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That High Couple : Rencontre avec la relève des WeedTuber

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Dans la galaxie des WeedTubers, Alice et Clark, alias That High Couple, ne font pas dans le cliché dreadlocks aux  yeux myxomatosés  mais dans le fun pétillant, forts d’un lifestyle aussi brillant qu’un bong chromé. Mariés et épousant la même vision créative, ils incarnent l’anti-couch-lock avec une énergie débordante. Entretien en altitude.

« Le cannabis a apporté tellement de joie, de créativité et de connexion dans nos vies, qu’on voulait partager cette perspective avec les autres. Pendant trop longtemps, la culture autour du cannabis a été associée à des stéréotypes dépassés, il était temps de montrer un côté plus léger et réaliste. En se concentrant sur nos propres expériences positives, on espère démontrer que le cannabis peut faire partie d’un mode de vie heureux, sain et épanouissant », lâche Alice avec un sourire lumineux.

Clark et Alice. Crédits : That High Couple

Le mantra de That High Couple ? Dépoussiérer les vieilles images de stoners déconnectés pour montrer que la weed peut être synonyme de bien-être et de bonne humeur. Leur secret ? Miser sur leurs propres expériences positives pour faire passer le message. « Quand quelqu’un nous dit qu’il n’avait jamais vu le cannabis sous cet angle, on sait qu’on est sur la bonne voie », explique Clark.

« Pendant trop longtemps, la culture autour du cannabis a été associée à des stéréotypes dépassés, il était temps de montrer un côté plus léger et réaliste » Alice

Alice et Clark incarnent une alchimie rare dans l’univers du WeedTubing. Et non, ce n’est pas que la weed qui les relie. Leur duo créatif repose sur un équilibre parfait entre spontanéité et organisation. « On plonge souvent dans nos sessions ensemble, mais si l’un est trop high pour organiser, l’autre prend le relais », confie Alice en riant.
Clark, c’est le geek du setup, du cadre parfait. Alice, c’est la rêveuse qui éclaire les brainstorms. « On se complète à chaque étape, et ça se ressent dans nos vidéos : du fun, mais toujours bien ficelé », précise-t-il.

Aux petits soins pour leurs followers

Leur communauté, c’est leur moteur. Alice raconte cette fois où, à un festival, un fan leur a offert un joint roulé spécialement pour eux… « Il nous a dit que nos vidéos l’aidaient à assumer sa consommation », se souvient-elle, touchée. Ces interactions, loin d’être anecdotiques, nourrissent leur stratégie : chaque commentaire ou DM inspire de nouvelles idées. « Notre public nous guide autant qu’on le guide », admet Clark.

«Sur la weed, YouTube, c’est un champ de mines » Clark

Être WeedTuber, ce n’est pas que du smoke and chill. Avec des plateformes qui « flaguent » au moindre faux pas et une féroce compétition, Alice et Clark doivent constamment innover. « Sur la weed, YouTube, c’est un champ de mines. Les algorithmes changent tout le temps, donc on doit jongler », soupire Clark. Diversification, collaborations stratégiques, et même un livre prévu pour 2025 : leur réponse est simple :  s’adapter ou se crasher.

La résilience du WeedTuber

« On voit ça comme un défi, pas une fatalité. On essaye également de se concentrer sur l’éducation et la normalisation. En étant transparents, en montrant le cannabis sous un jour positif et en plaidant pour sa légalisation, on fait notre part pour déconstruire les stigmates. C’est un défi, mais on croit que la constance, l’authenticité et une volonté d’adaptation sont les clés de la croissance », développe Alice.

Le feu de l’amour. Crédits : That High Couple

Passion ou stratégie ? Pourquoi pas les deux ? Revues de produits, guides DIY et festivals psychédéliques, leur contenu oscille entre spontanéité et stratégie. « Ce qu’on crée doit nous passionner, mais aussi coller aux envies de nos abonnés », poursuit-elle. Qu’il s’agisse d’un partenariat ou d’une vidéo sans sponsor, leur marque reste intègre et alignée avec leurs valeurs. Alors que la légalisation gagne du terrain sur le globe, That High Couple prouve que le cannabis peut aussi être un style de vie aussi lumineux que coloré. 

Par Doria A.

 

« Bob Marley et moi », par Cyrille Putmann

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Il y a 80 ans jour pour jour, Bob Marley arrivait sur terre. Pour célébrer la naissance du reggae king, ZEWEED revient sur la rencontre de Cyrille Putmann avec Marley, avec qui l’écrivain aura joué au football à Paris avant d’être invité à sa table en Jamaïque. 

(cet article a été publié dans le ZEWEED magazine sorti en kiosque le 14 février 2024)

Rencontre de foot

Acte 1. Ce jour dont je ne me souviens s’il pleuvait, j’étais encore punk à fond, le cerveau plein de Fringanor, un illustre coupe faim disparu depuis. Au printemps 1977, j’habitais déjà chez Alain Pacadis rue de Charonne. Sa chambre de bonne incarnait un cube post moderne recouvert de vinyles assortis aux vieilles tentures grenat du lieu. Un miroir brisé et une couche de poussière réglaient la question des fantasmes et surtout de l’hygiène quotidienne.

Chaque fin de journée nous passions chez Rock Hair, rue de la Grande Truanderie, question de suivre les délires capillaires de Rocky,  le seul coiffeur au monde connu pour son cheveu sur la langue ! Il avait embrayé bille en tête sur le mouvement punk et sévissait dans le quartier des Halles, avant que ce dernier ne soit défiguré. Bye, bye Baltard.

La nuit bien tombée, on fonçait dans un vieil hôtel miteux des années 1950, à Répu’, qui était notre point de chute. Après de longues tractations avec le service d’ordre de l’hôtel, on rejoignait la chambre des Slits, un groupe punk londonien 100% féminin dont le son ‘déménageait’. Nous les suivîmes au Gibus où l’on prit une part active à leur concert.  En pleine action, dans un pogo endiablé vers une heure trente du mat’, Philippe Manœuvre me proposa de participer à un match de foot sans aucun détail sur le projet. Le côté provocateur de sa proposition hors contexte me fit flipper, mais j’acceptai. Une semaine plus tard, le jour J à l’heure H, on se retrouva au pied du Hilton, à coté des quais de la Seine

Bob Marley et les Wailers contre une équipe de journalistes parisiens

Une semaine plus tard, je retrouvais Pacadis à 200 mètres de la tour Eiffel, sur un terrain de football  (qui existe toujours NDLR) niché entre l’hotel Hilton (devenu hôtel Pulmann) et les quais de Seine. À ma stupeur, notre rocker national avait organisé une partie inouïe : une équipe de copains et de journalistes français, presque tous issus de Rock & Folk, notre bible de l’époque, contre…..Bob Marley, the Wailers and friends! Les rastas, en plus de leur goût prononcé pour la ganja, avaient toujours été passionnés par ce sport collectif, vieux reste d’A.D.N. colonial britannique.

Mon vis-à-vis sur le terrain était Carlton Barrett, le batteur des Wailers, l’ami  de toujours de Bob et l’élément incontournable du groupe depuis 1969. Il jouait au foot depuis vingt ans et en avait vingt-sept. Je n’ai jamais réussi à lui piquer le ballon. Pas une fois. Aston, son frère le bassiste, nous fît aussi souffrir par la dextérité de ses pieds magiques. Bob était le plus petit de la bande par la taille mais il était loin d’être le plus adroit. Maradona à peine né n’aurait rien fait de mieux. Je n’aurais pas mieux joué si j’avais porté le mythique pantalon à sangles contraignant la marche imaginé par Vivian Westwood !

Thé à la ganja pour les jamaïcains, Kronenbourg pour les français

Les rastafaris étaient si élégants dans leur pratique malgré des yeux rouges de fumeurs d’herbe. On aurait dit des danseurs évoluant au ralenti, habités d’une vraie grâce et d’une adresse divine. Il s’agissait plus d’une messe que d’un évènement sportif.
À la mi-temps, un énorme thermos de thé, contenant au moins dix litres du précieux breuvage, avait été apporté sur notre drôle de terrain par un proche de Bob, son intendant particulier. Pendant ce temps, les Français étaient allés chercher des bières au petit supermarché de la rue Delambre afin de noyer la défaite écrite d’avance.
Le repos du guerrier avait été fixé à quinze minutes par notre arbitre improvisé, l’un des roadies de la tournée.
La seconde moitié du match fut rythmée par des chants et des rires ! Nous perdîmes huit à zéro, ce qui n’étonna personne dans notre ‘équipe’. Une ambiance de rêve dépourvue de tout enjeu sportif ! Après deux heures d’un match d’un niveau technique improbable côté blancs-becs – eu égard à notre inexistante expérience, un calumet de la paix modèle XXL clôtura cette séquence. Aussi insolite qu’inoubliable pour moi.

Acte 2. 1979. Ami de la première heure avec Paul Simonon, bassiste des Clash, groupe très sensible au reggae, celui-ci m’embarqua littéralement dans sa valise, direction Kingston. Back to Bob. Depuis deux ans, suite à une tentative d’assassinat dans sa maison soclée à Hope Road à Kingston, Bob Marley vivait à Nassau mais revenait régulièrement sur sa terre natale. Nous habitions tous dans une maison louée par Dieu sait qui, proche du Spanish Dream Hôtel, à quelques encablures du futur musée Marley. Bob fumait des joints roulés dans des feuilles de papier journal, l’apparence était plus proche du cornet de frite que d’un joint occidental ! Il dansait en parlant, chantait en marchant et tenait des propos bienveillants sur les autres quand il ne parlait pas de l’amour qu’il portait au Créateur de notre bas monde.

Chris Blackwell, le blanc fondateur d’Island Records, naviguait comme un poisson dans l’eau, partageant ses sentiments avec tout le monde. Rastaman vibration. Rita la reine, assise autour d’une table bancale, était entourée de ses enfants : Ziggy avait dix ans, Rohan et Stephen en avaient cinq ou six et Julian parlait depuis peu. Des bébés ! Je ne croyais pas ce que je vivais. Un  trip ‘sec’ de L.S.D. en direct. Au-delà des spliffs je planais à trois mille. Je n’avais jamais ressenti une telle harmonie, un tel bonheur rythmé par l’amour qu’il portait à Jah, leur Dieu. Nous étions trente ou quarante en permanence. Le cuisinier préparait pour le déjeuner du Jerk chicken, des fritures de bananes et l’incontournable brochettes de crevettes exquises. Joe Strummer parlait instrument et cordes avec Junior Marvin, le guitariste de Bob depuis 1973.
Le temps s’était comme arrêté. L’image d’une ruche me vint à l’esprit, chacun honorait sa mission dans un détachement absolu, les rouages humains étaient huilés, zéro choc zéro tension. Ce monde était réglé comme une partition. La guerre serait un mot dépourvu de sens, inconnu au bataillon. Cette société n’existe plus. J’éprouve une nostalgie illimité pour cette vie-là, désormais disparue…

Cyrille Putmann

Eric Coquerel : « La légalisation des usages va peser sur la prochaine présidentielle. »

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Alors que la légalisation du cannabis avance un peu partout dans le monde, la France intensifie sa répression tous azimuts. Est-ce la bonne solution ? « Pas du tout ! » s’exclame Éric Coquerel, député de La France insoumise, qui rêve d’un autre monde.

ZEWEED: Éric Coquerel, avec Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, peut-on dire adieu à la légalisation ?
Éric Coquerel : Avec lui, oui. Mais, comme je pense qu’il ne tiendra pas longtemps, c’est un adieu très provisoire et tout ça reviendra vite d’actualité. Et peut-être plus rapidement qu’on ne l’imagine parce qu’en réalité, c’est la seule solution pour que l’on commence à avancer à tous niveaux, en termes de politique sanitaire comme de sécurité.

Bruno Retailleau parle de « mexicanisation » de la France. La légalisation ne serait-elle pas un moyen de justement « démexicaniser » les quartiers ?
Attention au vocabulaire utilisé ; pour moi, c’est là n’envisager la question de la politique vis-à-vis des stupéfiants que d’un point de vue répressif. Et comme je pense que ce n’est pas la bonne voie, je n’ai pas très envie de reprendre le lexique très va-t-en-guerre du ministre de l’Intérieur.

Et donc ?
Je dirais qu’il faut amoindrir les effets des trafics en légalisant le cannabis, y compris dans la production et dans la diffusion, sous contrôle de l’État. Le Canada le montre : sa politique de légalisation a considérablement diminué les trafics et a permis de mettre en place une politique de santé publique plus efficace. Ça, c’est le premier point. Mais je pense qu’il faut également envisager une dépénalisation des usages de tous les stupéfiants, comme c’est le cas au Portugal. Ça ne réduira pas les addictions (ça, j’en suis sûr), mais on pourra au moins avoir une politique de santé publique digne de ce nom et une police qui sera utilisée contre les trafiquants et pas contre les usagers. Une solution tout-répressif ne réglera rien. La preuve : malgré tous ses efforts, la France est l’une des championnes du monde de la consommation de produits stupéfiants !

Vous parlez en votre nom propre ou en celui de La France insoumise (LFI) ?
Jusqu’à la légalisation, je parle au nom de LFI. Sur la dépénalisation, en mon nom propre.

« Au Canada, ils ont à peu près réduit de 60 % le trafic, c’est-à-dire que 60 % de la consommation du cannabis est passée dans le commerce légal. Ça donne un ordre d’idée de ce que ça pourrait rapporter »

Vous voyez un frémissement politique ?
Je le vois dans les débats qu’on a. Et, d’ici peu de temps, il va y avoir une proposition de loi transpartisane, initiée par plusieurs députés, dont moi-même, pour aller dans ce sens-là.

Une proposition qui réunira des députés de gauche et de droite, ou essentiellement à gauche ? 
J’espère qu’il y aura des députés de gauche, mais on peut imaginer aussi qu’il y ait des députés du centre, pourquoi pas ? J’ai fait deux propositions de loi lors des deux derniers mandats : une sur la légalisation du cannabis et une autre pour réduire le trafic de stupéfiants, qui reprenait exactement l’exemple portugais.

Eric Coquerel © Sachat Lintignat LFI (1)

Ça fume beaucoup de cannabis chez les députés ?
Je n’en sais rien et je n’essaye pas de savoir. Mais je ne vois pas pourquoi la proportion de consommation de cannabis que l’on constate dans la société ne serait pas la même à l’Assemblée nationale.

Il y a quand même un devoir d’exemplarité, de respect de la loi des représentants du peuple…
Oui, oui, oui. Il y a aussi un devoir d’exemplarité sur la consommation d’alcool. Ça n’empêche pas des gens de boire d’une manière importante à l’Assemblée.

Vous-même, vous fumez un peu ou pas du tout ?
Non, je ne fume plus de cigarette et je ne fume plus rien d’autre. Mais ce n’est pas par devoir d’exemplarité, mais plutôt par manque d’envie.

Y a-t-il des lobbies qui freinent la légalisation en France ?
Oui, il y en a de très puissants, au premier rang desquels les trafiquants. Il y a une telle masse d’argent en jeu que je ne vois pas pourquoi ce capitalisme-là (on va dire « délinquant ») ne s’organiserait pas comme le capitalisme officiel pour susciter des consommations.

« Je serais contre se contenter d’un modèle de type nord-américain où vous laissez au marché le soin de régler cette question parce qu’alors on ne réglera rien »

Les partis politiques ont-ils peur d’abattre un tel marché illégal qui leur assure une paix relative dans les quartiers ? 
Ça va peut-être vous paraître naïf, mais j’espère que personne ne va jusqu’à formuler cette question dans ces termes. Parce qu’au-delà de la paix relative, assainir tout ça, ça va être un boulot énorme. Ces trafics foutent la vie en l’air de beaucoup de gens, que ce soient les usagers ou ceux qui subissent les trafics, y compris les petites mains, d’ailleurs. À partir de là, je serais contre se contenter d’un modèle de type nord-américain où vous laissez au marché le soin de régler cette question parce qu’alors on ne réglera rien. Donc, pour aller vite, il faudrait que ce soit sous le contrôle de l’État avec une politique qui se préoccupe de la santé publique et non de faire du business. Le pays au monde où ils l’ont fait [le Portugal, NDLR] a eu des résultats exceptionnels, en transférant entre autres la politique de coordination des stupéfiants du ministère de l’Intérieur au ministère de la Santé.

Au moment où les caisses de l’État sonnent creux, légaliser ne serait-il pas un moyen de les remplir en partie ? Avez-vous pu chiffrer cet éventuel apport dans le PIB, par exemple ? 
De mémoire, le chiffre d’affaires annuel du trafic de stupéfiants s’élève, en France, à six milliards d’euros [Étienne Blanc, le rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur l’état du narcotrafic en France, l’a évalué dans une fourchette allant de trois milliards et demi à six milliards d’euros, NDLR]. C’est l’équivalent de la moitié du budget du conseil départemental de Seine-Saint-Denis ; ça pèse dans le PIB quand même. Au Canada, ils ont à peu près réduit de 60 % le trafic, c’est-à-dire que 60 % de la consommation du cannabis est passée dans le commerce légal. Ça donne un ordre d’idée de ce que ça pourrait rapporter. Chez nous, ça ferait un point de PIB, par exemple. Et je ne parle pas des effets induits sur la santé publique…

Il y a six millions de consommateurs de cannabis en France. Porter le débat sur la légalisation de manière forte serait un bon moyen d’intéresser les jeunes à la politique et, de manière plus cynique, de s’assurer un sacré réservoir de voix. Ce débat va-t-il peser dans la prochaine élection présidentielle ?
Au moins sur la légalisation, j’espère. Je ne sais pas si l’on ira jusqu’à assumer la question de la dépénalisation de tous les usages mais, sur la légalisation, oui, je pense qu’il pèsera à partir du moment où le sujet est devenu aussi massif nationalement.

Entretien Raphaël Turcat

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Booba, duc du business

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Après le whisky D.U.C., voici donc le nouveau « biz » du hip-hop pirate number one : le CBD, sous pavillon PRTLAB. Portrait d’un rappeur d’élite devenu cultivateur moderne.

Par Olivier Cachin

« Testées et approuvées par Booba, nos fleurs de CBD de qualité supérieure, issues d’une culture de cannabis indoor hydroponique, sont rigoureusement contrôlées en laboratoire pour garantir leur pureté, leur efficacité et un taux de THC inférieur à 0,3 %, conformément aux normes légales et réglementaires. »
Une introduction claire sur le site présentant donc la nouvelle activité fumigène de B2O, dealer de son et de buds, de rap et de weed. Pacs résines caramel et jaune, Floki et CBDeyyy, le tout avec quelques garanties : « Qualité prémium, livraison rapide, emballage anonyme, légal en Europe. » Une nouvelle corde à l’arc narratif de Booba, qui va bientôt fêter son trentième anniversaire dans le monde du rap puisque le premier témoignage discographique de son groupe Lunatic fut « Le crime paie », titre inclus en 1996 sur la fameuse compile Hostile.

Duc d’entreprise

Depuis, le duc a fait feu de tout bois : en sus de son activité musicale (11 albums solo depuis Temps mort en 2002), il a su se diversifier en créant diverses entreprises dans le textile (Ünkut, maison streetwear de 2004 à 2018, suivi par Disconnected), les spiritueux (la marque D.U.C., « née de la rencontre entre Booba et deux distillateurs qui partagent une passion commune pour le whisky »), la webradio (OKLM, dont les activités ont cessé en 2020), la création audiovisuelle (le feuilleton Ourika sur Prime Video) et, donc, le CBD avec ce PRTLAB proposant « le meilleur du CBD par Booba ».

Les vrais savent : la passion de B2O, c’est le clash

Mais les vrais savent : la passion de B2O, c’est le clash. Le premier fut Rohff et, comme on n’oublie jamais sa première fois, les deux artistes continuent leur beef à distance, le dernier épisode étant la chronique vidéo détaillée du dernier album de Rohff par un B2O devenu critique geek internaute. D’autres ont suivi, avec, parfois, des morceaux mémorables à la clé : La Fouine, Sinik, un tir groupé old school (« NTM, Solaar, IAM, c’est de l’antiquité. »), Fred de Sky (qui a depuis appelé Booba, « son meilleur attaché de presse »), Damso, le boxeur Patrice Quarteron, Gims (et, par ricochet, sa femme DemDem dans le morceau « Dolce Camara »), Magali Berdah, la reine des influenceuses, et Fianso.
Et même Michel Sardou, pour avoir affirmé sur France 2 : « Ce que je n’aime pas, c’est le rap violent, agressif, le rap qui en veut à quelqu’un. » – ce à quoi Booba a répliqué, en postant un extrait du texte de « Je suis pour » de Sardou (1976) : « Tu as tué l’enfant d’un amour, je veux ta mort / Je suis pour ».

Fight for the power

Mais ça, c’étaient les apéritifs. En plat de résistance, comment oublier Kaaris, qui « duetta » avec le duc sur le fameux « Kalash » (album Futur), avant de se fâcher à la suite d’un freestyle ambigu ? En lieu et place d’un octogone annoncé et à jamais cancelled, les deux meilleurs ennemis ont dû se contenter de se chicoter avec leurs entourages, après s’être croisés dans la salle d’embarquement d’Orly, avec quelques semaines en prison et des grosses amendes à la clé.

En lieu et place d’un octogone annoncé et à jamais cancelled, les deux meilleurs ennemis ont dû se contenter de se chicoter avec leurs entourages.

Une exposition composée de peintures et de sculptures retraça, en décembre 2024, la saga de cette période pendant laquelle les deux artistes se sont mené une guerre fratricide. Avec « La bataille d’Orly », Guillaume Cagniard revient ainsi sur les temps forts de leur opposition, tout en fantasmant une revanche entre les deux protagonistes au milieu de cet octogone ; une forme géométrique désormais partie intégrante de la pop culture française grâce à Booba et Kaaris. « Je me demande toujours au fond, qu’est-ce que ces gladiateurs modernes, avant tout artistes, disent de la violence comme pulsion archaïque ou force créatrice ? » analyse Guillaume.
Peintures géantes et sculptures en bronze étaient au menu de cette reconstitution d’un affrontement épique, traité comme les récits du Moyen Âge, avec les deux rappeurs en preux chevaliers brandissant des bouteilles de parfum Duty Free en lieu et place des glaives brandis par les croisés. Amusant flash-back pour Guillaume, qui tourna en 2019 à Miami, le clip à 90 millions de vues de « Petite fille », featuring Luna ; l’aimée tant aimée qui y nage avec les dauphins. Une trêve dans la tourmente, un rayon de soleil dans une clipographie sombre et compétitive.

Rancunier comme Aznavour 

Car, depuis, Booba a voyagé pour illustrer ses chansons. Et dans le moteur, toujours le même carburant : la lutte sans merci pour éteindre l’adversaire. China Presles, productrice exécutive des clips « 6G » et « Saga » (tournés en même temps, à Tokyo, par Fred de Pontcharra pour Wanda Productions), se souvient d’un Booba super présent durant la production : « C’est lui qui voulait aller à Tokyo, il voulait éteindre le clip de rap français en sortant “6G”, faire mieux que PNL. Il disait : “Ils ont mis 50 000 pour ‘Au D.D.’, on va faire plus et les éteindre.” Il nous a laissé une liberté de création totale ; en douze jours, je ne l’ai jamais eu sur le dos. Pendant les temps morts, il a profité du Japon à sa manière. L’équipe voulait aller à Kyoto et lui a dit non, il a préféré rester au cœur du projet, à Tokyo. Ça a été le plus gros clip de rap français de l’année 2023, trois minutes de punchlines avec une prod’ boom bap, c’est ce qu’on a voulu transcrite en image, des punchlines visuelles de Kopp. » Le résultat ? Neuf millions de vues pour « 6G », 17 millions pour « Saga ».

La dernière actu de Booba ? Un featuring sur une production électro signé Sublife : « Nautilus », l’amorce d’une nouvelle direction musicale. Mais aussi un son sorti en toute discrétion, « Muay Thaï ». Rancunier comme Aznavour, Booba s’y venge encore une fois de ses détracteurs : « Dernier album numéro un, ils appellent ça une fin de carrière. » Le clash, encore et toujours. Et, parfois, un message qui semble personnel : « Je souris quand j’ai mal, comme au Muay thaï. »
Comme la piraterie, la saga Booba n’est jamais finie.

Insta : boobamediapiratefinal
Booba a aussi lancé son propre réseau social : YO2

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Philippe Cohen Solal (Gotan Project): l’interview résurrection.

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À l’occasion de la sortie de son album 75010, Philippe Cohen Solal, le cofondateur du célèbre Gotan Project, revient pour ZEWEED sur la pluralité de ses vies, son expérience de mort imminente, la résurrection du Club des hachichins, la production de Paradis artificiel(s), les vertes plantes qui peuplent son paradis ici-bas, ainsi que la playlist qu’il emporterait dans l’au-delà.

ZEWEED : Avant le Paradis, il y a la vie, et il semblerait que vous êtes la preuve vivante qu’il soit possible d’en avoir plusieurs ?
Philippe Cohen Solal : Oui, c’est vrai ! J’ai parfois l’impression d’avoir eu plusieurs vies ; professionnelles d’abord, puisque j’ai fait différents métiers. J’ai commencé par la radio, ensuite j’ai été directeur artistique d’une maison de disques, avant de travailler en tant que Music Supervisor pour le cinéma. Parallèlement à tout ça, je faisais ma musique. Même si c’était pour gagner ma vie, ces métiers m’ont permis de chercher mon langage musical. À vingt-cinq ans, j’ai interviewé Serge Gainsbourg qui m’avait dit que, si on voulait être chanteur ou musicien, il fallait dix années avant que ça marche. C’est ce que ça m’a pris. J’ai commencé à faire de la musique électronique à la fin des années 1980 et j’ai trouvé mon langage musical une décennie plus tard

ZW : Ça, ce sont vos vies professionnelles…
C. S. : C’est vrai ! J’ai connu plusieurs événements dans ma vie, à différents âges d’ailleurs, lors desquels j’ai été très proche de la mort. Ces événements me donnent parfois l’impression d’avoir eu plusieurs vies ou d’avoir vécu plusieurs chapitres. Mais c’est le dernier en date qui a véritablement décuplé mon énergie. Le 26 décembre 2017, l’année où j’ai sorti l’album Paradis artificiel(s), je suis tombé d’un ponton dans la mer du Nord, en Suède. Je suis resté dans de l’eau à deux degrés pendant cinquante minutes. J’ai eu une hypothermie très sévère et j’ai été sauvé par chance, et par hasard d’ailleurs. Là-bas, j’étais dans l’image du tunnel avec, au bout, sa lumière blanche et ses halos bleus. J’ai vécu une expérience de mort imminente. Ces expériences sont de différentes natures. Certains peuvent se voir au-dessus de leur corps ou autre, mais pour moi, c’était la lumière blanche. Depuis cet événement, je n’ai plus aucune peur d’entreprendre ou d’essayer des choses. J’ai l’impression que rien, outre ma propre volonté ou mon propre jugement, ne peut m’arrêter.

« J’ai vécu une expérience de mort imminente. »

ZW : Avez-vous tiré une sorte de conviction spirituelle de cet événement ?
C. S. : Non, aucune ! Je ne crois pas en Dieu, de toute façon. Je suis plus proche philosophiquement de la vision bouddhiste des choses, voulant que tout se transforme et que rien ne meurt vraiment. Ma seule conviction est qu’il faut vivre pleinement la vie que nous avons ici et maintenant.

ZW : Cette expérience a coïncidé avec la sortie de votre album Paradis artificiel(s), en 2018.
C. S. : Ce projet est parti d’une carte blanche offerte par le Paris Music Festival, qui propose à des artistes d’investir des lieux atypiques pour y jouer des représentations live. En l’occurrence, le directeur de l’époque m’avait proposé l’hôtel de Lauzun, situé sur l’île Saint-Louis. C’est dans ce sublime espace que le docteur Jacques Joseph Moreau de Tours, accompagné de Théophile Gautier et d’autres, créa le célèbre Club des hachichins où l’on se rassemblait autour d’un café et d’une confiture de haschisch, lors de soirées que les membres appelaient Fantasias. Ces soirées accueillaient l’intelligentsia de l’époque. On pouvait y croiser Balzac, Baudelaire, Delacroix, ou encore Flaubert. En réinvestissant ce lieu, on a voulu faire revivre l’esprit du Club. Durant quatre jours, avec des artistes tels que, Pierre Barouh Christophe Chassol, Olaf Hund, Marie Modiano ou encore Peter von Poehl, nous avons fait revivre l’esprit du Club en faisant des performances liant la musique à des textes littéraires. Évidemment, j’ai pris la carte blanche au pied de la lettre. J’ai repris la recette de la confiture livrée par Théophile Gaultier et j’ai fait une vingtaine de petits pots que j’ai servie aux artistes qui le voulaient bien.

ZW : Et que vaut cette confiture ?
C. S. : J’en ai pris une fois sur scène ; ce qui n’était pas une très bonne idée car cette confiture est en réalité une sorte de pâte d’amande au miel et à la cannelle, et dont les effets m’ont quasiment bloqué la gorge. Pas idéal pour chanter… Mais, de façon générale, je crois que cela a participé à la magie de l’événement. J’ai rarement vu, à Paris, le bouche-à-oreille fonctionner comme il a fonctionné pour cet événement. Au quatrième jour, près du double de la capacité du lieu était atteint. C’était une expérience vraiment super qui a donné lieu à la production de Paradis artificiel(s), un album studio accompagné de mes compères de festival.

« Je pense qu’il faudrait s’en tenir à l’esprit du club initial et proposer du haschisch. »

ZW : Si vous pouviez créer votre propre club, quels artifices y mettriez-vous pour qu’il ressemble le plus possible au Paradis ?
C. S. : Je pense que je ferais quelque chose d’assez proche du Club des hachichins. Je ferais des soirées, des fêtes qui seraient musicales, qui seraient des rencontres d’artistes où la littérature, la poésie ou la vidéo tiendraient une place importante. Et puis je pense qu’il faudrait s’en tenir à l’esprit du club initial et proposer du haschisch. Ce serait vraiment cool de pouvoir refaire ça, de rouvrir les portes de ce club, ne serait-ce qu’une fois par mois.

ZW : Vôtre paradis serait malheureusement illégal…
C. S. : Et pourtant, c’est très implanté dans la société. Je trouve que c’est important d’en parler. Il y a plein de gens qui vivent depuis longtemps avec ; ça ne les empêche pas pour autant d’avoir une famille, un boulot et de payer leurs impôts. Après, nous n’avons pas tous le même rapport à l’addiction. Me concernant, j’ai eu la chance de n’avoir jamais été addict à quoi que ce soit, à part la musique. J’ai essayé plein de drogues, mais aucune n’a pu me faire sacrifier ma vie pour elle. Ça, c’est impossible ! De façon plus générale, ce rapport à la prohibition me rappelle le début des années 1990, lorsque j’allais voir les maisons de disques pour présenter ma musique. Les mecs me disaient que la musique électro ne marcherait jamais en France. Moi, je répondais que si ça marchait en Italie, en Espagne, partout en Allemagne et aux États-Unis, y’avait aucune raison que ça ne fonctionne pas ici. Mais, pour eux, la musique électro, c’était comme le nuage de Tchernobyl : un truc qui passerait pas les frontières… Je pense qu’un jour, la France devra accepter de légaliser le cannabis pour sortir de ce truc mafieux, de cette corruption et de cette hypocrisie, comme d’autres l’ont fait avant elle.

ZW : Une playlist à emporter là-haut ? 
C. S. : oui, et sans ordre de préférence: 

- Moss Garden (2017 Remaster) - David Bowie
- Full Moon - Eden Ahbez
- Eden’s Island - Eden Ahbez
- Summer’s Cauldron (Remasterd 2001) - XTC 
- Paradis - Alain Chamfort 

 

Propos recueillis par Benjamin Cazeaux-Entremont

Le peace reportage : la culture du hash au Liban

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Alors que les tanks de Tsahal ou franchi la frontière libanaise pour en découdre avec le Hezbollah, ZEWEED a choisi de mettre à l’honneur la culture d’une plante ô combien pacificatrice : le cannabis. Ariel, fumeur sans frontière et gonzo-reporter, s’est rendu cet été au pays des cèdres pour en savoir plus sur les us et coutumes entourant l’un des meilleur haschisch du globe. Suivez le guide.

Dès mon arrivée au pays du Cèdre, on m’a répété à tort et à travers : “Si tu as compris le Liban, c’est qu’on te l’a mal expliqué”. Entre maronites, orthodoxes, Druzes, chiites, sunnites et d’autres encore, je ne peux prétendre, même après plusieurs mois ici, avoir déchiffré le paysage social libanais. D’innombrables pratiques culturelles coexistent, bien qu’elles soient parfois divergentes. De la langue utilisée à la conception de la sexualité en passant par les traditions culinaires, rares sont les usages libanais qui traversent toutes les couches de la société. Cependant, il y en a bien un que j’ai retrouvé sans faute au sein de n’importe qu’elle communauté religieuse ou classe sociale : la consommation de haschich.

Bien que complètement illégal, le haschich est produit en abondance en Liban, au point que le pays fournit tous ses voisins orientaux et figure au top 3 des plus gros producteurs mondiaux. Habitué aux prix européens, le haschich à $2 le gramme s’est présenté à moi comme une bonne nouvelle. Dans un pays fortement inégalitaire, le haschich est accessible à tout le monde, et, pour cause, tout le monde en fume. Il ne m’a pas fallu longtemps pour rejoindre le mouvement.

La plaine de la Bekaa
La Bekaa, berceau d’un des meilleur et plus vieux hash du monde

 

En pleine interview pour un journal local, mon interlocuteur m’interrompt : “Ça te dit de fumer un joint?”.
Telle fut ma première interaction avec le shit libanais. Décontenancé, j’accepte. L’entretien achevée, j’appelle mes amis en France, et, surexcité, je leur raconte la scène. Et puis, j’ai compris qu’ici, cela n’avait rien d’exceptionnel : j’ai fait plus d’interviews autour d’un joint fumant que sans. Au bout d’un moment, j’en ai profité pour demander où je pouvais me fournir, et soudainement, personne ne pouvait m’aider. Les gens semblaient bien plus partants à m’offrir des blocs de haschich entiers qu’à me révéler le moindre contact. Il m’a fallu plusieurs mois, de la discrétion et de la patience pour être finalement dirigé vers quelqu’un qui connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un, et ainsi de suite. Et encore, à ce jour, je n’ai jamais vu un dealer de mes propres yeux.

Malgré l’omniprésence du phénomène, fumer du haschich au Liban constitue une pratique dangereuse. Les autorités locales revendiquent elles-mêmes leur capacité à incarcérer n’importe qui pendant trois ans pour un seul joint, et la délation est une pratique courante, puisque rémunérée par la police. Ingénu, je parlais de fumer et de vouloir fumer sans complexe, dans n’importe quel contexte. Alors, mes amis s’empressaient de me dire chut avec un doigt sur la bouche. De même, j’ai eu une fois le malheur d’allumer un joint dans un des rares parcs de Beyrouth, provoquant la panique générale autour de moi.

Une rue de Beyrouth cet été

Depuis, j’ai appris. Seul l’espace intime et secret des appartements des uns et des autres est approprié à ce qui est après tout censé être un moment de détente. Alors, une fois chez soi ou à une soirée chez quelqu’un, le shit abonde, comme s’il fallait compenser l’interdiction qui pèse dans tous les autres contextes. Ici, le hasch est d’une qualité telle qu’on peut l’effriter comme de la poudre, souvent au-dessus d’une petite coupelle en céramique remplie de tabac à rouler. Pour me fondre dans les moeurs locales, j’ai fait l’acquisition d’une telle coupelle, mais je m’obstine encore à rouler mes joints avec un bout de cigarette en guise de filtre. J’essaye d’en vanter les mérites, mais tout le monde ici semble résolument attacher à utiliser un carton.

Mais globalement, je me suis complètement adapté : je suis passé de ne fumer que de l’herbe à ne consommer que du shit. Au Liban, elle est encore plus chère qu’en France, autour de $15 le gramme, au point que ceux qui en ont ne la partagent pas, même en soirée. A la différence du haschich, la weed est un marqueur social fiable au Liban, et sa présence se fait exceptionnelle.

Entre l’ombre planante de l’emprisonnement et la récurrence des joints, la façon dont on fume au Liban témoigne d’une pratique quasi-schizophrénique. Le haschich au Liban, c’est un peu “Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom” : il peut être trouvé partout, mais mieux vaut éviter de l’invoquer.

Ariel.

Rôles-modèles par Mathilde Marc à l’Hôtel La Louisiane

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 L’hôtel La Louisiane accueille du 20 septembre ai 3 octobre l’exposition de Mathilde Marc « Rôles modèles ». Des photographies d’artistes femmes prises dans différents lieux, dont La Louisiane, mettent en lumière la beauté et l’énergie de femmes plus âgées, qui « ont étées » et « sont encore ».

Dès le jeudi 19 septembre et jusqu’au jeudi 3 octobre, les murs de la réception, des escaliers et de la Salle Simone de Beauvoir au premier étage deviendront l’écrin du projet de Mathilde  qui a déjà été vu à Albi, il y a déjà plusieurs mois.

Mais pour la Louisiane, Mathilde reprend son appareil photo pour immortaliser des présences entre ses murs, dont Gabrielle Lazure et Elli Medeiros ainsi qu’Eva Ionesco. Plus d’une vingtaine de portraits de ces rôles-modèles ont déjà été réalisés : celui d’Ariane Ascaride, Marianne Basler, Christine Citti, Fejria Dliba, Léa Drucker, Maria de Medeiros, Marie Desgranges, Nathalie Duong, Françoise Fabian…  Mathilde qualifie un « Rôle Modèle » une personne dont le parcours ou l’œuvre permet aux autres, souvent plus jeunes, de s’identifier, de se projeter.  Le terme a été inventé par le sociologue Robert King Merton, dont on fait souvent l’utilisation dans les cercles culturels et féminins.

Beautés incarnées

Les femmes de Mathilde sont montrées dans leur vitalité ; elles sont rendues étrangères au carcan des conventions esthétiques, de glamour, de séduction que l’on retrouve sur de nombreux clichés de la mode ou de la publicité. L’artiste travaille sur ce rapport : l’incarnation d’un style, un ton particulier propre à chaque femme, le fait qu’elles peuvent, inspirer, influencer, surprendre, sans être limitées à n’être que des modèles pour des looks, des ambiances ou un lieu.

Elles sont les « héroïnes » de l’image, actives, non figées. L’Hôtel La Louisiane, qui depuis deux cents ans accueille les créatrices et des intellectuelles dont Juliette Gréco, Albertine Sarrazin, Simone de Beauvoir est honoré de porter ce projet entre ses murs. « Ces images font écho à l’Histoire de La Louisiane, un être de pierre qui passe ses étapes jonchées de dates, dépasse notre temporalité et demeure une institution pour Saint-Germain-des-Prés et au-delà », souligne Charlotte Saliou, l’organisatrice de l’événement.

Pas d’âge pour un rôle modèle

« Avec les actrices que j’ai pu photographier (…), nous avons créé des liens et je suis devenue amie avec plusieurs d’entre elles. Cependant, en montrant ce travail à différents diffuseurs, on m’a souvent dit que c’était un sujet intéressant mais pas « vendeur ». L’âge des femmes est un tabou qui persiste. Bien que de nombreux essais et romans soient sortis en librairie ces dernières années sur le thème de l’âge et des femmes, sur la couverture de ces livres, il n’y a point de photos. Toujours des dessins et des illustrations. On parle de l’âge, on écrit sur ce sujet, mais on ne le montre pas. Tous les signes visibles de vieillissement sont effacés, cachés, filtrés. »

Mathilde s’occupe aussi du stylisme de ses rôles-modèles, elle est influencée par les ambiances cabarets et toutes les fantaisies qu’elle découvre au gré des rencontres et des recherches. Les costumes changent ces femmes-artistes en muses, en « géantes ». Le tissu permet bien des transformations et de flirter avec le surnaturel, un temps ni présent, ni passé, le temps des possibles et de l’imaginaire.

Anne Cobalty

Exposition du jeudi 19 septembre au jeudi 3 octobre 2024
Hôtel La Louisiane, au cœur de Saint-Germain-des-Prés,
60 rue de Seine, VIème arrondissement à Paris

 

La leçon du Dr. Moon : les noms de variétés de Ganja.

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De la Super Cheese à la Matanuska Thunderfuck en passant par la Stephen Hawkins, les noms des variété de cannabis sont aussi nombreux que surprenants. Certains de ces noms, comme l’Acapulco Gold, ont été transmis par descendance. D’autres, comme la Jack Herer sont des références à une personne. Et des labels comme la Lemon Haze ou la Blue Dreams indiqueront plutôt les saveurs ou effets à venir. Pas facile de s’y retrouver.
Petit guide des noms de variétés et de leur raison d’être .

L’idée de donner des noms propres à la Ganja a commencé dans les années 1960 lorsque les cultivateurs rapportaient des quatre coins du globe et vers les Pays-Bas ou les US,  des souches dites Landrace.
Acapulco Gold, Durban Poison,  Colombian Gold , Panama Red et Afghan Kush sont devenus les piliers du breeding cannabique, des aïeuls de la belle plante qui forgeront les quelque 26 000 variétés aujourd’hui disponibles.
Ces variétés Landrace, au nom basé sur leur origine géographique, ont ensuite été sélectionnées et développées pour produire une plus large gamme de croisements génétiques. Les motivations de ce métissage sont à trouver dans un désir de procurer de nouveaux effets, saveurs, résistance aux maladies et produire des rendements plus importants.

De l’origine des noms modernes de weed.
Chaque breeder a une méthode différente pour baptiser sa création, souvent en mixant, plus ou moins bien, le patronyme des souches parentales.

En exemple:
Poison OG x GSC ( Girl Scout Cookies) = Suicide Girl
Blueberry x White Widow = White Berry
OG Kush x Bubble Gum = Bubba Kush

Dans d’autre cas, le nom d’une variété est représentatif de ses effets, comme Blue Dream, qui combine Blueberry et Haze et offre au cannabis-aficionados un état  «rêveur».
Un nom peut également parler des autres attributs de la souche. Par exemple, White Widow, Granddaddy Purple et Key Lime Pie parlent tous de traits physiques, comme une abondance de trichomes blancs, des feuilles violettes colorées ou un puissant arôme d’agrume.
Dans d’autres cas, le nom d’une variété est un hommage direct, comme Jack Herer ou Ringo’s Gift, nommés respectivement en l’honneur d’un activiste notoire de la cause cannabique et d’un sélectionneur de variétés fortes en CBD.
A cette famille de weed célébrant les  grands hommes verts, la nomenclature des souches peut également être des plus aléatoires. Squiblica, Zombie OG et SleeStack, par exemple, n’ont aucun rapport avec qui ou quoi que ce soit… mais pourquoi pas ?
Dans la grande famille des noms de weed, on peut  également trouver des variétés qui portent les noms de people et icônes de la culture pop, aussi bien satiriques ( Charlie Sheen, Bob Saget) que révérencieux (Michael Phelps OG, Gupta Kush, Stephen Hawkins), ou à visée purement commerciale (Khalifa Kush, Margaret Cho-G).

Des AOC de la weed ?

A mesure que le marché de la weed se développe, les producteurs, loi du billet vert oblige, souhaitent garder pour eux telle ou telle variété et le nom qui s’y rattache.
Ce qui soulève la question de savoir comment un producteur produisant -par exemple-  de  l’OG Kush au Colorado, délimitera son phénotype par rapport aux producteurs produisant leur propre variété d’OG Kush en Californie ou au Massachusetts.
Surtout si le nom, ultra-connu, est la seule chose à laquelle le commun du stoner peut se raccrocher, faisant fît de telle ou telle spécificité régionale.
C’est dans ce contexte que des appellations d’origine sont en train de faire leur apparition, mettant l’accent sur des zones de production mythiques comme Humbolt ou Aspen.
Mais qu’en est-il des noms de variétés eux-mêmes? Quel tournant pourrait prendre l’industrie dans la façon dont nous utilisons des noms omniprésents comme Blue Dream, Sour Diesel, Granddaddy Purple et des milliers d’autres?

La réponse dans le second épisode des leçons du Dr Moon.

En bonus, le titre d’Afroman en hommage à la Thunderfuck, variété qui pousse en Alaska.

 

 

Snoop Dogg et les JO, par Olivier Cachin

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Face au très hype Patrick Montel, NBC n’a pas hésité à faire appel à un autre grand professionnel du récréatif soporifique en la personne de Snoop Dogg. Toujours sport, Olivier Cachin décrypte pour ZEWEED le génial exercice de com’ du second network US.

Pour ceux qui pourraient être surpris de voir un rappeur commenter les Jeux Olympiques de Paris, on rappellera que l’exercice n’est pas nouveau pour Snoop : en 2021, il avait fait sensation en commentant l’épreuve équestre des J.O., en compagnie du comédien Kevin Hart. Voyant le cavalier faire un pas chassé avec son cheval, il s’est exclamé : « Ce cheval fait un crip walk, cousin ! Trop gangster le canasson, il me faut ce motherfucker dans mon prochain clip ! » Les fans d’équitation n’avaient jamais vu ça ! Le genre de com qui multiplie les clics sur le Net, plus vite que Jésus multipliait les petits pains. Il était donc logique pour Snoop de renouveler l’expérience, cette fois sur toute la durée des Jeux.

Molly Solomon, la présidente de NBC Olympics Production, a depuis confirmé la présence de Snoop parmi les commentateurs de la chaîne pour l’édition 2024 : « Snoop est déjà médaille d’or olympique du commentaire sportif, ayant généré des dizaines de millions de vues pour ses interventions durant les Jeux de Tokyo. Rien que pour cette performance, Snoop a été choisi pour être notre correspondant spécial à Paris. On n’a aucune idée de ce qui va se passer, mais on sait qu’il amènera sa vision unique pour donner une nouvelle couleur à notre show olympique en prime time. »

« On n’a aucune idée de ce qui va se passer, mais on sait qu’il amènera sa vision unique pour donner une nouvelle couleur à notre show olympique en prime time ». Molly Solomon, CEO de NBC Olympics Production

En guise de teaser, Snoop a lâché une vidéo, « Snoop Year’s Eve », où durant une minute quinze, il se paie une tranche de rires avec les athlètes américains Sunisa Lee (gymnastique), A’ja Wilson (basketball), Jagger Eaton (skateboard) et le duo Kelly Cheng/Sara Hughes (beach-volley), concluant l’échange d’une phrase quasi bilingue : « Oui, oui, I’m gonna see you all in Paris, beaunnjoûr ! »
Concrètement, Snoop sera en binôme avec l’animateur Mike Tirico, cinquante-sept ans, vétéran du journalisme sportif, présent sur NBC Sports depuis 2016 et commentateur des matchs de la NFL depuis 2022.

Crédit photo : Youri Lenquette

« Tout au long des Jeux, Snoop évoluera aux côtés de l’animateur de NBC Olympics, Mike Tirico, et offrira au public américain durant les heures de grande écoute, son point de vue unique sur ce qui se passe à Paris. Il visitera les monuments emblématiques de la ville, se rendra à des compétitions et rendra visite aux athlètes, à leurs familles, ainsi qu’à leurs amis », a déclaré NBC, très fière de son coup médiatique qui a déjà eu un énorme retentissement en amont de ces Jeux très attendus. Rappelons que NBCUniversal a déboursé la somme astronomique de 7,8 milliards de dollars pour les droits des Jeux Olympiques jusqu’en 2032, et qu’elle entend bien rentabiliser son investissement.

7,8 milliards de dollars pour les droits acquis par NBC pour couvrir les JO jusqu’en 2032

Du 26 juillet au 11 août, via sa plateforme de streaming Peacock, la chaîne compte diffuser sept mille heures de programmes liés aux Jeux Olympiques. Et, comme le rappelle Rick Cordella, le président de NBC Sports, « une célébrité comme Snoop Dogg n’aurait pas pu faire partie de l’équipe NBC Olympics durant les précédentes éditions mais, désormais, il est un des pivots de notre offre. On se doit d’innover, d’essayer de faire les choses différemment, d’être raccord avec le monde médiatique qui est le nôtre en 2024. »

Concernant le salaire de Snoop, il est fait état de 500.000 dolars/jour. En bon entrepreneur, Snoop a déjà commencé la promo en amont, ne reculant devant aucun superlatif : « Je suis ravi de voir ces incroyables athlètes qui vont se donner à fond à Paris. C’est une célébration de la compétence, du dévouement et de la poursuite de la gloire. Nous allons assister à des compétitions extraordinaires et, bien sûr, j’apporterai le style Snoop dans le mix. Ce seront les Jeux Olympiques les plus épiques de tous les temps, alors restez à l’écoute et ne lâchez rien. Élevons, célébrons et rendons ces Jeux inoubliables, enflammons la compétition et que le meilleur brille comme l’or ! »
Reste la question que se posent tous les lecteurs de ZEWEED : Snoop allumera-t-il un blunt avec la Flamme olympique ? On prend les paris, et on sait que, quoi qu’il arrive, le Dogg saura nous distraire sans (trop) nous enfumer.

Par Olivier Cachin

 

Megan Rapinoe : Star du gazon et ambassadrice du CBD

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Double championne du monde de football et Ballon d’or 2019, Megan Rapinoe, en plus d’avoir marqué son sport, marque de son empreinte la société. Militante féministe et icône LGBT, elle a fait du CBD l’un de ses champs de reconversion…

Foot for justice

Si nombre de sportifs de haut niveau s’engagent auprès d’œuvres caritatives plus consensuelles les unes que les autres, rares sont ceux qui sont prêts à mettre leur carrière en jeu pour soutenir des causes polémiques. Un manque de courage ou de convictions qui ne semble pas définir « Pinoe », comme la surnomment ses fans. Première femme lesbienne à faire la couverture de Sports Illustrated, elle y explique refuser de mettre un pied à la Maison-Blanche tant que Donald Trump serait président en arguant : « Je ne vais pas faire des courbettes devant le Président qui, clairement, est contre tout ce en quoi je crois. » Elle est également la première sportive blanche à avoir soutenu le joueur de football américain Colin Kaepernick, qui deviendra après des mois de polémiques, le symbole du mouvement de protestation contre les violences policières à l’encontre des Noirs américains. En 2019, alors qu’elle est de nouveau sacrée championne du monde, elle dépose avec ses coéquipières un recours collectif contre la politique salariale de la Fédération américaine de football qu’elles jugent discriminatoire. Elle franchit finalement les portes de la Maison-Blanche pour s’assurer du soutien de Joe Biden dans son combat pour l’égalité salariale et, en 2021, la Fédération finit par céder en formalisant dans un accord historique, l’égalité salariale entre les équipes féminines et masculines. Un an plus tard, elle reçoit des mains du 47e Président, la médaille présidentielle de la Liberté – plus haute décoration civile du pays.

Fight for weed

Celle dont les combats ont fait dire à ses détracteurs qu’elle était anti-américaine, n’a pas hésité à investir un énième champ de lutte : celui du chanvre. Lorsqu’à l’âge de trente ans, elle se déchire le ligament croisé antérieur droit après la Coupe du monde 2015, nombreux sont ceux qui parient sur la fin de sa carrière. C’était sans compter son recours au CBD, auquel la superstar attribuera une des raisons de sa prompte guérison. Dès lors, elle confiera consommer du CBD quotidiennement pour soulager la douleur et l’inflammation, stabiliser son humeur, mieux dormir et favoriser sa récupération sportive. En 2019, peu après l’adoption de la réglementation américaine « Farm Bill » qui permit la culture et la vente de chanvre, ainsi que des produits CBD au niveau national, sa sœur jumelle, Rachael Rapinoe, elle-même ancienne joueuse de football de l’équipe nationale, crée une marque de produits à base de CBD nommée Mendi. Megan Rapinoe en devient la conseillère spéciale et l’ambassadrice toute désignée. « Nous croyons vraiment qu’il existe un mouvement et tout un flot de personnes souhaitant des médicaments alternatifs plus sains. Ils ne veulent pas de ce qu’on nous prescrit généralement dans ce pays, qu’il s’agisse de médicaments en vente libre, d’opiacés sur ordonnance, de somnifères ou de divers outils pour lutter contre le stress et l’anxiété », précise sa sœur.

Fight forever

Si les sœurs Rapinoe se permettent d’évoquer la crise des opiacés, c’est parce que leur grand frère Brian en a été victime. Enchaînant les petits délits, les incarcérations et les addictions avant d’embrasser les thèses suprémacistes, il n’a jamais cessé d’être soutenu par Megan Rapinoe. En 2019, après avoir mis de l’ordre dans sa vie, Brian déclarera : « J’étais son idole. Mais, désormais, et ça ne fait pas l’ombre d’un doute : c’est elle mon idole ! » Toujours à l’avant-garde en termes de justice sociale, les sœurs Rapinoe alertent désormais sur la nécessité d’impliquer davantage les personnes de couleur dans l’industrie du cannabis, afin de compenser les injustices causées par une lutte contre la drogue historiquement discriminatoire.

Benjamin Cazeaux-Entremont
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