Histoire

Chez les hippies Soviétiques

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Alors que nous nous apprêtons à fêter le nouvel an Russe, ZEWEED revient sur un étonnant mouvement made in USSR : les hippies de l’ère soviet. Une belle invitation à faire l’amour et pas la guerre dont l’actuel locataire du Kremlin ferait bien de s’inspirer.

C’est une époque dont on sait peu de choses tant les visites des étrangers en URSS étaient soigneusement encadrées par un système qui maintenait un contrôle absolu sur ses citoyens.
Bien avant la révolution d’octobre 1917, la culture du chanvre à des fins industrielles était largement répandue dans tout le pays, faisant de la Russie le 1er producteur de chanvre mondial. Cette culture était déjà très ancienne: la Russie fournissant le chanvre pour les cordages de la marine britannique depuis 1715,  à l’époque du Tsar Pierre Le Grand.

A la fin du 19e siècle, avec la concurrence du coton américain et de la toile de jute, la production de chanvre déclina rapidement. Ce n’est que dans les années 1930, à l’époque de Staline qu’elle reprit, fortement encouragée par des aides aux producteurs, des médailles et des privilèges (le stakhanovisme à l’oeuvre).

Aux grand ganja-growers, la Patrie reconnaissante.

Au début du 20ème siècle, l’usage récréatif du cannabis était encore essentiellement limité aux régions d’Asie Centrale. Les populations locales avaient l’habitude de fumer du haschich depuis au moins 6 siècles, et les colons russes l’apprirent à leur contact.

En 1934, le code pénal de l’URSS bannit la culture non autorisée du cannabis et de l’opium.
Le chanvre indien fut définitivement interdit en 1960 tandis que la production du chanvre restait prédominante.

Soviet Hippies

Dans cette période de forte répression se développa pourtant un mouvement hippie, largement documenté dans l’excellent « Soviet Hippies » (2017) de la réalisatrice estonienne Terje Toomistu.
Pendant les années 60-70 l’existence même des hippies en Union Soviétique était constamment niée par le discours officiel et les médias. De fait,  pour l’immense majorité des russes qui vivaient à cette époque il n’y avait pas de hippies en URSS.

Le seul domaine artistique où l’on pouvait voir une très forte influence psychédélique était les films d’animation (destinés aux enfants), sans doute le seul espace de création où la censure n’intervenait pas (ou très peu).
A l’époque on ne trouvait quasiment pas de LSD mais beaucoup de cannabis circulait, ce qui ne manquait pas d’attirer l’attention du KGB, plus pour l’aspect trafic que pour la substance elle-même. On raconte aussi que lors des fouilles régulières opérées chez les hippies, les agents du KGB étaient plus à la recherche de livres interdits que d’herbe à fumer.

Hippie-pipe Oural!

Manifestation contre la guerre du Vietnam sur la place Rouge

Le 1er juin 1971, pour la 1ère fois,  des milliers de hippies se réunirent à Moscou pour protester contre la guerre du Vietnam. Le KGB en profita pour arrêter 3000 d’entre eux qui furent aussitôt jetés en prison.
A partir de ce moment le mouvement hippie rentra dans l’underground et les participants créèrent un réseau appelé « Sistema » (système), leur donnant ainsi accès à de la weed et à des produits importés clandestinement (livres, disques, jeans) et surtout à la possibilité de voyager et se loger dans d’autres villes de l’URSS lorsque tout déplacement était contrôlé par le pouvoir.

Les survivants de cette époque commémorent encore aujourd’hui chaque année à Moscou la date du 1er juin.
L’histoire des hippies en URSS reste encore stigmatisée comme le montre la décision récente du théâtre de Vladivostok d’annuler la lecture de la pièce de Mikhail Durnenkov « Comment les hippies d’Estonie ont détruit l’Union Soviétique », ceci à la veille de la visite de Vladimir Poutine dans la ville le 2 septembre dernier.
Vladimir Poutine avait d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses regrets sur l’effondrement de l’Union Soviétique, le qualifiant de « plus grande catastrophe géopolitique du 20ème siècle”.

L’herbe de la Vallée Magique

Dans la république soviétique du Kirghizistan,  la vallée du Chu était connue depuis toujours comme la source de la meilleure weed, que les russes appelaient « dichka » (sauvage).
Cette herbe était réputée d’un bout à l’autre du pays si bien que  la vallée du Chu devint un lieu de pèlerinage pour les hippies d’URSS.

La vallée du Chu, équivalent russe de la vallée du Riff.

Les autorités soviétiques firent tout ce qu’elles pouvaient pour éradiquer cette culture ; en brûlant les champs et en utilisant toutes sortes d’herbicides et de pesticides mais rien ne pût en finir avec cette herbe qui repoussait toujours plus vigoureuse.
Depuis la fin de l’Union Soviétique en 1991, la dichka de Chu continue d’être très demandée, c’est le « caviar de la weed ».

Le “Caviar de la Weed” de la vallée du Chu: récolté à même le corps, nu sur un cheval

La méthode de récolte la plus populaire (et toujours utilisée aujourd’hui ) consiste en une personne ayant juste pris une douche, qui monte un cheval fraîchement lavé et galope pendant plusieurs heures à travers une forêt de weed (dont les plants atteignent facilement 3m de hauteur), jusqu’à être recouverte d’une couche collante de résine de cannabis, qui est ensuite grattée et pressée pour en faire des blocs.

Le bon Karma: être réincarné en cheval dans la vallée du Chu.

Il y a certes des moyens plus simples et plus discrets de récolter la résine mais avouons que celui-ci a du style.
Voilà en tout cas une destination de vacances originale pour l’été prochain, et comme la récolte a lieu au mois d’août,  cela nous laisse un peu de temps pour pratiquer l’équitation.

Le chanvre, matière première des saints catholiques

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Jadis, le chanvre était un must en « matière d’humilité ». Bouddha était d’après sa légende, vêtu de chanvre et se nourrisasit de ses graines au bord du Gange. Les saints catholiques ne dérogent pas à la règle, puisqu’une large majorité d’entre eux enveloppaient leur chaire de futurs cannonisés de linges en cannabis et avaient recours à la plante pour de multiples usages quotidiens.

Le chanvre,  traditionnellement utilisée par les adeptes de nombreuses religions asiatiques (taoïsme, hindouisme, shintoïsme, etc.), offrira également une certaine autarcie monastique à la chrétienté en fournissant la matière première la plus polyvalente qui soit : confection de cordes pour sonner les cloches, fin papier pour les bibles, linges liturgiques, vêtements, sandales (alpargates), ceinture cordée des franciscains (portée par Saint François d’Assise et la confrérie des Cordeliers), huile d’éclairage, soupe aux graillons ou aliments pour animaux de ferme (graines), toiles à peindre ou canevas, usage médicinal (documenté par la bénédictine Hildegarde de Bingen, Le Livre des subtilités des créatures divines, p. 41, 1158), etc.

On retrouve ainsi, dans le parcours historique de nombreux saints chrétiens, les preuves de la parfaite intégration de cette culture immémorable, si nécessaire et si commune, autrefois :

Saint Jean, saint patron des apprentis, des éditeurs et des prestidigitateurs (1815-1888). Dès sa jeunesse, dans le Piedmont italien, sa mère, chanvrière, l’employa en lui confiant les trois ou quatre premières tiges de chanvre macérées à effilocher : « Le petit Jean, dès l’âge de quatre ans, prenait part à l’œuvre commune et effilait les tiges de chanvre. » (Documents pontificaux de sa sainteté Pie XII, Vol. 2, p. 51, 1961). Fondateur de la congrégation des Salésiens sur les cinq continents, il publiera entre 1844 et 1888, plus de 220 œuvres rassemblées en 38 volumes. Il fut canonisé par le pape Pie XI en 1934.

Santa Clélia Barbieri, sainte patronne des catéchistes et des personnes persécutées pour leur foi

(1847-1870). Fille d’une famille de chanvriers, elle appris durant sa jeunesse à tisser le chanvre, à l’époque une des principales activités de la région de Bologne. « Dans le dur travail sur les fibres de chanvre, elle est un modèle pour les autres travailleuses, car elle l’accomplit avec joie et dans un esprit de prière. » (Archives de l’Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais, Suisse). Santa Clélia Barbieri est la plus jeune fondatrice de congrégation de l’histoire de l’Église (à 21 ans) : Les Religieuses de la Vierge des Douleurs, qui vient en aide aux enfants et aux déshérités autour du monde.
Béatifiée en 1969, Clélia Barbieri sera canonisée le 9 avril 1989 par Jean-Paul II.

Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de l’ordre des jésuites.
Son humble tenue en chanvre grossier lui valut le surnom d’ « homme au sac ». Cet ancien chevalier estropié par l’armée de François 1er, avait refait sa vie comme ermite, pour finalement devenir saint.
Il troqua son cheval pour un âne, ses habits de gentilhomme pour une tunique de chanvre, ses bottes de chevalier pour des espadrilles de chanvre, ceinturé par une corde en chanvre comme les moines de l’époque, avec les 3 nœuds représentant les vœux. Le Père André Ravier (1905-1999), fondateur des Journées missionnaires, le décrivait encore ainsi : « Revêtant un sac de toile rugueuse de chanvre, il commença à entreprendre le long pèlerinage qui ne s’acheva qu’avec sa vie. »

 

Saint Yves, patron des bretons, des avocats et des hommes de loi. Lors du procès de sa canonisation en 1330, 27 ans après sa mort, Darien de Trégoin le décrivat portant une « chemise de filasse de chanvre », Yves de Trégordel évoque lui, une chemise appelée en français « reparon » (tissu issu de déchets de chanvre). L’Archidiacre de Rennes profitait de son absence pour faire visiter sa chambre :
« Voyez, en montrant son grabat, c’est là que couche Yves de Kermartin, l’homme le plus savant de Rennes. C’était, dit le seigneur de la Roche-Huon, un pauvre grabat formé de quelques morceaux de bois et de copeaux, avec une poignée de paille ; le tout recouvert d’un méchant lambeau de toile de
chanvre
. » (Abbé France, curé de Lanion, Saint Yves, p. 76, 1893).

Sainte Thérese d’Avila, au 16ème siècle, préconisait pour les nonnes, le port de sandales ouvertes (alpargates) aux semelles composées de cordes de chanvre tressées : « La cinta ancha epoloja a los pies, alpargatas abiertas de canamo. » (Sainte Thérèse d’Avila, Reforma de los Descalços de Nuestra Señora del Carmen de la primitiva p. 532 533, 1575). (1647-1690), inspiratrice du culte du Sacré-Cœur en France. Elle en raconte elle-même l’élément déclencheur : « On travaillait au couvent à l’ouvrage commun du chanvre, et je me retirai dans une petite cour voisine du Saint Sacrement. Là, faisant mon ouvrage à genoux, je me sentis subitement toute recueillie à l’intérieur et à l’extérieur, et en même temps je vis l’aimable Cœur de mon Adorable Jésus qui me fut montré plus brillant qu’un soleil. » (Marguerite-Marie Alacoque, Le Mois du Sacré Cœur de Jésus. 12ème jour : « Les Séraphins ». Autobiographie n°101, 1680).
Cette religieuse bourguignonne du couvent de Paray-le-Monial, fut béatifiée en 1864 et canonisée en 1920, sa statue trône à l’entrée droite à l’intérieur de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris.


Voici comment cette plante a pu subjuguer, inspirer le destin de la religion catholique ou chrétienne!

Ainsi kiffait Zarathoustra !

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Utilisé depuis des millénaires dans la plupart des grandes civilisations, le cannabis est une plante aux vertus élévatrices qui permettait aux prêtres, chamans et sorciers de rentrer en contact avec l’au-delà et le divin. Chaque mois, je vous propose de découvrir une culture ancestrale faisant honneur à l’herbe magique, avec aujourd’hui un focus sur Zarathoustra, la Perse et les Rois Mages.

Environ 1000 ans avant notre ère, le prophète Zarathoustra évoquait déjà le cannabis (haoma) dans son livre sacré, le Zend-Avesta, ouvrage répertoriant des milliers de plantes médicinales.
«  Je célèbre les hautes montagnes où tu as poussé, ô Haoma ! Je célèbre la terre où tu pousses, odorant et fortifiant, belle plante omnisciente. Honneur à Haoma, qui rend l’esprit du pauvre aussi élevé que celui du riche. Honneur à toi, Haoma, qui élève l’esprit du pauvre autant que s’élève la sagesse des grands. » Le poème dans son intégralité est disponible en cliquant sur ce lien

(Portrait de Zarathoustra, Temple Mithraïque de Doura-Europos, Syrie, IIIe siècle)

Rois Mages et Ganja

S’ils ont bel et bien existé, les Rois Mages (qui portaient le bonnet phrygien, futur symbole de la République française) étaient très certainement des zoroastriens : le mot « mage » (du persan magis) désignant un disciple de Zarathoustra, adepte de techniques religieuses incluant l’absorption de puissantes préparations contenant du cannabis (bhang, mang, haoma).
Sans les Rois Mages, la chrétienté n’aurait pas eu la même histoire. Car c’est bien à l’issue d’un rêve inspiré  par des breuvages rituels,  cannabiques et psychotropes qu’ils décidèrent de rentrer chez eux sans en avertir Hérode ( l’Évangile selon Matthieu, Mt 2, 1-12).

Les mages analysaient leurs rêves ou accédaient à des “états extatiques” quelquefois bercés par des chants et des danses rituelles (la ronde des Derviches tourneurs, adeptes historiques du haschich, en est un héritage direct, transmis par les rites incantatoires de la déesse scythe Tabiti-Hestia).

La plus ancienne représentation des rois mages connue (basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne, VIe siècle).

Dans les textes de la Perse ancienne, le bhang, à base de chanvre, était un ingrédient de « la boisson illuminante » (Rōšngar Xwarišn) qui permettait à Wištāsp, ami de Zoroastre, de voir « la grande Xwarrah » (splendeur divine) et le « grand mystère »
Bhang ou Mang (mot en Pahlavi, entre le IIIe et le Xe siècle) fait référence à une concoction de chanvre appelée mang ī wištāsp « le chanvre de Wištāsp » .

“L’oeil de l’âme”

Selon les ouvrages pehlevis (Perse ancien) Dâtastân i Dênîk et Dênkart, le kavi Vîstâçpa aurait ouvert “l’œil de l’âme” pour atteindre la connaissance par l’extase en buvant une coupe où auraient été mêlés « hôm ut mang », (du hôma et du chanvre indien), et du vin mêlé à ce même chanvre indien. »
La Vendidad (« La loi contre les démons »), loue aussi le bhang en tant que « bon narcotique de Zoroastre ». Vers 700 avant J.-C.
L’Haoma, liqueur fermentée, était la « liqueur de Vie » eucharistique des mazdéens ou des zoroastriens, un équivalent avestique du fameux « soma » védique dans l’hindouisme, qui lui s’est avéré être à base d’éphédra grâce aux découvertes archéologiques.

En 1990, L’archéologue russe Viktor Sarianidi identifiera dans le Turkménistan des poteries datées d’environ 1.000 ans avant J.-C , contenant des résidus de cannabis, de pavot et d’éphédra, (trois plantes qui seraient d’après Sariadini les ingrédients clefs de l’haoma), dont l’usage était réservé aux prêtres durant les  cérémonies religieuses.
Selon l’Avesta, le saint livre zoroastrien, l’Haoma est une divinité comestible qui peut venir à bout de toutes souffrances.

En 2013, au nord-ouest de la Mésopotamie, des fouilles dans la ville antique de Çatal höyük, en Turquie,  ont révélé un tissu de chanvre daté de 9000 av. J.-C. : « Les analyses montrent que ce morceau de tissu est en lin tissé avec du chanvre » précisera alors le responsable des fouilles Ian Hodder (Stanford University). La plante était utilisée dans sa totalité : la racine pour la médecine (anesthésique), la tige pour les textiles et les cordes, les feuilles et les fleurs pour la religion comme pour ses pouvoirs thérapeutiques et  les graines pour en extraire de l’huile (arômes, éclairage). Dans la culture de la péninsule anatolienne, dans  le cannabis, rien ne se perdait,  tout se transformait.
Vivement le retour de ces religions ancestrales!

Quand la France chantait le chanvre

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Autre temps, autre mœurs ! Pendant des siècles et jusqu’à sa prohibition mondiale en 1961, le cannabis était librement cultivé en France. Utilisé pour tisser cordes et voiles ainsi que la fabrication de nos habits -du lange pour bébé au linceul-, le chanvre était partout. En mémoire de cet âge d’or et en attendant le retour de la belle plante dans notre vie quotidienne, Zeweed a retrouvé trois hymnes d’antan célébrant son usage.

La Chanson du Chanvre de Louise Michel (1830-1905).
Composé en 1886 par d’une des figures majeures de la Commune de Paris, ce chant de révolte rappelle l’utilisation du chanvre en tant que matière première et revenu de base d’autrefois

La chanson du rouet (1857).
Le texte est de Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894), célèbre auteur de La Marseillaise, qui passa une grande partie de sa jeunesse en Bretagne, près de Dinan, où les rouets filaient le chanvre nécessaire à la confection des voiles et cordages des navires. Pendant trois siècles, du XVIème au XIXème,  la Bretagne en exporta dans le monde entier, faisant la fortune de cette région.

« Ô mon cher rouet, ma blanche bobine,
Je vous aime mieux que l’or et l’argent !
Vous me donnez tout, lait, beurre et farine,
Et le gai logis, et le vêtement.
Ô mon cher rouet, ma blanche bobine,

Vous chantez dès l’aube avec les oiseaux;
Eté comme hiver, chanvre ou laine fine, 
Par vous, jusqu’au soir, charge les fuseaux.”

A l’origine, la musique était de Georges Bizet. Quarante ans plus tard, Maurice Ravel composera sa propre version, ici interprétée par Jessye Norman:

Il existe aussi des adaptations plus rurales à partir du texte original à l’instar de cette interprétation:

La route du chanvre, de Pierre Dac (1941)
Cette chanson a été composée pendant la seconde guerre mondiale par le célèbre comédien-humoriste Pierre Dac (futur partenaire de Francis Blanche), pendant son incarcération en 1941 à la Carcel Modelo, prison modèle de Barcelone. Libéré en 1943 contre quelques sacs de blé et des fûts d’essence négociés entre Espagnols et Britanniques grâce à la Croix-Rouge française, Pierre Dac rejoindra finalement Londres où ce chant de résistance fut enregistré et diffusé en direct à la BBC. Il faut rappeler qu’avant l’arrivée des fibres synthétiques dans les années 1950-60, le chanvre (cannabis sativa) était communément considéré comme la plus solide des fibres végétales, la référence absolue pour la confection des cordes et notamment celle du gibet, pour pendre les traitres où les ennemis. Extraits :

« Amis, chantons avec ferveur,
Le chanvre purificateur.
Pour faire justice prompte,
Le chanvre aura, par ma foi,
Dans le règlement de compte,
Une place de premier choix.

Holà ! Les Laval et consorts,
Voilà ce que s’ra votre sort,
Et cependant, à tout prendre,
Vous êtes tombés si bas,
Que la corde qui va vous pendre
Vous ne la valez même pas.

Regardez bien, mauvais larrons,
Le beau chanvre que nous tressons,
Venez, venez à la ronde,
Sans bousculade, approchez,
Il y en aura pour tout l’monde,
C’est l’moment d’en profiter ! »

 

Ces cordes de chanvre qui ont changé l’histoire

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Avant l’arrivée des matières synthétiques dans les années 1950-60, les fibres textiles issues de la tige du cannabis sativa étaient universellement reconnues comme étant les plus solides et les plus résistantes au sel et à l’humidité, faisant de la plante une denrée stratégique majeure.

Durant des siècles, le chanvre était une matière première indispensable pour les marines de guerre (la norme pour la confection des cordes et voiles), servant aussi également aux armées de terre pour actionner diverses machines ou engins offensifs (catapultes, balistes, frondes, arcs, arbalètes, échelles de cordes, etc.). Voici quelques exemples illustrant ces hauts faits imputables à notre matière première préférée.

 La guerre de cent ans (de 1337 à 1453)

Lors de cet interminable conflit, les archers gallois recrutés par l’armée anglaise massacrèrent régulièrement la noble cavalerie française à l’aide de leurs célèbres grands arcs en bois d’if, hauts de deux mètres, appelés « Longbow ». La corde permettant de les actionner était spécifiquement tissée en chanvre, quelquefois en soie, cirée pour être imperméabilisée contre la pluie, son coût de fabrication comptait pour la moitié du coût total de l’arc. Une certaine force était nécessaire pour subir la pression de 50kg exercée par la corde tendue, et pour être capable de tirer une dizaine de flèches par minute jusqu’à 300 m de distance.

Cette arme se révèlera particulièrement décisive lors de la bataille de Crécy (le 26 août 1346), opposant 40 000 français aux 15 000 anglais d’Edouard III, dont 6000 archers gallois. Ceux-ci décochèrent 50 000 flèches par minute sur l’armée de Philippe VI qui ne disposait, en réponse, que de mercenaires arbalétriers génois utilisant des cordes en cheveux et crin, sans force et sans précision quand elles étaient humides, alors que les cordes rustiques en chanvre des Longbbows gagnaient en dureté une fois mouillées. La fine fleur de la chevalerie française y fut ainsi allègrement décimée, dans un terrible fracas nimbé de pluies d’orage.

Archers anglais lançant leurs flèches en chargeant des chevaliers français à la bataille de Poitiers (Bibliothèque nationale d’Autriche/AKG-Images)

Le personnage de Robin des Bois, mythique archer anglais équipé de son Longbow, est un symbole romanesque de la révolte des paysans contre la noblesse anglaise en 1381. C’est par peur d’un tel soulèvement armé en France, que sous Charles VI, la noblesse obtint la suppression de la formation des archers ce qui valut aux Français d’être à nouveau surclassés à la bataille d’Azincourt en 1415.

La bataille de Fleurus (1794)

Le 26 juin 1794, le destin de la toute jeune république française ne tenait plus qu’a un fil : lors de la bataille décisive de Fleurus (Belgique), un cordage de chanvre actionné par 64 français, guidait, en effet, le tout premier ballon d’observation militaire du monde, pour épier et déjouer le dispositif des armées coalisées (Angleterre, Autriche, Pays-Bas, Hanovre) s’apprêtant à envahir la France, victime du chaos de la révolution.

Ce ballon captif à hydrogène nommé « L’Entreprenant », placé sous le commandement de son inventeur, le chimiste Coutelle, permettait d’observer jusqu’à 29 km, une avance de troupe d’au moins une journée de marche. Les observations étaient glissées jusqu’au sol le long d’un câble dans un petit sac en cuir. La vue de l’aéronef terrorisait l’ennemi nota Coutelle dans ses mémoires : « L’effet moral produit dans le camp autrichien par ce spectacle si nouveau fut immense ; il frappa surtout les chefs qui ne tardèrent pas à s’apercevoir que leurs soldats croyaient avoir affaire à des sorciers ». Finalement, les Autrichiens levèrent le camp, les Anglais retraversèrent la Manche le jour même, et le ballon fut tiré « comme un toutou au bout de sa laisse » sur 45 kilomètres, pour aider à reprendre les villes de Bruxelles et d’Anvers. C’était le tout début de la guerre aérienne et la France sera sauvée de l’invasion.

L’Entreprenant, ballon monté par Coutelle, lors de la bataille de Fleurus en 1794 (« Collection Tissandier », Library of Congress, Washington).

Bohémond et la prise d’Antioche

Voici comment, par une nuit de mai 1098, Bohémond de Tarente, prince normand du diocèse de Coutances et chef de l’armée des Francs de la première croisade, escalada le premier le mur d’Antioche (située de nos jours en Turquie), afin de prendre le contrôle de la ville fortifiée, après huit mois de siège : « Il tenoit en ses mains une eschiele de cordes de chanvre mout soutilment fete [faite avec art]. » (Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, chapitre 21, récit du 12ème siècle). L’extrémité inférieure de cette échelle de chanvre envoyée par Firouz, un garde arménien qui dirigeait la tour des Deux Sœurs, était garnie de crochets ferrés pour la fixer, tandis que la partie supérieure devait être fortement attachée sur le revêtement des remparts.

Photo : dessin original de Gustave Doré : Bohémond et ses troupes escaladant les défenses d’Antioche, paru dans Histoire des croisades, de J. Michaud, (Paris, 1877, vol. 1, planche p. 82).

Le débarquement des Alliés en Normandie (1944)

Lors du débarquement allié de Normandie, le 6 juin 1944, les rangers américains commandés par le lieutenant-colonel James E. Rudder, sont parvenus à escalader la falaise de la pointe du Hoc, grâce à leurs échelles de cordes de chanvre, fixées à l’aide de quelques grappins.

Cette action a été déterminante, pour finir de neutraliser l’artillerie lourde allemande, qui pilonnait l’arrivée des alliés sur les plages de Utah Beach et de Omaha Beach.
Lors de la seconde guerre mondiale, les fibres de chanvre furent utilisées massivement pour confectionner les toiles et suspentes de parachutes, les toiles de tente, les cordages, hamacs, sacs et uniformes militaires (jusqu’aux coutures de bottes des rangers).

Photo : L’escalade de la pointe du Hoc en juin 1944 (Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA).

 

Quand le cannabis se fait Dieu

De la Chine au Pérou, de l’Inde à l’Afrique, le cannabis est utilisé depuis des millénaires dans les cérémonies religieuses. Mais saviez-vous que certaines cultures en avait fait une divinité à part entière? Aujourd’hui, je vous parle de la vénération de la Ganja, spiritualité qui inspirera entre autre le mouvement Rastafari. Tous à la messe!

Vers 1850, au sud du Congo dans la province du Kasaï, le roi Kalamba-Mukenge, chef de la tribu bantoue Baluba de l’ancien royaume du Bashilange, décida de remplacer tous les dieux et fétiches par du chanvre. La plante était alors symbole de protection sociale, de prospérité, de paix et d’amitié. Cette audacieuse interprétation animiste de la vie, reliant directement le pouvoir divin à une entité végétale évitait toute représentation humaine, évitant par là-même les tensions et guerres dues à quelque appartenance ethnique.
Ce mode de vie écologique et paisible dû à cette unique plante, inspirera plus tard, au XXème siècle, les premiers mouvements rastafaris (1930) ou hippies (1960).

Selon Ernst Lawrence Abel, auteur de l’ouvrage  Marijuana, the first twelve thousands years publié en 1980, le royaume de Bashilange connu une paix durable grâce au cannabis. Ses habitants se nommaient eux-mêmes les Bena Riamba, soit « les fils du chanvre », le mot riamba signifiant “chanvre “.
Leurs chènevières se nommaient lubuku, qui veut dire « amitié ». Ils se saluaient avec l’expression moio, désignant à la fois le “chanvre” et la  “vie “, attribuant ainsi des pouvoirs magiques universels à la plante.

Deux Bena Riamba à la messe.

En inhaler était devenu une tradition afin qu’aucun de ses membres ne soit agressif ou ne commette de délits. Tant et si bien que des liens sociaux et amicaux s’établirent finalement entre les tribus locales, traditionnellement guerrières. Certaines lois sanctionnaient, par exemple, les coupables d’adultère à fumer du cannabis jusqu’à perde connaissance.

Un fidèle convaincu

Un rituel religieux fondé sur le chanvre fut mis en place, incluant parfois l’ingestion d’une boisson liturgique (le Bhang), qui était pour eux un moyen d’entrer en contact avec les ancêtres et le monde des esprits.

      En 1881, deux explorateurs allemands (le capitaine Hermann Von Wissman et le Dr Pogge), fraternisèrent avec le roi Kalamba Mukenge qui signa avec eux un pacte de « frères de chanvre », assistés par Meta Nsankulu, prêtresse du chanvre et sœur du roi. À la demande de Tshisungu, beau-fils héritier du roi, le traditionnel pacte du sang fut remplacé par la consommation d’une boisson au cannabis, à laquelle on attribuait une force métaphysique supérieure à celle du sang.

“In weed we trust”

Avec l’arrivée des colonisateurs Belges en 1885, Kalamba et les autres rois de la région finiront par entrer en rébellion, entrainant leur perte et celle d’une religion dont la pratique ferait le plus grand bien à nos dirigeants.

Sources :
Docteur J. Maes, « KalambaMukenge. Fondateur du ‘Riamba‘ ou culte du chanvre », article paru dans le périodique Pro Medico n°4, Produits Lambiotte Frères, 1938.
Sula Benet, « Diffusion précoce et utilisations populaires du chanvre. », dans Cannabis et Culture. Éd. Véra Rubin. Chicago : Éditions Mouton, 1975. p. 39 et 45.
Collections du Musée de Tervuren, « Kambala Mukenge, Fondateur du ‘Riamba’ ou culte du chanvre », L’Illustration congolaise, n° 217, p. 7539-7542, 1939.
Alexis Bonew, « De l’art nègre à l’art africain », 1er colloque européen sur les arts d’Afrique Noire, 1990, p. 122-126.

Quand les rois et empereurs de France encourageaient la culture du chanvre

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Pendant des siècles la France et le chanvre ont filé le parfait amour. En attendant que l’Etat et la plante se réconcilient, Zeweed vous invite à parcourir les plus belles déclarations d’allégeance faites au cannabis par les rois et empereurs du pays des lumières.

Charlemagne et le canava

La barbe de Charlemagne était fleurie, nous enseignent comptes et chansons. Mais fleurie de quoi? De cannabis pourquoi pas! Car l’empereur n’était pas insensible aux multiples propriétés et applications du chanvre. Dans son Capitulaire De Villis, Charlemagne invitait vivement ses sujets à la culture du chanvre (appelé alors canava), matière première essentielle à la confection de tissus, toiles, voiles et cordages. “Quid de lana, lino, vel canava ” Qu’en est-il  de la laine, du lin et du chanvre?” avait invectivé le roi des Francs.
(Capitularia de Villis vel curtis imperii, article LXII, Circa 800).

Louis XV libère le commerce du chanvre…

Près d’un millénaire plus tard, en 1720, le régent du jeune roi Louis XV, Philippe d’Orléans, publia un arrêt favorisant l’essor du cannabis agricole : « Arrêt du conseil d’état qui ordonne que le commerce du chanvre dans l’intérieur du royaume sera libre. Fait défense de le faire sortir et de l’envoyer à l’étranger et permet à la Compagnie des Indes d’établir des magasins et le prix des chanvres. » (Imprimerie royale, Paris : Arrêt du 29 décembre 1719, document F-21084-105 de la BNF).

… avant que Louis XVI et Necker n’en fassent une priorité

Peu avant la révolution française, en 1779, c’est Jacques Necker, ministre des finances de Louis XVI qui sera chargé de recenser les provinces cultivant le chanvre et d’encourager cette culture afin de ne pas dépendre d’importations pour cette matière première essentielle.  Comme aujourd’hui, les services de l’État désiraient la mise en œuvre d’une agriculture capable de rivaliser avec l’Empire de Chine ou l’Amérique.
C’est la raison de ce courrier adressé alors à tous les maires de France:
« La France est obligée, Messieurs, de tirer annuellement de l’étranger une grande quantité de chanvre, ce qui fait sortir beaucoup d’argent du Royaume. Le gouvernement, occupé plus que jamais des moyens de remèdes aux inconvénients de l’exportation du numéraire, a pensé qu’il était possible d’augmenter la culture de cette plante au point de ne plus recourir à l’étranger. Pour juger de l’augmentation dont cette production est susceptible, le Roi a déterminé de faire constater de la manière la plus précise la quantité de terrain qui est propre au chanvre dans chaque province. » (Lettre adressée au Maire Consul de Mandelieu, le 5 juin 1779 par Jacques Necker, conservée aux Archives Municipales de Mandelieu – HH1 : « Culture du chanvre », 1779).

1803 : Napoléon ordonne aux préfets de semer

Le 18 février 1803, Napoléon Ier encourageait la culture de cette plante, autrefois essentielle à la fabrication des cordages de la marine militaire : « Paris, 29 pluviôse an 9, Ordre 6585 : Faire semer en France du chanvre. Le ministre fera connaître la quantité de cette denrée qu’il peut acheter cette année. Le ministre la répartira entre les différents départements et arrondissements, en donnant ordre aux sous-préfets et préfets de la faire semer dans les communes. Ils donneront l‘assurance que ce chanvre sera acheté à un prix déterminé, rendu dans un point central désigné. Bonaparte. » (Archive de la marineCorrespondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, Tome 8, p. 207, 1861).

A la semaine prochaine pour un nouvel épisode de l’Histoire du chanvre!

Alexis Chanebau

 

Ecrivain, historien et encyclopédie vivante de l’histoire du cannabis , Alexis Chanebau a écrit plusieurs livres sur la belle plante dont le remarquable ouvrage “Le chanvre, du rêve aux mille utilités!“, disponible sur ici sur Amazon

 

Quand le cannabis fait foi: ces reliques en chanvre qui ont forgé le christianisme

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Si le cannabis est diabolisé depuis une cinquantaine d’année, l’Histoire nous compte une toute autre approche de la belle plante. Indissociablement lié à la religion ainsi qu’à la royauté, le chanvre accompagne vers l’éternel quatre figures majeures du christianisme que je vous propose aujourd’hui de redécouvrir.

LE « SAINT CHANVRE »

Il s’agit d’un morceau de la corde censée avoir lié les mains du Christ à la Croix lors de la Crucifixion, elle porterait, dit-on, les traces du sang de Jésus. Cette relique déposée, d’après la tradition, par Sainte Hélène au 4ème siècle, est toujours visitable au monastère de la Sainte-Croix (Timios Stravos) à Omodos, l’un des plus anciens de Chypre, fondé vers l’an 200.
Sainte Hélène était la mère de l’empereur romain Constantin 1er, qui décréta le christianisme religion officielle. C’est à la suite d’un pèlerinage et de fouilles à Jérusalem, sur le lieu du Calvaire, qu’elle découvrit la Sainte Croix. De retour vers Rome, elle fit escale à Chypre en 327, à l’âge de 80 ans, pour y faire ce don sacré.
De nombreux miracles furent attribués à ce Saint Chanvre et la chapelle devint un lieu saint pour tous les chypriotes.

Le Saint Chanvre: il faut le voir (ou le fumer) pour y croire.

LES SANDALES DU CHRIST

Résultats d’analyses (microscope à balayage électronique, analyse spectrométrique) du professeur Gérard Lucotte, directeur de l’Institut d’anthropologie génétique moléculaire, concernant la Relique des Sandales du Christ :
« Les trois couches originales de la sandale : au-dessus une couche fine de chanvre (étudiée) ; au milieu une couche épaisse de palmier oriental (étudiée, sang en étude) ; au-dessous une couche fine en bois (olivier ? en étude). » L’or identifié fut daté de l’antiquité et le sable d’aragonite découvert sur le cuir, se retrouve spécifiquement à Jérusalem.

En 2005, Gérard Lucotte sera tenu à l’écart par la communauté scientifique : analysant la tunique d’Argenteuil, il affirmera y avoir  retrouvé l’ADN du Christ, reconstituant « le portrait d’un homme d’origine moyen-orientale, à la peau blanche, opiomane et porteur de morpions. »
Don du pape Zacharie en 752 au roi Franc Pépin III, ces reliques furent rapportées de Jérusalem à Rome par Sainte Hélène en l’an 327.
Elles sont aujourd’hui exposées à la basilic de Prüm en Allemagne.

Les sandales du Christ

LE LINCEUL DE PHILIPPE Ier (1052-1108)

La tombe de ce roi de France fut découverte le 1er juillet 1830, dans l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (45730). Son corps avait été enveloppé dans une longue cape rouge tissée, après analyse, avec « une armure de toile, chaîne et trame de chanvre, une deuxième trame de laine a été passée, entre deux fils de trame chanvre. » (A. France-Lanord, La tombe de Philippe 1er à Saint-Benoît-sur-Loire, p. 377, 1992).

Ce 4ème roi capétien, au 3ème plus long règne de l’histoire de France (48 ans), fut inhumé à Fleury car ayant été excommunié pour avoir répudié sa femme, Berthe de Hollande, il ne désirait pas être enterré à côté de ses ancêtres, dans la basilique royale de Saint-Denis.
Sa sépulture est la seule d’un souverain français médiéval à n’avoir été ni violée, ni déplacée de son emplacement original.
D’autres linceuls de chanvre sont attestés, dont celui de la reine mérovingienne Arégonde (520-580), épouse de Clotaire 1er (basilique Saint-Denis).

Philippe 1er, inhumé dans une cape de chanvre pour l’éternité

LE CILICE DE SAINT LOUIS

Ce gilet porté par le célèbre roi, est encore en parfais état aujourd’hui. Composé de crin et de chanvre, il est daté aux alentours de 1260. C’est l’un d’un des trois seuls vêtements royaux du 13ème siècle conservés en France. Une étiquette porte l’inscription : « C’est la haire saint Louis roy de France ».

Le Silice de Saint Louis.

Il est exposé à l’église Saint-Aspais de Melun, France
Le fait que ses reliques soit composées de cannabis sativa rend crédible leurs authenticités, appuyé par le précepte In dubio pro traditione : en cas de doute, priorité à la tradition!

A la grande Joséphine, le cannabis reconnaissant

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Alors que Joséphine Baker entre au Panthéon, Zeweed rend hommage à la plus Frenchy des américaines. Retour sur la vie mouvementée d’une chanteuse, danseuse, icône féministe, mère de 12 enfants et grande amatrice de cannabis qui n’hésitera pas à risquer sa vie pour la Résistante durant la seconde guerre mondiale.

Née en 1906 à Saint-Louis dans le Missouri, Freda Josephine McDonald a longtemps vécu dans la pauvreté la plus complète, dormant dans la rue et survivant de restes qu’elle trouvait dans des poubelles. À 15 ans son frère parvient à lui dégoter une audition pour participer à la revue d’un spectacle de Music-hall.
Avec pour seule arme une énergie débordante, un joli minois et un sourire en passe de devenir légendaire, elle décroche non seulement l’audition, mais devient rapidement la choriste la mieux payée du moment.

Le cannabis étant étroitement lié à l’histoire du Jazz aux États-Unis, c’est au contact des musiciens noirs qu’elle fait rencontre la marijuana.
Après avoir subi les affres du racisme toute sa jeunesse, elle achète avec ses économies un billet aller simple pour  la France, pays plus tolérant avec les artistes de couleur. Elle a 19 ans.

À Paris aussi son succès est immédiat. La  “Danse sauvage” qu’elle exécute presque nue avec un pagne couvert de banane en plastique devient légendaire. Une danse qui pourrait relever d’un esprit colonialiste moralement discutable. Elle en fait une satire, clamant son indépendance et sa liberté.

Dans le livre écrit par son fils Jean-Claude Baker “Josephine: The Hungry Heart”, il raconte que la diva invitait souvent des amis à fumer et à débattre avec elle avant chaque représentation. Dans cette même biographie, nous trouverons aussi le témoignage de Phillip Lesshing, 23 ans et bassiste dans l’orchestre de Buddy Rich:
“Une fois Joséphine a invité plusieurs d’entre nous à venir dans sa loge et à essayer un très bon reefer. Je suis descendu avec Harry ‘Sweets’ Edison, le trompettiste et Buddy Rich, et nous avons fumé de l’herbe avec Josephine Baker… mais la marijuana n’a pas affecté sa performance. Jamais ».

Jazz & reefers

L’herbe fait partie intégrante de sa vie, de son processus de création et elle n’hésite pas à partager sa passion avec ses proches. Après une tournée elle offrira  en cadeau de départ à Buddy Rich et à son orchestre, une coupe en or (à l’instar de celles offertes aux sportifs ) qu’elle avait fait graver des noms de toute l’équipe et remplis de cannabis.

Joséphine est une pionnière dans bien des domaines. Non contente d’être aussi une des premières artistes ouvertement bisexuelle de l’histoire du Show-biz français, Joséphine n’a pas peur de s’afficher en compagnie d’une grande variété de partenaires.
Son aura de scandale explique peut-être le succès gigantesque de son single: J’ai deux amours, qui est sa déclaration d’amour à la France.

Espionnage et microfilms

Devenue française en 1937, l’année de son mariage à un juif, elle va devenir espionne pendant la Seconde Guerre mondiale, cachant les informations dans ses partitions grâce à de l’encre invisible et démasquant de nombreux espions nazis grâce à un microfilm caché dans son soutien-gorge.
Elle reçoit en 1948 la croix de guerre et la rosette de la résistance lors d’une cérémonie en son honneur, toujours d’après son fils elle aurait fumé un joint le soir même.

Activiste avant l’heure, Joséphine continue à se battre pour ce qu’elle croit jusqu’à la fin de sa vie. Elle retourne dans les années 50 aux États-Unis usant de sa célébrité pour défendre les droits des afros américains. Elle fait le tour du pays refusant, quel que soit le prix, de jouer dans des salles appliquant la ségrégation.

Mère poule aux 12 enfants

Sa famille, constituée de 12 orphelins qu’elle baptise “tribu arc-en-ciel” en raison de leurs origines variées, lui coûtera une bonne partie de sa fortune, mais jamais son sourire.
Son fils Jean-Claude décrit une mère aimante et attentionnée même dans les jours les plus sombres.
Elle s’éteint  à 68 ans, au lendemain d’une représentation honorant ses 50 ans de carrière.


C’est encore à ce jour la seule femme d’origine américaine qui a jamais reçu les honneurs militaires complets; lors de ses funérailles à la Madeleine le 15 avril 1975.
Ultime honneur, Joséphine Baker reposera dorénavant au Panthéon, édifice sur lequel est inscrit en grandes lettres “Aux grands hommes, la patrie reconnaissante“.
De quoi faire rire Joséphine pour toujours.