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Overseed, entreprise pionnière du cannabis thérapeutique Made in France

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En 2021 Overseed obtenait de la part de l’ANSM la première licence de culture de cannabis à visée médicale en France. Alors que son expérimentation a été reportée jusqu’en 2024, la start-up orléanaise continue de cultiver du cannabis thérapeutique et se prépare à l’ouverture d’un marché national qu’elle estime à 500 000 patients. Zeweed a rencontré son président et fondateur Hugues Péribère.

Zeweed : Quand et pourquoi avez-vous démarré ce projet ?
Hugues Péribère : Le projet Overseed est né il y a trois ans. Après avoir étudié l’environnement international en Amérique du nord, en Europe puis en France, il m’est apparu nécessaire de se positionner en avance de phase dans le domaine du cannabis médical. En effet, la France dispose de toutes les ex- pertises de pointe en agronomie, extraction, industrie pharmaceutique et médicale pour se positionner dans l’innovation et la fabrication de médicaments issus du Cannabis sativa L. Le momentum était donc favorable à la constitution d’une filière d’excellence dans ce domaine. Overseed a l’ambition d’agréger ces meilleures expertises autour de l’agronomie pour produire des médicaments et faciliter ainsi la souveraineté nationale et l’accessibilité de ces produits aux patients.

ZW : Auprès de qui avez-vous levé les 2,5 millions d’euros nécessaires à la mise en place d’une chaine de production de la graine au produit fini ?
H.P. : Dès l’obtention de l’autorisation délivrée par l’ANSM, nous étions prêts à lever les fonds nécessaires à notre première phase du projet. En 1,5 mois, 2,5 millions d’euros ont été levés auprès de la BPI et de la région Centre.

ZW : Quels sont les types de produits que vous proposerez ?
H.P. : Notre premier objectif est de valider des fleurs séchées pour l’inhalation et des huiles sublinguales dans le cahier des charges de l’ANSM. Nous souhaitons pouvoir disposer de ces produits pour la date de généralisation des médicaments, attendue pour le 26 mars 2024. Ces produits se distinguent en trois catégories : riche en CBD sans THC ; équilibré en CBD et THC ; et riche en THC sans CBD…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

Logicann fait du CBD un tabac chez les buralistes

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Marseille est une ville pionnière du CBD qui a vu naître deux géants de secteurs chanvre bien-être :  Kanavape et High Society. Filiale de High Society, franchise de fondée par Mao Aoust, Logicann est devenu en deux ans un acteur majeur de la distribution de CBD en bureaux de tabac. ZEWEED a rencontré son directeur commercial  Michael Guenoun pour en savoir un peu plus sur les raisons du succès de la start-up phocéenne.

ZEWEED : Comment a commencé l’aventure Logicann ?
Michael Guenoun : D’abord, tout a commencé en 2018 avec Mao Aoust, le fondateur de la marque High Society qui a 19 ans ouvre une boutique de produits CBD d’à peine 9m2 en plein cœur de Marseille, au Cours Ju’, son quartier natal. Mao s’est lancé tête baissée dans l’aventure sans se douter de l’ampleur que ça allait prendre…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 2 du magazine ZEWEED , disponible chez votre marchand de journaux sur ce lien .

Jouany Chatoux, fer de lance d’une culture artisanale du chanvre en France

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Zeweed a rencontré Jouany Chatoux, porte-parole de l’Association Française des Producteurs de Cannabinoïdes (AFPC) et fer de lance du combat pour la reconnaissance d’une culture artisanale du chanvre bien-être. La Ferme Bio de Pigerolle, son exploitation située dans la Creuse, est un modèle à suivre pour la filière nationale.

Zeweed- Depuis combien de temps cultives-tu le chanvre? Quelle est aujourd’hui la surface d’exploitation de La Ferme de Pigerolles?
Jouany Chatoux-Nous pratiquons la polyculture (principalement du sarrasin et du seigle) et l’élevage depuis 1999. Il y a 5 ans, en 2017, je me suis lancé dans la culture du chanvre.
Dans le détail, nous produisons du chanvre industriel (pour sa fibre et ses graines à vocation alimentaire) sur 20 hectares et des fleurs de CBD sur 5 hectares.

La production indoor de la Ferme de Pigerolles

Tu fais des produits dérivés ?
Oui. Lorsque nous avons arrêté notre activité de transformation animale, nous avons reconvertis notre labo de 400 m2 pour nous consacrer uniquement à la transformation végétale. Nous l’utilisons désormais pour produire des huiles de CBD, y compris des huiles de massage, mais aussi des infusions et des confiseries.

Des confiseries? C’est à dire?
Ce sont des fleurs de cannabis cristallisées au sucre. Le goût est très prononcé : on adore ou on déteste.
Nous avons aussi développé un nouveau produit à partir des tiges de chanvre, en transformant le pied des plants en charbon actif, comme le binchotan. (le binchotan est un produit qui sert à purifier l’eau NDLR).

“J’ai toujours milité pour la liberté culturale”

Dans le cadre de ton activité quels rapports entretiens-tu avec la loi ?
J’ai toujours milité pour la liberté culturale. Nous travaillons nos propres génétiques, qui correspondent au climat et aux terres de la Creuse. Aucun de nos produits ne dépassent les normes de THC autorisées (0,3% NDLR). Nos variétés cultivées sont la Pigerolles, la Millevaches ou encore la Creusoise.

Jouany Chatoux

Cette démarche nous permet d’être toujours dans le cadre de la loi, d’autant plus que concernant les variétés inscrites au catalogue européen, nous nous sommes aperçus en les cultivant que les taux de THC des plantes du dit catalogue étaient souvent au delà de la norme autorisée.

Tu as un projet de production de cannabis thérapeutique en cours, tu peux nous en parler?
Oui, pour cela, il faut remonter aux années 2017-2018, dates de l’origine du projet.
A cette période une importante usine a fermé dans la Creuse.
Les élus locaux ont été reçus par Macron à l’Elysée pour discuter d’un nouveau cadre de relations entre l’Etat et les collectivités locales, le Plan Particulier pour la Creuse.
Eric Correia, infirmier anesthésiste et élu de la Creuse a présenté un plan pour le développement de la filière cannabis locale.

Le cannabis thérapeutique sera cultivé sur un ancien site militaire ultra sécurisé

Ce projet a été validé et signé par le Premier Ministre de l’époque, Edouard Philippe.
Il est actuellement en phase de montage, depuis maintenant 4 ans.
Le site choisi est un ancien site militaire ultra sécurisé, un ancien centre d’écoutes, avec un bunker enterré de 850 m2 et 5 hectares de terrain clôturé.

Jouany Chatoux, bien entouré

L’idée est de faire de ce lieu un pôle d’excellence du cannabis : le « Cannapole » . Hélas, à cause de la crise sanitaire, le projet a pris beaucoup de retard.
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) va consulter les acteurs de la filière chanvre jusqu’au 20 avril prochain et doit soumettre un cahier des charges d’ici la fin de l’année 2022.
Le Cannapole devrait être opérationnel courant 2024.

Premières cultures de cannabis à visée médicale prévues pour 2024

Qu’attends-tu de ce second mandat d’Emmanuel Macron?
J’attends une prise en compte des remontées de tous les acteurs de terrain de la filière, qui sont actuellement encore mis sur la touche.
Aujourd’hui,  ceux qui sont écoutés par le gouvernement sont ceux qui prônent une utilisation très restrictive de la plante. (Les acteurs et représentants du chanvre industriel NDLR)
Je demande que l’on applique les mesures préconisées par le rapport parlementaire (avec consultation de 120 experts) sur le cannabis bien-être et thérapeutique. Ce rapport a été enterré dans un déni complet de démocratie, quant à l’expérimentation du cannabis thérapeutique, elle est reportée d’un an.

 

Repiquage des boutures à la Ferme de Pigerolles

91% des patients inclus dans l’expérimentation du cannabis thérapeutique se disent satisfaits des effets du médicament vert.

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Lancée en mars 2021, l’expérimentation du cannabis thérapeutique fait part de chiffres très encourageants puisque 91% des participants se sont dit satisfaits par le traitement. Ils sont aussi 91% à s’être prononcés en faveur de la légalisation du cannabis en tant que médicament.

Malgré cette réponse positive, les résultats devraient avoir peu ou pas d’impact sur les modalités de l’expérimentation qui a récemment été prolongé d’un an afin de recueillir davantage de données.
Selon les  données fournies par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) 2 204 patients avaient été inclus dans la 1ère phase de l’expérimentation

Sur les 1 453 candidats non sortis de l’étude, 792 sont traités pour des douleurs neuropathiques réfractaires, 215 pour une spasticité douloureuse liée à la sclérose en plaques, 181 pour des épilepsies résistantes aux médicaments, 105 en oncologie, 104 en situation palliative et 56 pour une spasticité.

En six mois, les résultats ont montré que le cannabis médical réduisait le pourcentage de patients signalant une douleur « sévère » ou « insupportable » de 81 % à seulement 29 %.
Les résultats étaient tout aussi positifs pour les patients en soins palliatifs, en particulier en ce qui concerne l’insomnie et la douleur puisque 51 % d’entre eux ont signalé une « amélioration significative » et 45 % « une amélioration modérée ».

Si ces données n’auront aucun impact sur la seconde phase de l’expérimentation qui devrait s’achever en mars 2024, elles devraient être de nature à rassurer les entreprises françaises comme Overseed qui s’apprêtent à fournir dès 2024 les quelque 700 000 patients éligibles à un traitement au cannabis thérapeutique.

 

Thierry Bedossa, vétérinaire pionnier du CBD thérapeutique.

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Thierry Bedossa soigne nos amis à quatre pattes depuis plus de 30 ans. S’il est connu pour avoir présenté de nombreuses émissions, c’est surtout son approche éthologique et intuitive du métier de vétérinaire qui fait sa réputation. Nous avons rencontré «l’homme qui murmurait à l’oreille des chiens» pour discuter canins, cannabidiol et perspectives thérapeutiques.

Vous êtes en France un des pionniers dans le traitement au cannabidiol (CBD) de certaines pathologies chez les chiens, je me trompe?
Effectivement, j’ai été je crois parmi les premiers praticiens Français à me pencher sur les avantages liés aux traitements à base de CBD.
Pour mieux comprendre ce qui m’a amené à être convaincu de l’efficacité du CBD dans le traitement des certaines affections, il convient d’expliquer le contexte dans lequel j’ai découvert l’usage de cette molécule. J’ai fait la moitié de ma formation de vétérinaire en Amérique du nord, au Canada comme aux Etats-Unis.
À ce titre, j’ai gardé pas mal de contacts avec des propriétaires à Montréal, New-York ou encore Los Angeles. Or, depuis cinq ans environ, beaucoup de ces propriétaires avec qui je communique régulièrement me parlaient de façon très favorable de leur expérience de traitement au CBD avec leur animal de compagnie. Une possibilité de traitement lié à l’assouplissement, au niveau fédéral, de la vente de CBD, comme de la législation du cannabis dans certains Etats (douze Etats ont à ce jour légalisé la vente et consommation de cannabis NDLR). D’autre part, je suis Membre de L’American Animal Hospital Association (AAHA), qui défend une approche strictement rationnelle et scientifique de  tous traitements.
Je reçois régulièrement leurs conclusions d’essais clinique impliquant de nouvelles approches thérapeutiques pour pas mal de problèmes que rencontrent nos amis à poils. Or, depuis trois ans, je vois passer sous mes yeux études, colloques, essais cliniques et protocoles… tous en faveur de l’usage du CBD.
Ces essais cliniques menés par l’AHAA et les retours de mes amis vétérinaires en faveur de l’usage du CBD pour chiens et chats m’ont ainsi mis la puce à l’oreille, façon de parler (rires).
Enfin, allant aux États-Unis en 2017, j’ai pu constater que dans tous les « Pet-shops* », les étals étaient remplis de produits à base de CBD. Cette même année, au détour de conversations avec d’autres propriétaires, j’ai réellement pris la mesure de l’efficacité du produit… uniquement pour le traitement de certaines maladies.
Mais il ne s’agit pas de faire du CBD à tout va !

Quels types de pathologies sont concernées ?
L’usage du CBD est pertinent dans le traitement des douleurs chroniques, de l’épilepsie et surtout de l’anxiété comme de l’agressivité.
Je me concentre surtout sur l’anxiété et l’agressivité parce qu’en tant que comportementaliste, c’est uniquement sur cet axe que je me suis penché (Thierry Bedossa est LE comportementaliste animalier français, une spécialité qui a fait sa renommée, son succès comme celui de sa clinique NDLR).
J’ai donc tout naturellement orienté mon approche du CBD sur des problèmes d’agressivité, nervosité ou anxiété que les maîtres pouvaient rencontrer avec leurs animaux, plus particulièrement les chiens.

Quand avez-vous commencé à prescrire du CBD pour ces angoisses et états de grande nervosité ?
J’ai commencé en 2018. Il faut savoir qu’à ce moment-là le CBD n’était pas disponible en France.
Je travaille en tant que chercheur et praticien avec quelques Start-Up et, en novembre de l’année dernière, Hector Kitchen m’a sollicité pour savoir si je trouvais pertinent de mettre du CBD dans certains compléments alimentaires afin de traiter les problèmes que je viens de citer.
Hector Kitchen commercialisait un « complément alimentaire », et donc vendu en tant que tel, et non comme un médicament.
Parallèlement à cela, j’ai été démarché par Creso Pharma, un laboratoire Suisse qui lui aussi fabrique un complément alimentaire au CBD.
Fin 2018, des représentants de Creso Pharma sont venus me voir à la clinique pour me pitcher et démarcher sur le sujet CBD. Avec cet argumentaire que l’on retrouve sur leurs sachets de croquettes au CBD : « favorise le bien-être tout en renforçant les défenses immunitaires et en soutenant l’équilibre comportemental et la vitalité de l’animal » (concerné par les troubles cités NDLR). Ce qui correspondait effectivement à ce que j’avais lu dans les rapports d’étude et eu comme retour de la part de propriétaires américains.
Aussi convaincu par les études scientifiques que j’avais lues qu’enthousiaste à la suite de conversations avec des propriétaires américains, je décide alors d’essayer, mais en envoyant mes clients à l’étranger pour qu’ils puissent obtenir cette molécule qui, encore une fois, n’était pas disponible en France.
Après avoir informé les propriétaires, je rédigeais une ordonnance qu’ils pouvaient déposer en Suisse, Belgique ou Luxembourg.

Les résultats ?
Ils confirmaient ce que j’avais lu et constaté aux États-Unis : les résultats étaient aussi probants que pérennes. Encore une fois, en tant que comportementaliste, je ne me suis penché que sur les problèmes liés à l’agressivité, l’anxiété et la nervosité excessive chez l’animal.
J’en ai prescrit à une petite dizaine de chiens et chats et prendrai un exemple pour illustrer mon propos, celui de Kid. Kid est un chien de 16 ans qui avait ce que nous appelons chez l’homme des terreurs nocturnes. Probablement liées à un syndrome de stress post-traumatique.
Non seulement Kid dort maintenant d’un sommeil normal, mais il a retrouvé -qualité de sommeil et repos oblige- une forme assez épatante pour un labrador de son âge. Les retours des autres propriétaires auxquelles j’ai prescrit du CBD sont du même acabit.

Le fait que le CBD soit considéré comme Novel Food* a permis aux propriétaires d’animaux d’avoir un accès rapide à la molécule cannabidiol. C’est une bonne chose?
Les organisations professionnelles auraient préféré que le CBD soit considéré comme un médicament et non comme un aliment complémentaire.  La mise sur le marché de médicaments vétérinaires est en effet corrélée à de bien plus grandes contraintes réglementaires et leur usage est soumis à prescription vétérinaire, ce qui aurait permis d’encadrer plus fortement l’utilisation du CBD.
Mais le temps d’obtention d’une AMM est aussi beaucoup plus long et réserver le statut de médicament aux produits avec du CBD entraînerait, à mon avis, une perte de chance pour de nombreux animaux dont l’état douloureux est susceptible d’être amélioré avec cette molécule.
Par ailleurs, la France est assez en retard par rapport à d’autres pays européens qui ont déjà assoupli les règles concernant l’usage thérapeutique du CBD et il serait dommage de s’isoler encore davantage en adoptant une position restrictive. Il nous faut réfléchir dans l’intérêt de nos animaux, de leur santé et de leur bien-être. 

*Les « Pet-Shop » sont des magasins distribuant des aliments, produits et médicaments pour animaux, mais en dehors du circuit vétérinaire, sans consultation ni ordonnance donc.

** Le CBD est commercialisé comme Novel Food, entendre comme complément alimentaire,

 

Le Conseil économique et social (Cese) recommande la légalisation du cannabis

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Le Conseil économique et social a appelé hier mardi 24 janvier à une légalisation encadrée du cannabis en France. Cet avis conclu un an de travail.

Le Conseil économique et social (Cese), organe consultatif de la société civile où siègent notamment associations et syndicats, fait le constat de “l’inefficacité” des politiques françaises sur le cannabis en termes de santé publique.  Pour Jean-François Naton, membre du Cese et président de cette commission temporaire.”Il est temps de changer de paradigme“.

Pour la vente du cannabis récréatif, le Cese préconise la mise en place d’établissements spécialisés soumis à une licence ainsi qu’une formation. Ces magasins  seront interdits aux mineurs avec des contrôles d’identité à l’entrée. Enfin, le Cese veut interdire la publicité ainsi que toute promotion de marques de cannabis récréatif, précisant que “la légalisation devra être appuyée par une politique d’éducation, de prévention et de lutte“.

“Il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec”
Pr. Amine Benyamina

Il est temps de s’interroger sur les limites du système actuel. Nous n’incitons pas du tout à la consommation de cannabis, cela reste une drogue à combattre. Mais à partir d’un moment, il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec” a estimé sur France Inter le professeur et addictologue Amine Benyamina, en écho à la recommandation du Cese.

Donnez nous la possibilité d’ouvrir ce débat, la prohibition ne marche pas testons autre chose. Tout le monde consomme du cannabis en France, mais ce qui pose problème c’est la consommation précoce et jeune. Elle est facteur de mauvais pronosctics sur le plan scolaire, psychologique, environnemental” a poursuivi le chef de service psychiatrie et alcoologie de l’hôpital Paul Brousse précisant qu'”Au lieu d’attaquer l’émetteur, on protège le récepteur, ce qui limite et amortit les effets de la consommation du cannabis dans la population. Le rapport du Cese fait le constat d’un échec cuisant des seules politiques répressives“.

“Je constate que la politique répressive a le vent en poupe”
Pr. Amine Benyamina

Rappelant que « le Cese n’a pas beaucoup de pouvoir », Amine Benyamina reste sceptique quant à une évolution du cadre législatif entourant la consommation et la vente de  cannabis. “Je suis comme tout le monde, quand je vois les images de saisies de cannabis par le ministère de l’Intérieur, je constate que la politique répressive a le vent en poupe ” a conclu l’addictologue.

En Uruguay, dans une vingtaine d’Etats américains et au Canada, le cannbis récréatif est désormais légal.
En Europe, Malte a été le premier pays européen à en finir avec la prohibition alors que ’Allemagne devrait ouvrir ses premiers dispensaires début 2024.
En France, seule une expérimentation du cannabis à usage médical a débuté en mars 2021. Supposée finir au mois de mars 2023 afin de rendre ses conclusions, elle a été reportée d’un an.

 

La vente et la consommation de fleurs de CBD définitivement légalisées en France par le Conseil d’Etat.

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La vente et la consommation de fleurs de CBD est désormais définitivement légalisée sur le territoire Français. Une grande victoire pour la filière chanvre bien-être nationale et une fin de non recevoir aux ambitions prohibitionnistes de l’Etat et du lobby chanvre industriel.

Il y a un an presque jour pour jour, un arrêté surprise appuyé par la MILDECA et certains lobbys, interdisait le commerce  et la consommation de fleurs de CBD en France. Trois semaines plus tard, à la suite d’une intervention de Maître Pizzaro et de Yann Bisiou, la décision prohibitionniste était temporairement suspendue par le Conseil d’Etat.

Dans son arrêté contesté, le gouvernement justifiait notamment sa volonté d’interdire la vente des fleurs de CBD par l’argument de l’ordre public, assurant que l’autorisation de ces fleurs, dont l’aspect et l’odeur sont semblables à l’herbe de cannabis illégale, aurait compliqué les contrôles de police. Pourtant, toutes les forces de police des pays qui entourent la France disposent de tests permettant de faire le distingo. Les policiers français en sont d’ailleurs équipés depuis septembre dernier.

Une victoire pour la filière CBD et 2000 commerces spécialisés

Dans sa décision rendue aujourd’hui jeudi 29 décembre, le Conseil d’Etat a jugé qu’il « n’est pas établi que la consommation des fleurs et feuilles de ces variétés de cannabis avec un faible taux de THC comporterait des risques pour la santé publique ». La THC est la molécule neurotoxique présente dans le cannabis – celle qui fait « planer » les usagers. Elle n’est présente qu’à très faible taux dans le CBD. L’interdiction des produits dérivés du CBD ou contenant la molécule est donc… illégale.

La décision était particulièrement attendue par les professionnels du secteur. “La vente de fleurs représente en général les trois quarts du chiffre d’affaires” des quelques 2 000 boutiques spécialisées présentes sur le territoire, commentait mi-décembre auprès de FranceInfo Charles Morel, président de l’Union des professionnels du CBD (UPCBD).

Un combat qui remonte à 2014

En légalisant sans appel possible de la part du gouvernement,  le Conseil d’Etat dissipe également un flou juridique qui a débuté en 2014, lorsque des  poursuites avaient été engagées contre Kanavape et ses deux fondateurs qui avaient à l’époque proposé “la première cigarette électronique au chanvre 100% légale”.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), puis la Cour de cassation d’Aix en Provence, avaient par la suite confirmé que le CBD ne saurait  être considéré comme un stupéfiant puisqu’il n’entraîne “aucun effet psychotrope ni effet nocif sur la santé humaine”.
Un argument qui n’avait  pas empêché d’exécutif  de vouloir en interdire la commercialisation de fleurs de CBD . Un coup dur pour le gouvernement, à qui l’on ne saurait que recommander une grosse cigarette de CBD pour mieux digérer la défaite.

 

 

 

Quand le cannabis fait foi: ces reliques en chanvre qui ont forgé le christianisme

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Si le cannabis est diabolisé depuis une cinquantaine d’année, l’Histoire nous compte une toute autre approche de la belle plante. Indissociablement lié à la religion ainsi qu’à la royauté, le chanvre accompagne vers l’éternel quatre figures majeures du christianisme que je vous propose aujourd’hui de redécouvrir.

LE « SAINT CHANVRE »

Il s’agit d’un morceau de la corde censée avoir lié les mains du Christ à la Croix lors de la Crucifixion, elle porterait, dit-on, les traces du sang de Jésus. Cette relique déposée, d’après la tradition, par Sainte Hélène au 4ème siècle, est toujours visitable au monastère de la Sainte-Croix (Timios Stravos) à Omodos, l’un des plus anciens de Chypre, fondé vers l’an 200.
Sainte Hélène était la mère de l’empereur romain Constantin 1er, qui décréta le christianisme religion officielle. C’est à la suite d’un pèlerinage et de fouilles à Jérusalem, sur le lieu du Calvaire, qu’elle découvrit la Sainte Croix. De retour vers Rome, elle fit escale à Chypre en 327, à l’âge de 80 ans, pour y faire ce don sacré.
De nombreux miracles furent attribués à ce Saint Chanvre et la chapelle devint un lieu saint pour tous les chypriotes.

Le Saint Chanvre: il faut le voir (ou le fumer) pour y croire.

LES SANDALES DU CHRIST

Résultats d’analyses (microscope à balayage électronique, analyse spectrométrique) du professeur Gérard Lucotte, directeur de l’Institut d’anthropologie génétique moléculaire, concernant la Relique des Sandales du Christ :
« Les trois couches originales de la sandale : au-dessus une couche fine de chanvre (étudiée) ; au milieu une couche épaisse de palmier oriental (étudiée, sang en étude) ; au-dessous une couche fine en bois (olivier ? en étude). » L’or identifié fut daté de l’antiquité et le sable d’aragonite découvert sur le cuir, se retrouve spécifiquement à Jérusalem.

En 2005, Gérard Lucotte sera tenu à l’écart par la communauté scientifique : analysant la tunique d’Argenteuil, il affirmera y avoir  retrouvé l’ADN du Christ, reconstituant « le portrait d’un homme d’origine moyen-orientale, à la peau blanche, opiomane et porteur de morpions. »
Don du pape Zacharie en 752 au roi Franc Pépin III, ces reliques furent rapportées de Jérusalem à Rome par Sainte Hélène en l’an 327.
Elles sont aujourd’hui exposées à la basilic de Prüm en Allemagne.

Les sandales du Christ

LE LINCEUL DE PHILIPPE Ier (1052-1108)

La tombe de ce roi de France fut découverte le 1er juillet 1830, dans l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (45730). Son corps avait été enveloppé dans une longue cape rouge tissée, après analyse, avec « une armure de toile, chaîne et trame de chanvre, une deuxième trame de laine a été passée, entre deux fils de trame chanvre. » (A. France-Lanord, La tombe de Philippe 1er à Saint-Benoît-sur-Loire, p. 377, 1992).

Ce 4ème roi capétien, au 3ème plus long règne de l’histoire de France (48 ans), fut inhumé à Fleury car ayant été excommunié pour avoir répudié sa femme, Berthe de Hollande, il ne désirait pas être enterré à côté de ses ancêtres, dans la basilique royale de Saint-Denis.
Sa sépulture est la seule d’un souverain français médiéval à n’avoir été ni violée, ni déplacée de son emplacement original.
D’autres linceuls de chanvre sont attestés, dont celui de la reine mérovingienne Arégonde (520-580), épouse de Clotaire 1er (basilique Saint-Denis).

Philippe 1er, inhumé dans une cape de chanvre pour l’éternité

LE CILICE DE SAINT LOUIS

Ce gilet porté par le célèbre roi, est encore en parfais état aujourd’hui. Composé de crin et de chanvre, il est daté aux alentours de 1260. C’est l’un d’un des trois seuls vêtements royaux du 13ème siècle conservés en France. Une étiquette porte l’inscription : « C’est la haire saint Louis roy de France ».

Le Silice de Saint Louis.

Il est exposé à l’église Saint-Aspais de Melun, France
Le fait que ses reliques soit composées de cannabis sativa rend crédible leurs authenticités, appuyé par le précepte In dubio pro traditione : en cas de doute, priorité à la tradition!

Ce que Michel Foucault pensait de la weed.

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Quelles auraient été les opinions d’un des plus grands penseurs français du XX siècle sur la légalisation du cannabis ? D’après notre journaliste Morgane, d’un point de vue philosophique, Michel Foucault ne s’y serait pas opposer.

Michel Foucault est un philosophe du XXe siècle, réputé pour sa théorie politico-sociale et ses réflexions sur la folie. Il s’érige contre les systèmes d’enfermement tels que la prison et les hôpitaux psychiatriques, et tente au travers de sa propre analyse de l’histoire de penser les institutions, c’est à dire les dispositifs de vérité, de savoir et de pouvoir.

La connaissance biographique que l’on a de Foucault nous apprend qu’il n’était pas sans penchants pour l’alcool ni pour les drogues, et notamment le cannabis. M. Foucault était homosexuel (par ailleurs décédé par suite de la maladie du VIH), et si l’on peut associer ces pratiques à un état dépressif notoire, on peut encore se demander comment elles s’insèrent dans sa philosophie.

Il ne serait pas aventureux de dire que Foucault aurait été en faveur de la légalisation, puisqu’il critiquait avec virulence le progrès toujours croissant du caractère disciplinaire de notre société. Dans ses combats auprès de ses étudiants autant que par ses propos dans ses cours, ses conférences et ses écrits, Foucault s’affirme comme défenseur de la liberté et protecteur des marginaux (les fous, les criminels, les « déviants » sexuels, etc.).

Il explique que la mise à l’écart, l’exclusion d’une partie de la population qui ne répond pas à la norme sociale permet au reste de la société de faire corps, de se constituer comme ensemble. Ainsi les justifications qui amènent à enfermer, électrocuter, pénaliser les gens sont de faux prétextes qui dissimulent l’intention véritable des gouvernements : s’assurer le pouvoir.

Nous pouvons donc supposer que Foucault aurait été un fervent acteur sur la scène politique pour la libre circulation du cannabis et la défense de ses usagers. Foucault encourageait la résistance et la rébellion contre les systèmes de pouvoir : sa vie le prouve autant que sa pensée (il tricha notamment aux examens qui devaient décider de sa capacité à accomplir son service militaire grâce à ses connaissances en psychologie et en médecine). Il semble également qu’il ait été, à titre personnel, intéressé par les psychotropes comme le THC et la possibilité de modifier ses états de conscience, mais cela relève d’une autre question.

 

Bénédicte Desforges: la policière qui milite pour la légalisation du cannabis

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Soutenu par Yann Bisiou, François-Michel Lambert et Renaud Colson, le mouvement Police Contre la Prohibition (PCP) est une référence du combat pour la légalisation du cannabis en France. Exclusivement composé de représentants ou ex-représentants des forces de l’ordre, le collectif fait parti des voix qui pourraient bien faire pencher la balance en cas de réferundum surprise.  Zeweed a posé quelques questions à Bénédicte Desforges, la co-fondatrice du mouvement et la plume de leur compte Twitter au 11 000 followers.

Des gendarmes et des policiers contre la prohibition c’est inattendu! Quel est votre parcours et comment avez-vous eu l’idée de PCP?
Je suis une ancienne flic qui a toujours travaillé en uniforme sur la voie publique, à Paris et en banlieue. J’ai été dans la Police Nationale pendant une quinzaine d’années, notamment dans les Hauts-de-Seine, à Gennevilliers ou Nanterre mais aussi à Paris, dans le 18e arrondissement. Des coins pour le moins criminogènes.
Pour ce qui est de Police Contre la Prohibition (PCP), ce sont des policiers venus de tous bords qui s’intéressent aux problèmes liés aux drogues.

“Il s’agissait surtout de faire entendre la voix de ceux qui se trouvent en bas de la chaîne pénale”

Après avoir échangé entre nous, l’idée est venue fin 2018 de monter ce collectif car nous avions les mêmes intérêts et les mêmes conclusions concernant les stupéfiants, à savoir; légalisation du cannabis et dépénalisation des usages. Il s’agissait surtout de faire entendre la voix de ceux qui se trouvent en bas de la chaîne pénale.
Avocats, magistrats et autres associations existaient depuis longtemps mais les policiers, eux, ne se faisaient pas entendre. Nous devions amener notre parole et apporter un point de vue utile qui manquait. Le collectif est constitué d’une douzaine de membres qui en forment le noyau dur. Autour, gravitent plusieurs dizaines de policiers qui nous suivent, nous soutiennent, apportent sympathie et adhésion à nos idées.

On vous voit souvent sur Twitter parler de weed, répondre à des tweets sur le cannabis avec humour et détachement: est-ce que les membres de PCP sont des consommateurs?
Certains oui. En réalité on ne pose même pas la question. Pour nous, c’est un sujet qui relève entièrement de la vie privée et on veut que ce le soit également aux yeux de la loi. Demander si quelqu’un fume du cannabis est aussi pertinent que demander à quand remonte sa dernière cuite. Ce qui regarde un policier c’est de savoir si l’individu risque d’être un danger pour autrui.
Un simple exemple sur ce sujet, on souhaite que les conducteurs soient soumis à des tests comportementaux plutôt que de drogue qui peuvent vouloir tout et rien dire. Mais concernant le PCP, on est régulièrement accusé par d’autres flics d’être des gauchos, des collabos ou des consommateurs, alors que notre approche dépasse largement ces questions.

Comment agissez-vous pour faire avancer ces idées ?
On discute régulièrement entre nous pour savoir comment intervenir sur tel ou tel sujet sur les réseaux sociaux. Concrètement, on incite nos collègues à ne plus faire de procédures contre les consommateurs. On ne les aborde pas en leur disant qu’il faut légaliser le cannabis. On leur dit surtout que s’ils ne se posent pas la question, ils cautionnent la politique du chiffre qu’ils dénoncent à longueur de journée. Chacun dispose d’un libre arbitre et peut fixer une limite à ce qu’il va retenir ou non comme infraction.

“On incite nos collègues à ne plus faire de procédures contre les consommateurs”

Aujourd’hui vous n’êtes plus dans la police, comment cela se passait sur le terrain lorsque vous étiez en service ?
J’ai démissionné en 2012. Ma chance était de travailler dans un service insensible à la politique du chiffre. Si on ne voulait pas interpeller pour une barrette de shit on ne le faisait pas. Il existe des criminalités bien plus gratifiantes dont il faut s’occuper. Avec mes collègues, on avait tous cette position consistant à dire « cette répression est inintéressante, inutile et ne sert qu’à alimenter la politique du chiffre ». C’est un peu comme pour les piétons, personne ne verbalise ceux qui traversent au-delà des passages cloutés. Pour nous, cette logique s’applique aussi au fumeur de joints.

Vous pouvez détailler cette politique du chiffre ?
La répression concernant l’usage de drogue est facile à faire et est à 100% élucidée. C’est la poule aux œufs d’or de ce système. Dans les faits, les cadres de la police touchent des primes qui sont subordonnées à l’activité des effectifs. Les chefs mettent la pression pour toucher plus d’argent. Donc certains mettent l’accent sur les stupéfiants dans cet objectif. Mais ce qui est curieux c’est que les collègues se plaignent de tout ça, sans jamais faire le lien avec le besoin d’une réforme globale.

En septembre 2020 l’amende forfaitaire délictuelle a été mise en place avec un objectif: simplifier le travail des policiers . Qu’en pensez-vous ?
Des remontées dont on dispose, il s’agit d’une usine à gaz. On sait très bien que beaucoup ne vont jamais les payer et d’ailleurs, le taux de recouvrement est assez bas. Alors, oui, peut-être que cela allège le travail de la police et de la justice dans l’absolu, mais on a hâte de voir le bilan un an après concernant l’efficacité. Et, lorsque l’on prend du recul, on se dit surtout que l’amende délictuelle n’a rien à voir avec un quelconque souci de santé publique. On réprime la consommation mais dans quel but ?

“L’amende délictuelle n’a rien à voir avec un quelconque souci de santé publique”

Quelles seraient vos préconisations pour en finir avec la situation actuelle ?
Pour commencer, il faudrait un système comme au Portugal ou d’autre pays. Cela passe par tous les fronts, de l’autoproduction aux initiatives comme les social clubs en Espagne. Il est hors de question de tout laisser entre les mains du marché noir et de se priver de produits de qualité ainsi que de campagnes de préventions plus fluides.
D’ailleurs, j’insiste sur un point. Légalisation et dépénalisation vont ensemble. Du point de vue de la police, uniquement légaliser en pensant que cela va soulager notre travail est un non-sens car le marché noir persistera et on nous demandera toujours d’interpeller et de faire des saisies. De plus, comment distinguer un joint légal d’un joint illégal ? Il faut que la police puisse être réorientée sur des activités utiles et la répression des consommateurs n’en est pas une.

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