmes, le refus de discrimination des minorités, la liberté sexuelle et celle de décider de son corps (avec l’avortement ou le droit de mourrir comme on l’entend).

Cheveux longs, idéaux écourtés

Que ce soit  via le Pop Art, le  living theatre,  le cinéma, la musique ou la politique, Kerouacs et ses disciples ont laissé un héritage fondamental. Ce retour aux sources donnera par exemple un sérieux boost aux mouvements écologistes.
Mais le message a bu la tasse. Coulé par le cynisme des années 80 avant d’être ringardisé par le tout digital, le rêve Hippie a fait naufrage. Aujourd’hui, porter des fleurs dans des cheveux longs relègue en un clic à la case soixante-huitard attardé, arborer un costar fleuri ne fait plus rebelle, ça fait Laurent Voulzy. Dommage.

Retour de fleurs

Nous avons chassé le naturel? Il ne tient qu’à nous de le faire revenir au galop. Ne serait-ce que pour nous faire croire en la décroissance et peut-être sauver le globe. D’ailleurs, la contestation monte et la jeunesse qui nous interpelle. Cette contestation, il nous faut l’arroser pour la faire grandir. Courageusement qui plus est, trop attachés que nous sommes à notre existence d’urbains mariés et cocus de la grande consommation. Pas facile de prôner l’ascétisme sous le Soleil quand on est scotché à Tinder. Pas facile, mais vital.
On the road again?

 

Une chanson pour la légalisation du cannabis

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Puits de science cannabique, auteur d’ouvrages de référence*, Alexis Chanebau est un musicien aux multiples collaborations (Bernard Lavilliers, les Rita Mitsouko, Niagara…). Deux talents qu’il conjugue pour chanter la légalisation du cannabis, dans un clip aussi stupéfiant qu’instructif. Bonne écoute!

 

ZEWEED :Pourquoi une chanson pour la légalisation du cannabis?
Alexis Chanebau : Parce que sa prohibition est un non-sens culturel et écologique
En Europe, jusqu’en 1850, le chanvre représentait 90% des voiles et cordages de tous les navires. Il était responsable de 80% de la production de papier et de vêtements non créés à partir de fibres animales. La loi « Marijuana Tax » fut principalement organisée en 1937 par les lobbys U.S. de la pétrochimie (dont Dupont De Nemours). Le but de cette loi était pour Dupont de Nemours d’imposer des fibres issues du pétrole (nylon, polymères, etc.). Cette loi marque le début d’une ère de profit au mépris de la nature.

C’est sans compter que la culture du chanvre ne nécessite pas de pesticides ou insecticides et consomme deux fois moins d’eau que celle du coton. Qui plus est, le chanvre absorbe le CO2 mieux que n’importe quelle plante cultivée en cycle court. Cerise sur le gâteau : le chanvre assainit les sols de la plupart de produits chimiques nocifs en à peine une décennie. Quant à son entretient quotidien… il est proche de zéro contrairement au lin.
Le cannabis sativa, cultivé sans contrôle de THC, il y a encore 80 ans suscite l’espoir d’un avenir plus serein pour notre planète. Alors que le réchauffement climatique impacte toutes les zones, c’est un immense espoir!

*Le chanvre : du rêve aux mille utilités est disponible sur Amazon ici

Mémoires du chanvre français: Département par département, du Néolithique à la Prohibition est disponible via ce lien

Le cannabis au secours des US Marines

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Revenus du front, un nombre croissant de soldats se tournent vers le cannabis pour soulager le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui touchent 20% d’entre eux. Parmi les associations américaines qui militent pour la la prise en charge du cannabis comme traitement du SSPT, la Battle’s Brother Foundation. Zeweed a rencontré son co-fondateur, Bryan Buckley.

Pendant 9 ans, Bryan Buckley a été un bon petit soldat. Un US Marine Corp plus précisément. Son premier déploiement a été à Fallujah, en Irak. Puis ce sera en Afrique et en Asie du sud-est.
Je me suis engagé dans l’armée juste après les événements du 11 septembre” se souvient le militaire décoré de la Medal of Honor.
Après avoir été nommé commandant d’unité chez les Marine Raiders (la force d’opérations spéciales des Marines américains), Bryan aura aussi servi en Afghanistan, dans la vallée de l’Helmand.
«Des hauts-gradés m’ont dit que l’été 2012, lorsque nous étions en Afghanistan, a été un des plus sanglants pour l’armée américaine depuis le Vietnam» me confesse le sergeant Bryan alors qu’il évoque l’opération Enduring Freedom (Enduring Freedom, le nom donné par l’armée US pour sa guerre globale contre le terrorisme).
«Et je suis sorti de l’armée à 100% handicapé et avec 100% de stress post-traumatique».

“C’est une fois la guerre finie que les vrais problèmes arrivent”

Je dégluti avant de dégainer ma prochaine question qui porte sur ses blessures.
En 2012, nous nous battions dans la province de Helmand. Durant une reconnaissance, j’entends un siffle au dessus de ma tête. C’était une roquette. La grenade a explosé juste à côté de moi. J’ai pris des éclats d’obus sur ma jambe, mon dos et mon visage. Deux de mes coéquipiers ont également été blessés. L’un d’eux a perdu une partie de son triceps et l’autre a pris des éclats d’obus dans son estomac“.
Bryan a failli perdre sa jambe gauche à la suite des blessures qu’il a subies ce jour-là.
Quelques mois plus tard, Bryan fera une chute de 5 mètres depuis d’un hélicoptère, se disloquant la cheville et se fracturant la colonne vertébrale.
«La guerre est une folie» me lâche l’ancien US Marine.

 

Crédits: Helmand Valley Growers Company.

Les blessures de Bryan ont guéri très rapidement. A peine une semaine après avoir été opéré pour sauver sa jambe des éclats de grenade, il était debout et prêt à en découdre avec l’ennemi.
Ce n’est que sorti de la Grande Muette que Bryan s’est rendu compte que ses traumas n’étaient pas que physiques.
«Dans l’armée, vous devez toujours rester concentré sur la mission, même lorsque vous déplorez des victimes. Le seul mot d’ordre est de concentrer sur l’ennemi jusqu’à son éradication. Le moindre questionnement, le moindre doute est inenvisageable».

Chaque jour, 22 Vets américains mettent fin à leur vie

C’est une fois la guerre finie et le chaos derrière qu’arrivent des problèmes auxquels personne ne s’attend“.
Après son retour de guerre, le SSPT de Bryan a commencé à se manifester. Il souffrait  d’insomnie, de dépression et d’anxiété.
Souvent, il se surprenait à revivre des scènes de bataille alors qu’il est éveillé.
Contre toute attente, cette détresse s’est accrue avec l’arrivée de ses enfant.
«L’ennemi utilisait souvent des femmes et les gamins comme boucliers humains. On voit des choses abominables ».

Durant ses crises liée au SSPT,  Bryan a le sentiment de n’être d’aucune utilité, de n’avoir aucun but, aucune raison d’être.
«Je n’ai pas pu regarder les informations pendant des années parce qu’ils parlaient des actions en Afghanistan et en Irak et je me sentirais coupable de ne pas être là», se souvient-il.
C’est ce manque d’intention qui laisse de nombreux anciens combattants désoeuvrés, en prise avec la dépression et les addictions.
C’est ce même mal à l’âme qui conduit chaque jour près de 22 “Vets” (vétérans de la guerre) américains à se suicider

” J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint

L’équilibre, Bryan va le retrouver grâce à deux amis ancients combattants:  Andy Miears et Matt Curran.
Ensemble,  ils vont monter la Helmand Valley Growers Company (HVGC), une association militant pour que les Vets aient accès au cannabis.
Aux côtés de HVGC, Bryan, Andy et Matt vont aussi fonder la Battle Brothers Foundation : une ONG à but non lucratif qui vise à aider les anciens combattants américains, autant sur le plan psychologique, familiale que professionnel.

C’est en 2016 que l’aventure HVGC va débuter, lorsque Bryan remarque que son copain de garnison Andy a l’air en meilleur forme que d’habitude.
«Il n’avait pas ce regard léthargique habituel, ce regard du type qui a trop bu».
Buckley me confesse que la consommation d’alcool est l’une des façons les plus courantes pour les anciens combattants de faire face aux symptômes qui frappent une fois le service à la patrie rendu.
Quand j’ai demandé à Andy comment il avait trouvé la force de sourire il m’a dit:” J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint “.
Au delà d’avoir recours à l’herbe pour soulager ses symptômes de SSPT, Andy était en train de monter une exploitation de culture de cannabis thérapeutique (et légale).

Andy (à gauche) Brian (au milieu) et Matt.

«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats»

«Un jour, Andy m’a dit que le cannabis lui avait permis de passer du statut de guerrier à celui de jardinier».
Après avoir vu l’effet positif du cannabis sur son ami de tranchés, Brian essaie cette médecine douce.
C’était incroyable. Je dormais mieux, je me réveillais revigoré, sans anxiété ni symptômes dépressifs. Aujourd’hui, le cannabis fait parti de mon quotidien ».

Et il n’aura pas fallut pas longtemps avant que Brian se rende compte que le cannabis pourrait bien être ce but dans la vie qui lui faisait tant défaut au sortir de la guerre.
Dès le départ, l’un des principaux objectifs de Battle Brothers était de changer le paysage médical américain en faisant du cannabis une option de traitement légale et accessible pour les Vets.
Que ce soit pour le soulagement de la douleur, un meilleur sommeil ou toute autre condition médicale.
«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats», pondère Bryan d’une voix ferme.
«Mais ça devrait être dans notre kit de survie».

«Mais ça devrait être dans notre kit de survie»

A ce titre, la fondation Battle Brothers est en bonne voie d’accomplir sa mission: l’association vient d’obtenir l’approbation d’un comité d’examen pour mener une étude d’observation qui évaluera l’efficacité du cannabis dans le traitement des SSPT.
«En 2016, nous nous sommes adressés au Congrès afin de savoir ce qu’il faudrait faire pour rendre le cannabis disponible aux vétérans. Ils nous ont dit de collecter des données fiables aux côtés de médecins américains et de construire un dossier à présenter aux Anciens combattants. C’est ce que nous faisons. ”

L’étude devrait être lancée en juillet et impliquera 60 Vets californiens atteints de SSPT.
Les participants achèteront et doseront des produits à base de cannabis à leur propre discrétion pendant 90 jours et feront rapport à une équipe de NiaMedic (une société d’études cliniques Israëlienne).
Confiant que l’étude apportera des résultats concluants, Bryan voit en cette recherche les bases nécessaires à l’élaboration d’une politique de traitement au cannabis des Vets sujets au SSPT.
Et ils sont nombreux.
Ces hommes et femmes prêtent serment pour leur pays  et signent un chèque en blanc payable de leur vie. Et quand ils sont de retour ici en Amérique, ils sont peut-être en bonne santé physiquement, mais pas spirituellement ni mentalement. Chez Helmand Valley Growers Company, nous voulons pouvoir assurer aux à ceux qui se sont battus pour la paix d’enfin la trouver“. C’est tout le bien qu’on leur souhaite.

 

Arjan Roskam, le “King of Cannabis”

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En 2001, Arjan Roskam s’autoproclamait « King of Cannabis ». Un titre jamais remis en cause pour ce multi-millionnaire aux 40 victoires à la Cannabis Cup. Portrait.

Arjan Roskam a 16 ans quand il fume son premier joint. Nous sommes en 1981, dans un Amsterdam qui ne compte encore que 10 coffee shops. « On fumait tout ce qu’on trouvait parce qu’on était jeunes et qu’on ne savait pas grand-chose. De toute façon, il n’y avait que du marocain ou de l’Afghan sur le menu. De temps à autre de la jamaïcaine ou de la Thaï, mais c’était bien trop cher » .

Initiation Thaïlandaise

En 1983 Arjan est en voyage en Thaïlande avec des amis. Un peu par hasard, le jeune homme se retrouve dans un petit village près de la frontière birmane . « J’y ai rencontré un homme de 78 ans qui traitait des héroïnomanes avec de la ganja. Il y avait un grave problème d’héroïne en Thaïlande , j’y avais moi-même un peu gouté. Ce médecin man faisait des infusions à base d’indica  pour sevrer les junkies. 
Après 7 jours, alors que je faisais mes affaires pour partir, il m’a pris par la main et a placé cing graines dans ma paume. Puis il m’a regardé dans les yeux, gravement, en me disant: garde ces graines. Dans quelques années, ces graines feront tomber des gouvernements. »

“Ces graines feront tomber des gouvernements”

L’épisode thaï et la prophétie du shaman hanteront Arjan jusqu’à ce qu’il revienne aux Pays-Bas, deux ans plus tard.
De retour en Hollande, Arjan commence à faire pousser des variétés de marijuana offertes par certains de ses amis ainsi que celles récoltées lors de ses voyages (en Thaïlande, au Népal ou dans d’autres pays du Sud-Est asiatique.). Mauvaise pioche: Les coffee-shop -quand ils achètent de la weed- sont à ce moment-là uniquement intéressés par des variétés importées comme la Thaï, la Sensimilia Mexicaine ou la Jamaïcaine. Les variétés indoor, elles, en sont à leurs balbutiements et sont au mieux considérées comme une excentricité du samedi soir. Avec un taux de THC relativement bas par rapport aux hash et un prix assez conséquent, les weed ne représentent alors que 10% des ventes.

La dèche

Pas grave, dans  un  Amsterdam qui  fume marron, Arjan continue de voir la ville en vert, cultivant frénétiquement sa Haze dans une serre paumée dans la banlieue de la ville, la perfectionnant de récolte en récolte.
Entre 1987 et 1989, Roskam continue de créer son répertoire avec les propriétaires de Coffee Shop.  Il leur dépose des échantillons, revient le lendemain… pour rapidement comprendre qu’il n’est pas le bienvenu. «Je me suis pointé  avec quelque chose de nouveau, mais ils appelaient ça pisse de chat. Les gens n’étaient pas habitués » nuls n’étant prophète en son Pays-Bas, Arjan essuie pendant deux ans refus et humiliations.

Green House Coffee Shop

«Bref, je n’avais pas d’argent. Je n’avais rien.  Nous étions, ma femme et moi pauvres. Très. À un moment donné, nous étions si fauchés que nous vivions dans la rue ». Le futur entrepreneur et sa femme Celeste se retrouvent à naviguer un peu partout dans le centre d’Amsterdam, de petits jobs en galères. « J’avais une bonne amie dont la sœur, Martha, avait quatre bars. Des endroits branchés où venaient tous les gens du théâtre d’Amsterdam: les musiciens, la communauté gay, les artistes, les peintres… »
Grâce à l’appui financier de Martha, Roskam -toujours sans le sou- ouvrira The Green House en janvier 1992.
Le Coffee shop restera désert pendant plus d’un an.

Les grands jours, je vendais peut-être 25 dollars de bière et de café ”

De neuf heures à une heure du matin, Roskam passe ses journées vautré sur le canapé du magasin, en fumant, en déprimant et en attendant des consommateurs qui ne viennent toujours pas. “Les grands jours, je vendais peut-être 25 dollars de bière et de café ” .
Nous sommes alors au printemps 1992. Affolée de ne voir personne fouler le pas de la porte  du Green House Coffee Shop, sa partenaire-investisseur Martha  jette l’éponge au bout de trois mois. « J’avais plus de 120 000 € de dettes que je ne pouvais pas payer, et un loyer que je ne pouvais pas non plus payer. Alors j’ai dû emprunter un paquet d’argent grâce à un ami pour continuer. »

Kennedy et limousine

Jusqu’à ce jour de janvier 1993 où une grosse limousine s’arrête devant la porte du Green House. Dedans, un membre aujourd’hui disparut de la famille Kennedy qui s’intéresse à la presse. «  Je ne savais pas du tout de qui il s’agissait, qui étaient ces personnes. En fait, je ne connaissais même pas l’existence de High Times, » (le titre avait été racheté par la famille Kennedy NDLR). « Ils m’ont dit: «Nous avons entendu dire que vous aviez une herbe qui sort de l’ordinaire. Voulez-vous participer à un concours qui aura lieu début novembre? “J’ai dit:” bien sûr, pourquoi pas? “Je n’avais rien à perdre. Et puis  la limousine est repartie”.

Cannabis Cup

Quelques mois plus tard, un après-midi de novembre, grosse surprise pour Arjan: sans raison apparente une foule d’à peu près  500 personnes se pointe progressivement dans le coffee shop d’Arjan. « Je ne comprenais pas, je n’avais pas fait de publicité ou de promo, j’ai même cru que c’était une arnaque ou une sale blague d’autres budtender ». Puis 700 clients sont arrivés le lendemain, 800 le surlendemain…

«En fait, j’avais  gagné la Cannabis Cup, mais j’étais tellement à côté de mes pompes, dans mes cultures de ganja et mes problèmes de fric, que j’avais complètement oublié la compétition. Et pour tout dire, au début quand les Kennedy m’en ont parlé,  je trouvais ça un peu bidon et louche cette affaire. Pour faire court: il y avait en fait 7 récompenses en lice et j’ai gagné 7 trophées! Avec une telle couverture média, c’était mon heure de gloire., et moi j’étais sur mon sofa en train de flipper dans mon café. »

King of Cannabis

Trois ans plus tard, face à ce fulgurant succès et après trois cannabis cup de plus remportées , le magazine High Times met Arjan en couverture de son numéro de juillet. Voyant son mari en une de la bible périodique des ganja-aficionados, son épouse lui dira en riant qu’il est devenu le « roi du cannabis». Un surnom en forme de blague qu’Arjan s’ appropriera quelques années plus tard.  À ce jour, personne ne lui a réclamé  sa couronne ou son titre. Et pour cause : au-delà des 38 cannabis cup remportées, il faudra ajouter 20 coupes Highlife et une myriade d’autres récompenses.

Parmi les variétés les plus acclamées et fruit des pérégrinations botaniques de Roskam : la Super Silver Haze, la Hawaiian Snow, la Ultra Haze d’Arjan, la Super Lemon Haze, l’Himalayan Gold, la White Rhino, la White Widow, la Great White Shark, The Doctor, la Hawaiian Snow, la Trainwreck, la Church ou plus récemment la Flowerbomb Kush.

High Times#237, mai 1995

De 1995 à 2005, Roskam verse dans la pédagogie en dispensant des cours de sensibilisation. «Je formais les policiers, des  hauts fonctionnaires, des juges, procureurs… des gens qui m’auraient mis en prison il y a vingt ans » s’amuse Roskam. Éliminer les nombreux et faux a priori qui entourent le cannabis est une autre idée fixe de ce  gonzo-ganja-entrepreneur.
Tout simplement parce qu’Arjan Roskam est, quoi qu’en disent ses nombreux détracteurs et concurrents, un passionné de weed qui se donne pour mission d’évangéliser le monde au sujet des bienfaits de l’herbe comme de la nécessité de légaliser son usage.

Arjan Roskam a aussi créé une fondation (pour des raisons fiscales diront les mauvaises langues et les mauvais perdants) qui vient en aide aux plus démunis en Afrique comme en Asie. De façon assez élégante et sur la demande d’Arjan, il est très peu fait mention de l’œuvre caritative du monarque de la weed. Il y a deux ans, l’équipe de Roskam a également créé une usine au Congo, qui nourrit actuellement 250 familles et près de 700 enfants. Et le King de déclarer: «Nous allons fabriquer des médicaments pour la population congolaise, puisque les gouvernements n’y parviennent visiblement pas.»

Canopy Growth et Canada

Au début de l’année 2020, Roskam a fait équipe avec Canopy Growth et Organa Brands pour introduire sa marque Green House dans le paysage de la vente au détail au Canada. Alors que l’automne s’installe, Roskam et son équipe achèvent la construction d’une grande usine au Canada. «Nous venons d’acquérir la première licence de plein air de l’histoire de l’Ontario, au Canada», explique-t-il. «Nous agrandissons notre usine et produirons 12 tonnes de ganja premium l’année prochaine, qui poussera au soleil, comme il se doit ». Car c’est le savoir-faire horticole néerlandais qui est recherché par les Canadiens. Et quel meilleur maître en la matière que le King ?

Le but de l’entreprise d’Arjan au Canada est de pouvoir offrir au public qualité en quantité, et donc de la weed à des prix nettement plus abordables. « J’ai 54 ans, et ne compte prendre ma retraite que sur mon lit de mort. Si tout va bien, vous me verrez encore pendant 30 ans. Maintenant que la légalisation se profile en Europe, l’aventure peut vraiment commencer. »

Long live the King!

Sources: High Times, The Green House Company, Business Wire, Radio Canada, The Guardian, Arte doc.
Crédits photo: High times, The Green House Company.

Cannabis légal: un juteux marché sous influence

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De Dubaï à St Tropez, de Louis Vuitton à Chanel, d’Instagram à Tik-Tok, les influenceurs se sont fait en quelques années une belle place au Soleil sur la  plage de la promo pas chère. Le cannabis récréatif et le CBD ne sont pas en reste, avec quelques têtes d’affiche dont le fulgurant succès augure de riches heures pour ce segment encore bien vert en France. Followez le guide, ZEWEED a mené l’enquête.

Le marché mondial du cannabis légal est en pleine croissance. L’inflexion réglementaire engagée depuis plus d’une décennie en Amérique du Nord a fait fleurir une industrie prospère. Selon certaines prévisions, le taux de croissance annuel du chiffre d’affaire du cannabis récréatif pourrait approcher les 20%, soit 149 milliards de dollars en 2031.
Concernant le CBD, les taux de croissance sont similaires. D’ici la fin de la décennie, la molécule bien-être générerait près de 22 milliards de dollars de revenus. Après des années de tergiversations réglementaires, le marché français a enfin décollé et devrait dépasser le milliard d’euros en 2025.

Les réseaux sociaux, seul espace promotionnel d’un marché interdit de publicité par Google

Les propriétés du chanvre ouvrent un spectre d’applications dans des domaines très variés, une manne qui crée une féroce concurrence. En 2020, les États-Unis comptaient déjà plus de 3000 marques différentes. Dans cette lutte sans merci, une stratégie marketing digne de ce nom est décisive. Tous les métiers de l’influence se sont donc soudainement mobilisés pour permettre aux plus avisés de tirer leur épingle du jeu. Estimé en 2022 à 16,4 milliards de dollars, le marché du marketing d’influence est vingt fois plus important qu’en 2015. L’étude annuelle Reech, dédiée aux relations entre les marques et les influenceurs, révèle que 63% des 18-24 ans indiquent suivre des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux.

Quand la notoriété profite aux marques

Inévitablement, la démocratisation d’un produit passe par son côté « sexy » et le prestige des cercles qui en font usage, rarement par désintérêt financier. Nombre de célébrités ont très tôt perçu les opportunités économiques de la plante verte. À l’image du précurseur en la matière, Snoop Dogg (80 millions de followers sur Instagram), qui après d’importants investissements dans des jeunes pousses a lancé sa propre marque Leafs by Snoop en 2015. L’acteur Seth Rogen, lui aussi fumeur invétéré et son compte Twitter aux 10 millions d’abonnés ne manquaient jamais l’occasion de leur distiller un petit conseil conso. Pas plus qu’il n’a manqué l’occasion de créer son herboristerie perso, Houseplant.

On pourrait encore citer Gwyneth Paltrow (8 millions de followers Instagram), à la tête de sa société de lifestyle Goop, qui s’est-elle aussi lancée dans l’aventure en 2020 avec sa marque Cossmoss.  D’autres, à l’instar de l’actrice Jennifer Aniston et ses confrères Michael J. Fox et Morgan Freeman se sont cantonné à de simples recommandations distillées sur les réseaux sociaux. Et si contrairement à The Parent Company, toutes les marques du secteur ne peuvent pas s’offrir le luxe d’un « Chief visionnary officer » du nom de Jay-Z, chacune d’elle aura la possibilité de trouver un influenceur à son budget. Dans la conquête de ce nouveau monde, il ne suffit pas d’être bien entouré, il faut surtout être bien suivi…

Un marketing d’influence encore embryonnaire en France

La France commence elle aussi à voir ses figures de proue du show-business investir le marché du CBD. Le rappeur Koba LaD et ses 2,9 millions de followers a par exemple lancé sa propre gamme de produits, Koba Kush, en partenariats avec High Society. Mais contrairement aux États-Unis, où les influenceurs centrés uniquement sur le cannabis sont nombreux, la France n’en dénombre que très peu.
C’est que nous confirme Miss CBD, qui comptabilise sur son compte Tik Tok plus de 11 K followers. “En France il y en a qui arrivent à faire des vidéos, mais ce ne sont pas des comptes qui parlent uniquement de CBD … Ou alors ceux qui tendent à le faire sont ceux qui ont leur propre shop. Et, malheureusement, très vite, ça devient redondant et purement commercial”, soupire celle pour qui le caractère éducatif et indépendant de ses vidéos semble cardinal.

L’épée de Damoclès du compte banni

“D’ailleurs, devenir influenceur de CBD ne semble pas si simple que ça : j’ai eu pas mal de difficultés parce que je me suis vite rendu compte que sur Tik Tok on ne pouvait pas montrer de fleurs ni de résines. Seuls les cosmétiques ou les huiles n’étaient pas signalées”. L’influenceuse n’en est pas à sa première vidéo supprimée ni même à son premier compte banni.
Son compte Tik Tok est le cinquième du genre. Ce qui l’oblige à chaque fois de tout recommencer pour reconstituer sa communauté. Une véritable épreuve pour celle qui se dévoue à ce projet, en plus de son travail dans un CBD shop, sans compter ses heures : mon compagnon se plaint souvent du fait que mon boulot prend trop de place dans nos vies.

Des influenceurs très courtisés

Quoi qu’il en soit, pour cette énième tentative, la dimension éducative de ses contenus semble jusqu’ici contenter les obscures règles du réseau social. Tiffany Ortiz, de son vrai nom, souligne d’ailleurs ce paradoxe?. ” Je vois et j’entends énormément de trucs faux, que ce soit sur les réseaux ou pire, dans les CBD shops. Tout ce que j’essaie de faire c’est de partager des connaissances fiables pour que cette plante formidable puisse être comprise et utilisée dans le plus sécurisé et sécurisant des cadres”. La clé de la réussite ? Lorsqu’on lui demande si elle est sollicitée par des marques, c’est un rire empreint de victoire que l’on entend à l’autre bout de la ligne.
Oh oui ! c’est dingue. Toutes les semaines j’ai environ deux ou trois demandes de partenariat“. Avant d’ajouter qu’elle tient à son indépendance et à sa crédibilité. On la croit sur parole. D’autres, outre atlantique, ont depuis longtemps succomber aux sirènes du marketing d’influence. Qu’ils soient suivis pour leurs compétences, leur crédibilité, leurs connaissances, leur lifestyle ou leur humour ou leur plastique, ils sont pour notre influenceuse hexagonale une source d’inspiration sans limites.

Petit panorama des influenceurs Français

LE CHANSONNIER
Koba LaD
@koba_lad (2.9 M followers)

Koba-LaD
Koba-LaD

En 2020, à l’occasion de la sortie de son album Détail, Koba faisait accompagner sa pochette d’un pochon. Ainsi ses fans étaient en mesure de goûter le CBD utilisé pour les produits qu’il venait de lancer. Depuis sa sortie de prison en mars dernier le MC affirme ne plus boire d’alcool et ne plus fumer que du CBD. L’interprète de “Coffre Plein” est désormais en mesure de fournir une ribambelle de clients.

L’ÉDUCATRICE
Miss CBD
@misscbd (10.8 k followers)

Miss CBD
Miss CBD

Faire la lumière sur les idées fausses et partager ses connaissances au plus grand nombre en toute indépendance.Telle est la mission que s’est assignée Tiffany Ortiz alias Miss CBD. Son retour sur investissement: le bien être du plein grand nombre.

LE RECONVERTI
LIM
@lim92officiel (24 k followers)

LIM
LIM

Celui qui déplorait récemment que les morceaux ne soient plus engagés s’est bien engagé dans le business du CBD. Sur son site galacticacbd.com, le rappeur propose, en plus de ses albums, toute une gamme de produits CBD livrés en moins de 48h.

JANINE LES BONS TUYAUX
Marie-Janine
@mj_thefrenchcanaqueen (3752 followers)

Marie Janine
Marie Janine

On quitte le rap game pour rejoindre l’univers coloré, sexy et féminin de Marie Janine. Au programme, une marque de produits brandés à souhait qui allie bien-être et fun tout en distillant des contenus bourrés de trucs et astuces pour tous les curieux du CBD.

 

Rap & Weed : 50 ans d’amour

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Du blues au reggae, du rock à l’électro en passant par le jazz, le cannabis aura inspiré nombre d’artistes contemporains. De tous les styles qui ont marqué ces dernières décennies, le rap est sans nul doutes le genre le plus indissociable d’un usage enthousiaste de la belle plante. ZEWEED a demandé Olivier Cachin de nous rouler un quatre pages Web bien léchées sur le sujet. Bonne dégustation.

« Smoke weed every day » : Une des punchlines les plus connues et les plus appréciées des fumeurs est due à Nate Dogg, chanteur G-funk, sur le fameux titre de Dr. Dre & Snoop Dogg « The Next Episode ». Logique de la part d’un producteur/rappeur qui signa en 1992 The Chronic, un album révolutionnaire dont le visuel de couv’ et le thème majeur était cette herbe californienne devenue légendaire. Amusant quand on sait que sur le premier album de NWA, dont Dre fit partie avec Ice Cube et Eazy-E, le bon docteur rappait ceci dans le morceau « Respect Yourself » : « I don’t smoke weed or cess, cause it’s known to cause a brother brain damage, and brain damage on the mic don’t manage », soit en français « Je ne fume pas de beuh car on sait que ça cause des lésions cérébrales, et ça, quand on est au micro, ça ne le fait pas ».
Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis !

No smoking sur le Up in Smoke Tour de Dogg

Flash Forward : Juillet 2000, Worcester près de Boston, où la tournée Up In Smoke s’arrête pour deux soirs Dans les loges de Snoop Dogg, l’ambiance est électrique. Il y a là une quinzaine de personnes et un nuage de skunk flotte dans les airs. Lil’ Half Dead fait le DJ, Hittman joue sur une console Nintendo tandis que Kurupt, surexcité, mime des signes de gang au son du beat qui tourne à plein volume sur l’énorme sono. Nate Dogg, l’air absent et totalement défoncé, traverse la pièce en agitant une bouteille de Cognac. Snoop roule des joints qu’il fumera pendant le show. En face du couloir non-fumeur, la loge suinte la marijuana. C’est quand même le Up In Smoke Tour, même si le billet du concert indique « no smoking » juste en dessous de cet intitulé blunté. C’est l’Amérique qui veut ça.

« du tabac mélangé à ton herbe… Les Français sont dingues » Snoop Dogg

Snoop doit monter sur scène dans un peu plus d’une heure. Tandis qu’il finit de rouler ses blunts, il me fait savoir qu’il est prêt pour l’interview. Le magnéto est branché, dans la salle des milliers de fans hurlent déjà les noms de leurs idoles. Snoop aspire une énorme latte, penche la tête en arrière puis recrache la fumée sur le micro. « Let’s do it », lance-t-il. Dr. Dre intervient : « Hey Snoop tu sais ce que je vais faire ce soir ? Quand on joue “Gin & Juice”, je vais débarquer après le troisième couplet avec deux bouteilles de Tanqueray et des verres ! » Et là, Snoop, stick de skunk au bec, défoncé et ravi, prouve que la weed ne l’empêche pas d’avoir bonne mémoire. Il me dit : « Tu sais quoi ? T’es dans ma vidéo “Smoke Fest 96”, tu me posais tes questions à la con ! Mais c’était cool, t’avais du tabac mélangé à ton herbe…Les Français sont dingues, ah ah ! » Souvenir de ma première rencontre avec Snoop à Paris en 1993 pour la sortie de son album Doggystyle, quand il avait tiré sur un trois feuilles assaisonné au tabac (oui, c’est mal, mais on était jeune) et m’avait dévisagé comme un chef étoilé voyant un client ricain mettre du soda dans son verre de Château d’Yquem.

Une petite anecdote qui met en valeur deux artistes hip-hop parmi les plus fidèles défenseurs de la weed. Qui sont loin d’être seuls dans ce domaine, car la marijuana, popularisée dans la pop culture par les artistes reggae, est devenue un des thèmes fétiches de nombreux rappeurs. En tête Method Man (du Wu-Tang Clan) et Redman, deux New-Yorkais qui ont enregistré ensemble l’album Blackout ! sur lequel le morceau « How High » fut inspiré par un trip à Amsterdam. Method : « Arrivé à Amsterdam, j’ai foncé dans la zone rouge ! Quand je dis “Now I’m off to the Red Zone/ We don’t need your dirt weed/We got our fuckin’ own” (Je suis de sortie dans la zone rouge/ Garde ton herbe pourrie/ On a notre putain de stock, NDR), je parle d’Amsterdam ! Comme j’aime le vert, je suis fan de la Chronic ». Mais j’aime aussi le brun, alors n’oublions pas la Chocolate Thaï. C’est comme la côte ouest et la côte est qui se réunissent ! On appelle ce mix « E.T. » ! Extra-terrestre, ah ah ! »

La résilience de Redman

Redman, lui, est un fumeur invétéré, et il l’a prouvé dès son premier album solo en 1992 avec son fameux titre « How To Roll A Blunt », le blunt étant le style de joint préféré de l’époque, quand l’herbe était roulée dans le papier brun des « Phillies Blunts », des cigares bon marché vendus dans le ghetto. Lors d’une interview à New York dans les locaux du label Def Jam, cet échange inoubliable : On parle THC et je fais remarquer à Red, qui a déjà bien entamé sa journée de défonce hydroponique, que le haschich est une spécialité française quasi inconnue aux USA (on est dans les années 1990). Il me fixe avec un rictus goguenard, fouille dans sa poche et me tend un bout de shit premier choix. « Tu vois, nous aussi on connait ça, ah ah ! » L’apothéose vient quand je lui fais remarquer qu’il est difficile d’en consommer sans le mélanger à du tabac. Et là, Redman explose de rire : « Facile, je le mélange avec mon herbe ! » L’équivalent d’un cocktail absinthe/vodka, et une nouvelle preuve de la résilience de Redman face à la défonce du consommateur de weed.

L’herbe ne fascine pas que les rappeurs : Rihanna, grosse consommatrice, avait affirmé en 2015 au blog Marijuana Politics qu’elle allait se lancer dans la commercialisation de sa marque de weed, et la présenter en Jamaïque à la Cannabis Cup : « MaRihanna est vraiment la première marque de cannabis à grande échelle dans le monde et je suis fière d’être pionnière en la matière ». Joli nom mais vœu pieux, et en 2023, on attend toujours les sticks de MaRihanna.

Papier à rouler en or 24 carats

Wiz Khalifa est un autre activiste fumeur qui a créé sa propre variété de weed, la « Khalifa Kush ». Il n’est pas le seul : Kurupt, rappeur californien proche de Snoop, a sa « Moonrock » (grosse réputation, gros taux de THC), Master P a lancé sa ligne de produits cannabiques en 2016 tandis que The Game, (produit par Dre pour son premier album The Documentary) a sa marque, « Trees by Game ». Quant à 2 Chainz, il a choisi de fumer en mode luxe dans une vidéo YouTube, « 2 Chainz Gets High with $500k of Bongs and Dabs », où on le voit fumer dans du papier en or 24 carats et poser devant une table sur laquelle se trouve pour 500.000 dollars de produits cannabiques (C’est les USA hein, rien n’est too much chez l’oncle Sam). Sa dealeuse est Dr. Dina, surnommée « the real Nancy Botwin from Weeds », en référence au personnage principal du feuilleton Weeds.

 

Mais le plus grand fans du THC reste le groupe Cypress Hill, qui dès son premier album éponyme en 1991 rappait « Light Another », « Stoned Is The Way Of The Walk » et « Something For The Blunted ». En mars 1992, quelques mois avant la sortie de The Chronic de Dre, les trois membres de Cypress Hill B-Real (alias Dr. Greenthunb), Sen Dog et DJ Muggs posent en couverture du magazine cannabique High Times devant une pile de buds. Une posture pas si courante à l’époque, comme l’explique Muggs : « Plein de rappeurs n’en parlent pas mais ils fument tous, on le sait, on traine avec eux ». B-Real appuie son propos : « On l’a fait parce que personne d’autre ne le faisait ». Et illustre sa passion avec un tuto en six photos intitulé « How To Roll A Blunt ».

Recenser tous les raps vantant les mérites de la weed ? Impossible.

Depuis, la situation a changé, et de nombreux états américains autorisent le cannabis compassionnel et/ou médicalisé. Et The Chronic a ouvert les vannes, faisant de la marijuana un sujet de prédilection dans les textes du rap US. En 1995, ce sont les Luniz, un groupe venu d’Oakland, qui signent un tube cannabique avec « I Got 5 On It », dans lequel ils dédicacent Cypress Hill (« I’m the type that like to light another joint like Cypress Hill ») et rappent leur amour de l’Indo weed.

Et puis il faut rendre justice aux pionniers que furent EPMD : Ce duo new-yorkais, acronyme de « Erick & Parrish Making Dollars », a inclus sur son premier album le morceau « Jane », qui samplait le fameux classique hydroponique de Rick James « Mary Jane », une balade vantant sur une rythmique pneumatique les mérites multiples de sa petite amie Mary Jane. Si Rick James est clairement dans le double sens (« Elle me fait tourner la tête avec son amour/ Et elle m’emmène au paradis »), EPMD ne file pas la même métaphore, mais persistera avec le prénom « Jane » sur sept albums, avec « Jane 2 », « Jane 3 », jusqu’à « Jane 7 » 20 ans après le premier.

« Smoking ounces like it ain’t nothing »

Recenser tous les raps vantant les mérites de la weed ? Impossible, il faudrait un annuaire. On citera quand même quelques bornes importantes dans la saga du rap blunté, comme « Fried Day » de Bizzy Bone (du groupe Bone Thugs-N-Harmony) qui prône la légalisation (« Why don’t we legalize reefer leaves ? »), « Crumblin’ Erb » d’OutKast (« Smoking ounces like it ain’t nothing »), « Doobie Ashtray » de Devin The Dude (« Hey ! I found a bag of weed ! Smells pretty motherfuckin’ good ») ou encore « Pussy, Money, Weed » de Lil Wayne.

En 2010, sur son troisième album Man On The Moon II : The Legend Of Mr. Rager, Kid Cudi rappe « Marijuana », chanson dans laquelle il explique comment l’herbe l’a sauvé de l’alcoolisme. Et conclut avec un « Four Twenty » (4.20), le signe de ralliement des amateurs de beuh, en référence à l’heure idéale pour fumer son joint (4h20), le 20 avril devenant du coup le jour où de nombreux activistes se rassemblent afin de militer pour la légalisation de la weed.

“le hip-hop est passé de l’âge du crack à celui de la ganja”

Si la nouvelle génération se montre volontiers en train de fumer (Drake, Schoolboy Q, Action Bonzon, A$ap Rocky), c’est indéniablement The Chronic qui a été le détonateur de la génération rap & weed, comme l’a expliqué Chuck D en 2012 au magazine Rolling Stone : « Avec Public Enemy, on a fait des disques de l’ère du crack, quand tout le rap était chaud bouillant, hyperactif. Et puis Dre est arrivé avec “Nuthin’ But A G Thang” et son beat ralenti. D’un coup, le hip-hop est passé de l’âge du crack à celui de la ganja ».

Et derrière Dre, Snoop toujours, bien sûr, ultime parrain et avocat de la marijuana, qui a été jusqu’à changer de nom le temps d’un album pour devenir Snoop Lion à la suite d’un trip en Jamaïque en 2012 qui le vit embrasser la religion rastafariste. Sur ce disque étonnant au parfum de reggae intitulé Reincarnated, l’herbe est évidemment le thème de plusieurs chansons dont « Smoke The Weed » featuring Collie Buddz, mais le morceau-clé est « Lighters Up », hymne à la joie du spliff résumé en ces quelques rimes : « Get high with me, fly with me, ain’t no dividing us ».

Amen Snoop, « Smoke weed every day ».

 

Olivier Cachin
orlus@orlus.fr

Le Fantastic Mr Murray

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Incarnation sublime du décalé décalqué, toujours au centre de l’action mais toujours à côté de la plaque,  Bill Murray a imposé en quarante ans de carrière un délicieux profil d’agité débonnaire, élevant au rang d’art la notion de coolitude bien frappée. Portrait d’un acteur qui, de son arrestation pour trafique d’herbe à la fausse annonce de sa mort, est resté fidèle à sa devise : It doesn’t matter”.

Ganja Buster
Ce sera à l’aéroport Chicago O’Hare, flanqué de deux énormes valises en métal et de cinq kilos d’herbe que le facétieux Bill Murray rencontrera son premier public.
Le jeune homme s’apprête à rallier Denver pour y entamer des études de médecine. Les temps étant un peu durs et la consommation de ganja dans l’air du temps, Bill se dit que ce serait  un bon coup d’allier détente et revente de weed sur le campus de son université. C’est donc avec 10 livres de sinsemilla mexicaine que le comique  se présente à l’enregistrement en ce 21 septembre 1970. Précisément le jour de son 20e anniversaire.

Je transporte deux bombes“: pas un bonne idée de blague quand on essaie de faire passer 5 kilos d’herbe à l’aéroport

Est-ce un état un peu fébrile, les réminiscences des volutes consommées la veille ou un sens très pointu du comique de situation?
Toujours est-il que dans la file d’attente, lorsqu’un voyageur lui demande, dans un souci de conversation légère ce qu’il peut transporter dans de si lourdes valises,  Murray lui glisse, complice:  “deux bombes”.
La bouffonerie, définitivement très Bill Murray, ne fera pas rire le bouffonné qui ira avertir les autorités aéroportuaires. Le bouffon, lui, voyant la farce tourner court quitte presto la file d’attente pour se précipiter vers les consignes où il tentera frénétiquement et en vain, de faire rentrer ses deux malles dans un casier trop petit. Il est arrêté, les valises sont ouvertes, et l’aspirant interne se retrouve derrière les barreaux.  “Mais pas sans que j’ai eu le temps d’avaler le chèque d’un de mes clients” (de l’avantage des munchies?) “Ce type me doit aujourd’hui sa carrière et sa réputation” s’en amusera-t-il ensuite. N’ayant aucun antécédent judiciaire,  il n’écopera miraculeusement que de cinq ans de mise à l’épreuve. Ses études de médecine, elles, sont mortes. Bill Murray se retourne alors vers un vieil ami qui lui propose une collocation à New York: John Bellucci.

John Bellucci

De Hunter S. Thompson à Wes Anderson.

La rencontre avec le talentueux et stupéfiant John Belushi lui ouvre, à coup de grands hasards, les portes du petit écran. Sa première apparition en tant que comédien sera dans le  “Saturday Night Live “ (NBC), émission culte outre-Atlantique. Le succès est immédiat.  Le public ne se lassant pas des apparitions de ce clown  lunaire, désabusé, toujours à deux doigts du dérapage mezzo-controlé. Sa carrière est lancée.

Son premier succès au cinéma sera Caddyshack, en 1980 dans lequel il campe un employé de club de golf, tout à fait initié aux subtilités de l’herbe magique. Il y livre d’ailleurs une analyse de  vrai connaisseur « Il s’agit d’un hybride de bluegrass du Kentucky et  de sensemilia du nord de la Californie. Ce qui est étonnant, c’est que vous pouvez jouer 36 trous en fumant tout l’après-midi, puis, en rentrant à la maison le soir, vous défoncer encore plus, du genre au-dessus et en dessous de la ceinture”.C’est noté, Bill.

Fidèle à ses convictions comme à ses mentors et finalement peu versé dans les rôles de composition, Murray incarnera en 81 ( bien avant Johnny Depp) un Hunter S. Thompson aussi barré que nature dans “Where The Buffalo Roam”. Dans le très bon “Broken Flowers” de  Jim Jarmush en 2005, lors d’une scène où il partage un gros joint avec son voisin,  on l’entend deviser entre deux tafs et dans une voix en apnée   “Ça… ça oui, c’est juste de la très bonne Sativa”. Ce laconisme cash, son trademark.

“Stoner of the year” en 2005

Dans La Vie Aquatique de Wes Anderson en 2005, il campe un ersatz de commandant Cousteau ne cachant pas son amour immodéré pour la weed. (amour immortalisé dans  la mythique scène du joint partagé avec Owen Wilson, son fils, sur un fond de “Life on Mars “de Bowie).
Autant de choix de rôles de smoker de ganja sympa et easy-going qui lui vaudront  le très convoité titre  de… “Stoner of the year 2005” lors des  Stony Award organisés par le hautement respecté High Times magazine. (Le précédent lauréat était Snoop, le suivant sera Seth Rogen… La barre du bong était haut placée).

Puis Zombieland en 2009 : Il y jouera son propre rôle avec un tantinet de fiction (il se retrouve reclus dans sa maison de Beverly Hills à la suite d’une invasion de zombies). Un caméo d’un quart d’heure tournant autour d’un magistral bong-chicha de skunk partagé avec Woody Harrelson et Emma Stone, et les jeux de stoner goofy découlant de ladite inhalation cannabique. En l’occurrence une tentative de remake assez fumeuse d’une scène de Ghostbuster.

” Vie et leçons d’un homme mythique”

C’est en 2018 que  l’art imitera la nature (de Bill Murray) avec l’improbable documentaire de Tommy Avalone “The Bill Murray Stories : Life and lessons learned from a mythical man.”

Le pitch: depuis quelques années trainent de nombreuses légendes urbaines au sujet de Bill Murray.
L’acteur-performer se serait par exemple pointé à l’improviste dans une fête d’une cinquantaine d’étudiants à Austin qu’il ne connaissait absolument pas. Pour y faire un peu la bringue tout d’abord, puis pour jouer avec le groupe local après avoir fait le roadie en portant amplis et drum-kits. Puis, plus tard dans la nuit pour convaincre la police venue pour tapage, de les laisser faire. Avec succès. Les trois policiers dépêchés sur place esquisseront même quelques pas de danse… le double effet Murray.

Bill Murray, le happening permanent

Dans la même ville, il aurait été spotté dans un pub où il n’avait jamais mis les pieds, et aurait fini par faire le barman. Pour donner un coup de main au vrai barman . Le (vrai) barman lui  aurait annoncé qu’il devait  s’éclipser pour s’occuper de son chien malade. Et qu’il fallait donc qu’il ferme le pub un moment. Bill, pas de chien, aurait pris la relève derrière le zinc avec le sourire.

On l’aurait aussi vu s’incruster dans la cabine déjà réservée d’un karaoké à Charlottesville (oui, un peu comme dans Lost in Translation) pour le plus grand bonheur des quatre chanteurs en herbe présents.
Dans l’état de New York, on  l’aurait aussi vu débarquer dans la maison d’un couple qu’il connait à peine, mais dont il avait appris que c’était l’anniversaire de mariage. Pour les aider à préparer le diner, le partager avec eux puis faire la vaisselle à la fin.
Évidemment, tout est absolument vrai, démontrera Avalone dans le documentaire.

La Vie Cannabique

Au sujet du cannabis (et de sa légalisation, pour laquelle il milite activement), l’acteur estime “(qu’il) trouve tout  de même très ironique que la chose la plus dangereuse au sujet de la weed, soit de se faire arrêter en  sa possession”.

Plus direct et politique, il a affirmé que “la marijuana est la cause d’une grande partie des incarcérations, pour le seul crime d’auto-médication. Et cela coûte des millions et milliards de dollars d’emprisonner des personnes pour ce crime contre elles-mêmes. Les gens réalisent que cette guerre contre la drogue est un échec (…) ne créant qu’une armée de personnes (de l’administration pénitentiaire NDLR)  et d’incarcérés.”

Ou plus récemment “le fait que les états passent des lois en faveur de l’herbe prouve bien que le danger supposé du cannabis a été nettement surévalué. Les psychologues recommandent de fumer plutôt que de boire si on a besoin de se détendre” “Personnellement, je joue la carte de la sécurité. Je fais les deux. Je ne plaisante pas avec ça: c’est une question de rigueur”.
Amen.

 

Rihanna, la belle et la verte

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Rihanna est une icône du R&B, une actrice reconnue et une chef d’entreprise dont les actifs sont valorisés à près de 2 milliards de dollars. Si vous avez déjà entendu quelques-un de ses succès, c’est de la face cachée de la beauté des Barbade dont ZEWEED vous parle aujourd’hui, celle d’une militante qui n’a jamais renié son amour indéfectible pour une autre sublime plante: la ganja. Portrait.

On ne saurait mieux résumer la relation passionnelle que Rihanna entretient avec le cannabis qu’en évoquant un de ses derniers posts Instagram, dans lequel elle affirme que “Si tu n’es pas heureuse seule, tu ne le seras pas non plus en couple. Le bonheur vient de l’herbe,  pas des relations”. Son petit ami, le rappeur A$AP Rocky aura d’ailleurs avoué que même si elle était l’amour de sa vie, lui s’était résigné à passer après son premier béguin: la weed. “C’est vrai qu’elle aime son herbe” commentera un A$AP Rocky résolu à jouer le second.

Cette passion pour l’herbe qui fait rire est loin d’être une lubie du moment pour cette globe-trotteuse issue de la Barbade, petit paradis tropical niché dans les Caraïbes, à la population d’à peine 300 000 habitants et dans lequel se mélangent influences anglaises, américaines et indiennes.
Ce pays, Rihanna le représente fièrement comme elle en est l’ambassadrice, et ce  malgré de nombreux déboires avec la justice liés au statut illégal de la marijuana dans l’archipel.

En 2010 elle avait même été congédiée d’un hôtel local pour avoir fumé un doobie dans le lobby. Rebelote en 2012 lorsque son bus de tournée avait été immobilisé au Canada après la  saisie d’une grande quantité de cannabis. Un amour pour l’herbe encore assumé puisque la même année elle s’affichera en train de rouler des joints grands luxes sur la pochette de son album “Diamonds”. En réaction, elle déclarera: « Je poste des photos de moi en train de fumer de l’herbe sur Instagram. Je le fais pour dire la vérité à propos de moi. J’ai déjà tellement à penser, pourquoi me fatiguer en étant malhonnête ? »

Activisme et proactivisme

Loin d’être abrutie par sa consommation quotidienne, “Riri” comme l’appellent ses amis, a joué dans le film Ocean’s 8 (c’est d’ailleurs sur sa suggestion que son personnage de hackeuse fume des cigarettes “améliorées”), a monté un empire (la marque de cosmétiques destinée à toutes les teintes de peau Fenty) et mis en place de nombreuses opérations humanitaires pour l’éducation des enfants et la lutte contre le cancer, cause pour laquelle elle parviendra à réunir 100 millions de dollars.

Elle nommera sa fondation et l’aile d’un hôpital dédiée à l’oncologie en mémoire de sa grand-mère décédée en 2012 d’un cancer: Clara Braithwaite.
Si depuis 2016 la Barbade envisage de légaliser le Cannabis (pour des raisons médicales en premier lieu, puis à des fins récréatives, à l’instar du modèle américain ou canadien) c’est aussi grâce à l’influence considérable qu’elle exerce sur ce pays qu’elle a tant aidé.

Un engagement qui a été reconnu à sa juste valeur puisqu’en 2017 elle sera élue personnalité humanitaire de l’année par la prestigieuse université Harvard, haut lieu d’éducation qui a publié de nombreuses études en faveur de l’usage médical de la plante.
Elle a d’ailleurs récemment investi dans la société de Jay-Z dédiée au Cannabusiness, dont 2% des revenus sont reversés chaque année à un fond d’équité sociale en faveur des minorité.
Alors qu’elle aborde une troisième décennie “tout feu tout femme”, il y a fort à parier que la stupéfiante Rihanna n’a pas fini de délicieusement nous surprendre.

Bruce Lee et la Weed.

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Bruce Lee est sans doutes  l’un des acteurs les plus importants de sa génération, considéré comme le parrain des MMA (Mixed Martial Arts) et fondateur du Jeet Kune Do : cette pratique mêlant philosophie et arts martiaux. Mais saviez-vous que le grand Lee était un grand kiffeur de weed?
Petit portrait du dragon fumant.

Bruce Lee est un pionnier du MMA, mais aussi de la consommation de weed en tant qu’athlète de haut niveau, et ce des années avant l’engouement des sportif et fighters pour le cannabis  (en tant que solution naturelle pour soulager les douleurs post compétition et entraînement), Aujourd’hui, les autorités sportives commencent juste à accepter les bénéfices du CBD et du THC pour la récupération des sportifs, alors que le dragon en devenir s’adonnait depuis longtemps à des smoke-session thérapeutiques.

Justice lui est rendu puisque l’UFC, la plus grande fédération mondiale de MMA, autorise depuis 2018 l’usage du CBD, et depuis 2019 celle du THC dans certaines compétitions. Les fleurs de la belle plante étant jusque lors considérées comme “dopantes”.

Le cannabis a aussi fait de Bruce Lee un survivant: En 1970, après une grave blessure au dos, il se retrouve pour 6 mois à l’hôpital.  Tous les docteurs prédisent qu’il ne pratiquera plus jamais le Kung-Fu. Mais c’est sans compter sa grande volonté et sa consommation de Cannabis que le maître du Kung Fu arrive à se remettre devant les caméras. C’est d’ailleurs à la suite de cet accident qu’il fera ses trois plus gros blockbusters à Hong Kong puis “Enter the Dragon” son chef d’oeuvre dont il ne verra jamais l’avant-première.

Le dragon fumant

Bruce Lee aimait la weed autant qu’il méprisait l’alcool. Il découvrira le cannabis dans les années 60 grâce à Steve McQueen à qui il donne des cours de Kung fu et de Jeet Kune Do.
Bob Wall, un acteur qui jouait à ses côtés dans “Enter the Dragon” raconte que Bruce consommait au minimum deux brownies au Cannabis par jour pour “repasser à la normale” et évacuer le stress de la journée. Étant l’acteur principal et le  producteur du film, il insistait même pour que TOUS ses invités soient fournis avec leur propre joint.

Sa consommation de Cannabis explique pourquoi Hong Kong, sa ville d’origine, n’a jamais nommé de rues ou de bâtiment avec son nom. Ici, le cannabis est illégal depuis 1969. C’est un des points sur lesquels la loi hongkongaise (qui est un territoire autonome appartenant à la Chine depuis la rétrocession par l’Angleterre en 1997) est particulièrement plus dure que la loi chinoise. La loi sur place prévoit encore des peines de prison systématiques pour possession de Cannabis, qui est considérée comme une drogue de catégorie 1, au même titre que l’héroïne et le crack. Il est  donc très facilement possible d’écoper d’une peine de prison même pour des quantités misérables. En 2015 un jeune a obtenu 2 mois de prison pour avoir vendu 0,24 gramme de Cannabis. En Chine, la peine moyenne est aux alentours de 10 à 15 jours de prison pour possession et consommation de Cannabis.

Il existe malgré tout un bel hommage de l’acteur : une statue en bronze commandée par un fan. Cachée dans le jardin des stars, dans le quartier Tsim Sha Tsui, elle représente Bruce dans sa pose “Prêt à l’attaque” dans son iconique film “Fist of Fury” sorti en 1972. “Il fallait honorer sa mémoire” raconte le président de son Fan Club.

 

 

 

 

Tommy Chong: l’interview weed & wisdom

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A 84 ans, Tommy Chong est sans nul doute le plus célèbre des activistes de l’herbe. De ses débuts en tant que musicien dans un strip-club au statut de star du box-office en passant par la case prison avant un come-back salué, le parcours du plus fumé des canadiens force le respect. Après un demi siècle de militantisme, Tommy Chong peut enfin rouler un doobie en paix : en Californie, où il réside, son combat pour la légalisation du cannabis est gagné. Zeweed l’a rencontré pour discuter spiritualité, religion, santé et ganja.

Quand on décroche une interview avec Tommy Chong, on s’attend à parler de beaucoup de choses, mais pas forcément de Dieu et de l’existence éternelle.
Tout commencé avec une question simple portant sur sa bataille contre les deux cancers qui l’ont atteint et des effets bénéfiques du cannabis sur sa santé.

Cheech et Chong, ancêtres made in USA des frères pétard

« J’ai ma propre théorie sur l’herbe. Soit l’observation d’un profane, oui, mais aussi celle d’un connaisseur» me glisse Tommy de façon complice.
« Notre système immunitaire est la clé de toute guérison. Et notre système immunitaire ne peut pas fonctionner correctement quand il est en alerte constante. C’est pourquoi le repos est si important et pourquoi , quand nous sommes malade, l’approche de la médecine conventionnelle consiste à nous isoler sur un lit d’hôpital, loin de tous stress ou distractions négatives.

“L’herbe m’a permis de vaincre mon cancer”

Ce que Tommy appelle « l’observation d’un profane » est en fait un postulat médical avéré.
Lorsque nous sommes stressés, notre corps devient plus sensible aux infections et aux maladies. C’est parce que l’hormone du stress -le cortisol- déclenche en nous une réaction ancestrale de lutte ou de fuite, et diminue par incidence le nombre de lymphocytes (ou globules blancs NDLR) dans notre sang. En conséquence, notre corps devient moins efficace pour lutter contre les agressions extérieures.
Ce que fait le cannabis, c’est de vous placer dans un état de repos. Dès lors, votre système immunitaire, qui n’est pas solicité pour lutter contre des agressions exogènes, peut se concentrer sur le corps et assurer son fonctionnement harmonieux. » poursuit Tommy.
Mais la vraie guérison n’est pas physique : le remède ultime est le remède spirituel. Je suis persuadé que l’herbe m’a permis de vaincre mon cancer“.

“Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire”

Pour Tommy Chong, le remède spirituel réside dans une connexion profonde et personnelle avec Dieu.
Je sais que Dieu m’aime. Et quand les gens me demandent comment je le sais, je leur dis « avez-vous vu ma femme ?” s’amuse  l’humoriste (marié à la sublime Shelby Chong) en accompagnant sa blague d’un rire aussi profond que guttural.
“Quand vous avez ce lien étroit avec Dieu, vous pouvez tout conquérir», me dit-il alors qu’il a repris un ton sérieux. “Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire“.

Tommy s’arrête un instant, repensant à son enfance sans le sous et cette petite bicoque au fin de l’Alberta, au Canada, dans laquelle il a passé son enfance et adolescence.
« C’était la maison la moins chère, la seule que mon père pouvait nous offrir. Il l’a acheté sur un coup de chance pour quelque chose comme 500 dollars. »

Tommy Chong: toujours bien équipé pour arriver au 7ème ciel

Aujourd’hui, Tommy prend mon appel depuis son domicile niché sur les hauteurs de Pacific Palisades, un des plus beaux quartiers ne à Los Angeles, entre Malibu et Santa-Monica.
Il y a quelques jours, la maison d’un de ses voisins a été vendu pour 50 millions de dollars. « Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout. Ma femme et ma famille s’occupent de tout cela. Moi, je suis juste assis ici et je reste en contact avec Dieu » s’amuse Chong en souriant paisiblement.

“Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout”

Pour lui, se connecter avec Dieu, ou son « higher power » (sic) comme il l’appelle parfois, est une pratique simple : «Nous sommes tous de Dieu. Toi, moi, le monde entier. Tout le monde. Les bons, les mauvais, chaque créature vivant sur terre. Nous sommes tous des êtres éternels, que vous vouliez le croire ou non».
L’autre moitié du célèbre duo Cheech et Chong se souvient avoir lu récemment un journal que chaque goutte d’eau qui était sur terre au commencement est toujours là aujourd’hui, sous une forme ou une autre.

“Nous sommes constituées à 90% d’eau”. Chez Tommy Chong, les 10% restant sont d’origine végétale.

En tant qu’humains, nous sommes constitués à 90 % d’eau. Il est donc scientifiquement prouvé que 90% de nos particules ont toujours été ici, sous une forme ou une autre. Alors pourquoi pas les 10 % restants ?  Nous sommes des êtres éternels. Rien ne disparaît. Nous réapparaissons simplement sous une autre forme. C’est aussi un karma physique“.
En tant qu’êtres éternels, Tommy croit que nous existons dans deux mondes : un qui est physique et un qui est spirituel.
Dans le monde physique, il y a un conflit constant. Il y a des contraires. Dans le monde physique, vous ne pouvez pas avoir de haut sans bas, vous ne pouvez pas avoir de justes sans injustes, vous ne pouvez pas avoir Joe Biden sans Donald Trump“.

Et tout comme il y a la possibilité de faire le bien, ou de « rester sur la bonne voie » comme le dit Tommy, il y a aussi la possibilité de faire le mal.
Dans l’histoire de notre existence, nous avons vu à quel point la vie peut être brutale » se souvient-il en évoquant son incarcération.  “Mais seulement jusqu’à un certain point, puis vous partez, vous entrez dans le monde spirituel. Et dans le monde spirituel, il n’y a rien d’autre que l’amour“.

“Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Sinon, on est mal barrés.”

Notre passage dans ce monde physique est selon Tommy une opportunité de grandir, de s’élever. Il compare cela à l’école ; profitez-en pour faire le bien et vous vous élèverez. Choisissez le contraire, et vous régresserez.

En tant qu’êtres humains, nous avons un devoir : celui de s’entre-entraider. Parce que nous venons tous de quelque chose, d’une trame universelle. Non, nous n’apparaissons pas par magie, même si l’Église catholique voudrait nous faire croire qu’il existe une conception immaculée !“. Tommy laisse échapper un grand rire chaleureux.
« Lorsque vous entrez dans le monde physique, vous devez être physique, et c’est ce que nous faisons. Et il doit y avoir des contraires, donc il y aura toujours des opposants et des opposants. Et si vous regardez les pourcentages, ils sont quasiment égaux. Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Tout du moins est-ce ma façon de voir les choses. Sinon…on est mal barrés“.

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