Pour endiguer la criminalité liée au narco-business, Insoumis et Socialistes ont avancé plusieurs pistes, dont la légalisation du cannabis. Une approche qui contraste avec la politique zéro-tolérance des ministres Bruno Retailleau et Didier Migaud.
Le groupe LFI et les socialistes ont chacun mis sur la table un certain nombre de propositions pour lutter contre la criminalité organisée et le trafic de drogue, alors que Bruno Retailleau a annoncé une série de mesures coercitives qui puniraient dealers et consommateurs.
Dans le cadre d’une approche sanitaire de la question cannabis, LFI a avancé 14 propositions, dans un plan aux antipodes de “l’escalade répressive” prônée selon les insoumis par le gouvernement.
Faire “de la lutte contre le ‘narcotrafic’ le seul sujet de préoccupation revient à méconnaître l’architecture globale de la criminalité organisée”, estime le groupe parlementaire de gauche, qui plaide pour “une réponse globale de l’État”.
Taper au portefeuille les trafiquants“
En tête de gondole des propositions du LFI: la légalisation du cannabis aurait pour effet de “couper l’herbe sous le pied des trafiquants”, en fixant à 18 ans l’âge minimal des clients et des consommateurs d’herbe légalement vendue.
Afin de “taper au portefeuille les trafiquants”, les Insoumis entendent renforcer les moyens de l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc), chargée de gérer les biens confisqués aux criminels. Et proposent une “réaffectation sociale” des biens mal acquis, en faveur du développement local.
“Étendre et renforcer” le statut repenti
Contre la délinquance économique, ils souhaitent assujettir les plateformes d’échange de crypto-monnaies au dispositif de lutte contre le blanchiment. Et veulent “étendre et renforcer” le statut de repenti, notamment en termes de réduction de peine.
Ils plaident aussi pour des moyens largement supérieurs pour la police et la justice, en maintenant par exemple les “5.000 postes de police judiciaire prévus pour être redéployés en 2025”, ou en renforçant les moyens des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS).
Le groupe de Jean-Luc Mélanchon demande également le retour d’une “police de proximité”, placée notamment sous la direction politique des communes.
“Réarmer la police judiciaire“
Les partisans LFI d’une légalisation millésimée 2024 souhaitent une “approche sanitaire” sous le signe de la prévention. Au menu de l’initiative supprimant par exemple les amendes forfaitaires délictuelles pour les consommateurs, ou en améliorant le déploiement des “salles de consommation à moindre risque”.
Six parlementaires socialistes, dont le premier secrétaire du PS Olivier Faure et les présidents des groupes socialistes au Sénat et à l’Assemblée, réclament de leur côté dans un tribune publiée par Le HuffPost “de réarmer la police judiciaire en termes de moyens et d’organisation administrative”; de créer un Parquet national anti-stupéfiants; et de soutenir “à la hauteur des immenses besoins, la Protection judiciaire de la jeunesse”.
Sans vouloir “encourager la consommation de quelque stupéfiant que ce soit”, ils jugent “inutile (…) de verser dans la culpabilisation outrancière comme le fait le Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau”.
Avec AFP