THC, CBD, Santé

Dans les Etats US et pays qui ont légalisé le cannabis, la consommation de tabac, d’alcool et drogues dures est en recul

Une vaste étude internationale vient conforter ce que beaucoup d’acteurs de santé publique pressentaient : la légalisation du cannabis médical ne bouleverse pas seulement les marchés, elle modifie aussi en profondeur les comportements de consommation. Tabac, amphétamines et alcool voient leur usage reculer, tandis que le cannabidiol (CBD) et les boissons infusées au THC séduisent de plus en plus les jeunes générations. À l’heure où la France continue d’ignorer ce débat, ces données viennent nourrir une réflexion mondiale sur la place du cannabis dans les politiques de santé et dans l’économie.

Quand le cannabis médical remplace le tabac et les amphétamines

L’étude, menée par des chercheurs allemands et libanais, s’appuie sur les chiffres de vingt pays. Elle établit une corrélation forte entre l’ouverture d’un marché légal de cannabis médical et la baisse de certaines consommations à risque. Le tabac en premier lieu : les données montrent que l’usage de cigarettes est en recul là où le cannabis médical est en vente librement. Même chose pour les amphétamines, substances stimulantes dont l’usage est jugé particulièrement préoccupant. Autrement dit, le cannabis médical ne vient pas s’ajouter à l’arsenal des produits psychoactifs, il en remplace certains. Les auteurs parlent d’un « effet de substitution » significatif. Cette conclusion, bien que mesurée – l’étude insiste sur le fait qu’il s’agit de corrélations populationnelles et non de preuves individuelles de causalité – suggère néanmoins que la légalisation peut être un remarquable levier de réduction des risques.

Un marché en  pleine expansion

Ces effets bénéfiques ne se limitent pas à  protéger la santé mentale des patients hyper anxieux. Ils ont aussi de beaux effets secondaires sur l’économie.  Après légalisation, les ventes de cannabis médical ont progressé en moyenne de 26% dans les pays concernés. Certes, les États-Unis, considérés comme un « cas à part » en raison de l’ampleur de leur marché, tirent les chiffres vers le haut. Mais même en les excluant, la tendance reste solide : plus de 20 tonnes supplémentaires chaque année. Pour les chercheurs, cela démontre qu’un marché bien régulé peut générer des bénéfices économiques durables. La clé, insistent-ils, réside dans des cadres juridiques clairs, des standards de production exigeants et un accès simplifié pour les patients. Retirer les barrières administratives et investir dans l’éducation/l’information des consommateurs apparaît comme une condition indispensable à la pérennité de la filière. Dans un contexte où nombre d’Etat cherchent à diversifier et  accroître leurs revenus fiscaux, l’argument pèse lourd.

Le CBD pour traiter l’alcoolisme

L’étude s’inscrit dans un corpus scientifique en plein essor. Aux Etats-Unis, une étude a montré cette année que le cannabidiol, molécule non psychotrope issue du cannabis, permettait de réduire la consommation volontaire d’alcool. Les chercheurs ont observé une baisse significative de l’envie de boire et des symptômes de sevrage chez les sujets étudiés. Une autre publication, parue dans la revue Nature, souligne le potentiel du CBD pour traiter l’addiction à l’alcool, en diminuant le risque de rechute et en protégeant le cerveau des effets neurotoxiques de l’abus d’alcool. Ces travaux laissent entrevoir une révolution thérapeutique dans le champ de l’addictologie.

En parallèle, aux États-Unis, les usages sociaux évoluent rapidement. Une enquête menée auprès de jeunes actifs montre qu’un tiers des travailleurs issus des générations Y et Z préfèrent désormais les boissons au THC aux traditionnels verres d’alcool lors des afterworks. Le phénomène illustre une mutation culturelle où la convivialité ne passe plus nécessairement par l’alcool, mais par des alternatives perçues comme plus modernes et, pour certains, moins nocives.

A quand l’ouverture sur le vieux continent?

Pris ensemble, ces signaux convergent vers une idée : le cannabis médical et le CBD ne constituent pas uniquement un nouveau marché, mais aussi un outil de transformation des comportements. En réduisant la place du tabac, des amphétamines et de l’alcool, ces substances pourraient remodeler en profondeur les habitudes de consommation. Un argument de plus qui soutient l’idée que la légalisation du cannabis, thérapeutique ou récréatif, est une opportunité sanitaire, sociale de taille. Certains pays en proie à un déficit record et un problème d’alcoolisme tout aussi préoccupant, à l’instar de la France, devraient embrasser cette opportunité plutôt que lui mener une couteuse guerre, pour l’Etat comme pour ses citoyens. 

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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