Weed VIP - Page 3

Cannabis légal: un juteux marché sous influence

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De Dubaï à St Tropez, de Louis Vuitton à Chanel, d’Instagram à Tik-Tok, les influenceurs se sont fait en quelques années une belle place au Soleil sur la  plage de la promo pas chère. Le cannabis récréatif et le CBD ne sont pas en reste, avec quelques têtes d’affiche dont le fulgurant succès augure de riches heures pour ce segment encore bien vert en France. Followez le guide, ZEWEED a mené l’enquête.

Le marché mondial du cannabis légal est en pleine croissance. L’inflexion réglementaire engagée depuis plus d’une décennie en Amérique du Nord a fait fleurir une industrie prospère. Selon certaines prévisions, le taux de croissance annuel du chiffre d’affaire du cannabis récréatif pourrait approcher les 20%, soit 149 milliards de dollars en 2031.
Concernant le CBD, les taux de croissance sont similaires. D’ici la fin de la décennie, la molécule bien-être générerait près de 22 milliards de dollars de revenus. Après des années de tergiversations réglementaires, le marché français a enfin décollé et devrait dépasser le milliard d’euros en 2025.

Les réseaux sociaux, seul espace promotionnel d’un marché interdit de publicité par Google

Les propriétés du chanvre ouvrent un spectre d’applications dans des domaines très variés, une manne qui crée une féroce concurrence. En 2020, les États-Unis comptaient déjà plus de 3000 marques différentes. Dans cette lutte sans merci, une stratégie marketing digne de ce nom est décisive. Tous les métiers de l’influence se sont donc soudainement mobilisés pour permettre aux plus avisés de tirer leur épingle du jeu. Estimé en 2022 à 16,4 milliards de dollars, le marché du marketing d’influence est vingt fois plus important qu’en 2015. L’étude annuelle Reech, dédiée aux relations entre les marques et les influenceurs, révèle que 63% des 18-24 ans indiquent suivre des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux.

Quand la notoriété profite aux marques

Inévitablement, la démocratisation d’un produit passe par son côté « sexy » et le prestige des cercles qui en font usage, rarement par désintérêt financier. Nombre de célébrités ont très tôt perçu les opportunités économiques de la plante verte. À l’image du précurseur en la matière, Snoop Dogg (80 millions de followers sur Instagram), qui après d’importants investissements dans des jeunes pousses a lancé sa propre marque Leafs by Snoop en 2015. L’acteur Seth Rogen, lui aussi fumeur invétéré et son compte Twitter aux 10 millions d’abonnés ne manquaient jamais l’occasion de leur distiller un petit conseil conso. Pas plus qu’il n’a manqué l’occasion de créer son herboristerie perso, Houseplant.

On pourrait encore citer Gwyneth Paltrow (8 millions de followers Instagram), à la tête de sa société de lifestyle Goop, qui s’est-elle aussi lancée dans l’aventure en 2020 avec sa marque Cossmoss.  D’autres, à l’instar de l’actrice Jennifer Aniston et ses confrères Michael J. Fox et Morgan Freeman se sont cantonné à de simples recommandations distillées sur les réseaux sociaux. Et si contrairement à The Parent Company, toutes les marques du secteur ne peuvent pas s’offrir le luxe d’un « Chief visionnary officer » du nom de Jay-Z, chacune d’elle aura la possibilité de trouver un influenceur à son budget. Dans la conquête de ce nouveau monde, il ne suffit pas d’être bien entouré, il faut surtout être bien suivi…

Un marketing d’influence encore embryonnaire en France

La France commence elle aussi à voir ses figures de proue du show-business investir le marché du CBD. Le rappeur Koba LaD et ses 2,9 millions de followers a par exemple lancé sa propre gamme de produits, Koba Kush, en partenariats avec High Society. Mais contrairement aux États-Unis, où les influenceurs centrés uniquement sur le cannabis sont nombreux, la France n’en dénombre que très peu.
C’est que nous confirme Miss CBD, qui comptabilise sur son compte Tik Tok plus de 11 K followers. “En France il y en a qui arrivent à faire des vidéos, mais ce ne sont pas des comptes qui parlent uniquement de CBD … Ou alors ceux qui tendent à le faire sont ceux qui ont leur propre shop. Et, malheureusement, très vite, ça devient redondant et purement commercial”, soupire celle pour qui le caractère éducatif et indépendant de ses vidéos semble cardinal.

L’épée de Damoclès du compte banni

“D’ailleurs, devenir influenceur de CBD ne semble pas si simple que ça : j’ai eu pas mal de difficultés parce que je me suis vite rendu compte que sur Tik Tok on ne pouvait pas montrer de fleurs ni de résines. Seuls les cosmétiques ou les huiles n’étaient pas signalées”. L’influenceuse n’en est pas à sa première vidéo supprimée ni même à son premier compte banni.
Son compte Tik Tok est le cinquième du genre. Ce qui l’oblige à chaque fois de tout recommencer pour reconstituer sa communauté. Une véritable épreuve pour celle qui se dévoue à ce projet, en plus de son travail dans un CBD shop, sans compter ses heures : mon compagnon se plaint souvent du fait que mon boulot prend trop de place dans nos vies.

Des influenceurs très courtisés

Quoi qu’il en soit, pour cette énième tentative, la dimension éducative de ses contenus semble jusqu’ici contenter les obscures règles du réseau social. Tiffany Ortiz, de son vrai nom, souligne d’ailleurs ce paradoxe?. ” Je vois et j’entends énormément de trucs faux, que ce soit sur les réseaux ou pire, dans les CBD shops. Tout ce que j’essaie de faire c’est de partager des connaissances fiables pour que cette plante formidable puisse être comprise et utilisée dans le plus sécurisé et sécurisant des cadres”. La clé de la réussite ? Lorsqu’on lui demande si elle est sollicitée par des marques, c’est un rire empreint de victoire que l’on entend à l’autre bout de la ligne.
Oh oui ! c’est dingue. Toutes les semaines j’ai environ deux ou trois demandes de partenariat“. Avant d’ajouter qu’elle tient à son indépendance et à sa crédibilité. On la croit sur parole. D’autres, outre atlantique, ont depuis longtemps succomber aux sirènes du marketing d’influence. Qu’ils soient suivis pour leurs compétences, leur crédibilité, leurs connaissances, leur lifestyle ou leur humour ou leur plastique, ils sont pour notre influenceuse hexagonale une source d’inspiration sans limites.

Petit panorama des influenceurs Français

LE CHANSONNIER
Koba LaD
@koba_lad (2.9 M followers)

Koba-LaD
Koba-LaD

En 2020, à l’occasion de la sortie de son album Détail, Koba faisait accompagner sa pochette d’un pochon. Ainsi ses fans étaient en mesure de goûter le CBD utilisé pour les produits qu’il venait de lancer. Depuis sa sortie de prison en mars dernier le MC affirme ne plus boire d’alcool et ne plus fumer que du CBD. L’interprète de “Coffre Plein” est désormais en mesure de fournir une ribambelle de clients.

L’ÉDUCATRICE
Miss CBD
@misscbd (10.8 k followers)

Miss CBD
Miss CBD

Faire la lumière sur les idées fausses et partager ses connaissances au plus grand nombre en toute indépendance.Telle est la mission que s’est assignée Tiffany Ortiz alias Miss CBD. Son retour sur investissement: le bien être du plein grand nombre.

LE RECONVERTI
LIM
@lim92officiel (24 k followers)

LIM
LIM

Celui qui déplorait récemment que les morceaux ne soient plus engagés s’est bien engagé dans le business du CBD. Sur son site galacticacbd.com, le rappeur propose, en plus de ses albums, toute une gamme de produits CBD livrés en moins de 48h.

JANINE LES BONS TUYAUX
Marie-Janine
@mj_thefrenchcanaqueen (3752 followers)

Marie Janine
Marie Janine

On quitte le rap game pour rejoindre l’univers coloré, sexy et féminin de Marie Janine. Au programme, une marque de produits brandés à souhait qui allie bien-être et fun tout en distillant des contenus bourrés de trucs et astuces pour tous les curieux du CBD.

 

Envoyez-vous (vraiment) en l’air dans un avion en cannabis!

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Plus résistant que l’acier et moins polluant que la fibre de verre, le chanvre sert à tout. Même à construire des avions. Illustration.

Derek Kesek est un homme comblé. En vendant en ligne des produits dérivés du cannabis (distillat, chocolat, friandise, graines), il a fait fortune grâce à sa plante préféré. Une plante qui lui apporte aussi des joies nouvelles. Car, il n’y a pas que le THC dans la weed. Il y a aussi de l’herbe. Ou plus exactement des fibres aux performances inégalables.

Voler dans du chanvre pour planer bien haut, c’est la folle idée du Canadien Derek Kesek.

Une fibre multi-usages

Des siècles durant, on les a tissées pour fabriquer des textiles, de l’isolant ou les cordages de la marine. Elles pourraient aujourd’hui remplacer des matières synthétiques dont la production est, au choix, polluante ou énergivore.
Basée au Canada, la société de Derek Kesek, Hempearth propose déjà d’imposants objets réalisés en fibres de chanvre : planche de surf (comptez 800 $) ou de paddle (2200 $). On peut faire beaucoup mieux, a estimé l’entrepreneur. Et pourquoi pas un avion ?

Après tout, à diamètre égal, la fibre de chanvre est réputée bien plus résistante que l’acier. Top là ! Hempearth a conclu un partenariat avec Velocity, un constructeur d’avions de tourisme en kit.

Aviation, chanvre, avion, cannabis,
Derek et son avion en Herbe

Moteur à l’huile

En finançant leurs recherches grâce à deux cagnottes en ligne, Derek Kesek et Velocity ont réussi à produire un prototype de bimoteur dont la fibre de verre a été remplacée par de la fibre de chanvre. Long de 8 mètres pour une envergure de 11 mètres, l’aéroplane peut transporter 4 personnes à plus de 1 500 km. Autre originalité, le moteur monté sur l’engin est conçu pour carburer à l’huile de … cannabis. Produite par Hempearth, bien sûr. Histoire que l’expérience soit totalement planante.

Le vol inaugural doit en principe se dérouler dans les prochaines semaines. L’avion en herbe devrait décoller de Kitty Hawk (Caroline du nord). Précisément du terrain d’où les frères Wright firent décoller le premier engin plus lourd que l’air de l’histoire. C’était en 1903.

Snoop Dogg couvrira les JO de Paris pour NBC.

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Le rappeur-acteur-producteur et businessman s’essaiera pour la seconde fois au métier de commentateur durant les Jeux olympiques, qui se tiendront cette année à Paris du 26 juillet au 11 août. Il sera à l’antenne pour le compte de la chaîne NBC, qui a acquis aux Etats-Unis les droits de diffusion du plus grand évènement sportif au monde.

On ignore encore quelles épreuves commentera le Dogg, même si dans une vidéo promotionnelle partagée sur son compte X (ex Twitter), il donnait quelques indications sur les disciplines visées après avoir interviewé cinq compétiteurs américains, (le skateur Jagger Eaton, la gymnaste Suni Lee, la basketteuse A’ja Wilson,  le duo de beach-volleyeuses Kelly Chang et Sarah Hughes) avec humour sur des photos d’eux prise en pleine action (sportive).

«La superstar sera sur place, à Paris, pour fournir des reportages pour la quotidienne ‘‘Olympic Primetime Show’’  a précisé NBC dans un communiqué. “Il explorera les lieux emblématiques de la ville, se rendra à des compétitions, et rendra visite aux athlètes, à leur famille ainsi qu’à leurs amis.» 

Le rappeur avait déjà été invité aux JO de Tokyo en 2021, lors desquels il avait commenté en compagnie de l’acteur Kevin Hart certaines compétitions avec séquences devenues cultes.

« J’ai grandi en regardant les JO et je suis très enthousiaste à la perspective de pouvoir suivre tous ces incroyables athlètes à leur meilleur niveau à Paris, a précisé l’artiste américain le jour de l’annonce faite par NBC. “La compétition sera extraordinaire, et bien sûr, j’amènerai la touche “Snoop” à tout cela. Ce seront des Jeux Olympiques épiques.” a conclu le trublion californien, qui promet d’offrir aux téléspectateurs d’une des grandes chaînes nationale américaine de grands moments de détente.

Tony Greenhands: l’homme aux joints qui valent 10.000 dollars

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Tony Greenhand, c’est l’américain qui a élevé au rang d’art le roulage de joint. Avec près de 400 000 abonnés sur Instagram et sa propre émission de télévision, le dude aux doigts d’or est devenu une véritable icon de la weed bien emballée.

Le premier pétard que j’ai roulé était une catastrophe. Une honte. Un truc tout mou et baveux. Du coup j’ai acheté une once d’herbe (28 grammes) et j’ai roulé pendant tout un week-end jusqu’à ce que je prenne le pli“.
C’était il y a plus de 15 ans.
Aujourd’hui, Tony Greenhand roule les joints les plus complexes et improbables du globe.
Ses œuvres peuvent prendre la forme d’un collier de rappeur  24 carats fumable ou d’un samouraï de 60 grammes; il n’est guère d’exercice impossible pour l’homme aux doigts qui collent où il faut.

Joint géant avec ventilateur incorporé

«J’ai essayé une fois de rouler un joint en forme de Statue de la Liberté qui contenait 20 kilos de weed», se souvient-il. «Ie machin mesurait 3 mètres de haut et reposait sur un cadre en métal fait pour l’occasion. J’avais ajouté un ventilateur à la base.» Malheureusement, Tony ne s’est jamais rendu au festival pour lequel il avait construit le méga-joint et a fini par le démonter. Et a fait de l’huile avec la weed de la Liberté.
«Impossible de trouver ensuite un autre endroit ou fête où allumer mon joint aux 20 kilos de weed. Les gens me disaient que j’allais foutre le feu ou qu’une taf suffirait à tuer quelqu’un » . Il se marre.
Il y a quelque chose dans le grand rire chaleureux de Tony qui vous mets tout de suite à l’aise.
Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés, j’avais l’impression d’avoir une conversation avec l’un de mes vieux potes fumeurs du lycée.

20 kilos de weed

En 2016, Tony a créé son célèbre joint-pastèque de plus de 2 kilos, qui a remporté le record du monde du plus gros Doobie.
Je ne me souviens plus du reste de  cette année à cause de ça,” Tony se marre de nouveau.
«Nous avons fait griller des marshmallow dessus , ce qui est à ce jour mon meilleur souvenir de fêtes fumantes»

Je ne me souviens plus du reste de  cette année à cause de ça,” Tony se marre de nouveau.
«Nous avons fait griller des marshmallow dessus , ce qui est à ce jour mon meilleur souvenir de fêtes fumantes»

Mike Tyson, T-Rex et AK-47

Certaines de ses autres pièces les plus connues incluent un Mike Tyson, un Kraken et un AK47. L’une de ses dernières créations est un Bulbasaur qui, avec ses fouets fleuris et sa béquille en bois dissimulable, ressemble plus à une figurine de collection prisée qu’à un joint.
Nous ne sommes pas pour autant que dans l’esthétisme : derrière chaque création de Tony se cache un processus de conception spécial qui vise à maximiser l’apport d’air pour créer un flux de fumée fluide.

Le T-Rex de Tony Greenhand

Modeste ou réaliste : Tony me confesse que ses joints ne brûlent pas toujours aussi uniformément qu’il le voudrait.
«Quand vous roulez quelque chose d’aussi complexe, il y a fatalement des erreurs. Notamment à cause de la façon dont la chaleur se déplace, de la façon dont les gens prennent le joint et tirent dessus».
«Et les amateurs veulent généralement se mettre la tête à l’envers avec un pétard de ce type. Alors ils pompent dessus à la Snoop Dogg, ce qui est un peu con… D’autres restent scotchés et partagent pas, ils le tiennent comme si c’était leur tétine alors que ça devrait tourner avec délicatesse » analyse le rouleur le plus connu du monde.

Breeder et producteur

La vie de Tony ne se résume pas pour autant qu’à rouler des pétards : il a joué dans des films et à la télévision, a sa propre société de  production de graines de cannabis et cultive sa propre weed depuis plus de 10 ans, en Washington et en Oregon.Avec sa petite amie Courtney (qu’il a rencontrée dans le cadre d’un concours Instagram en donnant l’un de ses joints personnalisés), Tony est la preuve vivante que le cliché du stoner est sommes toutes relatif.

Tony et sa femme, (dans la main de Tony, son autre amour).

Rouleur dans un film de Gus Van Sant

En 2017, il a été choisi pour tourner dans le film “Don’t worry he won’t get far on foot “de Gus Van Sant.
Sans formation d’acteur, Tony s’est soudainement retrouvé à partager l’écran avec Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Rooney Mara, Kim Gordon et Jack Black.
«J’ai vécu cette expérience comme lorsque je roule mes joints : je n’y ai tout simplement pas trop réfléchi».
«Je ne concevais pas les autres  acteurs comme des célébrités, je pensais juste à qui ils étaient dans le film. J’étais donc un connard sur le plateau avec Jonah Hill tout simplement parce que mon personnage ne l’aimait pas ».
Deux ans après le tournage pour Gus Van Sant, Tony a reçu une offre pour animer une émission de télévision diffusée sur Quibi intitulée « Let’s Roll with Tony Greenhand » , dans laquelle il roule pour des weed-aficionados comme Hannibal Burress, Nikki Glaser et Blake Anderson.
En ce moment, il est coincé en quarantaine dans sa maison de San Bernardino, au milieu du Mojave Desert.

“Après Hollywood, le désert, c’est bien”

«C’est un enfer. Dehors il fait 112 degrés (44 ° C) .C’est gavé de scorpions, il y a des radiations, des tremblements de terre très probables, il pourrait y avoir une tempête de sable,  il pourrait y avoir une putain de Black Widow dans ma chaussure demain matin. Et je pourrais littéralement continuer pendant une heure sur toutes les galères qui sont susceptibles de  me tomber dessus » .
«En plus de cela, tout le monde a l’air de sortir d’une clinique de méthadone, complètement cramés et pouilleux. Tout le monde est un putain de zombie ici. »
Pas facile le confinement quand on aime faire tourner.

Meet Rick and Morty, version Greenhand.

Mais ce n’est pas seulement à la météo, aux scorpions et aux zombies auxquels Tony a du mal à s’adapter.
«Hollywood est tellement faux. Et je dit ça à tout le monde  -parce que je suis défoncé et que je n’ai pas de filtre-. Je ne suis pas vraiment en contact avec les gens de L.A: ils sont trop inquiets de ce que les autre pensent et pas assez de la façon dont ils vont. » Cette fois, son rire revêt un petit côté nerveux.
Il semble que cette brutale honnêteté soit exactement ce qui a amené Tony dans le désert.
Avec le fait qu’il n’a jamais vraiment accepté son succès ni l’argent des ventes.

Scorpions et tremblements de terre

«Je ne me soucie même pas de mon entreprise. Je le fais juste pour moi. Et pour moi, faire des joints et les donner aux gens, et créer ce moment pour eux est inestimable. Quelques centaines de dollars ne le rendent pas plus précieux pour moi. j’ai compris ça après mon expérience à Hollywood. Après cette hystérie superficielle, le désert, c’est bien”.».

Feu à volonté avec l’AK 47 de Tony.

Et bien que la pandémie actuelle de COVID-19 ait stoppé la production  de ses œuvres et son émission de télévision,  Tony se réjouit que le temps se soit arrêté. Une pause forcée qui lui laisse le temps d’être avec Courtney, ses chiens et son jardin.
«J’essaie juste de me détendre et de me concentrer sur mes cultures de weed.  Je pourrais aussi retourner travailler sur mon scénario de film, sur lequel je n’ai pas travaillé depuis un certain temps».
La prochaine fois que vous verrez le nom de Tony dans le générique, ce pourrait donc bien être en tant que scénariste.
Un job qui consiste encore à produire un paquet de feuilles bien assemblées.

Rap, dollars et cannabis: 9 artistes qui ont chanté la weed et en ont fait un business.

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Si le Jazz, le Rock ou le Reggae ont trouvé en mère Ganja une alliée de poids dans le processus créatif, la majeure partie des textes évoquaient l’amour, l’oppression ou la joie de vivre. Pour le Rap, la tendance est devenue inverse il y a une vingtaine d’années, lorsque parler d’herbe n’était plus synonyme de censure systématique. Les messages contestataires et autres déclarations de sentiments monosyllabiques peu valorisants ont alors laissé la place à des paroles louant les vertus de l’Herbe, qui plus est avec inédite précision et délicatesse. Un amour de la weed que plusieurs artistes de la mouvance concrétiseront en se lançant dans la culture et la vente (légale) de cannabis.

Berner (Cookies)
Tout a commencé en 2010 lorsque Berner, à l’époque dealer, fit appel à Wiz Khalifa pour créer une variété devenue célèbre : la Girl Scout Cookies (GSC). Dix ans plus tard, ce qui a commencé avec une souche de GSC est maintenant devenu l’empire Cookies, l’une des plus grandes marques de cannabis US. En plus de plusieurs dispensaires et d’une ligne de vêtements et produits pour stoner (bong, grinder, pipes…), Berner a également lancé une eau vitaminée au chanvre : Hemp2o. La rumeur raconte qu’il est en négociation avec Arjan Roskam, le « King of Cannabis », une association entre  deux empires à faire passer l’acquisition de 21Century fox par Disney pour un deal de coin du rue.

Kurupt (Moonrock/Sunrock)
C’est en 2014, avec la  Moonrock , une weed présenté sous forme de caillou avec un concentré injecté à l’intérieur d’une tête  avant d’être roulé dans du Kieff,  que Kurupt s’est lancé dans le ganja-market. Indépendamment de proposer  une weed infumable parce que bien trop forte, Kurupt est  l’ancien vice-président de Death Row Records et ancien du Tha Dogg Pound de Snoop. Une mixtape de 23 titres accompagnant des stars comme Kendrick Lamar et, encore une fois, Wiz, a aidé à faire éclater cette invention cannabique tristement célèbre.

Snoop Dogg (Leafs by Snoop)
Après des années de plaidoyer en faveur de la weed, le Dogg se lance en 2015  dans le trade de la matière verte.  Snoop légalise et legit’  son statut de Dogg Father of weed. Préemptant la légalité de 2016 en Californie, Snoop lancera la marque de weed « Leafs By Snoop » à Denver en novembre 2015, deux mois seulement après la création de Merry Jane, un site sur la culture du cannabis qui à ce jour fait toujours un carton.

Xzibit et Dr. Dre (Brass Knuckles)
Fondé en 2015 avec Xzibit, Dr Dre et Regina Herer (épouse du défunt activiste Jack Herer),  Brass Knuckles propose des liquides pour vape pen. Bien qu’initialement couronné de succès, un procès pour contamination par des pesticides en 2018 portera un sale coup à l’entreprise. Alors que l’affaire des pesticides se tasse, trois  investisseurs de la marque ont lancé une poursuite supplémentaire, cette fois uniquement contre Xzibit et le Dr Dre, pour obtenir une compensation pour les dommages pécuniaires et la rupture de contrat… mauvais Karma.

The Game (GFarmaLabs)
En août 2016, The Game devient le premier artiste à posséder son propre dispensaire en devenant partenaire avec une weed-boutique de Santa Ana, The Reserve. Il a également lancé Trees by Game, une entreprise  qui est à la fois une société d’investissement et un bureau de tendances. En avril de la même année, avec GFarmaLabs, il lance une gamme de limonades infusées au cannabis.

Master P (Master P’s Trees)
L’icône du rap du sud et le magnat milliardaire Master P auront tout fait. Qu’il s’agisse de jouer dans la NBA, de mettre le hip-hop du Sud sur la carte du bon Rap, de lancer une chaîne de télévision entièrement Black (non, pas noir et blanc, mais dédiée et faite par des Afro-Américains) et même de profiter d’une carrière d’acteur quelque peu prolifique. En 2016, Master P a lancé Master P’s Trees, qui, selon son communiqué de presse, est un  «mode de vie complet», Fleurs de cannabis mais aussi liquides pour vape pen et comestibles au THC… Las ! Le projet a été de courte durée et n’a jamais complètement démarré en raison de la poursuite en cours de 25 millions de dollars entre Master P et son partenaire commercial.

B-Real (Dr Greenthumb)
B-Real, le leader de Cypress Hill et l’une des premières légendes stoner du rap, s’est officiellement impliqué dans l’industrie qu’il a contribué à façonner en ouvrant le Dr Greenthumb, un dispensaire à Sylmar, en Californie, nommé d’après l’un des plus grands succès de Cypress Hill.

Jim Jones (Saucey Farms)
Après une longue histoire d’incarcération pour des arrestations liées à la marijuana, le rappeur  Jim Jones a finalement suivi la voie légale, en lançant en 2018 Saucey Farms, une ligne de fleurs et de liquides pour vape pen avec le célèbre  bijoutier célèbre, Alex Todd. Pas exactement le plus grand succès de cette liste, mais en mention honorable pour être passé du côté légal de la force.

Jay-Z (Caliva)
Bien que Jay Z ne soit pas à l’origine de la marque Caliva, il a été recruté comme stratège en chef de la marque en juillet 2019. Trois mois plus tard, Caliva ouvrait son premier magasin à  Bellflower, Californie. Depuis, “The Z” a fondé The Parent Company , une plateforme financière qui aide les minorités (spécialement Afro-Américaines), à rentrer dans le ganja-game.

Ainsi kiffait Zarathoustra !

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Utilisé depuis des millénaires dans la plupart des grandes civilisations, le cannabis est une plante aux vertus élévatrices qui permettait aux prêtres, chamans et sorciers de rentrer en contact avec l’au-delà et le divin. Chaque mois, je vous propose de découvrir une culture ancestrale faisant honneur à l’herbe magique, avec aujourd’hui un focus sur Zarathoustra, la Perse et les Rois Mages.

Environ 1000 ans avant notre ère, le prophète Zarathoustra évoquait déjà le cannabis (haoma) dans son livre sacré, le Zend-Avesta, ouvrage répertoriant des milliers de plantes médicinales.
«  Je célèbre les hautes montagnes où tu as poussé, ô Haoma ! Je célèbre la terre où tu pousses, odorant et fortifiant, belle plante omnisciente. Honneur à Haoma, qui rend l’esprit du pauvre aussi élevé que celui du riche. Honneur à toi, Haoma, qui élève l’esprit du pauvre autant que s’élève la sagesse des grands. » Le poème dans son intégralité est disponible en cliquant sur ce lien

(Portrait de Zarathoustra, Temple Mithraïque de Doura-Europos, Syrie, IIIe siècle)

Rois Mages et Ganja

S’ils ont bel et bien existé, les Rois Mages (qui portaient le bonnet phrygien, futur symbole de la République française) étaient très certainement des zoroastriens : le mot « mage » (du persan magis) désignant un disciple de Zarathoustra, adepte de techniques religieuses incluant l’absorption de puissantes préparations contenant du cannabis (bhang, mang, haoma).
Sans les Rois Mages, la chrétienté n’aurait pas eu la même histoire. Car c’est bien à l’issue d’un rêve inspiré  par des breuvages rituels,  cannabiques et psychotropes qu’ils décidèrent de rentrer chez eux sans en avertir Hérode ( l’Évangile selon Matthieu, Mt 2, 1-12).

Les mages analysaient leurs rêves ou accédaient à des “états extatiques” quelquefois bercés par des chants et des danses rituelles (la ronde des Derviches tourneurs, adeptes historiques du haschich, en est un héritage direct, transmis par les rites incantatoires de la déesse scythe Tabiti-Hestia).

La plus ancienne représentation des rois mages connue (basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne, VIe siècle).

Dans les textes de la Perse ancienne, le bhang, à base de chanvre, était un ingrédient de « la boisson illuminante » (Rōšngar Xwarišn) qui permettait à Wištāsp, ami de Zoroastre, de voir « la grande Xwarrah » (splendeur divine) et le « grand mystère »
Bhang ou Mang (mot en Pahlavi, entre le IIIe et le Xe siècle) fait référence à une concoction de chanvre appelée mang ī wištāsp « le chanvre de Wištāsp » .

“L’oeil de l’âme”

Selon les ouvrages pehlevis (Perse ancien) Dâtastân i Dênîk et Dênkart, le kavi Vîstâçpa aurait ouvert “l’œil de l’âme” pour atteindre la connaissance par l’extase en buvant une coupe où auraient été mêlés « hôm ut mang », (du hôma et du chanvre indien), et du vin mêlé à ce même chanvre indien. »
La Vendidad (« La loi contre les démons »), loue aussi le bhang en tant que « bon narcotique de Zoroastre ». Vers 700 avant J.-C.
L’Haoma, liqueur fermentée, était la « liqueur de Vie » eucharistique des mazdéens ou des zoroastriens, un équivalent avestique du fameux « soma » védique dans l’hindouisme, qui lui s’est avéré être à base d’éphédra grâce aux découvertes archéologiques.

En 1990, L’archéologue russe Viktor Sarianidi identifiera dans le Turkménistan des poteries datées d’environ 1.000 ans avant J.-C , contenant des résidus de cannabis, de pavot et d’éphédra, (trois plantes qui seraient d’après Sariadini les ingrédients clefs de l’haoma), dont l’usage était réservé aux prêtres durant les  cérémonies religieuses.
Selon l’Avesta, le saint livre zoroastrien, l’Haoma est une divinité comestible qui peut venir à bout de toutes souffrances.

En 2013, au nord-ouest de la Mésopotamie, des fouilles dans la ville antique de Çatal höyük, en Turquie,  ont révélé un tissu de chanvre daté de 9000 av. J.-C. : « Les analyses montrent que ce morceau de tissu est en lin tissé avec du chanvre » précisera alors le responsable des fouilles Ian Hodder (Stanford University). La plante était utilisée dans sa totalité : la racine pour la médecine (anesthésique), la tige pour les textiles et les cordes, les feuilles et les fleurs pour la religion comme pour ses pouvoirs thérapeutiques et  les graines pour en extraire de l’huile (arômes, éclairage). Dans la culture de la péninsule anatolienne, dans  le cannabis, rien ne se perdait,  tout se transformait.
Vivement le retour de ces religions ancestrales!

Kevin Smith: Dettes, mensonges et vidéos

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Comment Kevin Smith, un geek du New Jersey, est-il devenu une icône du cinéma de genre ? Grâce à pas mal d’herbe, un peu de bluff et une relation quasi-symbiotique avec sa fan base. En passant du statut de réalisateur paumé à celui de Star indé, pour arriver à celui de magnat de la Pop culture (sans jamais lâcher son joint), Kevin Smith a changé le monde, une collaboration à la fois. Un monde plus fun, plus polémique et bien entendu plus Nerd, c’est ce que propose l’irrévérencieux trublion depuis près de 30 ans.
Portrait d’un artiste unique qui a sérieusement bousculé les conventions mainstream d’Hollywood.

Cinéma, endettement et Sundance

Kevin Smith naît dans une ville perdue du New Jersey, en 1970. Il grandit avec une passion du hockey et des comics, qu’il achète toutes les semaines avec son argent de poche.
À l’instar de Wes Anderson qui avait dépensé toute sa bourse étudiante pour tourner son premier film “Bottle Rocket” (ce qui lui valut de se faire virer de son son école de cinéma), Kevin Smith a commencé sa carrière envers et contre tous. Son premier film “Clerks” ne s’est fait que grâce à une lourde dette qu’il a accumulée à travers six cartes de crédits poussées aux limites de leurs découverts.
Comme il l’a déclaré dans l’un de ses trois podcasts hebdomadaires “j’ai atterri à Sundance en 1994 pour vendre mon film en jouant le tout pour le tout”.

Un pari risqué, qui lui a permis de se faire connaître à Hollywood, grâce à un film aux dialogues acérés, tourné en noir et blanc et basé sur sa propre lassitude du monde du travail.
Kevin est le scénariste, le réalisateur et un des acteurs du film. Il joue le muet, en duo avec son meilleur ami, le très volubile Jay.
Jay et Silent Bob sont devenus des références pour tous les stoners, deux dealers exubérants, grossiers et attachants, présents dans 5 films et dans une variété de caméos en dépit d’origines plus qu’accidentelles : “J’ai pris le rôle de Silent Bob uniquement parce que je n’arrivais pas à me souvenir du texte”.
Le film lui a ouvert les portes d’Hollywood et l’aura propulsé sur le devant d’une scène pas toujours bienveillante.

Self care et weed

Si le réalisateur a dépassé ses propres limites, c’est grâce à des rencontres, comme il le narre dans son autobiographie : “[il] a longtemps été une grosse feignasse”.
Quand il fait la connaissance de Jennifer Schwalbach Smith, sa femme depuis 1999, il est au bord de la dépression et du diabète.
Grâce à elle, il va retrouver la santé (devenant vegan au passage), un rythme de travail plus équilibré et une ganja de qualité.

L’origine de son état ? Hollywood, qui l’a sucé jusqu’à la moelle. Après avoir été menacé par Harvey Weinstein, pour qui il a refusé de travailler et avoir été viré de son projet pour un nouveau Superman avec Nicolas Cage, il a senti les limites de la notoriété et s’est recentré sur les projets qui le passionnaient… Dont le lancement d’une marque de cannabis, pour partager les meilleures variétés qu’il a découvertes dans sa quête pour une meilleure fumette.

C’est cette passion pour la weed qui l’a, de nombreuses fois, aidé à garder sa bonhomie légendaire. Dans cet esprit, il a même manifesté avec des fondamentalistes chrétiens contre son propre film, le génial Dogma sorti en 1999. À l’occasion, il a même répondu à des journalistes pour une hilarante interview. Quand on lui reparle de cette anecdote, il répond simplement qu’il était très high à ce moment là, qu’il trouvait ça drôle et qu’après tout, fondamentalistes chrétiens ou pas, il s’agissait de “gens de sa ville” ce qui les rendait attachants à ses yeux.

Restauration et NFT

Cette candeur teintée de générosité est au centre de son travail. Quand il n’est pas en train de militer pour un plus grand respect des femmes dans le monde de la BD, il lance un pop up restaurant basé sur la franchise fictionnelle Mooby, qu’on retrouve dans tous ses films depuis “Clerks 2”, afin de réconforter sa fan base en ces temps de pandémie. Les restaurants sont des sortes de “Hard Rock Cafe pour stoners”, grâce à un grand nombre de clins d’oeils, d’accessoires venus de tournages et même un soda très décontractant au CBD.
Rien d’étonnant, puisque sa propre marque de cannabis est aussi dédiée aux fans, proposant des comics aux effigies de Jay et de Silent Bob pour chaque achat d’un joint pré-roulé.
Il a d’ailleurs monté sa propre boutique de Comics, nommée “Jay and Silent Bob’s Secret Stash” dans le New Jersey.

Son dernier projet ? Vendre son prochain film d’horreur sous le format NFT, afin de rendre le pouvoir volé par les studios aux fans.
L’artiste n’est plus très fan des majors depuis le tournage de Cop Out en 2010, pour lequel il a eu à gérer la mauvaise humeur chronique de Bruce Willis prêt à tout saboter. Un cauchemar sous-payé qu’il souhaite ne jamais reproduire, même si on lui propose le poids de Snoop en Cannabis.

Quand la France chantait le chanvre

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Autre temps, autre mœurs ! Pendant des siècles et jusqu’à sa prohibition mondiale en 1961, le cannabis était librement cultivé en France. Utilisé pour tisser cordes et voiles ainsi que la fabrication de nos habits -du lange pour bébé au linceul-, le chanvre était partout. En mémoire de cet âge d’or et en attendant le retour de la belle plante dans notre vie quotidienne, Zeweed a retrouvé trois hymnes d’antan célébrant son usage.

La Chanson du Chanvre de Louise Michel (1830-1905).
Composé en 1886 par d’une des figures majeures de la Commune de Paris, ce chant de révolte rappelle l’utilisation du chanvre en tant que matière première et revenu de base d’autrefois

La chanson du rouet (1857).
Le texte est de Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894), célèbre auteur de La Marseillaise, qui passa une grande partie de sa jeunesse en Bretagne, près de Dinan, où les rouets filaient le chanvre nécessaire à la confection des voiles et cordages des navires. Pendant trois siècles, du XVIème au XIXème,  la Bretagne en exporta dans le monde entier, faisant la fortune de cette région.

« Ô mon cher rouet, ma blanche bobine,
Je vous aime mieux que l’or et l’argent !
Vous me donnez tout, lait, beurre et farine,
Et le gai logis, et le vêtement.
Ô mon cher rouet, ma blanche bobine,

Vous chantez dès l’aube avec les oiseaux;
Eté comme hiver, chanvre ou laine fine, 
Par vous, jusqu’au soir, charge les fuseaux.”

A l’origine, la musique était de Georges Bizet. Quarante ans plus tard, Maurice Ravel composera sa propre version, ici interprétée par Jessye Norman:

Il existe aussi des adaptations plus rurales à partir du texte original à l’instar de cette interprétation:

La route du chanvre, de Pierre Dac (1941)
Cette chanson a été composée pendant la seconde guerre mondiale par le célèbre comédien-humoriste Pierre Dac (futur partenaire de Francis Blanche), pendant son incarcération en 1941 à la Carcel Modelo, prison modèle de Barcelone. Libéré en 1943 contre quelques sacs de blé et des fûts d’essence négociés entre Espagnols et Britanniques grâce à la Croix-Rouge française, Pierre Dac rejoindra finalement Londres où ce chant de résistance fut enregistré et diffusé en direct à la BBC. Il faut rappeler qu’avant l’arrivée des fibres synthétiques dans les années 1950-60, le chanvre (cannabis sativa) était communément considéré comme la plus solide des fibres végétales, la référence absolue pour la confection des cordes et notamment celle du gibet, pour pendre les traitres où les ennemis. Extraits :

« Amis, chantons avec ferveur,
Le chanvre purificateur.
Pour faire justice prompte,
Le chanvre aura, par ma foi,
Dans le règlement de compte,
Une place de premier choix.

Holà ! Les Laval et consorts,
Voilà ce que s’ra votre sort,
Et cependant, à tout prendre,
Vous êtes tombés si bas,
Que la corde qui va vous pendre
Vous ne la valez même pas.

Regardez bien, mauvais larrons,
Le beau chanvre que nous tressons,
Venez, venez à la ronde,
Sans bousculade, approchez,
Il y en aura pour tout l’monde,
C’est l’moment d’en profiter ! »

 

Jim Ross, l’Hibernatus de la weed

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Jim Ross, c’est le cultivateur aussi barré que passionné qui a fait pousser le même plant de Matanuska Thunder Fuck (MTF)  pendant 20 ans afin de préserver la lignée de cette mythique variété en voie de disparition. Une Ganja exceptionnelle qui pousse en Alaska et qui fait aujourd’hui un carton chez les cannabis-aficionados (qui ont la chance d’en trouver).
Notre reporter Steve a fait sortir Jim de son placard le temps d’une interview, exercice auquel le breeder ne s’était livré qu’une fois en deux décennies.

Buenos Aires, 16h45.
Je suis avec mon chat et mon lap-top sur ma terrasse quand je reçois ce laconique message: “Appelle Jim. Il veut te parler, il a des questions.”
Je bondi de mon transat et attrape direct mon téléphone pour composer frénétiquement le numéro figurant dans l’e-mail qu’Andreas, mon contact en Alaska, m’a envoyé.
Une voix calme et grave me répond.
C’était Jim Ross, qui n’a accordé qu’une interview depuis sa cannabique popularité: en 2018 à l’occasion d’un reportage lui étant consacré.
Jim a désormais 61 ans et vit à Wasilla, en Alaska.

Un breeder en Alaska

Comment vas-tu Jim?” je demande.
Ça va, je m’accroche” me dit-il le plus tranquillement du monde.
En 2001, Jim a reçu une bad news : celle d’un diagnostic de myosite, une maladie rare et sans traitement,  qui provoque une inflammation chronique ainsi qu’une atrophie des muscles.
«J’étais déjà censé être mort  il ​​y a 2 ans, mais on dirait bien que l’échéance a été repoussée», s’amuse Jim en me racontant comment la maladie a ravagé un corps déjà frêle
«Je ne suis que peau et os. Au cours des deux dernières années et demie, j’ai perdu 32 kilos. Les toubibs disent que j’ai un pied dans la tombe. Mais, ironie de la vie, je fabrique mon traitement à partir de la MTF que je fais pousser. Et avec la bénediction de mon médecin qui me dit «continue de te traiter avec ta weed, ça marche! »

Il rit de nouveau et commence à expliquer comment il fabrique son médicament.
«Je prends 50 grammes de têtes réduites en poudre et un 50 cl de vodka , je la mets dans un pot , je la secoue, et après 3 mois je la filtre avec une étamine. Tous les jours, je prends deux à trois petites doses.» poursuit Jim.
La Matanuska Thunder Fuck qu’il utilise pour fabriquer son médicament, est une mystérieuse variété de cannabis élevée dans les années 1980 à Trapper Creek, sur les contreforts de la chaîne de l’Alaska.
C’est en 1987, lorsqu’il a déménagé de l’Oregon en Alaska, que Jim a gouté aux plaisirs de la  MTF.
«J’étais venu ici en vacances pour pêcher et je ne suis jamais parti. C’est tellement beau, et accessoirement, c’est la meilleure pêche au monde », analyse-t-il d’un ton réveur.

Trapper Creek Hash Plant

À l’époque, la MTF était connue sous le nom de Trapper Creek Hash Plant par Jim et ses copains et était cultivée  par  un certain « Tiny ».
En 1988, Tiny, en proie à des crises de parano due à la prise de substances non recommandables, était persuadé que les flics allaient le refroidir pour de bon. Il a abandonné sa culture et a demandé à un pote, Jeff Payton, de sauver ses plantes une fois le danger (imaginaire, révèlera l’histoire) écarté
En 1997, Jeff Payton transmet la souche à Jim,  qui l’a maintenu en vie depuis.

“À quoi ressemble MTF dans la salle de culture?”.
«C’est juste une variété incroyable», répond Jim tout enjoué.
Elle se comporte de manière incroyable. Il a des feuilles  qui poussent au-dessus des feuilles « panneaux solaire » sur la même extrémité. Et ces feuilles « parasol/éventail » sont plus grandes que la main. A titre d’exemple plus précis, j’en ai trouvé une qui faisait 30 centimètres de circonférences avec, superposée une autre feuille à trois crocs », s’étonne encore Jim.
Oh, et autre une fois“, continue-t-il, me donnant à peine le temps de taper mes notes, “J’ai même eu une tige poussant sur l’une de mes feuilles parasol!

A la recherche de la Matanuska ThunderFuck

Depuis 1997, Jim fait pousser sa MTF de légende chez lui, en utilisant toujours des clones provenant soit d’une mère, soit de plantes saines.
Je n’ai jamais fait pousser à partir de graines. Il s’agit du même phénotype depuis 1997 ».
Depuis qu’il a obtenu un plant de MTF de la part de Jeff Payton, Jim répand la bonne parole en transmettant des clones à ses proches amis.
«J’ai même fini par en redonner à Tiny et Jeff, qui avaient cessé de la cultiver depuis des années».
Jim a même rendu la souche à Cameron van Ryn, un cultivateur agréé FRM Wasilla, qui avait lui aussi obtenu la souche de Tiny il y a plus de vingt ans,  mais l’avait perdu, la faute aux méchants acariens.
Malheureusement, Tiny est récemment décédé.
Mais grâce à Jim et à ses amis, la légende de Trapper Creek vit toujours.

MTF, la weed de tous les superlatifs.

En 2017, Ron Bass, un producteur agréé de Houston, publie un article dans le Anchorage Daily affirmant qu’il avait trouvé de l’or et trouvé la légendaire souche de l’Alaska.
«J’ai jeté un coup d’œil à ces plantes,  sur les photos du journal et j’ai directement su que c’était pas de la MTF», explique Jim. «Tu peux me mettre dans une pièce avec 100 souches différentes, et je te trouverai rapidement la MTF… si il y en a.».
Et il avait raison; le plant de Ron Bass  s’est avéré ne pas être une pure MTF
Jim a finalement donné sa souche à Ron, qui a promis de la cultiver et de la transformer à des fins médicales.
«Je ne voulais pas d’argent ou de  gloire. J’ai dit à Ron que s’il pouvait sauver quelqu’un ou guérir avec ça, ça me convenait. Parce que c’est ce que ça a été pour moi : guérir, pas s’enrichir».
Sur une période de 18 mois, Jim a donné à Ron un total de 40 clones enracinés de sa belle plante. Ron a depuis déposé MTF et commercialisé la variété, en faisant même le thème d’un titre rap avec Afroman.

Cameron Van Ryn la développe également commercialement et fournit la MTF de Jim à des dispensaires en Alaska.
«Ils reçoivent un demi-kilo qui part généralement en une semaine. On ne peut pas répondre à la demande », glousse Jim.
Pour autant,  Jim préfère rester discret. Il est en train de vendre sa maison pour déménager dans l’un des 4 états du coin avec sa femme.
«En vieillissant, les hivers deviennent plus durs», concède-t-il. Pour la première fois depuis le début de notre entretient, qui dure depuis plus d’une heure, j’entends Jim soupirer.
«Je ne peux plus faire de la motoneige, du 4×4 ou du ski. C’est pas facile… »

Je lui pose des questions sur sa femme, Teena, et la voix de Jim reprend immédiatement son ton enjoué
Oh, nous sommes mariés depuis 25 ans. Je l’ai rencontrée en Alaska et elle vient aussi de l’Oregon », rit-il à nouveau. «Nous étions juste amis depuis longtemps. Ensuite, quand nous sommes devenus l’un et l’autre célibataires, les choses se sont concrétisées. Notre amour a poussé en même temps que ma MTF. Appelez-ça comme vous voulez. Pour moi, c’est ni plus ni moins que le destin, un merveilleux destin ».

 

Quand ça tourne dans le bureau ovale.

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Sur quarante-six élus à avoir exercé la magistrature suprême, dix (sans compter Bill Clinton) auront entretenu une liaison assumée avec le cannabis. Soit un président aux yeux rouge pour quatre locataires de la Maison Blanche. Petits portraits des dirigeants  les plus détendus du monde libre.

Georges Washington

Au XVIIIème siècle, le chanvre était largement cultivé afin de produire cordes et textiles (le chanvre utilisé pour sa fibre ne contient en revanche qu’une faible quantité de THC, l’agent psychoactif). Si le premier président des États-Unis a largement incité ses concitoyens à faire pousser la plante pour sa fibre, les cultures personnelles de Georges W. étaient destinées à un tout autre usage. Le 5 mai 1765, le premier président des États-Unis notera « qu’il est nécessaire de séparer plants mâles et femelles dès que possible, afin de tirer du chanvre le meilleur profit ».  À la fin de la même année l’homme  dont ont retrouve le visage sur tous les billets de 1 dollar écrira que « le chanvre est une remarquable plante, tant pour ses applications textiles et maritimes que pour ses vertus médicinales hautement appréciables».  Un Nouveau Monde est né !

Thomas Jefferson

Avant de devenir Président, Jefferson occupait le poste d’ambassadeur des États-Unis en France.
En cette fin du XVIIIème siècle, alors que le futur chef d’Etat est encore diplomate, le tout Paris s’entiche du cannabis. Salons et clubs dédiés au haschisch fleurissent et s’installent dans les beaux quartiers de la capitale. Jefferson est immédiatement conquis par l’effet de la plante, tant et si bien qu’une fois revenu au pays, il fit venir de Chine des graines d’indica réputées pour leur puissance psychotrope. Le co-rédacteur de la Déclaration d’Indépendance écrira au sujet de ses stupéfiantes habitudes que  “Certaines de mes meilleures heures ont été passées assis sur ma véranda arrière, fumant du chanvre et observant à perte de vue.” Dude présidentiel.

James Madison

Le père et co-rédacteur de la Constitution des US a régulièrement soutenu que c’est un beau soir de juillet qu’il avait soudainement eu  “l’inspiration et la perspicacité” de concevoir et rédiger les bases du texte fondateur de la démocratie américaine. Wikileaf précise à cet effet que “il est probable que le président Madison se réfère à une variété de cannabis récréatif très prisée par les premiers colons.” Et tout porte à croire que la partie «perspicacité»” dont il fait mention, lorsqu’il rédigeât une grande partie de la constitution, fait référence aux propriétés psychotropes de la belle plante.

James Monroe

France encore. Dans le pays de toutes les tentations, le futur président James Monroe qui fut (comme Jefferson) ambassadeur des États-Unis en France, s’est adonné à Paris (encore comme Jefferson) aux plaisirs du haschisch.  De retour aux États-Unis,  le  premier chef d’Etat du Nouveau Monde à avoir pris parti contre l’esclavagisme continuera de consommer du haschisch régulièrement, et ce jusqu’à sa mort à 74 ans.

Andrew Jackson

Le célèbre général de l’armée américaine et président Andrew Jackson consignait régulièrement dans son journal fumer du cannabis avec ses troupes. « Pour apaiser ma conscience comme celle de mes hommes après l’horreur du combat ». (durant les peu glorieuses guerres amérindiennes du Mississippi). Une intuitive initiative tant il est désormais prouvé que le cannabis est un très bon traitement contre la douleur les angoisses post-traumatique.

Zachary Taylor

À l’instar de Jackson, le 12e président américain fumait de la marijuana avec ses officiers et soldats. Toujours à l’instar de Jackson, le chef de l’exécutif avait souligné les avantages thérapeutiques de mère ganja, remarques scrupuleusement notées dans son journal. Il fut emporté par le choléra après seulement un an et quatre mois de présidence.

Franklin Pierce

L’un des trois militaires de cette liste à devenir président. L’un des trois présidents issus de l’école la plus stricte qui soit; l’armée. Et pourtant, tout comme ses illustres prédécesseurs Jackson et Taylor, le président Pierce aimait tâter du pétard autour du feu avec ses troupes, durant la guerre américano-mexicaine.  Dans une lettre à sa famille, Franklin Pierce écrira que fumer de la weed était «à peu près la seule bonne chose à faire dans cette guerre ».  Les G.I envoyés au front pendant la guerre du Viet Nam suivront le conseil.

 

John F. Kennedy

JFK a utilisé la marijuana pour traiter de sévères douleurs au dos. Selon nombre de témoignages écrits, dont celui de Michael Meagher qui dans «John F. Kennedy: A Biography», décrit une scène à la Maison Blanche: «Le 16 juillet au soir, Jim Truitt, Kennedy et Mary Meyer ont fumé de la marijuana ensemble. … Le président a fumé trois des six joints que Mary lui a apportés. Au début, il ne ressentait aucun effet. Puis il ferma les yeux et refusa un quatrième joint. ” « Peut-être pas une bonne idée… supposons que les Russes fassent quelque chose maintenant”.

Bill Clinton

Sacré Bill, jamais avare de quelque étonnante pirouette sémantique ( voir son témoignage devant le congrès à la suite de l’affaire Lewinski). En 1992, au sujet de sa consommation de marijuana  le 42e président américain declarera: «Quand j’étais en Angleterre, j’ai expérimenté la marijuana une ou deux fois. Mais je n’ai jamais inhalé la fumée parce que je n’aimais pas. ». Une rhétorique d’avocat dans toute sa superbe: effectivement, Clinton dit vrai comme le confirmera Christopher Hitchens, un de ses amis étudiants à Oxford de l’époque : « Bill ne fumait pas. Il n’aimait pas la fumée. Mais les space cakes en revanche, oh oui ! ».
Son compagnon d’études précisera :  « Bill, il était très brownies chocolat-pécan au beurre de cannabis. Ça, oui, il aimait beaucoup. Mais effectivement, il ne les inhalait pas. »

 

George W. Bush

Le successeur de Bill, nettement plus candide, est connu pour avoir dans sa jeunesse abusé de l’alcool et des excitants colombien, travers  qu’il a à plusieurs reprises admis. Maias curieusement, Georges W. esquivait toute question concernant sa consommation de weed. Un soucis de discrétion vite balayé par le naturel de Junior qui en 2010 confessera à son biographe Douglas Wead (oui, à prononcer comme «weed») «Je ne répondrais pas aux questions sur la marijuana. Tu sais pourquoi? Parce que je ne veux pas qu’un petit enfant fasse ce que j’ai essayé”. Douglas Wead fera évidemment mention de cette phrase dans le livre…

Barack Obama

Le président qui aura sans aucun doute le plus œuvré pour la dépénalisation et légalisation du cannabis a évoqué sans tabou sa consommation de weed dans ses vertes années, taclant gentiment  à Bill Clinton au passage «Quand j’étais plus jeune, je fumais. Et oui… j’inhalais. C’est comme ça que ça marche, non ? » (en 2008, lors de sa course à la présidence). Pendant son mandat  et de façon précise : «  Oui, j’ai fumé de l’herbe quand j’étais jeune, et oui, je considère ça comme une mauvaise habitude. Un léger vice ? Peut-être. Mais pas différent de celui des cigarettes que j’ai fumé gamin. Et je ne crois pas que cela soit plus dangereux que l’alcool » Enfin, en saluant  la  décision du Colorado et de l’État de Washington de légaliser la ganja il ajoutera : « Il est important pour une société de ne pas avoir une situation dans laquelle une grande partie des gens ont à un moment ou un autre enfreint la loi et dont seulement une petite partie soit punie pour cela. ».

Quant à Donald J. Trump, il est farouchement contre et a toujours soutenu n’avoir jamais tâter du pétard.  Un hermétisme aux vertus apaisantes de la belle plante (nous parlons de weed, pas de Melania) qui pourrait expliquer le troublant comportement de l’ex-locataire de la Maison Blanche.

Enfin, si Joe Biden n’a pas exactement le profil d’un grand enthousiaste de l’herbe (et ce malgré une propension à la lenteur qu’aucun sofa-stoner ne pourrait lui envier) il n’a pas encore déclaré sa flamme pour l’herbe. Gageons que quatre ans à la tête du pays de tous les possibles auront raison de ses sobres convictions.

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