Légalisation, cannabis, USA.

90% des américains sont en faveur d’une légalisation du cannabis

Selon une nouvelle enquête du Pew Research Center, 9 Américains sur 10 soutiennent aujourd’hui une légalisation du cannabis, qu’il soit à usage thérapeutique ou récréatif. Un consensus bipartisan et générationnel qui illustre à quel point la société américaine a changé de regard sur cette plante trop longtemps honnie.

En quelques années, le cannabis est passé du statut de menace à celui d’évidence. Une enquête récente menée par le Pew Research Center en apporte une preuve éclatante : 87 % des Américains adultes sont désormais favorables à une forme de légalisation. Plus de la moitié (54 %) plaident pour une légalisation à la fois récréative et médicale, tandis qu’un tiers (33 %) soutient uniquement un usage médical. Seuls 12 % considèrent que la marijuana devrait rester totalement interdite.
Ces chiffres confirment une tendance de fond, amorcée depuis le début des années 2000, et désormais bien installée dans toutes les couches de la société. Le soutien massif à la légalisation transcende non seulement les clivages partisans, mais aussi les différences d’âge, de revenus, ou d’origine ethnique. C’est une lame de fond culturelle, sociale et politique.

Soutien bipartisan

Contrairement à de nombreux sujets ultra-politisés aux États-Unis, le cannabis fait figure d’exception. L’étude de Pew montre que 93 % des démocrates sont favorables à une forme de légalisation, dont 66 % pour une légalisation complète. Côté républicain, le soutien reste massif, avec 81 % en faveur d’au moins une ouverture médicale, et 43 % pour une légalisation complète.
Ce soutien bipartite s’explique en partie par une évolution générationnelle : les jeunes républicains se montrent beaucoup plus ouverts que leurs aînés. Mais la dynamique va au-delà : dans une société marquée par la défiance vis-à-vis des institutions, la légalisation du cannabis apparaît comme une réforme de bon sens, capable de rassembler au-delà des camps traditionnels.
La mutation est profonde. Longtemps assimilé à une drogue dangereuse, vecteur de marginalité ou de délinquance, le cannabis est désormais vu comme un produit thérapeutique, économique, et parfois même banal. L’étude souligne que de nombreux Américains associent la légalisation à des retombées positives : stimulation économique locale, allègement du système judiciaire, fin des discriminations dans les contrôles de police.
Certes, des inquiétudes persistent : certains évoquent les risques de banalisation, les effets sur la santé mentale ou les comportements au volant. Mais ces réserves sont minoritaires, et ne remettent pas en cause le consensus global. Le basculement de l’opinion est net.

Progressisme soft

Sur le plan législatif, la légalisation progresse à petits pas.Trente-huit États ont déjà légalisé l’usage médical, et vingt-quatre ont franchi le cap de l’usage récréatif. Au niveau fédéral, l’administration Biden a engagé un processus de reclassification du cannabis, jusqu’ici inscrit au même rang que l’héroïne ou le LSD dans la liste des substances contrôlées. Ce reclassement ouvrirait la voie à des recherches plus approfondies, à une régulation plus souple, et à une reconnaissance légale de l’usage médical.
Par ailleurs, le Congrès planche sur des textes visant à faciliter l’accès des entreprises du cannabis aux services bancaires, aujourd’hui entravé par l’illégalité fédérale. Mais les résistances restent fortes dans certains cercles conservateurs, notamment au Sénat. Le nouveau directeur de la DEA a récemment déclaré qu’il « étudierait la question » avant de se prononcer, preuve d’une prudence persistante dans les hautes sphères.

Vox populi lobbying

Dans ce paysage contrasté, une chose est claire : l’opinion publique a largement dépassé ses représentants. Le soutien quasi unanime à une forme de légalisation constitue une pression politique directe sur Washington. Les élus devront composer avec cette réalité, d’autant plus qu’une majorité de votants considère aujourd’hui la prohibition comme inefficace, coûteuse et injuste.
Le cannabis, hier totem de la contre-culture, est devenu un marqueur de pragmatisme. Il incarne à la fois une volonté de réforme sociale, un levier économique, et un symbole de liberté individuelle. Pour de nombreux Américains, il est temps que la loi se mette au diapason des mentalités.
Le débat sur la légalisation du cannabis n’est plus un débat idéologique : c’est un fait de société. Qu’on y voie un enjeu de santé publique, une question de justice sociale ou une opportunité économique, le verdict populaire est sans appel. Dans une Amérique profondément divisée sur tant de sujets, le cannabis fait figure d’un rare point d’union. Reste à voir si les institutions sauront suivre le tempo imposé par la rue.

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Journaliste, peintre et musicien, Georges Desjardin-Legault est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu au Canada, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il est aujourd'hui rédacteur en chef du site.

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