On a retrouvé la Matanuska Thunderfuck!

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Matanuska Thunderfuck, c’est une légendaire variété de cannabis made in Alaska dans les années 70. En voie de disparition, elle doit sa survie et son retour à Jim Ross, un cultivateur qui pendant 30 ans en a assuré la descendance… dans son garage. Interview d’un hibernatus de la weed.

J’étais dans ma cuisine en train de me préparer mon expresso matinal lorsque le téléphone sonna. Je me précipite vers mon bureau pour y prendre mon casque et l’appel.
Hello, c’est Ron Bass de l’Alaska“, me lance le breeder d’une voix enjouée et amicale.
Ça faisait plus d’une semaine que j’attendais son coup de téléphone.
Ron et moi nous étions déjà croisés il y a trois ans, en 2017 après que je sois tombé sur un article dans le Anchorage Daily, la gazette de l’État le plus froid et le plus à l’ouest des States.

Ron Bass

Sur les traces de la Thunderfuck.

À l’époque, Ron et ses potes breeders pensaient avoir mis la main sur la  vraie MTF.
Jusqu’à ce qu’il s’avère, quelques semaines plus tard, que la joyeuse équipe avait fait fausse route. “Ça collait pas. Sur le papier, ça semblait bon, mais une fois analysé et convenablement testé, les indicateurs d’une vraie MTF n’étaient pas tous au vert“, m’explique Ron.
(Le mythe veut que la Matanuska Thunderfuck soit un croisement entre une variété afghane et une Pakistanaise… mais lesquelles ?) « Le plus important,  c’est que la MTF soit issue de boutures spécialement greffées, alors que les souches de weed sont généralement le produit de pollinisation croisée. La MTF, elle, a été créé en combinant les racines d’un plant ( une méthode appelée porte-greffe) avec les têtes d’un autre plante (connue sous le nom de scion), m’explique Ron.

Naissance d’une légende

En 1975, à la suite de la décision de la Cour suprême dans l’affaire Ravin vs. State, l’Alaska devient le premier état US à déclarer constitutionnel d’avoir de petites quantités de marijuana et d’en cultiver dans de raisonnables proportions.
La même année, un rédacteur de High Times, Blair Sachs-Benedict se rendra en Alaska pour couvrir la décision historique et rencontrer Nordhoff, un mystérieux personnage qui cultivait la MTF.

Récit : «Nordhoff nettoie soigneusement le bol d’un tuyau de défense de morse fossilisé et le remplit. Les têtes sont énormes, de la taille d’une patte de Malemute » (un gros chien de traineau NDLR) «Matanuska Thunderfuck», déclare-t-il après avoir tiré sur la défense de morse “c’est la meilleur ganja des 50 États.” “Cette weed est si forte, puissante et déterminée qu’elle pousse à travers la neige pour trouver le soleil“, développa Nordhoff. «Les agriculteurs de la vallée de Matanuska la plantent à côté de parcelles de chou qui sont si gros qu’il faut deux hommes pour les transporter, de tomates si colossales qu’il faut les couper avec une tronçonneuse.» Sacré terreau !

Le même plant mère depuis 30 ans

Comme avec nombre de variétés de cannabis légendaires datant un peu, les origines exactes du MTF sont des plus mystérieuses.
La rumeur veut que le breeder qui a créé cette variété emblématique ait sombré dans la drogue dure à la fin des années 1980 et qu’une poignée de producteurs ait maintenu la variété en vie pendant des années.
Après l’article paru dans le Anchorage Daily en 2017,  Ron Bass a reçu un appel de Jim Ross, un cultivateur plutôt discret à la limite de l’autisme social.
J’ai obtenu la souche en 1997 ou 1998, via un ami“,  élabore Jim dans un rare documentaire de 2018. «J’en ai eu juste suffisamment fait pousser pour pouvoir perpétuer la lignée
Depuis 20 ans, Jim cultivait la MTF… dans son garage !

Il prenait une flopée de clones, conserverait le plus fort comme plante mère et éliminait le reste. Il répétera ce schéma tous les 2 ans, pendant deux décennies.
« C’est ce processus qui a aidé à transformer le MTF en la souche centrale qu’elle est » estime Ron. «La MTF est vraiment bizarre. Elle peut devenir très grande ou très courte et touffue. Il vaut mieux s’y connaître et savoir ce qu’on fait. Elle développe des feuilles immenses qui font jusqu’à 25 cm de large. Parfois, il poussera 2 ou 3 feuilles les unes sur les autres. La floraison se fait en environ 7 à 8 semaines . Niveau olfactif…ça sent la pisse de chat humide et le fromage” poursuit-il.

Copyrights et droits de breeder

Jim Ross a transmis sa variété MTF à Ron Bass et Cameron Van Ryn de Van Geer Enterprises, une autre cannabis farm à Wasilla, Alaska.
Ensemble, ils ont soumis leurs échantillons à des des tests génétiques poussés chez  Phylos Bioscience dans l’Oregon (Phylos Bioscience abrite la plus grande base de données numériques 3D de génétique du cannabis).
Il s’est avéré que la génétique de Jim était la seule souche de  MTF enregistrée à ce jour. Afin de conserver cet avantage concurrentiel, Ron a déposé MTF. Dans la lancée, pour assoir sa marque, il a proposé à Afroman d’en faire la promo avec un génial morceau rap intitulé …”Thunderfuck”.

Commercialement, Ron a une méthode bien à lui lorsqu’il s’agit de prouver que sa Ganja est legit’ : «Les gens qui doutent et me prennent pour un blaireau, je les accueille toujours de la même façon : je leur dis de m’amener leur vétéran de la weed, leur top connaisseur qui encaisse tout. Et systématiquement lorsque le testeur repart de mon dispensaire, c’est avec un visage à moitié liquide ». Assurément le plus solide des arguments.

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Steve est journaliste et musicien. Il vit en ce moment en Amérique du Sud, entre Argentine et Uruguay. Cet amoureux des chats, nominé pour son travail d'investigation aux Emmy Awards, collabore aussi régulièrement avec High Times, Green Rush, Zamnesia  Royal Queen Seeds et bien d'autres.

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