Transports

Neutralité carbone : Les assurances Zurich renoncent aux transports aéronautiques

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Le groupe d’assurance suisse Zurich se lance à la conquête des émissions négatives en faisant un croix sur les courriers postaux et en imposant à ses cadres le transport ferroviaire.  Explications.

Que les banquiers se rassurent. La capitale financière de la Suisse dispose toujours d’un aéroport ouvert au trafic aérien. La véritable nouveauté est l’accélération de la politique anti carbone de Zurich Insurance Group. Le géant européen du secteur de l’assurance estime déjà avoir atteint la neutralité carbone en 2014. Ce n’est pas le Valhalla du bas carbone. Cela signifie simplement que ce groupe mondial émet autant de gaz à effet de serre (Ges) qu’il n’en fait absorber par des forêts, par exemple.

Retirer du carbone de l’air

Or, aujourd’hui, nous avons émis tellement de Ges qu’il nous faut non plus atteindre l’équilibre entre les émissions et les absorptions de CO2, mais retirer du carbone de l’atmosphère pour stabiliser rapidement le réchauffement. En jargon onusien, on appelle cela les « émissions négatives ».
C’est précisément ce que cherche à faire le groupe d’assurance suisse. Dans un premier temps, ses collaborateurs ne devront pratiquement plus prendre l’avion. « Dès 2022, nous baisserons de 70 % nos émissions imputables aux voyages aériens par rapport à la période pré-pandémique », indique le groupe dans un communiqué. De leur côté, les clients ne recevront plus de courrier Zurich par la poste. Toute communication passera par courriel, réputé moins carboné que le facteur.

Parce qu’il faut bien visiter les clients de temps en temps, Zurich électrifie tous ses véhicules de société. L’intégralité de la flotte sera renouvelée en 2025. Les bureaux seront petit à petit installés dans des immeubles à basse consommation et produisant eux-mêmes leur énergie renouvelable.
La lutte contre le réchauffement passe aussi par la nourriture : 20 % de nos émissions étant imputables à notre système alimentaire. Dans ses cantines, Zurich ne servira plus que des menus produits avec des fruits et légumes de saison et locaux. Des boîtes seront mises à la disposition des salariés pour qu’ils ramènent chez eux les portions inachevées. Autant de gaspillage alimentaire en moins.

Soutien à Salgado

Voilà pour l’interne. Car à l’extérieur de ses locaux, Zurich ne restera pas inactif. Le groupe entend notamment investir dans des entreprises développant des solutions dites « bas carbone ». Dès janvier prochain, ses clients se verront proposer des véhicules d’investissement dans les énergies renouvelables.
L’entreprise participe enfin à un programme de restauration de la forêt amazonienne dans l’Etat brésilien du Minas Gerais. Initié par le photographe Sebastião Salgado, ce projet permettra tout à la fois de ressourcer la biodiversité brésilienne et de stocker du carbone.

Quand la montée des eaux menace le transport aérien

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Sous l’effet du réchauffement, un nombre croissant d’aéroports risquent de se retrouver les pistes dans l’eau.

S’envoyer en l’air n’est plus donné à tout le monde. Avec une pandémie à rallonge, des frontières qui se ferment les unes après les autres, les Boeing 737 Max qui envoient leurs passagers au ciel éternel, l’aérien traverse la pire crise de son existence.

En 2020, le trafic aérien mondial a chuté de plus de 70% par rapport à l’année précédente. Et les perspectives de retour « au monde d’après » s’éloignent régulièrement. Aéroport de Paris n’envisage plus de reprendre une activité comparable à celle de 2019 avant 2024, voire 2027.

Contraintes carbone

C’est, peut-être, optimiste ? Car, les contraintes carbone vont sensiblement s’alourdir pour le secteur aérien. L’Union européenne va faire participer la totalité des compagnies opérant depuis ses aéroports au marché du carbone communautaire. Dès cette année, les compagnies volontaires pourront commencer à participer au système international de compensation des émissions carbonées du secteur aérien, le Corsia.

A terre, les choses n’iront guère mieux. Du moins, dans certaines régions. Car, sous l’effet du réchauffement, les eaux marines, gonflées de l’eau des glaciers fondus, se dilatent. Le niveau de l’océan monte de plus en plus vite.

Une équipe de chercheurs, dirigée par Aaron Yesudian (université de Newcastle) a évalué l’impact de l’élévation du niveau des mers sur les aéroports côtiers. Les scientifiques ont évalué la vulnérabilité de 14 000 plateformes aéroportuaires. Et certaines sont vraiment très mal placées.

Gros et petits

Dès aujourd’hui, 269 peuvent être envahies par les eaux. A supposer que nous sachions stabiliser le réchauffement à 2 °C, une centaine d’aéroports seraient noyés et près de 400 se retrouveraient fréquemment les pistes dans l’eau. Si nous continuons à rejeter autant de gaz à effet de serre qu’aujourd’hui, près de 600 aéroports seront menacés d’engloutissement.

Dans le lot, on trouve des infrastructures majeures pour le transport aérien mondial, comme Amsterdam Schiphol (70 millions de passagers), Suvarnabhumi, le nouvel aéroport de Bangkok (56 millions de passagers/an), Shanghai Hongqiao (45 millions de passagers), Newark Liberty (33 millions de passagers), La Guardia (31 millions de passagers).

Des régions entières, comme l’ouest de la Chine ou les Antilles, pourrait être fortement pénalisées. Les archipels des Salomon ou des Maldives risquent de se retrouver sans aéroport. Quant au Marco Polo International Airport de Venise … mieux vaudra prendre le train.