Biodiversité

La Californie, premier marché du cannabis d’AOC

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La Californie a crée des appellations d’origine de cannabis. Un moyen pour dynamiser le business. Et le protéger aussi des chaleurs du réchauffement.

Depuis longtemps, on la désigne sous le nom de son pays d’origine : l’Afghane, la Marocaine ou la Libanaise. Ces sobriquets ne garantissent aux usagers ni la provenance réelle de leur weed favorite, ni sa qualité. Les Californiens devraient faire évoluer les choses. Le gouverneur du Golden State vient d’approuver une proposition de loi originale. Entrée en vigueur en octobre, la loi 67 introduit, en effet, la notion d’appellation d’origine pour la production de cannabis.

Exit indoor
Appellation d’origine, comme pour le vin ? C’est bien l’idée des législateurs. Pour donner un avantage concurrentiel aux productions made in California, la loi impose au ministère local de l’agriculture et de l’alimentation de présenter rapidement un cahier des charges pour l’inscription de ces nouvelles AOC. Etant entendu qu’elles ne s’appliqueront qu’aux plantations de pleine terre. Les cultivateurs indoor peuvent repasser.

La victoire du terroir
Si le nom de ces futurs « climats », « châteaux » ou autres domaines n’est pas encore reconnu, l’intérêt de cette classification saute aux yeux des professionnels. D’abord, protéger la réputation des meilleures zones de production, à l’image des vignobles de la Santa Maria Valley ou des Hautes-Côtes-de-Nuits.
Les planteurs veulent aussi populariser une idée bien française : le terroir. Imaginée par les commerçants français du XIIIe siècle, cette subtile alliance de la terre, du climat et du savoir-faire de l’agriculteur est gage de qualité et de spécificité. Jadis méprisé par les viticulteurs américains, le concept fait son chemin dans la Napa Valley et chez les producteurs d’herbe.

Donner envie
Classifier les plantations, c’est aussi susciter l’envie chez les consommateurs de découvrir les propriétés, ceux qui les exploitent et leurs productions. Les planteurs californiens rêvent d’ouvrir les routes de l’herbe, calquées sur celles du vin. Pas idiot, si l’on garde en tête que 3 millions d’amateurs sillonnent celles qui mènent à la Napa Valley, la région viticole la plus connue de Californie.

Mendocino first ?
Nul doute que les premières appellations devraient émerger du côté de Mendocino, ravissant bourg maritime situé à 250 km au nord de San Francisco. A la tête de l’Origins Council, Genine Coleman bataille pour créer l’AOC Mendocino. Avec son équipe de cultivateurs, de juristes et de commerciaux, la planteuse et spécialiste des arts martiaux fourbit ses argumentaires, dont certains s’appuient d’ailleurs sur des arrêts du Conseil d’Etat … français.

Carbone et biodiversité
Dans son esprit, la notion de d’appellation d’origine cannabique doit, bien sûr, encadrer les pratiques, garantir la qualité des produits, contribuer à la notoriété des produits. Plus étonnamment, l’Origins Council estime aussi que la notion de terroir, fut-il cannabique, est une réponse au changement climatique. A condition, par exemple, que le cahier des charges de l’appellation impose des pratiques culturales qui favorisent le stockage du carbone dans le sol, préservent la biodiversité des microorganismes de la terre (ce qui améliore la résilience des cultures !) et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Un postulat que les patrons de syndicats d’appellation vinicoles devraient reprendre à leur compte.

Alors que l’Allemagne a légalisé le cannabis le 1er avril, donnant aux petits producteurs toutes leurs chances de prospérer, il y a fort à parier que le vieux continent commence à proposer des appellation locales de grande qualité… En attendant que la France puisse se lancer sur ce fumant segment des AOC , qui font déjà la réputation des vins et fromages bleu-blanc-rouge dans le monde.

 

Le futur de la viande est dans le ver

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L’insecte est-il l’avenir de notre alimentation ? C’est en tous cas la conviction de la start-up française Ynsect, qui a annoncé en début d’année son intention de produire de la farine de ver à destination de l’homme. Cette initiative fait suite à l’avis favorable de l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) sur la consommation de spécialités à base d’asticots ultra-protéinés. Bientôt la blanquette d’asticot et le Cheese Mac Lombric ?

Cet avis émis le 8 janvier ne porte que sur l’insecte entier, ce qui inclue la farine séchée qui est en issue. Pour autant, Ynsect aimerait concentrer ses développements sur la production de farines d’insectes, ou scarabée Molitor, déshuilés pour lequel d’autres avis sont attendus. La start-up a pris les devants et commencé à développer YnMeal : un ingrédient à base de protéines d’insectes déshuilés pour l’alimentation humaine. Un dossier auprès de l’EFSA concernant ce produit a déjà été déposé, et un autre sera bientôt déposé auprès de la FDA, l’agence américaine en charge de ces dossiers.
Ces aliments pourraient être proposés dans les domaines du sport et de la nutrition santé à des fins de régénération musculaire et de performance. Deux secteurs qui semblent prometteurs. La pépite ajoute avoir déjà signé un contrat pluriannuel sur ces marchés. Ynsect attend aussi des avis  sur l’autorisation de l’utilisation des protéines d’insectes dans l’alimentation des volailles et les porcs.

Bilan carbone zéro: quand le ver est vert

“Si nous voulons nourrir la planète à horizon 2050, nous devons produire 70% de plus et cela avec seulement 5% de terres disponibles. Il est temps de valoriser des alternatives permettant de produire plus et mieux”, explique Antoine Hubert, CEO d’Ynsect, dans un communiqué. La start-up a donc développé un concept de ferme verticale lui permettant d’élever les insectes en grande quantité, à commencer par le Tenebrio Molitor ou vers de farine, qui est une espèce de scarabée riche en protéines.
La production d’insectes nécessite, pour 1kg de protéines, 100 fois moins de surface agricole qu’1kg de protéines animales et nettement moins d’eau, constate la start-up. La majorité de l’élevage est transformée afin de produire les aliments souhaités et certains scarabées sont conservés à des fins de reproduction.

Vous l’aurez compris, l’assiette de demain sera très différente de celle d’aujourd’hui. Une transition qui s’avère indispensable si nous voulons avoir à quelque chose à mettre dans la marmite après-demain.

 

Pourquoi il faut boycotter le saumon à Noël.

La plupart des saumons que nous consommons sont élevés dans des installations industrielles. Polluantes, ces fermes marines nourrissent aussi la surpêche dans de nombreuses régions du monde. Zeweed vous explique pourquoi il vaut mieux investir dans les crustacés et fruits de mer pour le(s) réveillon(s). 

Ils sont de retour! Pas une armoire réfrigérée de supermarché, pas un étal de poissonniers n’y a échappé. A l’approche des agapes de fin d’année, les saumons ont entamé leur dernière migration… vers nos assiettes. Involontaires compagnons de nos fêtes, symboles de nourriture saine (adeptes des sashimi et de l’oméga-3 en filets bonjour), le plus grand des salmonidés se déguste fumé, semi fumé, en gravlax, à l’unilatérale ou poché. Car pour son malheur, on le met à toutes les sauces.

Fermes industrielles

Il y a belle lurette que le saumon que nous péchons en tête de gondole n’est plus sauvage. 70% des filets, paupiettes et steaks consommés en France proviennent des fermes d’élevage norvégiennes. Les écossais, Irlandais et Canadiens leur grignotent depuis quelques années leur parts de marché. Une bonne nouvelle? Pas exactement.
Dans les exploitations piscicoles, les saumons adultes sont parqués par milliers dans de volumineux bassins grillagés mouillés en mer. En surnombre par rapport à l’espace dont ils bénéficient, ils sont en état de stress permanent. Un épuisement qui les rend perméables à de nombreuses pathologies. Les poissons roses sont ainsi traités à coup d’antibiotiques, molécules toujours présentes dans les chairs après transformation.

Pollutions marines

Tout encagés qu’ils sont, nos héros potamotoques n’en demeurent pas moins des poissons. A l’instar de leurs congénères sauvages, ils pissent et chient sans entrave. Pareille concentration d’urée pollue joyeusement l’environnement des fjords où sont souvent nichées les fermes. Officiellement, le taux de la mortalité est inférieur à 2%. Ce qui fait tout de même des milliers de cadavres qui sont jetés à la mer chaque année, avec leur cortège de maladies et de médicaments.

Génie génétique

Certains des survivants parviennent à s’évader. En s’accouplant avec des congénères sauvages, ils risquent de les contaminer et de modifier le patrimoine génétique de ces derniers.  Cette préoccupation est particulièrement vive concernant certaines fermes canadiennes et panaméennes qui n’élèvent que des saumons génétiquement modifiés.
Créés par la société AquaBounty Technologies, les saumons AquAdvantage sont réputés pour leur vitesse de croissance très rapide et leur taille deux à trois fois plus importante que celle de leurs cousins naturels. Leur hybridation avec des poissons de pleine eau pourrait perturber l’équilibre des populations sauvages : les Frankenfish seraient stériles…. en principe. Et ce n’est pas tout.

Surpêche et réchauffement

Seigneur des mers et des rivières, le saumon ne grossit vite (gage de rentabilité) que bien nourri. De poissons, de préférence. En moyenne, il faut 2 kg. de nourriture diverse (farine et huile de poisson, insectes) pour produire un seul kilo de saumon. Qu’en déduire ?
Qu’une bonne part de la pêche industrielle sert à alimenter les fermes de saumons. Pour commercialiser les 436.000 tonnes de saumons qu’ils mettent sur le marché, chaque année, les éleveurs norvégiens achètent à vil prix près de 900 000 tonnes de poissons sauvages, généralement des sardines de Mauritanie et des anchois du Pérou. Autrement dit, les pêcheurs artisanaux mauritaniens et péruviens voient leur stock de poissons phagocytés par les chalutiers européens affrétés par les producteurs européens de saumons.
Cette surpêche menace la stabilité de populations piscicoles qui sont déjà affectées par les effets du réchauffement climatique.
Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au caviar… d’aubergine, aussi très riche en Oméga 3.

 

Bonus: Plongez dans la pisciculture intensive des salmonidés avec l’excellent “Artifishal”. 

 

 

Ze Green Doc: Artifishal (1019)

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Le documentaire vert de cette semaine, c’est “Artifishal”, qui se penche sur la disparition des saumons sauvages et fume une industrie piscicole qui marche sur la tête.
Financé par la marque Pantagonia, les images filmées par l’équipe de la formidable association L-214 sont sans appel et imposent un regard différent sur le marché du poisson le plus consommé au monde.

Bonne séance!

 

Ze docu: “Solutions locales pour un désordre global” de Coline Serreau

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La séance du dimanche, à regarder en vacances ou fin de week-end, c’est  “Solutions locales pour un désordre global”, de Coline Serreau. Sorti en 2010, la réalisatrice en parlait ainsi: « Avec ce film, je montre qu’il existe partout dans le monde des gens qui, sans se connaître, font la même chose, ont la même philosophie de vie et les mêmes pratiques envers la terre nourricière. Mettre en lumière cette universalité des solutions, tout autant que leur simplicité, c’était vraiment le but.»

Bonne séance!

 

 

Christopher Stone, l’avocat des arbres

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Créateur de la personnalité juridique de la nature, le juriste californien a rejoint les terrains de chasse de ses ancêtres.

En 2017, la Nouvelle-Zélande et l’Inde ont fait avancer le droit de l’environnement comme jamais. Cette année-là, les juristes des deux pays ont accordé la personnalité juridique à trois fleuves : le Whanganui (Nouvelle-Zélande), le Gange et la Yamuna (Inde).

Cette révolution permet désormais à des citoyens ou des associations d’ester en justice au nom d’une de ces trois rivières sacrées (pour les Maoris et les Hindouistes) s’ils les estiment menacées. Rien n’interdit non plus de conclure un contrat entre une entité humaine et le fleuve. Utile si l’on veut, par exemple, préserver un débit minimum en période de sécheresse.

La protection juridique de la nature

Révolutionnaire, cette mesure doit beaucoup à un homme depuis longtemps tombé dans l’oubli et qui vient de succomber à la maladie d’Alzheimer. Indéboulonnable professeur de droit à l’université de Californie du sud, Christopher Stone a ouvert la voie à la protection juridique de la nature. En 1972, il publie un volumineux papier (50 pages) appelant à octroyer des « droits légaux aux forêts, océans, rivières et tout ce que l’on appelle les “objets naturels“ présents dans l’environnement », écrit-il en introduction de son papier.

Totalement étranger aux questions environnementales, Christopher Stone s’est intéressé à la question à la suite d’un retentissant procès ayant opposé, à la fin des années 1960, la Walt Disney Company au Sierra Club. L’ONG environnementaliste voulait empêcher le groupe de Mickey de raser une forêt californienne pour y construire une station de ski susceptible d’accueillir 2 millions de clients par an. Le différend sera finalement tranché par la cour suprême des états-Unis.

Les arbres doivent-ils plaider ?

Dans un arrêt célèbre, rendu le 19 avril 1972, la plus haute juridiction américaine déboute finalement les écologistes. Ces derniers, indiquent les magistrats, n’ont aucune raison valable d’intenter une action judiciaire, ne subissant aucun préjudice direct. Le juriste californien voit dans cette affaire hors normes un formidable sujet d’étude. Il en tire son article, développé plus tard dans un livre, traduit en français sous le titre : « Les arbres doivent-ils plaider ? ». Sans surprise, sa réponse est évidemment positive.

Charte constitutionnelle

Bien sûr, concède-t-il, les chênes ou les séquoias ne peuvent, directement, ester en justice. Mais c’est aussi le cas de certaines personnes humaines, telles les handicapés mentaux. L’obstacle peut être aisément contourné, poursuit-il, en confiant cette tâche à un tuteur, à l’instar de ce qui se pratique souvent avec les enfants. Cette proposition lui vaudra renommée et sarcasmes parmi ses pairs.

La personnalité juridique de la nature est-elle, pour autant, l’avenir du droit de l’environnement ? Tout dépend, sans doute, des pays et des thématiques. Certes, le principe n’est pas entré dans le code de l’environnement français. Pour autant, la Charte constitutionnelle de l’environnement, adoptée en 2004, rappelle que « l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel. » Cela ne classe pas encore les ormes au rang de justiciables. Mais ce principe devrait interdire de facto toute destruction du milieu naturel.

Dans les mers, des scientifiques ont publié, en 2010, la Déclaration des droits des cétacés. Encore peu connu, ce texte (qui n’est pas contraignant) stipule que baleines, dauphins et cachalots ont le droit de vivre libre dans leur environnement naturel. Des principes encore trop souvent bafoués. Mais que fait la justice ?

Should Trees have standing? L’ouvrage de référence de l’avocat vert.

Il était une fois la fin d’un monde

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Alors que la COP 15 biodiversité s’apprête à adopter un accord visant à protéger 30 % de la surface du globe d’ici à 2030 et que la 26ème COP devrait entériner une aide de 100 milliards de dollars pour les pays les plus pauvres, le GIEC* et l’IPBES** viennent de signer pour la première fois un rapport commun. Cette feuille de route, dont Zeweed publie les grandes lignes en exclusivité, pourrait bien sauver la planète et nous avec.

2021 est une année capitale pour la préservation de la nature et du thermomètre. Par les hasards de la pandémie de Covid-19, c’est au second semestre que les gouvernants de la planète devront prendre d’importantes décisions sur ces deux sujets vitaux.

COP biodiversité et climat

Du 11 au 24 octobre 2021, à Kunming (Chine), les parties à la convention de l’ONU sur la diversité biologique devront acter de nouveaux objectifs de protection des environnements terrestres et marins. L’un des buts de cette « COP 15 biodiversité » est l’adoption d’un accord portant sur la protection de 30 % des terres et des mers d’ici à 2030. Aujourd’hui, seules 15 % des terres et 7 % des mers bénéficient d’un certain niveau de protection.

Quelques semaines plus tard, à Glasgow (Écosse), la 26e COP climat devra accoucher des dernières règles d’application de l’accord de Paris, confirmer l’aide annuelle de 100 Md$/an que les pays riches doivent octroyer aux nations les plus vulnérables. Après avoir rehaussé l’ambition de leur politique climatique à 2030, bon nombre de gouvernements devraient aussi viser la neutralité carbone de leur pays pour le milieu du siècle.

Plume commune

Cette conjugaison des thématiques a inspiré les scientifiques. Pour la première fois, les contributeurs aux rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont pris la plume ensemble.

Dans le rapport qu’ils publient, ce 10 juin, « bio » et « climateux » rappellent toutes les raisons qui imposent que les deux thématiques soient également prises en compte dans les politiques. Cela peut paraître évident, mais les effets du réchauffement exacerbent les risques pesant sur les milieux naturels. Or, ce sont ces mêmes milieux qui absorbent, pour le moment, plus de la moitié du CO2 que nous émettons inconsidérément. Plus grave, la disparition de nombreux écosystèmes perturbera gravement les grands cycles biogéochimiques, du carbone, de l’azote et de l’eau. Dit autrement, moins d’espaces naturels renforceront les émissions de gaz carbonique et de protoxyde d’azote (deux gaz à effet de serre) dans l’air. Et réduiront la disponibilité en eau potable. Pas réjouissant.

Stabiliser le réchauffement

S’adapter aux conséquences du changement climatique suppose donc de conserver les plus grandes surfaces possibles de « biodiversité » terrestre, lacustre et marine. Mais cela ne sera possible, ajoutent les rapporteurs, qu’à la condition de stabiliser rapidement ledit réchauffement. L’état de la nature dans un monde réchauffé à 4 °C sera infiniment moins chatoyant que celui que nous connaissons.

Les ministres des finances ne sont pas épargnés. Les chercheurs les implorent de mettre fin aux subventions à la production et à la consommation des énergies fossiles, à celles qui contribuent à la destruction de la biodiversité (les primes à l’arrachage des haies, par exemple), à la surconsommation d’engrais et à la surpêche. Les premières étant parfois liées aux dernières.

Le retour de l’holistique

Voilà pour les gouvernements. Ils ne sont pas les seuls destinataires du cri d’alarme poussé par les chercheurs. Sans nier leur intérêt, ces derniers mettent en garde contre certains messages relayés par certaines ONG environnementales. Du WWF à Conservation International, en passant par l’UICN, on ne jure plus que par les « solutions basées sur la nature ».  La plus évidente étant la plantation de forêt stockeuse de carbone. Le concept n’est pas mauvais en soi, concèdent les chercheurs, à condition de ne pas cibler un seul but. « Ce type d’intervention devra viser plusieurs objectifs : conservation de la terre, de l’eau douce et de l’environnement marin, plutôt que la préservation de quelques espèces iconiques ou d’espaces particulièrement menacés. »

Les auteurs appellent aussi à ne pas céder à la facilité. Planter des forêts, c’est bien, cela peut stocker du carbone. Mais un massif industriel d’eucalyptus n’est pas la nature. Et il est bien plus rentable de restaurer une mangrove, qui protège contre la montée du niveau de la mer, qui assure le gite et le couvert à bon nombre d’espèces marines. Et, accessoirement, qui stocke jusqu’à 4 fois plus de carbone qu’une forêt pluviale. Évidemment, il est plus difficile de planter une mangrove qu’une forêt de peupliers.

Agroécologie et agroforesterie

Autre message, délivré cette fois aux agriculteurs et aux penseurs des politiques agricoles: les membres de l’IPBES et du GIEC appellent nos producteurs de denrées alimentaires à bouleverser leurs pratiques. Notamment en mettant en pratique les pratiques de l’agroécologie et de l’agroforesterie, seules à même de freiner l’érosion de la biodiversité (les pollinisateurs, par exemple), tout en maintenant la productivité agricole. Sans pour autant accroître la contribution de l’agriculture au renforcement de l’effet de serre.

Pour le moment, la production de denrées alimentaires est à l’origine de 21 à 37 % des rejets anthropiques de GES. Réduire la consommation d’engrais azotés (ce que prévoit la stratégie française bas carbone) permettrait, au niveau mondial, de réduire l’émission de 3 à 6 milliards de tonnes de GES par an. L’équivalent de 10 à 20 années d’émissions françaises !

GIEC et IPBES ne sont pas hostiles aux solutions techniques contemporaines. A certaines conditions. L’énergie solaire a bonne presse. On peut ainsi faire cohabiter panneaux photovoltaïques, cultures (on appelle cela l’agrivoltaïsme) et insectes pollinisateurs. Déployées sur des pièces d’eau, les centrales solaires réduisent l’évaporation ; utile dans les climats les plus arides. Mais l’apport de l’énergie solaire sera sans tâche si les constructeurs de panneaux ne puisent pas leurs matières premières dans les fonds marins ou dans des biotopes menacés.

Ce reproche s’adresse également aux producteurs de batteries des véhicules électriques. Mot d’ordre : développer des systèmes ne consommant pas de ressources prélevées dans des milieux fragiles et recycler. La préservation du climat et de la biodiversité passe aussi par la généralisation de l’économie circulaire

*Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat  (GIEC)est un organisme intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l’Organisation des Nations unies.
**La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (en anglais : Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est un groupe international d’experts sur la biodiversité.

Jardins associatifs: le plusieurs power

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Et si le luxe c’était un petit coin de verdure ? Dans nos villes grises et bétonnées, une révolution écologique se met en place : les jardins associatifs.
Des espaces communs, qui sont présents dans le monde entier et qui sont aussi écologiques que sociaux. Zeweed vous présente ces espaces verts qui appartiennent à tous ceux qui en prennent soin.

Chez nos amis Français, cette initiative date de la fin du XIXème. Les jardins ouvriers (qui changeront de nom après la seconde guerre mondiale pour devenir des “jardins familiaux”) sont des oasis de verdure mis à la disposition des classes populaires par les municipalités.
L’idée est d’offrir une plus grande égalité sociale, les espaces verts étant jusque-là réservés aux plus aisés, qui peuvent s’offrir des maisons avec jardins, des résidences secondaires et des départs à la campagne.
Alors que la nourriture manque, c’est le jardin qui offre à l’ouvrier de quoi nourrir sa famille… Tout en l’éloignant des lieux de débauche, comme le cabaret dans lequel il dépense tout son solde.
Derrière un progressisme certain, des relents de paternalisme s’échappent malgré tout du compost primordial du concept.
De nos jours, l’esprit du jardin communautaire subsiste. Dans certains quartiers populaires, comme à Font-Vert à Marseille, ces espaces sont parfois à l’origine d’une véritable métamorphose dans la communauté qui les héberge. C’est ce que montre un reportage extrait d’une émission de nos confrères de France 2, diffusé en 2016 :

 

Le jardin associatif y est à la fois la source d’échanges (chacun apprenant aux autres les techniques et les bonnes pratiques qu’il a acquises précédemment), d’économies (les habitants du quartier ayant accès à des légumes frais à moindre coût) et il noue même un tissu social, comme le montre le méchoui à la fin de la vidéo.
Une petite fête qui sert de “récompense”, pour féliciter les bénévoles de leur travail sur le jardin, toute une année durant.

Différentes configurations existent, l’association Le jardin des possibles propose, de son côté, une version hédoniste et focalisée sur le développement durable : le jardin partagé.
Sur les terres d’un couvent à Royan, en France, les bénévoles montent de véritables œuvres vertes, réminiscentes des jardins à la française ; et ils ont aussi la possibilité de cultiver leur propre arpent de terre (sous la supervision d’un jardinier plus aguerri).
Autour de ce jardin, des événements culturels sont montés, comme des expositions, des ateliers de yoga et des initiations pour les plus jeunes.
En sensibilisant les enfants à ce qu’apporte la nature, c’est un véritable cercle vertueux qui se met en place pour le bénéfice de toute la communauté.
Leur jardin permet aussi de diminuer la masse des déchets de la commune, puisqu’un espace de compost ouvert à tous permet de jeter les restes de nourriture, pour en faire de l’engrais.


On retrouve des projets similaires en Belgique, en Allemagne, au Canada, au Japon et en Angleterre, mais mon préféré est sans hésiter le plus poétique de tous, à Paris.
Dans la petite ceinture (qui était auparavant réservée aux trains qui faisaient le tour de la ville, jusqu’en 1934) de nombreuses parcelles ont été aménagées par des associations de quartier dans les 14ème et 18ème arrondissements de Paris. 
Un espace longtemps laissé à l’abandon, qui est devenu un poumon salutaire pour la ville lumière.
Qui a dit qu’on ne pouvait pas rendre les transports en commun agréables ?

Biodiversité : on a oublié la bouffe !

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Notre modèle alimentaire, souvent très carné, pèse bien trop lourdement sur la planète.

Incroyable mais vrai : les politiques  se préoccupent de la biodiversité. A travers l’écran, j’en vois qui sourient. Et pourtant. Du 17 au 30 mai prochains, si la pandémie nous laisse un répit, les représentants d’une grosse centaine de gouvernements se réuniront à Kunming (Chine). But de ce sommet mondial : fixer les objectifs de préservation de l’environnement pour la décennie qui s’ouvre. Cette 15e réunion des parties à la convention pour la diversité biologique de l’ONU (la COP 15) devrait inciter les Etats à protéger, collectivement, 30% des terres d’ici à 2030. Seule façon, estiment les scientifiques, de freiner l’érosion de la vie sauvage. Et le plus tôt sera le mieux.

Biodiversité en recul

Publié par le WWF, le 10 septembre dernier, le rapport « Planète vivante » dresse un terrible bilan de nos activités. Entre 1970 et 2020, 68% des populations de vertébrés ont décliné. Les animaux des espaces lacustres paient le plus lourd des tributs : 84% des vertébrés des zones humides, lacs et rivières sont en recul. La situation la plus critique se situant dans les régions tropicales des Amérique.
Parlons un langage compris de tous : ces disparitions ne sont pas gratuites. Selon le WWF, la destruction des écosystèmes, des plantes et des animaux coûte chaque année 479 milliards de dollars. Paradoxe : ce montant correspond à celui des subventions octroyées par les Etats aux producteurs d’énergies fossiles.

Place au bœuf

Les causes de ce désastre sont connues : l’urbanisation galopante, le développement des infrastructures, l’appétit des industries extractives. On oublie trop souvent le rôle joué par l’agriculture. Et donc par notre alimentation. Un seul exemple : l’élevage. Environ un quart des terres émergées servent, directement ou indirectement, à nourrir les bêtes que nous élevons pour la viande. Plus nous mangeons de bidoche (ce qui est bien parti), plus nous avons besoin de terres nouvelles. Nous les trouvons souvent dans les massifs forestiers.

Climat et déforestation

La FAO a fait le calcul : ces centaines de millions de bestiaux rejettent plus de 2,5 milliards de tonnes par an de gaz à effet de serre, soit 5% des émissions d’origine humaine. En consommant toujours plus d’espace naturel et en contribuant au renforcement de l’effet de serre, l’élevage participe bien à l’érosion de la biodiversité. Ne rien changer à notre modèle alimentaire, voire l’exporter dans des pays en développement, c’est participer à la déforestation de l’Amazonie (le Brésil est l’un des principaux producteurs mondiaux de viande).
Le 21 septembre, un collectif d’ONG a menacé le groupe Casino d’une action judiciaire. Les 6 associations reprochent au distributeur français d’acheter de grandes quantités de viande bovine à des fermes industrielles brésiliennes ayant déforesté illégalement 4 500 hectares de forêts amazoniennes.

Touche pas à mon bol

S’ils sont prêts à accepter la protection (plus ou moins stricte) de 30% des terres émergées, les diplomates de la biodiversité ne sont pas prêts à négocier le contenu de notre bol alimentaire. Dans les ministères de l’agriculture des pays de l’Union européenne, on réfléchit plutôt à la prochaine politique agricole commune. En Inde, en Australie, au Brésil, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis, on s’acharne à produire toujours plus de viande bovine pour l’export.
Allons-nous sacrifier au burger nos derniers espaces naturels ? Peut-être pas. En Amérique du nord, en Europe et en Chine, des producteurs de viandes artificielles pointent le bout de la fourchette. Nombre d’entre eux financent des associations favorables au bien-être animal et à la culture vegan. Bon appétit.

 

Comment laver son linge sans salir.

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Alors que nous essayons de sauver la planète en consommant propre, la salir en lavant son linge serait regrettable. Pour ne pas faire de crasses à l’environnement, quelques gestes simples suffisent.

Qu’on se le dise, rester propre… salit. Un seul lavage consomme des décalitres d’eau potable. Éjectée de la machine, l’eau est souillée de votre saleté, de détergents. Sans oublier les matières en suspension. À commencer par le plastique. Vous vous souvenez de ces continents de micro déchets de plastiques qui flottent entre deux eaux au milieu de tous les océans ? Le tiers d’entre eux est directement issus de vos jeans et autres sous-vêtements.

Machines à laver: à tambour battant contre la planète

Le mouvement perpétuel ne fait pas (encore) tourner le tambour de la machine, et encore moins le sèche-linge qui va derrière. Laver, essorer, sécher consomme de l’électricité. Des électrons dont la production rejette, selon les pays, plus ou moins de polluants atmosphériques et de CO2.

Peut-on redonner figure humaine à ses frusques sans saloper fleuves et mers ? Oui. À condition de prendre quelques précautions. La première d’entre elles est la plus évidente : remplissez le plus possible (mais pas trop non plus) votre tambour. L’important est de trouver le juste compromis entre le volume d’eau qui sera utilisé et la qualité du lavage. Une grosse boule de linge trop dense sera mal lavée et mal rincée. Lancer un cycle de lavage pour trois slips, c’est souiller des dizaines de litres d’eau et consommer autant d’électricité qu’il ne le faut pour alimenter un téléviseur non-stop pendant un mois.

Vers un nettoyage vert

Pour laver vert et bien, il conviendra de choisir la plus basse température possible. Environ 90% de l’électricité consommée à l’occasion d’un cycle de lavage servent à chauffer l’eau. Plus cette eau de lavage sera fraiche, moins vous gaspillerez de courant. Je vous parlais des micros plastiques. Pour éviter de contribuer à la plastification des mers, n’hésitez pas à laver le linge contenant des matières synthétiques dans des sacs de lavage spéciaux. Ces derniers laissent entrer eau et agents lavants, mais retiennent les particules. On peut aussi amener son filtre de machine. Mais là, faut être pote avec le gérant de la laverie.

Plus facile, en revanche, est le changement de lessive. Nos laveries préférées mettent des lessives industrielles à notre disposition. Elles sont efficaces, mais riches en phosphates et détergents chimiques : incompatibles avec le bonheur de la faune et de la flore aquatiques. L’ONG américaine EWG a évalué les performances environnementales des lessives : 80% d’entre elles sont à éviter. Priorité sera donc donnée aux produits au savon végétal dotés d’un label écologique, comme l’Ecolabel européen et Ecodétergent. On peut aussi préparer sa lessive, à base de savon végétal (40 g/l), de cristaux de soude (45 g/l) et d’eau chaude (1 l). Utilisez 15 cl de ce mélange par cycle.
Ne vous en lavez pas les mains, ça marche !