Norvège

La Norvège, future poubelle à carbone de l’Europe.

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Dès 2024, le royaume Danois va proposer aux industriels européens de stocker leur CO2 au fond de la mer. Une autre façon de réduire son empreinte carbone.

Le royaume scandinave est un peu schizo. En 2016, son parlement a fait de la Norvège le premier pays du monde à viser la neutralité carbone. En principe, c’est pour 2030. Pour y parvenir, Oslo compte notamment sur son parc de production d’électricité : le plus décarboné du monde (à 98 % !).
D’un autre côté, la Norvège, il faut bien le dire est un gros réchauffeur de climat. En produisant l’équivalent de 4 millions de barils d’hydrocarbures par jour depuis vingt ans, le pays reste le premier producteur de pétrole d’Europe occidentale. Mais qu’importe, l’or noir et le gaz naturel sont consommés loin des fjords.

Arbres artificiels

Fort heureusement, des solutions existent. Il y a, bien sûr, les arbres artificiels qui absorbent (un peu laborieusement il faut bien le dire) le CO2 superflu de l’atmosphère. Ne riez pas, des expérimentations sont en cours en Suisse et en Islande. D’autres devraient suivre. La Norvège a une autre idée. Depuis deux décennies, son pétrolier national, Equinor, injecte le gaz carbonique de deux installations gazières dans le sous-sol de la mer du nord et de la Baltique. Pourquoi ne pas faire de ses premières industrielles, une nouvelle activité économique ? Pari relevé.

Aurores boréales

Le 15 décembre dernier, le Storting (parlement du royaume) a autorisé le lancement du programme « Aurores boréales ». En collaboration avec les pétroliers Total et Shell, Equinor va proposer aux industriels de l’Europe de stocker leur gaz carbonique dans une structure géologique sous-marine étanche.
Lancé en 2024, le dispositif sera inauguré par une cimenterie et une usine d’incinération de la région d’Oslo. Les deux unités industrielles vont séparer le dioxyde de carbone de leurs effluents gazeux. Le dioxyde de carbone sera chargé sur un bateau citerne spécial. Destination : le port d’Oygarden. De là, il sera siphonné par un gazoduc spécial qui le mènera vers le site d’injection, situé à une centaine de kilomètres de la côte, près du champ gazier Troll.

Aquifère salin

Dans un premier temps, Aurores boréales pourra stocker 1,5 million de tonnes de gaz par an. Mais les géologues espèrent pouvoir accroître sensiblement cette capacité. L’aquifère salin, dans lequel sera injecté les bulles carbonées pourrait, estiment-ils, accueillir une centaine de millions de tonnes de gaz. De quoi intéresser bien des clients.

Concurrence en vue

Ceux-ci auront d’ailleurs l’embarras du choix. Les ports de Rotterdam (Pays-Bas) d’Anvers (Belgique) et le North Sea Port (regroupement des autorités portuaires de Gand, Terneuzen et Vlessingue) vont proposer à leurs clients d’injecter leur CO2 à 3 000 mètres de profondeur au large des côtes néerlandaises.
Les Britanniques ne seront pas en reste. Des énergéticiens proposent le même type de prestations aux industriels de l’énergie et de la chimie du Yorkshire et du nord-est de l’Angleterre. En France, Dunkerque songerait aussi à se lancer dans l’envoi du carbone par le fond.