Weed business - Page 3

Rap, dollars et cannabis: 9 artistes qui ont chanté la weed et en ont fait un business.

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Si le Jazz, le Rock ou le Reggae ont trouvé en mère Ganja une alliée de poids dans le processus créatif, la majeure partie des textes évoquaient l’amour, l’oppression ou la joie de vivre. Pour le Rap, la tendance est devenue inverse il y a une vingtaine d’années, lorsque parler d’herbe n’était plus synonyme de censure systématique. Les messages contestataires et autres déclarations de sentiments monosyllabiques peu valorisants ont alors laissé la place à des paroles louant les vertus de l’Herbe, qui plus est avec inédite précision et délicatesse. Un amour de la weed que plusieurs artistes de la mouvance concrétiseront en se lançant dans la culture et la vente (légale) de cannabis.

Berner (Cookies)
Tout a commencé en 2010 lorsque Berner, à l’époque dealer, fit appel à Wiz Khalifa pour créer une variété devenue célèbre : la Girl Scout Cookies (GSC). Dix ans plus tard, ce qui a commencé avec une souche de GSC est maintenant devenu l’empire Cookies, l’une des plus grandes marques de cannabis US. En plus de plusieurs dispensaires et d’une ligne de vêtements et produits pour stoner (bong, grinder, pipes…), Berner a également lancé une eau vitaminée au chanvre : Hemp2o. La rumeur raconte qu’il est en négociation avec Arjan Roskam, le « King of Cannabis », une association entre  deux empires à faire passer l’acquisition de 21Century fox par Disney pour un deal de coin du rue.

Kurupt (Moonrock/Sunrock)
C’est en 2014, avec la  Moonrock , une weed présenté sous forme de caillou avec un concentré injecté à l’intérieur d’une tête  avant d’être roulé dans du Kieff,  que Kurupt s’est lancé dans le ganja-market. Indépendamment de proposer  une weed infumable parce que bien trop forte, Kurupt est  l’ancien vice-président de Death Row Records et ancien du Tha Dogg Pound de Snoop. Une mixtape de 23 titres accompagnant des stars comme Kendrick Lamar et, encore une fois, Wiz, a aidé à faire éclater cette invention cannabique tristement célèbre.

Snoop Dogg (Leafs by Snoop)
Après des années de plaidoyer en faveur de la weed, le Dogg se lance en 2015  dans le trade de la matière verte.  Snoop légalise et legit’  son statut de Dogg Father of weed. Préemptant la légalité de 2016 en Californie, Snoop lancera la marque de weed « Leafs By Snoop » à Denver en novembre 2015, deux mois seulement après la création de Merry Jane, un site sur la culture du cannabis qui à ce jour fait toujours un carton.

Xzibit et Dr. Dre (Brass Knuckles)
Fondé en 2015 avec Xzibit, Dr Dre et Regina Herer (épouse du défunt activiste Jack Herer),  Brass Knuckles propose des liquides pour vape pen. Bien qu’initialement couronné de succès, un procès pour contamination par des pesticides en 2018 portera un sale coup à l’entreprise. Alors que l’affaire des pesticides se tasse, trois  investisseurs de la marque ont lancé une poursuite supplémentaire, cette fois uniquement contre Xzibit et le Dr Dre, pour obtenir une compensation pour les dommages pécuniaires et la rupture de contrat… mauvais Karma.

The Game (GFarmaLabs)
En août 2016, The Game devient le premier artiste à posséder son propre dispensaire en devenant partenaire avec une weed-boutique de Santa Ana, The Reserve. Il a également lancé Trees by Game, une entreprise  qui est à la fois une société d’investissement et un bureau de tendances. En avril de la même année, avec GFarmaLabs, il lance une gamme de limonades infusées au cannabis.

Master P (Master P’s Trees)
L’icône du rap du sud et le magnat milliardaire Master P auront tout fait. Qu’il s’agisse de jouer dans la NBA, de mettre le hip-hop du Sud sur la carte du bon Rap, de lancer une chaîne de télévision entièrement Black (non, pas noir et blanc, mais dédiée et faite par des Afro-Américains) et même de profiter d’une carrière d’acteur quelque peu prolifique. En 2016, Master P a lancé Master P’s Trees, qui, selon son communiqué de presse, est un  «mode de vie complet», Fleurs de cannabis mais aussi liquides pour vape pen et comestibles au THC… Las ! Le projet a été de courte durée et n’a jamais complètement démarré en raison de la poursuite en cours de 25 millions de dollars entre Master P et son partenaire commercial.

B-Real (Dr Greenthumb)
B-Real, le leader de Cypress Hill et l’une des premières légendes stoner du rap, s’est officiellement impliqué dans l’industrie qu’il a contribué à façonner en ouvrant le Dr Greenthumb, un dispensaire à Sylmar, en Californie, nommé d’après l’un des plus grands succès de Cypress Hill.

Jim Jones (Saucey Farms)
Après une longue histoire d’incarcération pour des arrestations liées à la marijuana, le rappeur  Jim Jones a finalement suivi la voie légale, en lançant en 2018 Saucey Farms, une ligne de fleurs et de liquides pour vape pen avec le célèbre  bijoutier célèbre, Alex Todd. Pas exactement le plus grand succès de cette liste, mais en mention honorable pour être passé du côté légal de la force.

Jay-Z (Caliva)
Bien que Jay Z ne soit pas à l’origine de la marque Caliva, il a été recruté comme stratège en chef de la marque en juillet 2019. Trois mois plus tard, Caliva ouvrait son premier magasin à  Bellflower, Californie. Depuis, “The Z” a fondé The Parent Company , une plateforme financière qui aide les minorités (spécialement Afro-Américaines), à rentrer dans le ganja-game.

Jim Ross, l’Hibernatus de la weed

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Jim Ross, c’est le cultivateur aussi barré que passionné qui a fait pousser le même plant de Matanuska Thunder Fuck (MTF)  pendant 20 ans afin de préserver la lignée de cette mythique variété en voie de disparition. Une Ganja exceptionnelle qui pousse en Alaska et qui fait aujourd’hui un carton chez les cannabis-aficionados (qui ont la chance d’en trouver).
Notre reporter Steve a fait sortir Jim de son placard le temps d’une interview, exercice auquel le breeder ne s’était livré qu’une fois en deux décennies.

Buenos Aires, 16h45.
Je suis avec mon chat et mon lap-top sur ma terrasse quand je reçois ce laconique message: “Appelle Jim. Il veut te parler, il a des questions.”
Je bondi de mon transat et attrape direct mon téléphone pour composer frénétiquement le numéro figurant dans l’e-mail qu’Andreas, mon contact en Alaska, m’a envoyé.
Une voix calme et grave me répond.
C’était Jim Ross, qui n’a accordé qu’une interview depuis sa cannabique popularité: en 2018 à l’occasion d’un reportage lui étant consacré.
Jim a désormais 61 ans et vit à Wasilla, en Alaska.

Un breeder en Alaska

Comment vas-tu Jim?” je demande.
Ça va, je m’accroche” me dit-il le plus tranquillement du monde.
En 2001, Jim a reçu une bad news : celle d’un diagnostic de myosite, une maladie rare et sans traitement,  qui provoque une inflammation chronique ainsi qu’une atrophie des muscles.
«J’étais déjà censé être mort  il ​​y a 2 ans, mais on dirait bien que l’échéance a été repoussée», s’amuse Jim en me racontant comment la maladie a ravagé un corps déjà frêle
«Je ne suis que peau et os. Au cours des deux dernières années et demie, j’ai perdu 32 kilos. Les toubibs disent que j’ai un pied dans la tombe. Mais, ironie de la vie, je fabrique mon traitement à partir de la MTF que je fais pousser. Et avec la bénediction de mon médecin qui me dit «continue de te traiter avec ta weed, ça marche! »

Il rit de nouveau et commence à expliquer comment il fabrique son médicament.
«Je prends 50 grammes de têtes réduites en poudre et un 50 cl de vodka , je la mets dans un pot , je la secoue, et après 3 mois je la filtre avec une étamine. Tous les jours, je prends deux à trois petites doses.» poursuit Jim.
La Matanuska Thunder Fuck qu’il utilise pour fabriquer son médicament, est une mystérieuse variété de cannabis élevée dans les années 1980 à Trapper Creek, sur les contreforts de la chaîne de l’Alaska.
C’est en 1987, lorsqu’il a déménagé de l’Oregon en Alaska, que Jim a gouté aux plaisirs de la  MTF.
«J’étais venu ici en vacances pour pêcher et je ne suis jamais parti. C’est tellement beau, et accessoirement, c’est la meilleure pêche au monde », analyse-t-il d’un ton réveur.

Trapper Creek Hash Plant

À l’époque, la MTF était connue sous le nom de Trapper Creek Hash Plant par Jim et ses copains et était cultivée  par  un certain « Tiny ».
En 1988, Tiny, en proie à des crises de parano due à la prise de substances non recommandables, était persuadé que les flics allaient le refroidir pour de bon. Il a abandonné sa culture et a demandé à un pote, Jeff Payton, de sauver ses plantes une fois le danger (imaginaire, révèlera l’histoire) écarté
En 1997, Jeff Payton transmet la souche à Jim,  qui l’a maintenu en vie depuis.

“À quoi ressemble MTF dans la salle de culture?”.
«C’est juste une variété incroyable», répond Jim tout enjoué.
Elle se comporte de manière incroyable. Il a des feuilles  qui poussent au-dessus des feuilles « panneaux solaire » sur la même extrémité. Et ces feuilles « parasol/éventail » sont plus grandes que la main. A titre d’exemple plus précis, j’en ai trouvé une qui faisait 30 centimètres de circonférences avec, superposée une autre feuille à trois crocs », s’étonne encore Jim.
Oh, et autre une fois“, continue-t-il, me donnant à peine le temps de taper mes notes, “J’ai même eu une tige poussant sur l’une de mes feuilles parasol!

A la recherche de la Matanuska ThunderFuck

Depuis 1997, Jim fait pousser sa MTF de légende chez lui, en utilisant toujours des clones provenant soit d’une mère, soit de plantes saines.
Je n’ai jamais fait pousser à partir de graines. Il s’agit du même phénotype depuis 1997 ».
Depuis qu’il a obtenu un plant de MTF de la part de Jeff Payton, Jim répand la bonne parole en transmettant des clones à ses proches amis.
«J’ai même fini par en redonner à Tiny et Jeff, qui avaient cessé de la cultiver depuis des années».
Jim a même rendu la souche à Cameron van Ryn, un cultivateur agréé FRM Wasilla, qui avait lui aussi obtenu la souche de Tiny il y a plus de vingt ans,  mais l’avait perdu, la faute aux méchants acariens.
Malheureusement, Tiny est récemment décédé.
Mais grâce à Jim et à ses amis, la légende de Trapper Creek vit toujours.

MTF, la weed de tous les superlatifs.

En 2017, Ron Bass, un producteur agréé de Houston, publie un article dans le Anchorage Daily affirmant qu’il avait trouvé de l’or et trouvé la légendaire souche de l’Alaska.
«J’ai jeté un coup d’œil à ces plantes,  sur les photos du journal et j’ai directement su que c’était pas de la MTF», explique Jim. «Tu peux me mettre dans une pièce avec 100 souches différentes, et je te trouverai rapidement la MTF… si il y en a.».
Et il avait raison; le plant de Ron Bass  s’est avéré ne pas être une pure MTF
Jim a finalement donné sa souche à Ron, qui a promis de la cultiver et de la transformer à des fins médicales.
«Je ne voulais pas d’argent ou de  gloire. J’ai dit à Ron que s’il pouvait sauver quelqu’un ou guérir avec ça, ça me convenait. Parce que c’est ce que ça a été pour moi : guérir, pas s’enrichir».
Sur une période de 18 mois, Jim a donné à Ron un total de 40 clones enracinés de sa belle plante. Ron a depuis déposé MTF et commercialisé la variété, en faisant même le thème d’un titre rap avec Afroman.

Cameron Van Ryn la développe également commercialement et fournit la MTF de Jim à des dispensaires en Alaska.
«Ils reçoivent un demi-kilo qui part généralement en une semaine. On ne peut pas répondre à la demande », glousse Jim.
Pour autant,  Jim préfère rester discret. Il est en train de vendre sa maison pour déménager dans l’un des 4 états du coin avec sa femme.
«En vieillissant, les hivers deviennent plus durs», concède-t-il. Pour la première fois depuis le début de notre entretient, qui dure depuis plus d’une heure, j’entends Jim soupirer.
«Je ne peux plus faire de la motoneige, du 4×4 ou du ski. C’est pas facile… »

Je lui pose des questions sur sa femme, Teena, et la voix de Jim reprend immédiatement son ton enjoué
Oh, nous sommes mariés depuis 25 ans. Je l’ai rencontrée en Alaska et elle vient aussi de l’Oregon », rit-il à nouveau. «Nous étions juste amis depuis longtemps. Ensuite, quand nous sommes devenus l’un et l’autre célibataires, les choses se sont concrétisées. Notre amour a poussé en même temps que ma MTF. Appelez-ça comme vous voulez. Pour moi, c’est ni plus ni moins que le destin, un merveilleux destin ».

 

Du plomb et du mercure dans mon joint ?!

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Les papiers à cigarettes, vecteurs de combustion essentiels, sont la plupart du temps chargés en métaux lourds. Parmi les plus présents : le plomb, le mercure et le cadmium. Une information des plus flippantes que l’industrie de papier à rouler s’était bien gardé de communiquer. Mais ça, c’était avant la légalisation et la protection du consommateur. Une petite pipe ?

Au Colorado en Californie comme en Illinois, où fumer est désormais un plaisir non coupable, la légalisation a d’inattendus avantages régulatoires  que le commun des stoner n’aurait su envisager: les autorités sanitaires se préoccupent aussi de la qualité de la matière verte comme de son dernier emballage.
Après avoir pourchassé, des décennies durant, fumeurs et farmers, les gendarmes des marchés de la weed contrôlent désormais les caractéristiques de la fumée aspirée. O tempora, o mor

Contrairement au cannabis, les feuilles à rouler ne sont soumis à aucun test

En Californie, le professionnalisme des régulateurs est à l’image de la pondération west coastienne :  les autorités n’autorisent la commercialisation que de produits ayant été testés en laboratoire, dans leur forme prête à l’emploi. Les laborantins californiens analysent donc la ganja, le papier, et les fumées dégagées par le pétard fumant. Ce faisant, des chercheurs ont résolu l’énigme du moment : certaines volutes étaient chargées en chlorpyrifos, un insecticide (cancérigène, mutagène et reprotoxique) qui n’avait pas été détecté dans la weed. Logiquement, les microscopes se sont pointés sur le papier à cigarette.

Insecticides

Cet été, les scientifiques de SC Labs en ont eu le cœur net. A la demande du California Bureau of Cannabis Control (BBC, les hommes en blanc de Santa Cruz ont établi le profil chimique des fumées de 118 modèles de feuilles à rouler, de cône et autres blunts, fabriqués à partir de cellulose, de riz ou de cannabis. Avec quelques surprises à la clé. Les chromatographes étaient paramétrés pour détecter les molécules de 66 pesticides. Le spectromètre de masse était calé sur quatre métaux lourds toxiques (plomb, cadmium, arsenic, mercure). Sans surprise, ces détecteurs ultrasensibles ne sont pas sortis bredouille de leur échantillonnage. Sur les 118 références étudiées, 90% ont été testées positives aux métaux lourds (rarement les quatre à la fois) et 16% aux pesticides.

Arsenic et mercure

Faut-il s’en inquiéter ? Oui et non, répondent en substance les scientifiques de SCLabs. « La plupart des teneurs détectées étaient inférieures aux limites californiennes », souligne le rapport toxicologique. Pour autant, quelques produits semblent désormais peu recommandables.
Le Blueberry Zig-Zag Cigar Cones contient un peu plus de cadmium mais surtout 3 fois plus d’arsenic qu’autorise la norme californienne. Les papiers en cellulose de Smokeclear et d’aLeda sont, en revanche, 100 fois trop chargés en plomb. Inacceptable ! Les wraps HubbaBubba et les paquets de King Palm Berry Terps contiennent, respectivement, du chlorpyrifos et de la cyperméthrine, un autre insecticide.

Comment expliquer ces contaminations ? « La plupart des produits utilisés dans la fabrication de ces produits sont connus pour accumuler des particules de métal, et beaucoup de produits à base de fibres naturelles présentent des contaminations aux métaux », explique Josh Wurzer, le patron de SCLabs. Les pollutions aux pesticides sont, elles, imputables aux techniques de culture du cannabis.
Que conclure ? Que, dans les Etats où la consommation du cannabis est autorisée, les accessoires sont, pour le moment, moins bien contrôlés (exception faite de la Californie) que l’herbe. Probablement de passer au vaporisateur dont nous vous recommandions les charmes, ou a le petite pipe “one hit”, en attendant que pouvoir rouler bio et sain.

Snoop Dogg, ou comment mettre le feu sans fumée (épilogue)

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Jeudi 16 novembre Snoop Dogg créait la sensation en laissant croire qu’il arrêtait de fumer des joints. Retour sur une géniale campagne à coup zéro, qui prouve que le plus célèbre des ambassadeurs de la stoner culture n’a rien perdu de son mordant lorsqu’il s’agit de faire le buzz.

Il n’aura fallu à Snoop Dogg que deux posts laconiques pour enflammer la toile et s’offrir une campagne virale inter-planétaire à coup zéro.  En annonçant sur Instagram et X( ex Twitter) le 16 novembre qu’il renonçait à la fumée  “I’ve given up smoke“, le rappeur Californien s’est offert en un temps record une visibilité premium dans les pages culture-sociétés des plus grands quotidiens nationaux, du LA.Times au Figaro en passant par le Sun.

La vérité est higher

Si nombre de fans ont vraiment cru en l’annonce et que les médias mainstream relayaient l’info aussi vite qu’on fait tourner un spliff aux US, certains se montraient plus circonspects quant à la sincérité de la déclaration. Avec raison : le chien farceur en aura roulé plus d’un, puisqu’il ne s’agissait que d’une campagne pour un braseros, campagne qui devrait faire école dans plus d’une agence de comm’.

 

Alors qu’il vient de sortir un livre de cuisine au cannabis, le Dogg tentera-t-il l’ultime publicity stunt” en postant un radical “I’ve given up food” ? Le chien en est bien chiche.

Le Portugal, 1er producteur-exportateur de cannabis thérapeutique en Europe

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Fort d’une législation permissive, d’un climat parfait et d’une main d’oeuvre à bas coût, le Portugal s’est vite placé comme le pays idéal pour qu’y croisse la florissante industrie du cannabis thérapeutique.

Le Portugal reste le mieux placé  au monde comme en Europe pour devenir un leader du cannabis thérapeutique, avec en novembre de cette année 42 entreprises titulaires de licences d’Infarmed IP  (le sésame indispensable pour produire et vendre du cannabis à visée médicale) et une croissance annuelle du secteur de 23,5%.
150 autres entreprises seraient rapidement éligibles à une licence Inframed IP entre fin 2023 et début 2024, ce qui ferait du pays un géant du cannabis thérapeutique dans les prochains trimestres.

Cette année, Infarmed a délivré 76 nouvelles autorisations de cultiver, fabriquer, importer, exporter et distribuer du cannabis, avec quelque 265  autres demandes en phase post-décision ou d’aptitude à l’inspection. Dans le détail:  98 demandes concernent la production du médicament vert, 38 son conditionnement alors que 115 start-up visent l’activité import/export et 14 sa distribution en gros.

5,4 tonnes de cannabis exportées

Actuellement, 24 entreprises disposent de licences Infarmed IP pour la culture, 15 pour la fabrication et la préparation de substances et préparations, 12 pour le commerce de gros.
32 sociétés disposent de licences import/export et 17 d’entre elles sont déjà certifiées EU-GMP (Good Manufacturing Practices).

Le Portugal a exporté plus de 5,4 tonnes de cannabis jusqu’en août 2023, principalement vers l’Allemagne, la Pologne et l’Australie. En revanche les praticiens restent frileux quand à la prescription de l’herbe thérapeutique avec seulement 524 traitements prescrits en 2022 de la seule substance disponible pour les patients portugais : Tilray Flor Séca, une préparation des fleurs aux 18 % de THC.

Arrivée de nouveaux géants verts

En 2023, pas moins de 5 géants du cannabis thérapeutiques ont obtenus une licence de production/distribution de cannabis médicinal au Portugal : Sun Light Greens, Belvedere Pharma, GBE Pharma, Canneurox Portugal (ou Avextra) et Schroll Flavours figurent désormais également sur les listes de culture.

En ce qui concerne la fabrication/conditionnement, l’entrée dans ce domaine spécifique de Somaí, Sociedade Agrícola Monte das Barrocas, Lda. (qui était déjà cultivée en 2022), se démarque Bluestabil, Blossom Genetics, ISQ – Instituto de Soldadura. et Qualité et Technophage.

Dans le commerce de gros/la distribution, Jazz Pharmaceuticals France – Sucursal em Portugal, Alliance Healthcare et Galaxiavertical sont entrés dans le jeu.

L’importation et l’exportation restent les secteurs dans lesquels le plus grand nombre d’entreprises détenaient une licence. Cette année, Blossom Genetics, Canneurox Portugal (Avextra), Somaí, Sun Light Greens, Belvedere Pharma, GBE Pharma, Schroll Flavors, Galaxiavertical et Jazz Pharmaceuticals France – Branche au Portugal ont participé.

Qu’il semble lointain, ce récent passé où Tilray faisait figure de pionnier en s’installant dans le pays de José Saramago.

À la découverte du Red Lebanese.

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Ariel, fumeur sans frontière est notre envoyé spécial au Liban. Il y analyse et commente les différents aspects du taga-business d’un des plus grands pays producteurs de haschich.

Lorsqu’on se promène d’un coffee-shop d’Amsterdam à un autre et que l’on s’attarde sur la liste des variétés de haschich disponible, on remarque souvent, en haut de la liste, le mystérieux nom de “Red Lebanese”. La réputation intrigante de ce haschich va de pair avec le fait qu’il est souvent le plus coûteux de tous, pouvant aller jusqu’à 35€ le gramme.

A plus de 4000 kilomètres de la capitale néerlandaise, autour de la petite commune libanaise de Zahlé, s’étendent les plaines de la Békaa. C’est dans cette région qui est responsable de la majorité de la production de hash au Liban qu’est cultivé le fameux Red Lebanese. A la tête d’une des principales exploitations, le très médiatique Ali Shamas s’est auto-attribué le surnom du Pablo Escobar libanais. Très actif sur Twitter et toujours partant pour montrer sa collection effarante d’armes à feux, de ses pistolets en or à son lance-roquette, à des médias comme la BBC, Shamas nargue les autorités parce qu’il sait son organisation intouchable.

Le shit des chiites

La communauté chiite des cultivateurs de la Beeka, dont il est une des figures de pouvoir, est affranchie de l’ordre militaire de l’Etat libanais, et bénéficie de relations de proximité avec le Hezbollah. Le Red Lebanese est sa denrée la plus profitable, car si elle est prisée dans le monde entier, ce n’est quasiment qu’au sein des terres de Shamas qu’elle pousse.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Red Lebanese ne doit pas son nom à sa couleur souvent qualifiée de rouge brun. Ce qui est véritablement rouge, c’est la terre poussiéreuse dans laquelle cette variété pousse au Liban, et c’est d’elle d’où vient l’appellation “Red”. La particularité de la culture du Red Lebanese est que les plantes sont laissées à plat sur la terre rouge après avoir été arrachées, jusqu’à ce qu’elles aient presque complètement séché.

Cueillette à la soie fine

Pour expliquer le prix plus élevé du Red, il suffit de se tourner vers la manufacture qui le précède. Certains cultivateurs témoignent dans le documentaire Heart of Sky de la réalisatrice Jessy Moussalem, véritable bijou visuel en immersion dans les communautés du haschich, et expliquent que cette variété demande tout simplement plus de labeur que les autres. Que la cueillette est plus difficile et pénible, et que le processus de transformation des fleurs en résine est réalisé entièrement à la main, majoritairement par des femmes. A l’aide de tissus de soie fine, les fleurs séchées sont frottées afin qu’une poudre en tombe, en direction de sac en plastique dans lesquels on laisse le hash “maturer” jusqu’à l’arrivée de l’hiver.

Raide au Red : un voyage mental  sans turbulences.

Le résultat, c’est un haschich d’un marron plus foncé que la plupart des hash libanais, généralement très poudreux et clairs. Le Red Lebanese est mousseux, en raison d’un pressage minutieux et jamais excessif. Bien qu’il dégage une odeur facilement reconnaissable tant elle est poivrée, la fumée qu’on en aspire est douce, et a une épaisseur qu’on trouverait presque poudreuse. S’il produit, comme tout bon hash libanais, une high relaxante sans bad trip à la clef. Le Red, c’est un voyage confort en première classe et sans turbulances., le Red Lebanese se distingue rapidement par un effet plus puissant au niveau mental. Ainsi, dans les soirées beyrouthines, il va de soi qu’il vaut mieux se tourner vers d’autres variétés si l’on a bu un verre ou deux.

Ariel Higlesias

Cannabis thérapeutique : le sort d’Overseed et de 300 000 patients toujours incertain à quelques jours du vote du PLFSS

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En 2021 Overseed obtenait de la part de l’ANSM la première licence de culture de cannabis a visée médical en France. Alors que le cannabis thérapeutique ne figure toujours pas au plan de financement de la sécurité sociale (PLFSS),  la start-up Orléanaise pourrait voir son avenir compromis malgré un remarquable travail mené de concert avec les autorités publiques. En février dernier, ZEWEED avait rencontré son président Hugues Péribère, pour qui tous les feux étaient encore au vert.  A moins de 10 jours du vote du PLFSS à l’Assemblée nationale, Hugues Péribère et les 300 000 malades concernés espèrent que le gouvernement tiendra ses promesses. En attendant, acteurs de la filière et patients se mobilisent.*

ZEWEED : Quand et pourquoi avez-vous démarré ce projet ?
Hugues Péribère
: Le projet Overseed est né il y a 3 ans. Après avoir étudié l’environnement international en Amérique du nord, en Europe puis en France, il m’est apparu nécessaire de se positionner en avance de phase dans le domaine du cannabis Médical. En effet, la France dispose de toutes les expertises de pointe en agronomie, extraction, industrie pharmaceutique et médicale pour se positionner dans l’innovation et la fabrication de médicaments issus du Cannabis sativa L. Le momentum était donc favorable à la constitution d’une filière d’excellence dans ce domaine.
Overseed a l’ambition d’agréger ces meilleures expertises autour de l’agronomie pour produire des médicaments et faciliter ainsi la souveraineté nationale et l’accessibilité de ces produits aux patients.

Auprès de qui avez-vous levé les 2.5 millions d’euros nécessaires à la mise en place d’une chaine de production de la graine au produit fini ?
Dès l’obtention de l’autorisation délivrée par l’ANSM, nous étions prêts à lever les fonds nécessaires à notre première phase du projet. En 1,5 mois, 2,5 M€ ont été levés auprès de 33 BA et de la BPI qui nous a soutenu auprès de l’Etat et de la région centre.

Quels sont les types de produits que vous proposerez ?
Notre premier objectif est de valider des fleurs séchées pour l’inhalation et des huiles sublinguales dans le cahier des charges de l’ANSM. Nous souhaitons pouvoir disposer de ces produits pour la date de généralisation des médicaments, attendue pour le 26 mars 2024. Ces produits se distinguent en 3 catégories: riche en CBD sans THC; équilibré en CBD et THC et riche en THC sans CBD.

Hugues Péribère, PDG de la start up Overseed, spécialisée dans le cannabis thérapeutique

Combien de variétés allez-vous proposer, et lesquelles ?
Nous nous concentrons sur une dizaine de variétés dans notre programme de phénotypage (sélection massale). L’objectif est de stabiliser ces variétés pour leur permettre de répondre aux exigences d’une production très exigeante de qualité pharmaceutique. Nous recherchons la qualité plus que la quantité. Ces variétés seront réduites à quelques-unes qui répondront parfaitement à ces besoins de par leur profil phytochimique. Elles visent des applications thérapeutiques précises.
La caractérisation fine de leur composition est une part essentielle de notre programme. Pour cela, Camille Beaugendre, Docteure en chimie des substances naturelles pilote un programme de collaboration avec l’université d’Orléans- ICOA sur le screening moléculaire, les méthodes d’extractions et l’analytique.

Combien de temps/essais avant d’obtenir un phénotype mère stable,  répondant aux exigences thérapeutiques que vous visez ?
Le programme de phénotypage s’étend sur une période d’une année, mais continuera par la suite sur de nouvelles variétés. C’est un domaine qui évolue fortement et dans lequel nous devrons être en pointe. Chaque plante issue d’une variété est évaluée sur des critères agronomiques et phytochimiques. Elles doivent ensuite suivre des runs techniques et pharmaceutiques avant d’être validées en tant que MPUP (matière première à usage pharmaceutique) ou médicament produit fini.

Quelles sont les pathologies que vous ciblez, pour lesquelles vous avez mis au point ces phénotypes ?
Les pathologies concernées sont nombreuses : douleurs neuropathiques réfractaires, la sclérose en plaque, les effets secondaires de la chimiothérapie, l’épilepsie réfractaire ou encore les soins palliatifs. Les patients en grande souffrance sont en échec thérapeutique, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de médicaments pour les soigner.  Le cannabis médical représente ainsi pour eux un grand espoir, d’autant plus que son efficacité a été largement démontrée à l’étranger. D’autres applications thérapeutiques sont par ailleurs en phase d’étude internationalement et en France. L’accessibilité à ces médicaments devient donc une nécessité.
Nous travaillons en collaboration avec le CHU d’Orléans et le Docteur Prazuck (Chef de service maladies infectieuses et tropicales) et le CNRS-CBM et Lucile Mollet (centre de Biophysique Moléculaire). D’autres partenariats sont en cours d’élaboration.

Comment seraient à priori distribués les médicaments ? Uniquement en hôpitaux ? Sur ordonnance initiale en milieu hospitalier puis renouvelées par un médecin traitant ? Directement par un médecin traitant/généraliste ?
Ces questions sont essentielles. Elles ne sont pas encore déterminées, même si nous savons que ces médicaments seront prescrits par des médecins et distribués en pharmacie.
Ce sera déterminé dans le premier semestre 2023 au travers du statut de ces médicaments qui déterminera les prescripteurs, les pathologies adressables et le taux de remboursement pour les patients.
Plus que la date de généralisation qui permettra l’accessibilité à ces médicaments, il est important pour les patients en attente de connaître ce statut. C’est celui-ci qui permettra ou pas, une accessibilité au plus grand nombre et nous souhaitons bien évidemment qu’au travers des prescripteurs, cela puisse être le cas. C’est un enjeu de santé publique car les patients, comme dit précédemment, sont en échec thérapeutique et pourront trouver avec le Cannabis médical, un soulagement à leurs souffrances.
L’adaptation efficace des traitements nécessite parfois plusieurs semaines d’échanges entre le médecin et le patient. Il est indispensable pour l’obtention d’une bonne efficacité que ce travail soit réalisé dans un contexte médical.

Overseed proposera des services R&D. A quelles entreprises ? A l’international ?
Les travaux que nous menons avec une équipe qualifiée peuvent bénéficier à d’autres acteurs pharmaceutiques. Nous sommes effectivement ouverts à des services de R&D pour d’autres entreprises, dans un cadre de confidentialité totale. Ces travaux concernent le phénotypage, l’analytique et l’extraction que nous travaillons en collaboration étroite avec l’entreprise Stanipharm (CDMO) qui possède une grande expertise sur le Cannabis médical en extraction CO2 supercritique.

Votre première récolte est prévue mi-2023, alors que l’expérimentation du cannabis thérapeutique, qui devait prendre fin en mars prochain est prolongée. N’êtes-vous pas un peu en avance sur le calendrier ?
Oui, et c’est bien là l’enjeu ! Nous souhaitons être le premier acteur Français à proposer nos produits sur le territoire. Notre programme se déroule dans les temps et dans les budgets. Nous en sommes fiers et restons concentrés sur nos livrables.

Quel horizon vous êtes-vous fixé pour une entrée sur le marché, pour un marché du cannabis thérapeutique légalisé en France ?
Nous serons prêts pour la date de généralisation, soit le second trimestre 2024.

Combien de patients seraient concernés par un traitement au cannabis thérapeutique et quel est en euros la valeur annuelle projeté de ce marché ?
Le nombre de patients concerné sera déterminé par le statut des médicaments. Il est donc difficile de définir ce chiffre. Néanmoins, la connaissance de marchés plus avancés dans l’accessibilité des médicaments pour les patients montre que 1% de la population est concernée par les pathologies retenues actuellement par l’ANSM, soit près de 300 000 patients.
Néanmoins, les médecins disposent encore de peu d’informations sur le sujet et l’information des professionnels de santé joue un rôle essentiel dans la prise en charge des patients et les prescriptions. Mais nous disposons de plus en plus de données fiables dans le domaine et l’on peut espérer que rapidement les prescripteurs intégreront les médicaments issus du Cannabis dans leurs prescriptions. Un diplôme universitaire sur le cannabis médical a été mis en place par l’université de Paris Saclay et de Montpellier à cet effet. Les professionnels de santé peuvent s’y inscrire dès maintenant.

Propos recueillis par Alexis Lemoine en février 2023
* Pour que le remboursement du cannabis thérapeutique soit inscrit au PLFSS 2024, les patients en souffrance ont besoin de vous afin que le médicament vert ait une chance d’être pris en charge par la sécurité sociale et donc prescrit. 
Agissez pour que le cannabis à visée médicale soit enfin accessible en France en cliquant sur ce lien.

Du cannabis (thérapeutique) pour les chevaux.

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Des granulés au cannabis pour chevaux de course et de compétition? C’est l’aventure dans laquelle s’est lancée la start up Medicinal Organic Cannabis Australia en partenariat avec Sarda Sementi, un des plus grands producteurs d’aliment pour bétail d’Europe.

«Nous venons de terminer la récolte» me dit en souriant Alessandro devant la caméra «On y met tous du sien, c’est important. »
Alessandro Sorbello est le PDG de Medicinal Organic Cannabis Australia (MOCA), la première société de cannabis médical biologique du pays des kangourous.
Il a pris mon appel vidéo depuis sa nouvelle exploitation de cannabis bio de quelques 18 000 m2 de serres nichées dans une région agricole de Sardaigne.
«Notre terre et la terre qui l’entoure sont biologiques et le sont depuis des années»  m’explique Alessandro.

C’est quelques mois après que le Parlement australien ait légalisé le cannabis thérapeutique qu’il fondera, avec Emanuela Ispani, MOCA.
Nous sommes en 2017 vet tous deux sont des  novices en la matière.
«Je savais juste que c’était une plante, quelque chose qu’on achetait dans un petit sac en plastique à un gars dans un pub», s’amuse-t-il aujourd’hui.
Pendant 11 ans, Alessandro a été attaché culturel au ministère italien des Affaires étrangères, aidant à établir les liens commerciaux entre l’Australie et l’Italie.
Emanuela, diplômée en génie robotique, travaillait quant à elle avec le Département de la science, de l’informatique et de la technologie du gouvernement de l’État du Queensland.
«Il était temps de changer», poursuit Alessandro. «Lorsque le cannabis est arrivé, c’est devenu très intéressant très rapidement
Dès que la législation a changé en Australie, Alessandro et Emanuela ont commencé à entreprendre les démarches nécessaires afin d’obtenir une licence leur permettant de faire pousser du cannabis en Australie.
Entre-temps, le couple aura voyagé dans les pays où le cannabis est déjà légal et  rencontré des experts comme Raphael Mechoulam et Arno Hazekamp afin d’en savoir plus sur la belle plante et son business.

«Quand on a appris et compris comment fonctionnait réellement le système endocannabinoïde, ça a été le déclic. On a réalisé que c’était un produit dont tout le monde pouvait bénéficier, et qui se développerait de façon exponentielle ».
Malheureusement, les deux entrepreneurs vont rapidement apprendre que la culture du cannabis en Australie n’est aussi simple que l’idée semblait facile, en grande partie à cause d’une législation stricte et de coûts de production élevés.
«Depuis le début, nous nous efforçons de réduire les coûts du cannabis thérapeutique pour le rendre plus accessible. Nous ne voulions pas produire un médicament haut de gamme accessible uniquement à ceux qui en avaient les moyens » .
C’est à ce moment là qu’Alessandro et Emanuela ont eu l’idée de se tourner vers leur pays d’origine.
«En Italie, le cannabis est traité à peu près comme n’importe quelle autre produit agricole. L’Italie était également le deuxième producteur de chanvre en Europe jusque dans les années 1940… Et même si plusieurs générations se sont écoulées depuis, il y a toujours un lien fort avec le chanvre ici”.

Les serres MOCA, qui ne manquent ni d’air ni d’espace

Lorsqu’ils sont installés en Sardaigne, Alessandro et Emanuela ont engagé des agriculteurs locaux afin de cultiver un produit haut de gamme correspondant à leurs exigences .
«Le bio est au cœur de notre activité. Tous les produits chimiques, poussières ou autres composés toxiques qui entrent en contact avec la fleur de cannabis se retrouvent dans le produit final, le médicament ».
«Nous pensons qu’il n’y a pas de place pour les produits chimiques (provenant de la pollution ou des pesticides) en phytothérapie. Étant donné l’importance du système endocannabinoïde (SEC) pour la santé, si vous injectez des composés toxiques dans le corps via le SEC il y aura beaucoup de risques de faire plus de mal que de bien ».

 

Vue intérieure de la serre d’Alessandro.

Aujourd’hui, MOCA propose une gamme de plus de 20 produits approuvés par l’administration australienne des produits thérapeutiques.
La société vient également de terminer sa première campagne de financement participatif pour aider à démarrer sa fabrication et, pour couronner le tout, célèbre un nouveau partenariat avec Sarda Sementi, l’un des plus grands producteurs d’aliments pour le bétail en Europe.
Ensemble, Sarda Sementi et MOCA ont développé une toute nouvelle gamme d’aliments riches en cannabinoïdes pour les chevaux de grande valeur.
«Nous travaillons avec des animaux depuis 12 mois et avons vu des résultats remarquables» s’enthousiaste l’Italo-Australien.
Et pour cause: dans l’un des essais MOCA, une participante a administré de l’huile de CBD à son chien de 18 ans qui souffrait de tremblements cardiaques et d’épilepsie.
Après quelques jours, elle et son vétérinaire assistaient à une rémission complète des irrégularités cardiaques et crises d’épilepsie du canin.

Alessandro, heureux et en plein air.

«Nous sommes extrêmement optimistes des résultats donnés par d’autres recherches sur le CBD et les animaux. Des études ont par exemple montré que le cannabis est un stimulant de l’appétit très efficace. Nous pensons que cela pourrait bien révolutionner l’industrie de l’élevage, en offrant aux agriculteurs une alternative naturelle aux stéroïdes et aux hormones pour aider leurs animaux à grandir plus vite » .

Au delà du potentiel unique du cannabis en tant que médicament, supplément et nourriture, Alessandro est motivé par quelque chose de beaucoup plus personnel.
Son père a subi un grave traumatisme crânien à un jeune âge en raison d’un accident de moto qui l’a laissé dans le coma pendant une semaine.
«Si vous aviez rencontré mon père, vous n’auriez jamais imaginé qu’il avait eu un accident» précise-t-il.
En vieillissant, cependant, les dommages causés par l’accident sont devenus beaucoup plus visibles.
«Après avoir constaté les lésions causées au cerveau de mon père avec une scintigraphie cérébrale, j’ai demandé à son spécialiste ce que nous pouvions faire. Il a répondu “juste profiter de lui” .
Des années après la mort de son père, Alessandro a appris que le gouvernement américain avait breveté l’utilisation de cannabinoïdes comme neuro protecteurs.
«C’est très triste de voir quelqu’un perdre son acuité mentale, et j’aurais aimé voir si le cannabis aurait pu aider mon père. Car je pense que cela aurait pu».
Sans trop se concentrer sur le futur, Alessandro se considère comme chanceux d’être en mesure de changer la façon dont nous voyons et consommons le cannabis.
«Nous sommes fiers de faire partie du changement qui permet de rendre le cannabis plus abordable et accessible. Parce que nous pensons que le cannabis pourrait être pour tout le monde et qu’il a le potentiel de guérir les gens, les animaux par la plante

Franck Milone, pionnier du cannabis thérapeutique made in France

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Lancée en 2021, l’expérimentation du cannabis thérapeutique a été prolongée en mars de cette année.  Alors que tous les feux sont au vert, le remboursement du cannabis thérapeutique ne figure pas à cette heure sur le Plan De loi financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Une mauvaise nouvelle pour la filière et les 300 000 patients en attente,   qui risquent de ne pas se voir prescrire le médicament vert, à défaut d’être remboursé*. En 2022, ZEWEED avait  rencontré Franck Milone, président et fondateur de LaFleur, premier laboratoire français à avoir mis au point des traitements à base de cannabis.

Zeweed. Pouvez-vous nous décrire en quelques mots l’activité du laboratoire LaFleur ?
Franck Milone. Le laboratoire LaFleur est un laboratoire pharmaceutique français fondé en 2014 et qui est spécialisé dans le développement de médicaments à base de cannabis.
Nous avons pour vocation de développer des outils innovants pour produire de manière efficiente des produits de santé à base de cannabis au bénéfice des patients en échec thérapeutique.

Depuis quand travaillez-vous  sur l’élaboration de médicaments à base de cannabis?
On a lancé le développement du premier médicament à base de cannabis en France en 2018 avec le CNRS de Strasbourg spécialisé en oncologie: les traitements contre le cancer. 

“premiers essais cliniques chez les patients dès 2023” 

Qu’en est-il aujourd’hui ?
Il y a eu beaucoup de problématiques liées à la manipulation du cannabis et à son importation. On a tout de même réussi à importer et transformer des fleurs. Des essais ont été réalisés entre 2018 et 2021 sur des lignées de cellules cancéreuses. Actuellement, on lance les essais sur le modèle animal. Les premiers résultats sont attendus début juillet sur ce candidat-médicament. Et permettront de mettre en place les premiers essais cliniques chez les patients dès 2023. 

Combien de temps faut-il pour mettre au point et commercialiser un médicament au cannabis ?
Du développement à la mise sur le marché, il faut compter environ 8 ans. Dans notre cas, on estime la mise sur le marché du premier médicament à base de cannabis en France d’ici 2026.

Parallèlement, vous travaillez sur d’autres produits ?
Oui, on démarre un projet sur l’utilisabilité d’un dispositif médical connecté sous la forme d’un vaporisateur avec des cartouches sécurisées de granules de fleurs de cannabis. Ce dispositif médical serait adressé à une population senior. Cette étude permettrait le lancement d’un essai clinique pour évaluer l’amélioration de la qualité de vie des séniors et l’impact sur la consommation de certains médicaments.

L’intérêt est donc double : d’un coté la validation d’une nouvelle technique et de l’autre sa mise en pratique  chez les seniors…
La première étape est de valider la capacité de ce dispositif à s’adapter à l’usage d’une population sénior, et par la suite de juger du potentiel thérapeutique du cannabis sur ces populations. Il s’agit d’un de nos développements dans le cadre recherche autour du cannabis médical.

De quel oeil le corpus médical français voit-il le cannabis ?
Les mentalités ont bien évolué depuis la création en 2014. L’exemple le plus probant est celui de la mise en place de l’expérimentation qui évalue le cadre de dispensation du cannabis médical en France. Face à une demande grandissante de patients et de professionnels de santé, un constat mondiale sur la légalisation du cannabis médical et des données scientifiques prouvant l’intérêt médical dans le traitement de certaines conditions médicales, l’Agence du médicament (ANSM) a mis en place un comité scientifique transdisciplinaire pour assurer le suivi de cette expérimentation qui prévoit l’inclusion de 3000 patients, la formation de plus de 4500 professionnels de santé et autorise la dispensation de médicaments à base de cannabis pour 5 indications thérapeutiques (situation palliative, spasticité dans la sclérose en plaques, épilepsie NDLR ) conduit sur deux ans. 

La fine fleur des laboratoires de cannabis thérapeutique français à l’oeuvre.

Et côté financement, ça se passe comment?
On est la première entreprise à avoir obtenu un financement public par la BPI pour le développement d’un médicament à base de cannabis en France. On a également réalisé une levée de fonds en 2020 de 3 millions d’euros. Aujourd’hui en France, l’accès au capital reste toujours un obstacle sur la thématique. Nous sommes en capacité, à travers notre laboratoire de recherche et notre expertise de travailler sur le cannabis médical dans un cadre règlementaire, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis. La France possède un boulevard d’innovation si elle sait le saisir. 

« La France a un boulevard d’innovation si elle sait le saisir »

La France a-t-elle les moyens de devenir un leader de la filière cannabis thérapeutique?
Tout à fait, on a la chance qu’au niveau fédéral, les États-Unis n’ont pas encore avancé sur l’enjeu médical qu’offre le cannabis, ce qui fait que les recherches biomédicales sont inexistantes. Une opportunité pour les entreprises françaises de figurer parmi les pionnières sur le sujet. Encore faut-il savoir saisir ces opportunités. On a réussi à faire une première levée de fonds en 2020, mais il faut continuer en ce sens pour la partie industrielle et la partie R&D (recherches et développements, NDLR). Profitons du climat réglementaire actuel favorable pour continuer à investir dans la recherche et développer des produits de santé français au bénéfice des patients en impasse thérapeutique. L’ANSM doit dans un avenir proche assurer une production de cannabis médical en France en apportant des spécifications techniques (critères de qualité pharmaceutique, formes pharmaceutiques, contrôle pour la culture, etc. NDLR).

Premiers médicaments 100% made in France prévus pour 2026

Justement, est-ce que vous arrivez à travailler sur une production de cannabis française actuellement ?
Sur la partie fleur de cannabis, on est encore dépendant des produits étrangers. En parallèle, on installe notre premier centre de R&D agro-pharmaceutique dans lequel on développe, optimise et standardise des procédés de production de cannabis médical, afin d’avoir des premiers lots de cannabis médical standardisé début 2023 et de proposer des produits 100 % fabriqué en France, à l’échéance de la généralisation du cannabis médical en France.

Vous proposez aussi un ensemble de service aux cultivateurs de cannabis à visée médicale…
Effectivement, au cœur de notre laboratoire de recherche nous mettons en place un ensemble de services d’une part autour de la prestation analytique pour valider les niveaux de principes actifs dans les fleurs de cannabis ou produits transformés. Et de l’autre un service autour de l’extraction de fleurs, à travers le développement de partenariats avec des agriculteurs qui depuis le décret de décembre 2021 autour de la production de fleur (dont la teneur est inférieure à 0,3% THC) peuvent valoriser la récolte de fleurs en ayant un contrat avec un laboratoire.

Les laboratoires LaFleur travaillent sur des cartouches de cannabis standardisées et sécurisées, des huiles et des gélules.

Sous quelle forme les futurs médicaments au cannabis seront-ils proposés? De la poudre, des fleurs, des gélules…?
On travaille sur différentes formes galéniques (mode d’administration, NDLR) : des granules de fleurs au travers de cartouches sécurisées à utiliser avec un dispositif médical connecté. Mais aussi des huiles qui permettent une titration précise. La prescription du cannabis médical par le professionnel de santé prévoit une augmentation progressive de la dose en suivant les conditions médicales du patient. Enfin, une fois le traitement stabilisé, des gélules peuvent être prescrites pour plus de reproductibilité et de confort d’usage. Nous proposons ces 3 formes pharmaceutiques : des cartouches de cannabis standardisées et sécurisées, des huiles et des gélules. 

En termes de variétés, pouvez- vous donner des précisions sur les types de cannabis ? Indica, sativa, variétés spécifiques?
On fait des tests sur différents types de plantes, indica ou sativa, et sur différentes variétés. Le premier objectif est d’avoir une palette d’actifs et de variétés qui soit relativement large pour avoir la capacité ensuite d’innover. On s’intéresse davantage aux formes acides des deux molécules les plus connues que sont le THC et le CBD ou sur de nouveaux actifs plus récemment découverts comme le CBG ou le CBN entre autres.

“le cannabis médical (…) doit apporter des preuves de sécurité, de tolérance et d’efficacité pour qu’il puisse s’inscrire dans un parcours de soin”

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans le cannabis thérapeutique?
Je me suis confronté à la réalité du système de santé à l’âge de 18 ans quand on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques à la suite d’une crise neurologique. Face à l’incompréhension du professeur qui me suivait à l’époque et aux milliers de patients en échec thérapeutique qui se retrouvaient dans la même situation, j’ai eu envie d’innover sur la thématique du cannabis médical. Je suis donc allé à la rencontre des autorités publiques, des professionnels de santé parce que je me suis aperçu que pour faire avancer les choses, il fallait investir dans la recherche scientifique. Défendre le cannabis médical dans l’industrie pharmaceutique c’est rappeler qu’il s’agit d’un médicament qui doit apporter des preuves de sécurité, de tolérance et d’efficacité, pour qu’il puisse s’inscrire dans un parcours de soin. Ainsi, j’ai décidé de défendre le cannabis médical à travers les angles de la recherche, la formation et l’innovation. 

Vous soutenez aussi d’autres structures de la filière cannabis thérapeutique, pouvez-vous m’en dire plus ?
Je me suis notamment investi au sein de l’association de patient l’UFCM I Care (Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine) qui organise depuis 2014 des colloques scientifiques à Strasbourg et Paris pour favoriser le partage des avancées mondiales sur le cannabis médical et j’ai fondé le laboratoire pharmaceutique LaFLeur spécialisé dans le cannabis médical. Aujourd’hui nous avons un ancrage historique en région parisienne et sommes implanté à Angers, la capitale du végétal spécialisé au cœur du campus du végétal.

Propos recueillis par Julio Rémila en juin 2022

* Pour que le remboursement du cannabis thérapeutique soit inscrit au PLFSS 2024, les 300 000 patients en souffrance ont besoin de vous afin que le médicament vert ait une chance d’être pris en charge par la sécurité sociale et donc prescrit. 

Agissez pour que le cannabis à visée médicale soit enfin accessible en France en cliquant sur ce lien.

Allemagne : le gouvernement valide le projet de loi de légalisation du cannabis récréatif

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L’Allemagne a franchi mercredi 16 août une étape supplémentaire vers la légalisation du cannabis à usage adulte, avec l’approbation par le Conseil des ministres du projet de loi encadrant une fin de prohibition.
Dernier obstacle avant une légalisation attendue pour le mois de décembre 2023 : la validation par le parlement de l’initiative progressiste. Une formalité à priori : la majorité des membres du Bundestag sont favorables à une levée de l’interdit qui pèse sur la plante depuis plus de 50 ans.

Comme évoqué dans notre article du 17 juillet, la légalisation du cannabis à usage adulte en Allemagne n’est plus qu’une formalité et devrait bientôt être une réalité outre-Rhin.
Selon le texte initial présenté et approuvé par le gouvernement “tricolore” d’Olaf Sholz , qui doit encore recevoir l’aval du Bundestag (chose à priori acquise), il sera possible pour les adultes de plus de 18 ans d’acheter et de posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis, mais aussi de cultiver jusqu’à trois plants de weed pour un usage personnel. L’Allemagne se dotera ainsi d’une des législations les plus libérales d’Europe, emboîtant le pas à Malte et au Luxembourg, qui ont légalisé le cannabis respectivement en 2021 et en 2023.

Critiques de la droite dure et des syndicats de la police

La coalition du social-démocrate d’Olaf Scholz avec les Verts et les libéraux avait fait de cette légalisation un projet phare de son mandat, même si le plan initial allait beaucoup plus loin. Face aux réserves de l’Union européenne, Berlin a dû revoir sa copie. La réforme suscite également des critiques de l’opposition de la droite dure et de syndicats de policiers qui estiment qu’elle ne mettra pas fin aux trafics, alors que c’est l’un des objectifs du projet.

Les Social Clubs, dispensaires kolkhoziens d’une légalisation light

La nouvelle législation prévoit la création d’associations “Cannabis Social Clubs”, des structures à but non lucratif dont les membres (500 maximum, qui doivent être majeurs) pourront cultiver l’herbe qui fait rire pour leur seule consommation, et ce sous la surveillance des pouvoirs publics. Ces “Cannabis Social Clubs” seront assujettis à une activité strictement réglementée : ils ne pourront par exemple approvisionner leurs membres qu’ à raison de 25 grammes par jour. quand aux jeunes âgés de 18 à 21 ans, ce sera limité à 30 grammes par mois. .

Protection de la jeunesse

La consommation de cannabis devra se faire à l’extérieur de ces clubs, sera interdite à moins de 200 mètres de ces lieux, ainsi que des écoles, aires de jeux, terrains de sport et associations pour les jeunes. Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, prévoit par ailleurs le lancement d’une grande campagne de sensibilisation à l’intention des mineurs sur les dangers du cannabis “particulièrement néfaste quand celui-ci est encore en période de croissance“.

Alors que de nombreux pays de l’Union Européenne (UE)  ont désormais dépénalisé le cannabis, dans certaines parties de l’UE, elle reste légalement passible d’incarcération, comme c’est la cas en France, en Irlande ou en Bulgarie.

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