Dépénalisation

Belgique : le vice Premier ministre et ministre de l’économie pour une légalisation du cannabis

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Le vice-Premier ministre belge Pierre-Yves Dermagne, qui est aussi en charge du ministère de l’économie et du travail, souhaite légaliser le cannabis. Un avis qui divise aussi bien sur l’échiquier politique qu’entre Wallons et Flamands.

Dans un entretient accordé à nos confrères du journal L’Avenir, le vice-Premier Pierre-Yves Dermagne (PS) estime qu’il faut en finir avec la prohibition du cannabis et imagine une légalisation encadrée par l’Etat. “Il ne s’agit pas de promouvoir le cannabis, Mais il faut être réaliste: le cannabis est omniprésent et socialement accepté” argumente le numéro 2 du gouvernement.

Pour Pierre-Yves Demargne “une légalisation nous permettrait de mieux encadrer les consommateurs, d’interdire la vente aux mineurs, de reprendre une source importante de revenus au milieu criminel – y compris aux terroristes – et de permettre à la police de se concentrer sur des problèmes plus importants.

660 millions de recette pour l’Etat

Avec 660 millions d’euros de recettes, la proposition est séduisante alors que la Belgique est un des pays où l’on consomme le plus de cannabis en Europe.
Un des principaux arguments avancé par la droite conservatrice, qui s’oppose à une légalisation de la plante, repose sur les effets délétères du cannabis sur la santé. L’herbe qui fait rire ayant des impacts certains (au même titre que l’alcool et nombre de médicaments psychotropes vendis en pharmacie) sur le système cognitif, avec des troubles de l’attention et de la mémoire. Des effets majorés si la drogue est consommée par des jeunes dont le cerveau est encore en devenir. Est aussi pointé par les détracteurs d’une légalisation le risque que le cannabis soit une porte d’entrée à la consommation de drogues dures.

Cette nocivité pour la santé est aussi avancée par le parti de centre-droite MR “Cela vient à contretemps“, estimait sur Bel.RTL le président des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez. “On ne comprend pas cette banalisation que fait le PS, c’est un signe de laxisme. On n’est pas absolument opposé, mais il faut rester prudent. Ce n’est pas une priorité “

Wallons et Bruxellois VS Flamands

Pour Pierre-Yves Dermagne “il faut pouvoir organiser et contrôler la production, mais aussi la vente de cannabis. ”
Sauf le MR qui affiche aujourd’hui ses réticences, les autres partis francophones sont favorables à une fin de prohibition, même si les modalités de cette légalisation divisent. Au déla du gouvernement et du Parlement, le sujet divise le pays :  les Flamands se montrant plus réservés quand à une fin de l’interdit pesant sur la plante depuis plus de 50 ans.

Le débat sur la légalisation s’invitera formellement au Sénat et au parlement dans quelques mois, lors de la publication d’un rapport d’information basé notamment sur l’audition de nombreux experts.

Etats Unis: Les Républicains présentent leur projet de légalisation du cannabis

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Après le MORE Act soutenu par les Démocrates fin mars, c’est au tour des Républicains de proposer un projet de loi visant à dépénaliser le cannabis sur tout le territoire américain. Si le MORE Act a peu de chances de franchir le barrage du Sénat -à majorité conservatrice- l’initiative Républicaine (CAOA) pourrait bien recueillir  le nombre du suffrages nécessaires auprès des deux chambres du Congrès.

Porté par le Sénateur Cory Booker (New Jersey), Ron Wyden (président des finances du Sénat), et Chuck Schumer (chef de la majorité républicaine au Sénat), le Cannabis Administartion and Opportunity Act (CAOA) propose de mettre fin à l’interdiction fédérale du cannabis, et ce d’ici à la fin du mois d’avril.

En juillet dernier, Booker, Wyden et Schumer avaient soumis une première ébauche de la législation progressiste. Tout comme la proposition démocrate (MORE Act) le texte initial du CAOA proposait de retirer le cannabis de la liste des substances vénéneuses et permettre aux États de décider de le légaliser ou non.

Alors que le texte était encore en cours d’élaboration, plusieurs associations pro-légalisation ont fait pression pour que le projet inclu aussi (à l’instar des dispositions du MORE Act) la suppression des casiers judiciaires des personnes inculpées pour des délits liés au cannabis. L’interdiction pour les entreprises de tester au THC les candidats à l’embauche a aussi été ajouté au projet de légalisation des Républicains

En février dernier, Chuck Schumer avait précisé le calendrier en annonçant qu’il avait l’intention de présenter officiellement le projet de loi en avril. Promesse tenue : attendu à la date symbolique du 20 avril (4.20), le vote devrait se tenir le 25 avril (les sénateurs étant en vacances jusqu’au 22 ). Soit à quelques jours de celui de MORE Act.
Aux Etats-Unis, le mois de mai s’annonce joliment fleuri.

Une majorité de Français est pour la dépénalisation du cannabis.

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Selon un sondage Ifop, 51% des français seraient favorables à une dépénalisation du cannabis. Décryptage de ce sondage aux résultats historiques.

Pour la première fois depuis le 31 décembre 1970, date à laquelle le cannabis a été interdit en France, un sondage Ifop pour CBD-Grams  révèle qu’une majorité de Français souhaitent désormais sa dépénalisation: c’est à dire que sa consommation ne fasse l’objet d’aucune poursuites judiciaires. En Europe, le Portugal, la Suisse, La Tchéquie, le Luxembourg et les Pays-Bas ont dépénalisé l’herbe.

Dans le détail, 51% des interrogés voudraient que les consommateurs de cannabis ne soient ni poursuivis ni verbalisés.
Signe d’une destigmatisation du fumeur de joints:  47% des interrogés qui déclarent ne pas consommer de cannabis seraient malgré tout favorables à sa dépénalisation. Sans surprises, 96% des amateurs de ganja souhaitent -au moins- sa dépénalisation.
Ils sont aussi 47% de sondés à souhaiter la légalisation, sous contrôle d’Etat, du cannabis.
A titre de comparaison, ils étaient 43% en 2017, 32% en 1997 et 27% en 1977 a vouloir en finir avec la prohibition de la weed.

Pavé dans la mare

Ce sondage tombe comme un pavé dans la mare pour le gouvernement Castex qui a fait de la lutte contre le traffic de stupéfiants, cannabis en tête de gondole, une priorité absolue, une “mère des batailles” pour reprendre les termes du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. Le président Emanuel Macron lui-même avait récemment fait part de ses réserves sur tout projet de légalisation, estimant que “dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge.

Si les manoeuvres du gouvernement pour occuper le terrain sécuritaire et couper l’herbe sous le pied de Marine Le Pen à un an des présidentielles ne trompent personne, elles ont aussi l’avantage d’annoncer clairement la couleur: aux courageuses voies du progrès, l’exécutif préfère celles du vote conservateur.