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Spécial JO : Cerrone « Le paradis c’est aujourd’hui. »

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Alors que le Supernature de Ceronne a clôt la cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024, ZEWEED revient, au détour d’une interview, sur 50 ans d’une carrière aussi stratosphérique que rythmée . Avec la vivacité d’une étoile disco, l’auteur compositeur et DJ se livre sur les coulisses de ses grands tubes, sur son rapport à la musique et son amour des paradis immédiats ou terrestres. 

ZEWEED : Une phrase pour vous définir.
Cerrone : Je suis un musicien passionné de rythme, d’harmonies et de mélodies faites pour prendre du plaisir.
Je viens des années seventies, de l’origine de la disco et c’était la fête. Donc voilà, je fais de la musique pour faire danser les gens. Je suis musicien et je ne me suis pas adapté aux styles musicaux car je n’ai jamais voulu changer mon chemin. Mais que ce soit en studio ou sur scène, je me suis adapté à la technique. Il y a une dizaine d’années, je me suis mis à jouer mon répertoire, à la différence qu’au lieu de jouer en live, je le faisais en DJ. Mais je ne joue toujours que mon répertoire, et pour moi, c’est une performance artistique.  On voyage ensemble avec le public pendant une heure et demie. 

ZEWEED :  En 1976, vous entamez une collaboration avec Alain Wisniak et avez crée « votre son » à l’aide d’un ARP Odyssey. Pouvez-vous revenir sur cette recherche sonore et la création des albums Paradise et Supernature ?
Cerrone : Supernature… c’est un accident, un peu un ovni dans mon catalogue.  J’avais fait auparavant un 2e album qui s’appelle Paradise et qui a eu le même succès que le premier. Donc évidemment, on est parti pour faire un troisième album. L’album était défini et le single devait être Give me Love, qui a été un gros single, aussi d’ailleurs.
Et à la fin de l’album, une boîte qui s’appelle ARP, m’a envoyé un carton avec l’appareil Odyssey. Ils me l’offraient si je l’utilisais et mettait un crédit sur la pochette. Donc, je dis “Okay”,  on a ouvert l’appareil et on a commencé à bidouiller dedans. Et très très vite, en une après-midi, j’avais trouvé l’essentiel dans la compo, le séquenceur, les limites, et là, on a quand même senti que l’on avait quelque chose de très original. Donc j’ai pris mon auteur, Lene Lovitch, qui était l’une des cofondatrices du mouvement Punk, on a décidé de faire un texte un peu écolo, un peu surnaturel et quand les maquettes ont été faites, c’était tellement fort quoi… que je me suis dit : ” Allez, je l’enregistre”. 

“Supernature… c’est un accident, un peu un ovni dans mon catalogue”

Donc j’ai, j’ai repoussé l’album et je suis passé en production pour Supernature. Et évidemment les Américains, car mon premier contrat était américain avec Atlantic Records, étaient partis sur « Give Me Love ».
Naturellement, ils m’ont dit : “mais non, on a single » et j’ai dit : “On avance et on essaie…”.
C’était énorme, cela m’a ramené 5 Grammy Awards et on a passé la barre des 10 millions d’album. C’est cela qui a été déterminant.

ZEWEED :  Le paradis, pour vous, c’est quoi ?
Cerrone: C’est ce que je suis en train de vivre. J’y suis moi ; je ne suis pas quelqu’un qui attend un demain qui va être meilleur ; je prends le meilleur de la vie d’aujourd’hui et je crois que j’y arrive parce que je suis quelqu’un qui a la pêche, qui est très heureux… ça marche ensemble. Le paradis c’est aujourd’hui.

ZEWEED :  Plutôt paradis spirituels ou artificiels ?
Cerrone :  Ah non, moi l’artificiel, on ne me le fait pas, ça n’existe pas. Non, non, le paradis, c’est ce que je ressens, c’est comment moi, je me sens moi, intérieurement. 

Crédit photo : Samy La Famille

ZEWEED :   Vos titres sont proches de l’hypnotique, d’une atmosphère enivrante et planante…
Cerrone : On m’a toujours dit cela, je n’en sais rien. Je n’essaie pas d’avoir la recette, d’idéaliser, mais plutôt et d’amener les gens dans un univers. C’est pour cela que je fais des titres longs dans les albums. Il y a des titres où cela se ressent plus que d’autres. C’est aussi ce que je fais quand je suis en dj set, je passe les titres qui font partis de mon catalogue, et je mélange avec d’autres titres. L’idée, c’est d’amener les gens quelque part. 

ZEWEED : L’herbe est-elle un auxiliaire auquel vous avez eu recours pour composer ?
Cerrone : Mais je l’ai toujours (rires)

ZEWEED : Ah bon !
Cerrone : Je fume régulièrement mon petit pétard le soir comme je suis quelqu’un d’extrêmement actif cela me calme. Je fume que de la Weed pas du haschisch. 

ZEWEED : Avez-vous essayé le CBD ?
Cerrone : Oui. Vous savez je suis seventies et j’ai essayé beaucoup de choses. Je suis en traversée régulière avec mon petit joint d’herbe et tout va bien.

ZEWEED : Vos projets ? 
Cerrone : Là j’ai une collaboration qui est sorti au mois de décembre avec Marc Lavoine. J’ai mon premier concert d’une tournée qui va durer deux ans où je reprends tout mon catalogue en symphonique. Le premier concert c’est le 3 novembre à Nice, on sera 52 sur scène et c’est un gros morceau. On va un peu partout dans le monde pendant deux ans, ça va durer deux ans.  Cette année on va faire trente-trois dates ; je fais trente dates par an. C’est beaucoup. 

Propos recueillis par G.Wen

 

Vanille : J’aime les musiques ensoleillées

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 En deux albums, Amazona (2019) et À part entière (2021), la fille de Julien Clerc s’est fait un prénom. À la fois grave et gaie, Vanille crée une bossa nova française, influencée autant par Françoise Sagan que par la caïpirinha. Et pour se donner confiance, elle a un secret : le CBD, naturellement.

ZEWEED : Comment as-tu découvert
le Brésil ?
VANILLE : Par sa musique, que j’adore. Je n’ai jamais aimé les voix trop envoyées. Alors que je cherchais comment je pourrais chanter au mieux, je me suis intéressée à l’histoire de João Gilberto. À ses débuts, il essayait d’être un chanteur pop – ça ne marchait pas. Alors il s’est mis à murmurer, et il a trouvé la voix et la voie de la bossa nova. Moi non plus, je ne mise pas sur le coffre, la démonstration vocale ; mais sur l’émotion, l’interprétation. J’ai compris ça avec João Gilberto. Et puis j’aime Françoise Sagan, dont l’œuvre me rappelle la musique brésilienne : dans les deux cas, il s’agit d’un art de la mélancolie heureuse. À la fin de ma vingtaine, je me suis dit que j’allais créer une forme de bossa nova à la française. Grâce à ma maison de disques, j’avais pu partir enregistrer mon premier album au Brésil.

ZW. : Qui trouve-t-on dans ton Panthéon brésilien ?
V. : João Gilberto par lequel j’ai eu la révélation, Caetano Veloso, Jorge Ben Jor, Seu Jorge et, pour citer une femme, Astrud Gilberto – ses interprétations à la fois naïves et profondes sont incroyables, elles font rêver et voyager. Elle m’a beaucoup inspirée.

ZW. : À côté de la musique brésilienne
la musique française te paraît
pâlichonne et monotone ?
V. : Tu sais, la musique brésilienne peut être monotone aussi ! Le français reste ma langue maternelle, donc celle qui me touche le plus. J’aime les mots, la poésie et les paroles de Barbara, Brel ou Gainsbourg, qui me vont droit au cœur. Comment rester insensible devant la puissance évocatrice de ces mots : « Combien j’ai connu d’inconnues toutes de rose dévêtues ? » (Gainsbourg).

ZW. : Avant ton album Amazona, voyais- tu de bons exemples d’hybridations
entre musiques brésilienne et française ? Peut-être L’Aventura de Sébastien Tellier ?
V. : Je connais bien sûr ce disque ! Les autres exemples ne courent pas les rues, mais il faut citer Pierre Barouh, qui se disait le plus brésilien des Français. Sa musique a énormément de charme, il a fait beaucoup de choses avec Baden Powell. Et n’oublions pas Georges Moustaki, dont « Les Eaux de Mars » est une adaptation de « Águas de Março » ! Bon, tout cela date un peu…

ZW. : Tu as eu ton fils avec un musicien brésilien, Robinho Tavares…
V. : J’étais enceinte au moment du confine- ment, pendant lequel nous avions élaboré mon deuxième album, À part entière, avec Robinho, chez moi en Gironde – deux grossesses en même temps ! À part entière sonne plus chanson française, mais ça reste un disque métissé, avec des sonorités d’ailleurs, de la guitare cocotte tropicale, des rythmes brésiliens comme sur la chanson « La Réponse ». J’ai des origines guadeloupéennes qui font que je ne sais pas précisément d’où je viens. Quand je passe deux jours au soleil, je suis marron foncé. En Inde, on me prend pour une Indienne. Les Antilles ne sont pas loin du Brésil, j’ai un côté caribéen… Quand j’ai eu cette histoire d’amour avec mon Brésilien j’ai ramené dans ma famille cette part de nos racines.

ZW. : Parlons maintenant CBD ! Quel usage en fais-tu ?
V. : J’en prends avant les concerts et les grosses promos en direct. Sur scène on peut se rattraper, mais à la télé les erreurs passent très mal. Avant, ça me terrorisait. Maintenant, avec l’expérience, ça va mieux, mais j’ai encore un peu le trac. Hop, deux ou trois gouttes de CBD sous la langue et franchement ça détend. La fumée, pour la voix, ce n’est pas terrible. Mais en cas de stress ou d’insomnie, les gouttelettes de CBD passent très bien. Ensuite, je conseille de faire un exercice de respiration type cohérence cardiaque. Cette association, c’est top !

ZW. : Depuis quand consommes-tu du CBD ?
V. : Je m’y suis mise par des amis qui en prenaient sous forme de joints. C’est étonnant d’ailleurs, car ça a vraiment le même goût que le joint sauf que l’effet est beaucoup plus léger. Il m’arrive d’en fumer de temps en temps en soirée. Je ne vais pas commencer à prendre du CBD toute la journée comme une dingue, mais mieux vaut ça que des trucs chimiques, des anxiolytiques ou des somnifères. Je suis persuadée que quand on le dose bien, le CBD peut remplacer les cachets.

“Je trouve que la beuh donne plutôt de la bonne musique”

ZW. : Plus jeune tu fumais du cannabis ?
V. : Oui. Le CBD a ce grand avantage de ne pas avoir l’effet parano que peut donner le joint. Le joint peut te mettre en boucle, j’ai déjà une chanson qui s’appelle « En boucle », je suis obsessionnelle, je n’ai pas besoin d’en rajouter! Le cannabis rentre dans le cerveau, alors que le CBD est plus physique, il donne de la légèreté, il détend.

ZW. : De Bob Marley à Snoop Dogg, on connaît plein d’artistes consommateurs de beuh. Et de CBD ?
V. : Je trouve que la beuh donne plutôt de la bonne musique, même si on a souvent cette image de l’amateur de reggae qui arrête de fumer des joints et qui se dit : mais c’était de la merde en fait ? Moi, j’adore Bob Marley ! Pour autant, je ne mélange pas la défonce, l’alcool et le chant. Je suis à la recherche d’une pureté de sentiment, je garde donc ça pour après l’enregistrement. Venant des îles, j’ai un point commun avec JoeyStarr : j’aime beaucoup le rhum, l’alcool qui correspond le mieux au joint – ça rend un peu fou d’ailleurs. Une fois que la séance de studio est terminée, je bois volontiers un bon verre de rhum ambré. Avant l’enregistrement j’ai un autre produit : le CBD, bien sûr !

Crédits photo : Stéphanie Renoma

ZW. : Tu me disais que tu apprécies
le reggae…
V. : Oui j’aime bien les musiques enfumées, ça a un sens que je sois là en face de toi !

“Je bois volontiers un bon verre de rhum ambré. Avant l’enregistrement j’ai un autre produit : le CBD, bien sûr !”

ZW. : Il y a du bon reggae aujourd’hui ?
V. : J’ai l’impression que ça va revenir… Dans mon album À part entière il y avait déjà un côté reggae.

ZW. : Une pop vraiment sous influence CBD ressemblerait à quoi ? Une musique très relaxante ?
V. : Oui. La cocaïne crée une musique froide, désagréable. Le CBD, c’est mieux ! J’ai l’impression que son usage se développe dans le milieu musical, même si le cannabis reste le produit star – pas mal de gens mélangent les deux, comme on met de l’eau dans son vin. Au Brésil je n’ai pas encore vu beaucoup de CBD, alors qu’on en trouve partout en Suisse ou en Allemagne, où je suis allée chanter.

ZW. : Au Brésil on prend quoi ?
V. : La cachaça, l’alcool qu’on met dans la caïpirinha et qu’ils boivent pure en chupitos. C’est de l’alcool de sucre, comme le rhum, ça doit rendre un peu fou aussi…

ZW. : As-tu déjà un nouvel album dans les tuyaux ?
V. : Je suis justement en train d’écrire : j’ai sept ou huit morceaux. J’ai dans l’idée une pop folk et fraîche – ce sont les mots qui me viennent. J’espère que ça sortira fin 2024, mais pour l’instant je ne suis pas encore prête à enregistrer. En parallèle je prépare une tournée d’une dizaine de dates pour cet été, le « Suivre le soleil Tour », du nom de ma chanson « Suivre le soleil », qu’on trouvait sur mon album Amazona. Cette chanson fait son petit bonhomme de chemin, elle prend 20 000 écoutes par jour sur Spotify, on en est à 10 millions en tout. Cela prouve que, dans notre monde anxiogène, les gens ont besoin de lumière, de messages positifs. Je serai seule avec ma guitare, et je lancerai des boucles avec mon clavier. Ce sera une reconstitution sur scène de mon home-studio, et je parlerai beaucoup au public, il y aura une interaction. Avant chaque date, peut-être prendrai-je quelques gouttes de CBD !

Entretien Louis-Henri de La Rochefoucauld
Dates de tournée à retrouver sur l’Instagram de Vanille,
@vanillemusic

 

Joey Starr : l’entretien quatre étoiles bien toquées

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Plus de trois décennies après la sortie d’Authentik, le premier album de NTM, Joey Starr continue d’étonner et détonner. Que ce soit sur scène, devant ou derrière une caméra, dans sa distillerie ou en cuisine avec les plus grands chefs, le Jaguar saute avec une déconcertante aisance d’une passion à l’autre. Olivier Cachin a réussi à le rattraper pour lui poser quelques questions.

« C’est quoi le nom de ton magazine ? Zeweed ? Les drogues de beatnick j’ai arrêté depuis longtemps ! » Quand JoeyStarr débarque, c’est toujours l’heure de la punchline. Artiste depuis une quarantaine d’années, l’homme que sa maman appelle Didier a grandi sous les yeux du public, passant du rôle de barbare du rap français à celui de star du petit écran avec 11 millions de téléspectateurs pour le feuilleton Le Remplaçant, dont il est à l’origine. L’ancien rappeur de NTM est désormais réalisateur de documentaires, acteur sur les planches et sur grand écran, metteur en scène de théâtre et auteur d’un émouvant récit autobiographique, Le petit Didier, récit de ses jeunes années. En plus de tout ça, il mange et boit avec des chefs cuisiniers, il en a même fait un magazine. Pour Zeweed, il nous raconte tout ça, et plus…  

Zeweed : Bonjour Didier. L’autre jour j’ai vu Zoxea des Sages Poètes de la Rue, qui était touché par le fait que Kool Shen ait arrêté d’écrire. Et toi ?
Joey Starr :J’écris toujours, mais plus comme avant. Je n’écris plus de chansons, mais du docu à caractère social axé aussi sur le mémoriel. Netflix nous a acheté les développements, donc on n’est pas en train de bricoler, j’ai monté une prod’ avec trois gars, on fait de la coécriture, je suis en train de faire un roman graphique avec eux, cinq histoires autour de l’ivresse, l’éthylisme et la distillation. Quand j’ai des velléités de faire de la musique, c’est Tuco qui écrit pour moi (L’ex Nathy, avec qui Joey a monté le duo Caribbean Dandee, NDLR). Si on refait un Caribbean Dandee, je vais regratter, mais là j’ai mis ça de côté. Mon mode d’écriture est complètement différent quand c’est pour le théâtre ou la fiction. Et j’ai fait Le Petit Didier

Le rap en solo, c’est fini ?
Je fais des Sound Systems et des Food Systems, il y a toujours de la musique. Ça peut m’arriver de faire de l’impro, j’anime beaucoup, comme un ambianceur, et je reprends des vieux standards. 

Tu as l’impression d’être devenu une star grand public ?
Ça je m’en fous. Avec le temps, je comprends que j’ai une fibre artistique qui ne va pas que dans le sens d’écrire du rap. Je traine avec des gens très apaisés, avec qui on échange beaucoup pour écrire. Mais je me sens dans la continuité de ce que j’ai fait avec ces documentaires ou ces deux magazines que j’ai sorti (Five Starr et Le Guide Bistronomique, ndr) qui sont des alibis pour parler de legs, faire du mémoriel, du social. Five Starr c’est pas des recettes de cuisine, je passe beaucoup de temps à table avec des chefs, les mecs ont toujours des histoires de ouf concernant les produits, mais qui t’emmènent sur des histoires humaines. La plupart des plats français sont des plats métissés. Si on prend l’exemple de la choucroute, le chou vient de Chine, ce sont les marins qui ont rapporté ça pour combattre le scorbut… Moi et ceux avec qui je suis, on aime raconter ces histoires de France méconnues qui vivent dans les travées. Hier je suis allé voir l’expo Sarah Bernhardt, elle était sculptrice, productrice de théâtre, comédienne, peintre, je crois que c’est ça être artiste, pas simplement se cantonner à un seul truc. Quant à être artiste grand public, déjà quand j’ai eu l’idée originale du Remplaçant, je ne pensais même pas que TF1 reviendrait vers moi ! Du coup ça s’est inscrit comme ça, tac tac, moi je l’ai pris dans la gueule comme la mère de mes enfants qui m’appelle pour me dire « Didier, t’as fait onze millions ! » Woaw. D’ailleurs si elle ne m’avait pas appelé, je crois que j’aurais été au courant une semaine après. Je suis dans ma dynamique. Cette histoire de mise en scène de Cette petite musique que personne n’entend, c’est Clarisse Fontaine qui est venue me voir. J’ai aimé son texte, ça m’a fait le même déclic que la première fois que je suis allé faire des lectures. J’avais envie d’en être. 

« C’est quoi le nom de ton magazine ? Zeweed ? Les drogues de beatnick j’ai arrêté depuis longtemps ! »

Fini l’image de barbare des débuts ?
Je suis père de famille, j’ai aussi une strate qui s’inscrit dans la normalité. J’ai la sensation de m’inscrire dans une continuité, je n’ai pas besoin d’exister, et la promo me fait toujours autant chier. J’étais -et je suis encore- en construction, il m’arrivait des trucs ou je provoquais des choses dont je n’étais pas au contrôle. J’étais un bel électron libre, je le suis encore mais je suis un chef de tribu, ça change bien la donne. Je ne refuse pas d’être un artiste grand public, mais je n’en ai rien à foutre en fait. Je ne pense pas à mon image, je fais les choses pour moi. Je ne vis pas dans l’œil de l’autre. Je me suis retrouvé à faire une dégustation d’absinthe dimanche, j’ai encore les cheveux qui tirent, ça envoie bien, j’adore. La moustache, ça me plait. Je suis très Chartreuse absinthe en ce moment. Les herbes, hein !

 

C’est mieux que de chasser le dragon…
C’est un autre sport, encore. Mais je me suis inscrit dans un autre truc. On fait du rhum, je cherche des financiers pour les magazines…

Tu fais du rhum ?
On monte une marque, ça s’appelle Carnival Sun Juice, toujours un peu yélélé. On fait venir de la mélasse de Belize, la Barbade et la Jamaïque, on a des trucs qui vieillissent au Cap Vert, de la mélasse d’Afrique qu’on va recevoir, on fait des assemblages, on fait vieillir, c’est un carnet de voyage. Pour la musique, je suis toujours collé avec DJ Naughty J et Cut Killer pour les Sound Systems. Cut je l’ai foutu sur le scoring de Cette petite musique que personne n’entend, il a fait toutes les ambiances musicales, et il est aussi sur le score du Remplaçant. Je ne suis pas parti comme l’autre jouer au poker et salut tout le monde. J’ai toujours ce besoin de live, de performance, que je retrouve au théâtre. Mouiller le maillot, parce que c’est bien beau de gratter mais j’avoue que j’ai des moments où je tourne en rond et je suis content d’avoir des Food Systems. L’autre jour je suis parti jouer avec deux chefs et Naughty J, j’ai animé de 17h à minuit quoi, tout en cuisinant machin. Je suis encore dans cette hyperactivité-là, en fait. 

Crédits : Ralph Wenig/Zeweed

Tu as essayé le CBD?
J’avais un pote qui était en pension à Clamart, donc je devais avoir treize ou quatorze ans,
et ce type, je l’ai retrouvé il n’y a pas longtemps. Il a vu que j’étais branché dans la cuisine et il me raconte qu’il a rencontré un chef d’une tribu dont les membres consommaient un truc qu’il a ramené en France. C’était du CBD. Il m’explique que ça a plein de propriétés, que ci, que ça, tac tac. C’est comme ça que j’ai découvert le truc, en fait. J’en consomme parce que tu sais,j’ai le corps qui tire et qui m’envoie des signaux, vu que je ne fais pas de sport, donc effectivement ça a des vertus thérapeutiques assez intéressantes. Sinon j’ai arrêté les drogues de beatnik, je ne fume plus ; enfin, juste mes petites cigarettes – c’est mon petit plaisir. Je ne fume pas de CBD ; en revanche, j’en prends pour mon dos, pour mon épaule… Donc vive le CBD!

Un Food System, c’est la gastronomie plus le Sound System ?
Les chefs avec qui je traine, ce sont des bons vivants. On boit, on mange, ça me va très bien. Il y a des gens qui me demandent pourquoi je fais ça, mais je me fais plaisir ! Ils croient que c’est une contrainte par corps ? Les mecs sont mes potes, ils m’apprennent des trucs, ils sont de bonne compagnie. La donnée intéressante des Food Systems, c’est qu’on joue devant des gens après les avoir fait manger, et ils ne sont pas acquis à ce qu’on va faire. Parfois la tête des gens en face c’est camping, et on arrive à les jeter avec de l’électro, de la trap, c’est magnifique. Ça me rappelle le théâtre, où le public est tout autre que ce que j’ai vécu dans la musique. Il y a plein de gens que j’ai conquis par ça et qui reviennent, et surtout j’ai une partie de mon public qui quand il voit une affiche avec écrit JoeyStarr se dit : « Nous on pensait que t’allais chanter ! », des têtes de tortue comme ça. Le Food System, l’idée c’est de les faire manger, de les faire digérer et peut-être qu’après on ira calibrer leurs étrons après digestion ! C’est des journées passées à bouffer avec des chefs, il y a de la musique, Naughty J est là aussi, et d’un seul coup tu te dis « Ça, on peut le proposer au public ». J’ai fait des soirées dans le Sud-Ouest avec un petit bar alternatif, Éric Ospital en train de cuisiner sur une plancha, les mecs sont sous MDMA, on arrive à les faire bouffer sous MD ! L’autre il leur cuisine sous le nez de ces trucs ! Si on arrive à faire ça, on peut aller plus loin. J’ai cette fibre entertainer qui est très forte.

« Je passe beaucoup de temps à table avec des chefs, les mecs ont toujours des histoires de ouf » 

Ton premier rôle de fiction c’était en 1990 dans l’épisode « Taggers » de la série Le Lyonnais.
Ouais, un truc comme ça. Je ne comprenais pas ce que je foutais là ni même ce que je racontais mais j’étais avec mes potes donc ça m’allait. Ma vraie première sensation au cinéma, je ne te cache pas, c’est Le Bal des actrices avec Maïwenn. Où je suis en impro totale, elle m’a pris au dernier moment, elle est partie en écriture pour moi, elle a senti que j’avais le débit pour la connerie assez facile, elle s’est dit « Je vais le mettre là-dedans, dans son rôle ». C’était assez jubilatoire. Après je me suis retrouvé à apprendre des textes, enfin Polisse ça n’était pas complètement écrit non plus, je me suis encore surpris. Même pour Elephant Man, je me disais que j’allais galérer pour faire rentrer tout ça. Quand j’ai commencé à lire, wow… Mais j’ai appris en chemin que j’aimais l’acting, et je me suis rendu compte que le théâtre m’apportait beaucoup. C’est une sensation particulière de se retrouver là après avoir passé 25 ans avec les mêmes personnes dans notre microcosme. Quand David Bobée m’a proposé Elephant Man, j’ai dit « Trois heures, t’es un ouf, je n’y arriverai jamais ! » Et il me dit que si je lui fais confiance, on va y arriver. Tu vois ce que fait Bobée, quand il a envie de toi tu ne peux pas dire non. Et en fait je ne savais pas que ça existait mais il m’a mis un répétiteur avec qui on s’est très bien entendu, on a beaucoup ri. Il me faisait faire des conneries, des exercices mnémotechniques, et ça marche grave ! Surtout je pensais qu’avec ce que je m’étais mis dans le cornet, je devais être un peu altéré à ce niveau-là et en fait non. Quand l’envie y est, le corps suit. Bien sûr il y a des séquelles, on ne peut pas être à la fois protagoniste et spectateur, mais ça ce n’est pas à moi d’en parler. 

Tu es un peu hypocondriaque ?
J’ai 55 piges, frère ! J’ai fait des roulades avant, nanana, mais j’ai vraiment envie de voir grandir mes fils parce que je suis très fier d’eux, les trois à leur façon, ils me régalent donc j’ai envie d’être là. Si j’étais en phase descendante, je ne sais pas comment je serais mais ça n’est pas du tout le cas en fait. Et puis je ne fais pas tous les jours la même chose : Là je fais une interview avec toi, de la promo pour la pièce Cette petite musique que personne n’entend qui va se jouer un mois au Festival d’Avignon, où on m’attend au tournant parce qu’avec mon passif et vu ce que la pièce raconte, voilà…

Crédits : Ralph Wenig/Zeweed

Ton dernier trip ?
J’ai été à Majorque faire les cérémonies Ayahuasca. Avec des vrais Amazoniens hein, pas des pompes à vélo. J’ai dû partir dix jours avant pour faire un régime sans alcool, sans viande, sans drogue, sans sel, sans sucre, sans lactose. Il reste légumes et poisson mais sans sel mec, t’as la rage. C’est une copine comédienne qui m’a engrainé. Au départ je me suis intéressé à ça pour faire un doc, finalement je me suis dit que j’allais faire don de mon corps à la science, et j’y suis allé. Dix jours sans drogue et sans alcool, eh ben ça s’est très bien passé en fait. Ensuite on a fait les cérémonies pendant quatre cinq jours et ils m’ont gardé trois jours après pour la ré acclimatation. J’étais curieux, c’est un truc que j’avais envie de raconter. 

On te revoit quand à l’écran ?
Là on repart sur une saison complète du Remplaçant, on va tourner six épisodes dans la région de Bordeaux, ça va me faire du bien. J’ai rencontré un mec que je kiffe particulièrement, Michaël Abiteboul, avec qui j’ai tourné Machine, une série qui arrive sur Arte où je joue le rôle d’un vieux Marxiste. C’est une fiction sensée raconter la différence entre le syndicalisme, le marxisme et le capitalisme, tout ça sur fond de kung-fu avec une petite blonde très menue, Margot Bancilhon. Elle a taffé : Elle démonte sept gros Coréens alors qu’elle doit peser 50 kilos ! (Il se lève, NDLR) OK c’est bon pour toi ? Alors moi, je vais vaquer à de nouvelles aventures !

 

Propos recueillis par Olivier Cachin

Orlus@orlus.fr

 

Interview : Carl Craig, In Techno we trust

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Dj et producteur, pionnier de la techno de Détroit, Carl Craig s’apprête à inaugurer une résidence exceptionnelle avec le club parisien FVTVR, installé au 34 quai d’Austerlitz. À cette occasion, il replonge pour nous dans l’atmosphère bouillonnante du Motown des années 80, ses influences, son approche de la scène, et sa vision de la musique, entre racines et futurisme. Pour la première soirée, ce vendredi 9 février, on le retrouvera aux côtés du britannique Roni Size.

ZEWEED : Il se passait beaucoup de choses à Détroit dans les années 80, aussi bien sur le plan artistique, politique qu’économique. La techno aurait-elle pu naître ailleurs que là bas ?
Carl Craig : Je ne pense pas. Pas de la façon dont on la faite. C’est comme le rap, il devait venir du Bronx, de Harlem et de Brooklyn. Le rap devait naître d’une ville où les gens vivent les uns sur les autres. La techno devait naître d’une ville où pour trouver de la nourriture, des produis frais, il fallait faire 20 minutes de route, sortir du quartier et gagner la banlieue. Les voitures, les robots, les usines automobiles, l’idée d’utiliser les nouvelles technologies ont eu une influence considérable sur nos imaginations.

ZW: Le jazz, la funk, le hip-hop, Kraftwerk, les synthés…Y a-t-il une impression ou une émotion particulière que tu gardes de ta jeunesse au milieu de tout ça ?
CC : J’ai ressenti quelque chose de très fort lorsque la chanson Charivari de A Number Of Names est sortie. Non seulement lElectrifying Mojo la jouée dans son émission, mais c’était en plus des gars de mon quartier. Je me suis senti un peu comme dans le film Les Affranchis, quand ils découvrent que c’est un type qu’ils connaissent qui a fait le casse de la Lufthansa. Quand j’ai entendu Charivari à la radio, je me suis dit “ce sont les gars du quartier”. J’ai ressenti la même excitation quand j’étais enfant et que j’ai découvert que Cybotron venait de Détroit, quand mon cousin a lancé Technicolor (un projet en collaboration avec Juan Atkins, ndlr) ou quand j’ai regardé l’émission de télévision The Scene. Je savais qu’ils venaient tous de Détroit.

ZW: Depuis, tu es devenu lun des principaux ambassadeurs de la techno dans le monde. Quel message essayes-tu de faire passer en jouant dans tous ces endroits ?
CC : Je prêche le techno gospel. Je suis à la fois Dj et prêtre. Peu importe ce que je joue, si je joue quelque chose qui sonne plus comme de la tech house, c’est toujours de la techno pour moi parce que je le joue toujours avec un état d’esprit techno. Je fais tout ce qui me permet de jouer ma propre musique, sans essayer de me conformer au dancefloor ou aux gens. Si jessayais de me conformer aux gens, ce serait trop difficile car tout le monde ne veut pas la même chose. Vendredi, j’étais à Berlin, samedi à Rome. En Italie, les gens apprécient la musique différemment, ils veulent entendre une ligne de basse déstructurée. Je remplis donc ma mission de prêtre techno et j’espère trouver un terrain d’entente avec le public pour quon puisse profiter de la soirée.

Carl Craig : chapeau, maestro!

ZW : Pourrais-tu définir la techno, ou s’agit-il d’une attitude ?
CC : Je pense qu’il s’agit d’une attitude. Il est plus facile de définir le rap ou le rock. Public Enemy fait du rap, mais leur attitude est un hybride de rock and roll et de nationalisme noir. Le Wu-Tang Clan fait du rap, mais ils ont ce côté rock and roll, et ils mélangent cette attitude avec des rythmes hip hop et toutes sortes de gimmick. Avec la techno, il y a beaucoup de couleurs différentes. C’est comme le jazz. La mentalité de la techno, de mon point de vue, a à voir avec un truc futuriste, avec l’idée qu’aucune idée n’est hors de portée. Tout est possible.

ZW: Pourquoi est-il important que la techno reste underground ? Est-ce possible ?
CC : Elle doit rester underground. La techno que les gens considèrent comme de la musique commerciale est vraiment ringarde et je ne pense pas qu’elle ait une longue espérance de vie. Lorsque la musique reste underground, elle a la possibilité de grandir, grossir, de sapaiser et d’émerger de nouveau. C’est pour ça que vous pouvez écouter un disque de Rhythm Is Rhythm pendant 30 ans, parce que c’est quelque chose qui na pas été cramé  cent fois par jour à la radio ou été imité mille fois.

 

ZW : Tu es de retour à Paris pour une résidence à FVTVR. Quest-ce que ça fait de jouer dans cette ville?
CC : Il m’a fallu un peu de temps avant dapprécier Paris à sa juste valeur. Je venais de Détroit, alors Paris à mes yeux était un peu comme ce gamin de l’école dont le père est riche et qui a tout. Cest après avoir surpris un combat de rue à Paris que je me suis dit “ok, j’aime vraiment cet endroit “. Cela a mis Paris au même niveau que ce à quoi j’étais habitué à Détroit.  

ZW : Comment Détroit a-t-elle changé au cours des années où tu y as vécu ?
CC : C’est une bonne question. La criminalité et le taux d’homicide sont en baisse. C’est une excellente nouvelle pour Détroit. La ville sest développé, avec de nouvelles constructions, des entreprises, beaucoup plus de restaurants, la culture alimentaire est meilleure, mais ça reste la même ville, il faut toujours prendre la voiture et parcourir une bonne distance pour trouver de la nourriture saine.

Carl Craig & MoodyMann : Detroit Techno is in the house!

ZW : Tu as vu tes premiers concerts en aidant ton cousin à installer les lumières. Plus de 30 ans plus tard, les lumières ont également joué un rôle important dans toninstallation immersive Party/After-Party, présentée pour la première fois à la Dia Beacon en 2020, dans lEtat de New York. Quelle est ton approche de la scène ?
CC : Tout ce que je fais est centré autour des ondes sonores. Mon travail, en tant que producteur, consiste à faire fonctionner ensemble des choses qui ne devraient pas. Pour en revenir à la lumière, dans Party/After-Party, elle est le résultat de ma collaboration avec John et Randy. Je ne suis pas arrivé avec une idée parfaitement définie de ce que je voulais. Mon idée de l’éclairage d’un club, c’est une pièce sombre et un stroboscope, parce que cela remonte à l’époque des fêtes dans les sous-sols, quand on éclairait avecdes phares comme ceux que lon trouvait sur le toit des voitures de police.

ZW : Penses-tu que la techno sera toujours strictement la musique du futur , comme l’a dit Derrick May ?
CC : Oui, je pense. L’idée futuriste est ancrée dans la musique techno. Tout a commencé par là. Le rap a été conçu pour être la musique de son temps. Il n’a jamais été question de futurisme dans le rap. Dans l’électro, on parlait aussi de futurisme, Nucleus parlait de lespace et de super-héros, c’est pourquoi l’électro et la techno vont vraiment de pair.

ZW : Quest-ce que ça représente pour toi de jouer avec des artistes tels que Roni Size, Joe Claussell, Moodyman et Kevin Saunderson ?
CC : C’est incroyable. Roni et Joe sont des personnes que je respecte depuis toujours, mais je n’avais presque jamais joué avec eux. Kevin et Moodyman sont mes frères, je les connais depuis presque aussi longtemps que mon propre frère. C‘est génial de faire ça avec eux. Nous pouvons diffuser le Detroit techno gospel au FVTVR à Paris.

                                                                                             

 

Les 4 dates de Carl Craig à FVTVR :

  • 9 FÉVRIER : Carl Craig présente «THE BEAT» avec Roni Size
  • 10 FÉVRIER : Carl Craig présente «THE GROOVE» avec Joe Claussell
  • 16 FÉVRIER : Carl Craig présente son all night long «THE MEGAMIX»
  • 17 FÉVRIER : Carl Craig présente « DETROIT LOVE » avec Kevin Saunderson & Moodymann
FVTVR Insta : fvtvr_paris
Carl Craig Insta : carlcraignet

 

Le smoky track du mois “Don’t bogart that joint”

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Sorti en 1969, Easy Rider est instantanément devenu le film-étendard d’une génération éprise de liberté et de voyages, y compris ceux pratiqués sans bouger. Parmi les grands moments de ce road movie d’anthologie, une smoke session entre Nicholson, Hopper et Fonda sur  le titre “Don’t Bogart that joint”. Un hymne au plaisir groupé qu’il convenait d’honorer alors que l’été se profile et nous invite au partage de toutes les douceurs.

Faire tourner un joint entre amis. Une pratique qui, Covid oblige, s’apparente désormais plus à la roulette russe qu’à la tournante mort de rire.
Qu’il est loin, le temps des joints baveux, des fénétour et de la mine défaite du copain qui se tape le filtre après s’être fait taxer toutes ses clopes.
Qu’elle semble distante la belle époque du t’as des feuilles?, tu me passe le filtre? et autre détend-toi, tu fais une carotte.
Parce que l’été (2022?) est encore loin, aussi loin que nos doux souvenirs de partouze cannabique, la rédaction se devait de vous en dire un peu plus sur le titre qui a officialiser le partage de pétard.

Composé et interprété par le groupe “The Fraternity of Man” en 1968 “Don’t bogart that joint” figure sur leur premier 33 tours (ils ne feront tourner que deux album avant de se séparer en 1970) et reste le titre phare de la formation Californienne.

Flower Power riders

Les paroles sans équivoques (à une époque où Beatles et Stones font encore dans la distante allusion pour parler de paradis artificiels) plantent tout de suite le décor “Don’t Bogart that joint, my friend, pass it over to me/Ne t’endors pas sur le joint, mon ami, passe le moi“. S’en suit une seconde considération du même acabit où l’on apprend que l’ami en question s’est sérieusement endormi sur le spliff et que le chanteur, lui, voudrait bien tâter tôt ou tard du pétard.  “You’ve been hanging on to it, and I ‘d sure like a hit/Ca fait un moment que tu es dessus, et je veux bien une taffe“. Tout est bien qui finira bien au pays des hippies grâce à la géniale initiative proposée par le narrateur : ” Roll another one, juste like the other one/ roules en un autre, comme le précédent”. Du vrai flower power.

Si les paroles tournent elles aussi en rond, le slide de la guitare hawaïenne, le piano et ses arpèges aériens, les coeurs rigolards et la chaude texture des arrangements en font un air aussi bon enfant qu’entêtant. Le titre parviendra à se hisser à une très honorable 6ème place dans les charts US.
Quant à la scène d’Easy Rider sur laquelle l’air est joué, elle, n’a pas été jouée pour le moins du monde: Peter Fonda, Dennis Hopper et Jack Nicholson ne fumaient pas que du tabac pour cette prise.
En atteste les petits yeux de Nicholson, le sourire béat de Fonda et le rire bordeline de Hopper.

La scène mythique entre trois grands adeptes de la belle plante:

Bonus: Easy Rider, Raging Bull,  précieux documentaire sur la jeune génération de réalisateurs qui, révolutionna le cinéma Us entre 1969 et 1975, avec entre autre Dennis Hopper, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Robert de Niro.

 

 

Rap & Weed : 50 ans d’amour

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Du blues au reggae, du rock à l’électro en passant par le jazz, le cannabis aura inspiré nombre d’artistes contemporains. De tous les styles qui ont marqué ces dernières décennies, le rap est sans nul doutes le genre le plus indissociable d’un usage enthousiaste de la belle plante. ZEWEED a demandé Olivier Cachin de nous rouler un quatre pages Web bien léchées sur le sujet. Bonne dégustation.

« Smoke weed every day » : Une des punchlines les plus connues et les plus appréciées des fumeurs est due à Nate Dogg, chanteur G-funk, sur le fameux titre de Dr. Dre & Snoop Dogg « The Next Episode ». Logique de la part d’un producteur/rappeur qui signa en 1992 The Chronic, un album révolutionnaire dont le visuel de couv’ et le thème majeur était cette herbe californienne devenue légendaire. Amusant quand on sait que sur le premier album de NWA, dont Dre fit partie avec Ice Cube et Eazy-E, le bon docteur rappait ceci dans le morceau « Respect Yourself » : « I don’t smoke weed or cess, cause it’s known to cause a brother brain damage, and brain damage on the mic don’t manage », soit en français « Je ne fume pas de beuh car on sait que ça cause des lésions cérébrales, et ça, quand on est au micro, ça ne le fait pas ».
Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis !

No smoking sur le Up in Smoke Tour de Dogg

Flash Forward : Juillet 2000, Worcester près de Boston, où la tournée Up In Smoke s’arrête pour deux soirs Dans les loges de Snoop Dogg, l’ambiance est électrique. Il y a là une quinzaine de personnes et un nuage de skunk flotte dans les airs. Lil’ Half Dead fait le DJ, Hittman joue sur une console Nintendo tandis que Kurupt, surexcité, mime des signes de gang au son du beat qui tourne à plein volume sur l’énorme sono. Nate Dogg, l’air absent et totalement défoncé, traverse la pièce en agitant une bouteille de Cognac. Snoop roule des joints qu’il fumera pendant le show. En face du couloir non-fumeur, la loge suinte la marijuana. C’est quand même le Up In Smoke Tour, même si le billet du concert indique « no smoking » juste en dessous de cet intitulé blunté. C’est l’Amérique qui veut ça.

« du tabac mélangé à ton herbe… Les Français sont dingues » Snoop Dogg

Snoop doit monter sur scène dans un peu plus d’une heure. Tandis qu’il finit de rouler ses blunts, il me fait savoir qu’il est prêt pour l’interview. Le magnéto est branché, dans la salle des milliers de fans hurlent déjà les noms de leurs idoles. Snoop aspire une énorme latte, penche la tête en arrière puis recrache la fumée sur le micro. « Let’s do it », lance-t-il. Dr. Dre intervient : « Hey Snoop tu sais ce que je vais faire ce soir ? Quand on joue “Gin & Juice”, je vais débarquer après le troisième couplet avec deux bouteilles de Tanqueray et des verres ! » Et là, Snoop, stick de skunk au bec, défoncé et ravi, prouve que la weed ne l’empêche pas d’avoir bonne mémoire. Il me dit : « Tu sais quoi ? T’es dans ma vidéo “Smoke Fest 96”, tu me posais tes questions à la con ! Mais c’était cool, t’avais du tabac mélangé à ton herbe…Les Français sont dingues, ah ah ! » Souvenir de ma première rencontre avec Snoop à Paris en 1993 pour la sortie de son album Doggystyle, quand il avait tiré sur un trois feuilles assaisonné au tabac (oui, c’est mal, mais on était jeune) et m’avait dévisagé comme un chef étoilé voyant un client ricain mettre du soda dans son verre de Château d’Yquem.

Une petite anecdote qui met en valeur deux artistes hip-hop parmi les plus fidèles défenseurs de la weed. Qui sont loin d’être seuls dans ce domaine, car la marijuana, popularisée dans la pop culture par les artistes reggae, est devenue un des thèmes fétiches de nombreux rappeurs. En tête Method Man (du Wu-Tang Clan) et Redman, deux New-Yorkais qui ont enregistré ensemble l’album Blackout ! sur lequel le morceau « How High » fut inspiré par un trip à Amsterdam. Method : « Arrivé à Amsterdam, j’ai foncé dans la zone rouge ! Quand je dis “Now I’m off to the Red Zone/ We don’t need your dirt weed/We got our fuckin’ own” (Je suis de sortie dans la zone rouge/ Garde ton herbe pourrie/ On a notre putain de stock, NDR), je parle d’Amsterdam ! Comme j’aime le vert, je suis fan de la Chronic ». Mais j’aime aussi le brun, alors n’oublions pas la Chocolate Thaï. C’est comme la côte ouest et la côte est qui se réunissent ! On appelle ce mix « E.T. » ! Extra-terrestre, ah ah ! »

La résilience de Redman

Redman, lui, est un fumeur invétéré, et il l’a prouvé dès son premier album solo en 1992 avec son fameux titre « How To Roll A Blunt », le blunt étant le style de joint préféré de l’époque, quand l’herbe était roulée dans le papier brun des « Phillies Blunts », des cigares bon marché vendus dans le ghetto. Lors d’une interview à New York dans les locaux du label Def Jam, cet échange inoubliable : On parle THC et je fais remarquer à Red, qui a déjà bien entamé sa journée de défonce hydroponique, que le haschich est une spécialité française quasi inconnue aux USA (on est dans les années 1990). Il me fixe avec un rictus goguenard, fouille dans sa poche et me tend un bout de shit premier choix. « Tu vois, nous aussi on connait ça, ah ah ! » L’apothéose vient quand je lui fais remarquer qu’il est difficile d’en consommer sans le mélanger à du tabac. Et là, Redman explose de rire : « Facile, je le mélange avec mon herbe ! » L’équivalent d’un cocktail absinthe/vodka, et une nouvelle preuve de la résilience de Redman face à la défonce du consommateur de weed.

L’herbe ne fascine pas que les rappeurs : Rihanna, grosse consommatrice, avait affirmé en 2015 au blog Marijuana Politics qu’elle allait se lancer dans la commercialisation de sa marque de weed, et la présenter en Jamaïque à la Cannabis Cup : « MaRihanna est vraiment la première marque de cannabis à grande échelle dans le monde et je suis fière d’être pionnière en la matière ». Joli nom mais vœu pieux, et en 2023, on attend toujours les sticks de MaRihanna.

Papier à rouler en or 24 carats

Wiz Khalifa est un autre activiste fumeur qui a créé sa propre variété de weed, la « Khalifa Kush ». Il n’est pas le seul : Kurupt, rappeur californien proche de Snoop, a sa « Moonrock » (grosse réputation, gros taux de THC), Master P a lancé sa ligne de produits cannabiques en 2016 tandis que The Game, (produit par Dre pour son premier album The Documentary) a sa marque, « Trees by Game ». Quant à 2 Chainz, il a choisi de fumer en mode luxe dans une vidéo YouTube, « 2 Chainz Gets High with $500k of Bongs and Dabs », où on le voit fumer dans du papier en or 24 carats et poser devant une table sur laquelle se trouve pour 500.000 dollars de produits cannabiques (C’est les USA hein, rien n’est too much chez l’oncle Sam). Sa dealeuse est Dr. Dina, surnommée « the real Nancy Botwin from Weeds », en référence au personnage principal du feuilleton Weeds.

 

Mais le plus grand fans du THC reste le groupe Cypress Hill, qui dès son premier album éponyme en 1991 rappait « Light Another », « Stoned Is The Way Of The Walk » et « Something For The Blunted ». En mars 1992, quelques mois avant la sortie de The Chronic de Dre, les trois membres de Cypress Hill B-Real (alias Dr. Greenthunb), Sen Dog et DJ Muggs posent en couverture du magazine cannabique High Times devant une pile de buds. Une posture pas si courante à l’époque, comme l’explique Muggs : « Plein de rappeurs n’en parlent pas mais ils fument tous, on le sait, on traine avec eux ». B-Real appuie son propos : « On l’a fait parce que personne d’autre ne le faisait ». Et illustre sa passion avec un tuto en six photos intitulé « How To Roll A Blunt ».

Recenser tous les raps vantant les mérites de la weed ? Impossible.

Depuis, la situation a changé, et de nombreux états américains autorisent le cannabis compassionnel et/ou médicalisé. Et The Chronic a ouvert les vannes, faisant de la marijuana un sujet de prédilection dans les textes du rap US. En 1995, ce sont les Luniz, un groupe venu d’Oakland, qui signent un tube cannabique avec « I Got 5 On It », dans lequel ils dédicacent Cypress Hill (« I’m the type that like to light another joint like Cypress Hill ») et rappent leur amour de l’Indo weed.

Et puis il faut rendre justice aux pionniers que furent EPMD : Ce duo new-yorkais, acronyme de « Erick & Parrish Making Dollars », a inclus sur son premier album le morceau « Jane », qui samplait le fameux classique hydroponique de Rick James « Mary Jane », une balade vantant sur une rythmique pneumatique les mérites multiples de sa petite amie Mary Jane. Si Rick James est clairement dans le double sens (« Elle me fait tourner la tête avec son amour/ Et elle m’emmène au paradis »), EPMD ne file pas la même métaphore, mais persistera avec le prénom « Jane » sur sept albums, avec « Jane 2 », « Jane 3 », jusqu’à « Jane 7 » 20 ans après le premier.

« Smoking ounces like it ain’t nothing »

Recenser tous les raps vantant les mérites de la weed ? Impossible, il faudrait un annuaire. On citera quand même quelques bornes importantes dans la saga du rap blunté, comme « Fried Day » de Bizzy Bone (du groupe Bone Thugs-N-Harmony) qui prône la légalisation (« Why don’t we legalize reefer leaves ? »), « Crumblin’ Erb » d’OutKast (« Smoking ounces like it ain’t nothing »), « Doobie Ashtray » de Devin The Dude (« Hey ! I found a bag of weed ! Smells pretty motherfuckin’ good ») ou encore « Pussy, Money, Weed » de Lil Wayne.

En 2010, sur son troisième album Man On The Moon II : The Legend Of Mr. Rager, Kid Cudi rappe « Marijuana », chanson dans laquelle il explique comment l’herbe l’a sauvé de l’alcoolisme. Et conclut avec un « Four Twenty » (4.20), le signe de ralliement des amateurs de beuh, en référence à l’heure idéale pour fumer son joint (4h20), le 20 avril devenant du coup le jour où de nombreux activistes se rassemblent afin de militer pour la légalisation de la weed.

“le hip-hop est passé de l’âge du crack à celui de la ganja”

Si la nouvelle génération se montre volontiers en train de fumer (Drake, Schoolboy Q, Action Bonzon, A$ap Rocky), c’est indéniablement The Chronic qui a été le détonateur de la génération rap & weed, comme l’a expliqué Chuck D en 2012 au magazine Rolling Stone : « Avec Public Enemy, on a fait des disques de l’ère du crack, quand tout le rap était chaud bouillant, hyperactif. Et puis Dre est arrivé avec “Nuthin’ But A G Thang” et son beat ralenti. D’un coup, le hip-hop est passé de l’âge du crack à celui de la ganja ».

Et derrière Dre, Snoop toujours, bien sûr, ultime parrain et avocat de la marijuana, qui a été jusqu’à changer de nom le temps d’un album pour devenir Snoop Lion à la suite d’un trip en Jamaïque en 2012 qui le vit embrasser la religion rastafariste. Sur ce disque étonnant au parfum de reggae intitulé Reincarnated, l’herbe est évidemment le thème de plusieurs chansons dont « Smoke The Weed » featuring Collie Buddz, mais le morceau-clé est « Lighters Up », hymne à la joie du spliff résumé en ces quelques rimes : « Get high with me, fly with me, ain’t no dividing us ».

Amen Snoop, « Smoke weed every day ».

 

Olivier Cachin
orlus@orlus.fr

Rihanna, la belle et la verte

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Rihanna est une icône du R&B, une actrice reconnue et une chef d’entreprise dont les actifs sont valorisés à près de 2 milliards de dollars. Si vous avez déjà entendu quelques-un de ses succès, c’est de la face cachée de la beauté des Barbade dont ZEWEED vous parle aujourd’hui, celle d’une militante qui n’a jamais renié son amour indéfectible pour une autre sublime plante: la ganja. Portrait.

On ne saurait mieux résumer la relation passionnelle que Rihanna entretient avec le cannabis qu’en évoquant un de ses derniers posts Instagram, dans lequel elle affirme que “Si tu n’es pas heureuse seule, tu ne le seras pas non plus en couple. Le bonheur vient de l’herbe,  pas des relations”. Son petit ami, le rappeur A$AP Rocky aura d’ailleurs avoué que même si elle était l’amour de sa vie, lui s’était résigné à passer après son premier béguin: la weed. “C’est vrai qu’elle aime son herbe” commentera un A$AP Rocky résolu à jouer le second.

Cette passion pour l’herbe qui fait rire est loin d’être une lubie du moment pour cette globe-trotteuse issue de la Barbade, petit paradis tropical niché dans les Caraïbes, à la population d’à peine 300 000 habitants et dans lequel se mélangent influences anglaises, américaines et indiennes.
Ce pays, Rihanna le représente fièrement comme elle en est l’ambassadrice, et ce  malgré de nombreux déboires avec la justice liés au statut illégal de la marijuana dans l’archipel.

En 2010 elle avait même été congédiée d’un hôtel local pour avoir fumé un doobie dans le lobby. Rebelote en 2012 lorsque son bus de tournée avait été immobilisé au Canada après la  saisie d’une grande quantité de cannabis. Un amour pour l’herbe encore assumé puisque la même année elle s’affichera en train de rouler des joints grands luxes sur la pochette de son album “Diamonds”. En réaction, elle déclarera: « Je poste des photos de moi en train de fumer de l’herbe sur Instagram. Je le fais pour dire la vérité à propos de moi. J’ai déjà tellement à penser, pourquoi me fatiguer en étant malhonnête ? »

Activisme et proactivisme

Loin d’être abrutie par sa consommation quotidienne, “Riri” comme l’appellent ses amis, a joué dans le film Ocean’s 8 (c’est d’ailleurs sur sa suggestion que son personnage de hackeuse fume des cigarettes “améliorées”), a monté un empire (la marque de cosmétiques destinée à toutes les teintes de peau Fenty) et mis en place de nombreuses opérations humanitaires pour l’éducation des enfants et la lutte contre le cancer, cause pour laquelle elle parviendra à réunir 100 millions de dollars.

Elle nommera sa fondation et l’aile d’un hôpital dédiée à l’oncologie en mémoire de sa grand-mère décédée en 2012 d’un cancer: Clara Braithwaite.
Si depuis 2016 la Barbade envisage de légaliser le Cannabis (pour des raisons médicales en premier lieu, puis à des fins récréatives, à l’instar du modèle américain ou canadien) c’est aussi grâce à l’influence considérable qu’elle exerce sur ce pays qu’elle a tant aidé.

Un engagement qui a été reconnu à sa juste valeur puisqu’en 2017 elle sera élue personnalité humanitaire de l’année par la prestigieuse université Harvard, haut lieu d’éducation qui a publié de nombreuses études en faveur de l’usage médical de la plante.
Elle a d’ailleurs récemment investi dans la société de Jay-Z dédiée au Cannabusiness, dont 2% des revenus sont reversés chaque année à un fond d’équité sociale en faveur des minorité.
Alors qu’elle aborde une troisième décennie “tout feu tout femme”, il y a fort à parier que la stupéfiante Rihanna n’a pas fini de délicieusement nous surprendre.

Flower Power Vibes, le son du printemps by ZEWEED

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Températures à porter shorts et T-shirt, nuits et jupes raccourcies : pas de doute, le printemps s’est installé. C’est le moment d’enlever ses chaussures pour danser sur l’herbe avec la fine fleur du groove électro au son de la compile ZEWEED Flower Power.

Track List:

1-Gods Of Venus-Destiny: Le feature du magique suédois Jay Jay Johansen sur une basse implacable, un beat ne à pas rester assis, des arrangements Pop-Funk à la Daft Punk:  une bombe.
2-Robert Lilly – friend of a friend: Claviers à la Philippe Glass, nappes à la Kavinsky et cordes à la Clint Mansel pour un track à la ritournelle enivrante.
3-ST Lovecold Humans: Un track plein d’entrain à la douce mélodie de guitare sur un break-beat aérien et hypnotique.
4–Jaffna-Rival: Enivrante variation électro progressive aux rythmes et arrangements fouillés. Les amateurs de Rival Consoles, Jon Hopkins, Kelpe et Gidge apprécieront particulièrement.
5-Mantra- Lil Fish. La séquence Aphex Twin in India de cette compilation, un titre exotique et tripant. Bon voyage!
6-La plage-Al Traba feat Degiheugi:Imaginez le bruit des vagues et le chant des mouettes et Brigitte qui vous chuchote  ‘Coquillages & Crustacés’ dans le creux de l’oreille
7-Romance – Hermanito: Des cordes sensuelles et des voix mesmérizantes dans une ambiance mystique à la Massive Attack. Ultra efficace.
8-Tungz – What I Wanted: Tungz, c’est le groupe inclassable de Bristol fusionnant des rythmes à la Talking Heads à une production brillante et un sens de l’humour bien britannique.
9-Yppah – Sunset in the deep end: Entre shoegaze et trip hop, le track n’est pas sans évoquer Cocteau Twins, Portishead et même The Cure.
10-Masti Bhara Sama Hai – Turbotito & Ragz Rework BY Mangal, Turbotito, Ragz: Grosse basse Dub  et coeurs célestes sur un classique de la scène bhangra britannique des années 80.
11-Solaris Great Confusion – Untried Ways: Le groupe d’alt-country nous attire dans la délicate mélancolie des ballades bucoliques.
12-Ensemble Entendu – Well, Why Not: une pépite du genre, oscillant sur un rythme brisé, frappées d’ondes de synthé oblongues qui vous renversent le cortex.
13-Tommy tickle – east to the west remix (orchi mix): de la pure lounge electro bien Brit et arrangée par Tommy Tickle.
14-ZULA & Glue 70 – Come Back:  Un titre tout aérien et léger comme la fumée de l’herbe qui fait rire.
15-Heart Strings – Yadava: Yadava explore dans ce titre des territoires allant du downtempo, des saveurs de jazz aux grooves house remplis de percussions.
16-Anchosong-New World: Direction l’Inde sur un beat tribal pour cette piste aux échos house.
17-Fybeone-Lovin’ Me: clubbing lounge dans toute sa superbe avec ce titre aussi léger qu’efficace.
18-Nikitich & Kuna Maze – 46 Rue Du Fort_Sivey Remix: Du groove des îles à écouter sur la plage avec un mojito et une bonne ganja.
19-Footshooter-Head Down (ft. Jaisal & Slam The Poet) Long Version: Place aux flow de lyrics made in UK pour un R’N’B jungle aux échos Rap.
20-Lydsten-AMBER:Après “Beryl”, le Lillois Lydsten affirme sa nouvelle touche musicale sur Enlace Records avec “Amber”, un son à la fois brut et mélodieux.
21-Alps2 – Duck Tape (Goddard Remix):Glissant entre des états de formalité rythmiquet des paysages sonores free style, Alps 2 offre un mix low-fi de trip hop tout en finesse.
22-Cluss Trover -BLOOD MOON : On termine avec un titre électro stratosphérique et progressif, une piste à écouter la tête dans les étoiles. Ou la Lune.

La compilation est accessible sur toutes les plateformes ici

 

Gainsbourg, Reggae et Révolution

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Enregistré en 1978, Aux Armes et Caetera sans soute aucun est l’album révolutionnaire de Gainsbourg. Révolutionnaire parce Reggae, LA musique émergente et contestataire de la fin des années 70. Révolution aussi pour Gainsbourg,  qui s’essaie à un genre musical qu’il n’a jamais exploré et qui est peu connu de son public. Révolutionnaire enfin pour sa reprise de la Marseillaise, affront assumé au nationalisme, qui lui valu les foudres de la France réac’. Alors que Bob Marley est à l’honneur dans le biopic One Love, ZEWEED revient sur la légendaire collaboration de Gainsbourg avec les Wailers and friends, rebaptisés pour l’occasion… The Revolutionnaries.

Début 1978, Gainsbourg, qui a fini d’enregistrer  l’Homme à Tête de Chou, cherche un élan nouveau pour son prochaine album, qu’il veut “contestataire voir révolutionnaire“*.
Cette même année, le mouvement Punk explose avec des groupes comme les Ramones, Television, The Clash, Patti Smith ou encore les Sex Pistols. Cette fraîcheur séduit Serge Gainsbourg qui se voit bien enregistrer un album dans le style.
Il commence alors à élaborer un projet Punk-Rock, concevant en premier lieu la pochette de l’album (une photographie de Lord Snowdon où Gainsbourg pose sur une dune ).


Six mois plus tard, Aux armes et Caetera sera dans les bacs, mais dans un genre musical très différent.

Révélation à l’Elysée Montmartre

C’est en sortant d’un concert à l’Elysée Montmartre que son producteur Philippe Lerichomme a une révélation: le prochain album de Serge doit être Reggae!
Réponse de l’intéressé à l’inattendu proposition: «Banco!»*.
La réponse est tout aussi surprenante de la part de Gainsbourg, qui n’a jusque lors que timidement approché le genre (sur le titre Quand Marilou danse Reggae qui figure sur l’Homme à Tête de Chou) et ne se sent pas de composer seul  un album.

Serge en bonne compagnie et avec son producteur Philippe Lerichomme (en bas à gauche, casquette blanche)

Il faut donc trouver des musiciens. Ces musiciens, Lerichomme en fera le casting à distance en écumant les 33 tours du magasin  “Champs Disques”,  regrettée Mecque du vinyle importé, sis avenue des Champs-Elysées.
Une fois les musiciens trouvés Gainsbourg et Lerichomme s’envolent pour la Jamaïque.

Lost in Jamaica

Si le duo a une liste d’artistes qu’ils souhaiteraient intégrer au projet, aucun des musiciens en question n’a confirmé sa présence pour l’enregistrement de cet album dont seul la pochette son titre : Aux Armes et Caetera sont arrêtés.
Les deux compères arrivent à Kingston en parfaits inconnus, à tel point qu’à la signature du contrat, le bassiste Robbie Shakespaere était convaincu que Lerichomme était le chanteur et Gainsbourg son producteur*.

Quelques jours plus tard, Gainsbourg et Lerichomme entrent en studio et reçoivent un accueil glacial. Il faut dire que les deux parisiens n’ont pas la tête de l’emploi. Voyant qu’on le prend pour un clown à grandes oreilles, Serge Gainsbourg s’installe au piano et entame quelques accords, dont ceux de Je t’aime … moi non plus. Un des musiciens présent reconnait la chanson et lui demande qui l’a écrite. Lorsque Gainsbourg répond fièrement «C’est moi!*». L’ambiance se détend instantanément, Serge est dans la place. S’en suivra une semaine d’enregistrement continue et deux journées de prise de back-up vocals avec les I-Threes (Marcia Griffiths, Judy Mowatt et Rita Marley), les trois choristes de Bob Marley.

Serge est dans la place, avec les I-Threes, (Rita Marley sur la gauche, bandeau bleu)

En moins de deux semaines, la musique de l’album est enregistrée. De son coté, Gainsbourg peine à écrire les textes qu’il souhaite poser dessus. Est-ce la fatigue ou l’effet de l’herbe locale? Toujours est-il que Gainsbourg propose des paroles qui de l’aveu du producteur “partaient dans tous les sens“*.
Durant le vol qui les ramène en France avec les musiciens, Lerichomme retouche les paroles. Arrivé à Paris, Gainsbourg passera 48 heures en studio pour poser les textes sur les précieuses bandes enregistrées en Jamaïque.

Premier disque d’or

Aux Armes et Caetera sera le premier disque d’or de Serge Gainsbourg.
Parmi les meilleurs titres, la nonchalante revanche esthétique de Des Laids, des laids avec les langoureux coeurs des I-Threes, le joli bras d’honneur de La brigade des stups , qui sent le vécu (À la brigade des stups/Je suis tombé sur des cops/Ils ont cherché mon splif/Ils ont trouvé mon paf) et la belle charge contre l’organisation antisémite d’extrême droite fondée par des dissidents de l’action française : Relax Baby Be Cool (Le clan, le clan la cagoule/autour de nos le sang coule/A la morgue il y a foule/Relax baby be cool).
Présent aussi sur l’album, deux belles reprises reggae de titres composés par Gainsbourg  Vieille Canaille et  La Javanaise (remake).

Mais c’est une autre reprise, celle de la Marseillaise sur Aux armes et Caetera , qui fera rentrer l’album dans la postérité. Un détournement qui passa très mal à l’époque: Gainsbourg sera interdit de concert à Strasbourg, à la suite de pressions d’un groupe de militaires parachutistes para-facho retraités. Pas dégonflé, le grand Serge entonnera l’hymne national, point levé, devant des militaires désarmés par son audace.

Trois ans plus tard, Gainsbourg remettra le couvert en enregistrant un second album Reggae, toujours avec Sly Dunbar, Robbie Shakespeare et les coeurs des I-Threes pour nous offrir le sublime : Mauvaises Nouvelles des Etoiles.

*Anecdotes tirées du livre Gainsbarre, les secrets de toutes ses chansons 1971-1991, Ludovic Perrin, Hors Collection.

Quand Gainsbourg chantait la Ganja

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Il y a 30 ans, Serge Gainsbourg nous quittait. Si l’homme à tête de choux n’était qu’un fumeur de Gitanes, il n’aura jamais été insensible aux charmes du cannabis. Un penchant pour la ganja-culture qui nous offrira le révolutionnaire Aux Armes et caetera ainsi que Cannabis, film dans lequel il donne la réplique à Jane Birkin et compose une sublime bande-originale écrite avec un certain Jean Claude Vannier.

Un an après leur rencontre sur le tournage de Slogan (1969) le couple naissant Gainsbourg/Birkin partage de nouveau l’affiche dans une romance policière réalisée par Pierre Koralnik, que Serge retrouve trois ans après leur collaboration sur le téléfilm Anna (1967).
Si le scénario comme le jeu d’acteur n’ont rien de stupéfiant dans cette production que même la splendide et systématiquement dévêtue Jane Birkin ne parvient à sauver, la musique originale signée Gainsbourg/Vannier vaut très largement de subir ce polar de série B.

Gainsbourg, Birkin, cannabis,

Après avoir composé la B.O. de  Mann 70 (1968), écrit le célèbre “Requiem Pour Un Con” pour Le Pacha (1968),  “L’Herbe Tendre”, entendu dans Ce Sacré Grand-Père (1968), et le titre”L’Alouette” pour La Horse (1970), Gainsbourg signe avec Cannabis(1970) une de ses meilleures musiques de film.
Mi-rock mi-planante, la B.O.  made in Gainsbarre donnera toutes ses lettres de noblesse à ce qui est sans doute le meilleur long-métrage de Pierre Koralnik. (Les deux autre films notables du réalisateur seront Nestor Burma et l’Instit’…).

Cannabis, c’est aussi la première collaboration de Serge Gainsbourg avec Jean-Claude Vannier, génial arrangeur-compositeur avec qui il écrira deux ans plus tard un chef d’oeuvre: “L’Histoire de Mélodie Nelson“.

Parmi les meilleurs titres joués dans le film, l’éponyme “Cannabis”  que l’on retrouvera en intro et outro (en version instrumentale pour le générique de fin).
Très rock, prologue à la texture électrique de l’album “Rock around the Bunker“, “Cannabis” donne d’emblée le ton de ce polar noir interdit aux moins de 18 ans “La mort a pour moi le visage d’une enfant/Quand soudain, je perds la raison / Est-ce un maléfice? / Ou l’effet subtil du cannabis?”.
Le très inspiré “I want to feel crazy” (chanté par Jane Birkin façon Maryline Monroe) est un délicieux prélude aux sublimes arrangement que Jean Claude Vanier nous offrira sur l’Histoire de Melody Nelson.

Serge Gainsbourg, Cannabis, Jane Birkin, Cinéma,
Chanvre Indien” tient ses promesses en nous transportant dans un planante ambiance orientale aux parfums de haschisch alors que le titre “Dernière blessure” nous rappelle autant les violons Initial BB qu’il annonce les enivrants arrangements de La Valse de Melody.
Boudé par les critiques et le publique à sa sortie, Cannabis jouit aujourd’hui d’un statut de cult-movie chez les grands Gainsbourg-aficionados.
Puisse cet article élargir le cercle des fans de Cannabis, le film.

la Bande-Originale intégrale de Cannabis avec tous les titres dont nous vous parlions, c’est ici:

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