Jamaïque

Lee Scratch Perry est parti faire la fête au paradis

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Lee Scratch Perry nous a quitté à l’âge de 85 ans pour rejoindre ses amis Bunny Wailer et Bob Marley aux cieux des rastas. Alors que les trois grandes figures du reggae flottent sur un nuage vert de fumée céleste, Zeweed rend hommage à l’immortel Lee Perry et sa collaboration avec les Wailers.

Avant de devenir une légende du reggae et du dub, Rainford Hugh Perry  le futur producteur de Max Roméo, des Wailers, des Clash, des Beastie Boys ou de Moby a été conducteur de bulldozer, peintre en bâtiment, danseur professionnel et joueur de dominos, un loisir qui peut rapporter gros en Jamaïque.
Ce n’est qu’à 26 ans qu’il épouse la musique et se fait appeler “Lee Scratch Perry” avec l’ambition de devenir chanteur. Mais hélas sa voix ne convainc pas un certain Coxson, propriétaire du seul studio pour lequel il auditionne. Parce qu’il s’était noué d’amitié avec Coxson, ce dernier lui propose en compensation un job d’assistant-régisseur.

Prince Buster, The Wailers et la reconnaissance

Après quatre ans à faire la petite main dans plusieurs studios d’enregistrement de Kingston, il fonde son propre label: “Upsetter” et monte un studio pour y enregistrer artistes et compostions.
C’est le début d’une collaboration avec Prince Buster, pour qui il produira notamment “Judge Dread” ou ” Bitter and Sweet“.
A la fin de l’année 1969, les Wailers, qui n’arrivent pas à percer, s’adressent à Lee Perry qu’ils connaissaient déjà. Ce dernier n’accepte pas immédiatement : Perry préfère enregistrer que des instrumentaux.
Il les auditionne malgré tout. Conquis, il mettra en boîte pour les Wailers de grands morceaux comme “My Cup“, “Keep on moving“, “Soul Rebel” ainsi que d’autres compositions plus anciennes que les Wailers avaient répété dans les locaux de Studio One.

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Sorcier du Reggae

A l’automne 1970, Perry estime que Bob Marley est en dessous de ses capacités et en conclut qu’il est “possédé” par un mauvais esprit (duppy en jamaïcain).
Quelques années plus tard il confessera avoir enfermé Bob Marley plusieurs jours dans une pièce de sa maison pour qu’il “puisse acquérir son génie” à l’instar d’Aladdin, une légende qui le fascine. Pour contribuer à chasser plus encore le mauvais oeil, il écrira alors la chanson “Duppy Conqueror“, morceau dont les paroles sont supposées venir à bout de l’esprit malveillant qui possédait Bob. Le titre fut un succès et la collaboration continuera jusqu’en 1971, date à laquelle ils se séparent.

Salvador Dali du Dub

De son côté, Scratch profite de cette collaboration pour aller plus loin dans ses expérimentations musicales, remixant en dub tous les morceaux des Wailers qu’il presse ensuite en 45 tours. C’est à ce moment que le surnom de “Salvador Dali du Dub” lui est donné, en référence à ses géniales et surréalistes créations sonores. La période est fondatrice dans l’histoire du reggae: c’est non seulement celle pendant laquelle Marley les Wailers composeront leurs meilleures chansons, mais aussi celle durant laquelle le son « reggae » s’affinera et se trouvera, ce son qui fera le succès de Marley, Peter et Bunny.


Pour Bob Marley, Lee Perry était un génie. Une admiration réciproque puisque Perry estimait de son coté que Marley était le « meilleur musicien qu’il ait jamais connu ». Les voilà réunis pour ce qui promet d’être une seconde et divine collaboration derrière les portes de Saint Pierre.

Les docus du vendredi: Rasta sans frontières.

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Zeweed vous emmènent aujourd’hui en Jamaïque et en Éthiopie, pays berceaux de la culture rasta. Deux docus et une invitation à voyager depuis votre lieu de vacances ou de résidence.
Bonne séance et bon voyage !

Éthiopie : la terre promise des derniers rastas
Direction les faubourgs de Shashamé en Éthiopie  Un monde à part mais surtout  un lieu sacré, dans lequel le non-rasta, le profane, noir ou blanc, ne pénètre que difficilement. Un documentaire qui nous rappelle aux roots du Rastafari.

 

Fuck le système: Jamaïque
Place aux Rastas seconde génération dans cet épisode de la série “Fuck le système”.
Diffusé sur la chaîne française Canal +, “Fuck le système” et son journaliste Benoît Chaumont sont allés à la rencontre ceux qui ne veulent pas entendre parler de Babylone, cette vie moderne et occidentale qui semble aujourd’hui à bout de souffle. Et si le bonheur était dans le pré (de Ganja)?

 

 

Bob Marley: naissance d’une mission

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Cap sur la Jamaïque avec Michka Assayasn et son fantastique rendez-vous diffusé sur les bonnes ondes de “France Inter”. Dans cette série de série, Michka Assayasn revient sur la vie de Bob Marley, grand amateur de Ganja et pape du Reggae. Près de 40 ans après sa mort, le “kid de Trenchtown”  est toujours considéré comme l’un des plus grands auteur-compositeur du XXème.

Au début des années mille neuf cent soixante-dix, neuf Jamaïcains sur dix sont des descendants d’esclaves jadis arrachés par des négriers aux terres africaines du golfe de Guinée pour venir cultiver la canne à sucre. Ces habitants parlent ce qu’ils appellent eux-mêmes le patwa, un créole jamaïcain totalement incompréhensible en dehors de l’île.

Quand Bob Marley y grandit, il règne une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Depuis 1962, année de l’indépendance, indépendance par rapport à la Couronne britannique, bien sûr, les Premiers Ministres jamaïcains sont Blancs ou bien font la politique des Blancs. Hugh Shearer, Premier Ministre de 1967 à 1972, est issu des classes moyennes noires. Celui-ci réprime avec fermeté ceux qui prônent l’autonomie et le séparatisme de la population noire, en premier lieu les leaders Rastas. Shearer est membre du JLP, le Jamaica Labour Party, un parti conservateur comme son nom ne l’indique pas.

 

En 1972, la politique jamaïcaine prendra un tournant spectaculaire lorsque Michael Manley, le leader du parti opposé, le People’s National Party, le PNP, un socialiste, arrive au pouvoir pour appliquer une tout autre politique. Manley est un Blanc, il est de plus le fils d’un gouverneur britannique de la période coloniale, c’est intéressant à souligner. J’y reviendrai, parce que l’histoire de Bob Marley et des Wailers est profondément imbriquée dans les conflits et rivalités politiques de l’île entre JLP et PNP et leurs hommes de main, aussi violents et corrompus d’un côté que de l’autre.

Bref, la Jamaïque est un pays dont les touristes apprécient les plages immaculées, plantées de cocotiers, les paysages luxuriants et les montagnes où l’on va trouver la fraîcheur. Mais pour beaucoup de ceux qui habitent en Jamaïque, cette île est une misère dont on cherche à s’enfuir. Pour ceux-là, les Etats-Unis représentent l’espoir d’une vie meilleure.

Retrouvez ici les épisodes l’intégralité des épisodes disponible sur France Inter

Pénurie de Ganja en Jamaïque!

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Après une saison à la météo désastreuse, les Jamaïcains sont en passe de se retrouver privés de la plus célèbre de leurs matières premières.

Panique en Jamaïque! Sur l’île de Bob Marley, où tout tourne généralement rond sous le Soleil, Rastas, Stoners et patients pourraient bien être mis à la diète de weed.
Une très mauvaise nouvelle en pleine pandémie confinée.
Deux raisons à cette situation inédite, qualifiée par un responsable politique de “culturellement embarrassante”.
En premier lieu, la saison des ouragans a été des plus féroce alors que cet été, une canicule hors-norme s’abattait sur les plans qui avaient survécu aux tempêtes.
La seconde explication à cette dèche historique est liée à la pandémie: avec un couvre-feu de 18 heures à 6h00 du matin, les agriculteurs n’ont pas pu s’occuper de leurs champs la nuit, comme ils en ont l’habitude. De plus, la plue part des zones de culture ne sont pas accessibles par la route: il faut donc effectuer de très longs trajets à pied pour chercher l’eau au puits ou à la source pour arroser les plants. Pas simple quand les horaires sont restreints. Certains producteurs ont fini par jeter l’éponge.

Quant aux cultivateurs qui ont récoltés, leur manque à gagner se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de dollars, à l’image de cet agriculteur qui au lieu de produire 300 kilos comme il l’espérait, il ne pourra en fournir que 180 (AFP).
Sur le marché noir, la demande est naturellement devenue beaucoup plus grande, pour une offre sérieusement réduite alors que confinés, les ganja-aficionados consomment plus. Les autorités jamaïcaines ont pour leur part tenu à faire remarquer sur le marché réglementaire, l’herbe qui fait rire serait toujours disponible, mais à prix plus élevé.

Le cannabis est une plante dont l’usage est profondément ancré dans la culture jamaïcaine, utilisée entre autre lors de rituels religieux, comme aide à la transe. Ce n’est que depuis 4 ans que l’herbe a été dépénalisée, dans un effort de réguler un marché potentiellement énorme dans le pays.
L’île a déjà commencé à fournir le Canada en huile de cannabis concentrée. Elle vise d’autres marchés comme l’Australie et l’Allemagne. Des pays qui devront encore attendre un peu avant de profiter des plaisirs récréatifs de la Ganja.