Réchauffement Climatique - Page 3

Un Dakar plus écologique

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 La mythique compétition automobile qui se déroule en Arabie Saoudite se voudrait plus écologique et donc 100% éco-responsable

« Le rallye Dakar provoque directement et indirectement des dégâts qui sont de plusieurs ordres. Le Dakar va émettre directement près de 40 000 tonnes de CO2 » explique Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, à propos de la course des 500 automobiles, motos, quads et camions qui vont parcourir quelque 9 000 km à travers le Pérou, la Bolivie et l’Argentine.

Selon l’association, ses conséquences en sont multiples : influence sur le dérèglement climatique, avec ses 40 000 tonnes de CO2 émises, sur les écosystèmes car le parcours traverse des milieux fragiles, mais aussi sur le public, qui va « avoir tendance à aller mimer les fous du volant en achetant des véhicules surdimensionnés par rapport à l’usage qu’ils en feront au quotidien« , le tout sans compter les « décès d’enfants et de personnes qui traversent les rues de leurs villages et qui subissent les vitesses inouïes de ces véhicules. »

Un Dakar plus écologique serait donc possible ? Oui, avec des véhicules plus respectueux des éco-systèmes qu’il traverse et faire taire les critiques qui l’accusent de polluer: ce sont les objectifs que se sont fixés les organisateurs du célèbre rallye-raid, dont l’édition 2020 se conclut vendredi en Arabie saoudite. «Nous avons acquis une certitude: les voitures et les camions de demain se déplaceront avec des moteurs électriques».

Dès la prochaine édition, en 2022, une nouvelle catégorie va voir le jour, réservée aux voitures et camions 100% électriques ou hybrides. En 2026, c’est tous les pilotes et équipages pros qui devront rouler dans des véhicules «zéro émission», c’est à dire sans gaz d’échappement. Enfin, après une période de transfert de technologie vers les concurrents amateurs, le Dakar veut être 100% électrique à l’horizon 2030. «Le principe d’une base de moteurs électriques sera la même pour tous», explique David Castera, «le défi de demain c’est comment on fabrique cette électricité». Les organisateurs laissent la porte ouverte à toutes les technologies existantes ou futures pour produire l’électricité des moteurs.

GreenLetter Club : des tutos pour devenir incollable sur l’écologie

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Faut-il manger moins de poissons ? Pourra-t-on bientôt voler en avion électrique ? A quoi ressemblera la France en 2050 ? A toutes ces questions et milles autres, la réponse est sur  Greenletter Club, la chaine vidéo 100% écolo !

Le Greenletter Club donne la parole à des spécialistes pour décortiquer de grands sujets écologiques. Du capitaine d’industrie au patron d’ONG, en passant par le spécialiste du pétrole, nous entrons pendant plus d’une heure dans le vif de sujets qui pourraient bien  changer le monde et notre quotidien.

 

Retrouvez le Greenletter Club juste ici !

 

Antarctique : plaidoyer pour le continent blanc.

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Vaste comme le Canada et l’Union européenne, l’Antarctique est un continent dédié à la recherche. Initiée par le réchauffement climatique, la déstabilisation de ses glaces aura des conséquences planétaires. 

Après plus d’un mois de voyage, ils sont arrivés à bon port. Le 13 novembre, les membres de la première équipe d’expéditionnaires de l’institut polaire français ont débarqué d’un Airbus australien sur la base antarctique Mario Zuchelli. Il ne leur reste plus qu’à franchir en chenillettes les 1 200 km qui les séparent de la station franco-italienne Concordia, au cœur du continent blanc, où ils effectueront leur campagne scientifique australe.
Dans l’extrême sud de l’océan indien, le brise-glace Astrolabe vogue vers la base française Dumont d’Urville. Il y débarquera une autre équipe ainsi que le ravitaillement. Pourquoi envoyer autant de chercheurs et de techniciens dans ce désert glacé ? Pour compter les manchots ? Pas seulement.

La terre de tous les extrêmes
S‘étendant sur 14 millions de km2, l’Antarctique est le quatrième plus important continent de la planète, derrière l’Asie, l’Afrique et l’Amérique. Territoire de tous les extrêmes, le « pôle sud » est la terre la plus froide, la plus sèche, la plus venteuse, la plus isolée et la plus glacée du monde. Et celle dont l’altitude moyenne (2 300 m) est la plus élevée. C’est aussi l’endroit du globe où l’on compte le moins d’humains.
Le traité de l’Antarctique et le protocole de Madrid l’ont consacré « réserve naturelle dédiée à la paix et à la science » où l’exploitation des ressources minérales (et de la glace !) est interdite et le tourisme très réglementé. Seule concession laissée aux bipèdes : la construction, ces 50 dernières années, de moins de 70 stations scientifiques, dont la moitié sont occupées en permanence.

Le paradis de la science
À peu près vierge, l’Antarctique est un paradis de la science. Le Britannique Joseph Farman y a découvert, en 1985, le trou dans la couche d’ozone stratosphérique. En étudiant (parfois dans le whisky !) les bulles d’air piégées dans la glace, les Français Claude Lorius et Jean Jouzel mettent en évidence, deux ans plus tard, les relations entre variations du climat et concentrations de gaz à effet de serre. Autre découverte majeure.
Si la vie est presque absente de la surface, elle fourmille dans les eaux côtières. Les conditions extrêmes ont forgé des écosystèmes endémiques nombreux et d’une très grande richesse : des micro-organismes inconnus, aux baleines, en passant par le krill, les pinnipèdes, des poissons insensés et une grande diversité d’oiseaux. Nul terrien ne pourrait soupçonner pareille biodiversité sur des côtes et des eaux si inhospitalières, en apparence.

Un environnement unique
Réservoir unique de vie, l’Antarctique abrite aussi le plus grand stock d’eau douce de la planète. Glacée, cette eau s’écoule dans l’océan à des flux toujours plus importants, en raison principalement du réchauffement de l’océan, plus rapide que prévu. Chaque année, 220 milliards de tonnes de glaces s’écroulent dans la mer. De quoi en élever le niveau de 0,3 mm/an. Mais le phénomène s’accélère. À ce rythme, le réchauffement pourrait non seulement perturber les écosystèmes marins de l’Antarctique mais aussi faire grimper, partout sur la planète, le niveau marin d’un mètre en un siècle. De quoi noyer bien des régions basses (Pays-Bas, Bangladesh), des métropoles côtières (New York, Marseille, Shanghai, Lagos). Notre avenir est inscrit dans les glaces et les neiges de l’Antarctique.
Raison de plus pour les protéger.

 

 

 

Amazon s’attaque (enfin) au réchauffement climatique.

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 Jeff Bezos, le créateur d’Amazon, a fait amende honorable en allouant plus de 800 M$ de sa fortune personnelle à des ONG investies dans le climat. Et ce n’est qu’un début.

Pour les écologistes (et les libraires !), Jeff Bezos, c’est le mal absolu. Après avoir bâti, en une vingtaine d’années, le plus grand groupe mondial de commerce en ligne, le propriétaire du Washington Post fait monter le thermomètre climatique. Dynamisant le commerce international, transportant ses marchandises par avions et par camions, Amazon affiche un bilan carbone désastreux.

Lourd bilan carbone

Rien qu’au Royaume-Uni, Amazon a directement relâché 19 000 tonnes de dioxyde de carbone lors du dernier Black Friday. Au niveau mondial, le groupe évalue son empreinte carbone à plus de 50 millions de tonnes de gaz à effet de serre : un peu plus que la Suisse. Bonne nouvelle : l’entreprise affirme désormais que ce bilan sera réduit à néant d’ici à … 2040.
Pour autant, le millardaire new-yorkais n’entend pas se croiser les bras. Comme nombre de ses camarades « Sans Difficultés Financières », l’homme le plus riche du monde (selon Forbes !) va consacrer une partie de sa gigantesque fortune personnelle à la lutte contre le changement climatique.

10 milliards pour le climat

Le démarrage de la pandémie a un peu masqué la nouvelle : en février dernier, l’ancien étudiant de l’université Princeton a annoncé la création du Bezos Earth Fund (BEF). Doté de 10 milliards de dollars (8 milliards d’euros), le BEF financera la recherche scientifique, des organisations non gouvernementales, mais aussi n’importe quelle initiative bonne pour faire redescendre le thermomètre planétaire.
Visiblement, le plan de distribution n’était pas tout à fait prêt. Il aura fallu plus de 8 mois avant que les premiers bénéficiaires (tous Américains) soient connus. Dans un premier temps, le mécène du climat va doter l’Environmental Defense Fund (EDF), le Natural Resources Defense Council (NRDC), le World Wildlife Fund (WWF) et Nature Conservancy de 100 millions de dollars (81 millions d’euros) chacun. Grand pourvoyeur d’études sur les effets du réchauffement, le World Resources Institute (WRI) devrait recevoir 85 millions de dollars (70 millions d’euros). .

Coordonner l’action des ONG

Moins connus du grand public et des journalistes, l’Energy Foundation et la ClimateWorks Foundation seront créditées de plusieurs dizaines de millions de dollars. Cette dernière nouvelle n’est pas inintéressante. Car ces deux organisations, habituellement soutenues par un réseau de philanthropes (les familles Rockfeller, Ford, Hewlett ou Packard, par exemple), sont réputées pour coordonner l’action de centaines d’associations environnementales de par le monde.
En 2009 et en 2015, elles avaient notamment organisé le lobbying des ONG en amont des sommets climatiques de Copenhague et de Paris. L’an prochain, l’Écosse doit accueillir, à Glasgow, la COP 26, à l’issue de laquelle les Etats doivent, en principe, rehausser leurs ambitions climatiques. Les associations ne seront pas de trop pour les convaincre de ne pas renoncer.

 

Biden: environnementalement correct ?

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Contrairement à Donald Trump, le prochain président des Etats-Unis a un programme environnemental. Et il est plutôt enthousiasmant.

Il n’est encore officiellement élu, mais à l’heure où nous mettons en ligne, Joe Biden dispose déjà du soutien de 290 grands électeurs sur les 270 nécessaires pour assurer son accession à la Maison blanche.
Ne restera plus que la formalité de la passation de pouvoir en 2021 et le vote des grands électeurs mi-décembre pour qu’il devienne, sans contestation aucune, le 46ème président des Etats-Unis.

Carbon Market
Est-ce une bonne nouvelle pour l’environnement. Bonne question, je vous remercie de me l’avoir posée. Dans sa longue vie parlementaire (sa première élection date de 1973 !)  Joseph Robinette Biden ne s’est pas beaucoup intéressé aux questions vertes. A ceci près qu’il fut l’un des rares sénateurs à voter en faveur de la création d’un système américain d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre, le fameux marché du carbone. Sans succès.

Back to Paris
Dans ces mois de campagne acharnée contre Trump, le négationniste du réchauffement, le challenger démocrate s’est découvert une fibre verte. Et n’a pas hésité à défendre un programme qui n’a rien de déshonorant. Première promesse : s’il est élu, Joe s’engage à faire réintégrer les Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. Ce qui ne l’oblige à pas grand-chose d’autre que de produire, tous les 5 ans, une politique climatique un peu améliorée d’une fois sur l’autre.

Carbon Neutral
Est-ce encore bien utile ? Là encore, bonne question. Ces dernières semaines, l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du sud ont annoncé vouloir viser la neutralité carbone à l’horizon de 2050. La Chine suivra le mouvement avec 10 ans de retard. La neutralité carbone en 2050, cela convient parfaitement à Biden. Le président presque élu propose d’ailleurs à cette échéance la production d’énergie américaine soit totalement propre. Ce qui suppose de construire beaucoup de centrales nucléaires, solaires et éoliennes d’ici là. En 2019, les énergies vertes ne produisaient que 11% de l’énergie primaire consommée par l’Oncle Sam.

Green New Deal
La grande affaire du successeur annoncé de Donald Trump sera le lancement de son plan de relance post-Covid. Doté de 1 700 à 2 000 milliards de dollars (selon les versions) de fonds fédéraux, ce Green New Deal espère susciter trois fois plus d’investissements privés afin de rénover les bâtiment (qu’ils soient plus sobres), moderniser les réseaux d’électricité, produire plus d’énergies renouvelables, développer le marché des voitures électriques.

Corn belt
Pour alimenter les moteurs thermiques qui continueront d’équiper camions, bateaux et avions, l’ancien vice-président de Barack Obama entend doubler la production d’agrocarburants, au grand bénéfice des planteurs de maïs américains. Pour accélérer la transition énergétique de l’Hyperpuissance, Washington créera une agence une agence de développement de technologies sur l’énergie et le climat, un peu comparable à la Darpa qui imagine les armements du futur pour le compte du Pentagone.

Nuke is good
Sa feuille de route est déjà écrite : les recherches devront prioritairement porter sur les systèmes de stockage d’énergie (utile si l’on veut développer les énergies intermittentes comme l’éolien ou le solaire), les petits réacteurs nucléaires, les bâtiments neutres en carbone, la production de matériaux décarbone ou les fluides réfrigérant ne réchauffant pas le climat.
Lors d’un débat avec le président en exercice, Joe Biden a aussi promis d’interdire l’accès des terres fédérales aux compagnies pétrolières et de réduire les subventions à la production d’hydrocarbures. Ce qui, curieusement, ne l’a pas pénalisé dans les Etats les plus producteurs d’huile et de pétrole de schiste.

 

New Delhi sous un brouillard de pollution

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La capitale indienne était couverte vendredi d’un épais brouillard toxique et le niveau de pollution était mesuré comme “sévère” par les autorités, quelques heures après des déclarations de Donald Trump trouvant l’air “dégoûtant” en Inde.

Chaque année au début de la saison hivernale, l’air se transforme à New Delhi en un mélange toxique de fumées venues des brûlages agricoles alentour, de gaz d’échappement et d’émissions industrielles, piégé au dessus de la ville par les températures plus fraîches et des vents faibles.

Vendredi, l’ambassade américaine à New Delhi enregistrait une concentration journalière de particules fines PM2,5 de 269 microgrammes par mètre cube d’air.

L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser une concentration de PM2,5 de 25 en moyenne journalière. Par comparaison, vendredi en fin de matinée dans le centre de Paris, le taux était de 40. Elle peut atteindre les 150 dans la région de Los Angeles.

D’un diamètre égal au trentième de celui d’un cheveu humain, ces particules peuvent s’infiltrer dans le sang à travers les poumons. Une exposition à long terme aux PM2,5 accentue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons.

L’indice de qualité de l’air des 36 sites officiels de surveillance de Delhi, mesurant les PM2,5 et PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 microns) s’établissait entre 282 et 446, à un niveau “sévère”, selon le Conseil central de contrôle de la pollution (CPCB). Le niveau “bon” est de 0 à 50.

“Une hausse significative des brûlages agricoles”

“Une nouvelle détérioration (de la qualité de l’air) est attendue pour deux jours”, a estimé l’organisme gouvernemental SAFAR évoquant “une hausse significative des brûlages agricoles” dans les Etats voisins de l’Haryana et du Pendjab qui contribue à 17% aux niveaux de PM2,5 à Delhi.

Ces brûlages ont débuté plus tôt cette année car les paysans, craignant des pénuries de main d’oeuvre à cause de la pandémie, avaient avancé l’ensemencement et les récoltes, selon les autorités.

Jeudi soir, lors de son débat avec Joe Biden, son adversaire démocrate pour l’élection présidentielle du 3 novembre, le président américain Donald Trump a déclaré: “Regardez à quel point c’est dégoûtant en Chine. Regardez la Russie, regardez l’Inde. C’est dégoûtant. L’air est dégoûtant”.

M. Trump avait retiré son pays de l’accord de Paris sur le climat en l’estimant traité injustement par rapport à d’autres pays pollueurs.

Des scientifiques mettent en garde contre les risques particuliers de la pollution cette année, avec la pandémie, pour les 20 millions d’habitants de New Delhi.

Elle “augmente le risque de maladies non transmissibles, celles-là même qui rendent les gens plus susceptibles d’être gravement atteints ou de mourir du Covid-19”, explique à l’AFP l’épidémiologiste Sumi Mehta de l’organisation internationale Vital Strategies.

Et le système de santé pourrait subir des tensions accrues. “Il existe de sérieuses inquiétudes de voir la vulnérabilité au Covid-19 augmenter encore pendant l’hiver, avec des niveaux de pollution de l’air plus élevés qui aggravent de toutes façons les maladies respiratoires et font monter les hospitalisations”, dit à l’AFP Anumita Roy Chowdhury du Centre for Science and Environment de Delhi.

Zeweed avec AFP

Et si on enterrait (littéralement) le CO2?

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L’un des moyens le plus simple de ralentir le réchauffement climatique est de stocker le carbone atmosphérique dans le sol.
Et en plus, ça peut rapporter gros.

Ce sont en tous cas les principaux résultats du rapport spécial du Giec sur la possibilité de stabiliser le réchauffement à 1,5°C.
Publiée, il y a déjà deux ans, cette étude, commandée à l’issue du sommet climatique de Paris en 2015, le confirme : oui, nous pouvons encore freiner la dynamique du changement climatique.
A condition de nous y mettre franchement, tout de suite et de ne pas baisser les bras en route !
Autre enseignement et pas le moindre, il ne suffira pas de réduire sensiblement nos émissions de gaz à effet de serre (GES) pour éviter la surchauffe. Compte tenu des centaines de milliards de tonnes de CO2, méthane, protoxyde d’azote et autres HFC que nous avons relâché (au rythme effrayant d’une cinquantaine de milliards de tonnes par an), nous devrons décarboner une partie de l’atmosphère pour minorer le réchauffement et ses effets.

Milliards de microbes

L’une des solutions les plus simples en la matière est de laisser faire la nature. Et plus précisément les microbes.
Chaque poignée de terre végétale naturelle recèle des milliards de micro-organismes capables, en résumé, de capter le gaz carbonique de l’air et de stocker son carbone six pieds sous terre.  Une capacité qui suscite déjà des convoitises.
Certaines entreprises voient là un moyen simple d’alléger leur empreinte carbone ou de faire des profits. Cargill est l’un des pionniers de ce nouveau business. La multinationale de l’agro-alimentaire ambitionne de baisser de 10 % son empreinte carbone entre 2017 et 2025. Elle va certes améliorer certains de ses procédés. Mais surtout contractualiser avec les milliers d’agriculteurs qui lui fournissent denrées et matières premières.

Economies d’émission

Depuis belle lurette, le groupe centenaire distille de bonnes pratiques agronomiques aux planteurs de cacao sous contrat. Désormais, il payera les agriculteurs qui réduiront leurs émissions et stockeront du carbone dans le sol.
En partenariat avec l’association des producteurs de soja de l’Iowa et le consultant Quantified Ventures, Cargill a mis sur pied le Soil & Water Outcomes Fund (SWOF), un nouveau venu dans l’intermédiation de crédits carbone.
Des agriculteurs souhaitant épandre moins d’engrais azotés (source de protoxyde d’azote, puissant gaz à effet de serre), planter des cultures intersaison ou diminuer les labours toucheront un pécule de SWOF. Ces revenus compensatoires peuvent atteindre 17 euros/hectare.

Crédits carbone

Pour chaque tonne de GES évitée ou stockée dans le sol, SWOF génère un crédit carbone qu’il vend à Cargill. Le groupe peut les utiliser pour se conformer à ses objectifs climatiques. Le géant de Minneapolis a convaincu plusieurs dizaines d’agriculteurs, exploitant 4.000 hectares dans l’Iowa, de tenter l’expérience. Dès la première année, l’expérience devrait éviter l’émission de 50 tonnes d’oxyde nitreux et stocker 7.500 tonnes de carbone dans les champs. Ce qui équivaut à une économie d’émission de 30.000 tonnes équivalent CO2.
Séduisant, le concept a traversé l’Atlantique. Soil Capital propose aux paysans français et belges le même type de prestations que celles offertes par Quantified Ventures. Les agriculteurs désirant bénéficier des crédits carbone émis par l’entreprise belge doivent se convertir à l’agriculture régénérative. C’est-à-dire : consommer moins d’engrais azotés, ne plus labourer, laisser les sols toujours couverts de plantes vivantes, planter des haies, pratiquer la polyculture…Pas si simple de protéger la planète.

 

 

Climat : Et si l’on optait pour les solutions naturelles ?

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Pour stabiliser rapidement le réchauffement, nous devons réduire nos émissions et aspirer une partie du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Les chercheurs s’opposent : faut-il disséminer des aspirateurs à carbone ou miser sur les solutions engendrées par la nature ? Explications.

Les ouvrages du GIEC ne sont pas que des catalogues de mauvaises nouvelles. Il y a tout juste deux ans, le réseau mondial de climatologues publiait un rassérénant rapport sur les façons d’atteindre le plus ambitieux des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Le texte signé à l’issue du sommet mondial de Paris, en 2015, commande à la communauté internationale de stabiliser le réchauffement entre 1,5 °C et 2°C. De prime abord, le premier objectif apparaît particulièrement ambitieux : le thermomètre mondial s’étant déjà, en moyenne, échauffé de 1,1°C. Et pourtant !

Agir vite et fort

Les scientifiques sont formels ! En agissant (très) vite et (très) fort, nous pouvons encore espérer stopper l’ascension du mercure du thermomètre planétaire à 1,5°C. Reste à savoir comment. Déploiement massif d’énergies décarbonées, économies d’énergie, révolution agricole : les solutions sont connues. Et insuffisantes. Nous avons probablement déjà émis suffisamment de gaz à effet de serre (GES) pour dépasser le 1,5°C. Ces GES ont généralement une longue durée de vie et nous ne cessons d’en rejeter dans l’atmosphère. Conséquence : en plus de décarboner nos modes de vie et de développement, nous allons devoir extraire du carbone de l’atmosphère.

Aspirateurs à carbone

Cette recommandation a été bien comprise par certains physiciens suisses et nord-américains. Leurs compagnies, Climeworks, Carbon Engineering, proposent d’installer sur toute la planète de gigantesques aspirateurs à CO2 (captage directe du carbone dans l’air ou DAC). Nettoyé, comprimé, séché, ce dioxyde de carbone pourrait être ensuite injecté dans une structure géologique étanche (un ancien gisement d’hydrocarbures par exemple) ou réutilisé. À Hinwil, près de Zurich, les 18 aspirateurs de Climeworks captent 900 tonnes de gaz carbonique par an, qui sont vendus à un maraîcher pour accélérer la croissance des fruits et des légumes. La solution ?

Solutions naturelles

Ce n’est pas l’avis de Pierre Gilbert. Pour ce prospectiviste français, se fier à ces techniques c’est nourrir l’espoir que tous nos excès carboniques peuvent être facilement compensés par la technique. Or, le DAC est loin d’avoir fait ses preuves. Et les technologies concurrentes (bioénergie avec captage et stockage du CO2 ou BECCS) n’existent que sur le papier.
D’où l’idée de recourir à des solutions « naturelles » expérimentées depuis des siècles voire des millions d’années. La plantation massive de forêts, la modification des pratiques agricoles (moins d’engrais azoté et moins de labours, notamment), la préservation du permafrost, notamment, permettraient d’absorber 40% du carbone que nous émettons, estime l’ancien analyste du ministère français des Armées.
Considérable !

A Venise, Moïse arrête les acqua alta

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Un système de barrage appelé MOSE (Moïse en italien) protège désormais la cité des doges des fortes marées. Un phénomène qui s’est accru ces dernières décennies et qui n’est pas près de s’éteindre.

Une petite flaque. C’est une petite mare que les Vénitiens ont joyeusement piétinée le 3 octobre. Preuve que Moïse peut sauver la Sérénissime des eaux. L’automne, c’est habituellement le début de la longue saison (qui s’étend jusqu’au printemps) des hautes eaux (acqua alta).
Sous l’effet de la pluie, du Sirocco, de la pression atmosphérique, Venise connaît des pics de marées qui peuvent submerger tout ou partie de la cité des Doges. Un phénomène amplifié par l’affaissement de la ville. En se basant sur les tableaux de Veronese, Canaletto et de Belloto, les scientifiques de l’Institut des sciences de l’atmosphère et du climat de Padoue estiment que le niveau moyen de l’eau de la lagune s’est élevé de 70 cm ces trois derniers siècles.

Acqua alta en hausse

Cette montée des eaux s’est accélérée à la suite à la construction de la raffinerie de Marghera, du pont de chemin de fer reliant Venise au continent et du chenal marin pour les pétroliers. Autant d’infrastructures qui ont perturbé la circulation de l’eau dans la lagune. A cela s’ajoute la dilatation de l’eau marine induite par le réchauffement climatique. Conséquence logique de cette accumulation : les épisodes d’acqua alta sont devenus plus fréquents. Depuis les années 1990, Venise subit 4 à 5 inondations par an : quatre fois plus qu’en 1900.
Le 12 novembre 2019, la cité a été noyée par une marée de près de 1,9 mètre au-dessus du niveau de la mer. Des dizaines de palais et d’églises classées ont été endommagées. Du jamais vu depuis un demi-siècle. Cet épisode tragique pourrait appartenir au passé.

Modélisation d’une Digue du plan MOSE (Moïse ne italien)

78 barrières sous-marines

Désormais, les trois passes de la lagune (Malamocco, Lido et Chioggia) sont tapissées de 78 barrières sous-marines, arrimées à des structures en béton. En cas de haute marée, ces caissons d’acier, dont certains affichent plus de 300 tonnes sur la balance, se redressent en quelques minutes, barrant l’accès de la lagune à l’Adriatique. En théorie, ils peuvent résister à une marée de 3 mètres au-dessus du zéro marégraphique
Imaginé dans les années 1980, le programme MOSE (Moïse en italien) a failli ne jamais émerger. Difficultés techniques, scandales financiers, contraintes environnementales, ont ralenti les travaux et alourdi le montant du devis. Au total, les contribuables italiens et européens ont probablement déboursé plus de 7 milliards d’euros pour financer cette installation : cinq fois plus que les estimations initiales.

Pétrole et sel

Efficace Moïse ? Plutôt. La marée du 3 octobre atteignait 135 cm au-dessus du niveau de la mer. De quoi remonter l’eau jusqu’au genoux des Vénitiens dans les quartiers les plus bas de la ville lacustre. Ca n’a pas été le cas, cette fois-ci. Suite à l’alerte des services météo, les ingénieurs de Venezia Nuova ont déclenché le système. En moins de 30 minutes, les caissons sous-marins avaient chassé l’eau de leur ballast et se dressaient à la verticale. La mer est restée au large.
Ces digues amovibles suffiront-elles pour protéger la Sérénissime ? Bonne question. Si Moïse constitue un rempart sans faille aux fortes marées, il n’est d’aucune aide contre l’affaissement du sol de la cité. Ce phénomène géologique est imputable à l’exploitation des gisements d’hydrocarbures dans la lagune et au pompage de la nappe phréatique. Autre menace : le sel. Avec la montée du niveau moyen de l’eau saumâtre, de très nombreuses structures (murs, fondations) sont rongées par le sel. Un cancer qui n’est pas prêt de reculer. Au rythme actuel d’émission de gaz à effet de serre, le niveau moyen de l’eau pourrait bondir de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle dans la lagune, estiment les climatologues italiens. La capitale de la Vénitie n’est pas totalement sauvée des eaux.

 

 

 

Woody Harrelson donne de la voix à la green agriculture.

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« Kiss the ground », c’est le documentaire essentiel et peut-être salvateur de cette année pourrie. Narrée par Woody Harrelson, cette déclaration de bonnes intentions se veut avant tout terre à terre, pédagogique et pragmatique. Comme un écho au « Solution locales pour désordre global » de Coline Serreau. Disponible sur Netflix, bientôt en libre-accès sur Youtube.

Il aura fallu 7 ans à l’équipe du film pour rassembler experts, données, idées et imaginer une agriculture qui ne soit synonyme de catastrophe annoncée. 7 ans de réflexion pour nous proposer ce qui pourrait bien ressembler à un manifeste comme à un vrai début de solution. Car si la production de biens non périssables génère une grande partie des gaz à effet de serre, c’est l’agriculture intensive, la surexploitation et un processus d’élevage et d’abattage à donner des cauchemars à des gardiens de goulags qui met vraiment notre planète à mal, plus encore que la pollution automobile, maritime et aéronautique réunies.
Il est donc grand temps d’agir et réfléchir avant de mâcher une bouffe qui tue la planète, et coup de bol, il n’est peut-être pas trop tard.

« Kiss the ground », c’est aussi une ONG qui milite depuis plusieurs années et propose un portail web dans lequel, au travers d’une soixantaine de  segments de plus d’une heure, des solutions pour inverser la donne du réchauffement en retrouvant un équilibre naturel sont proposées.
60 podcast de plus d’une heure ainsi que de nombreuses pastilles où l’on apprend, au travers de gestes et bonnes habitudes à prendre, comment sauver notre planète et le futur de nos enfants.
Fabriquer soi même les produits d’hygiène courante (déodorant, dentifrice, savon, crème hydratante), se soigner avec des plantes aussi peu connues que facile à faire pousser dans son jardin ou encore monter son potager en permaculture, tout y est pour créer une saine autarcie loin d’une alimentation à l’emprunte carbone désastreuse. Et sans pour autant finir dans une cabane sans eau courante au fin fond du Yukan.