Cannabis Thérapeutique

Brésil : désordres et progrès

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Fin juin, le plus grand pays d’Amérique latine dépénalisait l’usage et la possession de cannabis. Aussi progressiste soit-elle, la nouvelle législation est loin de faire l’unanimité. Enquête.

Si la possession personnelle de maconha vient d’être décriminalisée, le Brésil de Lula, réélu en 2022, continue à naviguer dans le flou : la filière du cannabis thérapeutique attend d’être légalisée depuis près d’une décennie. Dans la première puissance économique du continent sud-américain, les acteurs engagés en faveur d’une filière dédiée, sont éclectiques, des représentants de l’élite brésilienne aux haut-parleurs des quartiers populaires.

Voilà près d’une décennie que la décision était attendue. Depuis le 25 juin, la possession de maconha (cannabis) est considérée au Brésil comme une simple infraction, passible d’un avertissement délivré par la police. En votant en faveur de la décriminalisation du cannabis à usage personnel, 8 des 11 magistrats de l’institution de Brasilia ont mis fin à une procédure commencée en 2015 qui visait à statuer sur la constitutionnalité d’une loi adoptée en 2006 : celle-ci considérait comme un crime l’acquisition, la conservation ou le transport de tout type de drogue pour une consommation personnelle. Après examen, le STF (Tribunal suprême fédéral) avait finalement décidé de limiter le débat au seul cannabis.

La loi de 2006 ne punissait pas d’emprisonnement l’usage personnel de cannabis, préférant des mesures éducatives et des services d’intérêt général. Mais jusqu’alors, en l’absence de critères objectifs, l’appréciation était laissée aux policiers et aux juges des 26 États du pays. Or, selon ses détracteurs, celle-ci était à l’origine de nombreuses discriminations raciales et sociales, particulièrement si le consommateur était noir ou/et issu des favelas et quartiers populaires des métropoles du pays aux 215 millions d’habitants. En 2023, le juge Alexandre de Moraes, l’un des magistrats de la Cour suprême, avait d’ailleurs dénoncé le fait que « les jeunes, surtout les Noirs, sont considérés comme des trafiquants s’ils sont arrêtés en possession de quantité de drogues bien moins importantes que des Blancs de plus de trente ans ».

La décision de la Cour suprême devrait ainsi alléger le système pénitentiaire brésilien. Et désormais, les millions de fumeurs brésiliens pourront tirer avec moins d’angoisse sur leur maconha, chantée de Tim Maia à Erasmos Carlos, en passant par l’ancien ministre de la Culture, Gilberto Gil, militant de longue date de sa dépénalisation. « Pendant de nombreuses années, expliquait-il à la presse brésilienne cette année, j’ai expérimenté le cannabis, l’ayahuasca. C’étaient des choses guidées par mon peuple, par ma génération, par mes pairs, par mes collègues. »

72 % des Brésiliens se disent en effet opposés à l’usage récréatif du cannabis

Reste que cette avancée sociétale a été actée dans une large indifférence nationale : 72 % des Brésiliens se disent en effet opposés à l’usage récréatif du cannabis ; en premier lieu, les 22 % fréquentant les églises évangéliques menées par l’Église universelle du Royaume de Dieu.
Les habitants de la première puissance économique d’Amérique du Sud sont en revanche plus conciliants concernant l’usage du cannabis à des fins médicinales et industrielles, en particulier dans les cosmétiques – qui fait également l’objet de débats au Brésil : en 2022, la Cour Suprême a autorisé trois patients à cultiver du cannabis chez eux à des fins médicinales. Cette décision, qui pourrait faire jurisprudence, vient aux secours des 430 000 Brésiliens qui consomment aujourd’hui du CBD.
Jusqu’ici, ces derniers n’avaient qu’une option pour les obtenir : les faire venir de l’étranger ; au prix fort, en raison de coûts d’importation extrêmement élevés. Pour les magistrats brésiliens, cultiver quelques plants de cannabis chez soi ne constitue donc pas une menace pour la santé publique. Mais les sages de la Cour suprême prennent soin d’encadrer cette décision : pour planter du cannabis, les patients devront justifier d’une prescription médicale et obtenir l’autorisation de l’Agence nationale de surveillance sanitaire, l’Anvisa. Un cadre extrêmement rigoureux sur fond de grand flou juridique. Le cannabis médicinal n’a toujours pas été légalisé au Brésil : le projet de loi 399 attend l’approbation du Congrès depuis dix ans.

Militantisme, entreprenariat et économie nouvelle

Patrícia Villela Marino est l’une des activistes sur les starting-blocks (1). La P.-D.G. philanthrope de l’ONG Humanitas360 est l’une des leaders du mouvement brésilien qui défend la légalisation du cannabis médicinal. Quand elle n’est pas sur Brasilia, où elle est membre du Conseil de la Présidence de la République, cette Pauliste sillonne les provinces de la fédération pour assister à des forums et réfléchir aux politiques publiques qui permettraient d’accompagner l’usage médicinal du cannabis comme l’utilisation industrielle du chanvre. Sa fondation participe également au financement d’un think-tank dédié à cet enjeu : l’Institut de recherche sociale et économique sur le cannabis – « Il s’agit du droit à la vie des patients les plus pauvres.
Nous n’avons pas le droit de tarder à investir dans ce domaine », souligne-t-elle. Patrícia Villela Marino est à l’avant-garde du pragmatisme qui commence à s’emparer des milieux d’affaires, du patronat brésilien, et en particulier de ses agro-industriels, particulièrement conservateurs, vis-à-vis du potentiel économique du CBD et du chanvre industriel.
Mariée à Ricardo Villela Marino, issu d’une des trois familles contrôlant la holding brésilienne Itaúsa et la plus grande banque privée du pays, Itaú Unibanco, Patrícia Villela Marino est tout à la fois évangélique, mais aussi pro-Lula. « J’ai rencontré de nombreuses entreprises étrangères qui spéculent sur le fait que notre gouvernement se prononcera bientôt sur un cadre réglementaire et qui cherchent déjà à se positionner, comme the Green Hub, une société américaine. Si l’on veut éviter de se retrouver concurrencés dans son propre pays, il faut que nous accélérions : nos filières du café, tout comme celle du lait se sont effondrées. La nouvelle économie du cannabis industriel, qui pourrait être plus inclusive que nos anciens secteurs, est notre avenir, j’en suis convaincue. Mais plus nos législateurs tardent à s’emparer de cette question, plus nos start-up et sociétés pharmaceutiques brésiliennes sont menacées. »

Patrícia Villela Marino, milliardaire et pasionaria du cannabis thérapeutique

Pour cette progressiste fortunée, membre d’une famille « comparable aux Rothschild en richesse et en influence » note le magazine Forbes, « débattre du cannabis, c’est l’agenda de Jésus parmi nous, car cela nous demande de dépasser beaucoup de religiosité et de pharisaïsme ». Une hypocrisie qui n’épargne pas les milieux aisés d’un pays qui compte l’une des plus importantes inégalités de revenus au monde. « Presque tout le monde sniffe de la cocaïne en soirée, durant de chouettes parties, mais personne n’ose s’engager sur la légalisation du cannabis médical » ironise Patricia Villela Marino, qui a dû d’abord s’imposer dans son propre milieu, même si la fortune est un argument persuasif.

« Lula élu président, c’est une excellente nouvelle pour le cannabis au Brésil. » Rafael Arcuri, président de l’association nationale des producteurs de chanvre industriel

Selon le deuxième annuaire du cannabis médicinal au Brésil, publié par Kaya Mind en 2022, le cannabis brésilien, s’il était légalisé tant dans le domaine récréatif que thérapeutique, pourrait rapporter, après cinq ans de calage, jusqu’à 5,3 milliards de dollars à l’économie nationale et participer à la création de 328 000 emplois. « Les yeux du monde entier sont tournés vers notre pays », estime Viviane Sedola, fondatrice de l’entreprise en ligne Dr Cannabis, membre du Conseil économique et social brésilien et d’un groupe de travail au sein du gouvernement fédéral sur les substances psychoactives. Car une économie du cannabis médicinal s’est déjà développée au Brésil, sans attendre sa légalisation. Importateurs, sociétés pharmaceutiques, plateformes et associations : le millier d’entreprises brésiliennes opérant déjà dans le secteur du CBD a généré en 2023, 700 millions de reais (plus de 100 millions d’euros), soit une croissance de 92 % par rapport à 2022, selon les données collectées par Kaya Mind.
Les pionniers qui participent à cette économie naissante du cannabis médicinal brésilien forment un groupe diversifié. Certains sont rentrés dans le circuit après avoir expérimenté ses bienfaits pour la santé, comme l’ancien joueur de tennis professionnel Bruno Soares, quarante-deux ans, qui l’a d’abord employé pour ses effets anti-inflammatoires. En 2022, alors qu’il quittait le circuit professionnel, Soares a effectué, à travers son fonds MadFish, un investissement de plus d’un million d’euros dans le laboratoire Ease Labs de Belo Horizonte, dans l’État du Minas Gerais, qui importe et distribue des médicaments à base de cannabis médicinal. Le musicien carioca Marcelo Maldonado Gomes Peixoto, alias Marcelo D2, cinquante-six ans, leader du groupe Planet Hemp, vient de lancer sa propre gamme de produits à base de CBD, Koba by MD2, réalisée en partenariat avec la société paraguayenne Koba, qui « vise à démocratiser l’accès à ces médicaments ».

D’autres acteurs viennent du monde scientifique. Claudio Lottenberg, ancien P.-D.G. de l’hôpital Albert-Einstein (l’un des plus célèbres et meilleurs hôpitaux privés du Brésil) et aujourd’hui président du conseil d’administration de l’institution, dirige aussi ceux de Zion MedPharma et Endogen, des sites axés sur les produits à base de cannabis. À ses côtés, on retrouve Dirceu Barbano, ancien directeur de l’Agence nationale de surveillance sanitaire, l’Anvisa, qui a la tutelle sur la prescription et la délivrance de médicaments à base de cannabis. Tous ces opérateurs sont suspendus aux décisions qui seront prises à Brasilia : « Lula élu président, c’est une excellente nouvelle pour le cannabis au Brésil, notait en 2023 l’avocat Rafael Arcuri, président de l’association nationale des producteurs de chanvre industriel. Mais il est encore difficile de spéculer sur ce qui pourrait se produire et comment. La meilleure hypothèse est que le cannabis et le chanvre seront soumis à des réglementations plus larges, avec davantage d’utilisations autorisées pour les cannabinoïdes ou le chanvre. Mais la culture sur le sol brésilien reste une question délicate. Lula peut également utiliser ses pouvoirs pour proposer un nouveau projet de loi, plus adapté à ce Congrès, ou émettre un décret présidentiel réglementant différents aspects de la commercialisation du cannabis et du chanvre. » De l’ordre et du progrès… enfin ?

 

Jean-Christophe Servant

 

1) Les propos de Patrícia Villela Marino, qui a choisi pour l’heure de ne plus communiquer avec les médias, sont tirés d’entretiens donnés entre 2023 et 2024 à la presse brésilienne.

 

USA : le cannabis efficace pour lutter contre la crise des opioïdes… dans certains cas

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Une étude pilotée par l’École de santé publique de l’université Columbia s’est penchée sur l’impact du cannabis sur la consommation d’opioïdes dans les États ayant légalisé l’herbe, pour conclure que ce dernier peut être utile dans la lutte contre l’addiction aux opioïdes, mais uniquement chez les consommateurs réguliers de marijuana. Explications

Publiée dans l’International Journal of Drug Policy, l’étude révèle une diminution de l’usage problématique des opioïdes chez les consommateurs de cannabis après l’introduction des lois sur le cannabis médical. En revanche, ces baisses ne se vérifient pas lorsque des lois combinant usage médical et récréatif sont adoptées.

Fin 2019, 32 États avaient légalisé l’accès au cannabis médical. Tous ceux qui ont ensuite légiféré sur l’usage récréatif avaient d’abord réglementé l’usage médical. En s’appuyant sur les données de l’Enquête nationale sur l’usage des drogues et la santé (NSDUH) de 2015 à 2019, les chercheurs ont évalué les liens entre ces législations et la consommation problématique d’opioïdes (usage détourné d’ordonnances ou consommation d’héroïne).

Une nuance pour les utilisateurs réguliers

Sur près de 283 000 participants, 4 % rapportaient un usage détourné des opioïdes au cours de l’année écoulée, tandis que 1,3 % évoquaient une consommation dans le mois précédent. Trois pour cent répondaient aux critères d’un trouble lié à l’usage des opioïdes, selon le DSM-IV. Ces chiffres grimpaient toutefois chez les consommateurs de cannabis : 15 % d’entre eux signalaient un usage détourné d’opioïdes ou un trouble associé.

« Notre étude est la première à explorer l’impact des lois sur le cannabis sur les résultats liés aux opioïdes chez les consommateurs réguliers de cannabis, particulièrement ceux ayant commencé avant l’adoption des lois dans leur État », explique Silvia Martins, professeure d’épidémiologie à Columbia.

Dans les États ayant légalisé uniquement l’usage médical, l’étude observe une baisse modeste de certains indicateurs liés aux opioïdes parmi les consommateurs de cannabis. Cependant, cette tendance ne se confirme pas dans les États ayant également légalisé l’usage récréatif. « Les lois sur le cannabis médical semblent associées à une diminution de l’usage des opioïdes chez les consommateurs de cannabis, mais davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer ces résultats », ajoute Martins.

Une vigilance toujours requise

Globalement, l’adoption de lois médicales ou récréatives n’a pas entraîné de changements significatifs dans la population générale concernant l’usage ou l’abus d’opioïdes. Toutefois, chez les consommateurs réguliers de cannabis, des réductions dans certains indicateurs ont été constatées, mais uniquement dans les États ayant légalisé l’usage médical.

Pour Martins, ces résultats soulignent la nécessité d’un suivi constant. « Le faible nombre d’États ayant adopté des lois combinant usage médical et récréatif, ainsi que leur mise en place récente, limitent nos analyses. Avec davantage de données et de recul, l’impact pourrait devenir plus clair », conclut-elle. Elle appelle également à explorer de près la consommation d’opioïdes chez ceux qui obtiennent du cannabis via des dispensaires médicaux ou récréatifs.

Si les promesses de réduction de la crise des opioïdes semblent encore timides, l’étude appelle à poursuivre les recherches pour démêler les liens entre politiques publiques, cannabis et santé publique.

Le Maroc, future royaume du cannabis légal?

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Pionnier africain dans la régulation du cannabis, le Maroc a franchi une étape majeure en 2024. Avec un secteur légal désormais solidement structuré et un respect scrupuleux des normes de conformité, le royaume chérifien se positionne comme un modèle en matière de gouvernance du cannabis.

C’est à Rabat, lors de l’assemblée générale annuelle de l’Agence Nationale de Régulation des Activités liées au Cannabis (ANRAC), que Mohamed El Guerrouj, directeur général de l’agence, a dévoilé les performances impressionnantes du secteur.
« En 2024, environ 4 000 tonnes de cannabis ont été produites sur une surface de 2 169 hectares », s’est félicité M. El Guerrouj. Une progression qui reflète la montée en puissance d’une industrie légale en pleine expansion. Mais au-delà des volumes, c’est l’absence totale de non-conformité réglementaire qui inquiète « Aucune infraction liée à la non-conformité n’a été enregistrée », précise à cet égard le directeur de l’ANRAC

Un écosystème structuré et inclusif

Cette réussite est le fruit d’une collaboration étroite entre autorités locales, ministères concernés et institutions publiques. Un dispositif renforcé par des mécanismes de soutien destinés aux agriculteurs et aux opérateurs du secteur, afin de leur permettre de répondre aux exigences strictes de production et de distribution.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les 4 158 demandes de licences déposées en 2024, 3 371 ont été approuvées, soit un taux de validation avoisinant les 81 %. Parmi celles-ci, 3 056 permis ont été octroyés à 2 907 agriculteurs, contre seulement 430 licences accordées en 2023. Une augmentation spectaculaire qui traduit la volonté du gouvernement d’intégrer les petits producteurs dans ce marché légal. En parallèle, 315 licences ont été attribuées à 158 opérateurs industriels.

Manne économique

Cette régulation ne se limite pas à encadrer le marché : elle redessine les perspectives économiques du pays. Création d’emplois durables, augmentation des revenus des agriculteurs et structuration d’un secteur privé compétitif figurent parmi les bénéfices attendus.
« Nous voulons formaliser l’industrie, consolider les bases légales et accompagner les acteurs locaux dans leur développement » appuie El Guerrouj. L’objectif est clair : faire du Maroc une référence internationale dans le secteur du cannabis légal.
Pour 2025, l’ANRAC voit plus grand encore. La priorité sera donnée à l’intensification des mesures de traçabilité des produits et au renforcement de la compétitivité du marché national.

Investisseurs internationaux

L’ambition ? Attirer davantage d’investissements étrangers et stimuler les exportations.
En s’appuyant sur une politique rigoureuse mais ouverte, le Maroc aspire à devenir un acteur incontournable d’un marché mondial en pleine mutation. Avec des réformes pensées pour conjuguer croissance économique et gouvernance exemplaire, le royaume entend prouver qu’une régulation stricte peut rimer avec opportunités pour les communautés rurales et dynamisme pour le secteur privé.
Alors qu’il mise sur une vision aussi audacieuse que  transparente, le Maroc est en passe de gagner son pari : s’imposer comme un leader de l’or vert, fort d’un modèle socio-économique qui a tout pour faire école, que ce soit Afrique, en Asie ou encore en Europe.

 

ZEWEED avec Prohibition Partners, APANews et Reuters

Cannabis thérapeutique : les patients français en sursis dans un contexte politique des plus flous

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Des milliers de patients français sous traitement de cannabis à visée médical ont obtenu un sursis temporaire, leur permettant de poursuivre leurs soins pour six mois supplémentaires… en vue de trouver d’autres alternatives.

Dans un contexte de chaos politique persistant, les participants à l’« expérimentation » française sur le cannabis médical – qui entre dans sa cinquième année – ont frôlé une interruption brutale de leurs traitements, souvent cruciaux, au 31 décembre 2024.
Malgré une nouvelle prolongation du programme, initialement prévu pour se terminer en 2023, l’incertitude plane toujours sur la « généralisation » du cannabis médical, comme promis par le gouvernement, et son intégration au système national de santé.
Cette prolongation intervient alors que le tout nouveau ministre de la Santé, Yannick Neuder, affirme que « la voie du cannabis thérapeutique » doit encore être « étudiée », en raison de son efficacité sur des douleurs « rebelles, souvent non soulagées par d’autres médicaments ».
Pourtant, face à l’inaction successive des gouvernements sur ce dossier et au retard de la généralisation prévue pour janvier 2024, patients et défenseurs du cannabis restent sceptiques. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dans son annonce de la nouvelle extension, a précisé que celle-ci vise à donner aux patients le temps de se sevrer et d’envisager des alternatives.

Quatre ans d’expérimentation

En décembre, des associations de patients avaient alerté sur une interruption imminente des traitements, faute de cadre clair pour la suite de l’expérimentation. Lancée en 2021, celle-ci devait poser les bases d’un système complet de cannabis à visée médicale. Après de multiples prolongations, accusé de « repousser l’échéance », le gouvernement avait annoncé que la généralisation serait pour 2025.
Depuis 2024,  le programme était dans une « phase de transition » : aucun nouveau patient ne peut s’inscrire à l’essai, mais les participants inscrits continuaient de recevoir leurs traitements et à être remboursés, et ce jusqu’à ce qu’un système pérenne soit établi. Or, cette phase a pris fin le 31 décembre 2024, sans plan ni budget pour permettre aux milliers de patients de poursuivre leurs soins.

Espoir ou moratoire? 

Sous une pression croissante, l’ancienne ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, avait prolongé l’essai jusqu’au 30 juin 2025, une décision validée par son successeur, Yannick Neuder. Ce dernier a toutefois insisté sur la nécessité pour les patients de se sevrer et de consulter pour envisager d’autres solutions.
Neuder a déclaré que cette extension permettra aux patients de « continuer leur traitement en attendant de réorganiser et de consulter pour voir si nous pouvons créer une filière autour de cette nouvelle source de médicaments ». Il a ajouté : « Je pense que nous devons étudier cette voie du cannabis thérapeutique, car elle couvre une gamme de douleurs rebelles souvent non soulagées par d’autres médicaments : traitements contre le cancer, raideurs, douleurs faciales. »

Avenir incertain

L’avenir du cannabis médical en France reste flou. Les autorités médicales françaises expriment des doutes quant à son efficacité, malgré une étude de référence publiée en 2021 dans le British Medical Journal et les résultats positifs de l’expérimentation menée depuis quatre ans.
Selon des données publiées par l’ANSM en 2023, sur 2 204 patients inclus dans l’essai, 91 % se sont déclarés favorables à la légalisation du cannabis médical en France. Pourtant, l’expérimentation se concentrait davantage sur les aspects logistiques de mise en place d’un cadre légal que sur les données d’efficacité et de sécurité.

Dans un contexte d’ instabilité politique marquée et des priorités faites à l’immigration, l’insécurité, et la dette publique, le cannabis médical passe au second plan. Son avenir dépend désormais du budget 2025, au cœur du chaos politique.
Pour que le cannabis médical soit généralisé, les amendements  nécessaires devront être inclus dans le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), qui sera débattu dans les semaines à venir. Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, a par le passé défendu la généralisation du cannabis thérapeutique et a promis d’annoncer sa position « prochainement ».

 

Zeweed avec Prohibition Partners, Business of Cannabis et AFP

Comment le CBD et le THC agissent sur le sommeil.

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Des 120 principes actifs (cannabinoïdes) que l’on trouve dans la cannabis, le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC) sont sans conteste les plus connus et maitrisés. Point commun aux deux molécules : leurs pouvoirs sédatifs. Mais si CBD et THC sont issus de la même plante, ils agissent de façon très différente sur notre cortex et donc notre sommeil. Zeweed vous explique comment.

Avant de se décider à choisir entre CBD et THC pour se réconcilier avec l’oreiller, il est crucial de comprendre comment les deux cannabinoïdes affectent le sommeil. Car si CBD et THC sont de très efficaces aides pour se plonger dans les bras de Morphée, la façon dont ils opèrent sur notre cerveau est radicalement différente.

COMMENT LE THC AFFECTE-T-IL LE SOMMEIL ?

Toutes les personnes qui ont une certaine expérience du cannabis sont unanimes sur un point : le THC est un très bon sédatif. Une propriété que l’on doit à son action sur le système endocannabinoïdien via le récepteurs CB1 et CB2 et dont la pharmacodynamie commence à se préciser.

Car si de façon empirique, tout un chacun reconnait le pouvoir soporifique du CBD comme THC,  les études comparants les deux alcaloïdes de la plante sont en revanche peu nombreuses.
Une lacune que chercheurs canadiens de l’Université Laval (situé au Québec) ont voulu combler en se penchant sur les effets sur le sommeil des deux cannabinoïdes. Les fruits de leurs travaux ont été publié récemment dans le Journal of Clinical Psychopharmacology. On y découvre entre autre que 15 mg de THC sont suffisants pour raccourcir la latence à l’endormissement et provoquer la somnolence, quel que soit l’heure de la journée. Contrepartie à l’efficacité radicale du THC: une altération de la mémoire courte, une tendance à la somnolence après le réveil  et des changements d’humeur plus fréquents.

Le THC serait donc réservé aux cas sévères. Même avec ces effets secondaires constatés cliniquement, le tétrahydrocannabinol reste une alternative beaucoup plus saine aux somnifères hynotiques (Stillnox, Imovane, Noctamide…) et aux benzodiazépines (Valium, Xanax, Tranxène…).

Si dans la plupart des pays, de nombreux insomniaques ont recours au « pétard du soir » pour s’assoupir, la rédaction vous conseille vivement de respecter la législation du  pays ou vous avez posé votre lit, ne serait-ce que pour dormir,  sur vos deux oreilles, d’un sommeil de juste.

COMMENT LE CBD AFFECTE-T-IL LE SOMMEIL ?

Une seconde étude nous apprend que le CBD diminue la latence du sommeil de stade 3 (qui est la période entre le sommeil léger et profond) mais sans les effets indésirables inhérents à une forte dose de  THC. Grâce à ses propriétés apaisantes et analgésiques, le CBD est aussi un auxiliaire efficace pour traiter les symptômes associés à des pathologies qui pourraient entraver la capacité à s’endormir. (Douleurs inflammatoires, anxiété, douleurs d’origine spasmodiques)

Parmi les conclusions de l’étude les chercheurs ont pu démonter que  » le CBD module le réveil via l’activation des neurones dans l’hypothalamus et le DRD« . (Les deux zones du cerveau qui sont entre autre responsables de la vigilance, grande entrave au sommeil).
En d’autres termes, le CBD vous rend en fait plus alerte. Cela peut sembler être un attribut contre-productif pour un somnifère, mais sa capacité à prévenir une somnolence excessive fait du cannabidiol un excellent outil pour tous ceux qui ont besoin de dormir moins ou ceux qui tentent de passer à un horaire de sommeil plus sain.

COMPRENDRE LES EFFETS PSYCHO ACTIFS

Si les effets du THC sur le sommeil sont beaucoup plus marqués que ceux du CBD, le THC est un composé psycho actif qui rend « stone » et fait planer. Et cela signifie qu’il y aura toujours un risque lié à l’utilisation de médicaments riches en THC, notamment de surdosage. Un surdosage de THC ne mettra pas en danger la vie du sujet mais lui procurera un lendemain difficile avec à la clef des sentiments d’anxiété plus fréquents, voire une tendance à la paranoïa. Des effets secondaires qui ne faciliterons pas l’endormissement le lendemain… à moins de reprendre du THC.

En revanche, le CBD n’a pas d’effet psycho actif notable, ce qui signifie qu’il a pas d’impact perceptibles sur notre perception et jugement. Raison pour laquelle il est autorisé en Europe et pas considéré comme un stupéfiant.

CBD OU THC : COMMENT CHOISIR?

Il n’y a pas de réponse simple et standard à cette question. Que vous optiez pour un médicament à base de CBD ou de THC dépend vraiment de votre condition. L’absence d’effets psychoactifs fait du CBD une option fiable et sans effets secondaires. Mais si vous avez besoin de médicaments pour vous endormir et/ou que vous êtes sûr de pouvoir gérer l’effet psychotrope du THC, ce dernier reste la meilleure option.
Enfin, si la consommation de THC est légalisée au Canada depuis 2018, la molécule reste prohibée dans de nombreux pays. Renseignez-vous sur la législation en vigueur dans le pays où vous résidez et souhaitez trouver un bon sommeil, et consultez votre médecin avant de commencer tout nouveau traitement au THC.

 

 

Foi, CBD et entreprenariat: A la rencontre des nonnes qui cultivent du chanvre bien-être

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Les nonnes de l’ordre des Sisters of the Valley ne sont pas des bonne-soeurs conventionnelles. Et pour cause, elles se réclament d’une religion qu’on apprend pas au catéchèse : la foi en le cannabidiol (CBD). Portrait d’une confrérie dont les fidèles sont assurés de monter au ciel.

Meet Sister Kate, née Christine Meeusen et originaire de Milwaukee, Wisconsin.
En 2009, après un sale divorce, elle débarque en Californie avec trois enfants en bas âge et une idée fixe: créer un collectif de cannabis à usage médical avec son frère Joe: ce sera « Caregrowers ».
À l’époque, la Californie est l’un des rares État à avoir légalisé l’usage du cannabis thérapeutique. Après consultation et ordonnance chez un praticien, les patients en souffrance sont autorisés à acheter de l’herbe dans les dispensaires achalandés par des ferme de culture comme Caregrowers.

Débuts dans le cannabis thérapeutique

«La majorité des patients qui nous ont été envoyés par des médecins étaient très malades ou très proches de la mort» se souvient Sister  Kate dans le documentaire qui leur est consacré et produit par Netflix « Breaking Habits ».
En 2010, Christine Meeusen et son frère ne produisent et ne vendent que des fleurs séchées.
Ce qui n’est pas sans poser des soucis de sécurité pour les patients : un grand malade avec un joint allumé dans un lit… c’est les flammes de l’enfer assuré.
Dans un effort de résoudre ce soucis structurel, Christine arrête la vente de fleurs au profit  de crèmes, huiles et onctions, produits nettement moins accidentogènes.
La vente de teintures et autre préparations proposées décolle très rapidement, nous sommes en 2011.

Sister Occupy

Pendant ce temps-là, Sister Kate s’implique dans le mouvement d’origine canadienne « Occupy »  et participe aux manifestations vêtue d’une robe noire et blanche;  un costume d’Halloween retrouvé par hasard dans sa cave.
A force de la croiser dans l’habit religieux, les manifestants ont commencé à la surnommer « Sister Occupy », un surnom qui n’a pas été sans raviver sa fascination de toujours pour les nonnes. Finalement, après avoir récupéré son nom de jeune fille, Christine Meeusen se baptise «  Sister Kate ».
En 2013 et en 2014, elle ferme « Caregrowers » pour lancer «  Sisters of the Valley » et une gamme de produits au CBD qui verra le jour en 2014.

Question religion, Sœur Kate tient à préciser qu’elle n’est pas catholique pour le moins du monde et que son ordre n’est pas un groupe de «vraies bonnes soeurs».
Au contraire, l’organisation est inspiré des Béguines, ces groupes de femmes qui au Moyen Âge vivaient ensemble, travaillaient ensemble, priaient ensemble – sans la contribution des hommes ni la domination de l’Église catholique- pour  servir les plus démunis.

Prières à la déesse chanvre

D’ailleurs, à chaque prière avant de passer au jardinage, au curing ou à la préparation des huiles et autre divines onctions, Sister Kate commence sa prière par « Dear Godess » soit « Chère déesse », la déesse étant, vous l’aurez compris, la divine plante.
Quant à la doyenne sœur Kate, elle se décrit comme « une anarchiste en mission divine au service de l’homme et mère cannabis ».

Sister Kate dans son paradis

Les «nonnes de l’herbe», comme on les appelle dans la région, ne font en revanche pousser que du chanvre bien-être, cultivé pour être pauvre en THC (le cannabinoïde qui fait planer) et très riche en CBD, l’autre alcaloïde aux multiples vertus curatives et qui ne « défonce » pas.
Aujourd’hui, Sœur Kate compte 15 employés à temps plein, dont 11 sont originaires de Merced, Californie, là où le couvent vert et la ferme sont situés.
Un autre objectif de Sister Kate est de créer des beaux emplois  pour les femmes dans la médecine alternative, le service à la clientèle, la comptabilité et l’administration des affaires. Toujours en relation avec la plante divine…

Les Green Sisters au travail

Chiffre d’affaire en 2020 : 1,2 millions de dollars

Aujourd’hui, les religieuses de la Ganja utilisent ainsi le cannabis pour fabriquer des pommades, des teintures et de «l’huile végétale pure», conçues pour soulager les douleur chroniques, le stress, l’anxiété,  l’insomnie, un mauvais transit et même l’acnée!
En 2020, Sœur Kate et les Sisters of the Valley ont réalisé 1,2 millions de dollars de chiffre d’affaire.
« Notre but est de répandre notre parole, parce que finalement, tout le monde fait pousser de l’herbe dans le monde » précise Sis’Kate avec enthousiasme. « Mon vœux est de pouvoir ouvrir des congrégations Sisters of the Valley partout où l’on peut cultiver de l’herbe, et continuer à prêcher en actes les bienfaits de mère nature et mère cannabis».
Amen.

 

Les produits de Sisters of the Valley ne contenant moins de 0,2% de THC, crèmes, huiles et onctions peuvent être livrés dans tous les pays libres via leur site :  https://www.sistersofthevalley.org/

Santé : les terpènes de cannabis, prometteur traitement contre le cancer ?

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Une étude chinoise a démontré que les terpènes du chanvre, en particulier l’humulène (ou α-caryophyllène) et le caryophyllène (β-caryophyllène ou BCP), ont des propriétés analgésiques et réductrices de tumeurs.

Les terpènes, au-delà de leurs contributions aromatiques et gustatives, ont un potentiel thérapeutique significatif. Présents dans le cannabis, le chanvre, les fruits et d’autres plantes, les terpènes comme le limonène et le phytol ont déjà montré des propriétés anticancéreuses prometteuses.
Les auteurs de l’étude soulignent cependant que jusqu’alors, la plupart des études liées au cannabis thérapeutique s’étaient concentrées sur les phytocannabinoïdes sans s’attarder plus avant sur les propriétés des huiles essentielles de cannabis. C’est en voulant pallier cette lacune que les chercheurs ont pu démontrer que les extraits d’huile de chanvre réduisaient la douleur neuropathique et la croissance tumorale chez les souris.

D’après l’étude, « ces résultats révèlent que l’huile essentielle de chanvre joue un rôle non seulement dans le traitement de la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie tumorale, mais également dans le traitement antitumoral qui offre des informations clés pour de nouvelles stratégies de traitement du cancer et fournit une référence pour le développement médicinal du chanvre ».

 

 

5 variétés de weed pour survivre à la flippe de la rentrée

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Alors que la rentrée se profile,  il est important de pouvoir compter sur des valeurs aussi sûres que naturelles. Jetez vos Xanax, oubliez les triple expressos et laissez votre vodka au congelo:  la rédaction vous a déniché 5 variétés de weed sur mesure. Suivez le guide (de survie).

Jack Herer

Jack Herer est une hybride à dominante sativa qui a acquis autant de renommée que son homonyme l’illustre Jack Herer, l’activiste et auteur américain. Créée par Sensi Seeds et fruit d’une union entre Haze et Nothern Light #5, la Jack Herer donne quick élévateur, mais plus euphorisant que la Durban Poison ou la Green Crack figurant dans cette sélection. Côté saveurs, les terpènes aux arômes de pins et poivre prennent le dessus. En culture intérieure, les rendements sont satisfaisants sans être mirobolants.
Il faut compter en moyenne 9 semaines pour que Jack Herer produise de belles fleures , 11 semaines de la graine à la récolte.
THC : 17.5¨%
Effets : Énergisante, euphorisante, bon moteur à création arty.
Indications: Depression, anxiété, trouble de l’humeur (cyclothymie)
Verdict : « Y’a pas d’erreurs avec Jack Herer » dit-on à Amsterdam « No error with Jack Herer ».
Une valeur sûre, sans doute la variété plus docile et adaptée à tous de cette liste.

https://www.zamnesia.fr/zamnesia-seeds/3325-jack-herer-automatic-feminisee.html

Strawberry Cough

Connue pour son odeur sucrée de fraises fraîches et une longue montée qui ne semble jamais finir, la Strawberry Cough peut faire tousser même les consommateurs les plus aguerris… mais pour la bonne cause. Côté parenté, c’est un peu le mystère (entrenu) pour cette weed franchement puissante malgré un taux de THC « normal »

Les saveurs de baies proches de la Skunk #11 captiveront vos sens tandis que les effets cérébraux et édifiants fournissent une euphorie qui ne manquera pas de laisser une «grande banane sur votre visage aux yeux rouges. La  « toux aux fraises » : une excellente solution en période de stress élevé.

THC : 17.5%
Effets: Énergisants, relaxants, euphorisants
Indications: dépression, anxiété, stresse, périodes difficiles…
Verdict :Strawberry Cough, c’est un peu la force tranquille de la weed, l’énergie zen. Parfait pour l’Homo-Urbanis-Stressos

https://www.zamnesia.fr/dutch-passion/396-strawberry-cough-feminisee.html

Durban Poison

Une pure sativa originaire de la ville portuaire sud-africaine. Un grand classique à l’odeur douce et ses effets stimulants au possible. Le Red Bull de la weed, une Ganja parfaite pour rester productif dans une journée bien remplie. Très apprécié par artistes et créatifs pour son boost énergisant des plus inspirants. Côté culture et production, les amateurs de concentrés apprécieront tous les deux les glandes de résine surdimensionnées qui font de cette variété un choix de qualité pour l’extraction de Dabs. Les bourgeons sont ronds et trapus, et laissent une épaisse couche de trichomes sur presque toutes les zones de la plante. En auto floraison indoor, comptez 10 semaines de la graine à la récolte

THC : 17,5 %
Effets : énergisant, créatif, source d’inspiration
Indications: dépression, stress, douleurs musculaires.
Verdict : Déjà très appréciée dans les années 70, c’est une pure Sativa dans toute sa splendeur, un grand cru classé de la weed.

Green Crack

Ne vous laissez pas tromper par le nom: point de drogue ici : nous parlons d’une variété 100% cannabis. Peu de souches peuvent se targuer des pouvoirs énergisants et aidant à la concentration que cette variété star de l’année 2019. Avec une saveur acidulée et fruitée évoquant la mangue, Green Crack est une excellente variété de jours qui peut aider les consommateurs qui ont un petit coup de mou ou qui ont besoin d’un petit coup de fouet pour se mettre au boulot. Cette variété s’appelait initialement Green Cush, (avec un C), mais en la découvrant, Snoop Dogg l’a immédiatement rebaptisé Green Crack, une weed que le rapeur apprécie particulièrement. En culture indoor, c’est sans doute un des meilleurs plans : haut rendement, très facile à cultiver, nécessite peu de lumière (100 watt en croissance et 250 en floraison lui suffiront), pour une récolte en 8 semaines seulement !

THC : 17%
Effets : Énergisant, aide à la concentration, excellent anti-migraine
Indications: Dépression, manque de tonus, migraines.
Verdict : Bon sang de Snoop Dogg ne saurait mentir pour cette weed qui ne vous affamera pas non plus.

Ghost Train Haze

La Ghost Train Haze, c’est un croisement de sativa, en l’occurrence de Ghost OG et de Neville’s Wreck, grande classique du pionnier des cultivateurs hollandais des années 80. Contrairement aux sativas typiques, Ghost Train Haze produit des bourgeons denses recouverts de trichomes blancs,  eux-mêmes recouverts de cristaux. Ce qu’on appelle des têtes bien pleines. Avec des arômes floraux et d’agrumes, la Ghost Train Haze fournit une puissante dose de THC des plus efficaces contre la douleur, la dépression et la perte d’appétit. La plus puissante de ce top 5, risque de ne pas convenir aux âmes sensibles et nouveaux consommateurs. À noter :1% de CBG, un chiffre intéressant pour les patients cherchant une weed thérapeutique traitant le syndrome du côlon irritable ou en proie à des TDAH
Coté culture, la Ghost Train Haze est une variété plutôt vouée à pousser en d’extérieur, et comme toute Haze, il faudra être plus patient : entre 60 et 80 jours.

THC : 18% CBG:%
Effets: Aide à la concentration, énergisante, euphorisante
Indications: Troubles de l’attention, hyperactivité, dépression.
Verdict : Top pour la concentration et à la créativité, quand consommée avec pondération. Au-delà, vous risquez de partir dans de trop abstraites rêveries. À utiliser avec parcimonie pour éviter de passer la journée comme un fantôme.

 

Rencontre avec une cannasexuelle.

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Cannasexuel(le) : Se dit d’une personne qui consomme systématiquement de la weed avant d’avoir un rapport intime.

Melody a 27 ans, pour elle le Cannabis c’est assez nouveau. Sa première expérience c’est en 2017 à Rotterdam avec un Space Cake “ C’était hyper fort, hyper violent. Un mix de l’exorciste et de shining.” Un an plus tard, en compagnie de son copain de l’époque, elle retente l’expérience avec un joint de weed pur. Depuis, il l’a quittée, mais “la weed est restée”. Elle fume aux alentours d’un gramme par jour et fait des pauses de temps à autre: “Je ne cherche plus d’excuses, je suis une stoner”.

Libido décuplée

Le Cannabis a complètement changé sa manière d’envisager le sexe, l’ouvrant à tout un volet jusque là ignoré de sa sensualité: “Je peux aller plus loin et ressentir plus ce qui est parfait”. Melody s’est longtemps sentie enfermée dans sa sexualité, bloquée par l’influence de ses proches et par la pression sociétale  “C’est une vraie liberté. Il n’y a pas cette honte et ce dégoût de soi post-sexe.”
Le Cannabis décuple sa libido et lui permet de vivre chaque expérience dans l’instant en  se laissant aller. Une soupape indispensable qui lui évite d’être coincé par le poids de sa propre psyché et surtout, de mieux s’accepter et de mieux accepter le regard de l’autre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il existe de nombreuses huiles de massages au Cannabis et des variétés de weed spécialement dédiées au sexe.

Libération du corps

Melody a longtemps souffert du poids de son hypersensibilité. Elle parle de sa consommation comme d’une “protection” qui lui permet d’être plus détachée émotionnellement.  Une sensibilité qui s’est longtemps traduite par des douleurs chroniques aussi bien physique que psychique. Elle n’a jamais très bien su si elles étaient somatiques, mais elle apprend à vivre avec depuis qu’elle fume. Elle sent parfois une certaine gêne, de l’ordre de la tendinite, mais l’expérience est bien moins pénible:  “Disons que ça laisse la douleur physique, mais te retire la douleur psychique, et ça, c’est le mieux.

Il faut savoir que le Cannabis est actuellement en train d’être reconnu par une bonne partie de la communauté scientifique comme étant le traitement le plus efficace pour le traitement des troubles post-traumatiques et hypersensibles. Son seul regret? Une expérience pas très amusante de Camgirl (terme qui désigne les filles qui font des spectacles à caractère érotique pour des internautes). Elle a rapidement arrêté, trouvant que ça n’était “ni hyper glamour, ni hyper positif” de poser pour d’hommes se pensant des dieux du sexe, mais qui étaient en réalité assez lourdingue. Elle s’est sentie négligée et s’est retirée “comme un nom sur une liste”.

Quête de sens et de sensation

Melody m’explique qu’elle est plutôt dans une quête de contact, de connexion que de coups d’un soir.
La dernière fois qu’elle en a eu un justement c’était en deux temps: “Le soir même c’était ouf, on était complètement high et déchaînés.” Le lendemain en revanche c’était un autre registre bien plus gênant et bien plus sobre: “On savait plus où se mettre, on a quand même essayé de recommencer, mais j’avais mal dans les positions profondes” Elle soupire et lâche finalement “c’était beaucoup moins fun…”.

Melody confie qu’elle cherche plutôt des plans émotionnels avec des gens qui la rassure. Une recherche de sécurité et de confort qui joue aussi dans le choix de ses partenaires qui sont bien souvent des fumeurs comme elle. “Je préfère les consommateurs aux gens neutres” conclue-t-elle “ne serait-ce que pour aller au musée high ensemble, c’est merveilleux”.

Vice a enquêté sur le sujet, leur reportage (interdit aux moins de 18 ans) est disponible en deux clics à partir de ce lien

 

Le cannabis au secours des US Marines

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Alors que nous fêtons le 80ème anniversaire du débarquement des forces alliés, ZEWEED s’est penché sur une condition qui affecte 20% des  vétérans du combat :  le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Si les soldats atteints par cette pathologie se sont longtemps vu prescrire des médicaments conventionnels lourds d’effets secondaires, nombre d’entre se tournent désormais vers le cannabis, dont ils louent les vertus thérapeutiques.  Parmi les associations américaines qui militent pour la prise en charge de la plante comme traitement du SSPT, la Battle’s Brother Foundation. Rencontre avec son co-fondateur, Bryan Buckley.

Pendant 9 ans, Bryan Buckley a été un bon petit soldat. Un US Marine Corp plus précisément. Son premier déploiement a été à Fallujah, en Irak. Puis ce sera en Afrique et en Asie du sud-est.
« Je me suis engagé dans l’armée juste après les événements du 11 septembre » se souvient le militaire décoré de la Medal of Honor.
Après avoir été nommé commandant d’unité chez les Marine Raiders (la force d’opérations spéciales des Marines américains), Bryan aura aussi servi en Afghanistan, dans la vallée de l’Helmand.
«Des hauts-gradés m’ont dit que l’été 2012, lorsque nous étions en Afghanistan, a été un des plus sanglants pour l’armée américaine depuis le Vietnam» me confesse le sergeant Bryan alors qu’il évoque l’opération Enduring Freedom (Enduring Freedom, le nom donné par l’armée US pour sa guerre globale contre le terrorisme).
«Et je suis sorti de l’armée à 100% handicapé et avec 100% de stress post-traumatique».

« C’est une fois la guerre finie que les vrais problèmes arrivent »

Je dégluti avant de dégainer ma prochaine question qui porte sur ses blessures.
« En 2012, nous nous battions dans la province de Helmand. Durant une reconnaissance, j’entends un siffle au dessus de ma tête. C’était une roquette. La grenade a explosé juste à côté de moi. J’ai pris des éclats d’obus sur ma jambe, mon dos et mon visage. Deux de mes coéquipiers ont également été blessés. L’un d’eux a perdu une partie de son triceps et l’autre a pris des éclats d’obus dans son estomac« .
Bryan a failli perdre sa jambe gauche à la suite des blessures qu’il a subies ce jour-là.
Quelques mois plus tard, Bryan fera une chute de 5 mètres depuis d’un hélicoptère, se disloquant la cheville et se fracturant la colonne vertébrale.
«La guerre est une folie» me lâche l’ancien US Marine.

 

Crédits: Helmand Valley Growers Company.

Les blessures de Bryan ont guéri très rapidement. A peine une semaine après avoir été opéré pour sauver sa jambe des éclats de grenade, il était debout et prêt à en découdre avec l’ennemi.
Ce n’est que sorti de la Grande Muette que Bryan s’est rendu compte que ses traumas n’étaient pas que physiques.
«Dans l’armée, vous devez toujours rester concentré sur la mission, même lorsque vous déplorez des victimes. Le seul mot d’ordre est de concentrer sur l’ennemi jusqu’à son éradication. Le moindre questionnement, le moindre doute est inenvisageable».

Chaque jour, 22 Vets américains mettent fin à leur vie

« C’est une fois la guerre finie et le chaos derrière qu’arrivent des problèmes auxquels personne ne s’attend« .
Après son retour de guerre, le SSPT de Bryan a commencé à se manifester. Il souffrait  d’insomnie, de dépression et d’anxiété.
Souvent, il se surprenait à revivre des scènes de bataille alors qu’il est éveillé.
Contre toute attente, cette détresse s’est accrue avec l’arrivée de ses enfant.
«L’ennemi utilisait souvent des femmes et les gamins comme boucliers humains. On voit des choses abominables ».

Durant ses crises liée au SSPT,  Bryan a le sentiment de n’être d’aucune utilité, de n’avoir aucun but, aucune raison d’être.
«Je n’ai pas pu regarder les informations pendant des années parce qu’ils parlaient des actions en Afghanistan et en Irak et je me sentirais coupable de ne pas être là», se souvient-il.
C’est ce manque d’intention qui laisse de nombreux anciens combattants désoeuvrés, en prise avec la dépression et les addictions.
C’est ce même mal à l’âme qui conduit chaque jour près de 22 « Vets » (vétérans de la guerre) américains à se suicider

 » J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint « 

L’équilibre, Bryan va le retrouver grâce à deux amis ancients combattants:  Andy Miears et Matt Curran.
Ensemble,  ils vont monter la Helmand Valley Growers Company (HVGC), une association militant pour que les Vets aient accès au cannabis.
Aux côtés de HVGC, Bryan, Andy et Matt vont aussi fonder la Battle Brothers Foundation : une ONG à but non lucratif qui vise à aider les anciens combattants américains, autant sur le plan psychologique, familiale que professionnel.

C’est en 2016 que l’aventure HVGC va débuter, lorsque Bryan remarque que son copain de garnison Andy a l’air en meilleur forme que d’habitude.
«Il n’avait pas ce regard léthargique habituel, ce regard du type qui a trop bu».
Buckley me confesse que la consommation d’alcool est l’une des façons les plus courantes pour les anciens combattants de faire face aux symptômes qui frappent une fois le service à la patrie rendu.
« Quand j’ai demandé à Andy comment il avait trouvé la force de sourire il m’a dit: » J’ai troqué ma bouteille de Jack Daniel’s pour un joint « .
Au delà d’avoir recours à l’herbe pour soulager ses symptômes de SSPT, Andy était en train de monter une exploitation de culture de cannabis thérapeutique (et légale).

Andy (à gauche) Brian (au milieu) et Matt.

«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats»

«Un jour, Andy m’a dit que le cannabis lui avait permis de passer du statut de guerrier à celui de jardinier».
Après avoir vu l’effet positif du cannabis sur son ami de tranchés, Brian essaie cette médecine douce.
« C’était incroyable. Je dormais mieux, je me réveillais revigoré, sans anxiété ni symptômes dépressifs. Aujourd’hui, le cannabis fait parti de mon quotidien ».

Et il n’aura pas fallut pas longtemps avant que Brian se rende compte que le cannabis pourrait bien être ce but dans la vie qui lui faisait tant défaut au sortir de la guerre.
Dès le départ, l’un des principaux objectifs de Battle Brothers était de changer le paysage médical américain en faisant du cannabis une option de traitement légale et accessible pour les Vets.
Que ce soit pour le soulagement de la douleur, un meilleur sommeil ou toute autre condition médicale.
«Le cannabis n’est pas le remède de tous les soldats», pondère Bryan d’une voix ferme.
«Mais ça devrait être dans notre kit de survie».

«Mais ça devrait être dans notre kit de survie»

A ce titre, la fondation Battle Brothers est en bonne voie d’accomplir sa mission: l’association vient d’obtenir l’approbation d’un comité d’examen pour mener une étude d’observation qui évaluera l’efficacité du cannabis dans le traitement des SSPT.
«En 2016, nous nous sommes adressés au Congrès afin de savoir ce qu’il faudrait faire pour rendre le cannabis disponible aux vétérans. Ils nous ont dit de collecter des données fiables aux côtés de médecins américains et de construire un dossier à présenter aux Anciens combattants. C’est ce que nous faisons.  »

L’étude devrait être lancée en juillet et impliquera 60 Vets californiens atteints de SSPT.
Les participants achèteront et doseront des produits à base de cannabis à leur propre discrétion pendant 90 jours et feront rapport à une équipe de NiaMedic (une société d’études cliniques Israëlienne).
Confiant que l’étude apportera des résultats concluants, Bryan voit en cette recherche les bases nécessaires à l’élaboration d’une politique de traitement au cannabis des Vets sujets au SSPT.
Et ils sont nombreux.
« Ces hommes et femmes prêtent serment pour leur pays  et signent un chèque en blanc payable de leur vie. Et quand ils sont de retour ici en Amérique, ils sont peut-être en bonne santé physiquement, mais pas spirituellement ni mentalement. Chez Helmand Valley Growers Company, nous voulons pouvoir assurer aux à ceux qui se sont battus pour la paix d’enfin la trouver« . C’est tout le bien qu’on leur souhaite.

 

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