Alors que les arbres ont retrouvés leurs verts habits et que les bourgeons éclosent à chaque branche, Zeweed fait honneur au plus naturel des mouvements : le Flower Power.
Tout comme “faire l’amour pas la guerre”, “Flower Power” est un des slogan utilisé par les hippies à la fin des années 60. La fleur devient alors le symbole de l’idéologie Peace and Love. L’expression est née durant le Summer of Love de 1967, grand rassemblement estival qui se tint à San Francisco durant lequel les participants avaient pour consigne de porter des fleurs dans les cheveux et d’en distribuer autour d’eux. Les baby-boomés aux pieds nus devinrent alors les « Flower Child », s’illustrant dans des coups d’éclat verdoyants comme offrir une rose blanche aux policiers pendant une manifestation ou glisser des chrysanthèmes dans les fusils des forces anti-émeutes.
Sur la route du Flower Power
C’est paradoxalement sur le macadam et sous la plume de Jack Kerouac -un énervé pas peace du tout- que le mouvement est né. Si l’auteur de “On the road” est considéré comme le parrain du Flower Power, il est loin d’être un doux rêveur qui fume des joints en courant nu dans les champs. Kerouac boit trop, il est bagarreur, ses cheveux sont courts et gomminés.
Il n’en sera pas moins le premier écrivain US à revendiquer la non-violence, la liberté de vivre librement une sexualité libérée et le droit de se péter joyeusement la tête. Avec Ginsberg, Burroughs et Corso, il sera parmi les premiers militants radicaux, pacifiques et politiquement très engagés. Le message anti-guerre, Kerouac et sa bande le fera passer en brulant en public leurs ordres de mobilisation pour le Vietnam, en appelant à la désobéissance civile, au rejet de la société de consommation et ces valeurs traditionalistes.
Les hippies prônent un nouvel art de vivre, entre autres basé sur les philosophies orientales et la liberté sous toutes ses formes : cheveux longs, vêtements indiens, nudité des corps, liberté de l’amour, usage massif de cannabis et d’hallucinogènes et surtout refus de toute forme d’aliénation aux codes de la société américaine bien pensante.
Bien qu’elle n’ait pas radicalement changé la société, la philosophie hippie et ses codes auront significativement marqué la culture occidentale. Parmi les héritages légués par la génération Peace and Love: l’égalité des rapports hommes-femmes, le refus de discrimination des minorités, la liberté sexuelle et celle de décider de son corps (avec l’avortement ou le droit de mourrir comme on l’entend).
Cheveux longs, idéaux écourtés
Que ce soit via le Pop Art, le living theatre, le cinéma, la musique ou la politique, Kerouacs et ses disciples ont laissé un héritage fondamental. Ce retour aux sources donnera par exemple un sérieux boost aux mouvements écologistes.
Mais le message a bu la tasse. Coulé par le cynisme des années 80 avant d’être ringardisé par le tout digital, le rêve Hippie a fait naufrage. Aujourd’hui, porter des fleurs dans des cheveux longs relègue en un clic à la case soixante-huitard attardé, arborer un costar fleuri ne fait plus rebelle, ça fait Laurent Voulzy. Dommage.
Retour de fleurs
Nous avons chassé le naturel? Il ne tient qu’à nous de le faire revenir au galop. Ne serait-ce que pour nous faire croire en la décroissance et peut-être sauver le globe. D’ailleurs, la contestation monte et la jeunesse qui nous interpelle. Cette contestation, il nous faut l’arroser pour la faire grandir. Courageusement qui plus est, trop attachés que nous sommes à notre existence d’urbains mariés et cocus de la grande consommation. Pas facile de prôner l’ascétisme sous le Soleil quand on est scotché à Tinder. Pas facile, mais vital.
On the road again?