Weed VIP

Quand Alexis Chanebau chante la légalisation du cannabis

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Puits de science cannabique, auteur d’ouvrages de référence*, Alexis Chanebau est un musicien aux multiples collaborations (Bernard Lavilliers, les Rita Mitsouko, Niagara…). Deux talents qu’il conjugue pour chanter la légalisation du cannabis, dans un clip aussi stupéfiant qu’instructif. Bonne écoute!

 

ZEWEED :Pourquoi une chanson pour la légalisation du cannabis?
Alexis Chanebau : Parce que sa prohibition est un non-sens culturel et écologique
En Europe, jusqu’en 1850, le chanvre représentait 90% des voiles et cordages de tous les navires. Il était responsable de 80% de la production de papier et de vêtements non créés à partir de fibres animales. La loi « Marijuana Tax » fut principalement organisée en 1937 par les lobbys U.S. de la pétrochimie (dont Dupont De Nemours). Le but de cette loi était pour Dupont de Nemours d’imposer des fibres issues du pétrole (nylon, polymères, etc.). Cette loi marque le début d’une ère de profit au mépris de la nature.

C’est sans compter que la culture du chanvre ne nécessite pas de pesticides ou insecticides et consomme deux fois moins d’eau que celle du coton. Qui plus est, le chanvre absorbe le CO2 mieux que n’importe quelle plante cultivée en cycle court. Cerise sur le gâteau : le chanvre assainit les sols de la plupart de produits chimiques nocifs en à peine une décennie. Quant à son entretient quotidien… il est proche de zéro contrairement au lin.
Le cannabis sativa, cultivé sans contrôle de THC, il y a encore 80 ans suscite l’espoir d’un avenir plus serein pour notre planète. Alors que le réchauffement climatique impacte toutes les zones, c’est un immense espoir!

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Interview : Tommy Chong, pionnier de la stoner-comédie

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A 85 ans, Tommy Chong est sans nul doute le plus célèbre des activistes de l’herbe. De ses débuts en tant que musicien dans un strip-club au statut de star du box-office en passant par la case prison avant un come-back salué, le parcours du plus fumé des canadiens force le respect. Après un demi siècle de militantisme, Tommy Chong peut enfin rouler un doobie en paix : en Californie, où il réside, son combat pour la légalisation du cannabis est gagné. Zeweed l’a rencontré pour discuter spiritualité, religion, santé et ganja.

Quand on décroche une interview avec Tommy Chong, on s’attend à parler de beaucoup de choses, mais pas forcément de Dieu et de l’existence éternelle.
Tout commencé avec une question simple portant sur sa bataille contre les deux cancers qui l’ont atteint et des effets bénéfiques du cannabis sur sa santé.

Cheech et Chong, ancêtres made in USA des frères pétard

« J’ai ma propre théorie sur l’herbe. Soit l’observation d’un profane, oui, mais aussi celle d’un connaisseur» me glisse Tommy de façon complice.
« Notre système immunitaire est la clé de toute guérison. Et notre système immunitaire ne peut pas fonctionner correctement quand il est en alerte constante. C’est pourquoi le repos est si important et pourquoi , quand nous sommes malade, l’approche de la médecine conventionnelle consiste à nous isoler sur un lit d’hôpital, loin de tous stress ou distractions négatives.  »

« L’herbe m’a permis de vaincre mon cancer »

Ce que Tommy appelle « l’observation d’un profane » est en fait un postulat médical avéré .
« Lorsque nous sommes stressés, notre corps devient plus sensible aux infections et aux maladies. C’est parce que l’hormone du stress -le cortisol- déclenche en nous une réaction ancestrale de lutte ou de fuite, et diminue par incidence le nombre de lymphocytes (ou globules blancs NDLR) dans notre sang. En conséquence, notre corps devient moins efficace pour lutter contre les agressions extérieures.
Ce que fait le cannabis, c’est de vous placer dans un état de repos. Dès lors, votre système immunitaire, qui n’est pas solicité pour lutter contre des agressions exogènes, peut se concentrer sur le corps et assurer son fonctionnement harmonieux. » poursuit Tommy.
« Mais la vraie guérison n’est pas physique : le remède ultime est le remède spirituel. Je suis persuadé que l’herbe m’a permis de vaincre mon cancer« .

« Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire »

Pour Tommy Chong, le remède spirituel réside dans une connexion profonde et personnelle avec Dieu.
« Je sais que Dieu m’aime. Et quand les gens me demandent comment je le sais, je leur dis « avez-vous vu ma femme ? » s’amuse  l’humoriste (marié à la sublime Shelby Chong) en accompagnant sa blague d’un rire aussi profond que guttural.
« Quand vous avez ce lien étroit avec Dieu, vous pouvez tout conquérir», me dit-il alors qu’il a repris un ton sérieux. « Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire« .

Tommy s’arrête un instant, repensant à son enfance sans le sous et cette petite bicoque au fin de l’Alberta, au Canada, dans laquelle il a passé son enfance et adolescence.
« C’était la maison la moins chère, la seule que mon père pouvait nous offrir. Il l’a acheté sur un coup de chance pour quelque chose comme 500 dollars. »

Tommy Chong: toujours bien équipé pour arriver au 7ème ciel

Aujourd’hui, Tommy prend mon appel depuis son domicile niché sur les hauteurs de Pacific Palisades, un des plus beaux quartiers ne à Los Angeles, entre Malibu et Santa-Monica.
Il y a quelques jours, la maison d’un de ses voisins a été vendu pour 50 millions de dollars. « Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout. Ma femme et ma famille s’occupent de tout cela. Moi, je suis juste assis ici et je reste en contact avec Dieu » s’amuse Chong en souriant paisiblement.

« Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout »

Pour lui, se connecter avec Dieu, ou son « higher power » (sic) comme il l’appelle parfois, est une pratique simple : «Nous sommes tous de Dieu. Toi, moi, le monde entier. Tout le monde. Les bons, les mauvais, chaque créature vivant sur terre. Nous sommes tous des êtres éternels, que vous vouliez le croire ou non».
L’autre moitié du célèbre duo Cheech et Chong se souvient avoir lu récemment un journal que chaque goutte d’eau qui était sur terre au commencement est toujours là aujourd’hui, sous une forme ou une autre.

« Nous sommes constituées à 90% d’eau ». Chez Tommy Chong, les 10% restant sont d’origine végétale.

« En tant qu’humains, nous sommes constitués à 90 % d’eau. Il est donc scientifiquement prouvé que 90% de nos particules ont toujours été ici, sous une forme ou une autre. Alors pourquoi pas les 10 % restants ?  Nous sommes des êtres éternels. Rien ne disparaît. Nous réapparaissons simplement sous une autre forme. C’est aussi un karma physique« .
En tant qu’êtres éternels, Tommy croit que nous existons dans deux mondes : un qui est physique et un qui est spirituel.
« Dans le monde physique, il y a un conflit constant. Il y a des contraires. Dans le monde physique, vous ne pouvez pas avoir de haut sans bas, vous ne pouvez pas avoir de justes sans injustes, vous ne pouvez pas avoir Joe Biden sans Donald Trump« .

Et tout comme il y a la possibilité de faire le bien, ou de « rester sur la bonne voie » comme le dit Tommy, il y a aussi la possibilité de faire le mal.
« Dans l’histoire de notre existence, nous avons vu à quel point la vie peut être brutale » se souvient-il en évoquant son incarcération.  « Mais seulement jusqu’à un certain point, puis vous partez, vous entrez dans le monde spirituel. Et dans le monde spirituel, il n’y a rien d’autre que l’amour« .

« Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Sinon, on est mal barrés. »

Notre passage dans ce monde physique est selon Tommy une opportunité de grandir, de s’élever. Il compare cela à l’école ; profitez-en pour faire le bien et vous vous élèverez. Choisissez le contraire, et vous régresserez.

« En tant qu’êtres humains, nous avons un devoir : celui de s’entre-entraider. Parce que nous venons tous de quelque chose, d’une trame universelle. Non, nous n’apparaissons pas par magie, même si l’Église catholique voudrait nous faire croire qu’il existe une conception immaculée !« . Tommy laisse échapper un grand rire chaleureux.
« Lorsque vous entrez dans le monde physique, vous devez être physique, et c’est ce que nous faisons. Et il doit y avoir des contraires, donc il y aura toujours des opposants et des opposants. Et si vous regardez les pourcentages, ils sont quasiment égaux. Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Tout du moins est-ce ma façon de voir les choses. Sinon…on est mal barrés« .

Lil’Nas: Black and Pride

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Alors que la saint Valentin se profile,  ZEWEED célèbre l’amour de tous les sexes et dans toutes les combinaisons possibles en rendant hommage à l’une des rares icônes gay du rap américain: Lil’Nas.
Portrait d’un artiste aussi cool que fier.

Certaines personnes deviennent célèbres par accident, d’autres par chance, dans le cas de Lil Nas X, c’est par pure ténacité. Un fait d’autant plus impressionnant, quand on connaît son jeune âge.
Il entame sa carrière en 2015. Enfant de la génération X, il se fait une réputation en enchaînant les vidéos sur les réseaux sociaux. Il joue avec les memes, devient une mini célébrité d’internet et monte une page hommage à Nicky Minaj, qu’il ne reconnaîtra que bien plus tard de peur d’être “outé”.
Dans sa petite ville de Georgia, dans le rap et dans la communauté afro-américaine, son identité sexuelle est encore “problématique” comme il le dit avec un tact certain, mais jamais d’amertume.


Le jeune homme se cherche, enchaîne les joints purs et les petits boulots au parc d’attractions du coin. Des joints toujours purs car comme il le dira plus tard sur twitter : “Je peux fumer de la weed toute la journée et tousser pour la moindre fumée de clope”.
Il prend le pseudo de Lil Nas X en hommage à son idole Nas (un autre amateur de cannabis, qui a monté sa propre marque et qui a même joué pour la Cannabis Cup) et achète pour 30 dollars sur internet le Beat de son premier tube Old Town Road en 2018.

Un mix entre rap et country, qui reprend les codes des westerns et qui évoque le mythe de Django. Le cowboy noir et fier de l’être.

Coming Out

En quelques mois, la chanson fait un tabac grâce à TikTok : des millions de jeunes se filment sur le morceau et il arrive même au Top 50 country. Un fait impensable jusque-là, surtout dans l’Amérique de Trump.
Évidemment, États-Unis oblige, elle est retirée par l’institution Billboard, car n’étant “pas assez country”. Traduction : pas assez blanche.
Peu importe : un “vrai” musicien country, devenu fan de son travail, Billy Ray Cyrus (le père de Miley) participe avec lui à un remix, qui en fait un hit planétaire et le fait connaître du grand public.

Ensemble, Billy ray et lui vont partager une belle amitié et pas mal de joints… “Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui possédait autant de Cannabis avant, il en a BEAUCOUP” raconte-t-il en interview.

Même s’il ne fume maintenant que de manière récréative, le Cannabis l’a beaucoup aidé, quand il a perdu sa grand-mère, alors qu’il connaissait enfin le succès, fin 2018. Il se décrit comme devenant presque “Hypocondriaque”, se réveillant la nuit avec des crises de panique, lors d’une interview pour Variety.

Cette expérience dramatique le pousse à repenser son équilibre et à améliorer sa vie, sans peur des jugements.
Il fait son coming out en 2019 sur Twitter. Pas pour la publicité, mais parce qu’il voulait “que les gamins gays puissent aussi se sentir représentés dans le milieu du rap, qu’ils se sentent vus” comme il l’explique dans cette interview dans un barbershop américain pour HBO.
Il n’est plus pour lui question de se cacher, il veut créer sa propre voie et elle est spectaculaire.

Porté par les vagues de soutien qu’il reçoit (notamment de son ami Billy ray et à la grande surprise de son père). Il se lâche sur les réseaux et commence à être de plus en plus explicite dans ses paroles, ce qui donnera son chef d’œuvre : Montero.

Twerk avec le diable

Montero, c’est le vrai prénom de Lil Nas X, une manière de s’assumer enfin. La chanson est en réalité beaucoup plus douce que le laisse présager l’énorme polémique autour du clip de la chanson, dans lequel il fait un lap dance pour le diable (qui est simplement une métaphore pour ses pulsions auto-destructrices).

C’est une histoire d’amour un peu désespérée, pour un homme pas encore sorti du placard. Une histoire vraie, dont la structure est inspirée par “Call me by your name”, un des premiers films d’amour gay qu’il ait jamais vu, alors qu’il écrivait la chanson en 2020.

Bien sûr, les paroles sont explicites (il parle entre autres “d’avaler ses enfants” et de plateaux remplis de “Ganja et de poudre blanche”), mais plutôt que choquer, son but est avant tout de changer les normes.

Après des centaines de chansons explicites hétérosexuelles, il fallait bien tourner le volume jusqu’à 11, pour qu’il puisse se faire entendre. Son but ? Normaliser l’homosexualité dans la musique rap.
Une démarche qu’il explique avec brio, dans cette courte vidéo décryptant les paroles de sa chanson pour Vice.
Alors qu’il s’apprête à célébrer son 23ème anniversaire, l’avenir du grand Lil’Nas s’annonce aussi coloré qu’un arc-en-ciel.

 

 

Interview : Mila Jansen, 60 ans dans l’arène du hash

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Du Royaume-Uni au Népal, d’Amsterdam à Katmandou, en passant par le Maroc et Goa, Mila Jansen alias « The Queen of hasch », a vécu tambour battant mille existences sans jamais se défaire de son légendaire sourire et du joint qui l’accompagne. Entretien avec la reine de tous les voyages.

ZEWEED : Comment avez-vous appris à faire du hasch ?
Mila Jansen : J’ai appris la théorie en Afghanistan, au Pakistan et en Inde, puis, en 1968, toujours en Inde, j’ai commencé en faisant du charas. J’avais appris l’art du hasch making en regardant pendant des années les cultivateurs frotter et tamiser les fleurs. Quand je suis revenue à Amsterdam, en 1988, j’ai recommencé à en produire alors que je gérais, avec des amis, 13 plantations. En 1988, je passais encore mes fleurs au tamis jusqu’à ce qu’un jour, en regardant tourner mon sèche-linge, j’invente le Pollinator*. 
À cette époque, le concept des cannabinoïdes et terpènes n’était pas connu – pas de nous en tout cas. Ce qui m’a valu pas mal d’expérimentations pratiques avant de trouver le bon équilibre [rires]. J’ai adoré cette période de mise au point. Et je voulais surtout proposer à Amsterdam un bon hasch, trouvant médiocre celui qui était vendu dans les coffee shops. Après vingt ans passés en Inde, où l’on trouvait de l’afghan, du népalais, du cachemirien, et produire le nôtre, je suis devenue exigeante !

ZW : Réussir dans un milieu aussi dangereux que masculin relève de l’exploit…
MJ. : C’est l’intelligence et une bonne idée qui m’ont donné l’occasion de percer, en créant en premier une machine qui fait tout le travail manuel, réservé aux hommes ! Cette innovation a permis aux cultivateurs de faire leur hasch en gagnant un temps fou. Quand j’ai créé mon entreprise, parce qu’il fallait bien que je nourrisse mes quatre enfants, je ne m’étais pas inquiétée d’une quelconque compétition avec les hommes parce que je n’étais pas en compétition avec eux. Oui, j’entrais dans un monde réservé aux hommes, mais mon business n’interférait pas avec les activités classiques de production, de semences, de lampes ou d’engrais qui sont aux mains de la gent masculine. Je suis certaine que si j’avais créé une banque de graines, par exemple, leur attitude aurait été très différente.

Mila à Goa

ZW : Vous êtes une icône féministe. Vous aviez le militantisme dans le sang ou c’est arrivé sans que vous n’y pensiez ?
MJ. : Il y a quelques jours, je suis tombée sur une citation de Shakespeare : « Les uns naissent grands, les autres se haussent jusqu’à la grandeur, d’autres encore s’en voient revêtir. » [Troïlus et Cressida, 1609 NDLR] J’appartiens définitivement à cette dernière catégorie car je n’ai jamais eu pour objectif de devenir une quelconque icône. J’étais mère célibataire jusqu’à ce que je crée mon entreprise. J’étais féministe et militante, oui, mais uniquement durant le peu de temps libre que j’avais, bien trop occupée à prendre soin de ma famille.

ZW : Vous avez habité à Goa, en 1968, soit les premières heures de ce qui allait devenir une Mecque de la contre-culture hippie. Ça ressemblait à quoi ?
MJ. : Goa en 1968 était le paradis que nous recherchions, niché entre les palmiers et un océan chaud. Il n’y avait que 11 voyageurs routards, cette année-là. L’année suivante, ils étaient 200 ! Il n’y avait pas d’électricité, la musique sortait d’une flûte en argent et de quelques tables, avec toujours le bruit de la mer en fond sonore. Nous faisions du stop à bord d’une charrette à buffles pour nous rendre au marché hebdomadaire, qui regorgeait de fruits, de poissons et de légumes frais, cueillis le matin même par les vendeuses du marché. Une explosion de couleurs, de soleil. Sur la plage, on achetait une douzaine de poissons frais pour deux cents américains ! Et, contre un coup de main pour relever les filets, le poisson était gratuit. Nous passions toute la nuit autour d’une énorme bougie, au son de la flûte, parfois des tablas, mais la plupart du temps juste avec le son des vagues qui s’échouaient sur le sable. Et les couchers de soleil sous LSD… Sortir de l’océan comme si nous étions les premiers à fouler cette Terre…

ZW : Vous avez connu le marché clandestin. De quel œil voyez-vous la légalisation ?
MJ. : J’espère que la légalisation arrivera le plus rapidement possible, même si je constate qu’elle semble s’accompagner d’un sacré paquet de permis, de documents, de coûts, etc. Il y a trop de règles, de contraintes ; ce qui est loin d’être idéal. Le fait que le gouvernement légalise ne veut pas dire qu’il peut mettre son nez partout. D’une manière ou d’une autre, cela semble faire le jeu des grandes entreprises, pendant que le petit agriculteur dévoué est mis à l’écart et condamné, à terme, à disparaître. Maintenant qu’on a un peu de recul, la légalisation ne semble pas vraiment rendre plus heureux quiconque que je connais.

La Mila famille au naturel

ZW : Quel est le meilleur hasch que vous ayez fumé ?
MJ. : C’est dans l’Himalaya, au-dessus de Kullu, au-dessus de la limite des arbres, que j’ai trouvé le meilleur hasch. Nous étions avec des sâdhus locaux (hommes saints indiens qui fument des chillums) à la recherche de plants de cannabis qui avaient survécu à l’hiver sous la neige ; nous les avons frottés et avons récupéré le hasch de nos mains. Nous l’avons mis dans un chillum et l’avons fumé de suite. C’était plutôt un trip acide : les sons du ruisseau babillant, les couleurs des fleurs sauvages, l’espace et la liberté dans le cerveau, la joie ! Les montagnes enneigées qui nous entourent, les forêts sans fin et les sâdhus eux-mêmes – une expérience magique !

ZW : Vos rapports avec la police ? Il y a dû en avoir quelques-uns, en soixante ans de carrière…
MJ. : Oui… En 1965, j’ai ouvert une boutique, Kink 22, où nous vendions les premières mini-jupes. Plus tard, début 1968, nous l’avons transformée en salon de thé. C’était l’époque de Timothy Leary et abandonner cette société était là où il en était. Le salon de thé attirait des gens revenant de l’Est, apportant du hasch et parfois des stocks américains réaffrétés de la guerre du Vietnam – ces gars-là rapportaient du LSD ! Régulièrement, il y avait une descente de police : le salon de thé était perquisitionné et je passais une nuit au commissariat de Leidseplein. Puis ce commissariat a fermé ses portes et a été remplacé par le Bull Dog, un coffee shop. En 2013, nous fêtions mon soixante-dixième anniversaire, très festivement au Bull Dog, justement, et, tout d’un coup, j’ai un flash : c’était là que j’avais fait de ma garde à vue !

ZW : Vous avez vraiment fait pousser de l’herbe à côté d’une caserne de pompiers ?
MJ. : Oui, c’est vrai. C’était en 1993-1994 et je cultivais beaucoup d’herbe, à cette époque. En l’occurrence, il y avait un joli spot juste à côté d’une grande caserne de pompiers. Et nous ne dépensions pas d’argent dans des systèmes de ventilation avec des filtres anti-odeurs… Ça sentait franchement l’herbe, mais ce n’était pas une odeur connue à l’époque. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec nos voisins, les soldats du feu.

 

Quand la Motown chantait la ganja

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Avant Dej Jam et le succès interplanétaire de la maison de disque de Bob Marley Tuff Gong, un label de Détroit se faisait déjà une sulfureuse réputation en produisant des titres louant sans équivoque des charmes de l’herbe. Zeweed vous emmène à la découverte de la Motown et de ses plus belles déclarations d’amour faites au cannabis.

Fondé par le compositeur et producteur Berry Gordy Jr en 1960, le label Motown tient son nom de la contraction entre motor (moteur) et town (ville). C’est un hommage à Détroit, qui a longtemps la grande ville de l’industrie automobile américaine.
Si le nombre de hits et d’artistes lancés par Motown est aussi gigantesque, c’est grâce au flair et à la volonté de son fondateur de rendre la soul accessible à la masse.

La plupart des artistes majeurs du label étaient amateurs de cannabis. C’était le cas de Diana Ross — qui a d’ailleurs initié Michael Jackson —, de Smokey Robinson ou encore de Marvin Gaye — qui a fumé toute sa vie en grande quantité pour calmer ses angoisses.

Le meilleur exemple reste tout de même la diva Esther Phillips. Sa reprise immortelle de “And I Love Him” des Beatles, que vous pouvez retrouver ci-dessous, fut immortalisée alors qu’elle était tellement enfumée qu’elle en avait des difficultés à marcher.

Pourtant, c’est seulement à la fin des années 60 que les premiers morceaux psychédéliques Motown sont sortis, grâce à l’impulsion des Temptations, avec “Cloud Nine”.
Un morceau enregistré en 1968, très clairement dédié à la plante, qui est sorti contre les recommandations de Gordy, suite à un vote des salariés.
Le pari est réussi: ce sera le premier Grammy du groupe et du label.

Après 10 ans de refus, Gordy, qui ne pensait pas le public américain capable d’accepter ce thème en pleine guerre contre les stupéfiants, lâche la bride.
La même année et seulement pour quelques mois, une division Weed est lancée, pour sortir l’album de Chris Clark. Un album orné d’un symbole peace, qui pastiche le rival Stax et du facétieux slogan “Tous vos artistes préférés sont dans la Weed”.

En 1971, Marvin Gaye sort un album qui parle de la guerre du Vietnam, du sexe et surtout de l’addiction.
Le chanvre sert dorénavant de paravent à la firme, ici pour parler des ravages de l’héroïne, sans braquer un auditoire bien pensant. C’est un prétexte pour s’adresser à un public large, tout en gardant sa suavitude légendaire, dans “Flyin’ high”.

Une stratégie qui sera aussi utilisée par Stevie Wonder deux ans plus tard. En dépit d’une variété qui lui a été dédiée, il n’a fumé qu’une seule fois dans la vie.
Son morceau “Too High” est un avertissement contre les stupéfiants sorti, seconde ironie, sur son album le plus psychédélique : “Innervisions”.

Bien entendu, ses avertissements ne visent pas notre plante préférée. L’album est d’ailleurs particulièrement calibré pour les sessions fumettes. Un fait loin d’être accidentel.

Le morceau le plus explicite jamais sorti par Motown est lâché par Rick James, le Superfreak, en 1978. Le transparent “Mary Jane” est un morceau fondateur de la Punk-Funk, qui a retourné les charts. Un must, quand on sait qu’il parle de la plante comme d’une délicieuse séductrice.

Rick James: « I’m stone I’m proud  » attitude.

Le chanteur s’est, de nombreuses fois, déclaré scandalisé qu’on puisse recevoir des peines de prison pour le cannabis et il fumait très régulièrement sur scène.

Ce hit, d’ailleurs, sera une influence majeure pour tout le mouvement Hip-Hop et en particulier pour le jeune Snoop Dogg, qui enregistrera même un morceau avec le maître.

Seth Rogen, Hollywood Dude

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A 41 ans (dont 28 de carrière), Seth Rogen est devenu un étendard de la pop-culture et des ganja lover, le tout avec une coolitude qui ne laisserait en rien deviner qu’il pèse 80 millions de dollars.
Acteur, producteur, scénariste, entrepreneur et céramiste confirmé, le canadien est à lui seul une promo pour la légalisation, tant ce stoner de premier rang cumule les succès (entre deux tafs), clamant à tous son amour de la weed. Portrait du stakhanoviste le plus relax de la planète.

Certaines personnes ont bien vécu la pandémie. A l’instar de  Seth Rogen qui est de son propre aveu, “confiné depuis 2009”. Une blague qu’il a lancée sur le plateau de Jimmy Kimmel en avril et que son partenaire d’écriture Evan Goldberg confirme : “C’est probablement une des seules personnes contentes d’être forcée de rester en intérieur”. Car Seth Rogen n’aime pas sortir, le glamour et les paillettes. Ce qu’il aime c’est faire rire, divertir, rester dans son canapé avec sa femme et son chien en fumant des joints grands comme des bras. Avec Goldberg,  ils ont fondé l’entreprise de production et distribution de cannabis Houseplant, nommée ainsi en hommage à sa philosophie. Et le succès est encore au rendez-vous.

Premiers stand-up dans un bar lesbien

Il a commencé par du stand-up dans un bar lesbien, à l’âge de treize ans, qui lui a valu un chapeau rempli de pourboires : « Apparemment elles aimaient bien les blagues de juif” balance-t-il sur le plateau de The Ellen Show, évitant de trop parler de son mariage furtif avec une réalisatrice, en 2012.
C’est la même année qu’il fume son premier joint dans une allée de son quartier, à force d’insistance il parvient à convaincre son meilleur ami Evan de tester 2 ans plus tard.
Seth se moque gentiment de son ami en racontant qu’il a vomi sa première fois et que c’est ça le but de leur marque: que personne n’ait à commencer avec leur première fois dans une allée ou dans une fête miteuse. Le but d’Houseplant c’est le cannabis rendu accessible et sain. Une envie qui est illustrée par leurs emballages réutilisables et facilement identifiables pour savoir en un instant si on fume de l’indica avec son emballage orange ou de la sativa en magenta.
Notre recommandation? De la Pineapple express bien sûr, nommée après sa géniale comédie d’action dans laquelle une weed légendaire à l’origine d’une course poursuite démentielle avec son ami James Franco.

Les copains d’abord

Le secret de son succès, c’est énormément de second degré et un ancrage qu’il doit à sa bande de potes à l’image du casting de This is the end, un film qu’il a coécrit avec Evan et qu’il a réalisé. Sa bande (James Franco, Jonah Hill et Justin Long et bien d’autres) et lui affrontent dans le film l’apocalypse, ce qui fait ressortir leurs propres rivalités.
En réalité, Seth Rogen leur est resté très loyal à cette équipe qui est à l’origine de pas mal de projets à lui.
« Je voulais surtout faire un film avec mes potes… et le film est parti d’une session de fumette entre amis. »

C’est suite du diagnostic d’Alzheimer de sa belle-mère qu’il a monté le festival humoristique Hilarity for charity qui a eu droit à un spécial sur Netflix et… Un Carnaval cannabique réservé aux plus de 18 ans dans le New Jersey.
Vous pouvez les voir ici parler avec sa femme et lui parler de leur engagement pour cette cause mais surtout de leur consommation sur une semaine, de quoi coucher Snoop? Non mais de quoi coucher toute la rédaction de Zeweed devant des cartoons pour un après midi.

No compromise

Cet homme - qui a révolutionné le cinéma d’animation pour adultes (avec Sausage Party qu’il a conçu), la série de Super-héros (avec The Boys qu’il a produit) et la religion (avec l’incroyable série Preacher, qu’il a développé) - a fait tout cela de son propre aveu, simplement parce que ça l’amusait.
Qu’importe les haters ou son image, il fait ce qui lui plaît et il s’attaque régulièrement à la politique anti drogue fédérale “raciste” de l’état américain. « Une politique qui sert à enfermer des personnes de couleurs depuis des décennies” selon lui.
Le Cannabis fait partie de sa vie, il veut tout simplement partager son amour pour la plante: “Tous les matins, je fume un joint avec mon café et je continue à fumer jusqu’à aller me coucher. Parfois, je me réveille la nuit pour fumer plus« , confie-t-il au New York Times en interview, entre deux histoires sur des céramiques qu’il se plaît à réaliser.
Houseplant a d’ailleurs lancé une collection de cendriers inspirés par ceux fabriqués par Seth à ses débuts qui “sont parfait pour une session fumette et pour tenir même les plus gros joints”.
Un passe-temps méditatif qui lui correspond bien et qu’il pratique sur chaque tournage, le dernier en date   « Pam& Tommy », (qui retrace l’histoire derrière le  scandale de la sex tape du batteur de Motley Crüe Tommy Lee et de la Baywatch babe Pamela Anderson) n’a pas échappé à la règle au plus grand bonheur de 12 membres de l’équipe de tournage qui se sont vu offerts un cendrier « made by Seth« .  Awesome attitude, dude!

 

Quand le cannabis fait foi: ces reliques en chanvre qui ont forgé le christianisme

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Si le cannabis est diabolisé depuis une cinquantaine d’année, l’Histoire nous compte une toute autre approche de la belle plante. Indissociablement lié à la religion ainsi qu’à la royauté, le chanvre accompagne vers l’éternel quatre figures majeures du christianisme que je vous propose aujourd’hui de redécouvrir.

LE « SAINT CHANVRE »

Il s’agit d’un morceau de la corde censée avoir lié les mains du Christ à la Croix lors de la Crucifixion, elle porterait, dit-on, les traces du sang de Jésus. Cette relique déposée, d’après la tradition, par Sainte Hélène au 4ème siècle, est toujours visitable au monastère de la Sainte-Croix (Timios Stravos) à Omodos, l’un des plus anciens de Chypre, fondé vers l’an 200.
Sainte Hélène était la mère de l’empereur romain Constantin 1er, qui décréta le christianisme religion officielle. C’est à la suite d’un pèlerinage et de fouilles à Jérusalem, sur le lieu du Calvaire, qu’elle découvrit la Sainte Croix. De retour vers Rome, elle fit escale à Chypre en 327, à l’âge de 80 ans, pour y faire ce don sacré.
De nombreux miracles furent attribués à ce Saint Chanvre et la chapelle devint un lieu saint pour tous les chypriotes.

Le Saint Chanvre: il faut le voir (ou le fumer) pour y croire.

LES SANDALES DU CHRIST

Résultats d’analyses (microscope à balayage électronique, analyse spectrométrique) du professeur Gérard Lucotte, directeur de l’Institut d’anthropologie génétique moléculaire, concernant la Relique des Sandales du Christ :
« Les trois couches originales de la sandale : au-dessus une couche fine de chanvre (étudiée) ; au milieu une couche épaisse de palmier oriental (étudiée, sang en étude) ; au-dessous une couche fine en bois (olivier ? en étude). » L’or identifié fut daté de l’antiquité et le sable d’aragonite découvert sur le cuir, se retrouve spécifiquement à Jérusalem.

En 2005, Gérard Lucotte sera tenu à l’écart par la communauté scientifique : analysant la tunique d’Argenteuil, il affirmera y avoir  retrouvé l’ADN du Christ, reconstituant « le portrait d’un homme d’origine moyen-orientale, à la peau blanche, opiomane et porteur de morpions. »
Don du pape Zacharie en 752 au roi Franc Pépin III, ces reliques furent rapportées de Jérusalem à Rome par Sainte Hélène en l’an 327.
Elles sont aujourd’hui exposées à la basilic de Prüm en Allemagne.

Les sandales du Christ

LE LINCEUL DE PHILIPPE Ier (1052-1108)

La tombe de ce roi de France fut découverte le 1er juillet 1830, dans l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (45730). Son corps avait été enveloppé dans une longue cape rouge tissée, après analyse, avec « une armure de toile, chaîne et trame de chanvre, une deuxième trame de laine a été passée, entre deux fils de trame chanvre. » (A. France-Lanord, La tombe de Philippe 1er à Saint-Benoît-sur-Loire, p. 377, 1992).

Ce 4ème roi capétien, au 3ème plus long règne de l’histoire de France (48 ans), fut inhumé à Fleury car ayant été excommunié pour avoir répudié sa femme, Berthe de Hollande, il ne désirait pas être enterré à côté de ses ancêtres, dans la basilique royale de Saint-Denis.
Sa sépulture est la seule d’un souverain français médiéval à n’avoir été ni violée, ni déplacée de son emplacement original.
D’autres linceuls de chanvre sont attestés, dont celui de la reine mérovingienne Arégonde (520-580), épouse de Clotaire 1er (basilique Saint-Denis).

Philippe 1er, inhumé dans une cape de chanvre pour l’éternité

LE CILICE DE SAINT LOUIS

Ce gilet porté par le célèbre roi, est encore en parfais état aujourd’hui. Composé de crin et de chanvre, il est daté aux alentours de 1260. C’est l’un d’un des trois seuls vêtements royaux du 13ème siècle conservés en France. Une étiquette porte l’inscription : « C’est la haire saint Louis roy de France ».

Le Silice de Saint Louis.

Il est exposé à l’église Saint-Aspais de Melun, France
Le fait que ses reliques soit composées de cannabis sativa rend crédible leurs authenticités, appuyé par le précepte In dubio pro traditione : en cas de doute, priorité à la tradition!

Camille Bazbaz : Radical Feeling

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Ça démarre fort pour Camille Bazbaz, qui a vingt-deux ans quand il fait ses débuts discographiques au sein du Cri de la mouche, groupe « punkoïde » signé sur le label de Michel Sardou. La suite ? Une dizaine d’albums entre Paris et Kingston avec des musiciens devenus des amis, comme Winston McAnuff, cinq B.O. pour son « poto » Pierre Salvadori et, aujourd’hui, l’aboutissement d’un projet de quinze ans : The Salmon, enregistré avec Tchiky, alias Jérôme Perez, et le chanteur Kiddus I – inoubliable interprète de « Graduation In Zion » dans le film de Theodoros Bafaloukos, Rockers (1978). C’est chez moi qu’il s’est livré et prêté au jeu de la divine interview.

Propos recueillis par Olivier Cachin

ZEWEED : Cinq mots pour te définir ?
Camille Bazbaz : Douceur, colère, amour, reggae, punk-rock.

Trois lieux qui te définissent ?
Paris, Brest, Kingston.

Cinq albums à emporter au Paradis
- J. J. Cale, Troubadour
- Gregory Isaacs, Cool Ruler
- Erik Satie, Gnossiennes
- John Barry, le générique de The Persuaders (Amicalement Vôtre)
- Serge Gainsbourg, Mauvaises Nouvelles des étoiles

Plutôt paradis céleste ou artificiel ?
Ni l’un ni l’autre. L’enfer est sur Terre, c’est ma certitude. Je ne suis pas obsédé par les défonces non plus, ni par l’idée d’un meilleur ailleurs. J’aime bien la vie sur Terre : même si c’est difficile, c’est ici que ça se règle. Je ne crois pas à l’au-delà.

Crédits : Sathy Ngouane

Une journée au paradis de Bazbaz, ça serait quoi?
C’est écrire une chanson, faire de la musique avec les gens que j’aime, boire un coup au comptoir avec mes potes ou me réveiller le matin avec ma chienne, quand j’en ai une, c’est ça mon paradis. Je n’ai pas de fantasme de groupe idéal comme Yarol, je n’ai jamais eu de poster de rock star chez moi, même si j’aime Gregory Isaacs, Jim Morrison, Sly Dunbar, John Bonham. La musique, c’est un peu comme faire l’amour sans se toucher : il y a une intimité partagée. Je m’en fous de Jimi Hendrix et des rock stars, je les aime et je les emmerde.

Ta source préférée de paradis artificiel ?
L’herbe et le whisky.

Quels souvenirs gardes-tu du Cri de la mouche ?
Ma première et plus grande histoire d’amour. J’étais un ado plein de boutons, si je n’avais pas rencontré cette bande de mecs au lycée, je ne suis pas sûr que j’aurais fait de la musique. Dans cette bande de mecs avec qui je traînais depuis la sixième, il y avait le génial Thomas Kuhn ; le chanteur qui, malheureusement, est mort à trente piges. Faire le Belmondo à seize ans, escalader les grues pour impressionner les meufs et les débiles dont je faisais partie, OK, mais avec dix ans de rock’n’roll et d’excès dans la gueule, et peut-être plus… Moi, derrière, qui essaie de le rattraper : « Non, tu ne sauteras pas du Pont-Neuf. Non, tu ne monteras pas sur cette moto bourré »… C’est un peu pour ça que je me suis barré du groupe ; moi, j’avais envie de vivre.

Ton premier album, Dubadelik, est influencé par le reggae…
Les Clash, les Pistols, tous les groupes anglais étaient copains avec les rastas londoniens. Ce sont eux qui m’ont amené au reggae. Mes parents écoutaient « Could You Be Loved » de Bob Marley ; pour moi, c’était un peu du disco débile. À quinze ans j’écoutais The Cure et les Clash, je n’aimais pas le funky à la Kool & The Gang. C’est « Police and Thieves », version Clash, qui a tout déclenché. Je tombe sur l’original de Junior Murvin et je me prends une baffe. Pas du tout le reggae de Marley ! J’ai découvert LKJ parce que j’avais vu une photo, dans Rock & Folk, de Sid Vicious avec un badge de LKJ. Je pensais que c’était un truc antifasciste. Il avait son tee-shirt avec la croix gammée cassée, super provoc’. Je finis donc par écouter Linton Kwesi Johnson et ça me retourne. Je me dis qu’il n’y a pas que la puissance de la guitare, il y a aussi la violence de la basse. Les Jamaïcains ont mis leur hargne dans la basse et le riddim minimal.

Tu as fait cinq B.O. pour les films de Pierre Salvadori.
Ça a commencé très pro avec un message du producteur sur mon répondeur : « Bonjour, M. Pierre Salvadori aimerait beaucoup vous rencontrer et pourquoi pas travailler sur la musique de son film. » En plus, je venais de voir Les Apprentis (1995) ; j’avais l’impression qu’il racontait ma vie ! On se rencontre et on devient potes instantanément. On a passé une après-m à parler de tout sauf du film. Sex Pistols, Tina Turner, Creedence, Jim Morrison… La musique, c’est un passeport, un langage. Et il m’a fait confiance. La musique de film, c’est hyper différent : tu as un cadre, un boss. J’adore me mettre au service des autres.

« Winston McAnuff est un gros smoker. Il ne boit pas, il ne prend pas de drogues dures, il a soixante-sept ans et il fume comme des petits-bourgeois prennent du Xanax »

Tu as aussi travaillé avec un musicien jamaïcain, Winston McAnuff, avec qui tu as notamement joué à la Bob Marley tribute party, organisé par ZEWEED au NoPi en mars dernier.
Bosser avec Winston m’a appris que le reggae est une musique punk, proche du rock’n’roll. Winston me disait : « Quand tu joues ta note, ta caisse claire, imagine que tu es à la chasse au canard. Tu prends ton fusil. » Moi, je voyais Elmer Fudd et Daffy Duck dans les dessins animés. « You want to shoot the bird, shoot BEFORE ! » C’est avant, parce que le temps que ton cerveau donne l’ordre à ton bras, c’est déjà trop tard. C’est génial. Des petites phrases Carambar dub mais, en vrai, ce sont des choses que j’applique toujours. Winston est  un gros smoker. Il ne boit pas, il ne prend pas de drogues dures, il a soixante-sept ans et il fume comme des petits-bourgeois prennent du Xanax. C’est pas un junkie psychopathe sous Fentanyl !

Crédits : Thomas Boujut

Raconte-nous ta rencontre avec Winston.
Le jour où il vient en studio, je prépare un reggae comme un con, parce qu’il est jamaïcain. Il écoute et il me dit que c’est de la merde. Je ne savais pas tuer l’oiseau, j’avais oublié mes années punk. Je le ramène à son hôtel, on se dit à peine au revoir, je me dis que c’est un gros con, je retourne chez « oim », je raconte ça à ma chérie et elle me dit : « Mais tu ne lui as pas fait écouter tes trucs à toi ? » À l’époque, je maquettais mon album Sur le bout de la langue (2004) qui a cartonné. Elle me dit que je suis un con, la nuit passe et je me réveille en me disant qu’elle a raison en fait. Je rappelle Winston, je lui propose de venir écouter d’autres trucs. Et là, il kiffe. Il me dit : « Enlève ta voix, j’ai une idée. » Ce qui aurait vexé des grands chanteurs de variétés, mais moi, connaissant le modus reggae où ,avec un instru’, on peut faire 100 chansons, direct j’enlève ma voix sur deux-trois titres, on commence l’album A Drop (2005) et notre amitié est née. Winston m’a rappelé ce que disait ma grand-mère bretonne : « C’est pas à une Bigoudène qu’on apprend à faire des crêpes. » J’ai revu la tête de ma grand-mère Yvonne mélangée à celle de Winston, il avait trop raison, ce con !

« Lee Perry me demande ce que je fous là, je lui réponds que je suis venu voir si je pouvais lui pomper tous ses plans, il me regarde méchamment… et se marre »

C’était comment, ton premier trip à Kingston ?
Je déboule avec mon ingé son ; à l’aéroport, on attend nos valises qui n’arrivent pas. On va au comptoir Air Jamaica où il y a trois pin-up genre SAS trop sexy qui nous regardent à peine. On sort de l’aéroport, on dit à Winston que nos bagages sont perdus, il va au guichet, tape sur le comptoir, dit aux trois nanas : « Hey man ! » et règle l’histoire. Je passe quinze jours là-bas et quand je repars, je regarde par le hublot et je m’attends à voir Ricardo Montalban et Hervé Villechaize – le nain de L’Île fantastique ! C’était vrai tout ce qu’on a vécu ? Aller acheter du poulet à minuit avec U-Roy qui faisait la queue, Kiddus que je rencontre en studio le troisième jour et qui me saute dans les bras en me disant qu’on va aller acheter des bières à la station-service… Et il y avait un mec dans le studio planqué au fond, Winston me fait : « Tu veux rencontrer Lee Perry ? » Lee Perry est en mode Roland-Garros, comme s’il s’était enduit d’huile et jeté dans un bain de terre battue : il est rouge, sur un trône. Lee Perry me demande ce que je fous là, je lui réponds que je suis venu voir si je pouvais lui pomper tous ses plans, il me regarde méchamment… et se marre. Et tout était comme ça. J’avais une « beuh de ouf », la kiki ; je dormais avec, sous mon oreiller. J’y suis retourné avec Yarol [Poupaud, NDLR] ; je n’y suis jamais allé en touriste, toujours pour la musique.

Comment démarre l’aventure de The Salmon ?
Kiddus, je l’ai rencontré dans un bar à Belleville, en 2008. À force de discuter avec Winston qui savait que j’avais vu Rockers, il a déboulé avec Kiddus : « Tiens, je te présente ton chanteur préféré ! » Je suis en train de boire un café calva, à 11 heures ; il me demande ce que je bois, je lui en commande un, il goûte et trouve ça génial. On s’en enfile 10, on rigole. Punky reggae party ! On s’entend bien ; au bout de deux heures, on trace à mon studio, on commence à bosser. Et ça nous a pris quinze ans. On a enregistré, au fur et à mesure, The Salmon, il y a dix ans ; « Wiggling » il y a un an ; « The Long Road » il y a quinze ans, avec mon pote guitariste Jérôme « Tchiky » Perez, qui a fini par réaliser l’album et le mixer avec moi. Kiddus, on ne savait jamais quand il venait… C’est un tigre blanc ! Un jour, on avait un flûtiste en studio, un autre jour un violoncelliste ; trois ans plus tard, Pam Hall, la choriste de Peter Tosh, un tromboniste, deux percussionnistes dont Fabrice Colombani, alias Cubain, le bassiste des Roots Radics, des batteries de Sly Dunbar, Style Scott et Raphaël Chassin, le bordel total ! On doit être 27 sur l’album.

Kiddus I est une personnalité à part…
C’est un prince mais il est en haillons. À force de ne pas vouloir louvoyer dans le monde de Babylone en l’attaquant frontalement, voilà ce qui se passe. Il vit dans les collines à Kingston. Il déboule à Paris fin octobre pour deux mois. Les paroles de Kiddus sont géniales, on comprend ce qu’il dit, pas comme les nouveaux mecs du dancehall, ils ont perdu de la poésie. C’est pas rigolo le monde dans lequel ils vivent et, en même temps, le Trenchtown de Bob Marley, ça n’était pas mieux, même pire, mais il y écrivait « Three Little Birds ». Maintenant, les mecs te gueulent dessus, tu ne comprends même pas l’insulte ! Je fais mon vieux con, mais j’ai du mal. D’ailleurs, ils n’écoutent plus que du R & B de merde, limite Céline Dion.

Propos recueillis par Olivier Cachin

Album The Salmon chez 22D Music Group

Insta : @bazbazcamille

 

Elton John : le Rocket Man ne voit pas d’un bon oeil la légalisation du cannabis

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Les temps changent, certes, mais pas pour tout le monde. Elton John, a récemment pris position contre la légalisation du cannabis dans une interview accordée à Time. Autrefois aussi célèbre pour ses frasques que pour ses tubes, le chanteur,  sobre depuis des décennies, s’inquiète autant des ravages de ses propres abus passés, avec d’autres drogues,  que des politiques visant à ne plus mettre en prison un fumeur de joints. 

Si l’on peut comprendre les épreuves personnelles que l’artiste a dû surmonter, son argumentaire pêche sur deux points essentiels : il minimise les ravages causés par la prohibition, et passe sous silence le droit fondamental de chacun de vivre librement sans ingérence de l’État tant que cela ne nuit à personne. Deux oublis majeurs.

« On prend de terribles décisions sous l’effet de la drogue » Elton John

« Je maintiens que c’est addictif. Ça mène vers d’autres drogues », confie Elton John, 77 ans, à Time, alors qu’il vient d’être sacré « icône de l’année ». « Et quand on est défoncé — et je l’ai été — on ne pense pas normalement. La légalisation du cannabis en Amérique et au Canada est l’une des plus grandes erreurs de tous les temps. »
Le chanteur sait de quoi il parle. Ancien addict aux drogues dures, il a fini par trouver son salut en cure de désintoxication. Il admet d’ailleurs avoir réalisé bien trop tard que « sous l’emprise des drogues, on prend de terribles décisions ». Mais ce qu’Elton John omet de considérer, c’est que si la dépendance est destructrice pour certains, les conséquences de la prohibition, elles, le sont pour des sociétés entières.

La guerre contre la drogue plus dangereuse que la drogue?

Depuis des décennies, la « guerre contre les drogues » menée aux États-Unis a englouti des milliards de dollars, criminalisé des millions d’individus et laissé derrière elle un sillage de vies brisées. Comme le soulignent les chercheuses Aliza Cohen et Julie Netherland dans un rapport de la Drug Policy Alliance, « plus d’1,1 million d’arrestations liées aux drogues ont eu lieu en 2020, et la majorité concernait la possession personnelle ». Environ 20 % des prisonniers américains purgent une peine pour des infractions liées à la drogue, avec des disparités raciales criantes.

La prohibition, loin de protéger les populations, pousse les consommateurs vers un marché noir aux produits de pureté douteuse. Résultat ? L’actuelle crise des overdoses, amplifiée par un approvisionnement contaminé au fentanyl. Et comme si cela ne suffisait pas, la guerre contre les drogues alimente corruption, violence et enrichit des cartels de plus en plus puissants.

Contre-appel à la tolérance

Pour les défenseurs des libertés individuelles, l’argument central reste le droit de chacun à disposer de son corps et de ses choix, même s’ils comportent des risques. Comme le rappelait le philosophe John Stuart Mill dans De la liberté, « le seul but pour lequel le pouvoir peut être légitimement exercé contre un membre d’une société civilisée, contre sa volonté, est d’empêcher qu’il nuise aux autres.
Son propre bien n’est pas une justification suffisante. »
Les prohibitionnistes, eux, avancent que les drogues affectent la productivité et mènent à des comportements irresponsables. Mais devons-nous être perpétuellement performants pour la société ? Et quid des dommages causés par les excès de prohibition elle-même : violence, vies ruinées, incarcérations massives ?
Si Elton John a vaincu ses démons personnels et aidé d’autres à s’en sortir, son expérience ne suffit pas à légitimer l’échec manifeste des politiques répressives. En voulant sauver les individus malgré eux, on a sacrifié des millions de vies et alimenté des systèmes d’oppression. À l’heure où le débat sur la légalisation s’intensifie, il serait temps d’écouter ceux qui subissent la guerre contre les drogues plutôt que de chercher à imposer une moralité par la force.

Zeweed avec : 420 intel, New York Times, The Guardian
 

Quand ça tourne dans le bureau ovale.

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Sur quarante-sept élus à avoir exercé la magistrature suprême aux Etats-Unis, dix (sans compter Bill Clinton) ont entretenu une liaison assumée avec le cannabis. Soit un président aux yeux rouge pour quatre locataires de la Maison Blanche. Petits portraits des dirigeants les plus détendus du monde libre.

Georges Washington

Au XVIIIème siècle, le chanvre était largement cultivé afin de produire cordes et textiles (le chanvre utilisé pour sa fibre ne contient en revanche qu’une faible quantité de THC, l’agent psychoactif). Si le premier président des États-Unis a largement incité ses concitoyens à faire pousser la plante pour sa fibre, les cultures personnelles de Georges W. étaient destinées à un tout autre usage. Le 5 mai 1765, le premier président des États-Unis notera « qu’il est nécessaire de séparer plants mâles et femelles dès que possible, afin de tirer du chanvre le meilleur profit ».  À la fin de la même année l’homme  dont ont retrouve le visage sur tous les billets de 1 dollar écrira que « le chanvre est une remarquable plante, tant pour ses applications textiles et maritimes que pour ses vertus médicinales hautement appréciables».  Un Nouveau Monde est né !

Thomas Jefferson

Avant de devenir Président, Jefferson occupait le poste d’ambassadeur des États-Unis en France.
En cette fin du XVIIIème siècle, alors que le futur chef d’Etat est encore diplomate, le tout Paris s’entiche du cannabis. Salons et clubs dédiés au haschisch fleurissent et s’installent dans les beaux quartiers de la capitale. Jefferson est immédiatement conquis par l’effet de la plante, tant et si bien qu’une fois revenu au pays, il fit venir de Chine des graines d’indica réputées pour leur puissance psychotrope. Le co-rédacteur de la Déclaration d’Indépendance écrira au sujet de ses stupéfiantes habitudes que  « Certaines de mes meilleures heures ont été passées assis sur ma véranda arrière, fumant du chanvre et observant à perte de vue. » Dude présidentiel.

James Madison

Le père et co-rédacteur de la Constitution des US a régulièrement soutenu que c’est un beau soir de juillet qu’il avait soudainement eu  « l’inspiration et la perspicacité » de concevoir et rédiger les bases du texte fondateur de la démocratie américaine. Wikileaf précise à cet effet que « il est probable que le président Madison se réfère à une variété de cannabis récréatif très prisée par les premiers colons. » Et tout porte à croire que la partie «perspicacité» » dont il fait mention, lorsqu’il rédigeât une grande partie de la constitution, fait référence aux propriétés psychotropes de la belle plante.

James Monroe

France encore. Dans le pays de toutes les tentations, le futur président James Monroe qui fut (comme Jefferson) ambassadeur des États-Unis en France, s’est adonné à Paris (encore comme Jefferson) aux plaisirs du haschisch.  De retour aux États-Unis,  le  premier chef d’Etat du Nouveau Monde à avoir pris parti contre l’esclavagisme continuera de consommer du haschisch régulièrement, et ce jusqu’à sa mort à 74 ans.

Andrew Jackson

Le célèbre général de l’armée américaine et président Andrew Jackson consignait régulièrement dans son journal fumer du cannabis avec ses troupes. « Pour apaiser ma conscience comme celle de mes hommes après l’horreur du combat ». (durant les peu glorieuses guerres amérindiennes du Mississippi). Une intuitive initiative tant il est désormais prouvé que le cannabis est un très bon traitement contre la douleur les angoisses post-traumatique.

Zachary Taylor

À l’instar de Jackson, le 12e président américain fumait de la marijuana avec ses officiers et soldats. Toujours à l’instar de Jackson, le chef de l’exécutif avait souligné les avantages thérapeutiques de mère ganja, remarques scrupuleusement notées dans son journal. Il fut emporté par le choléra après seulement un an et quatre mois de présidence.

Franklin Pierce

L’un des trois militaires de cette liste à devenir président. L’un des trois présidents issus de l’école la plus stricte qui soit; l’armée. Et pourtant, tout comme ses illustres prédécesseurs Jackson et Taylor, le président Pierce aimait tâter du pétard autour du feu avec ses troupes, durant la guerre américano-mexicaine.  Dans une lettre à sa famille, Franklin Pierce écrira que fumer de la weed était «à peu près la seule bonne chose à faire dans cette guerre ».  Les G.I envoyés au front pendant la guerre du Viet Nam suivront le conseil.

 

John F. Kennedy

JFK a utilisé la marijuana pour traiter de sévères douleurs au dos. Selon nombre de témoignages écrits, dont celui de Michael Meagher qui dans «John F. Kennedy: A Biography», décrit une scène à la Maison Blanche: «Le 16 juillet au soir, Jim Truitt, Kennedy et Mary Meyer ont fumé de la marijuana ensemble. … Le président a fumé trois des six joints que Mary lui a apportés. Au début, il ne ressentait aucun effet. Puis il ferma les yeux et refusa un quatrième joint.  » « Peut-être pas une bonne idée… supposons que les Russes fassent quelque chose maintenant ».

Bill Clinton

Sacré Bill, jamais avare de quelque étonnante pirouette sémantique ( voir son témoignage devant le congrès à la suite de l’affaire Lewinski). En 1992, au sujet de sa consommation de marijuana  le 42e président américain declarera: «Quand j’étais en Angleterre, j’ai expérimenté la marijuana une ou deux fois. Mais je n’ai jamais inhalé la fumée parce que je n’aimais pas. ». Une rhétorique d’avocat dans toute sa superbe: effectivement, Clinton dit vrai comme le confirmera Christopher Hitchens, un de ses amis étudiants à Oxford de l’époque : « Bill ne fumait pas. Il n’aimait pas la fumée. Mais les space cakes en revanche, oh oui ! ».
Son compagnon d’études précisera :  « Bill, il était très brownies chocolat-pécan au beurre de cannabis. Ça, oui, il aimait beaucoup. Mais effectivement, il ne les inhalait pas. »

 

George W. Bush

Le successeur de Bill, nettement plus candide, est connu pour avoir dans sa jeunesse abusé de l’alcool et des excitants colombien, travers  qu’il a à plusieurs reprises admis. Maias curieusement, Georges W. esquivait toute question concernant sa consommation de weed. Un soucis de discrétion vite balayé par le naturel de Junior qui en 2010 confessera à son biographe Douglas Wead (oui, à prononcer comme «weed») «Je ne répondrais pas aux questions sur la marijuana. Tu sais pourquoi? Parce que je ne veux pas qu’un petit enfant fasse ce que j’ai essayé ». Douglas Wead fera évidemment mention de cette phrase dans le livre…

Barack Obama

Le président qui aura sans aucun doute le plus œuvré pour la dépénalisation et légalisation du cannabis a évoqué sans tabou sa consommation de weed dans ses vertes années, taclant gentiment  à Bill Clinton au passage «Quand j’étais plus jeune, je fumais. Et oui… j’inhalais. C’est comme ça que ça marche, non ? » (en 2008, lors de sa course à la présidence). Pendant son mandat  et de façon précise : «  Oui, j’ai fumé de l’herbe quand j’étais jeune, et oui, je considère ça comme une mauvaise habitude. Un léger vice ? Peut-être. Mais pas différent de celui des cigarettes que j’ai fumé gamin. Et je ne crois pas que cela soit plus dangereux que l’alcool » Enfin, en saluant  la  décision du Colorado et de l’État de Washington de légaliser la ganja il ajoutera : « Il est important pour une société de ne pas avoir une situation dans laquelle une grande partie des gens ont à un moment ou un autre enfreint la loi et dont seulement une petite partie soit punie pour cela. ».

Donald J. Trump

Le magnat de l’immobilier était durant ses quatre années à la maison blanche farouchement opposé la légalisation et a toujours soutenu n’avoir jamais tâter du pétard. En septembre dernier, le milliardaire a revu sa copie et promet dorénavant qu’il dépénalisera l’usage du cannabis dans les 50 Etats américains s’il venait à être de nouveau élu, et a annoncé soutenir le projet de légalisation du cannabis à usage récréatif en Floride, initiative qui sera soumis au vote des citoyens du sunshine state le 5 novembre, à l’occasion de l’élection présidentielle.

Joe Biden

Si le président sortant n’a pas exactement le profil d’un grand enthousiaste de l’herbe (et ce malgré une propension à la lenteur qu’aucun sofa-stoner ne pourrait lui envier), il aura largement contribué à assouplir les règles et sanctions entourant la consommation de cannabis.

Enfin, Kamala Harris et son colistier Tim Walz ont annoncé leur volonté de légaliser le cannabis au niveau fédéral s’ils remportaient l’élection présidentielle. 

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