Chaque semaine, je vous propose de découvrir un alcool qui sent bon la nature et le soleil, à l’image d’une belle weed qui nous offre le meilleur de la terre. Aujourd’hui, le Jura et ses vins naturels sont à l’honneur.
Lundi 8 novembre dernier avait lieu à Paris le salon « Le Nez dans le Vert », organisé par l’association du même nom, qui regroupe la plupart des vignerons nature du Jura.
Ce rendez-vous très attendu après une longue absence est aussi pour moi l’occasion de vous parler un peu de ces pépites qui s’arrachent à l’exportation mais restent encore méconnues en France.
En effet pour beaucoup le Jura est synonyme de vin jaune, ce qui est très réducteur, d’autant plus que le vin jaune est une spécialité qui peut être assez clivante.
Les vins oxydatifs en général ont leurs fans, dont je fais partie mais restent des vins assez spéciaux.
Parmi les vins du Jura on trouve des rouges très intéressants, issus des cépages pinot noir, trousseau et poulsard (ces deux derniers étant des cépages autochtones du Jura).
Ce sont des rouges très fruités, peu taniques, et d’une grande fraîcheur.
Lorsqu’on ouvre une bouteille de rouge du Jura, elle ne dure pas longtemps, tant ce vin séduit par ses arômes de fruits rouges frais et d’épices délicates.
Le poulsard avec sa couleur très claire pourrait passer pour un rosé mais les parfums très distincts de ce vin très délicat le placent dans une catégorie à part.
On pourrait classer les rouges du Jura comme des vins d’été, mais c’est dommage car ils sont bons à boire toute l’année, pour un apéro ou un repas léger.
Du côté des blancs, les principaux cépages cultivés sont le chardonnay et le savagnin.
Le chardonnay du Jura est assez différent de celui cultivé en Bourgogne ; l’arôme est très floral, avec des notes de miel et fruits secs, et les chardonnay du Jura sont des vins d’une grande vivacité.
Le savagnin, cépage originaire d’Autriche devenu emblématique du Jura, donne des vins très typés, qui peuvent être oxydatifs (des vins non ouillés, c’est-à-dire qu’on laisse le fût ouvert, ce qui provoque une évaporation et la formation d’un voile à la surface du vin).
Il est reconnaissable à son arôme de noix, une bouche puissante aux notes de curry et une texture très ronde avec une touche beurrée en finale. Les vins issus du savagnin ont un grand potentiel de vieillissement. Il peut aussi être assemblé avec un chardonnay.
Etant la plus petite région viticole de France, privilégiant encore les méthodes de culture ancestrales, le Jura a un niveau de qualité très élevé.
Malgré la flambée des prix des vins jurassiens au cours des 15 dernières années, de jeunes vignerons viennent encore s’y installer, attirés par ces vins hors normes et héritiers d’une longue tradition.
Ainsi parmi les valeurs sûres de la région comme Overnoy-Houillon, Tissot, Pignier, l’Octavin ou Bornard, la jeune génération représentée par Valentin Morel (« Les Pieds sur Terre ») et le plus récent domaine, Novice, forgent déjà les futurs vins légendaires du Jura.
J’ai pu goûter chez Valentin Morel un vin étonnant et délicieux issu de 4 cépages résistants (ne nécessitant aucun traitement, même naturel), intitulé « Hommage à la Canaille ».
Chez Novice, le domaine d’Yves et Christelle Roy, installés depuis 2 ans, j’ai apprécié un vin de macération magnifique, « Jaja, à l’Envers à l’Endroit ».
La plupart des vins du Jura restent difficiles à se procurer tant la demande est grande, aussi si vous trouvez chez un caviste des bouteilles de l’un de ces vignerons, n’hésitez pas. Bon armistice, bon week end et à la semaine prochaine!