Cinema

Interview : Tommy Chong, pionnier de la stoner-comédie

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A 85 ans, Tommy Chong est sans nul doute le plus célèbre des activistes de l’herbe. De ses débuts en tant que musicien dans un strip-club au statut de star du box-office en passant par la case prison avant un come-back salué, le parcours du plus fumé des canadiens force le respect. Après un demi siècle de militantisme, Tommy Chong peut enfin rouler un doobie en paix : en Californie, où il réside, son combat pour la légalisation du cannabis est gagné. Zeweed l’a rencontré pour discuter spiritualité, religion, santé et ganja.

Quand on décroche une interview avec Tommy Chong, on s’attend à parler de beaucoup de choses, mais pas forcément de Dieu et de l’existence éternelle.
Tout commencé avec une question simple portant sur sa bataille contre les deux cancers qui l’ont atteint et des effets bénéfiques du cannabis sur sa santé.

Cheech et Chong, ancêtres made in USA des frères pétard

« J’ai ma propre théorie sur l’herbe. Soit l’observation d’un profane, oui, mais aussi celle d’un connaisseur» me glisse Tommy de façon complice.
« Notre système immunitaire est la clé de toute guérison. Et notre système immunitaire ne peut pas fonctionner correctement quand il est en alerte constante. C’est pourquoi le repos est si important et pourquoi , quand nous sommes malade, l’approche de la médecine conventionnelle consiste à nous isoler sur un lit d’hôpital, loin de tous stress ou distractions négatives.  »

« L’herbe m’a permis de vaincre mon cancer »

Ce que Tommy appelle « l’observation d’un profane » est en fait un postulat médical avéré.
« Lorsque nous sommes stressés, notre corps devient plus sensible aux infections et aux maladies. C’est parce que l’hormone du stress -le cortisol- déclenche en nous une réaction ancestrale de lutte ou de fuite, et diminue par incidence le nombre de lymphocytes (ou globules blancs NDLR) dans notre sang. En conséquence, notre corps devient moins efficace pour lutter contre les agressions extérieures.
Ce que fait le cannabis, c’est de vous placer dans un état de repos. Dès lors, votre système immunitaire, qui n’est pas solicité pour lutter contre des agressions exogènes, peut se concentrer sur le corps et assurer son fonctionnement harmonieux. » poursuit Tommy.
« Mais la vraie guérison n’est pas physique : le remède ultime est le remède spirituel. Je suis persuadé que l’herbe m’a permis de vaincre mon cancer« .

« Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire »

Pour Tommy Chong, le remède spirituel réside dans une connexion profonde et personnelle avec Dieu.
« Je sais que Dieu m’aime. Et quand les gens me demandent comment je le sais, je leur dis « avez-vous vu ma femme ? » s’amuse  l’humoriste (marié à la sublime Shelby Chong) en accompagnant sa blague d’un rire aussi profond que guttural.
« Quand vous avez ce lien étroit avec Dieu, vous pouvez tout conquérir», me dit-il alors qu’il a repris un ton sérieux. « Et mon contact avec Dieu a permis à mon corps d’y croire« .

Tommy s’arrête un instant, repensant à son enfance sans le sous et cette petite bicoque au fin de l’Alberta, au Canada, dans laquelle il a passé son enfance et adolescence.
« C’était la maison la moins chère, la seule que mon père pouvait nous offrir. Il l’a acheté sur un coup de chance pour quelque chose comme 500 dollars. »

Tommy Chong: toujours bien équipé pour arriver au 7ème ciel

Aujourd’hui, Tommy prend mon appel depuis son domicile niché sur les hauteurs de Pacific Palisades, un des plus beaux quartiers ne à Los Angeles, entre Malibu et Santa-Monica.
Il y a quelques jours, la maison d’un de ses voisins a été vendu pour 50 millions de dollars. « Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout. Ma femme et ma famille s’occupent de tout cela. Moi, je suis juste assis ici et je reste en contact avec Dieu » s’amuse Chong en souriant paisiblement.

« Je n’en revient pas d’habiter dans un endroit où une maison coûte littéralement 10 000 fois plus cher que celle où j’ai grandi. Même si fondamentalement, je m’en fout »

Pour lui, se connecter avec Dieu, ou son « higher power » (sic) comme il l’appelle parfois, est une pratique simple : «Nous sommes tous de Dieu. Toi, moi, le monde entier. Tout le monde. Les bons, les mauvais, chaque créature vivant sur terre. Nous sommes tous des êtres éternels, que vous vouliez le croire ou non».
L’autre moitié du célèbre duo Cheech et Chong se souvient avoir lu récemment un journal que chaque goutte d’eau qui était sur terre au commencement est toujours là aujourd’hui, sous une forme ou une autre.

« Nous sommes constituées à 90% d’eau ». Chez Tommy Chong, les 10% restant sont d’origine végétale.

« En tant qu’humains, nous sommes constitués à 90 % d’eau. Il est donc scientifiquement prouvé que 90% de nos particules ont toujours été ici, sous une forme ou une autre. Alors pourquoi pas les 10 % restants ?  Nous sommes des êtres éternels. Rien ne disparaît. Nous réapparaissons simplement sous une autre forme. C’est aussi un karma physique« .
En tant qu’êtres éternels, Tommy croit que nous existons dans deux mondes : un qui est physique et un qui est spirituel.
« Dans le monde physique, il y a un conflit constant. Il y a des contraires. Dans le monde physique, vous ne pouvez pas avoir de haut sans bas, vous ne pouvez pas avoir de justes sans injustes, vous ne pouvez pas avoir Joe Biden sans Donald Trump« .

Et tout comme il y a la possibilité de faire le bien, ou de « rester sur la bonne voie » comme le dit Tommy, il y a aussi la possibilité de faire le mal.
« Dans l’histoire de notre existence, nous avons vu à quel point la vie peut être brutale » se souvient-il en évoquant son incarcération.  « Mais seulement jusqu’à un certain point, puis vous partez, vous entrez dans le monde spirituel. Et dans le monde spirituel, il n’y a rien d’autre que l’amour« .

« Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Sinon, on est mal barrés. »

Notre passage dans ce monde physique est selon Tommy une opportunité de grandir, de s’élever. Il compare cela à l’école ; profitez-en pour faire le bien et vous vous élèverez. Choisissez le contraire, et vous régresserez.

« En tant qu’êtres humains, nous avons un devoir : celui de s’entre-entraider. Parce que nous venons tous de quelque chose, d’une trame universelle. Non, nous n’apparaissons pas par magie, même si l’Église catholique voudrait nous faire croire qu’il existe une conception immaculée !« . Tommy laisse échapper un grand rire chaleureux.
« Lorsque vous entrez dans le monde physique, vous devez être physique, et c’est ce que nous faisons. Et il doit y avoir des contraires, donc il y aura toujours des opposants et des opposants. Et si vous regardez les pourcentages, ils sont quasiment égaux. Je veux croire que le bien a toujours un léger coup d’avance sur le mal. Tout du moins est-ce ma façon de voir les choses. Sinon…on est mal barrés« .

Hollyweed : la ganja au cinéma en 8 films

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ZEWEED célèbre en 8 films  la relation centenaire complice, déchirante et passionnelle entre le grand-écran et la fumette. Rétrospective pour élargir ses perspectives…

Reefer Madness (1936), ou comment Hollywood, bien qu’enfumé, édifia le cannabis en substance diabolique

À Hollywood, il était tacitement acceptable de fumer un joint ; la plupart des travailleurs du cinéma étaient de temps à autre complètement high. Pourtant, à l’écran, les quelques films de l’époque traitant de la substance sont des pamphlets redoutables et exagérés. C’est qu’en cette fin des années 1920, début des années 1930, une importante campagne anti-herbe a envahi la presse sensationnaliste et s’impatiente de s’en prendre au 7e art. Dès 1933, commencent à s’enchaîner des productions qui font de la marijuana une substance absolument démoniaque. C’est dans ce contexte qu’une communauté religieuse chrétienne commande au réalisateur Louis J. Gasnier, l’aujourd’hui culte Reefer Madness (Stupéfiants dans sa version française), qui, initialement, était destiné à être projeté dans les écoles. Dans Reefer Madness, une bande d’adolescents rencontre un dealer de cannabis qui, tour à tour, leur fait fumer leur premier joint. Les conséquences sont atroces et inimaginables : un premier renverse un piéton et, rongé par la culpabilité, perd totalement les pédales pour finir neurasthénique dans un asile de fous ; une autre manque de se faire violer avant d’être accidentellement abattue par son copain, qui est en pleine hallucination ; un autre encore, bat à mort le dealer avec une matraque, pendant qu’une dernière est traversée par une crise de rires spasmodiques et incontrôlables, avant de se jeter par la fenêtre à cause d’un adultère. Voilà de quoi vous faire une petite idée de l’ambiance du film et du pouvoir extraordinaire que donnèrent les scénaristes d’Hollywood, probablement défoncés et en pleine crise de paranoïa, au cannabis. D’ailleurs, dans les années 1970, le film a paru tellement excessif qu’il en est devenu culte. Il est entré dans les classiques des midnight movies, aux côtés de films comme El Topo d’Alejandro Jodorowsky (1970) ou Eraserhead de David Lynch (1977).

Militantisme : 0/5
Degré de yeux rouges : 5/5
Impact sociétal : 5/5
Qualité cinématographique : 1/5

 

Easy Rider (1969), ou comment les hippies firent souffler un vent nouveau et capiteux, mais aussi diablement rentable sur le cinéma

Dans une ville comme Los Angeles, à la fin des années 1960, être sous influence du mouvement hippie n’a rien d’exceptionnel, et il faut imaginer que des mecs comme des agents immobiliers pratiquent le Yoga Hatha, mènent une vie sexuelle délurée et sont fascinés par des notions telles que les vies antérieures ou le voyage astral. Pourtant, sur les écrans, rien de nouveau : défoncé, tard dans la nuit, toujours les mêmes westerns avec John Wayne ou les commissaires délavés de Felony Squad. Ainsi, la sortie du film Easy Rider intervient comme un véritable réalignement des planètes entre Hollywood et ses spectateurs ; un vrai petit miracle. Pourtant, l’idée est simple : Dennis Hopper, acteur encore partiellement célèbre et longtemps banni des studios, reçoit un coup de fil de Peter Fonda lui proposant de « faire un road trip avec deux mecs, des motos, du sexe, de la came et des bouseux en pick-up qui les flinguent ». Pour une somme dérisoire, le fils du patron de Colombia Pictures les produit. Le tournage sera chaotique ; le scénario n’est que partiellement écrit, car leur script doctor s’est fait la malle ; Dennis Hopper, qui vient de se faire larguer par sa femme, est tout le temps défoncé et n’arrête pas d’insulter les techniciens ; presque toutes les scènes sont improvisées ; et, qui plus est, Jack Nicholson est le seul interprète à connaître ses lignes. Pourtant, à la fin du tournage, ils sont convaincus du chef-d’œuvre. À Cannes, le film est un franc succès et, malgré un accueil mitigé de la critique américaine, Easy Rider explose au box-office et devient l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. Pour la première fois sur la toile, la marijuana est représentée comme un moyen de subvertir le regard, d’ouvrir de nouvelles perceptions ; elle n’est plus seulement dangereuse mais émancipatrice, créatrice d’un trip existentiel, permettant au montage toutes les audaces formelles et sensibles. Easy Rider deviendra le film culte d’une génération.

Militantisme : 4/5
Degré de yeux rouges : 5/5
Impact sociétal : 5/5
Qualité cinématographique : 4/5

Taking Off (1971), ou comment administrer une leçon de fumage de joint à des parents inquiets

Forts du succès d’Easy Rider, les producteurs d’Hollywood abandonnent studios et films à gros budget, pour récupérer de jeunes réalisateurs subversifs. Parmi eux, Milos Forman : enfant terrible de la nouvelle vague tchèque, fraîchement arrivé aux États-Unis, après avoir échappé à la sanglante répression du Printemps de Prague, en 1968. Il a déjà réalisé trois films aux narrations novatrices et aux tons irrévérencieux. Taking Off est son premier film américain. Le tournage commence l’été 1970 à New York : casting sauvage, budget minimum, aucune vedette, aucune barrière, ni coiffeur, ni maquilleur, ni loge, ni caravane. On y suit Jeannie, quinze ans, qui a fugué de chez ses parents pour vivre avec un chanteur hippie, puis ceux-ci, partant à sa recherche et arpentant les rues du New York baba cool en costard trois-pièces et tailleur Chanel. S’enchaînent les ballades folks et les scènes cocasses et satyriques jusqu’à l’instant paroxystique où un groupe de darons se fait administrer une leçon de fumage de joint en bonne et due forme. Avec Easy Rider, Taking Off posera les premières pierres du nouvel Hollywood. Cette génération de réalisateurs américains inspirés par la Nouvelle Vague et le néoréalisme italien, réalisera une succession de films révolutionnaires, de M.A.S.H. de Altman à Conversation secrète de Coppola, en passant par Taxi Driver de Scorsese, qui décrasseront la représentation de la société américaine, tout en faisant la joie des gros studios, car ils coûtent si peu à produire et rapportent tellement. Peu à peu, le discours de ces jeunes réalisateurs s’estompera, digéré par les géants comme la Warner ou la Fox, et la fumée du joint disparaîtra emporté par les vents glacés de l’échec de 68, Nixon, Giscard ou encore la Manson family, avant que le spectateur ne se réveille définitivement pour le bad trip que vont être les années 1980.

Militantisme : 3/5
Degré de yeux rouges : 4/5
Impact sociétal : 4/5
Qualité cinématographique : 4/5

 

Midnight Express (1978), ou comment traumatiser une génération d’adolescents à propos du cannabis

Dix ans ont passé depuis la folle équipée de Dennis Hopper : la fin d’un rêve, d’une parenthèse enchantée. Nixon est passé par là, les punks chantent « No Future », les soixante-huitards dépriment, et les derniers terroristes du flower power vivent planqués comme des cafards. Le pire sera encore à venir : Reagan, les golden boys et leurs décapotables, et le durcissement des peines requises dans les tribunaux… La « War on Drugs » carbure à plein régime et, au même titre que l’héroïne, le cannabis a été désigné comme ennemi public numéro un des États-Unis. C’est dans ce climat global que le réalisateur britannique Alan Parker décide d’adapter le témoignage de William Hayes ; jeune Américain qui a bien failli passer trente années dans une prison turque pour avoir tenté de sortir du pays avec deux kilos de cannabis, avant de parvenir à s’évader dans des circonstances qui sont restées jusqu’à aujourd’hui assez floues (à la nage, en barque, avec ou sans l’aide de la CIA…). Le scénario est confié au tout débutant Oliver Stone qui, on le sait maintenant, n’allait pas toujours faire dans la dentelle. De la surdramatisation du script allait naître une image mensongère mais saisissante de la Turquie, que Stone et Hayes désavoueront eux-mêmes plus tard. La prison a des allures dantesques, remplie de cavernes et de tunnels parallèles ; la plupart des Turcs portent des fez, ce qui revient à peu près à mettre des hauts-de-forme à des Français des années 1970 ; les gardiens sont d’une très grande cruauté, souvent huilés et toujours adeptes du viol. Autant de clichés racistes qui allaient pour longtemps collés à la peau des Turcs, si bien que le film, là-bas, sera interdit jusqu’en 1993. Pour autant, avec sa B.O. géniale et novatrice signée Giorgio Moroder et sa grande puissance tragique et existentielle, le film allait marquer tout l’inconscient collectif d’une génération ; étrange avertissement subliminal des châtiments terribles que peuvent attendre des adolescents boutonneux au moment de fumer leur premier joint.

Militantisme : 3/5
Degré de yeux rouges : 4/5 
Impact sociétal : 4/5
Qualité cinématographique : 4/5

Friday (1995), ou comment la black exploitation lança l’inépuisable filon des stoner movies et redora l’image de la marijuana

Après le vide qu’ont représenté les années 1980, le cannabis fait un retour en force au cinéma dans les années 1990. Clinton vient d’être élu ; la loi s’est assouplie et, d’ici un an, la Californie va être le premier État à légaliser l’herbe. À la même période, le hip-hop prend une telle ampleur que certains rappeurs deviennent d’énormes personnalités médiatiques et passent régulièrement au cinéma. C’est le cas d’Ice Cube, membre fondateur de N.W.A. qui a déjà tourné dans Boyz n the Hood – un des premiers drames où l’on dépeint frontalement la violence des ghettos (le film inspirera largement La Haine de Kassovitz, en 1995). Ice Cube veut remettre le couvert mais, cette fois, avec un film de sa propre initiative. Il veut faire une chronique de Compton, par-delà l’image parfois éculée et sensationnaliste de la violence des gangs ; ce sera une comédie, un stoner movie. Le pitch est simple et deviendra un classique inépuisable : deux hédonistes (ici, Ice Cube et le plus tard célèbre Chris Tucker) dont l’un (Ice Cube) vient de se faire virer, passent l’après-midi ensemble à fumer des joints dans leur canapé. Ajoutez à cela un élément perturbateur (ce pourrait être une bande de nazis super méchants qui vous prennent pour un autre, ou une grosse dalle avec un fast-food comme une quête du graal, ou bien d’être carrément pris en chasse par des psychopathes du KGB…), les deux buddies doivent 200 balles à un dealer avec une coupe de cheveux inquiétante qui les menacent de les abattre de deux balles dans la tête s’ils ne le remboursent pas d’ici demain. Suivra une succession de rencontres hallucinée dans le ghetto, drôles, souvent tendres, toujours édifiantes ; faisant du film un portrait loufoque mais sensible du South Los Angeles. Pour la première fois, le cannabis est représenté au cinéma sans inquiétude, avec une vraie légèreté. Friday ouvrira la voie à des dizaines et dizaines d’autres stoner movies.

Militantisme : 4/5
Degré de yeux rouges : 5/5 
Impact sociétal : 4/5
Qualité cinématographique : 4/5

 

 

The Big Lebowski (1998), ou comment les Coen firent un crochet par la comédie cannabique

En 1998, la réputation des deux frères n’est plus à faire : depuis Blood Simple (Sang pour sang, 1984), ils ont multiplié les prouesses cinématographiques, entre thrillers implacables et comédies macabres, créant une vision inédite des US, peuplés de loosers magnifiques évoluant dans des trames cauchemardesques et kafkaïennes, jusqu’à remporter la Palme d’or en 1991, avec l’hollywoodien et introspectif Barton Fink. Depuis quelques années et leur rencontre décisive avec Jeff Dowd (producteur nébuleux de L.A., ex-militant anti-Vietnam War qui, dans les années 1960, purgea une petite peine de taule pour ses exploits en manifs), les Coen mûrissent les aventures d’un alter ego de celui-ci, à la différence qu’il ne pratique pas le softball mais le bowling – sport encore largement plus épicurien. Pour l’incarner, ils choisiront Jeff Bridges qui semble avoir été le Dude toute sa vie. Ce personnage culte prendra forme à coups de détails savoureux ; à commencer par ce peignoir trop petit dans lequel il se trimballe partout, son énorme consommation de joints roulés à la marocaine, son obsession pour les White Russian et ses habitudes dans un fameux club de bowling où il retrouvera, tout le long du film, une galerie d’énergumènes hilarants, dont son meilleur ami, Walter Sobchak – synthèse entre un hippie et un fan d’armes à feu. Mais, rapidement, sa dolce vita va se retrouver bouleversée par un quiproquo aux allures de complot qui a tout d’un bon coup de paranoïa, à la suite d’une consommation excessive, rassemblant des néonazis accompagnés d’un furet mangeur de couilles, une artiste juchée sur une balançoire faisant une action painting à l’accent particulièrement vaginal, ou encore un magnat philanthrope et lugubre à la recherche de sa toute jeune deuxième femme dont les ravisseurs semblent avoir coupé un gros orteil qu’elle venait d’avoir soigneusement verni. Ce stoner movie des Coen, aux accents assumés de roman de Chandler, est devenu tellement mythique qu’une religion vénérant le Dude et son mode de vie a été créée : le Dudéisme.

Militantisme : 1/5
Degré de yeux rouges : 5/5 
Impact sociétal : 4/5
Qualité cinématographique : 5/5

 

Pineapple Express (2008), ou comment le stoner movie devint aussi pop qu’une paire de Converse

Près de la moitié des États d’Amérique ont légalisé le cannabis ; le capitalisme s’est finalement rendu compte que la verte était plus que rentable. En France, la loi s’est en partie assouplie, et fumer un joint n’est plus seulement réservé aux jeunes babas cool ou aux vieux marginaux. La plupart des ados consomment entre les cours, et des darons coincés fument leur petit « pétou » comme on dégusterait un verre de bourgogne. C’est dans ce contexte que débarque Pineapple Express (Délire Express dans sa version française), énième stoner movie depuis que le genre a complètement explosé à la fin des années 1990, début des années 2000. Pourtant, Pineapple Express marquera les esprits comme un grand cru. Seth Rogen y joue un jeune huissier branleur, fumant joint sur joint, maqué à une meuf encore au lycée, meilleur ami avec son dealer attitré, joué par l’éternel des stoner movies : James Franco. Tout roule, jusqu’au jour où Dale Denton (Seth Rogen), après être allé pécho la fameuse « Pineapple Express » (variété de cannabis aux effets particulièrement considérables), est témoin, alors qu’il s’apprête à faire une saisie, d’un meurtre commis par un gangster et un flic corrompu. Il est repéré et, prenant la fuite, laisse derrière lui un joint de la fameuse variété. Il se réfugie chez son dealer, mais les deux assassins, grâce au pétard, les prennent facilement en filature. Commence alors une course-poursuite hilarante et baroque où les deux meilleurs amis découvriront leurs multiples talents cachés et la force de la relation qui les unit. Aux États-Unis, le film a eu un tel succès qu’il a détrôné au box-office le dernier Batman.

Militantisme : 1/5
Degré de yeux rouges : 5/5 
Impact sociétal : 4/5
Qualité cinématographique : 5/5

Inherent Vice (2013), ou comment finir cette liste par un ultime trip karmique

Adapté du roman éponyme de Thomas Pynchon, grand manitou de la littérature postmoderne américaine à la prose particulièrement déliée et psychédélique, le film de Paul Thomas Anderson a des allures de labyrinthe dans lequel il serait bon de se perdre. L.A., années 1970 : Doc Sportello, détective à gros charisme, incarné par Joaquin Phoenix, fume joint sur joint et nage dans les eaux troubles d’un mauvais complot karmique avec une détente désarmante. Le cannabis donne à Sportello une sorte de sixième sens, et la trame avance, hallucinée, toujours à la lisière entre paranoïa et extrême lucidité. Pour les besoins de l’enquête (dont le raisonnement logique nous échappe toujours, même après trois visionnages) se succède une galerie de personnages étranges et exubérants, comme des apparitions dans le brouillard des fumées d’un rêve ou d’un cabinet d’opiomane : magnat juif de l’immobilier adhérant aux fraternités ariennes, masseuse thaïe au talent de détective, dentiste cocaïnomane, membre d’un consortium qui vend de l’héroïne, flics à la John Wayne (ultrasensible mais nixonien), et ex-petite amie entêtante aussi lointaine et impalpable que les nuages… Une fois terminé, le film nous laisse le sentiment étonnant d’un ensemble diablement logique, mais aussi mystérieux qu’une suite d’idées après avoir trop tiré sur un joint. Comme certains chemins qu’empruntent les films de David Lynch, ces scènes désaccordées semblent davantage s’accorder comme des corps que des idées : le sensible l’emporte sur la logique, l’intuition sur la déduction, la matière sur la structure, et ainsi cet ensemble paraît au spectateur incroyablement organique. Bref, rarement un film aura aussi bien restitué l’impression d’être défoncé et rarement le cannabis nous aura paru aussi poétique.

Militantisme : 4/5
Degré de yeux rouges : 5/5 
Impact sociétal : 1/5
Qualité cinématographique : 5/5

 

Par Bartholomé Martin

Spécial Cannes & Fête des mères : Mother! de Daren Aronofsky

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Alors que la fête des mères approche et que le 77ème  festival de Cannes s’achève après-demain,  ZEWEED revient sur le délirant et luciférien Mother! de Daren Aronofsky. 

Dès le titre, mother!, septième long-métrage de Darren Aronofsky (Requiem for a dream, Black Swan) laisse présager l’importance des signes. Pas de majuscule au début et un signe de ponctuation : les débuts et fins ne sont pas toujours ce qu’on attend. C’est bien de commencement et d’achèvement qu’il s’agit dans ce huis-clos confinant dans une belle maison perdue en campagne le couple a priori irrésistible que forment Jennifer Lawrence et Javier Bardem. De ses mains aimantes et juvéniles, elle a rebâti pièce par pièce, recoin par recoin le foyer familial qu’un incendie lui a arraché. Aucun d’eux n’a de nom, à l’instar des autres personnages qui viennent envahir peu à peu ce nid d’amour encerclé par une forêt tout aussi anonyme. D’entrée de jeu, nous sommes sans repères, et un peu inquiets, comme les premiers mots de la protagoniste. Apeurée de se trouver seul dans son lit au réveil, elle appelle sans conviction son homme : Baby? A l’image d’une bonne partie des plans du film collent à son buste et tournoient avec lui dans la maison, nous allons accompagner cette femme, qui dit à un moment essayer de construire le paradis, dans l’incompréhension.

Sortant comme par magie des bois épais, un homme, disant être médecin, fait irruption. Méprenant la demeure pour un gîte, il y entre, y fume, y boit, y vomit, et accapare l’attention de l’écrivain en manque de reconnaissance que campe Javier Bardem. Ce dernier révèle au docteur le secret de son inspiration : un mystique cristal, trouvé dans les cendres de sa maison d’enfance. Bon Hollywoodien qu’il est, le réalisateur nous tient la main : son film, c’est une histoire de symboles. Pour mieux perturber le calme que la maîtresse de maison peinera tout le film durant à établir, la femme du docteur fait son entrée. Sulfureuse, elle serpente dans la maison, s’aventure et brise par accident le cristal défendu. Suivent ses deux fils qui, à peine arrivés, se battent jusqu’à la mort, à la mode de Cain et Abel. Voilà pour la genèse du film.

Du sang, mother! en prodiguera autant que le Premier Testament.
Spoiler alerte: plein de gens aux allures de zombies meurent, et ça gicle dans tous les sens, Aronofksy ne se refusant pas le potentiel agitateur d’un bon vieux film d’horreur. Quel rôle attribuer à la protagoniste dans cette allégorie diabolique ? Sa condition de mère au foyer paraît inéluctable au point qu’elle entend battre son coeur dans les murs de la maison : elle est la mère-foyer. Elle peint, elle récure, elle fait le manger, tout ça pour que son mari puisse faire son art.
En panne d’inspiration, il lui fait un gosse à la place, et surprise et ça fait bander sa plume. Alors que le ventre de l’une grossit et que le texte de l’autre attire nombre d’admirateurs s’avérant des fanatiques vandales, les dialogues affublent les deux personnages de qualificatifs équivoques. Ceux qu’on peut désormais appeler « l’artiste » face à sa déesse vont se disputer le bébé. L’artiste veut montrer le fruit de sa semence divine, de sa pénétration de l’Inspiration à la foule en délire d’adoration-défonçage de maison, la déesse veut l’en protéger. Je ne voudrais pas gâcher la suite, mais disons qu’avec ce père aussi abstrait et adulé que l’idée de Dieu et cette mère aussi réelle et persécutée que Santa Maria, leur enfant est promis à un avenir… Aussi brûlant, violent et angoissant que celui de l’humanité et de la planète qui, envers et contre tout, l’abrite.

Aux quatre coins de l’écran comme aux quatre coins du globe, la tension et la chaleur monte à mesure que passe le temps. User de symboles permet d’aller plus vite, de se débarrasser des démonstrations et descriptions laborieuses (comme celles des climatologues qui peinent à se faire entendre). Dans l’accéléré d’histoire de l’humanité qu’est mother!, tout finit en flammes, tout est sacrifié. Tout, sauf le Poète, figure totalisante de la création. Qu’elle soit divine ou artistique, cette création ne peut exister sans la mère Nature, qui nourrit autant qu’elle inspire, inlassablement, du début à la fin, et dans un éternel recommencement. Le créateur est sauvé de l’apocalypse qu’ont amenée les pulsions de ses disciples.

 

On pourrait croire que la métaphore biblique est filée jusqu’au bout, car dans ici aussi, c’est l’amour qui sauve. L’amour infini, l’amour pénitence, l’amour sans retour de nos mamans et du Christ. Mais, Dieu merci, ce film n’est pas évangéliste. Là où la Bible sélectionne ceux qui échappent à l’apocalypse en les menant vers d’autres cieux, à la manière des transhumanistes de la Silicon Valley en passe de devenir des agences de voyage vers Mars, Aronofsky et sa chère mother! ancrent cet amour résilient, moteur de l’espoir de vie, en la mère-foyer.

Avec le dernier cri déchirant de cette dernière, le film se clôt pour nous rappeler la souffrance que nous, humains, lui avons causé et lui causerons encore.
Précieux joyau pour les amateurs de symbolisme, mother! dépasse de loin la douteuse catégorie « thriller psychologique d’horreur » où on le loge trop souvent. Hommage funèbre et furieux à une Terre Mère qui se meure pour nous permettre d’être, sinon des animaux, des poètes, le film d’Aronofsky est, comme les plus belles déclarations d’amour, une longue et délicieuse douleur.

Spécial Cannes : 5 classiques du ganja-cinéma

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Qu’elle fasse rire, qu’elle fasse peur, qu’elle vous rende riche ou vous envoie à l’ombre, l’herbe, de sa consommation à son business, est un parfait terreau à scénarios.
Zeweed a passé en revue quelques incontournables «stoner-movies»: de Reefer Madness, Easy Rider à The Big Lebowski.

Reefer Madness (1936).

Peur sur la weed.
Trois ans après la levée de la prohibition sur l’alcool, l’Amérique pudibonde se trouve avec la marijuana, une nouvelle tête de Turc. Commandé en 1936 par une communauté religieuse chrétienne, le film se vouait à être éducatif et projeté dans les écoles.  Mettant en scène des étudiants s’adonnant au vice vert, le moyen métrage est une violente charge contre la consommation de cannabis, objet de tous les maux d’une Amérique bien pensante des années 30 et 40 (chasse aux sorcières fumantes  illustrée dans le très bon LA confidential). L’absurdité des situations comme du message, le tout  interprété par des acteurs qui n’avaient visiblement jamais fumé, fit de Reefer Madness un midnight movie culte.

 

Easy Rider. (1968)

Épique-hippie road movie.
Easy-Rider, prix de la première œuvre au Festival de Cannes 1969 réunit à l’écran Peter Fonda, Jack Nicholson et Dennis Hopper (qui réalisa le chef-d’œuvre). Le trio des belles gueules bad boys de  Laurel Canyon offre une incroyable et inédite performance,  entre coolitude absolue, scandale assumé et cynisme amusé.  L’histoire débute autour de deux bikers, un sexy, un dude (Fonda et Hopper), qui après un très bon deal prennent l’oseille et se cassent, pour traverser les États-Unis à bécane. Ils embarqueront ensuite avec eux Nicholson, rencontré chemin faisant. Quelques scènes légendaires dont celle du (vrai) joint fumé autour d’un feu de camp, ou de la (vraie) psilocybine consommée pendant une scène dans un cimetière s’en suivent, jusqu’à ce que ces Freaks Brothers en Harley voient  leur rêve américain stoppé net par deux pèquenauds, à coups de fusil. 

 

Up in smoke (1978)

Faut trouver le scénar’
Le premier et plus célèbre des stoner movies de Cheech et Chong. Quand le film sort en 1978, Cheech et Chong sont déjà connus aux États-Unis en tant qu’humoristes. Leurs sketches tournent tous autour de la fumette, chacun campant un personnage récurent (le hippie à l’arrêt, le mexicain parano…) dans des mises en scènes cocasses.
Réalisé par Lou Adler (le producteur du groupe The Mama’s and Papa’s ) pour une poignée de dollars, le film remporte contre toute attente, un franc succès, générant un bénéfice de 44 millions de dollars pour 2 millions de billets verts à l’effigie de Georges Washington  investis. Sévèrement rentable.
Le concept du premier opus devient franchise, une série de films du même acabit suivront, tous bien accueillis par les fans de ce nouveau genre. Cheech and Chong’s Next Movie, Still Smokin Nice Dreams Things Are Tough All Over American chicano …

Half Baked(1998)

Stoners de haut vol.
Dave Chappelle,  tout comme Cheech et Chong,  a commencé sa carrière en tant que stand-up comedian. Le pitch: quatre dudes New-Yorkais sont réunis par une même passion : fumer et fumer un peu plus encore, puis aller pécho. Sans le sou, nos comparses se retrouvent soudainement obligés de réunir 100.000$ pour faire sortir leur ami de prison. Ce dernier s’étant retrouvé derrière les barreaux pour avoir tué un cheval avec un paquet de dragibus (l’accident classique). Pour payer la caution de leur ami,  il leur faudra voler de la weed, beaucoup de weed, pour la revendre. . Vol de beuh thérapeutique dans un hôpital pour la revendre, vol de beuh chez un dealer, vol de beuh dans un commissariat … la trame narrative, si elle ne s’envole pas aussi haut que nos amis foncedés, laisse place à quelques très bons gags et dialogues.  On s’amusera aussi des caméos de Willie Nelson ou  Snoop Dog.

 

The Big Lebowski (1998)

L’art du peignoir.
Les frères Cohen, au sommet de leur comique (un scripte implacable, une réalisation impeccable, des personnages devenus légendaires) avec ce sublime portrait du « Dude ». Un Dude, dont les expressions, comportements et codes vestimentaires sont inspirés d’ un certain Jeff Dowd, connaissance des réalisateurs. (Le vrai dude, toujours en vie, continue de couler des jours heureux à Los Angeles.) Si la ganja n’est pas au centre de l’histoire, le film entier, lui, est une ode à la stonitude californienne. La scène de la fête sur la plage de Malibu comme celle du trip de Jeff Bridges qui s’ensuit méritent une attention particulière. Tout comme celles de John « Jesus » Turturro au bowling.
Au casting ;  Philippe Seymour Hoffman en majordome ultra-coincé et hilarant, Steve Buscemi en troisième sidekick déprimant et dépressif, Julian Moore en héritière arty-féministe et Flea, (le bassiste des Red Hot Chili Peppers) en nihiliste allemand.. Un total régal.
Le tout sur une B.O remarquable où les classiques « The man in me » de Bob Dylan, I just dropped in (to see what condition my condition was in) de Kenny Rogers ou encore les reprises d’  « Hotel California » des Gipsy Kings ou du  « Dead Flowers » des Stones, par Town Van Zandt accompagnent majestueusement (c’est le mot) un des favoris de notre sélection..

 

Spécial Cannes : Dune, le chef d’oeuvre jamais tourné de Jodorowsky

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Bien avant l’adaptation de David Lynch puis de Denis Villeneuve, Dune avait été transposé pour le grand écran par Alejandro Jodorowsky. Si le film n’est jamais sorti, il a acquis un statut culte grâce à un scripte qui sert encore de référence dans le cinéma de science-fiction.

En 1973, le réalisateur franco-chilien Alejandro Jodorowsky, dont le nom circule dans monde de l’art contemporain et de la bande dessinée, décide d’adapter Dune, la saga culte de Frank Herbert.
Edité en 1965, Dune est un des textes les plus puissants de sa génération. Une profondeur que l’on doit à sa capacité de détailler un univers Sci-Fi inédit et franchement barré, à la dimension post-apocalyptique.

Entre tragédie grecque, SF et expérimentation visuelle.

L’œuvre parfaite pour Jodorowsky, au carrefour de la tragédie grecque, de la science-fiction et de l’expérimentation visuelle.
Avec ce film, “Jodo” veut faire vivre une expérience unique et psychédélique, inspirée par l’imagerie hippie tout autant que par leurs consommations presque sacrées de stupéfiants.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a choisi Dune. Le « Spice », substance mystérieuse qui permet les voyages intersidéraux, lui évoque son LSD chéri et les conflits qui l’entourent: c’est la War On Drugs des terriens. Une période de répression qui est d’ailleurs à son apogée dans les années 70.
S’il peut envisager de monter ce projet titanesque, c’est parce qu’il jouit d’une renommée internationale grâce à son dernier film La montagne sacrée, un rêve fiévreux notamment produit par un autre amateur de Cannabis : John Lennon. Un grand fan de son travail, qui l’a découvert grâce à la fameuse Yoko Ono (qui était une artiste renommée avant d’être accusée à tort d’avoir brisé les Beatles).

Salvador Dali, Mick Jagger et Orson Welles au casting

De passage à Paris, il recrute le dessinateur Mœbius au story-board, l’artiste suisse H.R. Giger - le futur concepteur de l’esthétique bio mécanique d’Alien - pour concevoir des décors et deux des grands groupes de rock pour la bande originale : Pink Floyd et Magma.
C’est là que le bât blesse. L’artiste est trop ambitieux, il veut faire un film de quatre heures avec David Carradine, Salvador Dali, Mick Jagger et Orson Welles au casting.
Il fait concevoir des vaisseaux géants, des décors grandioses et des créatures qui coûteraient des fortunes à construire.

Pendant les 4 ans de préparation, le réalisateur peine à convaincre les studios d’investir des dizaines millions de dollars.
En outre, en dépit de relations très amicales entre Herbert et lui, il n’a jamais été question d’adapter l’œuvre fidèlement mais — et je cite —  de “la violer avec amour”.

Moebius et H.R. Giger au story-board

Si le film ne se fera jamais, il n’en restera pas moins un élément fondateur dans le paysage cinématographique contemporain grâce à un gigantesque livre regroupant les story-boards et autres fantastiques études.
Parmi les œuvres qui lui doivent beaucoup; Star Wars, Blade Runner et… le Dune de David Lynch.
Une adaptation bien moins folle, mais qui a le mérite d’avoir participé à faire connaître Lynch du grand public.
Un documentaire intitulé Jodorowsky’s Dune est sorti en 2016 et une nouvelle adaptation (beaucoup plus proche de la vision du maître), réalisée par Denis Villeneuve est prête pour la réouverture des salles.

 

Retro-Cannes  : Rosé, champagne et rhum au CBD

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Alors que le 77ème festival de Cannes bat son plein, retour sur l’édition 2021 qui a vu débarquer pour la première fois dans les soirées et cocktails une molécule au moins aussi célèbre que les stars qui grimpent les marches du Palais des festivals : le CBD.

Après un départ hésitant, ce millésime 2021 du festival de Canne s’achève en beauté avec quelques très belles fêtes,  pour une 74ème édition organisée en juillet plutôt qu’en mai, pour cause de pandémie. A l’heure de la montée des marches du Palais des Festivals, le mélange entre festivaliers et vacanciers n’aura pas manqué de surprendre, avec de cinglants contrastes du genre tongs contre escarpins ou pantacourt versus robe longue.

Et toujours des rencontres improbables avec des gens de tous horizons, beaucoup d’entre eux n’ayant qu’un rapport très lointain avec l’industrie du cinéma. C’est peut-être cela aussi qui contribue à rendre les fêtes de Cannes si uniques.

..ce qui se passe à Cannes reste à Cannes.

Et que boit-on à Cannes pendant le festival ? En plein été, avec des température moyenne de 28 degrés, le rosé est partout, à la plage l’après-midi, à l’heure du cocktail et jusqu’à tard dans la nuit dans les villas où ont lieu les plus belles fêtes.

Au sec sur sa serviette et d’humeur à rosé.

Le champagne est toujours là aussi, la boisson glamour qui accompagne les soirées des marques de mode, les défilés de maillots de bain au bord des piscines jusqu’aux soirées ultra VIP à la terrasse d’Albane.

Ensuite la vodka, omniprésente dans les soirées de lancement de films, que ce soit à la terrasse d’un hôtel, sur une plage privée ou dans une villa. C’est l’occasion pour beaucoup de nouvelles marques de spiritueux de se lancer.

C’est le cas du prince Jean-Barthélémy Bokassa, petit-fils de l’ex empereur Jean Bedel Bokassa, qui  en a profité pour lancer sa vodka, avec un trône en arrière-plan, preuve que le ridicule ne tue décidément pas.

Comme un goût du trône.

Voilà pour les classiques, mais cette année il y a une nouveauté : le rhum arrangé au CBD de Dr Drink !
Un rhum de Martinique aux nuances boisées, dominé par des notes de vanille et laissant place au goût du chanvre: la saveur est unique. Ce dernier  est vendu au bar Chupitos à Cannes mais aussi dans les boutiques Dr Smoke.

Une chose est claire, nous allons entendre parler de Mr Drink, une très bonne alternative à la vodka.

Après la fête il s’agit de récupérer et pour cela rien de mieux qu’une boisson sans alcool au CBD comme une limonade ou un ice tea, avant d’enchaîner avec une Biscanna, bière artisanale au chanvre fabriquée au Pilat. Toutes ces boissons sont disponibles au Flower Power à Cannes dans la boutique située près de l’Hôtel de Ville ou sur leur site.

Le temps de récupérer de cette semaine intense, je vous donne rendez-vous samedi prochain pour de nouvelles aventures gustatives.

Et si Woody Allen avait vu juste?

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En 1973, Woody Allen réalisait « Sleepers » (Woody et les robots en VF), soit une comédie grand-guignolesque oui, mais avec quelques idées très en avance sur son temps… et le nôtre. 

Miles Monroe (Woody Allen) se réveille en l’an de grâce 2173,  après avoir été congelé pendant deux siècles. Déglacé par des scientifiques entrés en résistance de l’ordre établi, cet hibernatus New-Yorkais va rapidement rallier, bon gré mal-gré, leur mouvement révolutionnaire. Inconnu et jamais fiché dans cette société faussement utopique, Miles Monroe aura pour mission d’ infiltrer le projet « Aires », abominable initiative élaborée par un gouvernement totalitaire aux allures de régime Nazi 2.0.

 

Parodiant largement les théories du 1984 d’Orwell et le 2001 de Kubrick (Woody aura entre autre à faire à une machine en tout points semblables à HAL, l’ordinateur fou de l’Odyssée de l’Espace), le plus célèbre des névrosés de la grosse pomme s’en donne à cœur joie en jouant à l’hypocondriaque flippé à l’idée de devoir régler 200 ans de loyer en retard. Autre sujet d’inquiétude méthaphysique: le décongelé constate qu’il n’a pas eu de relation sexuelle depuis 204 ans (en comptant ses 4 années de mariage avec son ex-femme).

Le film est aussi un bel hommage au muet, particulièrement à Chaplin et aux Marx Brothers que Allen adule. Diane Keaton y est absolument éblouissante de beauté, dans un rôle tout aussi déluré que celui de son ancien partenaire de scène et de coeur.

Au delà de la comédie-pantalonade et ses courses poursuites à la Benny Hill, Woody et les Robots regorge d’idées que l’on rêverait de pouvoir caresser un jour . A commencer par « The Orb », une boule qui défonce quand on la tripote.
Un outil de plaisir rêvé en ces temps au contact défendu et un engin idéal pour décoller sans fumée.

On croisera aussi dans cet ovni cinématographique des voitures électriques, des carottes géantes génétiquement modifiées ainsi qu’une mémorable séquence sur le clonage. Il s’agira pour Woody et Diane Keaton de cloner le président défunt… à partir du seul membre retrouvé après la disparition du dirigeant: son nez. Soit deux décennies avant la première tentative de clonage (le mouton dolly au Royaume-Uni ).

Last but not least:  l’orgasmatron, ou comment pratiquer du safe sex en quelque secondes.

Sacré Woody!

Le Fantastic Mr Murray

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Incarnation sublime du décalé décalqué, toujours au centre de l’action mais toujours à côté de la plaque,  Bill Murray a imposé en quarante ans de carrière un délicieux profil d’agité débonnaire, élevant au rang d’art la notion de coolitude bien frappée. Portrait d’un acteur qui, de son arrestation pour trafique d’herbe à la fausse annonce de sa mort, est resté fidèle à sa devise : It doesn’t matter”.

Ganja Buster
Ce sera à l’aéroport Chicago O’Hare, flanqué de deux énormes valises en métal et de cinq kilos d’herbe que le facétieux Bill Murray rencontrera son premier public.
Le jeune homme s’apprête à rallier Denver pour y entamer des études de médecine. Les temps étant un peu durs et la consommation de ganja dans l’air du temps, Bill se dit que ce serait  un bon coup d’allier détente et revente de weed sur le campus de son université. C’est donc avec 10 livres de sinsemilla mexicaine que le comique  se présente à l’enregistrement en ce 21 septembre 1970. Précisément le jour de son 20e anniversaire.

« Je transporte deux bombes« : pas un bonne idée de blague quand on essaie de faire passer 5 kilos d’herbe à l’aéroport

Est-ce un état un peu fébrile, les réminiscences des volutes consommées la veille ou un sens très pointu du comique de situation?
Toujours est-il que dans la file d’attente, lorsqu’un voyageur lui demande, dans un souci de conversation légère ce qu’il peut transporter dans de si lourdes valises,  Murray lui glisse, complice:  “deux bombes”.
La bouffonerie, définitivement très Bill Murray, ne fera pas rire le bouffonné qui ira avertir les autorités aéroportuaires. Le bouffon, lui, voyant la farce tourner court quitte presto la file d’attente pour se précipiter vers les consignes où il tentera frénétiquement et en vain, de faire rentrer ses deux malles dans un casier trop petit. Il est arrêté, les valises sont ouvertes, et l’aspirant interne se retrouve derrière les barreaux.  “Mais pas sans que j’ai eu le temps d’avaler le chèque d’un de mes clients” (de l’avantage des munchies?) “Ce type me doit aujourd’hui sa carrière et sa réputation” s’en amusera-t-il ensuite. N’ayant aucun antécédent judiciaire,  il n’écopera miraculeusement que de cinq ans de mise à l’épreuve. Ses études de médecine, elles, sont mortes. Bill Murray se retourne alors vers un vieil ami qui lui propose une collocation à New York: John Bellucci.

John Bellucci

De Hunter S. Thompson à Wes Anderson.

La rencontre avec le talentueux et stupéfiant John Belushi lui ouvre, à coup de grands hasards, les portes du petit écran. Sa première apparition en tant que comédien sera dans le  “Saturday Night Live “ (NBC), émission culte outre-Atlantique. Le succès est immédiat.  Le public ne se lassant pas des apparitions de ce clown  lunaire, désabusé, toujours à deux doigts du dérapage mezzo-controlé. Sa carrière est lancée.

Son premier succès au cinéma sera Caddyshack, en 1980 dans lequel il campe un employé de club de golf, tout à fait initié aux subtilités de l’herbe magique. Il y livre d’ailleurs une analyse de  vrai connaisseur « Il s’agit d’un hybride de bluegrass du Kentucky et  de sensemilia du nord de la Californie. Ce qui est étonnant, c’est que vous pouvez jouer 36 trous en fumant tout l’après-midi, puis, en rentrant à la maison le soir, vous défoncer encore plus, du genre au-dessus et en dessous de la ceinture”.C’est noté, Bill.

Fidèle à ses convictions comme à ses mentors et finalement peu versé dans les rôles de composition, Murray incarnera en 81 ( bien avant Johnny Depp) un Hunter S. Thompson aussi barré que nature dans “Where The Buffalo Roam”. Dans le très bon “Broken Flowers” de  Jim Jarmush en 2005, lors d’une scène où il partage un gros joint avec son voisin,  on l’entend deviser entre deux tafs et dans une voix en apnée   “Ça… ça oui, c’est juste de la très bonne Sativa”. Ce laconisme cash, son trademark.

« Stoner of the year » en 2005

Dans La Vie Aquatique de Wes Anderson en 2005, il campe un ersatz de commandant Cousteau ne cachant pas son amour immodéré pour la weed. (amour immortalisé dans  la mythique scène du joint partagé avec Owen Wilson, son fils, sur un fond de “Life on Mars “de Bowie).
Autant de choix de rôles de smoker de ganja sympa et easy-going qui lui vaudront  le très convoité titre  de… “Stoner of the year 2005” lors des  Stony Award organisés par le hautement respecté High Times magazine. (Le précédent lauréat était Snoop, le suivant sera Seth Rogen… La barre du bong était haut placée).

Puis Zombieland en 2009 : Il y jouera son propre rôle avec un tantinet de fiction (il se retrouve reclus dans sa maison de Beverly Hills à la suite d’une invasion de zombies). Un caméo d’un quart d’heure tournant autour d’un magistral bong-chicha de skunk partagé avec Woody Harrelson et Emma Stone, et les jeux de stoner goofy découlant de ladite inhalation cannabique. En l’occurrence une tentative de remake assez fumeuse d’une scène de Ghostbuster.

 » Vie et leçons d’un homme mythique”

C’est en 2018 que  l’art imitera la nature (de Bill Murray) avec l’improbable documentaire de Tommy Avalone “The Bill Murray Stories : Life and lessons learned from a mythical man.”

Le pitch: depuis quelques années trainent de nombreuses légendes urbaines au sujet de Bill Murray.
L’acteur-performer se serait par exemple pointé à l’improviste dans une fête d’une cinquantaine d’étudiants à Austin qu’il ne connaissait absolument pas. Pour y faire un peu la bringue tout d’abord, puis pour jouer avec le groupe local après avoir fait le roadie en portant amplis et drum-kits. Puis, plus tard dans la nuit pour convaincre la police venue pour tapage, de les laisser faire. Avec succès. Les trois policiers dépêchés sur place esquisseront même quelques pas de danse… le double effet Murray.

Bill Murray, le happening permanent

Dans la même ville, il aurait été spotté dans un pub où il n’avait jamais mis les pieds, et aurait fini par faire le barman. Pour donner un coup de main au vrai barman . Le (vrai) barman lui  aurait annoncé qu’il devait  s’éclipser pour s’occuper de son chien malade. Et qu’il fallait donc qu’il ferme le pub un moment. Bill, pas de chien, aurait pris la relève derrière le zinc avec le sourire.

On l’aurait aussi vu s’incruster dans la cabine déjà réservée d’un karaoké à Charlottesville (oui, un peu comme dans Lost in Translation) pour le plus grand bonheur des quatre chanteurs en herbe présents.
Dans l’état de New York, on  l’aurait aussi vu débarquer dans la maison d’un couple qu’il connait à peine, mais dont il avait appris que c’était l’anniversaire de mariage. Pour les aider à préparer le diner, le partager avec eux puis faire la vaisselle à la fin.
Évidemment, tout est absolument vrai, démontrera Avalone dans le documentaire.

La Vie Cannabique

Au sujet du cannabis (et de sa légalisation, pour laquelle il milite activement), l’acteur estime “(qu’il) trouve tout  de même très ironique que la chose la plus dangereuse au sujet de la weed, soit de se faire arrêter en  sa possession”.

Plus direct et politique, il a affirmé que “la marijuana est la cause d’une grande partie des incarcérations, pour le seul crime d’auto-médication. Et cela coûte des millions et milliards de dollars d’emprisonner des personnes pour ce crime contre elles-mêmes. Les gens réalisent que cette guerre contre la drogue est un échec (…) ne créant qu’une armée de personnes (de l’administration pénitentiaire NDLR)  et d’incarcérés.”

Ou plus récemment “le fait que les états passent des lois en faveur de l’herbe prouve bien que le danger supposé du cannabis a été nettement surévalué. Les psychologues recommandent de fumer plutôt que de boire si on a besoin de se détendre” “Personnellement, je joue la carte de la sécurité. Je fais les deux. Je ne plaisante pas avec ça: c’est une question de rigueur”.
Amen.

 

« One Love » l’ultime Marley-biopic ?

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Sorti en salle mercredi 14 février, le biopic sur Bob Marley One Love s’est immédiatement hissé en tête du Box-Office français, avec plus de 200 000 entrées en 48h. Pour ZEWEED, Olivier Cachin nous dit tout le bien qu’il pense du long-métrage consacré au King of reggae.

C’est la saison des biopics musique : Elvis, Priscilla, Marilyn et bientôt Amy, Maria (Callas), Charles (Aznavour), Bob (Dylan) et même Linda (Ronstadt). Mais celui qui déboule sur les écrans français en février est sûrement le plus attendu : One Love retrace la vie de Bob Marley, un des deux seuls artistes – avec Michael Jackson – à la réputation planétaire.

Prophète en son pays avant de devenir une icône mondiale, auteur de chansons inscrites au patrimoine mondial de la pop, Bob Marley revit 1 h 47 durant, sous les traits de Kingsley Ben-Adir ; un acteur anglais vu dans Peaky Blinders et dans Barbie – bon, il y était juste « basketball Ken ». Des extensions « dreadlockées », un accent très réaliste et une gestuelle fidèle à celle du héros qu’il incarne : Kingsley est un des points forts du film, qu’il porte sur ses épaules avec panache.

Crédits : Paramount

Le reste du casting ? On sera plus nuancé sur James Norton en Chris Blackwell, qui n’a aucune scène forte et se contente de traverser le film en White savior quasi muet, à l’image de Mark Sherman en Jimmy Iovine – le boss d’Interscope Records, dans le biopic de 2015 : N.W.A.: Straight Outta Compton.

Honorable biopic

La structure du film est linéaire, démarrant avec le concert Smile Jamaica de 1976, pour s’achever sur le One Love Peace Concert de 1978, entrecoupé de multiples flash-back sur la jeunesse de Bob, ses premiers enregistrements chez Studio One avec Sir Coxsone, sa découverte du rastafarisme…

Le reste de l’article d’Olivier Cachin est à découvrir dans le dernier Numéro de Zeweed, disponible en digital via ce lien.
Pour trouver le kiosque le plus proche de chez vous, c’est ici.

 

Quand Gainsbourg chantait la Ganja

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Il y a 30 ans, Serge Gainsbourg nous quittait. Si l’homme à tête de choux n’était qu’un fumeur de Gitanes, il n’aura jamais été insensible aux charmes du cannabis. Un penchant pour la ganja-culture qui nous offrira le révolutionnaire Aux Armes et caetera ainsi que Cannabis, film dans lequel il donne la réplique à Jane Birkin et compose une sublime bande-originale écrite avec un certain Jean Claude Vannier.

Un an après leur rencontre sur le tournage de Slogan (1969) le couple naissant Gainsbourg/Birkin partage de nouveau l’affiche dans une romance policière réalisée par Pierre Koralnik, que Serge retrouve trois ans après leur collaboration sur le téléfilm Anna (1967).
Si le scénario comme le jeu d’acteur n’ont rien de stupéfiant dans cette production que même la splendide et systématiquement dévêtue Jane Birkin ne parvient à sauver, la musique originale signée Gainsbourg/Vannier vaut très largement de subir ce polar de série B.

Gainsbourg, Birkin, cannabis,

Après avoir composé la B.O. de  Mann 70 (1968), écrit le célèbre « Requiem Pour Un Con » pour Le Pacha (1968),  « L’Herbe Tendre », entendu dans Ce Sacré Grand-Père (1968), et le titre »L’Alouette » pour La Horse (1970), Gainsbourg signe avec Cannabis(1970) une de ses meilleures musiques de film.
Mi-rock mi-planante, la B.O.  made in Gainsbarre donnera toutes ses lettres de noblesse à ce qui est sans doute le meilleur long-métrage de Pierre Koralnik. (Les deux autre films notables du réalisateur seront Nestor Burma et l’Instit’…).

Cannabis, c’est aussi la première collaboration de Serge Gainsbourg avec Jean-Claude Vannier, génial arrangeur-compositeur avec qui il écrira deux ans plus tard un chef d’oeuvre: « L’Histoire de Mélodie Nelson« .

Parmi les meilleurs titres joués dans le film, l’éponyme « Cannabis »  que l’on retrouvera en intro et outro (en version instrumentale pour le générique de fin).
Très rock, prologue à la texture électrique de l’album « Rock around the Bunker« , « Cannabis » donne d’emblée le ton de ce polar noir interdit aux moins de 18 ans « La mort a pour moi le visage d’une enfant/Quand soudain, je perds la raison / Est-ce un maléfice? / Ou l’effet subtil du cannabis? ».
Le très inspiré « I want to feel crazy » (chanté par Jane Birkin façon Maryline Monroe) est un délicieux prélude aux sublimes arrangement que Jean Claude Vanier nous offrira sur l’Histoire de Melody Nelson.

Serge Gainsbourg, Cannabis, Jane Birkin, Cinéma,
« Chanvre Indien » tient ses promesses en nous transportant dans un planante ambiance orientale aux parfums de haschisch alors que le titre « Dernière blessure » nous rappelle autant les violons Initial BB qu’il annonce les enivrants arrangements de La Valse de Melody.
Boudé par les critiques et le publique à sa sortie, Cannabis jouit aujourd’hui d’un statut de cult-movie chez les grands Gainsbourg-aficionados.
Puisse cet article élargir le cercle des fans de Cannabis, le film.

la Bande-Originale intégrale de Cannabis avec tous les titres dont nous vous parlions, c’est ici: