USA

Le cannabis au secours des US Marines

//

Revenus du front, un nombre croissant de soldats se tournent vers le cannabis pour soulager le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui touchent 20% d’entre eux. Parmi les associations américaines qui militent pour la la prise en charge du cannabis comme traitement du SSPT, la Battle’s Brother Foundation. Zeweed a rencontré son co-fondateur, Bryan Buckley.

Pendant 9 ans, Bryan Buckley a été un bon petit soldat. Un US Marine Corp plus précisément. Son premier déploiement a été à Fallujah, en Irak. Puis ce sera en Afrique et en Asie du sud-est.
Je me suis engagé dans l’armée juste après les événements du 11 septembre” se souvient le militaire décoré de la Medal of Honor.
Après avoir été nommé commandant d’unité chez les Marine Raiders (la force d’opérations spéciales des Marines américains), Bryan aura aussi servi en Afghanistan, dans la vallée de l’Helmand.
«Des hauts-gradés m’ont dit que l’été 2012, lorsque nous étions en Afghanistan, a été un des plus sanglants pour l’armée américaine depuis le Vietnam» me confesse le sergeant Bryan alors qu’il évoque l’opération Enduring Freedom (Enduring Freedom, le nom donné par l’armée US pour sa guerre globale contre le terrorisme).
«Et je suis sorti de l’armée à 100% handicapé et avec 100% de stress post-traumatique».

“C’est une fois la guerre finie que les vrais problèmes arrivent”

Je dégluti avant de dégainer ma prochaine question qui porte sur ses blessures.
En 2012, nous nous battions dans la province de Helmand. Durant une reconnaissance, j’entends un siffle au dessus de ma tête. C’était une roquette. La grenade a explosé juste à côté de moi. J’ai pris des éclats d’obus sur ma jambe, mon dos et mon visage. Deux de mes coéquipiers ont également été blessés. L’un d’eux a perdu une partie de son triceps et l’autre a pris des éclats d’obus dans son estomac“.
Bryan a failli perdre sa jambe gauche à la suite des blessures qu’il a subies ce jour-là.
Quelques mois plus tard, Bryan fera une chute de 5 mètres depuis d’un hélicoptère, se disloquant la cheville et se fracturant la colonne vertébrale.
«La guerre est une folie» me lâche l’ancien US Marine.

 

Crédits: Helmand Valley Growers Company.

Les blessures de Bryan ont guéri très rapidement. A peine une semaine après avoir été opéré pour sauver sa jambe des éclats de grenade, il était debout et prêt à en découdre avec l’ennemi.
Ce n’est que sorti de la Grande Muette que Bryan s’est rendu compte que ses traumas n’étaient pas que physiques.
«Dans l’armée, vous devez toujours rester concentré sur la mission, même lorsque vous déplorez des victimes. Le seul mot d’ordre est de concentrer sur l’ennemi jusqu’à son éradication. Le moindre questionnement, le moindre doute est inenvisageable».

Chaque jour, 22 Vets américains mettent fin à leur vie

C’est une fois la guerre finie et le chaos derrière qu’arrivent des problèmes auxquels personne ne s’attend“.
Après son retour de guerre, le SSPT de Bryan a commencé à se manifester. Il souffrait  d’insomnie, de dépression et d’anxiété.
Souvent, il se surprenait à revivre des scènes de bataille alors qu’il est éveillé.
Contre toute attente, cette détresse s’est accrue avec l’arrivée de ses enfant.
«L’ennemi utilisait souvent des femmes et les gamins comme boucliers humains. On voit des choses abominables ».

Durant ses crises liée au SSPT,  Bryan a le sentiment de n’être d’aucune utilité, de n’avoir aucun but, aucune raison d’être.
«Je n’ai pas pu regarder les informations pendant des années parce qu’ils parlaient des actions en Afghanistan et en Irak et je me sentirais coupable de ne pas être là», se souvient-il.
C’est ce manque d’intention qui laisse de nombreux anciens combattants désoeuvrés, en prise avec la dépression et les addictions.
C’est ce même mal à l’âme qui conduit chaque jour près de 22 “Vets” (vétérans de la guerre) américains à se suicider

” J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint

L’équilibre, Bryan va le retrouver grâce à deux amis ancients combattants:  Andy Miears et Matt Curran.
Ensemble,  ils vont monter la Helmand Valley Growers Company (HVGC), une association militant pour que les Vets aient accès au cannabis.
Aux côtés de HVGC, Bryan, Andy et Matt vont aussi fonder la Battle Brothers Foundation : une ONG à but non lucratif qui vise à aider les anciens combattants américains, autant sur le plan psychologique, familiale que professionnel.

C’est en 2016 que l’aventure HVGC va débuter, lorsque Bryan remarque que son copain de garnison Andy a l’air en meilleur forme que d’habitude.
«Il n’avait pas ce regard léthargique habituel, ce regard du type qui a trop bu».
Buckley me confesse que la consommation d’alcool est l’une des façons les plus courantes pour les anciens combattants de faire face aux symptômes qui frappent une fois le service à la patrie rendu.
Quand j’ai demandé à Andy comment il avait trouvé la force de sourire il m’a dit:” J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint “.
Au delà d’avoir recours à l’herbe pour soulager ses symptômes de SSPT, Andy était en train de monter une exploitation de culture de cannabis thérapeutique (et légale).

Andy (à gauche) Brian (au milieu) et Matt.

«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats»

«Un jour, Andy m’a dit que le cannabis lui avait permis de passer du statut de guerrier à celui de jardinier».
Après avoir vu l’effet positif du cannabis sur son ami de tranchés, Brian essaie cette médecine douce.
C’était incroyable. Je dormais mieux, je me réveillais revigoré, sans anxiété ni symptômes dépressifs. Aujourd’hui, le cannabis fait parti de mon quotidien ».

Et il n’aura pas fallut pas longtemps avant que Brian se rende compte que le cannabis pourrait bien être ce but dans la vie qui lui faisait tant défaut au sortir de la guerre.
Dès le départ, l’un des principaux objectifs de Battle Brothers était de changer le paysage médical américain en faisant du cannabis une option de traitement légale et accessible pour les Vets.
Que ce soit pour le soulagement de la douleur, un meilleur sommeil ou toute autre condition médicale.
«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats», pondère Bryan d’une voix ferme.
«Mais ça devrait être dans notre kit de survie».

«Mais ça devrait être dans notre kit de survie»

A ce titre, la fondation Battle Brothers est en bonne voie d’accomplir sa mission: l’association vient d’obtenir l’approbation d’un comité d’examen pour mener une étude d’observation qui évaluera l’efficacité du cannabis dans le traitement des SSPT.
«En 2016, nous nous sommes adressés au Congrès afin de savoir ce qu’il faudrait faire pour rendre le cannabis disponible aux vétérans. Ils nous ont dit de collecter des données fiables aux côtés de médecins américains et de construire un dossier à présenter aux Anciens combattants. C’est ce que nous faisons. ”

L’étude devrait être lancée en juillet et impliquera 60 Vets californiens atteints de SSPT.
Les participants achèteront et doseront des produits à base de cannabis à leur propre discrétion pendant 90 jours et feront rapport à une équipe de NiaMedic (une société d’études cliniques Israëlienne).
Confiant que l’étude apportera des résultats concluants, Bryan voit en cette recherche les bases nécessaires à l’élaboration d’une politique de traitement au cannabis des Vets sujets au SSPT.
Et ils sont nombreux.
Ces hommes et femmes prêtent serment pour leur pays  et signent un chèque en blanc payable de leur vie. Et quand ils sont de retour ici en Amérique, ils sont peut-être en bonne santé physiquement, mais pas spirituellement ni mentalement. Chez Helmand Valley Growers Company, nous voulons pouvoir assurer aux à ceux qui se sont battus pour la paix d’enfin la trouver“. C’est tout le bien qu’on leur souhaite.

 

Lil’Nas: Black and Pride

///

Alors que la Gay Pride 2023 va battre le pavé, Zeweed met à l’honneur l’une des rares icônes gay du rap américain: Lil’Nas. A 24 ans l’auteur de Old Town Road a déjà retourné la country, twerké sur le diable et surfé sur les tendances comme un pro de la glisse.
Portrait d’un artiste aussi cool que fière.

Certaines personnes deviennent célèbres par accident, d’autres par chance, dans le cas de Lil Nas X, c’est par pure ténacité. Un fait d’autant plus impressionnant, quand on connaît son jeune âge.
Il entame sa carrière en 2015. Enfant de la génération X, il se fait une réputation en enchaînant les vidéos sur les réseaux sociaux. Il joue avec les mèmes, devient une mini célébrité d’internet et monte une page hommage à Nicky Minaj, qu’il ne reconnaîtra que bien plus tard de peur d’être “outé”.
Dans sa petite ville de Georgia, dans le rap et dans la communauté afro-américaine, son identité sexuelle est encore “problématique” comme il le dit avec un tact certain, mais jamais d’amertume.


Le jeune homme se cherche, enchaîne les joints purs et les petits boulots au parc d’attractions du coin. Des joints toujours purs car comme il le dira plus tard sur twitter : “Je peux fumer de la weed toute la journée et tousser pour la moindre fumée de clope”.
Il prend le pseudo de Lil Nas X en hommage à son idole Nas (un autre amateur de cannabis, qui a monté sa propre marque et qui a même joué pour la Cannabis Cup) et achète pour 30 dollars sur internet le Beat de son premier tube Old Town Road en 2018.

Un mix entre rap et country, qui reprend les codes des westerns et qui évoque le mythe de Django. Le cowboy noir et fier de l’être.

Coming Out

En quelques mois, la chanson fait un tabac grâce à TikTok : des millions de jeunes se filment sur le morceau et il arrive même au Top 50 country. Un fait impensable jusque-là, surtout dans l’Amérique de Trump.
Évidemment, États-Unis oblige, elle est retirée par l’institution Billboard, car n’étant “pas assez country”. Traduction : pas assez blanche.
Peu importe : un “vrai” musicien country, devenu fan de son travail, Billy Ray Cyrus (le père de Miley) participe avec lui à un remix, qui en fait un hit planétaire et le fait connaître du grand public.

Ensemble, Billy ray et lui vont partager une belle amitié et pas mal de joints… “Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui possédait autant de Cannabis avant, il en a BEAUCOUP” raconte-t-il en interview.

Même s’il ne fume maintenant que de manière récréative, le Cannabis l’a beaucoup aidé, quand il a perdu sa grand-mère, alors qu’il connaissait enfin le succès, fin 2018. Il se décrit comme devenant presque “Hypocondriaque”, se réveillant la nuit avec des crises de panique, lors d’une interview pour Variety.

Cette expérience dramatique le pousse à repenser son équilibre et à améliorer sa vie, sans peur des jugements.
Il fait son coming out en 2019 sur Twitter. Pas pour la publicité, mais parce qu’il voulait “que les gamins gays puissent aussi se sentir représentés dans le milieu du rap, qu’ils se sentent vus” comme il l’explique dans cette interview dans un barbershop américain pour HBO.
Il n’est plus pour lui question de se cacher, il veut créer sa propre voie et elle est spectaculaire.

Porté par les vagues de soutien qu’il reçoit (notamment de son ami Billy ray et à la grande surprise de son père). Il se lâche sur les réseaux et commence à être de plus en plus explicite dans ses paroles, ce qui donnera son chef d’œuvre : Montero.

Twerk avec le diable

Montero, c’est le vrai prénom de Lil Nas X, une manière de s’assumer enfin. La chanson est en réalité beaucoup plus douce que le laisse présager l’énorme polémique autour du clip de la chanson, dans lequel il fait un lap dance pour le diable (qui est simplement une métaphore pour ses pulsions auto-destructrices).

C’est une histoire d’amour un peu désespérée, pour un homme pas encore sorti du placard. Une histoire vraie, dont la structure est inspirée par “Call me by your name”, un des premiers films d’amour gay qu’il ait jamais vu, alors qu’il écrivait la chanson en 2020.

Bien sûr, les paroles sont explicites (il parle entre autres “d’avaler ses enfants” et de plateaux remplis de “Ganja et de poudre blanche”), mais plutôt que choquer, son but est avant tout de changer les normes.

Après des centaines de chansons explicites hétérosexuelles, il fallait bien tourner le volume jusqu’à 11, pour qu’il puisse se faire entendre. Son but ? Normaliser l’homosexualité dans la musique rap.
Une démarche qu’il explique avec brio, dans cette courte vidéo décryptant les paroles de sa chanson pour Vice.
Alors qu’il s’apprête à célébrer son 23ème anniversaire, l’avenir du grand Lil’Nas s’annonce aussi coloré qu’un arc-en-ciel.

 

 

Alex Rogers : le business comme activisme

Militant dans l’âme depuis plus de 3 décennies, Alex Rogers est l’homme derrière l’International Cannabis Business Conference (ICBC), le plus influent évènement B2B du secteur. Alors que l’Allemagne légalise le cannabis, l’ICBC s’apprête à fêter les 16 et 17 avril prochain son 10ème anniversaire à Berlin, dans une édition qui s’annonce grandiose.

ZEWEED : Comment vous est venu l’idée de fonder l’ICBC ? 

Alex Rogers : Je dirigeais une grande clinique de cannabis médicale dans l’Oregon et me suis rendu compte que cette filière était en plein essor, mais sans réel point de convergence entre les acteurs. Fort de ce constat, j’ai montée en 2014 un colloque professionnel sur le cannabis thérapeutique : l’Oregon Marijuana Business Conference (OMBC). En septembre de la même année, nous avons lancée à Portland la toute première ICBC. A l’époque, tout le monde m’a pris pour un fou : s’il n’existait aucune conférence internationale sur le cannabis, il n’y avait pas non plus de commerce international de cannabis! Mais j’étais convaincu, comme poussé par un esprit supérieur.
L’ICBC de Portland a été un bel événement mais n’a pas été rentable. Ensuite, nous avons organisé l’ICBC de San Francisco et là, ce fut un vrai succès. Pendant longtemps, nous avons été le seul évènement B2B Californien ainsi que le plus important de l’ouest Canadien (à Vancouver NDLR).
Puis je suis parti à la conquête de l’Europe, tout simplement parce que c’est ce que j’ai toujours voulu faire : être la première conférence B2B du cannabis sur le vieux continent et y planter le drapeau ICBC.

ZW : Pensez-vous qu’en organisant ces conférences, vous faites bouger les lignes politiques ? 

AR : C’est une excellente question. En 1993, j’ai rencontré Jack Herer qui a été mon mentor. Jack m’avait embauché, entre autres choses, pour diriger sa campagne Signature en Californie du Nord. A l’époque, j’étais un activiste hardcore. Il y a environ 17 ans, j’ai été incarcéré en Allemagne pour du cannabis. En sortant de prison, je suis revenu en Oregon où j’ai été repris ma casquette de militant pendant quelques années. Ensuite, j’ai lancé ma clinique de cannabis médicale, qui a rencontré un certain succès.

“Tout ce que je fais avec l’ICBC vise à faire évoluer les politiques”

J’ai alors compris que c’est à la tête d’une entreprise dégageant de beaux profits que mon activisme aurait le plus de portée. Et c’est ainsi, en actionnant le levier commercial et financier, que j’ai commencé à faire avancer les politiques sur le cannabis.
Tout ce que je fais avec l’ICBC vise à faire évoluer les politiques. Et je le fais très simplement ; en rassemblant des professionnels. Parce que c’est comme l’œuf et la poule : l’industrie mène la politique et la politique conduit l’industrie. L’ICBC a été un moteur majeur du marché Européen et continu de l’être, en Allemagne particulièrement. Il ne fait aucun doute que nous avons contribué à faire avancer les choses en portant l’industrie du cannabis pour les raisons susmentionnées.

 ZW : Certains estiment que la légalisation en Allemagne est une légalisation en demi-teinte dans la mesure où les consommateurs ne pourront pas acheter de cannabis comme au Canada ou certains Etats américains… 

 AR : Pour moi qui a pu observer la légalisation et ses effets dans les Etats américains dans lesquels j’ai vécu, que ce soit la Californie et l’Oregon ou encore avec le modèle canadien, les dispositions prises en Allemagne en font à mon sens une légalisation idéale. Comme je le dis toujours, le plus important est de décriminaliser le cannabis. C’est ce que fait l’Allemagne, et c’est crucial. Il y a de nombreux exemples de légalisation basés sur un modèle où tout est très contrôlé, industrialisé. Or, on voit que cela ne fonctionne pas. Ce qui fonctionne, c’est lorsque le cannabis est véritablement libéré, sans laisser la possibilité aux grands groupes d’absorber le marché. Les idées forces à mon sens sont de laisser tout un chacun libre de faire pousser son cannabis à domicile, de réduire systématiquement les sanctions pénales et de retirer le cannabis de la liste des stupéfiants. Et là, nous avons un système de légalisation vertueux.

“Ce qui fonctionne, c’est lorsque le cannabis est véritablement libéré, sans laisser la possibilité aux grands groupes d’absorber le marché”

Quand on voit la facilitée avec laquelle on pouvait obtenir une ordonnance pour du cannabis médical en Californie, je me demande encore s’il était nécessaire de légaliser le récréatif en Californie, alors que le système entourant la délivrance de marijuana médicale était déjà très «  laisser faire  » (prononcée en français durant l’interview, NDLR).
D’ailleurs, je suis presque sûr que le cannabis n’a jamais été rayé de la liste des stupéfiants en Californie, et cela mérite réflexion.

ZW : C’est à dire?

AR : Si l’Allemagne avait suivi le modèle Californien, elle aurait maintenu les sanctions pénales appliquées, aurait laissé le cannabis inscrit sur la liste des stupéfiants et imposé une réglementation sur les licences de distribution. Si cela avait été le cas, la production et la distribution auraient rapidement été monopolisées par les grands groupes, parce que c’est ce que la grosse industrie fait, et c’est ce qu’elle fera un jour en Europe.
Le cadre juridique de la légalisation en Allemagne laisse à ce jour aux petits producteurs une chance d’exister et croître. J’entend souvent les gens dire : « c’est une mauvaise légalisation parce qu’il n’y a pas vraiment d’argent à se faire, parce que seuls sont autorisés les social clubs à but non lucratif et les associations de cultivation… ». Or, il existe toutes sortes de façons de gagner de l’argent différemment dans ce secteur. Dans le cas du modèle Allemand, c’est le petit gars du coin, le petit producteur qui prospérera, et c’est une très bonne nouvelle.
Grâce à cette loi et ses dispositions, en Europe, le marché du cannabis restera pendant de nombreuses années à l’abri d’une monopolisation par les géants de l’industrie.

“Dans le cas du modèle Allemand, c’est le petit gars du coin, le petit producteur qui prospérera, et c’est une très bonne nouvelle”

Pour illustrer mon propos, il y a une bonne comparaison à faire avec la bière artisanale:
Depuis quelques années, tout le monde peut acheter sa bière locale issue d’une petite production. J’habite en Slovénie et il y a plus de microbrasseries qu’il n’y en avait il y a un an et  cela doit représenter 20 % du marché Slovène. Mon point : il y aura toujours de la place pour le cannabis artisanal des petits producteurs. Et les grandes entreprises ne pourront jamais produire une excellente weed. C’est comme ça que ça marche. Le connaisseur, le consommateur, le client, le patient… c’est nous qui dirigeons le marché! Aux Etats-Unis, le marché du cannabis s’est consolidé autour de l’industrie lourde parce que les consommateurs n’étaient pas préparés et instruits. Il est donc important que vous soyez intelligent, que vous trouviez une marque, que vous trouviez une niche, que vous trouviez une valeur ajoutée. Ce sont des paramètres cruciaux que les acteurs de la filière doivent intégrer pour réussir et s’assurer une longévité dans l’espace européen et international du cannabis.

ZW : Après le Luxembourg, Malte et l’Allemagne. Quelle est à votre avis le prochain pays à légaliser en Europe? 

AR : Je sais que la République tchèque s’en rapproche, ainsi que la Slovénie. Je ne sais pas si nous sommes sur le point de légaliser le cannabis, mais nous sommes sur le point de procéder à de grands changements dans ce domaine là où je vis, en Slovénie. Il y a aussi l’Espagne qui pourrait évoluer.

ZW : L’Espagne, c’est beaucoup de va-et-viens, une sorte de tango prohibition-légalisation… 

AR : On peut dire ça, oui (rires). La politique là-bas est certes compliquée. Fondamentalement, en Espagne, il est toléré dans une certaine mesure de ne pas appliquer la législation au sens strict , dans un pays où 90% des lois sont vraiment observées.
Je pense que la Croatie a beaucoup de potentiel. Il semble aussi qu’il se passe beaucoup de choses en Grèce. Mais à mon avis, c’est la République tchèque qui sera le premier pays à suivre l’Allemagne. 

ZW : Et la Suisse? 

AR : La Suisse est également intéressante. J’ai vécu en Suisse il y a 25 ans, où c’était de facto légal selon certains critères. Vous saviez qu’il y a 25 ans, on pouvait fumer dans le train en Suisse?

ZW : Vraiment?

AR :  Absolument, notamment en Suisse alémanique. Ce n’est pas une blague. Le contrôleur passait et s’en foutait. Tu avais ton joint, tu lui donnais ton ticket, et c’était cool… c’étais l’âge d’or!
La Suisse est un étrange animal en matière de politique relative au cannabis. Ils ont leurs projets pilotes, mais ils disent qu’ils vont attendre cinq ans pour voir ce que donnent les projets pilotes avant de légaliser. Il y a un coté « Je le fais et je ne le fais pas ». C’est une donne difficile à prévoir en Suisse. Ils ont fait des choses merveilleuses et progressistes tout en étant un pays relativement conservateur. D’ailleurs, en Europe, certains états conservateurs ont fait beaucoup de choses progressistes en matière de cannabis (à l’instar des Pays bas, NDLR) contrairement aux pays dits libéraux (à l’instar de la France et l’Italie NDLR).
J’ai ma théorie là-dessus, et c’est parce que nous revenons à une société agraire. Et donc ces pays conservateurs, à l’instar de la Suisse, voient le cannabis d’un bon oeil « le cannabis, ça pousse vite et simplement, ça sent bon, tu peux utiliser sa fibre, ses graines et t’amuser en fumant ces jolies fleurs”. Pour moi, ç’est déjà dépénalisé en Suisse. En fait, ça l’a toujours été dans une certaine mesure…ils n’en ont tout simplement rien à foutre (rires).

Le lien vers le site de l’ICBC en cliquant ici

 

L’ICBC de Berlin se tiendra les 16 et 17 avril prochains:  tickets disponibles ici

L’ICBC en Slovénie se tiendra le 13 septembre 2024 : tickets disponibles ici 

Des rats dévorent plusieurs kilos de cannabis dans un commissariat de la Nouvelle Orléans

/

Après les rats d’hotel, les rats de commissariat. Des rongeurs à queue rose se sont introduits dans la salle des pièces à conviction du QG de la Police de la Nouvelle Orléans pour y dévorer plusieurs kilos de cannabis saisis, faisant du même coup disparaître les preuves.

Lors d’une séance du conseil municipal consécutif au larcin,  la directrice du service de police de La Nouvelle-Orléans Anne Kirkpatrick a livrée une lunaire mais pourtant véridique explication justifiant de la disparition de plusieurs kilos de cannabis .«Des rats ont mangé tout le cannabis entreposé dans l’enceinte des pièces à conviction. Certains d’entre eux, totalement défoncées et dociles, ont pu être appréhendées sans difficulté par nos agents pour analyse”.
Le quartier général des forces de l’ordre serait  infesté par des rongeurs qui  pénètre par effraction dans la salle des pièce des saisies, attirés par l’odeur du cannabis qui s’y trouve.

Razzia sur la ganja

Si l’histoire fait sourire, elle n’est pas sans conséquences, souligne la cheffe de police. En avalant la weed saisie, les rats ont aussi fait disparaitre les preuves à charge accumulées par les enquêteurs.
Lors de son allocution devant le conseil municipal, Anne Kirkpatrick a plaidé la vétusté en excuse, expliquant tant bien que mal que le bâtiment décrépit du centre-ville dans lequel le service de police est logé n’est plus adapté aux assauts des nuisibles.
Outre les rats, qui laisseraient des excréments partout sur les bureaux, le bâtiment construit en 1968 serait également infesté par des cafards. L’histoire ne dit pas si les blattes s’en sont pris à d’autres stupéfiants saisis.

Les rats n’en sont pas à leur premier coup

En 2022, des rats auraient dévoré plus de 500 kilogrammes de weed saisies et entreposées dans un hangar de la police dans le nord de l’Inde, rapportait CNN .
En 2018, nos confrères du Guardian relayaient une autre rat-razzia sur la ganja perpétrée dans un commissariat de Buenos Aires : saisie, la police des police des police avait mis à pied huit policiers, après avoir mis en doute leur version d’un scénario de rongeurs-stoneurs dévoreurs d’herbe : plus d’une demi-tonne de cannabis confisqué, stocké dans un entrepôt près de la capitale argentine, avaient alors disparu.
Les autorités n’avaient pas cru leur version des faits. Un râteau.

Quand la Motown chantait la ganja

//

Avant Dej Jam et le succès interplanétaire de la maison de disque de Bob Marley Tuff Gong, un label de Détroit se faisait déjà une sulfureuse réputation en produisant des titres louant sans équivoque des charmes de l’herbe. Zeweed vous emmène à la découverte de la Motown et de ses plus belles déclarations d’amour faites au cannabis.

Fondé par le compositeur et producteur Berry Gordy Jr en 1960, le label Motown tient son nom de la contraction entre motor (moteur) et town (ville). C’est un hommage à Détroit, qui a longtemps la grande ville de l’industrie automobile américaine.
Si le nombre de hits et d’artistes lancés par Motown est aussi gigantesque, c’est grâce au flair et à la volonté de son fondateur de rendre la soul accessible à la masse.

La plupart des artistes majeurs du label étaient amateurs de cannabis. C’était le cas de Diana Ross — qui a d’ailleurs initié Michael Jackson —, de Smokey Robinson ou encore de Marvin Gaye — qui a fumé toute sa vie en grande quantité pour calmer ses angoisses.

Le meilleur exemple reste tout de même la diva Esther Phillips. Sa reprise immortelle de “And I Love Him” des Beatles, que vous pouvez retrouver ci-dessous, fut immortalisée alors qu’elle était tellement enfumée qu’elle en avait des difficultés à marcher.

Pourtant, c’est seulement à la fin des années 60 que les premiers morceaux psychédéliques Motown sont sortis, grâce à l’impulsion des Temptations, avec “Cloud Nine”.
Un morceau enregistré en 1968, très clairement dédié à la plante, qui est sorti contre les recommandations de Gordy, suite à un vote des salariés.
Le pari est réussi: ce sera le premier Grammy du groupe et du label.

Après 10 ans de refus, Gordy, qui ne pensait pas le public américain capable d’accepter ce thème en pleine guerre contre les stupéfiants, lâche la bride.
La même année et seulement pour quelques mois, une division Weed est lancée, pour sortir l’album de Chris Clark. Un album orné d’un symbole peace, qui pastiche le rival Stax et du facétieux slogan “Tous vos artistes préférés sont dans la Weed”.

En 1971, Marvin Gaye sort un album qui parle de la guerre du Vietnam, du sexe et surtout de l’addiction.
Le chanvre sert dorénavant de paravent à la firme, ici pour parler des ravages de l’héroïne, sans braquer un auditoire bien pensant. C’est un prétexte pour s’adresser à un public large, tout en gardant sa suavitude légendaire, dans “Flyin’ high”.

Une stratégie qui sera aussi utilisée par Stevie Wonder deux ans plus tard. En dépit d’une variété qui lui a été dédiée, il n’a fumé qu’une seule fois dans la vie.
Son morceau “Too High” est un avertissement contre les stupéfiants sorti, seconde ironie, sur son album le plus psychédélique : “Innervisions”.

Bien entendu, ses avertissements ne visent pas notre plante préférée. L’album est d’ailleurs particulièrement calibré pour les sessions fumettes. Un fait loin d’être accidentel.

Le morceau le plus explicite jamais sorti par Motown est lâché par Rick James, le Superfreak, en 1978. Le transparent “Mary Jane” est un morceau fondateur de la Punk-Funk, qui a retourné les charts. Un must, quand on sait qu’il parle de la plante comme d’une délicieuse séductrice.

Rick James: “I’m stone I’m proud ” attitude.

Le chanteur s’est, de nombreuses fois, déclaré scandalisé qu’on puisse recevoir des peines de prison pour le cannabis et il fumait très régulièrement sur scène.

Ce hit, d’ailleurs, sera une influence majeure pour tout le mouvement Hip-Hop et en particulier pour le jeune Snoop Dogg, qui enregistrera même un morceau avec le maître.

Cinéma, remixs et élégance: La recette du Bonheur de Wax Tailor

/

Michael Caine, John Barry et Wax Tailor sont dans une vidéo. Ici, personne ne tombe à l’eau, bien au contraire. Dans ce court format documentaire, lancé par la chaîne Ciné +, d’éminents artisans du son parlent de leurs morceaux cultes. Ceux qui ont forgé leur esthétique comme un feu sacré, attisant leur passion.

Dans cet épisode, le DJ Normand Wax Tailor (A.K.A. Jean-Christophe Le Saoût) nous explique comment la B.O. du film de Michael Caine “Ipcress, danger immédiat” composée par John Barry a changé sa vie.
Rencontre au sommet du son entre Jazz, Trip-hop et électro.

Grand passionné de Cinéma, Wax Tailor a toujours puisé dans les classiques, qu’il s’agisse de Kubrick, Chaplin ou Minelli.
Il a cultivé un univers sonore très riche, ce qui explique ses collaborations avec Ghostface Killah du Wu Tang Clan (qui sont d’énormes fans de films asiatiques) et Lee Fields, le parrain de la scène retro soul (l’héritier spirituel de James Brown).
Cette ouverture d’esprit lui vient entre autres de l’influence de l’utilisation très organique, par John Barry, de la bande originale pour habiller ce film qu’il décrit comme un “Anti-James Bond” dont il admire la densité du son et les digressions.
Rien d’étonnant, puisque le maestro, qu’il compare au génial Miles Davis, est avant tout un grand amateur de Jazz.
Une musique qui vit par sa spontanéité et qui se prête à toutes les libertés, tant qu’elles sont mélodiques.
Cette partition insolite est sortie en 1965, l’année qui suit celle du mythique Goldfinger. Un pari risqué puisque le réalisateur Sidney J. Furie “filme le banal comme ne l’étant pas” dans ce film d’espionnage novateur, ou comment faire la thèse et l’antithèse à un an d’écart.
Un génie qui a valu au compositeur 5 Oscars, 10 Nominations aux Golden Globes et le titre de Chevalier des Arts en Angleterre.

Le lien entre ces deux musiciens ? Une volonté de toujours innover, de chercher quelque chose de nouveau, pour ne jamais se répéter, qui l’a poussé à ne “presque jamais” utiliser de boucles, au bénéfice de textures, d’ambiances et d’émotions.

Décidément marqué par l’exercice de ce grand-père spirituel, il a, lui aussi, tenté l’exercice de la bande originale et enregistré en 2008 le titre Seize the day pour la bande originale du film Paris par Cédric Klapisch.

Quelque part entre nostalgie et progrès, le DJ est décidément délicieusement anachronique, puisqu’il a lancé le premier vinyle connecté au monde grâce à une puce NFC.
Un format vintage propulsé à l’avant-garde grâce à la créativité d’un DJ ?
C’est aussi ça, la magie de Wax Tailor.
Un homme qui a trouvé le secret de la pierre philosophale pour changer le bruit en Or.

Son nouvel album The Shadow Of Their Suns est disponible dans les bacs et nous vous le recommandons très fortement !

Vous pouvez l’acheter ici

Quand les Etats-Unis encourageait la culture du chanvre pour gagner la guerre.

/

Hemp for Victory, c’est l’incroyable documentaire financé par le gouvernement américain afin de louer les vertus du chanvre. Sorti durant la seconde guerre mondiale, le film de 13 minutes explique comment faire pousser du cannabis pour soutenir l’effort de guerre. Retour sur une période où la belle plante était un des étendards de la lutte contre le totalitarisme nazi et les velléités impérialistes nipponnes.

1942. Les Etats-Unis, KO-debout après l’anéantissement de leur base navale de Pearl Harbor rentrent du jour au lendemain en guerre contre le Japon et l’Allemagne.
Pris de court, l’administration Roosevelt se heurte à un gros soucis logistique : le pays de l’oncle Sam ne dispose pratiquement d’aucun moyen de production pour fabriquer cordes, toiles et textiles -pièces essentielles à la machine de guerre-, la plupart des fibres étant importées.
Face à la crise, le gouvernement n’aura d’autre choix que d’opérer un virage à 180 degrés quant à sa position sur le chanvre.
Car c’est ce même gouvernement qui avait tout fait pour freiner son essor commercial au niveau fédérale, en imposant en 1937 une très lourde taxe sur la production de chanvre, AKA cannabis.

Supervisé par l’USDA (United State Department of Agriculture), ce précieux segment de 13 minutes a été commandé afin d’encourager les agriculteurs à cultiver du chanvre pour soutenir l’effort de guerre. Nourri de louanges à l’égard du cannabis, d’explications sur la façon de le faire pousser et déclinant toutes les utilisation possibles que l’on peut en tirer, tout y est pour faire de l’agriculteur américain lambda un pro de la culture de chanvre.
Pendant près d’un demi-siècle, le documentaire restera des plus confidentiels. Le gouvernement des États-Unis allant jusqu’à nier avoir commandé un tel film .Les activiste Jack Herer et Marria Farrow réussiront à s’en procurer une copie en 1989, pour la dispatcher ensuite dans les milieux militants et le Congrès Américain. Sacré Jack!

 

 

Quand l’art psychédélique s’affichait

/

Sans jamais se prendre aux sérieux mais en opposition constante avec la société de consommation, ils ont profondément influencé le Pop Art américain dès 1966. Place aux créations délirantes et furieuses des « Big 5 », un groupe de dessinateurs hallucinés qui établira la charte graphique du mouvement hippie de Haight-Ashbury.

Pour certains, les années hippies évoquent les pattes d’éph’, les chemises à fleurs ou Woodstock. Pour d’autres, elles incarnent une des contestations sociales et politiques majeures du XXe siècle, la libération sexuelle en prime. Mais peu se souviennent que le San Francisco des années soixante, berceau de la culture hippie, a également été le terrain d’expériences graphiques d’une originalité inégalée et un des jalons les plus notables de l’art Pop Américain.

Le LSD n’y est pas pour rien. Car sans cette substance synthétique hallucinogène, le mouvement psychédélique (du grec psyché âme et dêlos visible) n’aurait sans doute pas vu le jour. Pas plus que ces groupes de rock qui essaiment à l’époque sur la côte ouest des Etats-Unis, véritables porte-parole et principal moyen de revendication de la communauté hippie.

Frisco, freaks & LSD

À San Francisco, ils se produisent dans deux salles incontournables : le Fillmore et l’Avalon Ballroom. De grands-messes psychédéliques y sont célébrées plusieurs fois par semaine, associant musique rock déjantée, consommation effrénée de substances, et lights shows décuplant les effets de celui-ci.

Victor Moscosso

C’est dans cette atmosphère délirante que se développe l’art psychédélique. Bill Graham et Chet Helms, les deux grands promoteurs de spectacles du moment, financent plusieurs centaines d’affiches pour annoncer les concerts de The Charlatans, Greateful Dead, Jefferson Airplane, Jimi Hendrix, The Doors, The Velvet Underground et autres Pink Floyd.

Du Velvet Underground  à Pink Floyd

Placardées dans les rues de San Francisco, elles apparaissent comme autant de manifestes de la contre-culture, leurs arabesques moelleuses et ondoyantes, leurs couleurs aussi intenses qu’exubérantes, et leurs lettrages aux formes liquides quasi illisibles fonctionnant comme une propagande cryptée contre le conformisme de la société américaine des 60’s.

Alton Kelley

Parmi la dizaine d’artistes majeurs qui les conçoivent et les dessinent, cinq d’entre eux sont entrés dans la légende sous l’appellation des « Big 5 ».

Art Nouveau & Optical Art

Il y a Wes Wilson (1937-2020), diplômé en horticulture, dont le premier poster intitulé Are We next figure un drapeau américain orné d’une svastika : condamnation sans appel de l’engagement croissant des Etats unis dans la guerre du Vietnam ; Victor Moscovo (né en 1936), le seul à avoir bénéficié d’une formation artistique, qui déclara que la création d’affiches psyché l’avait contraint d’oublier tout ce qu’il avait appris à l’école d’art sur le graphisme conventionnel – il est en outre le premier des « Big 5 » à voir ses œuvres exposées au Museum of Modern Art de New-York.

Victor Moscosso

Autre figure majeure: Rick Griffin (1944-1991), californien passionné de surf, auteur de bandes dessinées underground et de pochettes de disques mémorables, ainsi que le duo composé d’Alton Kelley (1940-2008) et de Stanley Mouse (né en 1940), l’un concepteur génial, l’autre dessinateur virtuose, dont le travail en commun fut comparé à l’œuvre du génial affichiste français Henri de Toulouse-Lautrec.

The Big 5

L’expérience psychédélique née de la prise de LSD et les jeux de lumières des lights show sont leurs principales sources d’inspiration. Mais ils puisent également dans les théories de la couleur et l’art optique de Josef Albers, peintre et enseignant au Bauhaus, ainsi que dans l’Art Nouveau ou les affichistes du mouvement sécessionniste viennois (Gustav Klimt, Alfred Roller et Koloman Moser).

The “big Five” San Francisco poster artists Lto R Alton Kelly, Victor moscosso, Rick Griffin, Wes Wilson, Stanley Mouse

Parfois, ils vont jusqu’à s’approprier certains motifs des affiches du Tchèque Alfons Mucha ou du Français Jules Chéret. Et certains historiens de l’art décèlent dans leurs dessins l’influence du mouvement surréaliste européen qui, dans les années 60, fait l’objet aux Etats-Unis de nombreuses publications et expositions remarquées.

Quoi qu’il en soit, la créativité débordante de ce génial quintet a apporté aux arts graphiques quelque chose de neuf, de jamais vu, une nouvelle vision du monde. Au point qu’après eux, l’art américain ne sera plus tout à fait le même.

Rap, dollars et cannabis: 9 artistes qui ont chanté la weed et en ont fait un business.

//

Si le Jazz, le Rock ou le Reggae ont trouvé en mère Ganja une alliée de poids dans le processus créatif, la majeure partie des textes évoquaient l’amour, l’oppression ou la joie de vivre. Pour le Rap, la tendance est devenue inverse il y a une vingtaine d’années, lorsque parler d’herbe n’était plus synonyme de censure systématique. Les messages contestataires et autres déclarations de sentiments monosyllabiques peu valorisants ont alors laissé la place à des paroles louant les vertus de l’Herbe, qui plus est avec inédite précision et délicatesse. Un amour de la weed que plusieurs artistes de la mouvance concrétiseront en se lançant dans la culture et la vente (légale) de cannabis.

Berner (Cookies)
Tout a commencé en 2010 lorsque Berner, à l’époque dealer, fit appel à Wiz Khalifa pour créer une variété devenue célèbre : la Girl Scout Cookies (GSC). Dix ans plus tard, ce qui a commencé avec une souche de GSC est maintenant devenu l’empire Cookies, l’une des plus grandes marques de cannabis US. En plus de plusieurs dispensaires et d’une ligne de vêtements et produits pour stoner (bong, grinder, pipes…), Berner a également lancé une eau vitaminée au chanvre : Hemp2o. La rumeur raconte qu’il est en négociation avec Arjan Roskam, le « King of Cannabis », une association entre  deux empires à faire passer l’acquisition de 21Century fox par Disney pour un deal de coin du rue.

Kurupt (Moonrock/Sunrock)
C’est en 2014, avec la  Moonrock , une weed présenté sous forme de caillou avec un concentré injecté à l’intérieur d’une tête  avant d’être roulé dans du Kieff,  que Kurupt s’est lancé dans le ganja-market. Indépendamment de proposer  une weed infumable parce que bien trop forte, Kurupt est  l’ancien vice-président de Death Row Records et ancien du Tha Dogg Pound de Snoop. Une mixtape de 23 titres accompagnant des stars comme Kendrick Lamar et, encore une fois, Wiz, a aidé à faire éclater cette invention cannabique tristement célèbre.

Snoop Dogg (Leafs by Snoop)
Après des années de plaidoyer en faveur de la weed, le Dogg se lance en 2015  dans le trade de la matière verte.  Snoop légalise et legit’  son statut de Dogg Father of weed. Préemptant la légalité de 2016 en Californie, Snoop lancera la marque de weed « Leafs By Snoop » à Denver en novembre 2015, deux mois seulement après la création de Merry Jane, un site sur la culture du cannabis qui à ce jour fait toujours un carton.

Xzibit et Dr. Dre (Brass Knuckles)
Fondé en 2015 avec Xzibit, Dr Dre et Regina Herer (épouse du défunt activiste Jack Herer),  Brass Knuckles propose des liquides pour vape pen. Bien qu’initialement couronné de succès, un procès pour contamination par des pesticides en 2018 portera un sale coup à l’entreprise. Alors que l’affaire des pesticides se tasse, trois  investisseurs de la marque ont lancé une poursuite supplémentaire, cette fois uniquement contre Xzibit et le Dr Dre, pour obtenir une compensation pour les dommages pécuniaires et la rupture de contrat… mauvais Karma.

The Game (GFarmaLabs)
En août 2016, The Game devient le premier artiste à posséder son propre dispensaire en devenant partenaire avec une weed-boutique de Santa Ana, The Reserve. Il a également lancé Trees by Game, une entreprise  qui est à la fois une société d’investissement et un bureau de tendances. En avril de la même année, avec GFarmaLabs, il lance une gamme de limonades infusées au cannabis.

Master P (Master P’s Trees)
L’icône du rap du sud et le magnat milliardaire Master P auront tout fait. Qu’il s’agisse de jouer dans la NBA, de mettre le hip-hop du Sud sur la carte du bon Rap, de lancer une chaîne de télévision entièrement Black (non, pas noir et blanc, mais dédiée et faite par des Afro-Américains) et même de profiter d’une carrière d’acteur quelque peu prolifique. En 2016, Master P a lancé Master P’s Trees, qui, selon son communiqué de presse, est un  «mode de vie complet», Fleurs de cannabis mais aussi liquides pour vape pen et comestibles au THC… Las ! Le projet a été de courte durée et n’a jamais complètement démarré en raison de la poursuite en cours de 25 millions de dollars entre Master P et son partenaire commercial.

B-Real (Dr Greenthumb)
B-Real, le leader de Cypress Hill et l’une des premières légendes stoner du rap, s’est officiellement impliqué dans l’industrie qu’il a contribué à façonner en ouvrant le Dr Greenthumb, un dispensaire à Sylmar, en Californie, nommé d’après l’un des plus grands succès de Cypress Hill.

Jim Jones (Saucey Farms)
Après une longue histoire d’incarcération pour des arrestations liées à la marijuana, le rappeur  Jim Jones a finalement suivi la voie légale, en lançant en 2018 Saucey Farms, une ligne de fleurs et de liquides pour vape pen avec le célèbre  bijoutier célèbre, Alex Todd. Pas exactement le plus grand succès de cette liste, mais en mention honorable pour être passé du côté légal de la force.

Jay-Z (Caliva)
Bien que Jay Z ne soit pas à l’origine de la marque Caliva, il a été recruté comme stratège en chef de la marque en juillet 2019. Trois mois plus tard, Caliva ouvrait son premier magasin à  Bellflower, Californie. Depuis, “The Z” a fondé The Parent Company , une plateforme financière qui aide les minorités (spécialement Afro-Américaines), à rentrer dans le ganja-game.

Kevin Smith: Dettes, mensonges et vidéos

//

Comment Kevin Smith, un geek du New Jersey, est-il devenu une icône du cinéma de genre ? Grâce à pas mal d’herbe, un peu de bluff et une relation quasi-symbiotique avec sa fan base. En passant du statut de réalisateur paumé à celui de Star indé, pour arriver à celui de magnat de la Pop culture (sans jamais lâcher son joint), Kevin Smith a changé le monde, une collaboration à la fois. Un monde plus fun, plus polémique et bien entendu plus Nerd, c’est ce que propose l’irrévérencieux trublion depuis près de 30 ans.
Portrait d’un artiste unique qui a sérieusement bousculé les conventions mainstream d’Hollywood.

Cinéma, endettement et Sundance

Kevin Smith naît dans une ville perdue du New Jersey, en 1970. Il grandit avec une passion du hockey et des comics, qu’il achète toutes les semaines avec son argent de poche.
À l’instar de Wes Anderson qui avait dépensé toute sa bourse étudiante pour tourner son premier film “Bottle Rocket” (ce qui lui valut de se faire virer de son son école de cinéma), Kevin Smith a commencé sa carrière envers et contre tous. Son premier film “Clerks” ne s’est fait que grâce à une lourde dette qu’il a accumulée à travers six cartes de crédits poussées aux limites de leurs découverts.
Comme il l’a déclaré dans l’un de ses trois podcasts hebdomadaires “j’ai atterri à Sundance en 1994 pour vendre mon film en jouant le tout pour le tout”.

Un pari risqué, qui lui a permis de se faire connaître à Hollywood, grâce à un film aux dialogues acérés, tourné en noir et blanc et basé sur sa propre lassitude du monde du travail.
Kevin est le scénariste, le réalisateur et un des acteurs du film. Il joue le muet, en duo avec son meilleur ami, le très volubile Jay.
Jay et Silent Bob sont devenus des références pour tous les stoners, deux dealers exubérants, grossiers et attachants, présents dans 5 films et dans une variété de caméos en dépit d’origines plus qu’accidentelles : “J’ai pris le rôle de Silent Bob uniquement parce que je n’arrivais pas à me souvenir du texte”.
Le film lui a ouvert les portes d’Hollywood et l’aura propulsé sur le devant d’une scène pas toujours bienveillante.

Self care et weed

Si le réalisateur a dépassé ses propres limites, c’est grâce à des rencontres, comme il le narre dans son autobiographie : “[il] a longtemps été une grosse feignasse”.
Quand il fait la connaissance de Jennifer Schwalbach Smith, sa femme depuis 1999, il est au bord de la dépression et du diabète.
Grâce à elle, il va retrouver la santé (devenant vegan au passage), un rythme de travail plus équilibré et une ganja de qualité.

L’origine de son état ? Hollywood, qui l’a sucé jusqu’à la moelle. Après avoir été menacé par Harvey Weinstein, pour qui il a refusé de travailler et avoir été viré de son projet pour un nouveau Superman avec Nicolas Cage, il a senti les limites de la notoriété et s’est recentré sur les projets qui le passionnaient… Dont le lancement d’une marque de cannabis, pour partager les meilleures variétés qu’il a découvertes dans sa quête pour une meilleure fumette.

C’est cette passion pour la weed qui l’a, de nombreuses fois, aidé à garder sa bonhomie légendaire. Dans cet esprit, il a même manifesté avec des fondamentalistes chrétiens contre son propre film, le génial Dogma sorti en 1999. À l’occasion, il a même répondu à des journalistes pour une hilarante interview. Quand on lui reparle de cette anecdote, il répond simplement qu’il était très high à ce moment là, qu’il trouvait ça drôle et qu’après tout, fondamentalistes chrétiens ou pas, il s’agissait de “gens de sa ville” ce qui les rendait attachants à ses yeux.

Restauration et NFT

Cette candeur teintée de générosité est au centre de son travail. Quand il n’est pas en train de militer pour un plus grand respect des femmes dans le monde de la BD, il lance un pop up restaurant basé sur la franchise fictionnelle Mooby, qu’on retrouve dans tous ses films depuis “Clerks 2”, afin de réconforter sa fan base en ces temps de pandémie. Les restaurants sont des sortes de “Hard Rock Cafe pour stoners”, grâce à un grand nombre de clins d’oeils, d’accessoires venus de tournages et même un soda très décontractant au CBD.
Rien d’étonnant, puisque sa propre marque de cannabis est aussi dédiée aux fans, proposant des comics aux effigies de Jay et de Silent Bob pour chaque achat d’un joint pré-roulé.
Il a d’ailleurs monté sa propre boutique de Comics, nommée “Jay and Silent Bob’s Secret Stash” dans le New Jersey.

Son dernier projet ? Vendre son prochain film d’horreur sous le format NFT, afin de rendre le pouvoir volé par les studios aux fans.
L’artiste n’est plus très fan des majors depuis le tournage de Cop Out en 2010, pour lequel il a eu à gérer la mauvaise humeur chronique de Bruce Willis prêt à tout saboter. Un cauchemar sous-payé qu’il souhaite ne jamais reproduire, même si on lui propose le poids de Snoop en Cannabis.

1 2 3 9